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 Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]

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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptyDim 12 Mar 2017 - 21:23


Sur fond de reconstruction "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite."
( Zephyr d'Auvray & Sydonnie d'Algrange )



Mi juillet 1165


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Encore ?! C’est ce que j’avais pensé, c’est ce que certains collègues ont également murmuré quand le banneret avait prononcé mon nom, qu’est-ce qu’il attendait de moi ? Je lui avais lancé un regard plus sombre, sous-entend les reproches que je pensais à son égard, il allait finir par m’attirer des ennuis. Enfin, comme d’habitude, je n’avais pas mon mot à dire, avisant les paumes de mes mains recouvertes de son morceau de tissu, je me demandais sincèrement ce que le gérant du groupe attendait de ma petite personne ? Peu importe, j’avais fini par le suivre, me demandant la tâche qu’il allait nous être assigné cette fois. Pas de transport de matériel, pas d’aide vers ceux transportant le bois, pas non plus de pelles pour creuser, je voyais toute la tache purement physique m’échapper, ce qui commençait à m’agacer légèrement. Faisait-il ça parce que j’étais une femme ? Quoi qu’il en soit, j’étais devenue sombre, le suivant sans lui offrir une seconde le son de ma voix. Comme à mon habitude je me renfermais, petit à petit, me remémorant notre conversation, me demandant si j’avais réellement fait le bon choix.

L’homme avait fini par ralentir la marche, sans pour autant arrêter devant la plus grande tante du lieu, l’infirmerie. Mes lèvres s’étaient légèrement entrouvertes laissant s’échapper un souffle d’inquiétude. Comment, comment pouvait-il m’imposer ça, après la conversation que nous avions eu ?! Cette fois-ci, j’avais vraiment froncé les sourcils, ne cherchant même plus à dissimuler ma contrariété. J’avais l’impression que le banneret cherchait à me pousser dans mes retranchements et pour une fois je n’étais pas certaine d’être en mesure de résister longtemps. Sans un mot, je l’avais de nouveau suivi, mon regard vibrant passant sur les différents blessés, des cas graves, d’autres avec des plaies plus superficielles, l’isolement était un peu plus loin, avec ceux ayant été au contact de fangeux. J’avais senti une boule se former dans ma gorge, alors que soudainement, j’avais l’impression de revivre le convoyage, celui que j’avais fait pour venir justement rapporter du matériel ici… Comment avions-nous pu nous séparer ainsi ? Comment… J’avais secoué la tête, laissant ma chevelure valser de droite à gauche, afin d’essayer de me ressaisir, je devais me ressaisir. Malgré moi, j’avais bien senti que mon regard s’était teinté d’une tristesse profonde, que mon bas ventre se tortillait de douleur, me donnant ces envies de nausées, mon visage déjà pâle avait dû pâlir davantage, pourtant je n’abandonnais pas, je suivais le banneret à la trace, prête à faire ce qu’il me demanderait.

J’avais fermé mon esprit aux gémissements, à l’odeur, je m’étais doucement enfermée dans cette bulle qui me ressemblait si bien, celle de la solitude. Je m’appliquais à faire abstraction de tout, en particulier de la souffrance. La vision du sang ne m’avait jamais vraiment dérangé, la mort non plus, l’unique chose que je n’acceptais pas, c’est de ne pas réussir à aider, à trouver de solutions. Ainsi, c’est naturellement que j’avais fini par me détacher du banneret, venant réconforter un homme ayant visiblement perdu un œil durant un combat, utilisant des mots souples remplis d’une douceur que je ne me connaissais pas. J’avais été cherchais un linge, que j’avais humidifié dans un seau d’eau, afin de venir le déposer sur le front de l’individu. Cherchant à soulager sa température. Avisant les différents sauts un peu partout et la température plus si fraîche que ça de ceux-ci, j’avais retrouvé Zephyr, me penchant légèrement pour l’informer que j’allais changer l’eau des sauts au niveau du puits… À peine avais-je terminé ma phrase, que déjà, je m’appliquais à la terminer. Au fond, j’évitais soigneusement de me retrouver au chevet d’autre victime, je m’appliquais à faire ce qu’on me demandait à m’activer, comme je le faisais toujours, jusqu’à ce que ma limite du supportable soit atteinte.

Mes pas avaient fini par se stopper en plein milieu de l’infirmerie, proche de la zone d’isolement mon regard se perdant sur ce qui ressemblait à une morsure de fangeux sur le bras d’un homme. Mes mains se mirent à trembler alors que de nouveau les images de mes agissements, des derniers événements me revenaient de pleins fouets. Chris, la milice, les missions, les personnes que j’avais tuées, l’unique phrase qui raisonnait à présent dans mon esprit étaient la raison de ma présence ici. Ma place n’était pas là, en train d’aider ou de travailler… Au lieu de retrouver Chris, de passer du temps avec lui, j’avais fuis, encore, et j’avais accepté une nouvelle mission, alors que je venais à peine d’en terminer une… J’étais pitoyable, terriblement pitoyable. J’avais cherché du regard le banneret essayant tant bien que mal de garder le tape, je me demandais bien où était passé la femme forte que les autres voient en moi… Même si extérieurement, rien ne devait être visible, intérieurement j’étais à deux doigts de la suffocation. J’avais fini par trouver celui que je cherchais, le rejoignant doucement :


- « En avons-nous terminé ici ? Où avez-vous autre chose à me demander ? »



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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptySam 18 Mar 2017 - 11:08
Ce n'était pas seulement dans ses retranchements que Zephyr souhaitait pousser Sydonnie, mais au-delà. Loin de vouloir la briser, il voulait seulement la faire céder à ce trop-plein qu'il ressentait chez elle, à ce débordement qui menaçait d'arriver, cette explosion ou cet effondrement, il n'aurait su le dire, mais en tout cas quelque chose clochait et le meilleur moyen était de creuser. On était le premier jour de ce qui allait être une longue semaine de travaux au sein du camp, l'occasion d'éprouver rudement ceux qui étaient censés être stables à leur arrivée. Sauf que la tête de mule dont il avait hérité était tout sauf en bon état moral et cela il l'avait bien compris après leur brève discussion. Lors de leur arrivée sous la tente des soigneurs, le Banneret pivota en percevant le ralentissement de la Milicienne et porta sur elle un regard indéchiffrable, scrutant chacune de ses expressions et de ses gestes. Elle était décidément bornée, elle était pâle comme les malades et les blessés, pourtant elle tenait bon -ou essayait- et se mit au travail sous le regard vif du Noble qui alla s'entretenir avec le chef Guérisseur, hochant la tête à intervalles réguliers tout en jetant de fréquents regards à la jeune femme. Elle ne tourna pas de l’œil, elle s'appliqua de son mieux, se rendit utile et, au final, s'agita beaucoup pour aider tout un chacun. Il y avait une certaine tendresse chez elle envers les plus démunis, les plus vulnérables et leurs souffrances clairement exposées au vu et au su de tous. Une fois les échanges terminés, l'homme d'arme se rendit au chevet de plusieurs blessés de sa connaissance, discutant brièvement avec eux, formulant encouragements et souhaits de prompt rétablissement, puis la silhouette de la Milicienne dans son champ de vision s'immobilisa soudain et il tourna la tête dans sa direction. Ah, ça y était enfin, elle était mûre à point. Quittant le chevet d'un des blessés, il la regarda s'approcher sans dire mot d'abord, cherchant la faille qui avait prit de l'ampleur dans les yeux de la brune.

