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 Rien à perdre [PV Barral]

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MessageSujet: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyMer 22 Mar 2017 - 21:45
Juin 1165

Une distance de six lieues séparait le plateau du village des bannis. Une demi-journée de marche à peine, avant la Fange. Lorsqu'il n'y avait que champs et forêts à traverser, et que les chemins demeuraient sûrs. Mais avant la Fange, jamais elle ne se serait inquiétée d'organiser une expédition de ce genre. Elle n'en aurait pas eu besoin. La Fange avait changé bien des choses.
Le petit groupe était fort d'une dizaine de membres, essentiellement des hommes, presque exclusivement des combattants. En ces temps de mort, une femme apte à manier l'épée était précieuse, et il aurait été stupide de vouloir la confiner derrière ses fourneaux. Léanor était la seule ne portant pas d'arme, et même si sa serpette pouvait trancher des chairs trop pressantes, elle n'en usait guère que pour ses cueillettes. Pour autant, elle n'était pas inutile. Il y aurait des morts, il y aurait des blessés, et avec un peu de chance, il y aurait du butin à emporter. Et en cela elle serait utile. Comme tous, elle portait un sac de toile solide, pour l'heure vide encore, contrairement aux bourses qui alourdissaient sa ceinture. Elle espérait cependant pouvoir le remplir, de nourriture, mais aussi d'aiguilles, de baumes et de tissus.

Ils étaient armés, mais ils espéraient ne pas avoir besoin de se battre. Ils venaient voler, non attaquer, et si ils réussissaient bien leur coup, nul ne remarquerait leur présence avant qu'ils ne soient loin. Cependant, se faire prendre signifierait très probablement une exécution sommaire, et ils entendaient défendre leur peau. Et bien sûr, il y avait les Fangeux. Les Fangeux, qui expliquaient qu'ils soient partis de bon matin, dès le soleil levé, pour parcourir six malheureuses lieues. Qu'ils portaient tous des cordes, avec lesquelles ils s'étaient fixés dans les arbres bien avant le coucher du soleil. Qu'ils s'étaient tous couverts de boue. Si un habitant les voyait, ils espéraient passer avant tout pour des Fangeux, afin de profiter de la peur.

L'une des petites gourdes de cuir de la guérisseuse contenait une décoction de morelle, de mandragore et d'aconit. Le dosage était soigneusement calculé, pour endormir, mais non tuer. Pour apaiser les douleurs des blessés, aider les mourants à partir sans angoisse. Ou les gardes à se montrer moins attentifs, moins réactifs. Le plan ne reposait pas sur cela, mais il était évident que si une occasion se présentait, elle ne serait pas manquée. L'expédition visait à ramener des ressources manquant cruellement au village, et était motivée bien davantage par le désespoir que par l'assurance. Leur espoir était de provoquer une grosse pagaille en bordure de la zone, de voler tout ce qu'ils pouvaient et de repartir avant que quiconque ait compris ce qui se passait exactement. De préférence, sans tuer personne, afin que les défenseurs ne soient pas trop acharnés à la poursuite. Ainsi, les bannis pourraient trouver refuge dans le marais, et reprendre la route le lendemain pour retourner chez eux. Le site de leur repos nocturne n'avait pas été débarrassé, les plate-formes sommaires laissées en place, car ils pensaient y passer une seconde nuit avant le retour.

Mais pour l'heure, la matinée touchait à sa fin, et le guetteur revenait vers eux. Les travailleurs, les paysans, tous commençaient à poser leurs outils, pour prendre le temps de manger un morceau, avant de reprendre l'ouvrage. Ils s'écartaient, et l'entrepôt que les bannis avaient en vue se trouvait maintenant un peu isolé. Par quelques signes discrets, le meneur du groupe donna ses consignes, et tous s'approchèrent. L éanor n'avait pas eu l'occasion de mêler sa décoction à la boisson des gardes, mais ils ne pouvaient attendre trop. Et tandis qu'elle demeurait en arrière, ils lancèrent l'attaque, sortant discrètement de l'abri des arbres pour foncer vers l'entrepôt.
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyLun 27 Mar 2017 - 18:33
Le petit matin arriva bien vite. Et si Barral aurait bien aimé profiter de quelques heures de sommeil supplémentaire le cliquetis des hommes en train de se préparer l'en dissuada lui rappelant également qu'il n'était pas sur le plateau pour des vacances mais pour purger une sanction. Hélas pour lui, Daniel Pravé lui avait déjà assigner son rôle la veille, il ne restait plus qu'à savoir dans quel groupe il serait affecté.

Finalement ce fut pour une mission de surveillance au Sud de leur position que Barral se retrouva. Durant la longue marche qui suivit, conformément à ce qu'avait décrété Pravé, on lui donna à porter une grande partie du matériel qui leur serait nécessaire tout ça parce qu'il était borgne. Ce fut bien vite un véritable supplice pour son dos meurtri. Le frottement du tissu contre sa peau fit sauter une bonne partie des croûtes. Mais il devait continuer à progresser, s'arrêter en plein milieu des champs ce n'était pas vraiment une bonne option.


-Ça va Trell ?
-Ouais...


Mi-grognon, mi-soulagé d'avoir enfin quelqu'un qui osait lui adresser la parole et surtout lui demander s'il allait bien. Ce n'était pas parce qu'il était puni qu'on ne devait pas lui parler. Heureusement D.Pravé ne faisait pas parti de leur groupe. Aussi Barral pouvait-il espéré se rendre plus utile une fois arrivé à destination.

