Marbrume


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 Soeur Athanasie [Validée]

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MessageSujet: Soeur Athanasie [Validée]   Soeur Athanasie [Validée] EmptyLun 15 Oct 2018 - 9:02





Athanasie, la vie est un précieux cadeau.




Identité



Nom : de Boisjoli, mais il n'est plus guère employé à présent.

Prénom : Appelée Athanasie Marie Féréole à sa naissance, les fidèles la connaisse sous l’appellation "Sœur Athanasie". Certains de ses proches la surnomment plus simplement Tanie.

Age : Elle est née le 30 juillet 1140, ce qui lui fait donc actuellement 25 printemps.

Sexe : Au cas où cela ne saute pas aux yeux, Athanasie est une jeune femme.

Situation : On le lui a déjà reproché, même présenté des hommes, mais rien n'y fait, la prêtresse demeure célibataire...

Rang : Athanasie est la huitième enfant –et seule fille– de la noble famille de Boisjoli. Si la prêtresse ne possède plus ni titre, ni biens, sa parenté joui toujours d'un certain confort et train de vie.

Lieu de vie : Marbrume, au Temple de la Trinité.


Expériences et possessions


Carrière : Voie de la prêtresse, +2CHA et 2INT.

Compétences : Alphabétisation, Connaissances végétales des simples et quelques plantes plus exotiques, Doctrine du Culte et plus particulièrement celui d'Anür, Fabrication de potions basiques et certains poisons.

Objets : Tenues de prêtresse, une dague, et divers atours.



Apparence


Le corps est un voile puissant, trompeur, manipulateur, dont chaque détail est capable d'attirer aussi bien que de repousser l'autre. Si certains sont desservis par une enveloppe charnelle ingrate, ou au contraire bénéficies d'une apparence à la beauté divine, Athanasie, elle, est un juste milieu à la fois délicatement exquis et terriblement imparfait. Son corps est à l'image de sa personnalité, ambivalent, composé d'éléments aussi éclatants qu'obscures, mélange de chaud et de froid juste dosés, de pureté et de mystères, qui l'emporte tour à tour l'un sur l'autre. Si l'on disait de son esprit qu'il était Ombre et Lumière, son apparence, elle, est clairement Feu et Glace. Mais là encore, ce qui persiste le plus dans les mémoires est cet aspect chaleureux, cette impression d'irradier autour d'elle, comme si ce charisme parvenait à relayer au second plan tous ses détails négatifs. Et pourtant ils demeurent là, même si durant ses années d'enseignements la prêtresse a appris à se défaire de son regard, et si son corps continue à lui déplaire elle s'est finalement intégrée à cette image d'elle-même.

Sans réputation à se faire, Ahtanasie n'ayant personne auprès de qui s'imposer, elle ne porte plus de réelle attention à son anatomie ; élégante et séduisante, pour qui sait le voir, la jeune femme néglige volontiers les règles de la société et les tenues formelles. Tout juste fournit-elle quelques efforts –minimes– pour rester dans le même ton que ses sœurs et se montrer digne de son statut. Cachée dans ses atours de prêtresses aux couleurs claires, la plupart de ses détails singuliers sont tenus à l’abri des regards, à l'exception de sa peau pâle. Sa seule coquetterie réside dans le choix des matières qui composent ses tenues ; dentelles fines et travaillées, textiles légers et délicatement ornés, sous une lourde houppelande de brocart aux nuances de verts et de bleus. Ses toilettes, car elle déteste être gênée dans ses mouvements, elle les préfère très amples, tout juste cintrées sur le ventre, et aux manches flottantes lui arrivant à peine plus bas que les coudes. Pour compléter le tout, ses seuls bijoux résident en une parure de vermeil : un anneau serti d'une unique pierre verte à son majeur et une chaine à laquelle pend un médaillon en ambre se logeant juste contre son cœur.

De petite taille, Athanasie effleure le mètre cinquante et, fait loin de lui déplaire, elle en parait davantage –du moins tant qu'elle se trouve éloignée. Sa petitesse ayant tendance à la frustrer, voir la vexer, elle a l'habitude de se chausser avec de très légers talons, de ses ballerines jusqu'à ses bottes fourrées, conservant soigneusement les quelques centimètres ainsi gagnés. Si elle ne redoute pas particulièrement le froid, elle bénie le confort de ses bottes qui, bien qu'affreusement encombrantes, se cachent aisément sous les plis de ses amples jupes qu'elle porte longues. Très longues. A ses yeux, sa taille, donc, ne lui confère aucun atout : elle l'oblige à se dévisser le cou pour regarder à qui elle s'adresse, et cela l'oblige à solliciter de l'aide pour atteindre ces objets se trouvant –bien trop fréquemment– hors de sa portée. Il arrive même que, tandis qu'elle est à visage couvert, on la prenne pour une jeune demoiselle.

Sa finesse de corps donne l'impression que sa croissance a été compromise et qu'elle n'a jamais vraiment mangé à sa faim. Si cela s'avère être plutôt vrai, on ne peut lui prêter un aspect squelettique, ni exactement maigre : sa peau n'en est pas au point d'indiquer la présence des os sous celle-ci et ses côtes ne sont pas apparentes sous son derme clair et laiteux. Son ventre plat est plat, ni plus, ni moins. Si la qualifier de frêle semble adapté, ce qui s'accorde avec son aspect doux et fragile, gardez-vous de le lui dire. Du reste, la silhouette d'Athanasie est assez régulière, harmonieuse, avec des hanches larges et une taille marquée. Plus haut, la nature ne lui a pas donné d'atouts particulièrement développés. Sous ses épaules étroites, ni opulents ni inexistants, ses seins au renflement juste agréables créés, dans sa beauté pâle, une fraicheur candide, presque juvénile, malgré une allure bien féminine et affirmée. S'il y a une chose qu'elle regrette, par-dessus tout, c'est sa souplesse plus proche de celle du vieux chêne que du roseau ; ses os craquants désagréablement, de surcroit, lorsque vient l'hiver.