- « En avons-nous terminé ici ? Où avez-vous autre chose à me demander ? »

- Presque, il reste encore une personne qu'il faut aider à guérir ici.

Lui faisant signe de le suivre, Zephyr se dirigea vers la partie la plus difficile de la grande tente, celle où se trouvait les mourants et autres agonisants, encadrés par des hommes d'armes gardant la main sur la garde de leur épée, avec plusieurs soigneurs qui allaient et venaient en permanence pour vérifier l'état des malheureux gémissants et murmurant de faibles prières face à leur heure venue. L'odeur et les sons vous prenaient à la gorge et même un homme habitué aux carnages comme l'était le Banneret se sentait touché par tant de détresse. Mais c'était une bien particulière qui l'avait le plus interpellé jusqu'à présent.

- D'Algrange, ça n'était pas votre faute.

Détournant son regard des hommes voués à mourir, il porta ses yeux gris sur la jeune femme, la voix plus douce, presque trop en vérité, teinté d'une compassion que peu avaient pu entendre jusqu'à présent.

- Vous souffrez je le vois bien, mais quoi qu'il puisse être arrivé, peu importe les morts et les blessés... ce n'était point votre faute et cela je crois que vous avez besoin de l'entendre.

Il reporta son attention sur les civières de fortune et les mourants qui gisaient à quelques pas d'eux, l'air grave et passablement touché à la fois.

- Nombreuses seront les fois où la Mort vous invitera à danser avec elle et nombreuses seront les fois où vous en réchapperez quand tous ceux que vous estimez tomberont à vos côtés. Il est possible que ceux que vous aimez ne survivent pas là où vous vous en sortirez toujours... Le plus difficile est d'accepter que ces horreurs nous arrivent, de faire face aux souvenirs qui s'imposent en nos esprits et d'essayer de vivre avec. Pour autant nous ne sommes que de simples mortels et les Dieux savent combien nous avons également besoin d'être faibles parfois.

De nouveau son regard revint sur la jeune femme à qui il adressa un sourire chargé d'une certaine tristesse qu'il ne cherchait pas à dissimuler à cet instant, un chagrin tel qu'il en était déchirant, mais avec lequel il fallait composer, jour après jour. Puis son expression reprit un peu plus de solennité, tandis que se faisait finalement entendre une question d'importance.

- Pensez-vous avoir le droit d'être parfois faible, d'Algrange ? Ou bien croyez-vous que votre statut de Milicienne vous l'interdit ?

A moins que ce ne soit le jugement d'autrui, celui des hommes avec qui elle travaillait notamment et auprès de qui il n'avait pas du être facile de s'affirmer. Un fort caractère ne faisait hélas pas tout, sans quoi il y avait bien longtemps que les femmes auraient été autorisées à porter les armes et à tenir tête aux hommes, cependant à leur époque il en était encore pour considérer que ce qui n'avait rien qui pendait entre les jambes devait rester à la maison et s'occuper de marmots, au lieu de combattre là où l'on avait également besoin d'elles. Même le meilleur des soldats pouvait craquer, Zephyr ne voyait pas pourquoi Sydonnie ne pourrait pas s'accorder cela au moins une fois, alors qu'elle semblait à ce point au bord de tout, si proche de son point de rupture que seule sa volonté, qui irait progressivement vacillante, la tenait encore sur le bord du précipice et l'empêcher d'y tomber. Le moment était peut-être idéal, il n'y aurait personne ici pour rapporter quoi que ce soit, car nul n'était demeuré insensible la première fois face à la Fange et au malheur qu'elle avait apporté. Craquer ici et maintenant, à l'abri sous la tente des soigneurs, apparaissait pour le Banneret une meilleure option qu'à un moment indéterminé et non désiré, au milieu de personnes qui pourraient porter quelque mauvais jugement injuste.
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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptySam 18 Mar 2017 - 16:56


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- « Presque, il reste encore une personne qu'il faut aider à guérir ici. »

La phrase avait résonné un long moment dans mon esprit avant que je prenne pleinement conscience de ce que cela impliquait. Rester. Poursuivre. Mes lèvres s’étaient entrouvertes, puis immédiatement refermées alors que mes prunelles vibraient d’une intensité nouvelle. Cette fois, le doute n’était plus permis Zephyr d’Auvray, le banneret essayait de me pousser dans mes retranchements, il testait mes limites avec acharnement. Je n’avais pas réagi immédiatement, privilégiant maladroite, l’affichage d’un sourire qui se voulait déterminer sur mes lèvres. Forcé, bien trop prononcé, j’essayais de conserver cette façade, de faire bonne figure devant mon supérieur, de ne rien dévoiler, de ne pas m’effondrer, de ne pas craquer.

- « Bien » avais-je simplement fini par répondre.

Suivant mon chef à la trace, reprenant ma place d’ombre, évitant de laisser fuir mon regard sur mon environnement. J’essayais tant bien que mal de faire abstraction de tout le reste, des morts, de l’odeur, des blessures, des morsures de fangeux, des gémissements, des supplices… Oui, mon esprit se fermait lentement à tout ça, poussant toujours davantage les murs infranchissables de mon subconscient. Je n’avais pas conscience jusque-là de la force de l’esprit, pourtant devant cette situation, je me surprenais à ne pas craquer, à ne pas me détourner, à ne pas fuir. Comment réagiraient les mourants en voyant une femme en pleine forme craquer, alors qu’eux même se battaient inlassablement pour survivre, pour ne pas cracher leur dernier soupir. Plus nos pas progressaient entre les lits de fortunes plus mon regard et les traits de mon visage se durcissaient, plus l’envie de remettre à sa place le banneret devenait prenante, intense.

- « Je sais » grognais-je en frôlant les limites de l’agressivité.

Je lui en voulais, je lui en voulais de me mettre dans ce genre de positions délicates, je lui en voulais de me pousser lentement mais sûrement jusqu’à me faire exploser. Je lui reprochais tellement de choses en si peu de temps et moi, moi, je m’en voulais d’être là. J’avais serré entre mes doigts le tissu de ma tenue, serrant aussi fort que possible, afin de me donner l’illusion de faire sortir cette rancœur. Je sentais bien que la tonalité de sa voix avait changé, je sentais bien qu’il essayait de bien faire, qu’il pensait bien faire, mais rien dans son comportement ne semblait avoir grâce à mes yeux. Je ne voyais qu’un homme, un chef qui essayait d’être humain en faisant semblant de s’intéresser, ou alors un chef voulant tester une potentielle recrue. Je n’étais plus une recrue, je n’avais plus à faire mes preuves. Je l’avais écouté parler de la mort autour de futur cadavre, je l’avais regardé avec cette amertume, cette colère dans les iris, évoquer les trois, évoquer la chance que nous avions d’être vivant, alors qu’autour de nous les gens crevaient la gueule ouverte. Alors que ces gens se regardaient mourir, se sentait partir et supplier pour qu’on leur offre un dernier soupir, pour ne pas se transformer en immondice se cachant dès les flaques d’eau, dans les mares.