-Que va-t-on faire là-bas ?
-Surement comme d'habitude. Les parcelles sur ce secteur sont arrivées à maturité. Les paysans doivent être sur place pour la récolte. Il va falloir assurer leur sécurité, peut-être les aider, jeter un coup d’œil à l'état de la palissade. T'es de l'externe tu connais les consignes et les risques. On restera sur place quelques jours le temps que la relève arrive...
-Je vois.


Le plateau restait tout de même un lieu beaucoup plus agréable à regarder que les étendues marécageuses. Barral fut soulagé quand il distingua des toitures au milieu des champs. Ce n'était pas à proprement parler un village mais simplement deux-trois baraquements ainsi qu'un entrepôt pour des besoins ponctuels. Au loin on pouvait apercevoir la palissade. Une cloche était accrochée au dessus de l'entrée du logement principal, elle rythmait le quotidien des travailleurs et servait également à prévenir en cas d'attaque que ce soit des griffus ou des bannis. Et la consigne était connu de tous, se réfugier et se calfeutrer dans les baraquements pour les uns, prendre les armes et repousser la menace pour les autres.

Barral se hâta de déposer son fardeau dans le dortoir avant de rejoindre ses compagnons. Certains étaient déjà en train de s'éparpiller par petits groupes dans les champs pendant que d'autres se dirigeaient vers la palissade. Le chef du groupe l'envoya à la clôture.

La fin de matinée arriva. Aucun événement particulier n'avait été signalé. Son groupe avait constaté une usure dans quelques rondins qu'il faudrait remplacé au plus vite. Ce serait vraisemblablement leur tâche pour les jours suivants. Le moment était venu de s'octroyer une petite pause bien mérité. Quand soudain, alors qu'il se trouvait encore loin du bâtiment central la cloche retentit.

Le borgne dégaina sans attendre. On se pressait. La crainte se lisait sur le visage des paysans. Le milicien quand à lui, même s'il se dépêchait, ne laissait rien paraître. Il était loin d'être une machine de guerre mais il affronterait l'ennemi. C'était son devoir.


- Des bannis ! Des bannis...Y'en a partout....par ici, par là.

Ca criait dans tous le sens.
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyVen 31 Mar 2017 - 21:50
Les choses devinrent vite confuses. Une cloche se mit à retentir, accompagnée de cris d'alarme. Leur espoir de passer pour des fangeux fut rapidement déçu, alors que les clameurs de « bannis » résonnaient. Sans doute les paysans les auraient appelés ainsi même s'ils n'avaient été que de simples brigands. Ils n'étaient pas autant craints que les Fangeux, mais leur existence commençait apparemment à inquiéter le bon peuple. En revanche, les lieux étaient déjà bien mieux organisés que ne s'y attendaient les assaillants, et un groupe de soldats se portaient à leur rencontre pour défendre la place. L'affrontement tourna vite au pugilat, les bannis se battant sans méthode ni organisation, mais avec la férocité de ceux qui n'ont rien à perdre.

Léanor tâchait de se tenir à l'écart du combat. Elle n'avait aucune compétence martiale, et sa serpette serait parfaitement inutile contre l'arme d'un milicien, ou même un outil de paysan. Donc, plutôt que de se battre, elle tentait de contourner le groupe, pour atteindre l'entrepôt. Si elle parvenait à remplir son sac avant qu'ils ne soient forcés de prendre la fuite, alors tout cela n'aurait pas été totalement inutile. Les civils ayant fuit les lieux, elle espérait que tous les soldats serait plus occupés à sauver leur vie et celle de leurs camarades qu'à surveiller le bâtiment. Sa robe simple l'assimilait à une paysanne, elle n'était pas armée, et s'écartait de l'affrontement, ce qui ne faisait pas d'elle un élément particulièrement intéressant dans la scène se jouant sur le plateau. Du moins, elle le supposait et l'espérait.

Il ne lui fallut guère longtemps pour atteindre le bâtiment de bois, et se glisser dans son ombre. Passant l'angle de la paroi de planche, elle trouva une entrée secondaire et put entrer dans l'obscurité des lieux. Après le soleil méridien et l'angoisse de l'attente, suivie de l'agitation soudaine, la pénombre et le calme étaient surprenants, presque étourdissants, et il lui fallut quelques instants pour s'orienter. Sa vision fut plus longue à s'adapter, et elle se cogna à plusieurs reprises, promettant des charmants hématomes à ses jambes déjà fortement marquées par la vie extérieure. Mais à force de tâtonnements, elle trouva plusieurs sacs, qu'elle put ouvrir, contrairement aux caisses scellées. Elle n'y voyait presque rien, pas assez pour distinguer le contenu des colis, mais l'odeur lui permit de l'identifier malgré tout. De l’ail. Excellent fortifiant, désinfectant et vermifuge, qu'elle entassa dans sa propre besace. Le suivant lui parut renfermer des navets, et elle se chargea davantage avec les tubercules.

S'attarder trop serait dangereux, et elle doutait de trouver une réserve de viande immédiatement transportable par hasard, aussi s'écarta-t-elle des sacs pour essayer de trouver des tissus. Les produits manufacturés manquaient cruellement au village, non seulement les armes et les outils, mais aussi le fil et la toile, afin de confectionner vêtements et bandages. L'hiver précédent avait été très difficile, et bien que l'été commençât à peine, elle craignait déjà la prochaine saison froide. En tant que guérisseuse, elle manquait aussi grandement de tissus propres, et le risque d'une infection augmentait à chaque fois qu'elle devait laver et réutiliser un linge. Même des tiges de lin roui ou de la filasse seraient une manne providentielle, les bannies sachant pour la plupart filer et tisser.

