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 [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)

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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyJeu 10 Jan 2019 - 14:14
27 novembre 1165
Quelque part au sud d'Usson

C'est une expédition dont je me serais bien passée mais parfois on manque de choix. Et c'est une expédition qu'il me fallait faire seul. D'abord parce qu'un équipier est source de danger. Bon, faut l'admettre, ceux d'entre nous qui ont survécu jusqu'ici ont des capacités. Mais aucun n'a été agriculteur. Et je doute qu'ils voient l'intérêt à trouver des semailles automnales qui ne seront utiles que l'an prochain. Seul un fils de terrien peut se projeter si loin. Bon, je suis respecté, parce que je sais chasser, parce que j'ai un arc et un faucon. Et qui sait si dans cette expédition je ne trouverais pas un second rapace qu'il pourrait éduquer ?

Mais voilà, l'automne dernier, les projets n'étaient pas envisageables, le village prenait à peine forme, j'avais l'un des meilleurs abris à défendre, la Fange restait méconnue et nous avions tous à apprendre et à nous faire notre place. M'éloigner plusieurs jours n'était pas envisageable, faute de quoi je perdais mon statut. Désormais il est acquis. Oh bien sûr, cela amuse certains que je perde du temps à semer, mais rares sont ceux qui refusent un des produits de mes récoltes. Un simple navet dans de l'eau, ça peut nourrir pendant deux trois jours. Ou au moins en donner l'illusion. Et même l'illusion paraît parfois être un luxe.

Notre premier hiver a été rude car nous n'avions rien, et la famine éveille les pires instincts de l'humain. Et les bannis sont les pires parmi les humains. Enfin, ça, c'est l'impression qu'ils ont, dans les villes. Notre population s'est réduite, à cause de la Fange, de la Milice, des autres et de nous-mêmes. Combien de bagarres internes ont mené à la mort des nôtres ? Combien se sont donnés la mort ? Je ne saurai les compter. Les plus habiles et les plus puissants ont survécu. Puissant je ne le suis pas, mais habile, oui. Je savais ramener de la viande et trouver des racines. Des vers aussi, parfois. Et on ne tue pas la main qui peut vous nourrir. C'est à cela que je dois la vie. A cela et à ma férocité. La manière dont j'ai planté celui qui avait osé me voler un bol a marqué les esprits. Je n'éprouvais pas de haine contre lui, mais je devais marquer mon territoire. Et je le referai si c'était à refaire. C'est cela, la vie d'un banni. Si tu hésites, tu es mort !

Oh, bien sûr, j'aurais pu faire ce voyage plus tôt, mais plus tôt, il y a les récoltes, donc des ouvriers, donc des miliciens pour les surveiller et les protéger. Pour protéger les récoltes aussi. Cette période est passée. Restent les vendanges tardives, celles que seuls les plus habiles agriculteurs font pousser, pour s'offrir un rab de fraîcheur et tenir jusqu'au printemps, quand les autres pousses sortiront de terre. Ce sont ces semailles-là que je vise. D'autant qu'elles sont plus robustes. Gérer un champ, c'est du boulot. Ne pouvoir le gérer que quelques heures au plus, certains jours, parce que la Fange est là, cela nécessite des graines solides. D'un point de vue pratique et utile, cette période est la meilleure pour chasser les semailles.

Reste que le trajet ne fut pas simple. Contourner les routes, les villages encore debout, éviter la Fange, les patrouilles, rien qui ne sorte de l'ordinaire jusque là, mais le moindre faux pas est synonyme de mort imminente. C'est passer par les montagnes qui fut solide. Faut connaître les passages pour pouvoir les prendre à mains nues. L'avantage, c'est que les patrouilles et les fangeux, on risque moins d'en croiser. Mais quand on est fauconnier, escalader, faut pouvoir, afin de récupérer un jeune rapace et l'éduquer. Mon faucon était ravi, d'ailleurs et a pris sa liberté, avec ma bénédiction. Après tout, il est mon ami et pas mon prisonnier, et je sais qu'il me retrouvera. Lui le peut.