- « Ça suffit ! » explosais-je finalement. « Ce n’est ni le moment, ni le lieu pour parler de la mort et la potentielle bienveillance des trois à notre égard. »

J’avais senti un sursaut venant d’une femme appliquant un soin derrière moi, j’avais senti les regards se déposer sur ma personne alors que la sonorité de ma voix venait de monter dans les aigus, venait de donner un ordre, venait d’intiment supplier mon supérieur direct de la boucler. Mon regard s’était davantage durci alors que je l’avais visé, alors que j’essayais de me raisonner, de calmer cette colère grandissant en moi, sans jamais n’y parvenir. Je ne comprenais pas, je ne comprenais pas ce qu’il cherchait, je ne comprenais pas ce qu’il souhaitait de moi. Je n’étais pas là pour discuter, pour éponger le sang ou la sueur d’une victime, j’étais là pour travailler, la terre, le bois, pour construire pour tuer toutes personnes essayant de renverser le camp, mais certainement pas pour faire la causette. J’avais fait un léger signe de tête, avant de prendre les devants, sortant de la tente par la sortie arrière, la discrète, celle qui ne donne pas directement sur le camp. J’avais attendu qu’il me rejoigne avant de reprendre la parole.

- « Vous pensez que des hommes agonisants ont besoin d’entendre ça ? Vous pensez qu’on peut évoquer le fait qu’être faible ce n’est rien, alors que ces gens nous supplient de mettre fin à leur jour. Vous pensez vraiment que les faibles survivent de nos jours ? Ne soyez pas naïf, la moindre faille, la moindre erreur peut nous mener directement à la mort. Vous qui avez été trahis, vous devez le concevoir mieux que personne. » J’avais fait une pause, le jugeant, le jaugeant. « N’essayez pas de paraître humain avec moi, peu importe ce que vous pensez percevoir en moi, vous n’êtes pas un sauveur, je n’ai pas besoin d’un sauveur. Vous ne me connaissez pas, ni moi, ni mon passé, ni ma vie… Alors, arrêtez d’essayer de me pousser à mes retranchements, je vois parfaitement clair dans votre jeu, même si j’ignore la raison de tout ceci. Alors, avec tout le respect que je vous dois, je vous demande de m’expliquer pourquoi, pourquoi vous tenez tant que ça à me faire dire des choses que je n’ai nullement envie de prononcer ? »


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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptySam 18 Mar 2017 - 17:32
Elle avait finit par craquer, finalement. Quoi que l'on puisse en penser, craquer était une nécessité, un besoin élémentaire sans lequel on finissait par s'autodétruire d'une manière ou d'une autre. L'exclamation avait fusée, des regards s'étaient tournés dans leur direction, mais celui de Zephyr n'avait pas dévié de celui de la jeune femme, jusqu'à-ce qu'elle s'éloigne, quitte l'abri de la tente des soigneurs d'un pas qu'on pourrait qualifier de furieux. Le Banneret jeta un regard aux gens qui l'observaient à présent, leur adressant un signe de tête avant de sortir à son tour : ils en avaient vu tellement craquer, chacun à leur manière, que s'ils voyaient quelqu'un y aller, ils savaient qu'eux pouvaient continuer à s'occuper de ceux pour qui cet endroit risquait fort d'être la dernière demeure. Avisant Sydonnie, l'homme d'arme s'approcha avec un regard aussi neutre que possible, prêt à encaisser sa colère et ses paroles à juste titre accusatrices. Lorsqu'elle fit une pause, il se retint de répondre, il était essentiel qu'elle commence d'abord par vider un peu son sac avant de l'assommer de mots à son tour.

« N’essayez pas de paraître humain avec moi, peu importe ce que vous pensez percevoir en moi, vous n’êtes pas un sauveur, je n’ai pas besoin d’un sauveur. Vous ne me connaissez pas, ni moi, ni mon passé, ni ma vie… Alors, arrêtez d’essayer de me pousser à mes retranchements, je vois parfaitement clair dans votre jeu, même si j’ignore la raison de tout ceci. Alors, avec tout le respect que je vous dois, je vous demande de m’expliquer pourquoi, pourquoi vous tenez tant que ça à me faire dire des choses que je n’ai nullement envie de prononcer ? »

- Parce que ce sont des choses que tu aimerais bien hurler au contraire.

Sa voix, dure et froide, claqua comme une gifle dans l'air entre eux deux et son regard gris se durcit volontairement, en même temps que la détermination du Noble prenait un nouvel essor et qu'il haussait le ton à son tour. Son objectif ? Qu'elle baisse le pont levis et qu'elle laisse exploser tout ce qu'elle avait accumulé depuis un temps indéterminé, mais certainement bien trop long.

- Tu crois que je ne sais pas que je ne suis pas un sauveur ?! On ne peut rien pour les morts ! Rien ! Tout ce que l'on peut faire, c'est continuer à avancer au milieu de tout ce merdier, à chercher un chemin et à le suivre du mieux qu'on peut en espérant à chaque tournant que la mort ne nous emporte pas ! Tu crois peut-être que ce sont les forts qui survivent ?! Pauvre inconsciente !!! Ce sont ceux qui ne se mentent pas à eux-mêmes et qui ne se voilent pas la face qui ont le plus de chances de voir le soleil se lever chaque matin !

Ça et la faveur de la Trinité, quoi qu'on puisse en dire, mais là n'était pas la question et Zephyr fit un pas en direction de Sydonnie, la foudroyant du regard, comme prêt à la frapper tant il semblait remonté lui aussi, ses yeux gris comme un ciel d'orage où il ne manquait plus que les éclairs, sa voix rauque faisant office de tonnerre à cet instant.

- Tu n'as besoin de personne pour te sauver de toi-même, parce qu'il n'y a que toi qui peut le faire ! Moi je ne suis qu'un élément extérieur à ton être, je ne peux que pointer du doigt ce que je vois et que tu ne pourras jamais cacher ! TU ES FAIBLE D'ALGRANGE ! Et tu veux savoir quoi ?! TOUT LE MONDE L'ES ! Il n'y a que les fous et les aveugles pour croire qu'ils sont infaillibles, que les arrogants pour se croire éternels. Ceux qui survivent, ce sont ceux qui savent accepter ce moment où notre volonté vacille, où nos yeux s'embuent de larmes comme toi tout à l'heure sous cette tente, où la vision de nos semblables souffrants, agonisants, nous met à mal intérieurement plus que nous ne le voudrions !

Au risque qu'elle n'ai un mauvais geste, le Banneret tendit la main et tenta de la poser sur son épaule, la maintenant avec une poigne solide, mais sans l'emprisonner pour autant, son regard s'apaisant partiellement seulement pour se charger d'un mélange de rigidité et de compassion, tandis qu'il revenait à un ton moins hargneux, mais toujours un peu fort.

- Maintenant dites-moi d'Algrange ce qui vous préoccupe à ce point, parce que s'il y a bien une chose que je ne veux pas voir, c'est une personne déterminée et volontaire, sans doute capable de beaucoup, qui se croit seule au monde et dépérit sans accepter qu'on puisse l'écouter sincèrement, à défaut qu'elle veuille bien qu'on l'aide... Quand bien même nous ne nous connaissions pas.