Malgré une vie rude propre à la vie dans la rue, puis soumise aux intenses enseignements religieux, Athanasie n'a plus guère de muscles visibles. Tout juste des esquisses qui ressortent à la lueur d'une chandelle. Ses bras longilignes s'apparentent plutôt à ceux de la noblesse, se terminant sur des petites mains absolument charmantes aux doigts fins et aux ongles soignés. Ses jambes sont longues et fuselées, du moins à la mesure de sa courte personne, et demeurent désespérément peu musclées. A ceux qui la verraient dans le plus simple appareil, elles le paraitraient tout juste assez pour soutenir sa personne, et lui permettre de courir s'il le fallait ; fausses apparences s'il en est. Mais celui qui la verrait ainsi aurait bien d'autres choses à remarquer, comme ces marques rouges ou nacrées striant son dos jusqu'à son fessier pour le restant de sa vie ; douloureux souvenirs de la morsure des lanières de cuir sur sa peau, vestiges de la brisure des chairs à présents boursoufflées. Et puis il y a cette tâche de naissance derrière son genoux gauche, qui semble avoir une forme d'oiseau, et encore ce grain de beauté à son pied droit, sur le petit orteil…

Sa chevelure est peut-être la partie de son physique la plus marquante, faisant le plus d'effet après son regard de glace. D'un blond d'or pâle et étincelant, presque argenté, absolument splendide pour qui sait en apprécier la souplesse et l'épaisseur, elle est parcourue de reflets roux, parfois des plus chatoyants. Au volume important, la jeune femme ne les a plus coupées depuis son entrée dans l'Eglise, les boucles et ondulations joliment courbées atteignent à présent une longueur fort respectable : cascadant par-delà le bas de son dos. Mais rare sont ceux à connaître ce détail de taille car elle les laisse rarement libres ; la prêtresse n'aimant pas être entravée les noue le plus souvent sur sa nuque ou les tresses sur sa tête, ce qui est probablement à l'origine de certaines confusions regrettables... Ou pas. Seule une petite masse, entretenue avec soin et regrets, demeure plus courte que les autres, bien qu'elle dépasse à présent ses épaules.

Le corps de glace de Athanasie s'achève par un visage saisissant de contraste, parachevant cette impression d'innocence et d'immaculée blancheur qui se dégage de son être, lui donnant cette touche solaire qui donne tout son sens à son appellation... Impassible, presque insensible, rêveur, distant sont autant d'adjectifs qui pourraient utilisés quant à son expression qui ne change que rarement, seulement alors qu'elle éprouve de la gêne. Aux traits fins et gracieux, la pureté qu'il dégage est frappante, radieuse. D'une forme ovale et encore un brin enfantin, nubile, seule une partie de son front est dégagée, en son centre, dévoilant la pâleur de porcelaine de sa peau. Sous ses sourcils fins et bien dessinés se trouvent ses yeux : deux globes pâles et perçants, soulignés de cernes rougeâtres et violacés résultant de ses longues nuits passées à lire. Étonnants, ils sont d'un bleu-gris presque translucide qui s'harmonise à la perfection à sa personnalité… Mais bien malgré elle, et ses nombreux efforts pour tenter d'y contrôler, ses émotions y transparaissent avec la plus grande clarté. Plus bas dans son faciès, son nez fin et discret est facilement oublié, au détriment d'une bouche candide et joliment rosée, toujours étirée en un sourire chaleureux, qui relève admirablement les couleurs de sa pâleur naturelle. Seule ombre au tableau qu'est ce portrait ainsi dressé, ombre que la jeune femme cache tant bien que mal derrière ses cheveux : un grain de beauté, à peine visible mais l'emplissant de gêne, entre sa fossette et son oreille droite.

Enfin, lorsqu'elle parle, Athanasie dévoile une voix douce et agréable, du moins à ceux qui la perçoivent ainsi. Fluette et plutôt aigüe, parfois légèrement éraillée, elle correspond en tout point à l'idée que l'on se fait d'elle ; de sa pâle innocence et de son rayonnement quasi solaire. Grâce à l'instruction reçu au sein de l'Eglise, et sa curiosité insatiable, son langage de fille de la rue a laissé place à un vocabulaire riche. Cependant, lorsque les mots fusent, c'est là que se révèle toute sa maladresse : directe et franche, trop, quel que soit son interlocuteur, elle blesse aussi bien qu'elle ravie.


Personnalité

Athanasie de Boisjoli, le Soleil de Marbrume comme d'aucuns l'appellent, Sœur Athanasie pour les autres, est une personne complexe, dont établir la description s'avère être laborieux. Sa personnalité est une imbrication délicate de qualités des plus pures et de sombres défauts, un mélange subtil de bien et de mal, de lumière et de ténèbres. La jeune femme est pourvue de deux faces, à l'image de cet astre lunaire qu'elle se plait à admirer lorsque tombe la nuit : si l'une est aisément visible, la seconde demeure, elle, bien cachée, et aussi sombre que la première peut être rayonnante. Ombre et lumière : Athanasie répond parfaitement à ce principe, aussi bien dans son mental que dans son attitude, cette dernière pouvant osciller entre les deux opposés de manière si facile. Cette ambivalence la rend d'autant plus difficile à cerner, déconcertante et imprévisible. Pourtant, aux vues des surnoms qui lui sont octroyés, c'est sa clarté qui, le plus, marque les esprits ; l'on dit qu'un seul regard de sa part, un simple sourire, même un seul de ses rires, permet de retrouver la joie de vivre et de repousser les peines les plus douloureuses, comme le soleil chasse les nuages et la pluie. Ce charisme, dont elle n'a pas conscience et qui semble n'être qu'un mythe plus grand que nature, n'est pas rattaché qu'à son caractère souriant et aimable, mais aussi à ce grand mystère qui l'entoure.

D'un naturel réservé, presque effacé, Athanasie ne dévoile que très rarement ses sentiments et ses pensées. Il est difficile d'imaginer qu'elle puisse avoir peur de quoi que ce soit, tant elle parait calme et maîtresse d'elle-même en –presque– toute circonstance. Particulièrement craintive, la jeune femme a déjà vu la mort de près, et si elle ne ressent plus guère de peurs, celles qu'elle ressent la tourmente au quotidien. Claustrophobe, elle redoute les endroits étroits et se trouve prise d'angoisse dès que ses bras ne peuvent plus bouger à sa convenance… Mais de tous, son pire effroi va à l'encontre des hommes, ceux qui se montrent plutôt bourrus ou brusques, en la présence de qui elle se met alors à trembler comme une feuille. Mais par dessus tout, il parait inconcevable qu'elle puisse être assaillie par autant de doutes et d'incertitudes ; et pourtant elle la ressent très fortement, cette impression d'être comme plusieurs dans sa tête, ayant chacune des goûts précis et si différents : ambivalente jusque dans son être.