Faire un large détour pour éviter Najac ne fut pas une sinécure. Ces gens n'ont pas de palissades, mais des chiens, et si le flair de l'un d'eux te repère, mieux vaut s'ouvrir les veines ou s'arracher le coeur, parce que mourir sous les crocs de chiens me paraît encore pire que mourir sous les griffes d'un fangeux. C'est dans les abords d'Usson, à quelques lieues, que je pouvais trouver mon bonheur. Tous ceux qui plantent par ici ne sont pas de grands agriculteurs, mais ils font de leur mieux. Puis j'ai repéré une ferme, avec une étable. Il reste même un canasson semble-t-il. Ceux qui tiennent cette exploitation sont doués, j'y revois un peu le boulot du père. Pas de feu qui sorte de la cheminée, probablement que le fermier n'est pas là. Une bonne chose, finalement, cela me laissera un peu de temps et m'ôtera de la pression.

Bon sang, des poireaux. Ils sont presque à maturité. Et là ? Des potirons ? On n'en cultivait pas, c'est que c'est lourd à transporter et pas le met le plus apprécié. Oui, à l'époque, il n'y avait pas pénurie, on pouvait s'adapter aux goûts des gens. Des panais ! Vraiment du bel ouvrage !

Mais attends ! Pourquoi seraient-ils partis à pied s'ils ont un cheval ? Pourquoi faire un feu en plein jour quand il y a pénurie de bois ? Jocelyn, tu n'es qu'un crétin ! Je sais déjà qu'il est trop tard. Oh, le bruissement de ses pas était léger, mais quand l'instinct se réveille. Je jette un oeil. Le fermier est une fermière, et pour couronner le tout, une archère. Je n'aurai jamais le temps de sortir mon arc et une flèche pour me défendre, elle me tient en joue. Et elle le fait correctement. Je suis archer, je sais comment on tient un arc. Elle attend un mouvement de ma part pour lâcher son trait...

- Mon brave Jocelyn, tu voulais battre des records ? Ben voilà, à 17 ans, déjà, t'es mort...

Inutile de tenter le bluff. "Bonjour m'dame, j'me suis perdu", ça passera pas. "Milice de Marbrume", avec ma tenue non plus. Oh, je passais par là et j'avais envie de faire une sieste, tu m'étonnes... Comme j'aimerais en cet instant ressembler à n'importe qui. Même pas quelqu'un, juste n'importe qui. Je soupire...

- Du bel ouvrage, vraiment. Vous connaissez l'métier, m'dame. J'espère que vous m'brûlerez. J'le regrette, j'aurais pu faire un bon engrais au moins. Et désolé pour le boulot qu'ça va vous occasionner. Et dire que tout ce que je voulais, c'était quelques semailles... C'est qu'j'aurais pu en nourrir du monde, avec un seul potiron. C'est ainsi... Récupérez le lapin à ma ceinture, il est beau et gras, avant de me brûler, que j'l'aie pas abattu pour rien. L'arc risque d'être un poil trop dur à tendre pour vous, quoi qu'il faut jamais douter de rien.

Je me redresse avec lenteur, l'air désolé et acceptant mon sort, sans porter une main vers mon arc ou ma dague. Mais je sais que si j'arrive à esquiver son premier trait ou s'il ne me blesse pas assez, il me reste une chance. Une toute toute petite chance.


Dernière édition par Jocelyn le Mar 15 Jan 2019 - 10:02, édité 1 fois
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyJeu 10 Jan 2019 - 17:37
Les journées fraîches de novembre... paisibles, mais si cruelles car elles annoncent l'hiver. La saison aux champs est passée si vite, malgré les événements tragiques qui ont conduit à la perte de mon époux. Deux mois de veuvage, durant lesquels je n'ai pas eu le temps d'adresser la moindre prière aux Trois. En mourant en septembre, Philibert m'a laissée un sacré travail de récoltes à assumer seule, en plus des soins aux bêtes et de l'entreposage des denrées, maintenant parties pour Marbrume. Mon toit fuit, une clôture est à réparer et je n'ai pas fini d'ensacher les semences qui accaparent toute mon attention. Ma survie dépend de ces précieuses petites graines, disposées sur le séchoir. Au printemps, elles rejoindront la terre pour produire de nouveaux légumes qui se vendront bien en ville. Ma petite cave se remplit et me permettra de passer l'hiver sans trop d'inquiétudes, à condition que la trappe qui y mène reste bien cachée. La ville est gourmande, s'ils savaient, ils me laisseraient à peine de quoi survivre.