Mais un bruit soudain la figea en plein mouvement, et elle s'accroupit vivement derrière un entassement indistinct. Il lui semblait que quelqu'un d'autre venait de pénétrer dans l'entrepôt, et elle ne pouvait deviner s'il s'agissait d'un allié ou d'un milicien.
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyMar 25 Avr 2017 - 19:01
Ce qui s'annonçait comme une garde tranquille tourna bien vite à l'affrontement entre les miliciens et le groupe d'assaillants. Dès qu'on avait vu avec certitude qu'il s'agissait d'humains et non de fangeux, le mot banni avait immédiatement fusé sans se soucier de chercher à vérifier si c'était bien le cas ou si c'était un groupe de brigands. De toute façon la solution restait identique, il fallait repousser ses indésirables et ramener le calme dans le périmètre.

Le calme, on en était bien loin justement, tout n'était que cris, glapissement, course et précipitation. Assaillants, miliciens, paysans, tous courraient dans un désordre le plus total. chacun avec ses raisons. Le borgne n'y échappait pas. Il courrait pour ne pas rester à la traîne,
pour suivre le mouvement général et les ordres, et puis il ignorait le nombre de banni qui était en train de mettre la panique sur la parcelle.

Mais ce qu'il ignorait, et rien ne le laissait à penser c'était que l'un des miliciens était complice avec ce groupe de banni. Et ça Barral ne pouvait pas le deviner. Au début tous les miliciens cherchèrent à attraper et stopper par tous les moyens les bannis. Il y eut quelques pertes dans les deux camps. Quelques uns réussirent à fuir avec leur butin. Le brun en duo avec le complice commença inspecter les lieux méthodiquement. Ils arrivèrent devant l’entrepôt.


- Ici , je trouve que ça ferait une bonne cachette.
- Mais non. Regarde la porte est bien fermée.
- N'empêche que si j'avais été un banni j'en aurai profité pour me servir ici.
- C'est tellement plus facile de se servir en plein champ...


Le borgne ne l'entendait pas de cette oreille. Dans la confusion n'importe qui aurait pu en profiter pour se glisser dans le bâtiment et se servir. C'était même peut-être l'objectif initial de l'attaque. Il posa sa main sur la porte avec la ferme intention d'aller jeter un coup d'oeil lorsqu'il sentit le froid d'une lame contre sa nuque.

- Qu'est-ce que tu fais ?
- Tu ne peux pas comprendre. Mets-toi à leur place.


Barral se retourna lentement préférant faire face à la menace que de se faire tuer comme un traitre. Et il regarda son compagnon qui avait le visage déformé par la haine. Effectivement il ne comprenait pas pourquoi l'homme se retournait soudainement contre ses camarades.
Il avait toujours laissé la vie sauve au bannis qu'il avait pu croisé dans ses missions du moment qu'ils n'essayaient pas de s'en prendre à son groupe. Parce qu'il détestait la violence,
tuer sans raison valable de le faire. Il savait que certains bannis, l'étaient, pour des raisons douteuses
.

- Tu as choisi ton camp.
- Toi aussi on dirait. Mais c'est le camp des perdants. Je vais commencer par toi, mais un jour ça sera la tête du Duc qui tombera !


Et le combat commença entre un borgne affaibli par un dos mutilé et le traître qui faisait tout pour s'éloigner de l'entrepôt.

"- Qu'est-ce qui vous prend tous les deux ! Arrêtez-ça."

La voix avait tonné puissante. Barral avait hésité une fraction de seconde de trop à poursuivre et il se prit un coup qui l'assomma à moitié. Il tituba. Deux autres miliciens arrivèrent pour les séparer. Le traître s'empressa de se faire passer pour la victime.

- C'est lui qui s'est jeté sur moi sans prévenir. Il est dangereux je vous dis. Pas étonnant pour quelqu'un qui a tué un collègue. On devrait le tuer sur le champ.
- C'est pas vrai !
- " Il suffit! j'ai dit ! Puisque vous n'êtes pas capable de vous exprimer clairement je vais vous laisser mariner à l'extérieur. Peut-être que les fangeux vous ferons comprendre qu'on doit tous aller dans le même sens pour le bien de tous. "


Aussitôt dit, aussitôt fait. Et les voilà les deux saucissonné à un piquet en attendant que la nuit tombe et avec elle, l'arrivée des griffus. Barral écoutait les lamentations de son compagnon qui n'en menait pas large. Lui aussi avait peur mais en s'engageant dans la milice, il avait accepté de pouvoir mourir. Et il était en train de se souvenir de toutes les bonnes personnes croisées.
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyMar 25 Avr 2017 - 23:43
Du bruit au niveau de la porte. Elle n'avait pas rêvé, sa cachette allait être fouillée. Des voix indistinctes, sans qu'elle ne puisse comprendre ce qui se disait, elle entendait au moins deux personnes, et le ton qui montait, jusqu'à dégénérer en affrontement. Des chocs, en tout cas, qui s'éloignaient peu à peu, avant qu'une autre voix ne retentisse, puissante. Léanor demeura tout ce temps tapie comme une renarde dans son terrier, attendant l'ouverture. Mais elle ne pouvait s'attarder trop, alors que déjà l'affrontement initial semblait se calmer. Ses compagnons l'attendraient peut-être un moment, s'ils n'étaient pas poursuivis, mais ils ne prendraient pas le risque de s'attarder en zone si dangereuse. Et une fois la nuit tombée, elle ne pourrait espérer rejoindre leur camp temporaire. Il lui faudrait prendre le risque de se mêler à la population du Labret, en craignant que sa condition de bannie ne soit découverte, ou flirter avec la mort et les Fangeux.