Lui tendre la main, c'était la seule chose qu'il pouvait faire pour espérer lui porter assistance, la seule chose au final qu'un simple supérieur pouvait faire pour quelqu'un qui se retrouvait temporairement sous ses ordres. Dans quelques jours, pas plus d'une semaine si les Trois le voulaient, le camp serait définitivement reconstruit et renforcé, et alors chacun s'en retournerait à Marbrume. Dans quel état, là était la question.
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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptySam 18 Mar 2017 - 20:41


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J’avais reculé d’un pas quand Zephyr avait levé la voix, me crachant au visage ce que je savais au plus profond de moi, ce que j’avais besoin d’exprimer, de poser. Pourtant rien ne s’était échappé de mes lèvres, absolument rien, juste un souffle silencieux, un souffle qui donne à la fois raison et la fois tort. Je refusais de me positionner, je refusais de dévoiler mon secret. J’essayais simplement de survivre, de me dépatouiller entre mes aspirations, mes mensonges et mes sentiments. Rien n’était jamais définitif, rien n’était jamais joué d’avance, j’en avais particulièrement bien conscience. Sa voix rauque se laissait encore entendre, alors qu’il faisait de nouveau un pas et que je reculais encore une fois. Sa main était finalement venue se déposer fermement sur mon épaule, alors qu’il poursuivait son argumentation, des paroles qui me percutaient de plein fouet, faisant régner dans mon être un flot d’incompréhension. Aucun signe d’agressivité de mon côté, aucune mauvaise intention, aucun geste déplacé, j’étais simplement perdu. Perdu par tout ça, vidé par cette colère, pas se stress permanent. J’avais envie de crier plus fort, de me faire entendre, de lui ordonner de se taire, de ne pas me surcharger avec ces idéologies stupides.

- « Ça suffit » soufflais-je doucement, épuisée par tout ça. « Il faut cesser de croire que je cache quelque chose de si important, je ne cache rien. Je pense qu’il est normal de nos jours de s’inquiéter, il est normal de vouloir protéger les autres… » j’avais secoué doucement la tête « Je n’ai jamais prétendu ne pas être faible, tout comme vous, je suis amenée à mourir, c’est évident. Nous en avons déjà parlé, chaque choix, entraîne une conséquence… La mienne semble inévitable dans une certaine mesure. »

Je devais trouver un mensonge frôlant la vérité, quelque chose qui semblerait crédible et futile, ou alors être honnête sans tout dire… Qui laisserait croire à Zephyr, que je m’étais livrée, ou que je me livre sur un sujet et pas un autre, qu’il relâche sa vigilance, qu’il passe à autre chose. Mes premières phrases se voulaient sincères, honnêtes, volontairement je passais sous silence certains sujets, mais je n’avais pas le choix. Survivre signifiait aussi protéger. Pour protéger Chris, pour me protéger moi, pour protéger notre relation, je ne pouvais pas me permettre de parler, de divulguer cette information capitale. J’allais donc légèrement modifier la réalité. Passant une main sur mon visage, j’avais dévoilé cette tristesse dans le regard, cette sensibilité que peu de personnes avaient l’occasion de voir sur mon visage. J’étais à bout, complètement, entièrement, pourtant aucune larme ne roulait sur mes joues rougies par les émotions négatives.

- « Vous n’avez jamais eu l’impression d’aller à l’encontre de vos valeurs, de vos opinions ? Nous représentons l’ordre, mais nous tuons, nous souhaitons sauver la vie, mais nous l’anéantissons pour notre propre survie… Les autres placent des projets en nous, et nous, nous avons le choix de les suivre ou non… Vous savez, je n’ai presque plus personne. » Je prends une grande inspiration « Ma mère me montre à quel point ma vie est échec pour elle, mes choix et mon envie de devenir un haut gradé de la milice… » Je fais une pause déposant mes yeux bleus vibrant vers le visage de mon interlocuteur « Elle me montre chaque jour à quel point je suis un échec, une déception. Elle souhaite que j’offre ma main à un homme, elle souhaite me voir marier, à l’abri du danger… Et moi… Je fais tout le contraire. »

J’étais sincère, honnête, je mettais en avant cette vie, ma vie et mes habitudes. Mes disputes, n’importe qui craquerait devant un proche qui anéantit l’autre, à cela s’ajoutant la difficulté d’un milicien. Ma réaction ne pouvait qu’être normale.

- « Vous devez savoir ce qu’on ressent non, quand on rentre dans une maison vide, quand on se couche seul… Quand on est seul avec nous-mêmes et le peu de fois on nous somme accompagnés, c’est les fois où on s’autorise un verre entre collègues… Parce qu’avec les autres, il n’y a rien à dire, rien à faire…Vous vous voyez vous, raconter une journée tachée de rouge au peu d’amis que vous avez ? » une légère pause de nouveau puis je reprends « Qui peut comprendre notre ressenti, notre vision quand on a fait couler encore le sang ? Quand on a trop fait couler le sang. Ne vous méprenez pas, je dévouerai ma vie à mon métier, peu importe les sacrifices, je sais que je suis faite pour ça. Aussi étrangement que cela puisse paraître, moi ce n’est pas la fange qui m’a fait venir… J’en rêvais depuis petite. Mon père était reconnu par tous, malgré les grognements de ma mère, il m’a formé, comme il aurait formé un milicien de son régiment. »

Je l’avais avisé un long moment, comme pour anticiper des réactions, des pensées que je ne parvenais pas à traduire dans son regard. La vie était un long fleuve complexe, ou la survie était la priorité absolue. Certaines personnes se cachent derrière le mur d’une cité, d’autres vont combattre, d’autres attentes que la mort viennent les cueillir. Moi j’essayais de faire survivre les autres, à défaut de moi-même, du moins j’essayais, mais maintenant que Chris était là… j’avais l’impression de trahir tous ceux qui avaient mis leur confiance en moi. J’avais simplement haussé les épaules :

- « Vous ne devez pas comprendre vu votre situation, je suppose que vous êtes marié, que vous trouvez chaque soir votre femme et vos enfants dans votre demeure, vous n’avez pas à vous inquiéter constamment pour eux. Vous ne promettez pas aux enfants de vos collègues de protéger leur père et vous ne revenez pas leurs annoncer qu’ils sont morts qu’ils peuvent être fière d’eux, qu’ils ce sont bien battus…Alors oui, il m’arrive souvent de me demander pourquoi eux qui ont tant à perdre et pas moi ? Eh oui, je voudrais pouvoir sauver tout le monde, mais c’est impossible… Mais je refuse de croire que c’est une force.. Je refuse de croire que cette multitude de faiblesses font de moi une personne forte, parce qu’il y a trop d’erreurs, il y a trop de choses à faire ou à refaire… Et tellement peu qui est en mesure de comprendre à quel point tout ceci n’est pas un jeu, qu’une mission importante n’est pas une fierté, mais bien un poids et que revenir ne signifie pas que l’on est fort… Mais peut-être justement qu’on a pas fait suffisamment. »


