Sujet: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Dim 19 Fév 2017 - 8:09
Le mois de Juillet était à présent bien entamé et le soleil d'été brillait haut dans le ciel bleu, surplombant les têtes de tout un chacun. Le campement situé près du Plateau du Labret avait subit l'incendie de plein fouet et la reconstruction prenait du temps, toujours trop au goût des défenseurs qui s'activaient pour déblayer, recréer les grandes tentes militaires servant de lieux de vie, de repos, de soins et de repas, sans parler des barricades qui avaient été impactées. L'on avait fait venir des renforts, des Miliciens volontaires et quelques ouvriers venus prêter leurs bras pour accélérer les choses, mais rien ne se faisait jamais en un jour, c'était bien connu. Après l'attaque par les Rebelles alliés aux Bannis et la tentative avortée d'assassiner le Duc, Zephyr ainsi que ceux avec qui il avait combattu ces dernières semaines avait reçu ordre de demeurer sur place le temps de la reconstruction. " Aidez ces hommes à rebâtir ce campement. Lorsqu'il sera sûr, rentrez à Marbrume." Le Banneret s'en souvenait et n'escomptait pas déroger à son devoir malgré tout ce qui était arrivé. Heureusement à présent il avait pu goûter un repos mérité avant de se remettre au travail, l'espace de nuits complètes qui l'avaient requinqué et désormais il donnait ses ordres et même mettait lui aussi la main à la pâte, suant autant que les bûcherons à ses côtés quand ils soulevaient cet énorme tronc d'arbre qui servirait de pilier pour la grande tente de l'infirmerie, ou comme ces ouvriers qui creusaient des tranchées dans lesquelles seraient disposées des pics tournés vers l'extérieur. Non, le labeur ne manquait pas et rester planté au milieu de l'agitation à donner des ordres déjà connus de tous n'était pas le genre du vassal Ventfroid.
- Sir d'Auvray ! Les renforts sont arrivés !
La première vague avait été celle des hommes de Duguéhan qui étaient restés les premiers jours le temps que la seconde vague n'arrive et, enfin, ils étaient là. Zephyr délaissa son activité pour sortir de la tranchée en court d'aménagement, époussetant son vêtement et renfilant une chemise bleu nuit qui en avait déjà vu beaucoup, essuyant la sueur à son front du revers de son avant-bras avant de se redresser un peu. Pour beaucoup, il était certain qu'il était loin de l'image lisse et propre qu'on pouvait se faire d'un noble né, mais malgré ses habits qui avaient encaissés ces deux dernières semaines les combats, le sang, la sueur, la terre, la pluie et bien d'autres choses encore, on ne pouvait nier en le voyant se tenir droit face aux nouveaux venus qu'il valait mieux l'avoir ainsi à leurs côtés qu'en face.
- Bienvenue au camp. Vous n'êtes pas sans savoir que toute rébellion comme celle qui a été avortée ici est impardonnable et que tout manquement à la discipline sera sévèrement sanctionné. Vous êtes ici car nous avons besoin de vos mains et de vos bras pour la reconstruction, nous allons vous séparer en plusieurs groupes selon vos compétences et vous irez renforcer les équipes déjà affairées. Des questions ?
Une fois les quelques questions habituelles posées et leurs réponses données, on demanda à ceux qui possédaient une facilité avec le coupage du bois de rejoindre les bûcherons, ceux qui savaient soigner de se rendre du côté des guérisseurs ayant survécus à l'incendie. Certains rejoignirent les hommes en faction pour monter la garde, d'autres allèrent aider pour le port des charges lourdes et d'autres encore pour diverses tâches allant des tranchées à creuser à l'aide aux préparations des repas, chaque renfort pour chaque assignation se faisant au plus vite et s'il y en eux qui protestèrent, le Banneret leur lança un regard noir chargé d'un courroux qu'il valait mieux éviter de faire éclater.
- Tous ici s'activent et vous ne ferez pas exception. Moi-même je ne me contente pas de donner des ordres et je ne laisserait personne oisif sous prétexte qu'il considère une tâche comme indigne de lui. Notre priorité est la reconstruction du camp et sa sécurisation maximale. Nous avons le ciel clair pour un temps, mais les orages peuvent surprendre cette partie des terres en l'espace de quelques heures et vous ne voudriez pas vous retrouver sans défense lorsque les Bannis ou les Fangeux attaqueront, croyez-moi.
Et on le croyait rien qu'à voir les balafres qui barraient son visage qui, bien que n'ayant point été trop gravement touché portait les marques de ce que l'homme affirmait avec conviction. Là-dessus Zephyr aboya presque l'ordre de dispersion afin que chacun s'en aille rejoindre sa nouvelle affectation, puis il avisa ceux à qui il avait demandé de rester avec lui et qui seraient chargés de l'accompagner pour apporter du renfort là où cela était nécessaire. Trois hommes et une femme, une petite patrouille en somme, mais un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal et il espérait bien voir ces volontaires être efficaces.
Dernière édition par Zephyr d'Auvray le Sam 8 Avr 2017 - 15:25, édité 1 fois
Sydonnie de RivefièreSergente
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Dim 19 Fév 2017 - 23:31
Sur fond de reconstruction "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite." ( Zephyr d'Auvray & Sydonnie d'Algrange )
Mi juillet 1165
Aujourd’hui était un jour étrange, même si tout annoncé une journée commune, au fond je savais qu’elle allait être différente. Je partais pour le labret, je m’étais engagée pour sortir de mon quotidien, pour m’éloigner de cette routine, pour oublier. Depuis quelque temps, j’avais remis en question absolument toutes mes croyances, tout ce que je pensais être acquis, tous ceux en quoi je fondais mes espoirs volaient en éclat petit à petit et je ne pouvais rien y faire. J’avais l’impression de m’être perdue en chemin ou alors d’être en train de me perdre, je n’en savais trop rien. Lentement, j’étais sortie du lit, abandonnant mes vêtements pour enfiler ma tenue de milicienne, j’avais pris un petit sac, juste de quoi emporter le strict nécessaire, pas de robe, rien de féminin, le strict minimum pour pouvoir accomplir la tâche qu’on m’avait confiée. J’étais descendu, avais bu un verre d’eau, avais hurlé un à bientôt à mère, qui semblait plus en rage que jamais avant de rejoindre finalement le convoi.
Raoul avait dû insister lourdement pour que je puisse faire partie de la troupe d’assistance au labret, il me sentait bien trop perturbé pour poursuivre ma mission au sein de la ville, ou même en dehors. Dernièrement, je refusais de tuer des bannis, j’évitais au maximum la confrontation, j’évitais toute tâche qui auparavant me plaisait à un point non négligeable. Je notais dans un coin de mon esprit que je ne devais pas oublier de le remercier. Le voyage avait commencé comme d’habitude, j’avais choisi la marche plutôt que la monture, je ne me faisais plus charrier comme avant, non à présent le groupe que j’avais l’habitude de fréquenter en mission me respecter. J’avais réussi lentement à gagner ma place, même si évidemment il restait quelques irréductibles pour qui une femme ne serait jamais égale à un homme. Enfin, peu importe, pas d’attaque, pas de rencontre avec qui que ce soit, le trajet s’était déroulé sans encombre, une bonne chose, cela nous évite de nous épuiser pour rien.
Certain collègue me charriait, cherchant à provoquer un de mes aboiements légendaires, pas de chance pour eux, je n’étais pas d’humeur, plus d’humeur à hurler sur tout ce qui je bouge. Au bout d’une heure, il avait finalement lâché l’affaire, ronchonnant et murmurant entre eux. Haussant les épaules, je n’avais pas jugé intéressant de répondre, mon esprit était ailleurs, bien trop loin pour que mes partenaires de missions puissent seulement imaginer la teneur de mes pensées. Nous étions trop lents, ou la distance trop importante pour tout faire en une traite, nous n’avions donc pas eu le choix de camper une nuit à l’extérieur de la ville dans une ferme abandonnée. Au premier rayon du soleil, nous avions repris notre marche, activement, afin d’enfin arriver jusqu’au labret. Nous nous étions réunis, attendant les ordres du possiblement responsable. Celui-ci avait une balafre sur tout le visage, il avait l’air d’avoir enduré pas mal d’épreuves, je n’avais pas pu m’empêcher de grogner devant ces ordres, provoquant un ricanement de mes collègues qui avaient l’impression de retrouver mon mauvais caractère.