Si la jeune blonde s'avère sociale, elle parle pourtant peu en dehors de ses offices, préférant écouter et ne rien dire que de fournir des paroles creuses. Durant les ans, ces traits ont eu tout loisir de prendre de l'ampleur, jusqu'à l'en rendre aussi maladroite dans le verbe que dans le geste. Attentive et bienveillante à l'égard d'autrui, elle peut se montrer quasi maternelle, d'une douceur rassénérante, rassurante, ponctuant chacune de ses paroles par un de ses radieux sourire qui font sa réputation… Puis se montrer bien involontairement blessante par sa franchise crue, ou pire ; il se murmure que ses accès de colère sont terribles et dévastateurs, autant pour les gens que pour les objets. Bien qu'elle regrette aussi vite, car elle n'est capable que de souhaiter le "meilleur" pour tous, ses excuses s'avèrent bien brèves. Par ailleurs, si elle semble ne pas particulièrement se cacher de son passé, ou plutôt d'une partie de celui-ci, cela ne veut pas dire qu'elle est ouverte. Pleine de méfiance, Athanasie préserve avec la plus grande prudence les secrets de sa vie, ne disperse pas davantage ses ambitions aux oreilles de tous, et partage encore moins de détails à propos d'elle-même ; et lorsqu'elle le fait, ce n'est qu'à un cercle très restreint de personnes. Si gagner sa confiance –et ainsi faire partie de ce fameux cercle– peut se révéler être un véritable tour d'adresse, elle n'hésite pas à la retirer dès le moindre doute. Quitte, parfois, à la rendre après de longs efforts. Fervente croyante, la jeune femme estime que chacun a droit à sa seconde chance, mais que le karma se rappelle à chacun.

Consciente qu'en sa qualité de prêtresse son opinion peut avoir de graves répercussions, la demoiselle se garde bien de l'émettre. Même à titre personnel, ce qui peut s'avérer particulièrement difficile pour sa langue bien pendue. Mais puisque Athanasie ne sait pas accepter les remarques et les critiques qui lui sont adressées, elle s'y efforce du mieux qu'elle le peut ! Naturellement, donc, elle préfère laisser les autres choisir pour elle et décider de ses actions, ce qui lui amène moins de complications désagréables. De ce fait, si sa loyauté envers le duché, Marbrume, et sa dévotion pour la Trinité n'est plus à prouver, il n'en demeure pas moins que certains s'inquiètent encore de ses véritables intentions. Surtout qu'elle s'avère être une personne difficilement influençable, réputée pour être parfaitement incorruptible et à la loyauté absolue... Tellement loyale qu'on ne peut objectivement pas la dire impartiale.

Terriblement persévérante, à la limite obstinée, Athanasie peut tout à fait passer pour folle lorsqu'elle a quelque chose en tête. Déterminée à ne jamais abandonner ; quoi qu'il advienne, quel que soit l'objectif et les efforts que cela peut lui coûter ; elle s'avère faire preuve d'une patience inouïe tandis qu'elle en est bien incapable en d'autres circonstances. Cet aspect d'elle-même lui vaut, de la part de certains, bien des louanges pour sa dévotion exemplaire. On pourrait se demander si elle ne serait pas trop dévouée car, tout au fond d'elle, la jeune femme aspire à atteindre les sommets de son ordre ; même si sa foi inébranlable envers la Trinité vacille parfois entre Anür et Serus. Sérusienne dans l'âme, il n'y a qu'une seule chose qu'elle n'est pas prête à faire pour y parvenir : agir contre ses pairs. Même s'il lui arrive de penser du mal de l'un d'eux, voire d'éprouver un profond mépris pour quelques-uns, son refus d'agir à l'encontre de l'Eglise la rend incapable de leur porter le moindre coup bas.

En dehors de la religion, Athanasie est une personne "normale" qui agit "normalement". Ses occupations sont celles que tout le monde pourrait avoir : elle lit, coud, va au marché, prend des nouvelles de différentes personnes, visite ses "amis", s'exerce à la cuisine… Mais le plus gros de son temps libre est accaparée par sa passion : l'herboristerie. Ses années d'expérimentations et d'apprentissages menées dans l'ombre de la prêtrise lui ont permis d'élever cette pratique au point de savoir guérir bien des maux et soigner bien des plaies mais, aussi, de devenir experte dans l'art subtils des poisons et de leurs remèdes. Si elle garde cette particularité bien cachée à la plupart des gens, c'est avant tout car elle n'hésite pas à s'en "servir", ne voyant en eux qu'un moyen parmi d'autres de préserver cette vie si sacrée qu'elle chérie ; parfois, pour sauver un être, il faut savoir en détruire un autre. De ce fait, elle ne sait pas s'il existe vraiment un "mal" et un "bien", et ne s'en soucie plus guère, persuadée d'œuvrer dans l'intérêt de l'ordre divin.

En bonne trithéiste –toujours–, Athanasie ne conçoit pas d'écouler ses jours restants dans la solitude… Elle n'a juste toujours pas rencontré la personne capable de susciter son intérêt... Ni de lui ôter cette peur, celle de l'homme, celle de l'amour violent. Est-ce qu'elle le recherche ? Pas vraiment, elle a bien d'autres choses en tête... Comme découvrir le fondement de ces rumeurs, l'origine de cette ressemblance avec une autre prêtresse qui leur cause tant de désagréments.


Histoire


L'histoire d'Athanasie n'a rien de très extraordinaire, et pourtant ce n'est pas un passé ordinaire et tristement banal que la jeune femme se traine, dans le plus grand des silences, et qu'elle protège si attentivement. En soi, elle est juste comme celle de bien d'autres personnes, remplie d'événements et jonchée de rebondissements aussi joyeux que dramatiques ; mais si les premiers sont les plus nombreux dans la vie de la prêtresse, les seconds sont, de tous, ceux qui ont probablement le plus marqué son esprit.



1140 :

Mais toute histoire a un commencement, et celle de notre douce blonde débute dans un endroit éloigné de Marbrume qui était alors appelé « Souslaroche ». Située dans le petit domaine sur lequel "régnait" la famille de Boisjoli depuis plusieurs générations, quelque part entre l'est, l'ouest et le sud du duché, c'était une modeste bourgade entourée de collines, de vallées et de forêts. Si elle portait une telle appellation, c'était qu'elle se trouvait située au flan d'un piton rocheux, sur lequel était juché un château, certes des plus ordinaires, mais qui surplombait fièrement la région malgré son "grand âge". C'est qu'elle en avait vu, des choses, cette forteresse déjà plusieurs fois centenaire... Mais elle n'avait sûrement pas vu venir ce qu'il arriva alors, bien plus tard. C'est pourquoi je parle au passé, car nulle nouvelle n'est plus parvenu de cet endroit depuis la Fange, et qu'ainsi placé, il serait vain d'espérer y trouver encore âme qui vive ; du domaine des « Bois Jolis », de notre temps, il est considéré que rien ne demeure.

Revenons-en à nos brebis !