Creuser une cave, merci papa pour cette brillante idée. Grâce à toi, l'hiver est un peu moins difficile. Le garde-manger de la maison semble à peine suffire pour me maintenir en vie, mais je sais que sous mes pieds se cachent des lendemains meilleurs. Il faudrait que je fasse boucherie, bientôt. Le cochon est prêt, mais je suis épuisée. Tellement que j'ai préféré laisser des légumes aux champs plutôt que de les stocker. Ça sera plus de travail pour les récupérer, mais ils auront plus de saveur et une taille plus qu'acceptable.

Vais-je tenir le coup, cet hiver? Il faudrait que je me trouve des protecteurs. Le voisinage est loin, et si les Fangeux attaquent alors que je suis dehors, mes chances sont minces. Je devrai compter sur mes réflexes et mon sang-froid. Tiens, le vent a tourné? Quelque chose a changé dans le bruit des herbes. Les poules caquettent un peu plus fort.

Quelque chose ne va pas.

Poser les brindilles de bois sur le sol, s'accroupir, écouter. Mon jeu préféré lorsque je chassais avec papa. Me taire et observer, sans un bruit. Guetter le changement d'odeur de cet endroit que je connais par coeur. Quelqu'un. Sa démarche m'est inconnue. Elle est prudente, comme celle qu'adopterait un étranger qui examine la ferme. Il cherche quelque chose. Doucement, attraper l'arc qui ne quitte jamais mon dos quand je sors, et contourner la maison pour prendre l'intrus à revers.

Ma respiration s'approfondit. Du sang-froid. Tu dois toujours rester maitresse de tes émotions, Mathilde, ça te donnera une longueur d'avance sur ton ennemi. Merci papa. Déjà les battements de mon coeur se calment, tandis que j'encoche silencieusement une flèche. Une dernière expiration, et le voeu secret de pouvoir admirer un autre coucher de soleil sur le champs de betteraves, dont la récolte m'a été si pénible, avant une pluie diluvienne.

Je sors de mon abri. Il me fait dos, ne me voit pas. Il contemple le maraîcher, comme s'il ne savait pas par quoi commencer. Pas les citrouilles, c'est certain. Difficile de courir avec une citrouille. Elles sont un peu petites cette année, l'orage de juillet m'a obligée à faire un nouveau semi. Les fruits ont mis du temps à se former, malgré toute l'attention que je leur ai portée. Il va atteindre le poulailler. Les oeufs, on peut courir avec des oeufs, mais il ne les prendra pas. Il explore, il sait que je suis seule. Si ça se trouve, ce n'est pas sa première visite.

Doucement, mon coeur.

Le mettre en joue au moindre mouvement. Rester à distance. Lui aussi a un arc, ainsi qu'une dague. Égaux en armes, mais probablement pas en force. Il a l'air un peu plus petit que moi. Il doit être rapide, il ne faut pas en arriver à un corps à corps, je me ferais saigner en une fraction de seconde. Il porte du cuir, une flèche dans la jambe suffira, au besoin. Quelques pas de plus et... sa tête s'est relevée! En joue bon sang!

- Du bel ouvrage, vraiment. Vous connaissez l'métier, m'dame. J'espère que vous m'brûlerez. J'le regrette, j'aurais pu faire un bon engrais au moins. Et désolé pour le boulot qu'ça va vous occasionner. Et dire que tout ce que je voulais, c'était quelques semailles... C'est qu'j'aurais pu en nourrir du monde, avec un seul potiron. C'est ainsi... Récupérez le lapin à ma ceinture, il est beau et gras, avant de me brûler, que j'l'aie pas abattu pour rien. L'arc risque d'être un poil trop dur à tendre pour vous, quoi qu'il faut jamais douter de rien.