- « Parce qu’il pense qu’on est là pour compter les grains de terre peut-être ? Comme-ci c’était vraiment nécessaire de nous faire un rappel sur l’importance du travail. » - « Ne commence pas d’Algrange, même si on aime t’entendre ronchonner, lui il ne te connaît pas. Pour une fois, tu devrais essayer que la première impression soit bonne » - « La ferme Bauer. Si j’avais envie d’avoir ton avis, je te le demanderais. »
Il avait simplement souri, me donnant une petite tape amicale sur l’épaule, je crois qu’il était heureux de me revoir prendre un peu du poil de la bête. Au fond, ils avaient peut-être tous raison, j’avais simplement besoin de sortir de ma routine pour me retrouver. Prenant une grande respiration, je m’étais légèrement avancé pour me présenter, je n’étais pas sur la liste Raoul m’avait mis dans le groupe suite à un empêche d’un autre collègue. Étant devant, j’ai eu la joie de me faire choisir pour rester avec celui qui ne s’était même pas présenté, j’ai cru bon de me racler la gorge en voyant tous les autres partir vers les taches qu’ils avaient obtenues, sauf que moi, je ne savais absolument pas quoi faire. Lentement, j’ai froncé les sourcils, essayant d’éviter de grogner encore, me répétant les paroles de Bauer sur la bonne impression, tout ça, il avait raison, je devrais essayer de me faire bien voir pour une fois. J’ai fait un pas en avant, vers le balafré tendant une main amicale vers lui.r=#a3a3a3]Je suis la milicienne d’Algrange. Je me permets de me présenter, je trouve que pour faire équipe c’est plus… » [i]un coup de coude d’un collègue, je m’applique à reformuler. « Je ne suis pas sur la liste j’ai dû remplacer un blessé. Bon qu’est-ce qu’on doit faire, nous ? Je dois avouer que ne rien faire n’est pas une chose que je sais particulièrement bien faire. »
Je tente un sourire, un long et grand sourire forcé, celui rempli de sous-entendu. J’avais bien envie de lui dire ce que je pensais de sa façon de nous accueillir, mais je me retiens, je ne dis rien. Peut-être qu’il est simplement éprouvé par les événements. Je n’arrête pas de me répéter que j’aurais dû être présente, que j’aurais dû me porter volontaire pour aider plus tôt au labret, mais je n’étais pas prête et Raoul ne me faisait pas suffisamment confiance pour m’envoyer droit dans la gueule du loup. J’étais déterminée à rattraper le temps perdu, à aider, montrer tout l’étendu de mon talent. C’est peut-être le moment où je prends conscience de la façon dont peuvent être perçues mes paroles.
- « Je suis désolée… Je suis parfois un peu trop brusque dans mes propos… Vous n’avez pas dû vivre des épreuves faciles dernièrement… Dites-nous quoi faire et vous verrez vous ne serez pas déçu du résultat. »
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Mar 21 Fév 2017 - 7:58
L'entrée en matière avait été des plus froides, Zephyr avait encore à l'esprit les visages des rebelles qu'il avait côtoyé au camp durant les opérations avant que ceux-ci ne profitent d'un manque d'effectifs pour attaquer de l'intérieur et massacrer leurs camarades. Il avait combattu aux côtés de certains, ils avaient pris leurs repas ensemble, avaient ri, combattus, survécus et tout ça pour quoi ? Une vengeance bien mal organisée et prématurée, une piètre tentative pour supprimer le Duc et, ce qui avait été impardonnable à son sens, le massacre d'innocents ainsi que de leurs camarades dans l'espoir d'atteindre leur cible. Combien de blessés et de soigneurs avaient péris dans les flammes de la grande tente de l'infirmerie ? Combien avaient hurlés de douleur avant de succomber ? Tous ici faisaient leur devoir et privilégiaient la survie de l'Humanité avant toute chose et ça, c'était ce que les renégats et les bannis qui les avaient rejoints avaient oublié : le véritable ennemi, c'était avant tout la Fange. C'est ainsi que l'humeur du Banneret était des plus mordantes et qu'il se sentait encore parfaitement capable de tirer son épée au clair, la tension sous-jacente du combat demeurant sous la surface, prête à bondir au grand jour si jamais dans le lot des nouveaux arrivants du convoi se trouvait d'éventuels autres rebelles. A force, se disait-il, il allait finir par se méfier de tout et de tous, encore une chose contre laquelle il lui faudrait lutter, un peu comme lorsque le moindre bruit en pleine nuit le réveillait et qu'il cherchait son épée à tâtons, persuadé qu'un fangeux rôdait alentours. Le temps seul aiderait et il le savait. Ainsi les ordres furent donnés sans ménagement, la fatigue tirant sur les réserves du Noble qui avait hâte de pouvoir rentrer à Marbrume profiter d'un repos amplement mérité, mais il était hors de question de repartir tant que tout ne serait pas parfait, de cela il voulait s'en assurer. Depuis qu'il participait à la défense et aux travaux de reconstruction et de consolidation, il sentait naitre en lui une inspiration pour ce genre d'organisation et y prenait goût, peut-être même plus encore que le fait de combattre, ce qui n'était pas peu dire. - «Je suis la milicienne d’Algrange. Je me permets de me présenter, je trouve que pour faire équipe c’est plus… »
Une femme venait de s'avancer, la seule qui demeurait avec les quelques hommes à qui il avait ordonné de rester avec lui tandis que les autres s'éloignaient vers leurs tâches respectives. Celle-ci n'était pas sur la liste qu'on lui avait donné et avec laquelle il avait procédé à l'appel, aussi fronça-t-il les sourcils, pas seulement parce que c'était une Milicienne non référencée, mais également parce qu'un des hommes venait de lui donner une sorte de coup de coude de rappel dans les côtes.
- « Je ne suis pas sur la liste j’ai dû remplacer un blessé. Bon qu’est-ce qu’on doit faire, nous ? Je dois avouer que ne rien faire n’est pas une chose que je sais particulièrement bien faire.»
- Et c'est tant mieux, on manque cruellement de bras et de bonnes volontés ici, mais il faut dire que la rébellion nous a pris beaucoup de nos gens.
Le ton est froid, presque accusateur, mais il ne semble pas dirigé vers Sydonnie qui voit la main de l'homme se tendre vers la sienne et la serrer franchement. Sa paume est rugueuse et sèche, un peu terreuse aussi à cause des travaux auxquels il participait juste avant leur arrivée, cependant son visage balafré arbore un début de sombre sourire qui ne monte hélas pas jusqu'à ses yeux gris clair qui, eux, demeurent encore voilés par le souvenir des morts. « Je suis désolée… Je suis parfois un peu trop brusque dans mes propos… Vous n’avez pas dû vivre des épreuves faciles dernièrement… Dites-nous quoi faire et vous verrez vous ne serez pas déçu du résultat. »
- Si vous êtes aussi douée en actes qu'en verve, alors je ne le serais pas en effet.
Cette fois le sourire s'étira un peu plus alors qu'il relâchait la main de la Milicienne et qu'il portait un regard sur le groupe qu'il s'était octroyé pour le suivre. Inspirant profondément, il finit par acquiescer à ses propres pensées, l'air de les avoir jaugés et d'en sembler suffisamment satisfait.
- Encore une fois, soyez les bienvenus au camp. Je suis Zephyr d'Auvray, vassal Ventfroid et chargé avec quelques autres survivants de l'attaque d'assurer la reconstruction de ce campement avant toute chose. Si vous êtes ici c'est parce que nous avons été trahis de l'intérieur et que nombre de nos gens sont morts de la main de leurs camarades, comme si les Fangeux et les Bannis ne nous suffisaient pas.
Un bref grognement de protestation lui échappa, cela dit il se rappelait également fort bien d'une certaine blonde balafrée qui, elle, n'aurait jamais cautionné un tel massacre, quand bien même elle aurait fait beaucoup pour gagner le droit de revenir à l'abri derrière les murs de la cité.
- J'ai envoyé chacun là où l'on avait besoin d'eux en priorité, quant à vous qui allez demeurer avec moi, votre mission sera loin d'être aisée puisque nous changerons régulièrement de zone de travail afin d'apporter des renforts mobiles partout où cela sera estimé nécessaire. De la même façon, nous assurerons une aide aux gardes en faction, je vous épargnerait les patrouilles à l'extérieur, celles-ci sont assurés par ceux du Labret et c'est mieux ainsi.
Pas question de perdre de nouveau de fraiches recrues sous prétexte qu'il fallait protéger les champs ou les tours de guet, de ce côté-là les soldats de Duguéhan pouvaient fort bien se charger de la partie protection des alentours, puisque c'était là leur rôle. Zephyr pour sa part espérait bien pouvoir assurer la reconstruction de son côté, après les réparations faites sur la route et les fameuses tours en question.
- Si vous avez des questions avant que l'on commence, posez-les. Si vous avez un besoin pressant, manifestez-vous, car ensuite nous aurons du travail jusqu'à la fin du jour. Le repas ne sera pris qu'à la tombée de la nuit afin de profiter autant que possible de la lumière. Je vous écoute.
Et le Noble -dont seule la posture et l'autorité permettait de l'identifier comme tel, et encore- se campa sur ses jambes, bras croisés, attendant leurs questions et leurs interrogations, dont certaines seraient sans doute légitimes au vu de leur arrivée sans autre explication qu'un "on a besoin de vous, obéissez" lâché par leurs supérieurs et par le Banneret.
Sydonnie de RivefièreSergente
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Mar 21 Fév 2017 - 12:24
Sur fond de reconstruction "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite." ( Zephyr d'Auvray & Sydonnie d'Algrange )
Mi juillet 1165
J’avais écouté, chose que je savais faire depuis peu, écouter vraiment et sincèrement, sans interrompre, sans penser à autre chose. Cette compétence était rare, peu de personnes sont réellement capables d’une écoute attentive, je n’avais pris conscience de son importance que dernièrement, une étape importante pour un mode de vie moins égoïste. Lentement, j’avais froncé les sourcils en écoutant cette histoire de rébellions, de personnes de nos rangs qui auraient essayé de remettre en cause le pouvoir légitime du duc et de nos affiliations. Je comprenais beaucoup mieux son comportement, cette froideur et cette façon de se tenir plus agressive. Nous avons échangé une poignée de main devant le regard stupéfait de mes collègues qui avaient murmuré un « sacré Sydonnie ». J’avais affiché un léger sourire, toujours à l’écoute du monologue de mon interlocuteur, j’évitais de décrocher ou de montrer qu’aucun de bavardage m’ennuyait, j’étais plus une femme d’action, qu’une femme de blablatage. L’homme qui venait de se présenter lui avait l’air d’avoir la langue bien pendue et malgré tous mes efforts, je commençais à me détacher de ses paroles, à me tourner vers notre environnement à chercher une première activité à faire si bien, que je ne l’écoutais déjà plus.