Particulièrement désirée par ses parents, ou du moins par une mère qui désespérait avoir une fille, Athanasie est la cadette de la famille, petite dernière d'une fratrie de sept garçons. Enfin, il y eut d'autres rejetons, mais nous verrons cela en temps voulu car c'est un autre chapitre de cette histoire. Venance était de sept ans son ainé, le plus calme et vertueux de tous ; venait à sa suite Landéric, âgé d'un an de moins et probablement celui de la fratrie qui fut le plus doté de l'esprit de chevalerie ; puis Ghislemar et Théodebald, les jumeaux de la maison espacés de deux ans de leurs frères, qui en faisaient tant voir à leur entourage en ne ratant pas la moindre occasion de jouer les troubles faits ; suivis à un an près par Florimond, le plus angélique de tous les petits garçons ; et enfin le triplet : Eadwin et Sosthène, de véritables casse-cou qui entrainaient leurs frères dans leurs bêtises et bagarres, précédant de quelques heures à peine le nourrisson au cœur de notre histoire. Il y avait eu plusieurs fausses couches, qui avaient marqué l'esprit d'Elaine qui n'en était devenue que plus protectrice envers ses bambins, elle devint presque possessive avec sa cadette. Avoir enfin un enfant fille fut une véritable joie, même si les frères en âge de se prononcer furent quelques temps vindicatifs à ce sujet, préférant un autre garçonnet à entrainer dans leurs bêtises… et la suite montrera qu'ils avaient tort.

Ainsi donc, elle vit le jour le 30 juillet 1140, tandis que la matinée était déjà bien avancée et que les rayons caniculaires balayaient le château familial et les campagnes environnantes. La grossesse d'Elaine, la mère, avait été particulièrement difficile. Tellement que les sages-femmes, guérisseurs et autres charlatans qui avaient été appelés à son chevet ne donnaient pas cher de sa vie, ni de celle des rejetons en son sein ; il avait été supposé que ce serait des jumeaux, et là encore, le destin fit qu'ils se trompèrent. S'il lui avait été conseillé d'interrompre sa grossesse, nombre de potions ayant été déposées près d'elle en ce sens, jamais elle n'avait pu s'y résoudre : dévouée à la Trinité, et plus particulièrement Serus, elle ne pouvait imaginer détruire la vie, la faveur, qu'il leur avait accordé ; ça aurait été bien trop contre nature… Et puis, il était trop tard pour ça. C'est de cette manière que des triplés qu'elle attendait alors, seule Athanasie se trouva à naitre dans un état préoccupant, proche de la mort tant elle était malingre et pâle. Elle ne poussa pas un cri, pas un son, et son regard d'eau limpide et déjà si transperçant ne se troubla d'aucune larme.

Aimants, les deux parents ignorèrent –comme ce fut le cas à la première portée de jumeaux– certaines superstitions locales qui fusaient de toute part et allaient bon train parmi les petites gens… Lesquels sont parfois bien ignorants. Certains disaient donc que mettre au monde plusieurs enfants en même temps étaient un signe d'infidélité, sous prétexte qu'aucun enfant ne pouvait avoir le même père, et Elaine surprit bien des regards lourds de sens à son égard ; là où d'autres assuraient qu'il fallait sacrifier l'un de bambins pour assurer la survie des autres et gagner la clémence de la Trinité, et de peur que quelqu'un ne commette l'irréparable, Elaine ne quittait jamais ses trois progénitures, et serrait sa fille unique contre son cœur comme s'il eut s'agit d'un trésor particulièrement précieux. Mais il est vrai que le cas "Athanasie", à la santé longtemps instable, laissait à croire à une punition divine ; cette dernière s'adressant à on ne savait trop qui ; aussi fut elle appelée ainsi, « immortelle », comme il eut s'agit d'un charme capable de repousser la malédiction qui semblait la toucher. Et peut-être cela fonctionna-t-il.



1143 :

Le temps fila à la vitesse d'un battement de cils, et la différence entre Athanasie, et ses deux frères ne cessa de croître : là où les deux garçons devinrent presque aussi grands et robustes que les autres, elle demeurait chétive et courte sur ses petites jambes maigrichonnes, comme si ses frères avaient absorbés toute sa santé lorsqu'ils partageaient le ventre de leur mère ; ou certains serviteurs laissaient entendre que c'était là une malédiction pour ne l'avoir point sacrifié à la naissance, comme il le convenait, d'après des racontars de vieilles sorcières.

Indifférente à ses faiblesses, et compensant ses particularités physiques, la cadette de la famille développa son intellect plus rapidement que ses frères. Elle apprit à parler sans babiller, bien qu'elle n'en fît que rarement la démonstration, chose qui n'arrivait que lorsqu'elle se trouvât en présence de la fratrie avec laquelle elle semblait avoir un besoin constant de se trouver. Elle sut même courir avant d'avoir appris à marcher. Inconsciente de sa propre fragilité, elle courait constamment après ses frères sans se soucier des cailloux pointus sous ses pieds nus, des escaliers à descendre dans lesquels ses ainés la portaient avec dévotion, et quittait même le lit maternel pour rejoindre ce qui fut plus tard appelé « le tas ». On fut bien tenté de l'attacher au lit mais, quelque soit les méthodes utilisées, Athanasie parvenait toujours à rejoindre le couchage sur lequel l'ensemble des frères passaient leurs nuits. On en vint même à l'y coucher directement tant, parfois, cela laissait place à des crises de larmes de les séparer.

Fervents fidèles à la Trinité, les deux parents éduquèrent les huit rejetons identiquement, dans le respect de la religion et des convenances, tandis que loyauté et solidarité étaient les maîtres mots de la famille ; et la loyauté est un bien piètre mot face à l'amour qu'ils se vouaient les uns aux autres, malgré les chamailleries sans pareil qui animèrent des années durant le château de Souslaroche. Tandis que les uns étaient lentement dirigés vers l'apprentissage des armes, de la monte, de l'administration des terres, Athanasie, elle, était à sa lecture et à ses travaux d'aiguilles afin de soutenir sa mère. Nul n'était dupe, la gamine n'était pas emballée par cet apprentissage, qu'elle suivait uniquement par obligation, ni même n'était très douée ; elle finissait le plus souvent avec un doigt en sang qu'avec une broderie achevée ; et il lui était tout à impossible de rester parfaitement concentrée sur une unique chose plus de quelques secondes, son esprit papillonnant aussitôt ailleurs, au-delà des murs du château où s'entendaient les voix de ses frères avec plus ou moins de netteté. Par ailleurs, la gamine ne supportait pas d'être tenue écartée d'eux, ce qui rendait cet isolement d'autant plus pénible ; et à cet âge, la différence entre activités masculines et féminines n'est guère plus qu'une absurdité.