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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptyDim 26 Mar 2017 - 10:20
Il avait usé de mots forts et de propos cinglants, il avait tout fait pour l'amener à confier ce qui la pesait tant et, en vérité, il était bien loin de penser qu'il s'agisse d'un quelconque lourd fardeau qu'il fallait tenir secret à tout prix. Non la vision de Zephyr était beaucoup plus pragmatique et terre à terre que cela : la vie qu'ils menaient tous était à elle seule suffisante pour les mettre à genoux et c'était de cela dont il était question à son sens, rien de plus. Aussi quand la jeune femme affirma qu'elle ne cachait rien de spécifique, eut-il une ombre de sourire et acquiesça-t-il à ses premiers mots. Sydonnie dissimulait la souffrance qu'elle éprouvait, les incertitudes qui étaient les siennes, les questions qu'elle devait certainement se poser à longueur de temps... et c'était cela qui la rongeait. Nombreux étaient ceux qui croyait que la Milice n'était pas faite pour les femmes et, en un sens, ils n'avaient pas tout à fait tort, mais pas tout à fait raison non plus. Certaines semblaient être nées pour ça, d'autres en revanche peinaient à s'y faire leur place, mais toutes faisaient preuves d'une détermination des plus admirables et même le Banneret, qui préférait de loin savoir une femme à l'abri que combattant un Fangeux, reconnaissait leur valeur au combat et leur capacité à faire tout aussi bien qu'un homme. Et tant pis si l'égo masculin en prenait un coup. Des éléments comme Erkal ou d'Algrange se devaient d'être préservés, justement parce qu'elles étaient dignes de tenir une épée et assez forte pour oser braver le danger. Celle qui lui faisait face avait connu et connaissait sans doute encore les difficultés qu'on les représentantes de son sexe face à l'incompréhension des gens de leur époque. Drôle d'époque en vérité et son visage s'était assombrit en songeant aux valeurs que certains briguaient encore.

- Vous faites ce que vous dicte votre cœur, il n'y a point de mal à cela.

Pourtant le Noble comprenait quelque peu cette mère dont il entendait parler pour la première fois. Lui-même se souvenait fort bien de la sienne, de la façon dont elle avait enseigné à ses sœurs tout ce qui leur serait nécessaire de connaitre pour forger un mariage de qualité, afin qu'elles puissent conquérir un mari debout, fières et fortes, et non couchées en attendant de pouvoir servir docilement. Quelles avaient été les aspirations de la génitrice de Sydonnie à cet effet ? Difficile à dire, mais en tout cas la personnalité de la brune tendait à la pousser à ne pas se laisser faire et ce n'était pas son supérieur qui allait le lui reprocher. La discussion s'orientait cependant sur ce que l'on éprouvait à verser le sang, à se coucher seul le soir en tentant de trouver le sommeil après avoir vu des horreurs durant la journée. Zephyr inspira plus profondément, puis hocha sommairement la tête, cherchant ses mots sur un terrain que lui-même n'exprimait en vérité jamais. Il avait bon dos le donneur de leçons, lui-même se rendait compte qu'il n'en parlait presque jamais à sa sœur, ou à tout le moins sans donner trop de détails afin de ne pas l'horrifier. Sydonnie lui parlait de son père à présent et une ombre de sourire passa sur le visage de son vis-à-vis.

- Ce devait être un homme admirable s'il vous a inspiré la passion de ce rude métier.

Elle en parlait au passé, c'était donc qu'il n'était plus, encore un élément qui aurait été plus que bienvenu dans cette lutte acharnée pour la survie de tous. La jeune femme revint à la charge sur la situation de son supérieur et, cette fois, un rire sans joie, rauque et un peu désabusé, franchit les lèvres fines de Zephyr qui secoua légèrement la tête. Son rire ressemblait au bruit de brindilles que l'on casse, il n'avait rien de chaleureux ni d'engageant, pourtant il n'y avait aucune agressivité dans sa voix, rien qu'un calme doublé d'un sentiment de résignation.

- Détrompez-vous d'Algrange, hormis ma sœur cadette sur laquelle je veille, il n'y a ni femme ni enfant qui m'attendent en notre demeure là-bas à l'Esplanade. Je n'ai jamais pris le temps de me marier ni de fonder un foyer.

Et il le regrettait aujourd'hui, il le regrettait chaque fois qu'il voyait ces familles se retrouver, entendait ses hommes parler des leurs demeurés à l'abri au sein de la cité, conter les bêtises de leur progéniture ou les surprises de leurs femmes leur tenant tête chacune à leur façon. Ils étaient heureux lorsqu'ils en parlaient, riaient de bon coeur avant que l'ombre de la Fange ne revienne à la charge et ne les laisse songeurs. Le Noble songeait que parfois se coucher seul dans son lit était comme être aux portes d'un hiver rigoureux et nombreuses étaient les nuits où il peinait à trouver le sommeil lorsqu'il n'avait pas su s'épuiser assez durant la journée. Tout cela il ne le conta pas à la Milicienne, mais celle-ci avait sans doute compris à voir sa mine grise qu'il espérait trouver un jour une femme qui parvienne à faire battre son coeur. Pour autant le sentiment qu'éprouvait la brune était une chose qu'ainsi le Banneret ne comprenait que trop bien.

- Je songe parfois également qu'il est injuste que ceux qui ont des familles ne nous survivent pas, c'est là le fardeau de ceux qui survivent et qu'il leur faut assumer jusqu'au bout. Nous survivons d'Algrange, nous voyons les autres mourir et un jour ce sera notre tour, mais en attendant ce moment, nous devons prier Rikni de nous accorder la force de faire face à l'ennemi et quoi que vous en pensiez, c'est bien de la force qu'il faut pour continuer d'avancer au milieu de notre propre faiblesse.

Sa main tapota doucement l'épaule de Sydonnie, avant qu'un léger sourire ne lui soit adressé, avec toute la sympathie dont était capable un Zephyr qui vivait la même chose que cette jeune femme pour le moins courageuse.

- Nous ne pouvons faire plus que ce que nos corps et nos esprits ne peuvent en supporter. Ceux qui se glorifient de nos réussites ou qui voient en nous quelque héros invincible ne réalisent pas tout le danger et la mort qui nous entoure, ils se font de fausses idées sur comment et pourquoi nous survivons, sans réaliser un seul instant toute la douleur que nous éprouvons de voir autrui tomber sans pouvoir l'empêcher. C'est là le fardeau des guerriers et... vous êtes une véritable guerrière d'Algrange, une digne Milicienne qui se doit d'être respectée. Sachez vous tourner vers vos semblables, ceux qui comme vous ont éprouvé les horreurs de la guerre, que ce soit celle-ci ou d'autres plus anciennes, car ce sont eux qui pourront le mieux vous comprendre. Le fait que vous soyez une femme est secondaire, ne vous en déplaise.

C'était une sorte de petite plaisanterie, difficilement formulée et maladroitement placée, mais le Banneret lui adressa un sourire en coin qui se voulait encourageant, alors qu'il portait un regard sur les alentours. Le camp résonnait de bruits divers et variés, plus ou moins identifiables, l'on entendait rien de ce qui se passait sous la grande tente des guérisseurs située à quelques mètres de là, mais surtout il n'y avait guère de passage de ce côté-ci du terrain. Reportant son attention sur la jeune femme, le Banneret inspira profondément, se redonnant un peu plus de contenance et d'énergie.

- Je suis heureux d'avoir un élément tel que vous sous mes ordres, sachez-le. Je suis quelqu'un de peu démonstratif je vous le concède, mais sachez que je demeure tout comme vous une personne d'arme et que si jamais vous aviez besoin de vous confier, quand bien même je ne suis pas le plus guilleret qui soi, je serais là pour vous écouter d'Algrange.