Mon regard s’était déposé sur un homme portant une lourde charge de bois coupé sur les épaules, et c’est naturellement que je m’étais déplacée pour venir l’aider, laissant en plan celui qui semblait être notre supérieur ainsi que mes deux collègues. Je n’avais pas l’habitude de me soucier des répercussions que mes actes pouvaient avoir. J’étais plus du genre spontané que réfléchis, ainsi peu importe, ce qu’allait pouvoir penser le cher monsieur d’Auvray j’allais ou je sentais qu’on avait besoin de moi. Peu importe ce que cela signifiait. C’est donc, tout naturellement que j’étais revenue jusqu’au groupe encore en pleine discussion, lâchant un petit soupir, j’avais cru bon de me justifier :
- « Excusez-moi, il avait besoin d’aide… Je n’allais tout de même pas être juste témoin de son état de fatiguer avancé sans rien faire…. »
J’avais passé une main derrière ma nuque, un peu gênée, j’allais vraiment devoir apprendre à attendre, à respecter les consignes et à faire plus preuve de patience. J’avais discrètement – à comprendre absolument pas discrètement- rejoint mes deux collègues, un large sourire sur les lèvres, retrouvant une posture beaucoup plus professionnelle. J’ai lancé un regard noir vers mes collègues, pas de questions, pas de pause pipi, il était grand temps de se mettre au boulot.
- « Aucune remarque, aucun besoin particulier, au travail » déclarais-je plus enjouée que ce que je devrais.
Évidemment qu’une multitude de questions s’étaient glissées dans mon esprit, comment, pourquoi… Qu’est-ce qui avait bien pu se passer précisément ici, qu’est-ce qu’on attendait de nous, pour combien de temps. Je ne pensais simplement pas que le moment était approprié, mes questions seraient posées plus tard, de manière plus privée. Le problème, c’est que notre supérieur n’avait pas vraiment l’air de l’entendre de cette oreille, il donnait même l’impression d’attendre quelque chose. C’est un de mes collègues qui brisa finalement le silence :
- « Dis donc d’Algrange, je sais que tu as hâte de te mettre au boulot, mais tu pourrais peut-être laisser sir D’Auvrey nous en dire davantage avant, non ? Depuis quand, toi tu agis sans te poser la moindre question ? »
J’avais simplement grogné en roulant des yeux, ce n’était pas vraiment que je ne me posais pas de questions, c’était plus le fait que je ne pensais pas que le moment était adapté pour ça. Nous n’allions tout de même pas discuter tranquillement alors que beaucoup s’affairait autour de nous s’épuisait. Inutile d’avoir d’observer longtemps pour constater que les personnes travaillant avaient besoin d’aide, de relais, tous semblaient épuisés aussi bien moralement que physiquement. J’avais donc secoué la tête et d’un geste de la main, supplié qu’on en termine vite avec toutes ces discussions inutiles.
- « Vous estimez la durée des travaux pour combien de temps ? Est-ce que les fangeux attaquent encore ? Est-ce qu’il y a encore des risques d’attaque de bannis ou autres bandits? Quels sont les différents champs d’action que nous serions amenés à réaliser ? »
La multitude de questions posées par mon collègue me laissa perplexe, évidemment que tout était fondé, qu’il était légitime de s’inquiéter, mais encore une fois, je n’étais pas certaine que ce soit le moment le plus propice. Nous étions au labret, nous étions tous conscients qu’ici la vie n’était pas comme à Marbrume, que le risque était courant. Je m’étais contentée de grogner une nouvelle fois, autant de bavardage m’épuisait beaucoup plus que si nous étions en pleines actions. Cependant, j’essayais de ne rien montrer, je m’appliquais à rester neutre, à me tenir droite. Il est grand temps qu’on commence nos occupations…
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Dim 26 Fév 2017 - 9:21
Rares étaient les fois en vérité où Zephyr parlait en quantité, mais cela aucun de ceux nouvellement arrivés ne pouvait le savoir, si bien que chacun se forgea sa propre opinion concernant l'homme qui semblait vouloir prendre le temps de mettre les choses au clair avant que ne commence le véritable labeur. S'il leur disait ces mots, ce n'était pas tant pour perdre du temps que pour en gagner de son côté, récupérant un peu de forces tandis qu'il voulait mesurer leur degré de concentration et d'écoute, trouvant important de leur notifier qu'une rébellion avait eu lieu et que, de ce fait sous-entendu, il ne laisserait rien passer. Pourtant celle qui était venue lui tendre la main pour se présenter s'éloigna tandis qu'il parlait, un manque de savoir-vivre, si ce n'est même de respect et d'intelligence, car ce qu'il disait n'était pas vain, bien que cela ne soit pas essentiel à ce qui allait suivre. C'est ainsi que tandis qu'il continuait de s'adresser à ceux qui n'avaient pas bougés, il suivit du regard ce que faisait cette nouvelle recrue, imité par les camarades de la jeune femme qui n'étaient pas bien à l'aise. Et la voilà qui revient comme une fleur après qu'il eut terminé de parler, s'excusant à peine de son impolitesse à tel point qu'un long silence suivit son retour et sa dernière phrase, celle qui comportait les mots "au travail" comme si c'était le Noble qui leur avait fait perdre du temps. Le Banneret fixait la Milicienne avec un air glacial, hésitant entre l'incendier sur place et la faire punir purement et simplement pour ne pas avoir attendu d'ordre pour bouger. Est-ce qu'elle était ainsi durant les réunions avec ses supérieurs hiérarchiques ? Est-ce qu'elle avait conscience de se trouver face à quelqu'un dont elle devait suivre les ordres à la lettre ? Un bref regard porté sur ses propres habits tâchés de terre lui fit se demander si malgré son épée, son bracelet long serti, sa bague de vassal Ventfroid à sa main et le fait qu'il se soit présenté, il avait l'air à ce point d'un pouilleux pour qu'on ignore royalement ce qu'il était en train de dire pour aller porter assistance à quelqu'un qui faisait son travail à quelques pas de là. Et d'Auvray fixait à présent Sydonnie avec effectivement l'air d'attendre quelque chose, comme des excuses par exemple, son expression rendue plus froide encore par la teinte grise de ses yeux. Le fait que les camarades de la jeune femme prenne la parole pour la rabrouer eux-mêmes indiqua cependant au Noble qu'il devait s'agir d'une habitude chez cette personne et il désespéra brièvement à l'idée de devoir "former" qui que ce soit à une quelconque éducation basique. Les questions fusèrent finalement, aussi fallait-il y répondre en premier lieu avant de choisir quoi faire de l'électron libre.
- La durée des travaux dépendra de l'efficacité de tous et des ressources que l'on nous fait parvenir à l'heure actuelle. Le campement n'est à l'abri ni d'une attaque de Fangeux, ni d'une autre attaque de Banni, aussi devrez-vous demeurer vigilant et à l'écoute de votre environnement, sans vous disperser.
Les derniers mots, prononcés sur un ton grinçant, s'adressaient clairement à la Milicienne à qui Zephyr jeta un regard significatif et chargé d'avertissement, avant qu'il ne reporte son attention sur les autres membres du groupe.
- Vous allez devoir remonter vos manches et faire différents travaux selon où notre groupe ira. En premier lieu, nous allons aider à creuser les tranchées pour mettre en place les protections et les nouvelles palissades. Je veux qu'aucun ne s'éloigne hors de vue, sans quoi je considèrerais que vous avez tenté de vous soustraire à votre tâche. Nous en avons pour plusieurs heures, c'est par ici. En route.
Il leur désigna les tranchées avec les pelles où il se trouvait lorsqu'ils étaient arrivés, mais tandis que le groupe se mettait en marche, le Banneret avait quelque chose d'autre à régler.
- D'Algrange ! Restez là un moment.
Pas de "voulez-vous" ni autre formule polie qu'il aurait pu utiliser en d'autres circonstances, cette fois le ton était sec, la voix rendue rauque par le fait d'avoir tant parlé autant que par son humeur qui n'allait pas en s'améliorant depuis deux semaines. Il laissa les autres membres de l'équipe s'éloigner, n'étant pas du genre à afficher publiquement un élément pour le discréditer, puis une fois qu'il fut plus ou moins seul à l'écart avec la jeune femme, la fusilla d'un regard noir qui ne laissait aucun doute sur ce qu'il pensait de son comportement.
- Refaites-moi encore une fois votre petit numéro de tout à l'heure et je vous jure sur les Trois que femme ou pas femme, je vous traiterais comme on traite tout Milicien qui n'écoute pas son supérieur, c'est bien compris ? Vous n'aviez pas à vous occuper de cet ouvrier. Il connait son travail, il sait ce qu'il a à faire et nous sommes tous exactement dans le même état d'épuisement que lui ! Chacun a sa charge de travail ici et si j'ai constitué une équipe, ce n'est pas pour qu'un de ses éléments s'amuse à n'en faire qu'à sa tête en se dispersant au lieu de joindre ses forces à celles des autres !
Le ton montait et, même si pour l'instant l'homme d'arme ne criait pas encore, on sentait vibrer dans sa voix le grondement qui précède toujours une tempête. Ses traits étaient aussi tirés que ceux des gens du peuple qui travaillaient d'arrache-pied au campement, les cernes commençaient à manger le haut de ses joues et faisaient ressortir les cicatrices encore fraiches qu'il portait sur son visage et dont la teinte d'un rouge sombre ne laissait aucun doute quant au fait qu'elles étaient des plus récentes.