Il lui fallut du temps, néanmoins, pour oser quitter son abri de fortune, temps qu'elle avait mis à profit. En effet, elle avait trouvé dans un angle de l'entrepôt plusieurs outils remisés en attendant leur attribution, et elle était parvenue à détacher de leur manche plusieurs tête de bêche et de hache, qui seraient les bienvenues au village. Son fardeau s'était considérablement alourdi, et elle s'assura qu'elle serait capable de le porter lors du trajet de retour, renonçant pour cela à plusieurs outils. En échange, elle prit une faux qu'elle plaça sur son épaule, se donnant l'allure d'une paysanne partant faucher les premiers épis, avant de sortir. Elle misait désormais sur la population à la fois nombreuse et récente du plateau pour passer inaperçue, et réussir à s'esquiver dans les marais.

Aidée par la chance et l'agitation des derniers combats, elle parvint à quitter l'enceinte protégée, en compagnie de deux autres retardataires. Mais à l'orée des marais, ils eurent une surprise incongrue, alors qu'attirés par des geignements, ils se retrouvèrent face à deux miliciens ficelés comme des rôtis, servis sur un plateau pour les Fangeux. Ce spectacle figea les quelques fuyards, mais la guérisseuse se décida à avancer vers eux, après s'être assurée qu'ils ne pouvaient se délier par eux-même.

« Que faites-vous ici ? »

Son phrasé, sa diction, trahissaient une certaine éducation, tandis que son regard vif détaillait les deux hommes, leurs traits mais aussi leurs blessures, anciennes et nouvelles, avec précision. L'un était brun, grand et bien découplé, avec un œil dissimulé, laissant voir des vilaines cicatrices laissant à penser qu'il était borgne. L'autre était plus clair, de chevelure et de teint, mais cela venait peut-être de la peur qui le rongeait. Il se mit à bafouiller et bredouiller, affirmant être de leur côté, les avoir aidés, et qu'ils ne pouvaient donc le laisser ainsi. L'air interrogatif, Léanor se tourna vers ses compagnons, mais les hommes ne semblaient pas davantage le connaître qu'elle. Elle se tourna donc vers le borgne.

« Et toi ? »

Ils n'avaient pas le temps de traîner, mais les deux bannis paraissaient se satisfaire de ce qu'elle mène les choses, du moins pour l'instant, et elle était curieuse de savoir ce qui avaient amené deux soldats à une condamnation qui était très proche, finalement, de ce qu'elle aurait dû subir elle-même. Tout en attendant la réponse du brun, elle usa de sa serpette pour leur délier les jambes, tout en leur conservant les mains attachées.

« Pour le moment, on vous emmène, tu parleras en marchant. Je ne pense pas que vous ayez un meilleur choix, après tout. »

Et cela n'appelait pas de réponse, visant simplement à rappeler aux miliciens que la seule autre alternative était de faire face aux Fangeux, attachés et désarmés. L'un des bannis prit la tête du petit groupe, tandis que le second assurait leurs arrières et couvrait autant que possible leurs traces. La femme se maintint à hauteur du borgne, curieuse de ses explications, autant que chassée par les suppliques de l'autre. Celui-ci prétendrait-il aussi être leur allié ?
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyJeu 27 Avr 2017 - 18:33
Une voix humaine et féminine lui fit ouvrir l’œil. Le borgne sortit de sa veille un peu surpris d'entendre une femme lui parler au milieu de nul part. Le jour déclinait lentement mais pas encore au point que l'obscurité soit suffisante pour attirer les griffus. Il avait presque fini par oublier les jérémiades incessantes de son traître de collègue. Au début il avait essayé de le raisonner, de le calmer mais l'autre l'avait insulté lui disant que c'était de sa faute s'ils étaient là alors il avait laissé tomber. Parce qu'il n'avait pu s'en empêcher, réflexe de survie, il avait bien essayé de défaire ses liens mais les nœuds étaient bien exécutés.

- Une lune de miel avec les fangeux...

Un peu d'humour noir ne faisait pas de mal à personne. La raison était du même évidente surtout quand l'autre clama haut et fort avoir aider les bannis dans leur attaque. Est-ce que c'est pour cette raison que la femme les détacha de leur poteau ? Barral pensait plutôt qu'elle n'avait pas envie de s'attarder dans le secteur. Surtout s'il s'agissait des mêmes bannis qui avaient attaqué un peu plus tôt.

Il se demandait bien ce qu'elle allait faire d'eux. De lui précisément. Parce qu'il n'allait pas trahir son serment. Pour l'instant il se contentait de suivre. Il était en vie et c'était l'essentiel. Il ignorait où cette marche le conduisait. En territoire banni de toute évidence mais la femme, qui semblait la meneuse, paraissait également avoir une certaine éducation et donc ne ferait pas l'erreur de le conduire directement au fameux village des bannis dont personne ne connaissait l'emplacement principal.


- Je suis milicien.

Un milicien fatigué, au dos qui le faisait souffrir mais il ne le montrait pas même si sa chemise collait à ses plaies rouvertes. Comparé à ce qui l'attendait s'il atteignait le village des bannis vivant ce n'était rien. Il avait entendu certaines histoires qui faisait froid dans le dos, et même s'il n'était pas du genre à y croire sans le voir, il ne pouvait s'empêcher d'y penser.

- Que comptes-tu faire de moi ?