Tu ne dois jamais te fier aux apparences, Mathilde, la plus laide des carottes renferme parfois le meilleur des goûts. Oui, papa. Je sais. Mais là, un inconnu armé est en train d'explorer la ferme que nous avons conçue ensemble. Il est là pour voler notre travail, et il me tuera certainement s'il en a l'occasion alors pourquoi ne pas régler ça rapidement? Je soupire.

- Je ne vole pas le fruit du travail d'autrui. Même sur un cadavre. Si tu veux des semences, pourquoi ne les demandes-tu pas?

Des semences. Un fermier, reconverti en voleur pour survivre? De quel monde parle-t-il? Je ne l'ai jamais vu dans le coin, est-ce que c'est l'un des paysans embrigadés de force suite à la reprise du Labret? Je ne relâche pas la tension dans la corde de mon arc. Pas encore.

- Mon nom est Mathilde Dumas. Cette terre est ma terre. Mon travail. Qui es-tu et d'où viens-tu?

Voilà, quitte à mourir avant le coucher du soleil, autant lui dire quel est mon nom, pour ne pas être "la fermière que j'ai saignée la semaine dernière". Un nom, ça fait de moi un être humain, avec une histoire, une vie. S'il me ment, je le saurai. J'ai du nez pour sentir ce genre de chose. Il a hésité avant de parler, mais jusqu'ici, il a fait preuve d'honnêteté. Il recherche ma pitié, mais je n'ai pas de pitié quand on s'en prend à ma terre. Ma vie.
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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyJeu 10 Jan 2019 - 21:43
Bon, les choses ne se déroulent pas comme prévu, mais dans le fond, ça m'arrange.

- Bonsoir, m'dame Dumas. J'peux vous emprunter des semailles ? S'il vous plait ?

Si elle se moque de lui, autant jouer le jeu, après tout. Mais elle poursuit et lui pose une question. Qui est-il et d'où vient-il ?

- Jocelyn, j'l'ai déjà dit. J'ai 17 ans, presque 18. J'viens de l'autre côté des montagnes. Ah, permettez ?

Je lui tourne le dos lentement, bras écartés, avant d'agiter mon bras droit. Mon faucon est de retour de chasse. Il abandonne sa prise, un lapin, à mes pieds avant de se poser sur mon bras ganté. Je lui caresse le cou sous le bec avant de le laisser repartir.

- J'vivais dans la ferme des parents au moment des événements, un peu au sud de Sarrant. Quand on a appris les rumeurs, on a décidé de rester. Enfin, le père a décidé et on l'a suivi. Il disait qu'un monde sans agriculteurs était un monde perdu. Z'ont mis plus de temps à l'comprendre en ville...

Quitte à se présenter, hein ?

- Sauf que tout l'monde pensait pas comme lui. Y'a eu des réfugiés. J'présume qu'ils avaient faim. Z'ont attaqué la ferme, ont tout pillé et ont incendié les lieux pour effacer les traces je suppose. J'ai pas été pris dans l'lot parce que j'étais parti à la chasse. Y'avait rien à récupérer, ou presque. Quelques semailles estivales, quand on sait les faire. Deux bols. Mon héritage, quoi...

Il grimace.

- J'ai pas voulu rejoindre la ville où se terraient les meurtriers d'ma famille. J'savais me débrouiller seul. Puis l'duc a eu l'étrange idée de jeter dans la nature les prisonniers, pour pas avoir à les nourrir, après les avoir marqué au bras droit. Certains m'ont rejoint. Alors il a fallu que j'protège ma maison. Un toit, c'est pas du luxe. J'ai pas pu fouiller pour trouver des plants sauvages automnaux pour préparer des champs, parce qu'en plus des bannis, la Fange était là. j'ai pu l'faire au printemps et en été. J'cultive comme je peux, on en aura les bénéfices au printemps. Mais pour l'automne, je manque de tout. Alors j'me suis dit qu'aller voir là où on cultive encore et récupérer quelques semailles pour nourrir les gens, ça serait bien. J'ai attendu maintenant, pour récupérer les semailles des gens qui savent faire des récoltes tardives. Une garantie de meilleure qualité. J'me doutais pas qu'vous étiez là. J'respecte votre travail et j'veux pas priver des gens d'nourriture. Pas des gens comme mes parents.