- Maintenant d'Algrange, je veux être sûr que vous avez bien compris quel est vôtre rôle ici et ce que l'on attend de vous. Vous êtes là pour travailler en équipe ! Pas pour perdre votre énergie à batifoler d'un ouvrier à un autre en faisant une tâche qui ne nécessite pas la même urgence que celle à laquelle on vous a assignée. Je ne veux entendre que deux mots d'Algrange !
Zephyr aboya cette dernière phrase et il se revit, l'espace d'une seconde, des années en arrière quand il formait de nouveaux soldats de son domaine et qu'il s'assurait de toujours corriger le moindre de leur faux pas pour s'assurer qu'une fois sur le champ de bataille, ils ne commettent pas d'impair qui leur couterait la vie ainsi que celles de leurs camarades. La mort de Ulrich l'avait fait devenir perfectionniste en ce sens, il ne supportait pas l'idée qu'une mauvaise éducation, une mauvaise formation, puissent mener à la perte d'un homme quel qu'il soit ou, en l'occurrence ici, d'une femme. La Milice avait vraiment besoin de bras, mais ce n'était pas une raison pour en faire de la chair à canon.
Sydonnie de RivefièreSergente
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Mar 28 Fév 2017 - 10:38
Sur fond de reconstruction "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite." ( Zephyr d'Auvray & Sydonnie d'Algrange )
Mi juillet 1165
Il n’y avait rien à faire je n’aimais pas les les discussions inutiles, j’étais plus une femme d’action que de grande réflexion, sauf quand je sentais ma vie en danger, dans ce cas, j’avais cette faculté à mettre en place un plan d’une rapidité déconcertante. Là, je n’en voyais pas l’utilité, comme je ne voyais pas l’utilité de nous rappeler que nous n’étions pas à l’abri d’une attaque de bannis ou de fangeux, ce n’était pas comme-ci c’était la routine ici. Enfin, peu importe, je tentais de ne pas me disperser comme l’homme venait de bien me le souligner, je ne souriais plus non plus, j’avais réellement cette impression que j’allais me faire remettre en place dans très peu de temps, et, sur ce sujet, je ne me trompais rarement. L’habitude avec mère certainement, avec mon coutulier aussi au début, enfin, quoi qu’il en soit, j’attendais sagement que la sanction tombe, qu’il termine son long monologue et que je puisse me mettre au travail. Rester inactif, ce n’était pas pour moi. Enfin, notre travail se mettait en place dans mon esprit et quand il désigna l’endroit, j’étais déjà prête à partir quand il m’interpella. J’avais inspiré doucement, cela devait être le moment où je me faisais remettre à ma place. J’ai senti le regard de mes collègues se déposer sur moi, l’air de dire ‘comme d’habitude’ ou encore ‘toujours la même’. J’allais bien finir par parvenir à adopter un bon comportement, en tout cas mon coutulier gardait bon espoir. Quoi qu’il en soit, notre supérieur actuel ne semblait pas, lui, le percevoir ainsi.
Lentement, j’avais froncé les sourcils, écarquillant les yeux, était-il à ce point stupide ? L’homme était sur le point de s’écrouler, il n’avait pas encore suffisamment de morts sur la conscience pour vouloir en rajouter. Un mort évité, c’est une bonne action et de faite, si c’était à refaire, je referais exactement a même chose. S’il pensait sincèrement que les coups de fouet seraient une bonne chose, qu’il le mette en place, cela ne me ferait pas changer mon comportement pour autant. Je me suis appliquée à ne rien dire, à ne pas formuler les réponses que j’avais déjà en tête, non j’avais conscience que si je répliquais encore une fois, il allait partir dans une colère noire… Dans ce cas, cela ne serait pas seulement moi, la victime, mais bien tout le reste des miliciens présents. J’ai soupiré, laissant un filet d’air s’échapper de mes lèvres, restant silencieuse écoutant de nouveau le débit de parole impression qu’avait mon interlocuteur. Je ne semblais ni particulièrement affecter, ni même regretter mon geste. Je n’étais pas très bonne comédienne non.
N’ayant pas écouté la fin de la conversation, mes pensées étant focalisées sur les marques de son visage, je me suis retrouvée un peu bête quand il me demanda « deux mots ». Oups… J’ai relevé mes yeux clairs vers les siens, plus perplexe que jamais… Deux mots ? Oui monsieur ? C’est parti en route ? En route ? A votre service ? Bien, Bien ? J’ferais plus ? Mince… Il était marrant lui avec les deux mots, il en existait tellement des mots, comment je pouvais bien savoir ceux qu’il voulait entendre, je n’étais ni sorcière ni devin moi… J’ai de nouveau lâché un soupir avec cette envie de dire « j’sais pas », mais comprenant au même moment de ma pensée que ce n’était VRAIMENT pas une bonne idée. Maladroitement je me suis raclé la gorge, réfléchissant à la situation aux deux mots, qu’ils pourraient bien vouloir entendre…
- « Cela ne se reproduira pas ? »
Ma réponse sonnait plus comme une question que comme une réelle affirmation, j’avais utilisé plus de deux mots, mais c’était bien l’unique chose qui me semblait logique comme réponse. Au fond, je me doutais bien que c’est ce qu’il voulait entendre, mais, moi, je n’étais pas du tout certaine d’être capable de ne pas recommencer. Pas pour lui manquer de respect, ou pour remettre en doute son autorité qu’au fond, je respectais. Non, c’était simplement, par acquit de conscience, pour respecter mes pensées, mes idéologies à moi, qui doucement, n’était plus exactement les mêmes que tous les miliciens, j’avais cru bons de me justifier, comme pour expliquer, pour lui faire comprendre que ce n’était pas contre lui.
- « Je suis désolée si vous avez mal interprété mon comportement. Ce n’était pas contre vous, l’homme était sur le point de s’écrouler. Je ne veux pas avoir à vivre une perte inutile, que je connaisse la personne ou non. Nous avons tous une famille quelque part, un proche qui s’inquiète en permanence pour nous. J’entends bien que vous êtes tous épuisés et encore tendus par les derniers événements, ne vous méprenez pas, je suis certaine qu’on sera tous très actifs, pour remettre de l’ordre. Moi comprise »
Je ne m’étais pas excusé, du moins, à ma façon, je m’excusais du fait qu’il ait mal compris mon comportement, pas de mon comportement en lui-même. C’était une chose que j’avais appris à faire dans la milice, aller dans le sens des personnes, sans me compromettre moi-même, ainsi tout le monde était content, ou presque. Je ne souriais toujours pas, m’attendait à voir sa cicatrice se rompre, tellement les traits de l’homme semblaient contrarier.
- « A présent, puis-je me mettre au travail, monsieur ? »
Nulle provocation dans ma voix, simplement l’autorisation de disposer. Je savais que cela ne serait pas évident, que tous les supérieurs n’étaient pas aussi conciliants que mon coutulier qui avait pris l’habitude de mon mauvais caractère, fermant les yeux devant mon comportement exemplaire dans les missions. J’étais une bonne milicienne, toujours active, toujours présente, je ne comptais ni les heures ni la fatigue, je vivais pour la milice, quoi que, un peu moins dernièrement, et c’est bien pour cette raison que Raoul m’a demandé de venir ici. Pour que je me reprenne conscience de la dureté des événements.
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Sam 4 Mar 2017 - 9:27
Rares étaient les fois où Zephyr parlait en quantité en vérité, mais depuis qu'il avait eu à charge ce convoi d'ouvriers et de soldats durant une longue semaine, il avait compris que parfois certains avaient besoins qu'on leur parle, qu'on leur explique les choses, la situation, le danger encouru, les risques à ne pas prendre et ceux qu'on pouvait se permettre. Il avait passé tant et tant de temps à devoir justifier ses décisions auprès de personnes volontaires, mais pas au point de mourir, qu'à présent il préférait briefer toute nouvelle recrue et donner le ton dès le début, une bonne fois pour toute. Ainsi il n'avait pas à y revenir, n'est-ce pas ? Et pourtant dans ce groupe venu en renfort, voilà que se trouvait une vraie tête brûlée, une impulsive qui pensait avec ses tripes et fonctionnait à l'instinct, voir même à la compassion, une force et une faiblesse à la fois qu'il tenta de lui expliquer, fort maladroitement, un échec cuisant au vu de la façon qu'elle avait de le regarder ou même de son hésitation avant de lui répondre. Ne l'avait-elle pas écoutée ? A sa réponse il su que non et, si en temps normal on aurait pu s'attendre à voir un autre que lui s'emporter plus encore, le Noble pour sa part porta ses doigts à l'arrête de son nez dont il pinça la base près des yeux, inspirant profondément avant qu'un bref rire rauque ne lui échappe, sa voix cassée et basse ne permettant d'abord pas de savoir s'il allait exploser ou pleurer, jusqu'à-ce qu'il abaissa sa main et ne fixe la recrue avec un sourire amusé qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'afficher. Maudite bonne femme au sale caractère, voilà longtemps qu'il n'avait plus eu envie de rire, même si c'était à ses dépends et à ceux de son autorité.
- Je vais vous apprendre à compter d'Algrange, mais ça fera l'affaire pour cette fois.