Son collègue ne remettrait probablement jamais les pieds à Marbrume. Il ignorait exactement ses motivations mais ce n'était pas bien difficile à deviner. Quelqu'un dans sa famille devait se trouver parmi les bannis. Peut-être même que cette personne était morte à cause de son bannissement. Barral ne le connaissait pas suffisament pour le dire.
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyLun 1 Mai 2017 - 12:36
L'homme ne manquait pas de cran, ni d'humour, et la bannie appréciait cela. Plus, sans doute, qu'il n'était sage, alors que l'homme n'aurait probablement pas hésité à lui trancher la gorge si il l'avait surprise dans l'entrepôt. Mais pendant la majeure partie de sa vie, la milice avait représenté pour elle la sécurité, lorsqu'elle était une jeune prêtresse et une épouse bourgeoise. Et découvrir que cette sécurité ne lui était accordée qu'en vertu d'un statut désormais perdu, que ces mêmes protecteurs pouvaient, sur un mot, devenir bourreaux, cela alimentait sa colère, mais sans pouvoir effacer totalement ses habitudes. Pourtant, l'uniforme éveillait sa rage, et lorsqu'elle avait sorti sa serpette, elle ne savait pas elle-même si elle voulait trancher la gorge des hommes, ou leurs cordes. Mais leur allié avait clamé sa traîtrise et son aide, et elle avait écouté la prudence plutôt que la haine.

Et désormais, cet homme lui répondait avec une témérité et une absence de peur qui lui plaisaient, et elle doutait d'être en capacité de le tuer. Ce qui ne changerait guère son sort, car d'autres s'en chargeraient sans le moindre scrupules. Elle n'aura qu'à détourner les yeux quelques secondes, et s'en serait fini, elle pourrait oublier qu'elle avait le cœur plus tendre qu'elle ne le souhaiterait, qu'elle haïssait les habitants de la ville sans être capable de haïr celui qui lui faisait face, alors qu'il avait désormais un visage et une voix qui lui étaient propres. Même si il ne se donnait d'autre identité que celle de milicien.

D'un geste du menton, elle désigna son uniforme, tâché de boue et froissé par les événements de la journée.

« Ça, je l'avais compris toute seule, figure-toi... »

L'autre milicien parlait assez, cependant, pour qu'elle n'ait pas besoin d'interroger le borgne plus avant. Elle ignorait toujours son nom, mais rien de ce qui les avait menés à leur fâcheuse posture, alors qu'ils s'approchaient du lieu de rendez-vous qui les avait abrités la nuit précédente, et le ferait à nouveau ce soir-là, avant leur marche jusqu'au village. Écouter leur nouvel ami, qui se présenta comme Roland Barthes, époux d'une bannie, lui en apprit plus sur qui il était et pourquoi il les rejoignait ainsi, mais lui évitait aussi de répondre à la question posée par l'autre homme. Car elle se doutait de ce qui l'attendait, une fois qu'ils seraient tous réunis, et elle n'aimait guère l'idée de torturer un homme, fut-il milicien.

Un appel résonna entre les arbres, et bientôt ils retrouvèrent les autres membres de leur expédition, ou du moins certains d'entre eux. Et déjà, Léanor savait que sa nuit serait courte.

Des dix personnes parties la veille de ce même endroit, il n'en revenait que huit, et trois d'entre eux étaient blessés. Une femme, touchée au ventre, ne passerait sans doute pas la nuit. Il n'y avait rien à faire lorsque les entrailles étaient percées, leur contenu déversé sur les viscères, et l'odeur nauséabonde la disait condamnée. Le visage de la guérisseuse s'assombrit, lorsqu'elle s'agenouilla auprès d'elle, et toutes ses questions sur leur captifs s'évanouirent. Sa voix se fit tendre, alors qu'elle caressait le front plissé de douleur de sa consœur, oublieuse de ceux qui les entouraient.

« Marie, je peux atténuer la douleur. Je ne peux pas te sauver, mais je peux te faire partir paisiblement. Tu le veux ? »

Avant que la mourante ne puisse parler, une plainte déchirante s'éleva, d'un autre homme, un ami proche de la guerrière à terre, mais Léanor lui parla sans broncher.

« Dans son état, on ne peut pas la hisser dans un arbre sans la faire souffrir plus encore. On devra l'abandonner aux Fangeux. C'est ce que tu veux ? »

Son regard ne flanchait pas, même si elle pensait très bien à ce qui arriverait ensuite. Quelle que soit la solution choisie, Marie se relèverait, Fangeuse à son tour. Leur ennemie. Inutile d'annoncer cela maintenant, la nuit serait de toute façon mauvaise. L'homme baissa la tête, et deux sillons clairs se tracèrent dans la crasse qui couvrait son visage. La bannie se retourna vers la blessée, et sur un vague murmure de celle-ci, elle déboucha sa gourde, celle qui contenait la décoction qu'elle avait préparer avant de partir, et en glissa le goulot entre les lèvres déjà blanches. Il n'y eu guère à attendre pour que les paupières froissées se ferment, et le souffle de la moribonde devint à peine perceptible. Léanor n'était plus la meneuse, désormais, et un autre, un homme massif et barbu, s'assura que Marie soit emmenée loin de leur campement avant d'expirer. Lui aussi savait qu'elle reviendrait.

Les dispositions furent ensuite prises pour la nuit, hommes et paquetages hissés dans les arbres. Les prisonniers aussi, et Roland fut délié. Tandis que la soigneuse pansait les plaies des autres blessés, les discussions commencèrent, sur le sort des deux miliciens.
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyLun 8 Mai 2017 - 20:08
Barral resta silencieux après que sa question soit restée sans réponse mais son camarade était un vrai moulin à parole. Ce qui lui permit d'en savoir un peu plus sur ses motivations et la raison qui l'avait poussé à agir de la sorte. S'il ne parlait pas il restait à l'affut des bruits et bien entendu des conversations. Aussi il ne manqua pas d'entendre l'appel du reste de la bande de banni lorsque le groupe arriva à proximité d'une végétation plus dense. Il comprit alors que la jeune bannie n'était pas la meneuse mais qu'elle avait un rôle assez important en leur sein pour avoir une certaine considération de ses congénères.