Dire à une femme que l'on souhaite volontiers l'écouter si elle le juge nécessaire, voilà qui aurait sans doute fait rire certains de ses anciens camarades, ceux qui se plaisaient à parader devant les jolies jeunes filles du village en pensant qu'elles n'étaient bonnes qu'à sourire et leur offrir des enfants. Si le Noble avait toujours été un peu plus respectueux que cela -il se souvenait encore de la gifle mémorable d'une paysanne qui avait repoussé ses avances lorsqu'il était encore un peu trop jeune et entreprenant- il savait également que les représentantes de ce sexe étaient capables de parler sans commettre de babillages insensés ou incessants. Une guerrière était forcément sur le même pied d'égalité à ses yeux qu'un homme d'arme lambda.
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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptyDim 26 Mar 2017 - 18:09


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Admirable, le mot avait résonné longuement dans mon esprit. Il était à la fois juste est réaliste, père était un homme bon qui avait le cœur sur la main, qui faisait tout pour les autres. Il était mort, du moins, je le suppose l’arme entre les doigts, il avait fait ce que ses principes lui avaient soufflé de faire, abandonnant sa femme et sa fille par la même occasion. « Il l’était » c’était bien l’unique chose que j’avais cru bon d’ajouter. À l’époque, je n’étais pas en mesure de comprendre à quel point une vie était précieuse, à quel point une vie ne pouvait pas en vouloir une autre. Maintenant que j’avais conscience qu’il avait bien agi, maintenant que la colère m’avait quitté, je ne pouvais qu’aller dans le sens de Zephyr. Père était un homme bien. J’avais ensuite pris le temps d’écouter, de comprendre les mots que le noble –qui ne ressemblait pas un sang bleu- employait. Ainsi, il n’avait ni femme, ni enfant, mais une sœur cadette. Un sourire avait pris naissance sur mes lèvres, agréablement surprises par tout ça, par cette discussion qui prenait un tout autre tournant. Je m’étais trompée sur D’Auvray, complètement trompée. Ne pas prendre le temps, voilà une drôle d’excuse qu’il venait de formuler, je ne trouvais pas que c’était réellement une question temporelle, non, il s’agissait bien plus qu’une question envie, de volonté. Je n’avais pas jugé bon de le spécifier, certaine que Zephyr savait parfaitement qu’il ne tenait qu’à lui de résoudre le problème. J’avais tourné légèrement la tête pour aviser la main tapotant mon épaule, affichant un sourire plus faible qu’à mon habitude.

- « Vous savez autant que moi, que je ne suis pas une guerrière, je ne fais que survivre, rien de plus rien de moins. Tout comme vous. Personne ne peut réellement nous comprendre, personne ne peut anticiper une réaction mieux que nous même. Il est inutile de parler des choses que nous vivons, inutile d’argumenter sur le sujet parce qu’au fond cela n’en vaut pas la peine, il faut s’accrocher au positif n’est-ce pas ? Simplement au positif. »

J’avais affiché un nouveau sourire, plus sincère moins impersonnel. Lançant un bref regard vers la tente qui abritait les blessés, nous avions encore tellement de choses à faire, tellement de choses à prévoir… Je n’avais plus qu’une hâte, rentrée. Tout terminer ici, retrouver la proximité de mes proches, prendre le temps de me reposer, de guérir des blessures morales qui m’accablaient. À mon tour, j’avais déposé une main sur l’épaule de Zephyr, la tapotant légèrement comme deux amis auraient pu le faire. Quelque chose entre nous venait de se briser et nos confidences mutuelles entraîneraient forcément un rapprochement, le tout était d’en avoir conscience.

- « Je suis heureuse d’avoir fait votre connaissance Zephyr, vous êtes un sang bleu bien particulier, vous savez… Si un jour vous avez besoin à votre tour d’une oreille attentive, ou d’une lame à votre service, je serais ravie de vous apporter mon aide, peu importe la manière, peu importe la façon de faire. »

J’avais retiré ma main, faisant une légère pause, observant de mes grands yeux bleutés mon interlocuteur, penchant légèrement la tête sur le côté. Un homme capable de comprendre si facilement, de laisser ses préjugés de côté devait être une personne ayant beaucoup enduré, beaucoup souffert. Je m’étais légèrement pincé la lèvre inférieure, avant de finalement m’intéresser à lui, oubliant quelques instants la montagne de travail qui nous attendait :

- « Si nous allions à notre prochaine tache, en même temps vous n’avez cas me parler un peu de vous. Comment se fait-il qu’une personne comme vous n’a pas encore de femme à ses côtés et votre cadette comment s’appelle-t-elle ? Est-ce que vous vous entendez bien avec elle ? Enfin, je crois que c’est à mon tour de vous écouter. »

Au fond, je n’avais pas réagi à tous les propos, j’avais besoin d’y réfléchir, d’y penser simplement. Zephyr était loin d’avoir tort, pour une fois, j’avais eu la chance de tomber sur une personne convenable… Enfin.



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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptySam 1 Avr 2017 - 11:33
Il avait sourit avec une pointe d'amusement lorsqu'elle l'avait qualifié de sang bleu bien particulier. Il en venait à oublier parfois son rang et son statut lorsqu'à force de combattre dans la boue et le sang aux côtés de ses hommes, il n'était plus qu'un guerrier parmi d'autres, un de ceux qui restaient debout à la fin, justement, quand tous étaient tombés pour ne jamais se relever. Il oubliait qu'il était censé se comporter comme quelqu'un de plus hautain, ou à tout le moins de plus distant, un peu à l'image de ces barons prétentieux et de ces comtes intouchables qui peuplaient l'Esplanade et que le petit peuple ne faisait qu'entrapercevoir lors de leurs rares escapades dans la cité. Cet écart qui existait au sein de Marbrume, Zephyr ne l'avait pas connu de cette façon au sein de son domaine. Là-bas les gens vivaient simplement, il avait surtout en charge une ville si petite qu'on aurait pu la prendre pour un village, et des hameaux bordant les alentours avec des champs, des élevages, les montagnes d'un côté, la forêt de l'autre, quelques lacs sur lesquels les rayons du soleil aimait tant jouer lorsque le ciel bleu s'y reflétait tout au long de la journée. Le Banneret était aussi simple que ses gens, il n'avait jamais eu de grandes aspirations et ainsi se sentait-il bien plus proche d'une d'Algrange en terme de statut que d'un Ventfroid, à titre de comparaison. Pour autant la Milicienne le voyait comme un sang-bleu et cela lui rappelait de plein fouet son rang, notamment lorsqu'elle promit de mettre sa lame à son service si jamais il devait en avoir besoin. Cela avait quelque chose de touchant, comme à chaque fois qu'on avait promis de le suivre au combat sans savoir ce qui se trouvait en face, comme au temps jadis d'avant la Fange.

- Je vous remercie pour votre confiance, croyez bien que je ne l'oublierais pas.