Il souriait et cela aurait pu l'énerver si cette sensation ne lui avait pas à ce point manqué, même si cela tirait encore douloureusement sur ses plaies et qu'il finit par se reprendre, se raclant légèrement la gorge avant de se redresser un peu. Pour le principe, certainement. Il l'écouta à son tour parler en quantité, plissa ses yeux gris en tâchant de comprendre son point de vue et songea, l'espace d'un instant, qu'elle possédait encore cette sorte de naïveté, de foi en l'être humain et en autrui, qu'on appelait communément des "valeurs". Pour autant il ne rêvait pas, elle ne s'excusait même pas la bougresse, elle se justifiait certes, mais à aucun moment elle ne regrettait son acte de désobéissance et le Banneret songea qu'un jour, elle risquait d'avoir de graves ennuis avec une telle attitude. Mais bon... il n'était pas Coutilier et n'avait aucune influence sur la Milice, aussi préféra-t-il hocher la tête quand ce fut finalement Sydonnie qui demanda, encore une fois, si elle pouvait se mettre au travail. Ben voyons.
- Oui, mais vous allez travailler en binôme avec moi d'Algrange et pas de discussion cette fois. Puisque vous voulez vous rendre utile, on y va de ce pas.
Un sourire à la fois amusé et un rien inquiétant passa fugacement sur les lèvres du Banneret avant qu'il ne tourne les talons, se dirigeant vers les tranchées où il récupéra sa pelle et en tendit une autre à la jeune femme. Gardant ses manches retroussées, il indiqua la marche à suivre à la brune et, ensemble, ils continuèrent à déblayer avec le reste des renforts et des ouvriers, ne faisant pas de pause sur le temps du midi comme les autres, et terminant au bout de quatre heures, après le retour des ouvriers sur place. Les tranchées creusées, on laissa la place aux professionnels qui allaient poser les fortifications et les défenses, se dirigeant finalement vers la grande tente servant aux repas. Chacun pu se rafraichir un peu et surtout se laver les mains avant d'avoir droit à sa ration, et Zephyr ne lâcha pas Sydonnie d'un pas, bien décidé à s'assurer que le papillon n'aille pas encore faire du zèle ici et là, allant même jusqu'à obliger tout le groupe à s'assoir ensemble à la même table. Garder ses hommes en visuel semblait être une volonté affirmée du balafré.
Sydonnie de RivefièreSergente
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Sam 4 Mar 2017 - 10:54
Sur fond de reconstruction "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite." ( Zephyr d'Auvray & Sydonnie d'Algrange )
Mi juillet 1165
L’homme avait finalement ri ou peut-être souri, avec sa tête de monsieur grognon balafré il était difficile de savoir exactement si je venais de le faire craquer nerveusement ou si je l’amusais. Il voulait m’apprendre à compter, j’avais simplement haussé les épaules en guise de réponse. J’aurais bien voulu l’y voir lui, sur le moment trouver deux mots sans faire une phrase. L’idée de répondre « Reproduira pas » m’avait évidemment effleuré l’esprit, mais honnêtement, cela ne sonnait pas joliment à l’oreille. J’avais simplement répondu par un sourire à son sourire, l’homme me faisait penser à Raoul, à mes débuts avec lui en tant que coutilier, au nombre de coups de fouet que j’avais pris avant qu’il ne comprenne que ce n’était pas la bonne méthode avec moi. Raoul était un homme bien, un gradé qui prend le temps de connaître chaque atout et difficulté de son groupe. J’avais même fini par le respecter et à presque appliqué chacun de ses ordres sans grogner. Presque parce que je restais particulièrement chiante, quand j’avais cette horrible impression qu’il y avait une méthode plus adaptée à appliquer.
J’étais prête à partir travailler avec les autres un grand sourire sur les lèvres, quand il décréta que j’allais faire équipe avec lui, le drame. Je crois que mes traits ont perdu de leurs luminosités l’espace d’un instant. Je l’ai longuement avisé d’un air qui sous-entendait certainement un « sérieusement ? », non pas que l’idée d’effectuer des taches en sa compagnie était déplaisante, non, évidemment, mais… Cela sonnait plus comme une sanction à peine déguiser, une façon de dire ‘toi ma p’tite j’vais te garder à l’œil’. J’ai récupéré une pelle un peu à contrecœur, la serrant entre mes doigts avant de le suivre dans les tranchées. Je n’étais pas une personne faignante, je ne me plaignais jamais du travail, pire, j’y mettais toujours un maximum de volonté, tachant de conserver un sourire agréable sur les lèvres. Doucement, je comprenais qu’il n’allait pas être possible pour moi de m’éclipser durant la journée pour rejoindre Chris et qu’une fois la nuit tombée, avec la fange, cela risquait d’être trop risqué. J’avais froncé les sourcils, alors que ma pelle s’enfonçait dans la terre et en ressortait pour balancer la terre un peu plus loin.
Creuse, creuse, creuse, j’avais la sensation désagréable de mettre transformée en une créature souterraine se nourrissant de cailloux ou de terre. Je ne disais cependant rien, m’appliquant encore et encore à conserver un rythme raisonnable. Avec le temps, je sentais la paume de mes mains craqueler sur le bois de la pelle, je ne grimaçais pas pour autant, j’avais l’habitude de ne pas avoir une belle peau, des mains douces, au fond, cela ne me dérangeait pas, cela ne me ralentissait pas non plus. Les ampoules tiraient juste légèrement à chacun de mes mouvements, j’avais connu largement pire. Le temps passait et je ne semblais pas porter d’importance au fait de ne pas manger en même temps que les autres, je n’en avais pas envie de toute façon. Plus vite on avançait, plus vite on allait rentrer. Malgré les apparences, je reste particulièrement attentive à ce qui se passe autour de moi, essayant tout de même de m’empêcher à aider ceux m’entourant. Je ne parle pas, je ne juge pas intéressant de participer à une conversation, en revanche, je me permets de murmurer une petite chanson que j’invente.
- « Et tu creuses, creuses, creuses, c’est ta façon d’aider. D’animer tout ensemble pour sauver le labret… »
Je poursuis ma lancée, sans pour autant me demander si je peux gêner mes collègues, au fond, je pense que j’anime peut-être un peu malgré moi notre groupe. Le temps passe encore et nous sommes de nouveau en pleine activité de… de ? De creusage ! Après, plusieurs heures le banneret me fait signe, je m’arrête immédiatement dans mes mouvements et dans ma chanson –qui j’en suis certaine aura un succès fou- Remontant en dehors des tranchées nouvellement creusées, je suis le ‘donneur d’ordre’ jusqu’à notre lieu d’alimentation, je m’approche d’un seau plonge mes mains dans l’eau pour y retirer, la terre et les marques. Avisant la paume de mes mains, je lâche un petit soupir en regardant les traces de sang, décidément, la peau de la paume était si fine que ça pour ne pas supporter un peu de travail manuel ? Me retournant je tombe sur le grand chef en personne, qui ne semble pas vouloir me lâcher, je fronce lentement les sourcils, manquant de répondre, mais je me ravise. J’avais déjà une ombre, elle me suffisait largement, une deuxième n’était pas nécessaire… Enfin, je n’avais visiblement pas mon mot à dire. Il nous intime l’ordre de nous installer à la même table, je regarde mes collègues qui tirent tous une tête jusqu’au sol. Instinctivement je lâche un nouveau soupir, quelle ambiance. M’installant doucement, je reprends la parole :
- « Allez les gars, ne faites pas cette tête, vous n’avez pas de vu fangeux encore ! Vous n’allez tout de même pas vous faire battre par une pelle et de la terre mentalement… »
Les hommes m’avisent un instant, avant de m’accorder un sourire, celui posté à un de mes côtés me met un petit coup d’épaule en murmurant un « sacré sydonnie » et je ne peux m’empêcher de rire. Je n’ai jamais été fan de la mauvaise ambiance, je l’avais bien trop vécu, bien trop endurer à mes débuts dans la milice pour la laisser à présent de nouveau s’installer. J’avais mis le nez dans mon espace de bouillon, j’avais connu mieux, je connaîtrais certainement pire… J’hausse les épaules, murmure un « bon ap » avant de tremper un morceau de pain dur dans la substance puis de le porter à mes lèvres pour entamer ma mastication. Je me demandais si nous allions encore creuser, ou si nous allions passer à une autre étape, une autre activité ? Finalement curieuse, je me tournais lentement vers Zephyr, sous le regard un peu stupéfait de mes collègues :
- « Dites-moi, chef » oui je n’avais pas retenu le nom, tout ça. « On retourne au creusage après, ou vous nous avez réservé autre chose ? »
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Sam 4 Mar 2017 - 11:24
Ils avaient tous trimé comme des forcenés et si Zephyr était rôdé depuis un certain temps maintenant, ce ne fut que lorsqu'il décréta la pause déjeuner qu'il songea leur avoir peut-être imposé un peu trop pour leur première activité d'ouvriers remplaçants. Certains étaient probablement issus du bas peuple et avaient l'habitude des corvées, mais il y avait une différence entre être habitué à travailler et à réaliser certains actes répétés durant plusieurs heures avec la même cadence que ceux qui font ça depuis des années. Pour autant l'eau fraiche lava la terre et le sang de chacun, quoique dans le second cas de figure il ne s'agisse véritablement que de Sydonnie dont les paumes rouges et esquintées firent discrètement plisser les yeux du Banneret quand il la vit passer près de lui. Nul commentaire ni remarque, chacun prit place à la tablée imposée par leur supérieur du moment et le bouillon, bien qu'il ne soit guère le plus délicat qui soit, avait le mérite d'être assez épais pour remplir l'estomac à l'aide du morceau de pain et de la petite lamelle de viande qui était fourni avec. Rien de bien folichon, mais cela leur suffirait pour tenir jusqu'au soir et c'était là l'essentiel, le noble lui-même mangeant exactement la même chose qu'eux. Ici au Labret, tout le monde était à la même enseigne, tout du moins était-ce son avis et il ne se voyait pas taper dans les ressources si chèrement acquises juste pour contenter son estomac qui grognait à qui mieux mieux. La question de la Milicienne eut le mérite de le surprendre assez pour qu'il suspende son geste, reposant son morceau de pain entamé alors qu'il s'apprêtait à en prendre une nouvelle bouchée.