Une échelle grossière fut accrochée au tronc noueux pour leur permettre de se hisser dans l'arbre et ainsi passer la nuit hors de porter des fangeux. Mais survivrait-il seulement à cette nuit là ? Le brun pouvait en douter. D'autant plus lorsqu'il s'avéra qu'une des combattantes n'avait plus que quelques heures à vivre. Barral aurait bien voulu ne pas entendre l'échange, peut-être même était-il responsable de son état, mais on n'attaquait pas en présence de la milice sans devoir s'attendre à des pertes. Certes leur tentative de vol aurait pu fonctionner mais voilà, une patrouille de la milice avait été envoyée inspecter la maigre palissade. Il s'en était fallu de peu.

Un homme semblait proche de celle en mauvais état. Le brun était le coupable. C'est clairement ce que Barral lu dans le regard chargé de haine du banni. Tout l'identifier comme appartenant à la milice et donc par extension au Duc qui avait fait paraître ce décret stupide concernant la peine de bannissement et du marquage. Après que la guerisseuse ? sorcière ? eut donnée une potion le brun s'arrangea pour se tenir suffisament près d'elle et lui dire :


- Un changeur sans sa tête ne se relève pas. C'est quelque chose que l'on fait si on ne peut brûler un corps.

Avant qu'on ne l'emmène brutalement vers le tronc d'arbre et qu'on lui fasse comprendre en lui assénant un coup d'épaule qu'il devait grimper. Un jeu d'enfant d'ordinaire pour lui, c'était comme grimper dans une voilure, mais pas pour quelqu'un qui avait le dos en lambeau et les mains liées. Il souffrit en silence le temps de la courte durée de l'ascension puis on lui désigna un bout de plateforme et on lui fit bien comprendre qu'il ne devait pas en bouger. Assis le dos droit pour se ménager il écoutait les conversations jusqu'à ce que Rolland le cite.

" Je l'ai vu, c'est lui qui a blessé votre Marie. C'est un chien enragé de toute façon. Il a même tuer un milicien qui était en cellule avec lui. Un vrai démon j'vous dis. Et il doit connaitre du monde parce que lui on l'a pas banni, pas comme ma pauvre épouse qui s'est faite expulsée pour moins que ça ! "

C'étaient les mots de trop pour le compagnon de la Marie. Barral se sentie soulevé,le poing de l'homme lui coupa le souffle mais il ne comptait pas se laisser faire et il se débattit autant qu'il le pouvait avec ses mains liées...
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyMar 30 Mai 2017 - 18:40

Léanor ignorait comment empêcher un Fangeux de revenir, hormis par le feu, et apprécia à sa juste valeur l'information donnée par le milicien. Elle se doutait, bien sûr, que certains de ses compagnons le savaient déjà, car les défunts du village n'étaient pas souvent brûlés, mais ne revenaient pourtant pas. Elle n'avait simplement jamais posé la question, s'occupant des vivants et laissant à d'autres le soin des morts. Mais toute information était bonne à prendre, et celle-ci pourrait peut-être lui servir un jour, aussi remercia-t-elle le soldat d'un mince sourire et d'un signe de tête, avant de se hisser dans les branches, trouvant sur les planches instables liées en hauteur un petit espace où sortir ses baumes et ses fils. Et rapidement, l'un des blessés fut auprès d'elle, dévoilant plusieurs entailles sur ses membres musculeux et velus. Elle entreprit de le recoudre, tandis qu'il serrait les dents pour ne pas gémir. Elle se trouvait donc séparée du prisonnier et de ses gardiens, lorsqu'elle entendit la voix du nouvel arrivant s'élever.

Ce Roland sentait les ennuis à plein nez, et elle craignait qu'il ne leur apporte que des désagréments, cherchant déjà à provoquer des accès de violence dans leur petit groupe. Et cela ne manqua pas, alors que le bruit sourd de la chair frappée se faisait entendre. Nouant en hâte le point en cours, elle se précipita sur les lieux de l'altercation, aussi rapidement qu'elle le pouvait sans chuter de leur abri précaire. Elle tenta de s'interposer, mais reçu un coup qui lui engourdi tout un côté du visage et lui fendit la lèvre inférieur. Titubant, elle fut retenue par un congénère, qui l'aida ensuite à retenir l'homme rendu furieux par les paroles de l'ex-milicien. Sa victime avait encaissé quelques coups, mais il ne semblait pas gravement blessé. Le compagnon de Marie, en revanche, blêmit lorsqu'il remarqua le visage marqué de leur guérisseuse. Il avait bien conscience que se faire une ennemie de celle qui savait manier les potions et les poisons n'était pas un gage de survie, et il se calma rapidement. Sans être un homme bien, il n'aimait pas l'idée de frapper une femme sans raison, et Léanor put donc prononcer quelques mots, à voix basse mais furieuse, sifflant comme un chat contrarié.

« Abruti, tu veux nous faire tous tomber dans les bras des Fangeux, après les avoir attiré ? Je te rappelle qu'on est dans un arbre, pas dans une taverne ! »

Puis ses yeux durs comme des pierres se tournèrent vers Roland.