1144 :

Sitôt qu'elle le pouvait, Athanasie profitait de l'inattention des femmes pour abandonner fuseaux et aiguilles à sa place, délaissant l'ouvrage en court pour s'élancer sans ménagement à la poursuite de ses frères. Si ces derniers n'étaient pas dans la cour du château, il n'était pas rare qu'on la retrouve perchée sur un rempart, guettant leur retour avec une patience exemplaire, dans le vieux pigeonnier ou bien encore aux écuries, jouant dans la paille et le foin avec chiots ou poulains. Peu soucieuse des conditions climatiques, elle n'avait pas une réelle conscience du danger que pouvait représenter le froid pour son corps fragile qui ne semblait pas se fortifier, ni vraiment grandir comme il l'aurait dû. Elle demeurait plus petite que les enfants de son âge, plus maigre aussi, et même son esprit ne se développait pas comme il l'aurait dû. Quand bien même on tentait de le lui expliquer sa situation, qu'elle ne comprenait pas, Athanasie fuguait invariablement de ses cours de couture, de maintien, et de poésie ; aussi on approvisionnait généreusement la bibliothèque familiale en livre pour la maintenir occupée dans le château lors des hivers… Et il devait toujours y faire agréablement chaud. Au moins, en ces périodes-là, la cadette des de Boisjoli n'était pas à trainer dehors.

Bien rapidement, évidement, les parents prirent conscience que la cadette, bien que douée dans nombre de domaines, ne répondraient pas aux exigences de la société, qui attendrait d'elle qu'elle soit une parfaite maîtresse de maison. Ils ne s'en offusquèrent guère, ou du moins pas en sa présence, et se résignèrent à une autre voie pour elle. Si Venance fut éduqué en vue de prendre la suite de leur père, actuel chef de famille, tandis que Landéric se dévouait à la chevalerie –comme on l'eut attendu de sa part–, il fut admis que la chétive et fragile Athanasie se destinerait alors à la prêtrise. Mais tout cela se passa sans même qu'elle ne soit au courant.

C'est à cette époque que, bien malheureusement, débuta l'ère sombre des de Boisjoli, ainsi que celle du domaine tout entier. Le père de famille passa dans l'au-delà au début du printemps, ce dernier ayant effectué une mauvaise chute à cheval qui lui fut fatale. Il laissa derrière lui une femme épleurée, sur les épaules de qui reposaient maintenant de bien lourdes responsabilités, et des enfants –de onze à quatre ans– inconsolables et privés de leurs repères. Si ces derniers parvenaient à se serrer les coudes, il n'en fut pas de même pour Elaine qui n'était pas prête à un veuvage si précoce –elle avait à peine vingt-cinq ans–, et qui commença ainsi sa longue descente dans les enfers de la dépression. Athanasie, pour sa part, ne comprenait pas encore bien ce qu'il se passait ; on lui avait expliqué que son papa était parti mais la mort était une chose trop abstraite pour son esprit enfantin, elle ne comprenait pas exactement où il avait bien pu s'en aller, sans eux, et elle ne s'expliquait pas non plus pourquoi sa maman était dans un tel état.

Livrés à eux-mêmes, les sept enfants passèrent les mois suivants dans la rue. Ils en étaient rendus à moitié vauriens, à copiner autant avec les gamins des quartiers pauvres, les voyous et autres rejetons laissés pour compte, et à moitié fugitifs puisque des gens du château étaient régulièrement lancés à leur trousse pour les y ramener, sur ordre de leur mère lorsqu'elle reprenait –trop peu souvent– pieds. Elevée par ses frères, protégée par eux également, Athanasie devint, pendant cette période, un véritable garçon manqué ; elle se battait comme l'un d'eux, jurait, crachait, et ce malgré ses jupes et ses cheveux longs. Ce fut d'ailleurs suite à des moqueries qu'elle coupa ses derniers, au ras de ses oreilles, avant que Landéric et ses triplés ne règlent son compte à ce garçon –qui s'en souvient encore, dit-on.

Le second évènement tragique, ou qui manqua de l'être, survint vers la fin de l'année lorsque les frimas de l'hiver approchèrent. Ce séjour dans les rues, en dépit de sa santé fragile, manqua lui être fatale. Athanasie commença par renifler, sans que cela n'attire l'attention, puis à tousser. Il ne fallut pas moins d'une bonne et longue semaine pour que son état ne préoccupe les gens du château qui prirent alors les choses en main, et on l'a mis au lit en pressentant un mauvais rhume. Sortant de sa léthargie, finalement alertée par ses enfants et inquiète pour sa fille, Elaine elle-même se chargea de la veiller et il fut impossible de l'en séparer. Cependant, tous ces bons traitements ne surent venir à bout du mal qui frappait la petite ; fièvres et sueurs survinrent à leur tour, suivies par des délires et hallucinations. On fit requérir des médecins du duché entier, guérisseurs et autres rebouteux de tous le royaume, Athanasie ingéra nombres de potions et on essaya tout autant de techniques païennes mais rien n'y fit : son état se détériorait de jour en jour. En désespoir de cause, il fut convenu que la maisonnée se rendrait jusqu'en leur famille, laquelle résidait Marbrume, dans l'Esplanade. Le voyage pouvait tout autant être fatale à l'enfant que lui faire du bien, mais dame Elaine se refusait à baisser les bras.

Il fallut plusieurs jours, marqués par la peur et l'incertitude, avant qu'enfin la famille ne rejoigne les leurs dans la fameuse cité. Après les salutations de rigueur, l'ensemble des de Boisjoli et des Vivesaigues, la famille d'Elaine qui avait établie ses quartiers dans l'Esplanade bien des années plus tôt, se rendit de concert jusqu'au temple pour y prier la Trinité et l'implorer d'épargner la petite. On avait installé Athanasie dans une sorte de civière que des domestiques portaient à bras, et d'autres étaient chargés de porter des offrandes aux divinités. On lui fit des bains dans les fameuses eaux bénies d'Anür, et des prêtresses lui prodiguèrent même des soins dans les murs sacrés du Temple… Et après plusieurs semaines d'inquiétudes, durant lesquelles chacun s'était finalement préparé à la perte de l'enfant, un messager du temple annonça sa rémission.



1145 :

Il fallut encore bien du temps avant que les choses ne reprennent leur court, mais la vie d'Athanasie n'était plus menacée, semblait-il, et à l'aube de sa cinquième année, elle était complètement guérie. De ce fait, la famille ne resta plus guère longtemps à Marbrume, tout juste de quoi permettre à Elaine de se faire courtiser avec la promesse de nombreuses lettres enflammées. Ils reprirent la direction de leurs terres avant l'automne, non sans crises de larmes de la part des plus jeunes dont Athanasie qui refusait de laisser deux de ses frères derrière eux. Venance était devenu l'apprenti de son grand-père maternel, lequel avait décidé de prendre en main sa formation de châtelain, durant la rémission de la gamine ; et Landéric fut confié comme écuyer à un Chevalier que connaissait la famille, presque un voisin. Les premiers oisillons quittaient le nid.