Une petite voix lui souffla brièvement que faire appel à la jeune femme serait risquer de l'entrainer dans une bataille mortelle, mais il chassa cette sombre pensée en s'efforçant de sourire à l'intention de la brune. Il ne l'appellerait qu'en cas d'absolue nécessité et dans un cadre qui permettrait de limiter le danger, voilà tout. Les gestes attentionnés terminés et les échanges les plus graves passés, l'un comme l'autre songèrent qu'il était temps de se remettre en mouvement et ce fut Sydonnie qui le suggéra de vive voix, recevant un hochement de tête en guise de réponse à sa proposition. Le Noble prit la direction non pas de la tente des guérisseurs cette fois, mais d'une autre zone du campement qui nécessitait quelque aide manutentionnaire sans trop d'urgence. Les autres étaient déjà en renfort là où c'était le plus essentiel, ils pouvaient bien de leur côté s'atteler à des tâches plus diversifiées. Les questions de la brune, indiscrètes pour certaines personnes à la place du Banneret, ne manquèrent cependant pas de faire légèrement sourire ce dernier.

- Elle se prénomme Idalie, nous sommes très proches et elle vous ressemble par son tempérament, quoiqu'elle soit davantage rompue aux usages.

Une nouvelle taquinerie sans méchanceté, après tout il pouvait bien la chambrer un peu après tous ces échanges qu'ils avaient eu, du moment qu'aucune oreille indiscrète n'était là pour les écouter. Le sujet suivant après tout n'était guère fait pour être entendu par le premier venu.

- Il est vrai qu'à mon âge les convenances voudraient que je sois marié et ait déjà de nombreux enfants, cependant je n'avais point le cœur à ces choses-là. Je suis doué pour la chasse, la bonne chair et la guerre, mais en matière de sentiments, je ne suis point parfait.

Il marqua une hésitation, lui jetant un regard gris indéchiffrable, quoique teinté d'une sorte de prudence.

- Les femmes étaient nombreuses je ne vous le cache point, mais jamais aucune n'a su me faire chavirer d'un regard.

Zephyr eut un léger sourire, moitié penaud, moitié sombre, se remémorant à la fois ses bêtises de jeunesse et la mort prématurée de son frère dont il était si proche, de ce vide béant qui avait alors creusé sa poitrine et que même l'amour de sa famille, y compris sa cadette Idalie, n'avait pu combler. L'homme avait l'impression qu'après cela il n'avait fait que errer au sein de ce monde, de faire son devoir avant toute chose et de s'être volontairement interdit toute relation qui puisse aboutir à une union solide et sincère. Les regrets étaient une chose qu'il éprouvait durement depuis peu, d'une toute autre façon qu'à l'époque, mais cela valait mieux à son sens que des remords.
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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptyDim 2 Avr 2017 - 13:07


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Le calme avait de nouveau pris possession de notre conversation, de notre environnement et ce n’était pas pour me déplaire loin de là. Mon regard bleuté se déposait régulièrement sur mon interlocuteur et un petit vent de fierté s’était installé en moi quand régulièrement j’observais un semblant de sourire sur les lèvres du banneret. Depuis mon arrivée, notre arrivée à ma coutilerie et moi-même, il n’avait pas été courant de voir les traits de son visage afficher autre chose qu’un masque d’indifférence et de froideur. Le voir ainsi était en quelque sorte une petite victoire, un partage qui ne pouvait que davantage m’encourager à dialoguer avec le sang bleu. Peut-être l’avais-je mal jugé finalement, peut-être n’était-il pas celui qu’il montrait, peut-être que ce n’est qu’une carapace un masque pour éloigner quiconque voudrait encore l’approcher. Une manière de se protéger. Mes pas s’étaient voulus volontairement lents, j’aurais voulu faire traîner l’instant encore bien longtemps, profiter réellement du peu que j’avais obtenu ici, du peu de sentiments d’apaisement que j’avais pu ressentir en m’éloignant de la ville, des autres, de lui aussi. Mon regard s’était finalement déposé sur le nouvel objectif qui se dressait devant nous et je n’avais pu m’empêcher d’afficher une moue perplexe. Le transport, le déplacement était une chose courante, bien qu’épuisante, ce n’était pas ça qui allait pouvoir réellement occuper mon esprit. Enfin, nous avions encore une petite distance à parcourir avant de rejoindre notre nouvelle activité et je comptais bien en profiter pour en apprendre davantage sur mon interlocuteur. Un sourire avait étiré mes lèvres, alors que discrètement mes yeux bleutés étaient venus détailler l’imposante silhouette de celui qui avait décidé de faire équipe avec moi.

- « C’est un beau prénom Idalie, très féminin, je suis certaine que c’est votre père qui a dû le choisir. » je n’avais pas voulu paraître intrusive, j’avais juste par réflexe pu observer que les hommes donnaient toujours des noms chantants et doux à leur enfant. Affichant un sourire amusé, j’avais continué dans ma lancée « Ahah, ce n’est pas bien difficile d’être plus rompu aux usages que moi… Je n’ai jamais vraiment réussi à me fondre dans la masse, je me sens toujours obligé d’agir en mon âme et conscience, peu importe les conséquences… Et puis visiblement, je ne suis pas la seule à ne pas forcement respecter les uses et coutumes »

Je m’étais autorisé un petit clin d’œil. Beaucoup plus détendue, beaucoup plus ouverte à la conversation, je devais sembler largement plus avenante et amicale qu’auparavant. J’écoutais de nouveau de manière attentive mon interlocuteur, comprenant certainement mieux que personne le point de vue de Zephyr.

- « Mère m’a présenté un nombre incalculable de prétendants.. » Admis-je sur le ton de la confession, certainement pour le mettre à l’aise, pour lui donner l’envie de poursuivre cette discussion « Je crois qu’il n’y en a pas un qui n’a pas pris peur en me voyant… » je me suis mise à rire légèrement « Enfin, il faut dire que je n’ai épargné personne… Pour le premier rendez-vous, j’arrivais couverte de sang… Je m’appliquais à parler comme la femme la plus mauvaise des bas quartiers… Si un des valeureux osait franchir l’étape du second rendez-vous, alors là je tapais plus fort, plus haut… Je ne venais pas ou terriblement en retard, ou alors je venais accompagner des hommes de ma coutilerie... Autant dire qu’à la fin, il ne reste plus de prétendant… »

Je n’étais pas fière de mes agissements vis-à-vis des magouilles de mère, cependant, je ne pouvais me résoudre à lui céder mon avenir. Elle n’avait pas le droit de décider pour moi, pas le droit de me contraindre à m’offrir au premier venu plus riche que nous. Osant légèrement les épaules, je me demandais ce que j’attendais finalement et qu’est-ce qui avait bien pu me faire craquer pour j’accepte de revoir encore et encore Chris… Me pinçant la lèvre inférieure, j’avais fini par changer de sujet, du moins par poser encore davantage de questions pour m’éviter de penser.

- « Qu’est-ce que vous cherchez chez une femme, qu’est-ce qui pourrait vous faire succomber ? » je fais une légère pause, enchaînant « Moi, je crois que je suis un peu trop fleur bleue, j’attends celui qui m’acceptera comme je suis, sans vouloir me changer… Enfin, vous c’est différent, je suppose que vous devez épouser une femme d’un certain milieu… Dites-moi, Zephyr, qu’est-ce que vous aimez le plus faire ? »

Mes pas venaient finalement de se stopper, parce qu’on était sur le point d’arriver, parce que la conversation allait devoir s’arrêter là. Le travail, encore le travail, toujours le travail, avant cela ne me déplaisait pas, à présent, j’avais cette envie de connaître les personnes m’entourant, d’arrêter de fuir.