- Vous aimeriez pousser encore la chansonnette d'Algrange, c'est cela ?
Le ton avait été légèrement amusé et l'on devinait là une taquinerie évidente de la part de Zephyr qui esquissa une ombre de sourire avant de reprendre rapidement un air plus sérieux de circonstance, portant son regard gris sur les autres membres du groupe tandis qu'il parlait, afin que personne ne se sente mis à l'écart.
- Nous en avons finit pour les tranchées pour aujourd'hui et allons attaquer le port de charges lourdes. Comme d'Algrange l'a remarqué, nos porteurs sont épuisés car les plus solides ont été envoyés aider les bûcherons et les tranchées pour déblayer et faire place nette. Nous allons aider au convoyage d'un côté à l'autre du campement, je vous indiquerais quels ouvriers vous irez seconder et quand il vous faudra vous rassembler de nouveau.
Le Banneret eut un bref sourire en coin et désigna du menton leur tambouille.
- Maintenant mangez, vous aurez besoin de forces. Et ne vous gênez pas pour moi, vous pouvez parler librement entre vous. Ce n'est pas parce que je veux vous garder à l’œil que je veux vous bâillonner. Je laisserais vos femmes s'en charger.
Une plaisanterie concernant les ébats qui fit rire quelques-uns des membres du groupe, avant que tous ne recommencent à manger avec appétit. Lui-même crevait de faim et il ne se priva pas pour se rassasier, non sans se forcer à mâcher lentement pour s'assurer de profiter de chaque bouchée. L'après-midi s'annonçait toute aussi éprouvante que la matinée et il importait de s'économiser tant qu'on le pouvait.
Sydonnie de RivefièreSergente
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Sam 4 Mar 2017 - 14:08
Sur fond de reconstruction "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite." ( Zephyr d'Auvray & Sydonnie d'Algrange )
Mi juillet 1165
- « Exactement. » Répondis-je dans un simple sourire.
J’avais toujours préféré l’amusement au sérieux, la taquinerie à la froideur, en même temps, qui pouvait se vanter d’aimer être désagréable ou de plomber l’ambiance ? Difficile à dire. En tout cas, peu importe avec qui j’étais, je conservais ma façon d’être naturelle, spontanée, caractérielle. Me reconcentrant sur mes aliments, buvant une gorgée de mon bouillon, savourant la sensation de chaleur qu’il apportait avec lui. J’étais de nouveau silencieuse, écoutant les nouvelles instructions des taches que nous allions devoir accomplir, trempant mon bain dans le liquide avant de le porter à mes lèvres. Plus de tranchée, à creuser, juste des charges lourdes à porter, discrètement j’avais grimacé, fermant lentement les yeux, j’avais de nouveau pris une longue gorgée du breuvage. Les hommes avaient semblés apprécier les futures activités, ils avaient ri à la petite taquinerie sur les femmes, me regardant d’un air joueur. Je n’avais pas réagi, ni à l’un, ni à l’autre. Je n’avais soudainement plus envie de parler, j’avais surtout besoin de me remettre au travail, de m’occuper l’esprit.
- « En parlant de Convoyage, Sydonnie, tu ne nous as toujours pas raconté comment ça s’était passé ? Après tout, toi tu étais en charge de cette partie il y a peu, non ? » J’avais froncé les sourcils, lançant un regard noir à mon collègue. Je n’avais pas envie de parler de tout ça, je n’avais pas envie de discuter de ce que j’avais pu voir, vivre ou ressentir durant cette période. Non, si j’étais venue ici c’est justement pour oublier, pour oublier que depuis peu il y avait un couvre-feu à Marbrume, que nous n’avions plus le droit de sortir, que nous devions abattre les bannis à vue… Que j’étais… Sans même m’en rendre compte, j’avais fait claquer ma langue contre mes dents, geste que je faisais à chaque contrarié, plus mes pensées s’accentuaient, plus mon regard s’attristait sans même que je puisse m’en rendre entièrement compte. Je m’étais relevée brusquement, sans même prendre la peine de terminer ma ration, j’avais besoin d’air.
- « Je reviens, un besoin où vous ne pouvez pas vous rendre à ma place. » - « Raoul à raison Sydonnie, tu as changé depuis tout ça.. »
Tout le monde me regardait avec de gros yeux, mais personne n’avait relevé. Personne sauf un de mes collègues, le plus ancien, celui qui m’avait connu à mes débuts de la milice jusqu’à maintenant. Il m’avait vu évoluer, prendre les coups sans broncher, il m’avait vu gagner la confiance de mes collègues et maintenant il me voyait m’éteindre, perdre la flemme qui animait mon cœur de milicienne. C’était pour ça que mon coutulier m’avait envoyé ici, il pensait que j’étais en surmenage, que j’avais besoin de souffler en extérieur de la ville. S’il savait.. J’avais cette fois lancé un regard provocateur vers le banneret sous-entends « tu ne vas quand même pas m’y accompagner si ? » Abandonnant le groupe, je m’étais éloignée un peu dans un endroit à l’écart, où j’étais certaine que personne ne pourrait me voir, je m’étais installée sur le sol, prenant une longue et profonde inspiration. J’avais besoin de calme, j’avais besoin de me retrouver seule, un instant, sans sentir cette ombre derrière moi, sans avoir l’impression d’être jugé ou analysait en permanence. Soupirant une nouvelle fois plus fortement, je me demandais combien de temps j’allais tenir ainsi, combien de temps j’allais pouvoir cacher à mon équipe que je voyais quelqu’un et que ce quelqu’un était un banni. Non, vraiment, je n’étais plus celle que j’étais, cette milicienne droite dans ces bottes. Pourtant, j’avais encore une fois prouvé ma valeur durant le covoyange, durant cette mission si importante aux yeux de tous… Comment pouvais-je regarder dans les yeux mes collègues et amis, alors que j’étais désormais incapable de tuer un banni, comment pouvais-je parvenir à faire respecter la loi ducale, alors que moi-même, j’avais fait le choix de ne plus la respecter ?
Lentement, je m’étais relevée, je devais rejoindre le groupe. J’étais revenue un sourire faible et vide de sens sur les lèvres, cherchant simplement à rassurer l’équipe qui m’accompagnait. J’avais déposé un regard froid vers le banneret. Au fond, je n’attendais qu’une chose, qu’on se remette au travail, qu’on en finisse enfin. Que mon esprit cesse de m’envoyer des signaux d’alertes, me rappelant que je devais vraiment prendre le temps de réfléchir sur moi-même, sur mes choix.
- « Si les hommes, ont terminés de plaisanter sur leurs relations intimes, dont je ne veux pas connaitre les détails, ils seraient peut-être bon de se remettre au travail, non ? » - « Toi, tu as vraiment besoin de trouver quelqu’un Sydonnie, justement. » - « C’est cela oui. J’y penserai un jour, peut-être. »
Les différents hommes du groupe venaient de se tourner vers Zephyr, attendant sagement ces instructions, attendant qu’il se lève pour faire de même. J’en avais profité pour récupérer mon morceau de pain, afin de le terminer, délaissant un peu malgré moi le restant du bouillon et la viande. Un collègue avait déjà picorer dans mes restes, ayant l’habitude me voir me sous alimenter en ce moment.
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Sam 4 Mar 2017 - 15:18
S'il y avait bien une chose d'assez évidente, c'était à quel point l'on pouvait lire sur le visage de la Milicienne. Zephyr avait mangé en silence, écoutant les hommes entre eux, Sydonnie étant comprise dans le lot, mais il avait remarqué sitôt le sujet abordé que quelque chose chiffonnait la jeune femme au sujet de cette mission de convoyage qu'elle avait effectuée. Apparemment les autres avaient l'air impatients d'entendre un récit qu'ils espéraient sans doute épique, mais au lieu de cela ce fut un claquement de langue qui résonna, comme un avertissement qui ne manqua pas de faire légèrement hausser un sourcil au Banneret. Tout à coup il y avait une sorte de tension dans l'air provenant du renfort d'Algrange et l'homme la scruta avec attention, entendant l'excuse pour quitter la table à laquelle il ne croyait pas un seul instant. Devina-t-elle qu'il s'apprêtait à l'accompagner ? En tout cas le regard glacial qu'elle lui jeta valait tous les discours et le noble demeura assit, regardant s'éloigner la brune d'un air songeur, avant de terminer son repas avec les autres. Il y en bien un qui tenta d'aborder le sujet, mais d'une main Zephyr l'arrêta : il ne voulait pas entendre parler de leurs histoires. La vérité était qu'il préférait connaitre la version de la personne concernée plutôt que des spéculations venant de ses collègues, peu importait combien ils croyaient la connaitre. Revenant peu après cela à leur tablée, Sydonnie récupéra son morceau de pain, son sourire vide ne trompant guère, mais là encore l'homme d'arme ne voyait pas de raison d'interférer : elle voulait donner le changer ? Soit, il ferait donc comme s'il y croyait, bien qu'il ne soit pas dupe un seul instant. Les autres se tournèrent vers lui et, retenant un soupir, le Banneret hocha la tête, se levant de table avec les autres.
- D'Algrange, vous avez une minute ? Vous autres rendez-vous au centre du camp, je vous rejoint.