De retour à Souslaroche, Athanasie fut privée de toute sortie en extérieur à moins d'être accompagnée et chaudement habillée, par sureté. La maisonnée entière veillait à ce que la cadette soit toujours occupée, que ce soit à lire, coudre, broder, tisser, où quoi que ce soit d'autre pourvu qu'elle ne sortît plus. Dépassée par l'éloignement de ses frères, qui gagnaient tous en autonomie, la gamine s'isola de plus en plus. Ce fut probablement à cette période qu'elle s'intéressa, pour la première fois, à l'herboristerie et à la biologie, dévorant tous les livres qu'elle pouvait trouver à ce sujet.

La question de la prêtrise fut abordée, enfin, mais non sans se préoccuper de son avis : d'une part on la jugeait trop jeune pour décider de la vie qu'elle souhaiterait menée plus tard –alors qu'on avait accordé ce bénéfice à ses frères– , et d'autre part, son avis importait peu. Si elle aspirait à devenir guérisseuse, sa mère voulait tout autre chose pour sa fille, préférant une voie plus stable et sécuritaire… Mais il y a fort à parier que déjà à cette période, Elaine se trouvait sous le joug de celui qui devint, quelques mois plus tard, son second époux.



1146 :

Ce fut une année de grands changements pour la famille de Boisjoli, et surtout pour la vie "paisible" de la petite Athanasie, qui ne s'était jamais imaginée pouvoir vivre un tel enfer un jour.

Les noces de Dame Elaine et Sire Léondevig, célébrées dès le retour du printemps, firent grand bruit. Athanasie avait déjà rencontrée cette homme plusieurs fois, il le lui avait été présenté comme les convenances l'exigeaient, mais quelque chose en lui la dérangeait. Cependant, par respect pour cette femme qui était sa mère, qui reprenait goût à la vie, elle n'en dit rien ; ni aux serviteurs, ni à ses frères, ni même à ses livres dans lesquels elle rédigeait toutes ses pensées et ses conclusions.

Pour l'occasion, il fut accordé à tous les enfants de revenir à Souslaroche. Pour la première fois en deux ans, Athanasie pu revoir l'entièreté de sa fratrie, mais chacun avait changé ; et se fut probablement elle la plus changée de tous, car bien que toujours plongée dans ses devoirs et multiples travaux, c'était devenue une enfant turbulente, agitée, aussi vive de corps que d'esprit qui avait toujours besoin d'être occupée pour ne pas sombrer dans un ennui mortel. Aussi Venance, avec qui elle avait été fort complice durant l'enfance, était devenu un jeune adulte responsable et il n'avait plus de temps à lui accorder, ni le temps de jouer avec eux, et se préoccupait plus de la gestion du domaine et du château que de ses frères et sœurs. Landéric était un adolescent en pleine forme, en pleine découverte de sa sexualité également, et ne pensait donc plus qu'aux filles ou aux faits d'armes ; il était d'ailleurs accompagné de son Chevalier pour l'occasion, et ne s'autorisa pas un seul instant à reprendre ses jeux d'enfants, préférant s'entrainer dans la cour du château. Ghislemar, apprenti guérisseur depuis peu, fut le seul à tenter d'établir la conversation avec Athanasie, partageant avec elle bien des points communs ; quant à son jumeau, il passait son temps à s'entrainer avec Landéric ou bien avec Eadwin et Sosthène à parler combat et bataille, puisque les cadets désiraient également embrasser la voix de la Chevalerie.

Sitôt les célébrations terminées, la fratrie se divisa de nouveau, les grands-parents maternels emmenant les six plus jeunes frères avec eux afin de leur assurer un avenir, puisque Marbrume regorgeait d'opportunités qu'ils n'avaient pas en rase campagne, comme l'avait affirmé leur nouveau beau-père. Seul Venance resta à Souslaroche, afin d'en reprendre –en partie– la gérance… Sous la tutelle de Léondevig. Mais cela ne fit ni chaud ni froid à Athanasie, blessée par son comportement, qui ne le reconnaissait même plus comme étant son frère.

De son côté, la gamine retourna à son isolement dans la bibliothèque de la demeure, à ses herbiers et ses lectures. Elle avait d'ailleurs trouvé un livre d'herboristerie particulièrement intéressant qu'elle gardait toujours avec elle, le couvrant d'annotations ou coinçant des herbes entre les pages, et chaque jour elle le montrait à sa mère en lui en faisant la lecture, et lui détaillant précisément ce qu'elle avait apprit sur telle ou telle plante. Si Elaine en paraissait émue au début, il arriva un moment où elle n'écouta même plus sa fille ; son ventre rebondi devint sa seule préoccupation.

Lorsqu'elle n'était pas dans la bibliothèque, Athanasie était dans le bourg de Souslaroche à se chamailler avec les gamins des rues, ou dans la campagne à récolter des plantes. Ses disparitions donnaient lieu à de sévères corrections de la part de son beau-père, que sa mère contesta durant un temps avant de ne plus intervenir. Les enfermements dans sa chambre devinrent de plus en plus fréquents pour la gamine, les privations également, et si les serviteurs devaient aller à sa recherche son dos bénéficiait de généreux coups de fouets. Ses sentences lui étaient administrées, d'après l'homme, pour lui apprendre à causer du souci à ses parents…

A quelques mois de l'accouchement, Elaine décida de partir dans sa famille… Seule. Athanasie en fut grandement vexée, tout comme son époux. Et sans les serviteurs pour se soucier d'elle, la petite aurait certainement été retrouvée morte dans sa chambre au retour de la dame de Tristeval ; son beau père ayant la facheuse tendance à l'y oublier.

Lorsque la mère de famille revint, elle était accompagnée de Florimond, mais sans nourrisson ; et ce dernier fut un sujet à n'aborder sous aucun prétexte.



1148 :

L'enfer d'Athanasie prit une nouvelle tournure. De plus en plus délaissée par sa mère, sans même parler du désintérêt complet que son beau-père éprouvait pour elle, entre deux sanctions de plus en plus violentes, la fillette ne devint plus que l'ombre d'elle-même.

Pensant lui faire plaisir, et lui trouver un substitue de sa propre présence –allez savoir–, Elaine trouva à sa cadette un professeur particulier en charge de lui apprendre tout ce qu'il connaissait à propos des plantes ; ce fut un vaste échec, l'homme n'en savait probablement pas plus que les paysans du coin, et Athanasie le reprenait sans arrêt sur ce qu'il disait. En parallèle, le prêtre le plus proche passait plusieurs heures en sa présence, lui apprenant la foi, les principes de la Trinité, et l'importance de l'échange et du don de soi, en vue de préparer son entrée au Temple d'ici quelques années.

Athanasie était également devenue plus proche des serviteurs du château, qu'elle écoutait avec la même bienveillance qu'on lui connait à présent, que de sa propre famille qui l'ignorait la plupart du temps. C'étaient eux qui, les premiers, lui avaient parlé de ces racontars ; et la gamine avait espéré que jamais les choses ne parviennent aux oreilles de son beau-père qu'elle savait possessif.