« Et toi, t'es à peine arrivé, tu te prends pour un champion ? T'es rien, comme nous tous, juste de la merde de Fangeux en devenir, un bout de viande qui ne sait pas encore qu'il est déjà crevé ! »

Ce fut le meneur qui groupe qui la calma, avec une gifle sèche, sans colère, mais visant à lui rappeler leurs places respectives, et à la ramener à un peu plus de retenue. La bannie se figea, puis baissa le regard. Elle ne s'excusa pas, mais sa voix était redevenue calme.

« Tu dis qu'il est intouchable, pourtant on vous a trouvé balancés à la Fange, tout les deux, donc c'est peut-être qu'il n'est pas si différent de nous. Pas besoin de le tuer, on ne sait pas si c'est lui qui a blessé Marie, c'était le bordel, personne n'a rien vu. Inutile de faire un Fangeux de plus. On n'a qu'à lui piquer ses bottes et ses armes, et le laisser se démerder. Peut-être qu'il voudra nous rejoindre ? Ça serait pas le premier ancien milicien à devenir hors la loi. »

Et son regard se fit lourd de sens en se posant sur Roland. Elle offrait une porte de sortie au militaire, et elle espérait qu'il aurait le bon sens de ne pas clamer sa fidélité à un corps d'arme qui venait de l'abandonner à une mort atroce.
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyLun 12 Juin 2017 - 16:18
Le déluge de coup avait cessé aussi vite qu'il avait commencé. Barral ne s'était pas laissé faire. Certes il se savait en sursis mais delà à encaisser gratuitement sans broncher alors qu'il n'avait rien fait il ne pouvait pas. En fait depuis le règlement de compte avec Angelo il ne se laissait plus faire. Il avait répondu aux coups donnés par le banni pour ne pas passer pour un faible. Il était milicien après tout ! Le manque de place et ses liens l'avaient contraint cependant à se défendre et tenter de se protéger plus que de toucher l'ami de la Marie. Jusqu'à l'intervention de la guérisseuse, sans quoi il aurait probablement fini bien plus amoché.La voix de leur sauveuse providentielle retentit, il percevait de la colère, des reproches. Chacun en prit pour son grade. Le banni pour ne pas avoir su se maîtriser. Roland pour se prendre pour plus important qu'il ne l'était.

Recroquevillé sur les lattes de bois, Barral gardait ses mains levées devant son visage en protection sans toutefois donner de signe à vouloir à nouveau s'engager dans un conflit. Pourtant ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Il sentait en lui grandir cette force mais il se maîtrisait. Il n'était pas complètement idiot pour ne pas voir que ça ne servirait à rien de foutre une branlée au banni. Ils étaient plus nombreux que lui, armés et surtout libres de leur mouvement.

Il était toujours en vie. C'était l'information la plus importante. Combien de temps durerait son sursis ? Il l'ignorait. Son sort était bel et bien entre les mains des bannis.Le chef de la bande était intervenu ramenant un semblant de calme sur la plate-forme. Barral n'avait toujours pas dit un mot. Il écouta les propos de la bannie tout en posant sur son futur ex-collègue un regard qui en disait long.


Peut-être qu'il voudra nous rejoindre ?

Jamais ! Jamais il ne trahirait les siens. C'était mal de le connaitre. Certes il avait toutes les raisons de le faire mais ce n'était pas son genre de revenir sur sa parole. Ce qui l'animait surtout c'était de lutter contre la Fange. Il ne s’intéressait que très peu aux luttes de pouvoir pour l'instant.

'' Puisque j'vous dis que cet homme est mauvais. ''

Roland n'avait visiblement pas compris que ça ne servait plus à rien de l'accabler de tous les maux de la terre. Il n'avait peut-être pas tout à faire tord. Après tout son beau-père le traitait bien de démon. Mais c'était une autre histoire. Reprenant lentement sa respiration il savait qu'il allait devoir employé les bons mots pour espérer passer la nuit en vie.

- Je me bats contre la Fange finit-il par dire. Barral était tout à fait capable de comprendre la position des bannis vis-à-vis de lui. Ce qui s'était produit dans le hameau était prévisible. Et il n'avait aucune idée si sa lame avait fauché ou non la Marie. Il était milicien et il avait appliqué les ordres.

- Il y a eu un mort dans la cellule où j'étais. Mais je n'ai pas été condamné pour ça. J'ai été condamné parce que j'ai couvert l'auteur de fait.

Son regard s'était posé sur Roland, d'un air de dire, renseigne-toi avant d'accuser quelqu'un.

- Roland m'a sauté dessus alors que je voulais inspecter la grange. Sauf que le calme était revenu suite à votre attaque. Puisque j'avais déjà fauté une fois...il ne s'est pas embarassé à chercher plus loin. C'est ce qui conduit certains à se retrouver parmi vous...Il est plus simple de condamner que de chercher la vérité.
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyDim 18 Juin 2017 - 21:23
Le calme revenu, les tensions s'apaisèrent quelque peu, bien que nul ne puisse parler de véritable détente. Du moins les coups cessèrent de pleuvoir, et malgré la tentative de Roland de semer à nouveau la discorde, il n'eut comme effet que de finir d'énerver le meneur. Celui-ci le saisit par le col, et le remit violemment sur ses pieds, leurs visages séparés de quelques centimètres seulement.

« Toi, tu vas fermer ta gueule, et vite ! Léanor a pris une claque, mais j'suis pas radin, y'en a pour toi aussi ! Elle a raison sur un point, t'es rien du tout, même pas un banni. Juste un couillon dans un arbre, qui sait pas quand il vaut mieux se faire discret. Alors tu te fais tout petit, tu comprends que tu vaux pas même ton poids en viande morte, et t'essaye de piger les règles, sinon toi et ta femme, vous pouvez aller roucouler dans les marais ! Ou juste toi, si elle a plus de cervelle que toi. Elle préfère peut-être vivre seule, hein ? Toi, on sait pas si t'es fiable, au moindre doute, on te zigouille ! »

Il le repoussa ensuite violemment sur une branche, et s'en désintéressa.