Ils pouvaient bien protester, ou lancer tous les regards qu'ils voulaient à Sydonnie, peu importait, le noble attendit qu'ils soient sortis et poussa doucement la gamelle en métal vers la jeune femme.
- Finissez au moins cette lamelle de viande, je sais que ce n'est pas la meilleure qui soit, mais un morceau de pain ne suffit pas pour ce qui nous attends et je ne veux pas qu'un de mes éléments se blesse.
Sa main glissa dans une poche intérieure de son vêtement et en tira une bobine de tissu de facture moyenne, d'une couleur écrue passée qui semblait davantage venir de nombreux lavages que d'une teinte désirée au départ. Attendant que Sydonnie ait terminé sa viande, il lui saisit le poignet avec autorité et, lui faisant pivoter, scruta la paume esquintée d'un regard sombre, sourcils froncés.
- Vous avez bien travaillé, mais vous auriez du venir me voir dès que ça a commencé à saigner.
Si elle tentait d'ôter sa main de sa prise, il serrerait la sienne et lui lancerait un regard chargé d'avertissement, aussi glacial que celui qu'elle lui avait lancé précédemment. Puis une fois sûr qu'elle ne bougerait plus, il commencera à lui bander la main avec des gestes sûrs mû par l'habitude, serrant juste ce qu'il fallait pour faire tenir le tout ensemble, puis ferait de même avec l'autre main. Le bandage faisait songer, pour qui connaissait, à ceux qu'on les ouvriers de métier qui travaillent souvent de leurs mains.
- Cela devrait tenir jusqu'à la fin de l'après-midi, mais après le repas de ce soir, vous irez sous la tente des soigneurs faire vérifier ça. Vous êtes une femme courageuse et téméraire, mais vous pouvez vous blesser comme n'importe lequel d'entre nous. Et ça, ça peut vous rendre moins efficace, ne l'oubliez pas.
Il la fixa de ses yeux gris, puis une ombre de sourire passa sur ses lèvres, sa voix s'adoucissant légèrement.
- Je ne voudrais pas que ma tête de mule préférée ne soit pas en état de chanter, sans quoi je risque de m'ennuyer avec tous ces miliciens.
Là-dessus il la contourna, se dirigeant vers la sortie de la tente et lui laissant le champ libre pour ajouter quelque chose ou même tout simplement le suivre.
Sydonnie de RivefièreSergente
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Dim 5 Mar 2017 - 16:23
Sur fond de reconstruction "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite." ( Zephyr d'Auvray & Sydonnie d'Algrange )
Mi juillet 1165
Le problème avec le banneret, c’est qu’il semblait encore plus têtu que moi et que malgré mon envie intense de me remettre au travail, si lui, ne l’avait pas décidé… Eh bien, j’étais contrainte de ne rien faire. Ainsi, quand il ordonna aux autres de partir et me demanda à moi, de rester. Je n’avais pu que lâcher un long soupir, l’avisant de mon regard bleuté, plus dépité qu’autre chose. Je ne comprenais pas pourquoi il s’acharnait à ce point sur moi, pourquoi il faisait si attention à mes états d’âme, pourquoi, pourquoi. Croisant les bras sous ma poitrine, j’avais attendu sagement que les autres partent pour l’aviser une nouvelle, le questionnant du regard. Qu’est-ce que j’avais fait encore ? Il ne pouvait pas m’obliger à parler de choses que je ne souhaitais pas, non, il n’avait pas le droit de m’imposer quoi que ce soit avec son titre.
- « Je suppose que je n’ai pas le choix.. »
Mon regard était descendu la gamelle en question, observant avec plus d’attention la lamelle de viande, j’avais d’abord secoué la tête, avant de lui donner raison. Il n’avait pas tort, si je ne m’alimentais pas suffisamment je n’allais pas pouvoir être suffisamment efficace et aider mes collègues. À contrecœur, j’avais finalement terminé le bouillon et la viande, me forçant plus que de raison pour faire plaisir à Zephyr. Mon regard bleuté s’était ensuite redeposé sur lui et son morceau de tissu. Qu’est-ce qu’il avait encore l’intention de faire, qu’est-ce qu’il avait encore en tête. Décidément, je commençais à croire que cet homme étant encore plus têtu que moi, largement même. Il avait récupéré mon poignet, le faisant pivoter pour aviser ma paume ensanglantée, fronçant les sourcils à mon tour devant ce comportement que je jugeais déplacé, j’avais immédiatement essayé de retirer ma main, en vain.
- « Vous prévenir pour une légère entaille ? Je ne suis pas certaine que ce soit nécessaire… » Je n’avais pas pour habitude de me soucier de mes plaies, alors une chose aussi superficielle qu’une légère entaille à une main n’était vraiment pas une source d’inquiétude dans mon esprit, j’avais connu pire, je connaîtrais certainement pire. Haussant les épaules, je l’avais laissée finalement faire ce qu’il lui semblait être juste, lui accordant un bref sourire de remerciement. Il était une personne étrange, un coup terriblement sérieux, dur, froid, puis l’instant d’après il était agréable et semblait même se soucier des autres. Retirant ma main une fois qu’il avait fini, j’étais restée un certain temps sans réponse, sans réaction, ne sachant pas quel comportement adopté devant un individu aussi changeant.
- « Merci… » avais-je fini par murmurer « Je vais essayer de faire plus attention, je ne pensais pas qu’un détail aussi insignifiant pourrait avoir autant d’importance. » Je fais une autre pause puis rajoute « Je suis certaine que vous avez aussi un joli son de voix, vous devriez essayer de paraître moins… » j’imite une tête un peu grognaon puis rajoute « contrarié et l’ennui ne serait plus jamais au rendez-vous. »
Ce n’était pas des reproches de la simple taquinerie, prononcé sous la même intonation que celle qu’il avait employée. Je l’avais ensuite suivi jusqu’à l’extérieur, tachant de conservant un sourire sur mes lèvres. Nous allions enfin nous remettre au boulot, je me suis sentie obligée de lui attraper le bras pour le stopper, consciente que mon comportement avait dû l’interpeller :
- « Je suis désolée pour ma réaction durant le repas… Je n’aime pas parler de mes expériences… Tout le monde pense qu’une mission importante donne des passes droits… Moi je suis juste hanté par les visages des personnes que je n’ai pas réussi à sauver. »
Mon visage avait retrouvé sa froideur légendaire alors que je regarde les hommes avec qui je fais équipe depuis quelque temps. Je ne supportais plus tout ça, je ne supportais plus mon envie de progresser, de devenir haut gradé, pour quoi, pour qui ? J’avais connu le pire, j’avais reçu des honneurs pour mon comportement irréprochable, pour ma fidélité envers les miliciens, la milice et le duc… Pourtant, pourtant je ne respectais plus rien dans ma vie privée… Il me faisait une confiance aveugle, alors qu’en toute honnêteté, si un jour j’avais à choisir entre tuer un milicien et sauver Chris… Mon choix ne serait pas aussi idéal que ça. J’étais tourmentée entre mes aspirations et mes sentiments, j’avais lâché un bref soupir, la curiosité reprenant finalement le dessus sur mon envie d’oublier.
- « Et vous chef ? Vous n’êtes pas ici pour rien, je me trompe ? vous avez aussi fait partie des groupes formés il y a peu ? Comment faites-vous, comment faites-vous pour conserver votre calme, votre froideur, alors que vous avez dû voir mieux que personne à quel point la mort est à nos portes ? »
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Dim 5 Mar 2017 - 23:52
Sydonnie avait vu juste en songeant que le Banneret était aussi têtu qu'elle, si ce n'est plus encore. A son âge et avec son expérience, on avait tendance à devenir grognon et à n'en faire qu'à sa tête sitôt qu'on avait quelques libertés d'action, si bien que l'homme avait choisit de ne plus rien laisser au hasard, pas même un élément aussi libre que la brune qui lui rappelait assez sa jeune sœur d'ailleurs : lorsqu'elle avait une idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs et c'était alors rarement calme dans les parages. C'est ainsi que Zephyr imposa non seulement le fait que la Milicienne finisse son repas, mais également les bandages à ses mains qu'il fixa avec la force de l'habitude, bien décidé à ne pas voir les plaies -encore légères- s'aggraver. Qu'elle le remercie fut assez surprenant en soi, mais la suite des propos qu'elle tint ne manqua pas de faire esquisser un sourire amusé et grognon à la fois au concerné.
- Je n'ai guère le cœur à chanter, mais j'en prend bonne note.
Lui, pousser la chansonnette, autant souhaiter qu'une tempête éclate et que la pluie se déverse en torrents sur leurs têtes. Au-delà de ça, les récents évènements avaient grandement assombris son humeur et le Noble n'avait guère envie de se réjouir de leur victoire qui avait coûté si cher en vies humaines. Préférant ne pas commenter en premier lieu les raisons qui avaient poussées Sydonnie à quitter la table un peu plus tôt, il saisit le regard qu'elle posa sur lui et qui reflétait ce qu'il voyait lui-même dans son propre reflet quand d'aventure il lui arrivait de s'apercevoir.