Malheureusement, les rumeurs atteignirent les gens de la maisonnée ; on avait reconnu Dame Elaine dans l'un des bordels que comptait le petit Bourg. Athanasie se souviendra probablement toujours de cette scène, alors qu'ils prenaient tous leurs repas dans la grande salle, un soir ; le visage blême de sa mère lorsque son époux aborda le sujet, ses lèvres tremblantes, l'expression choquée de Venance et Florimond, ce dernier en avait même lâché ses couverts, et le dégoût mêlé de rejet dans les yeux de Léondevig. Elaine s'était jetée à genou, avait imploré son mari, pleuré, assuré que tout cela avait une explication, mais rien n'y fit. La porte de la salle avait claqué, puis une autre.

Attentive, et loin d'être idiote, Athanasie vit parfaitement les traces laissées sur le corps de sa mère, les jours qui suivirent cette déconvenue ; les bleus à son visage, les marques de coup sur ses bras et ses mains, et tous ces marqueurs évidents de la femme battue… Pourtant Elaine souriait toujours avec douceur, quoi qu'elle semblât brisée aux yeux de sa cadette. Si la gamine tenta bien d'en faire part à ses frères, ni l'un ni l'autre ne l'écoutèrent : Venance assurait qu'elle se trompait, il n'en avait cure, cela ne les regardait aucune ; et Florimond affirmait que s'il en était réellement ainsi, c'est que leur mère le méritait. Elle-même en vint à douter, parfois : le ventre d'Elaine s'arrondissait de nouveau et, bien naïvement, Athanasie ignorait tout du viol et ne doutait pas qu'il fallait s'aimer pour concevoir un enfant… Mais ce dernier ne vit même pas le jour, la mère faisant une nouvelle fausse couche avant son terme.

En cette sombre année, le seul réconfort de la fillette fut de savoir Ghislemar de son côté ; elle lui écrivait une fois par semaine, échangeant avec lui à propos des plantes, de leurs découvertes mutuelles… Puis, avec le temps, Athanasie avait appris à se confier à ce frère si loyal, lui expliquant sa peur des hommes, sa peur de l'amour s'il était forcément comme celui que leur beau-père, portait à leur mère, lui faisant part de tous ses doutes et toutes ses inquiétudes quant à la gestion de la fortune familiale, la disparition de biens de valeurs, l'alcoolisme probable et récent de leur beau-père, lui racontant combien elle se sentait seule et délaissée de sa fratrie...  Ce fut lui qui parvint à la convaincre qu'entrer au service de la Trinité, en tant que prêtresse, devait finalement lui être le plus adapté ; et qu'ainsi, elle serait plus proche de lui, et de la plupart de ses frères. Et ce fut également lui qui écrivit à chacun des six frères, leur rappelant les valeurs que leur avait inculqué leur père : la loyauté et la fidélité envers la famille.



1150 :

Malgré les rumeurs passées, le statut instable d'Elaine et de sa petite dernière, les choses ne semblèrent qu'aller en s'arrangeant pour chacun des de Boisjoli. Plus soudée que jamais, l'ensemble de la fratrie était réuni dans la cité de Marbrume, et toutes les semaines donnaient lieu à des retrouvailles émouvantes dans la grande salle du manoir familial –hérité de leur grand-père décédé l'année précédente.

Débuta alors une longue période de calme et de paix pour Athanasie, qui avait sût, grâce à l'intervention de Ghislemar, retrouver ses liens d’antan avec ses frères. Heureuse, épanouie quoi que profondément marquée, elle préparait assidument son entrée au temple en tant qu'apprenti Clerc, poussée par ses frères et encouragée par le prêtre Anatole dont elle suivait autrefois les enseignements, et avec qui elle continuait de correspondre régulièrement.

Cependant, malgré tous ses efforts, la jeune fille avait bien du mal à pardonner son attitude à sa mère, et leur départ forcé de leur domaine par sa faute. Athanasie acceptait tout aussi difficilement la petite fille, cette petite demi-sœur à la tignasse aussi brune que la sienne pouvait être blonde, qu'Elaine avait mis au monde peu avant leur départ de Souslaroche, et dont on lui imposait la présence, et la garde, une fois par semaine.


1157 :

La longue formation d'Athanasie terminée, et après bien des échanges avec le prêtre Anatole dont l'opinion comptait toujours autant à ses yeux, cette dernière avait finalement choisi de se ranger derrière la déesse Anür. Si la jeune femme hésitât longtemps à choisir la voie de Serus, qui lui fut longtemps prêchée et qui, aux yeux de bien des personnes, paraissait lui être la plus adaptée, elle n'en jugea pas de même ; elle chérissait la vie, certes, mais la voie d'Anür lui parlait davantage.

Une célébration fut organisée à cette attention ; le manoir fut expressément décoré, le voisinage convié, et la jeune prêtresse vécu probablement sa plus belle journée depuis des années ; depuis que leur père était mort, en réalité, et elle ne s'en souvenait que peu. Elle y reçut sa célèbre houppelande aux couleurs de sa déesse, ainsi que la bague qu'elle ne quitte jamais, gravée des devises de la famille de Boisjoli : Loyauté et Fidélité ; dont chacun des huit rejetons de Boisjoli reçu un exemplaire –la petite dernière étant encore trop jeune pour recevoir le sien. Enfin, lors de cette grande occasion, le prêtre de qui elle avait reçut les préceptes et qui avait été convié par les bons soins de Venance, sous l'impulsion de Ghislemar, lui remis sa fameuse broche en argent et émeraude gravée du symbole d'Anür qu'elle garde, depuis ce jour, agrafée sur sa poitrine.

Aussitôt après, les premières demandes en fiançailles à son attention fusèrent, annoncées par l'ainé de ses frères, avec quelques appréhensions : et pour cause, tout au long de sa formation, et même encore lors du mariage de ses ainés, ou de ceux qu'elle célébra, elle fit savoir à quel point elle était contre cette convention… Les rixes que cela provoqua dans la fratrie marqua longtemps les esprits tant elles étaient violentes et ridicules : vases cassés, portes claquées, Athanasie conserve à ce jour encore une certaine honte de ce comportement violent, que peu lui connaissent. Pourtant, elle n'expliqua pas plus les raisons de ces refus, écrivant parfois elle-même les missives à ses prétendants en veillant à se montrer le moins agressive possible ; cependant, dans le plus grand des secrets, Ghislemar avoua les craintes de leur jeune sœur à chacun des frères, espérant ainsi agir au mieux pour elle. En vain, car ils se décidèrent à jouer les entremetteurs, chacun leur tour.