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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptySam 8 Avr 2017 - 10:27
Zephyr avait sourit en entendant Sydonnie lui dire qu'elle n'était pas du genre à se fondre dans la masse et qu'elle n'était pas forcément la seule à ne pas respecter les us et coutumes. Ah ça, il est vrai qu'il n'était pas le mieux placé pour parler au vu des circonstances, mais si elle avait été là lorsque les combats faisaient rage, si elle l'avait vu en armure aux prises avec les Fangeux, si elle l'avait vu ne serait-ce que la semaine passée tandis qu'il donnait des directives et lançait ses ordres aux hommes dont il avait la charge pendant la reconstruction des tours et de la route qui avaient été abimés pendant la tempête... Nul doute qu'alors elle aurait vu le meneur de troupes, le noble derrière cette apparence trompeuse et passablement accessible. Il n'était pas le plus agréable à regarder qui soit, mais il aimait à galvaniser ceux qui mettaient leurs vies entre ses mains et se faisait un devoir de travailler tout autant qu'eux, à leurs côtés ou bien à sa façon selon leurs objectifs. Peut-être un jour aurait-elle l'occasion de le voir ainsi, mais en attendant elle le trouvait plus proche d'elle que des nobles de l'Esplanade et c'était bien ainsi. Lorsque la jeune femme conta la façon dont elle avait repoussé ses prétendants, le Banneret ne pu se retenir, prit au dépourvu, et laissa échapper un bref rire rocailleux, un sourire agréablement surpris venant éclairer son expression si sérieuse jusqu'à présent.

- Je plaint ces pauvres hères, vous avez de quoi faire chavirer les cœurs et vous préférez les tenir à distance, j'imagine le désespoir de votre mère.

Il s'en amusait un peu malgré lui, il se souvenait fort bien de la façon dont Idalie avait éconduit un prétendant à la fois rustre et insistant, sans même que ses frères n'aient à intervenir alors qu'elle était encore fort jeune. Il s'agissait d'un dignitaire venu dans leur contrée pour se faire une idée de leurs terres et soit-disant dans les petits papiers du Roi, ce qu'il n'avait jamais voulu prouver de quelque façon que ce soit. L'homme avait eu le malheur de se montrer insistant et Idalie, sous couvert d'une répartie à la fois simple et cassante, l'avait comparé à quelque animal d'allure grossière et affirmé qu'il ferait un parfait gibier bon à égorger. La stupeur puis l'indignation avaient alors surgit chez l'éconduit qui était repartit furieux. Leur père avait sermonné la cadette de la famille, non sans un léger sourire en coin une fois que la petite avait tourné les talons. Zephyr se souvenait de tout cela et les paroles de la Milicienne lui rappelaient ces doux moments où la vie était alors encore insouciante et magnifique. Un nouveau changement de sujet intervint cependant et les questions revinrent sur le tapis concernant la potentielle future épouse que pourrait avoir l'homme d'arme au visage balafré. Voilà bien une chose qu'on ne lui avait plus demandé depuis une éternité, ce lui semblait, le prenant légèrement au dépourvu. Qu'aimait-il chez une femme ? En vérité il n'y avait jamais spécialement songé, c'était davantage une impression, un ressenti, un sentiment... Une femme qui lui paraisse douce peut-être, relativement calme surtout pour compenser avec les affres de la guerre, une femme qui lui ouvre les bras lorsqu'il rentre couvert de sang et lui permette d'apaiser ses tourments. Rêvait-il un peu trop ? Jadis du temps de sa jeunesse insouciante, il les aimaient plus libres et rebelles, mais avec les années venait le désir d'un peu de quiétude au sein du foyer, sans pour autant que la belle ne soit trop effacée. Autant dire qu'il n'était sûr de rien et que ce n'était pas gagné d'avance. Heureusement pour lui, Sydonnie avait continué de parler, reposant une question qui lui permit d'esquiver le fait de répondre à la première.

- Je vous l'ai dit, j'aime la chasse et j'apprécie particulièrement le faire avec mon oiseau de proie. Désormais c'est chose difficile avec la Fange, aussi je ne saurais dire ce que j'aime le plus faire à l'heure actuelle... Rester en vie et profiter de chaque instant me semble essentiel.

Il sourit légèrement, ne voulant guère s'appesantir sur le sujet et préférant en changer. Il ignorait de quoi chaque lendemain serait fait, aussi avisait-il au jour le jour. Qui sait s'il ne finirait pas par trouver la perle rare ? Leurs pas les menèrent finalement jusqu'à une tente à l'intérieure de laquelle l'on ouvrait des caisses et faisait un inventaire complet des armes nouvelles fournies, de quoi permettre de remplacer l'équipement perdu durant la tempête ainsi que la rébellion. Ils en avaient pour quelques heures seulement, jusqu'à la fin de la journée en vérité, avant que l'on ne sonne la préparation du repas et que tous puissent se retrouver au centre du campement afin de faire le point et de donner quartier libre à chacun.

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MessageSujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]   Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] - Page 2 EmptySam 8 Avr 2017 - 13:38


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- « Oh, non, il ne vaut mieux pas imaginer »

J’avais répondu avec une voix plutôt douce, largement amusée par mes souvenirs et la réaction de Zephyr. J’ignorais s’il était capable de comprendre, s’il était en mesure d’entendre qu’une femme ne souhaitait pas se marier, pas avoir d’enfant, pas vivre une vie de bonne dame. J’avais toujours été de celle qui voulait décider plutôt que d’être soumise aux autres. Le banneret avait visiblement le même point de vue, il ne jugeait pas, ne remettait pas en cause mes remarques. Non, il était vraiment quelqu’un de bien, je ne pouvais qu’en être certaine. J’avais ensuite écouté pour une fois, poursuivant le trajet en restant bien derrière mon collègue. Je l’imaginais partir en solitaire chasser avec son oiseau, instinctivement j’avais relevé les yeux vers le ciel, cherchant du regard de celui qui devait lui servir de fidèle compagnon.

- « C’est de bons objectifs » déclarais-je doucement

Nous avions ensuite repris nos activités, rentrant sous la tente pour réaménager le lieu, porter, transporter, faire ce que l’on attendait de nous. La journée avait été éprouvante, fatigante, éreintante. L’heure du repas avait finalement sonné et c’est tout naturellement qu’on avait tous été mangé puis tous dormi. Sans prendre le temps d’échanger, de discuter davantage. Les autres jours ce sont déroulés exactement de la même façon, pas davantage de dialogue, pas davantage d’intérêt l’objectif était de rentrer le plus rapidement possible, de sécuriser entièrement le lieu avant notre départ. 3 jours, c’est le temps que nous avons passé ensemble, souffert ensemble, 3 jours entiers sans jamais faire de pause, hormis notre temps de sommeil… Le jour du départ était arrivé et j’avais cru bon de dire au revoir à ma façon à Zephyr, je n’étais pas très douée pour les adieux, vraiment pas… Ainsi ma coutilerie et moi-même étions partis plus tôt que les autres et j’avais simplement laissé un mot devant la tente du banneret, un peu de viande pour son rapace –viande fraîchement chassée du matin- ainsi qu’une lettre de remerciement. Qui sait, peut-être étions-nous amenés à nous revoir un jour.
La petite note bonus : :

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