Durant ce temps, Léanor secouait la tête, dépitée, en entendant la réponse du milicien. Car si il ne les repoussait pas ouvertement, il paraissait évident qu'il refuserait de se joindre à eux, ou même de feindre le faire. Heureusement, la mise au point du chef détourna les attentions, et peu se soucièrent de cette réponse ambiguë.

« Tu sais, mentir parfois ça évite de prendre des coups... »

Puis elle soupira, baissant les épaules, avant de se pencher sur lui.

« Fais voir, si tu changes d'avis, autant que je prenne de l'avance sur les soins, ça sera plus facile. »

Sous une apparente rudesse, elle dissimulait un cœur trop tendre pour les marais, et sans demander son avis à l'homme, elle releva sa chemise poisseuse, pour s'apercevoir qu'elle était tâchée de sang frais à des endroits inattendus après un combat. Son intention avait été de vérifier d'éventuelles fractures des côtes, ou un déplacement de l'épaule, mais elle incita l'homme à se pencher et incliner les épaules, afin de pouvoir examiner son dos. Le résultat la fit grimacer. Ce n'était pas beau...

« Ça va faire mal, ne crie pas. »

Mieux valait l'avertir, les marais n'étaient pas un endroit pour les douillets, et il lui faudrait s'empêcher de faire du bruit, sous peine d'être jeté en bas de l'arbre. Manquant cruellement d'étoffe pour faire des bandages, elle n'eut aucun scrupule à prélever ce dont elle avait besoin sur la chemise déjà mise à mal du soldat. Elle imbiba ensuite le tissu du contenu de l'une de ses gourdes, sentant le vin et le thym. Avec ce tampon humide, elle entreprit de nettoyer les plaies de l'homme.

« Comment tu t'es fait ça ? »

Car de toute évidence, il ne s'agissait pas de blessures reçues durant le combat de la journée. Malgré l'arrachement des croûtes dont elle repérait toujours des fragments, elles avaient commencées à cicatriser, comme en témoignaient les berges rosées et pourtant sanglantes. Une fois que le sang fut nettoyé, elle appliqua sur les plaies un emplâtre gras, à base de suif, avant de les bander avec de nouveaux morceaux de chemise.

« Garde-les propres, et avec du gras dessus, ça devrait cicatriser sans trop de mal. »
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MessageSujet: Re: Rien à perdre [PV Barral]   Rien à perdre [PV Barral] EmptyLun 7 Aoû 2017 - 19:18
Mentir pour sauver sa peau ? Ca ne lui était pas venu à l'idée ou plutôt il ne voyait pas l'intérêt de le faire sachant que lui même n'était pas convaincu par ce qu'il dirait. Donc autant s'en abstenir. Il lui arrivait pourtant quelques fois de le faire, c'était rare, mais parfois il n'avait pas le choix, notamment pour préserver certains de ses petits secrets.

De fait il en était réduit au silence. De toute façon qu'avait-il raconté aux bannis ? Pas grand chose. D'autant que son sort était décidé visiblement. La bannie le surprit alors. Elle était en train de le soigner. C'était bien surprenant. Il était totalement pris au dépourvu. Surtout que c'était une femme...et qu'il détestait qu'on le touche.


***

Quoi !!
Le chef n'en revenait pas. Les deux miliciens qu'il avait puni n'étaient plus attachés à leur poteau. Il s'énerva contre celui qui avait fait les noeuds mais on lui montra la preuve que le cordage avait été coupé net. Voilà qu'il se retrouvait maintenant avec des pro-bannis en fuite. Cela ne sentait pas bon du tout pour lui dès que ça se saurait mais il était bien tard pour se lancer dans des recherches au beau milieu des marais. Si les bannis étaient leurs amis qu'ils y restent, dans le cas contraire ... la fange aurait de nouvelles recrues.


***

Barral évitait de la regarder. Il savait que son dos avait souffert. De par sa journée épuisante,
puis avec la bataille, mais il ne s'attendait pas à recevoir de soin de la part de la bannie. Il ne s'était donc pas trompé. Cette femme était précieuse pour ce groupe. Voilà pourquoi les autres l'avaient écouté. De fait elle était aussi leur faiblesse. Le point faible qu'il se devait d'exploiter s'il voulait retourner vivre à Marbrume.


- J'ai reçu ça pour ne pas avoir dénoncer mon camarade.

Preuve aussi que les bannis n'étaient pas tous des brutes sanguinaires comme on le racontait en ville. Certains avaient encore du bon en eux. Mais demain ils l'abandonneraient au milieu de nul part...

Il ne cria pas quand elle s'occupa de son dos sans pouvoir cependant retenir quelques contractions musculaires car il était loin d'être insensible. La douleur était bien présente mais il l'ignorait. Il avait pourtant vu l'état de Séraphin ou des autres loustics. Sa seule chance avait été d'être inconscient durant les premières heures où il avait reçu les soins à l'infirmerie.


- Je peux te poser une question ? Qu'est-ce qui s'est passé pour toi ?

C'était plus fort que lui, il avait besoin de savoir même s'il n'obtiendrait probablement pas de réponse. La nuit était en train de tomber. Arriverait-il à trouver le sommeil ? Allait-on lui donner une portion de nourriture ?
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