- « Et vous chef ? Vous n’êtes pas ici pour rien, je me trompe ? vous avez aussi fait partie des groupes formés il y a peu ? Comment faites-vous, comment faites-vous pour conserver votre calme, votre froideur, alors que vous avez dû voir mieux que personne à quel point la mort est à nos portes ? »
S'il avait pu avoir envie d'aller retrouver le reste du groupe de renfort demeuré au-dehors à les attendre, cette fois toute envie de sortir avait quitté Zephyr qui porta sur la jeune femme un regard soudain chargé d'une gravité et d'un poids qu'aucun mot n'aurait pu décrire, mais que ceux qui ont en charge la vie d'autrui portent chaque jour sur leurs épaules. Un regard que l'homme pouvait aussi bien voir dans le miroir que dans les yeux de son seigneur Ventfroid, par exemple. Que pouvait-il bien lui dire ? Chercher à la leurrer par de belles paroles pleines d'encouragements et d'espoirs sonnant creux à l'oreille ? Non, cette Milicienne, aussi jeune soit-elle, vivait dans un monde de violence et de mort, de culpabilité et d'utopies brisées. Chercher à lui confier autre chose que la vérité reviendrait à l'insulter, or c'était là une idée qui ne pourrait jamais trouver prise en son propre esprit, jamais.
- Les hommes ont besoin d'être guidés d'Algrange... et il est du devoir de ceux qui en sont capables de demeurer solides et immobiles, tels des rocs au milieu des flots déchainés. L'on ne peut traverser une tempête sans avoir quelque chose ou quelqu'un auquel se raccrocher.
Le sourire qui étira ses lèvres n'avait rien de joyeux ni même d'encourageant, il n'était que le reflet d'une vérité dérangeante que beaucoup refusaient de voir et qui pourtant habitait l'esprit de chacun.
- Rien ne vous oblige à endurer cela seule, mais si vous choisissez ce chemin, sachez qu'un chef l'es toujours, peu importe combien d'hommes l'entourent. Une fois que l'on accepte ceci, alors l'on peut continuer d'avancer à travers la Fange sans faillir.
"De toute façon nous mourrons tous un jour", cette dernière pensée traversa l'esprit de Zephyr qui préféra la garder pour lui, sa main venant tapoter doucement l'épaule de la Milicienne avant qu'il ne désigne du menton l'ouverture indiquant la sortie de la tente, au-delà de laquelle les attendaient les autres membres du groupe. Peut-être avait-elle d'autres questions, à moins que cette réponse ne lui convienne pas, mais le Banneret ne voyait guère quoi ajouter de plus, hormis que chaque nuit il revoyait en rêve les visages de ceux qui n'étaient plus, de ces paupières qu'il avait fermé tant de fois que les traits des victimes se mélangeaient les uns les autres. Lui qui avait toujours eu la guerre en horreur pour ce frère qu'elle lui avait arraché si tôt, voilà qu'à présent il se retrouvait l'un de ses plus fervents soldats, à affronter chaque jour leur ennemi jusqu'à-ce qu'un jour la mort ne l'emporte. Guère le meilleur des exemples en vérité.
Sydonnie de RivefièreSergente
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Mer 8 Mar 2017 - 19:21
Sur fond de reconstruction "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite." ( Zephyr d'Auvray & Sydonnie d'Algrange )
Mi juillet 1165
Quelqu’un de solide, une roche qui ne bouge pas au milieu d’une tempête, voilà à quoi je devais aspirer à ressembler, voilà ce que j’étais déjà au fond. Une femme forte, au caractère bien trempé, qui ne se laisse pas marcher dessus, qui ne se laisse pas submerger par ses émotions, qui parvient à prendre les bonnes décisions rapides. Une meneuse, oui, c’était ça que je voulais être, une femme qui prend les décisions, qui ne se laisse plus guider, mais au contraire qui guide… Cependant, il est impossible de guider qui que ce soit quand on est soit même perdu. Je n’avais pas jugé pertinent de répondre, pas pertinent de m’abandonner dans davantage d’explication. Ces explications me semblaient sincères, ces paroles aussi, il n’avait pas tort, il y avait toujours ce sentiment de solitude, cette sensation d’être en permanence, seul. Cependant, moi j’avais toujours eu cette impression, depuis bien longtemps, même avec la milice, je m’y étais même accoutumé, c’était aujourd’hui que c’était différent… Maintenant que ce vide était comblé, peut-être n’avais-je plus la même volonté à le retrouver.
- « On est toujours seul, que ce soit dans nos choix, dans nos réactions... Peu importe nos aspirations, nous sommes toujours seuls face à nous même. Et nous serons également seuls devant le jugement des trois.» Avouais-je, bien trop consciente de la réalité. « Allons-y » murmurais-je.
L’envie de discuter m’avait quitté aussi rapidement qu’elle s’était immiscée. Je doutais fortement que le banneret soit en mesure de comprendre mon point de vue, d’entendre le fait que la réalité avait fini par me rattraper. J’avais dû accepter le fait d’être passé du mauvais côté, d’être devenue une femme plus aussi droite dans ces bottes que ce que j’espérais. J’étais milicienne oui, mais mon rang, mon grade, mon aspiration n’était plus ma priorité. Je n’allais plus appliquer les ordres sans réfléchir, non, je n’allais plus être une arme dénuée de bon sens, j’allais être une arme agissant en son âme et conscience. Passant lentement, le seuil de la grande tente, j’avais fini par presser le pas pour rejoindre le restant du petit groupe, nous avions du travail qui nous attendait, autant de ne pas le faire trop attendre justement. Rejoignant les hommes à petits pas, j’affichais un sourire rassurant sur les lèvres, dévoilant mes bandages aux mains comme unique raison valable de cette attente.
- « Y a plus qu’à attendre le chef et nous pouvons poursuivre… Alors, Chef, qui avec qui ? »
Je me doutais bien que nous allions avoir une multitude de travaux, que nous allions encore souffrir, mais cela ne m’importait pas, j’avais besoin de me vider l’esprit en m’occupant le corps, j’avais besoin de travailler encore et encore et encore. De ne plus penser, de ne plus culpabiliser, de ne plus douter, je voulais juste avancer, enfin. J’étais dans l’attente de réponse ou plutôt d’ordre, j’avais envie qu’on en finisse, vite.
Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé] Dim 12 Mar 2017 - 8:48
Il n'y avait pas de paroles plus vraies que celles prononcées par Sydonnie concernant le jugement des Trois sur leurs âmes une fois qu'ils seraient morts, mais plutôt que de commenter avec de vaines paroles, Zephyr se contenta d'acquiescer en silence, songeur quant à cette jeunesse déjà fanée avant l'heure. Sans doute était-ce là une génération entière qui était brisée en son for intérieur, des survivants qui avaient connus l'arrivée de la Fange et dont les enfants risquaient fort de la connaitre, des décennies de guerre et de combats sanglants acharnés, teintés d'un espoir pas si vain que ça de triompher, d'éradiquer ce Mal rongeant les erres d'une mer à une autre. Est-ce qu'un jour des jeunes gens comme la brune pourraient trouver la paix et une sécurité durable ? Est-ce que leurs enfants ou leurs petits-enfants auront droit à l'innocence ? Difficile à dire, mais le Banneret pour sa part était convaincu d'une chose : il ferait tout son possible pour que vivent ceux qui étaient voués à leur succéder. Sur de telles pensées, l'envie de discuter les avaient quittés l'un comme l'autre et ils sortirent de sous la grande tente servant de réfectoire, rejoignant le groupe de renfort qui avait attendu patiemment au milieu du camp. La Milicienne leva ses mains bandées à hauteur de regard et certains de ses collègues s'approchèrent pour vérifier, jetant ensuite un regard au noble qui demeura impassible, détaché, comme non concerné. Il espérait bien que si l'un d'entre eux devait se blesser, il l'en informerait également.
- « Y a plus qu’à attendre le chef et nous pouvons poursuivre… Alors, Chef, qui avec qui ? »
La répartition se fit en binôme, chacun se voyant attribué une tâche spécifique dans le camp, assignée à des ouvriers ou à certains de leurs collègues qui accueillirent la relève avec un soulagement certain.
- D'Algrange, avec moi, nous avons de quoi faire et sommes attendus. Rendez-vous tous ici au coucher du soleil.
Chacun partit dans la direction qui lui avait été indiquée et Zephyr enjoignit la jeune femme à le suivre, la menant non pas là où l'on portait des brouettes entière de terre ou de sable, ni non plus là où l'on transportait les caisses d'équipement ni là où l'on montait palissades et pics aux fortifications, mais à l'infirmerie où régnait un mélange de calme et d'agitation mêlés. Les brancards et autres lits de fortune étaient alignés les uns près des autres, formant des groupes séparés entre les blessés graves et légers, ceux qui avaient été mordus de ceux qui ne l'avaient pas été. Quelques gardes se trouvaient là en faction, mais c'était surtout les guérisseurs et les soigneurs qui étaient visibles, s'agitant de-ci de-là, tels des papillons voletant d'un corps à un autre, apportant de l'eau, des herbes, du lait de pavot, des cataplasmes. Parfois un blessé s'agitait et l'on se précipitait à son chevet, vérifiant son état et lui redonnant de quoi se reposer si nécessaire. Une odeur désagréable flottait dans l'air, mélange de sang, d'urine et de déjections sous le coup de la douleur qui, bien que tout ayant été nettoyé, perdurait au-dessus des corps comme un halo invisible et nauséabond. L'on aérait au mieux en ouvrant parfois un pan de tissus ici et là, mais c'était surtout les gémissements plus ou moins en sourdine qui vous percutaient de plein fouet à votre entrée. Zephyr ne ralentit pas en passant sous la grande tente des soigneurs, mais nota le mouvement de la jeune femme, pivotant vers elle avec un regard indéchiffrable. Qu'éprouvait-elle à se retrouver ici, au milieu des blessés, des mourants ? Ce n'était certainement pas un spectacle pour un si beau regard, mais c'était ici aussi que l'on avait besoin d'eux.
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Sujet: Re: Sur fond de reconstruction [PV Sydonnie][Terminé]