En parallèle de leur manigance dont elle ignorait tout, ou presque, elle s’avérait être une tante remarquable pour ses récents neveux et nièces, se montrant aussi patiente qu'attentive. Pourtant, il en était tout autre avec sa demi-sœur tant leurs rapports se montraient complexes ; la petite Rhianon étant issue d'une relation que, de base, la jeune prêtresse n'approuvait pas, et qui lui avait fait bien du mal –elle en garde des séquelles indélébiles–, elle ne savait comment agir à son égard. Mais Athanasie parlait toujours peu avec sa mère, quoi que tout porte à croire que leur rapport se soient améliorés... Du moins, c'est ce que les frères espèraient.



1164 & 1165 :

Rapidement, Athanasie ne sait plus où donner de la tête ; son travail de prêtresse est prenant, tout autant que ses loisirs et passions qui ont demeurés intactes, sans compter qu'elle doit sans arrêt gérer les propositions que lui transmettent ses frères, et qu'elle rejette systématiquement avec le même désintérêt. Et puis il y a cette affaire, ses méprises entre elle et une autre prêtresse, une certaine Constance avec qui sa ressemblance serait troublante ; si, autrefois, cela arrivait de temps à autres, c'est une situation qui se produit à présent bien trop au goût de la jeune femme. Elle doit la voir, lui parler, savoir ce qu'il en est…

D'un autre côté, la nouvelle de l'apparition de cette calamité, petit à petit, progresse en Marbrume, jusqu'à atteindre le temple… Athanasie aurait aimé les ignorer, mais deux de ses frères étant en route depuis Souslaroche, elle ne peut que les écouter, attentivement, tremblant à chaque fois qu'on relate une apparition de ses immondes créatures. La campagne se vide, se déserte de sa population, et alors qu'elle devrait prier pour le salut de ses pauvres âmes en détresse, prier pour leurs sauvegardes, la prêtresse se découvre terriblement soulagée d'être entre les murs de l'imposante et rassurante cité… D'autant plus lorsqu'elle apprend, avec terreur, que les morts se relèvent, et qu'aucune nouvelle ne parvient plus du Domaine depuis qu'Eadwin et Sosthène ont quitté les lieux. Ces derniers ont d'ailleurs eu à faire à ces créatures, ceux là-même qu'on appelle les Fangeux, et les rumeurs sur leur compte sont, d'après leur dire, on ne peut plus vraies.

La calamité est-elle qu'elle en remet en cause sa foi : on-t-il pêché à ce point pour que la Trinité les punisse ainsi ?



Derrière l'écran


Certifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Dans ma tête, c'est pas dit, mais légalement je le suis depuis bien longtemps.

Comment avez-vous trouvé le forum ? Troisième compte d'Aure.

Vos premières impressions ? Toujours les mêmes ! :)

Des questions ou des suggestions ? Hésitez pas à me demander des coups de main pour l'écriture, le codage ou je ne sais pas quoi d'autre, je suis toujours contente d'aider.


Modèle de fiche codé par Aure et Séraphin Chantebrume



Dernière édition par Athanasie de Boisjoli le Dim 21 Oct 2018 - 21:10, édité 15 fois
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Séraphin ChantebrumeAdministrateur
Séraphin Chantebrume



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MessageSujet: Re: Soeur Athanasie [Validée]   Soeur Athanasie [Validée] EmptyLun 15 Oct 2018 - 9:04
Je te souhaite officiellement la bienvenue parmi nous! Hésite pas si tu as des questions et bon courage pour ta fiche!
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Soeur Athanasie [Validée]   Soeur Athanasie [Validée] EmptyLun 15 Oct 2018 - 9:36
La bienvenue ma Soeur.
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HermineSaltimbanque
Hermine



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MessageSujet: Re: Soeur Athanasie [Validée]   Soeur Athanasie [Validée] EmptyLun 15 Oct 2018 - 16:10
(re)Bienvenue !
Cette nouvelle présentation de fiche est très réussie ^^
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: Soeur Athanasie [Validée]   Soeur Athanasie [Validée] EmptyLun 15 Oct 2018 - 19:29
Rebienvenue parmi nous ♥️
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: Soeur Athanasie [Validée]   Soeur Athanasie [Validée] EmptyDim 21 Oct 2018 - 21:05
Bonsoir Athanasie,

Je suis la modératrice en charge de ta fiche. Déjà, je dois avouer que j'ai pris énormément de plaisir à te lire. Ta plume est douce, fluide, les mots justes, bref j'adhère complétement Choupi

Malheureusement, qui dit longue fiche, dit petite coquille, rassure toi rien de grave. A ce titre là, ça ne tient qu'à un peu de pinaillage Soeur Athanasie [Validée] 2254173148

Pour information, juste pour éviter le moindre mal entendu :

Au niveau du culte de la trinité, on ne pratique pas l'avortement, c'est d'ailleurs très mal vu d'ouvrir le ventre d'une mère ne parvenant pas à mettre au monde son enfant. De ce fait, cela ne peut être que des charlatans ou des guérisseurs indépendants qui lui auraient offert les dites potions pour perdre l'enfant.

Dans le même ordre d'idée, on ne conseillera jamais le sacrifice d'un enfant, même si c'est une naissance multiple et qu'un enfant semble plus fragile. Là encore, le conseil donné doit provenir de charlatans ou encore de guérisseurs indépendant, mais de prêtre du culte. Soeur Athanasie [Validée] 3613556646

Dernier petit point, à l'époque du moyen âge, les femmes sont particulières couvertes, on ne montre guère plus qu'une cheville, rien que ça c'est déjà énorme. Du coup, il est fort probable que la gamine porte plus des jupes longues que courtes Soeur Athanasie [Validée] 2494957974

Tout cela ne tient que du détail, donc si c'est bon pour toi, je te valide dans la foulée ♥️

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MessageSujet: Re: Soeur Athanasie [Validée]   Soeur Athanasie [Validée] EmptyDim 21 Oct 2018 - 21:15
Merci ♥️

Bon alors ça, si c'est que ces petites coquilles là, ça passe ! J'avoue que j'avais un peu peur quand même, pour le ratio longueur de fiche vs erreurs xD

Pour moi ce que tu dis coule de sens, donc j'avais pas trop précisé, mais du coup j'ai fait une petite modif et j'ai bien précisé qu'il y avait des charlatans parmi les personnes qu'ils ont consultés, et que les sacrifices étaient des racontars de vieilles sorcières, je pense que c'est un peu plus cohérent dit comme ça. Comme ça, on est tranquille :)

Concernant les jupes, c'est rectifié ! Comme quoi, il faut toujours une seconde paire d'yeux pour les corrections, parce qu'on en néglige des détails évidents xD

Du coup, c'est tout ok pour moi :D Merciiii ♥️
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MessageSujet: Re: Soeur Athanasie [Validée]   Soeur Athanasie [Validée] Empty
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