Il parle trop, et s'en rend compte.

- Mais forcément, vous allez d'mander de voir mon bras. Forcément, j'vais refuser. Forcément, vous considérerez que je suis un banni. J'vais même pas le nier. Mais j'ai des valeurs, les valeurs paysannes. Assez que pour prendre des risques pour trouver de bonnes semailles et les planter l'année prochaine. La Milice doit nous abattre à vue. Vous, vous pouvez faire un autre choix. Chez nous, on troque. Un lapin contre des semailles, ça vous paraît honnête ?

Elle le ralentit en plus, il n'aura pas l'temps de repartir assez loin que pour trouver un abri. Bon, il y a quelques arbres où il pourra dormir. Mais faut qu'il graille, aussi.

- Si au passage vous pouviez cuire le mien... Si vous m'laissez en vie, j'pourrai quand même manger quelque chose. Parce que bon, votre feu, aux alentours, ils doivent connaître. Le mien, il viendra d'où il faut pas. Et forcément, ils m'tomberont d'ssus. Et si vous acceptez l'troc, des graines de potiron, c'est qui nourrirait le mieux en hiver. Ca se garde bien, c'est volumineux, on pourra faire de la soupe pour plusieurs. J'ai plus de doute pour le reste. Surtout dans les conditions où j'dois cultiver...
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyVen 11 Jan 2019 - 3:53
Quelle voix grave pour un si jeune homme. Un paysan. Qui parle beaucoup. Non pas que ça m'embête, mais à part la Milice, de temps à autres, j'ai peu de contacts avec d'autres personnes, surtout depuis la mort de Philibert. Les miliciens passent régulièrement. Ils savent qu'ils trouveront des oeufs et parfois un peu de lait, contre l'un ou l'autre menu service. J'essaie d'être généreuse, parce que je suis une femme isolée et que les bas instincts peuvent s'éveiller n'importe quand chez les hommes. Jusqu'ici, tout va bien, je crois. Écouter attentivement, et tenter de déceler le moindre mensonge. La moindre menace. Quel bel oiseau qui prend son envol!

Concentre-toi, Mathilde, arrête de rêvasser! C'est ce que je fais, papa. Je m'applique à garder un air impassible et à écouter ce jeune homme, qui n'a pas eu la vie facile, à en croire son histoire. Alors qu'est-ce qu'on fait, papa? Mon bras commence à fatiguer, et il le sait probablement. Il est du peuple, de ceux qui font pousser la vie. Il fait ce qu'il peut pour survivre, comme moi. Il a peut-être tué quelqu'un pour sauver sa peau. T'en penses quoi, papa? Rien hein. Si seulement tu étais là.

- Je ne veux pas voir ton bras. Je me fiche de savoir que tu sois marqué ou non. Tu es un être humain. Et si tu dis vrai, tu as fait un long chemin depuis le village des bannis pour trouver ma ferme. Tu aurais pu t'arrêter bien avant.

Mon bras se relâche, doucement. Mon épaule se détend, la corde de mon arc ramollit, mais j'hésite à lui faire confiance et le garde encore en joue, à distance. Est-il de ceux dont on entend les légendes, capables de communiquer avec leurs animaux? Va-t-il ordonner à son faucon de l'attaquer au visage? Si c'est le cas, je suis perdue. Du sang-froid, Mathilde.

- Tu dois être fatigué, et avoir faim. J'allais allumer un feu pour me préparer une omelette. Je peux casser un oeuf en plus. Et si tu veux faire mijoter tes lapins en ragoût, leur viande sera tendre dans quelques heures. Les miliciens sont déjà passés plus tôt dans la journée. A moins d'avoir faim, ils ne devraient pas revenir avant demain, tu n'as rien à craindre de ce côté.

Je baisse mon arc. Ceci sera peut-être ta dernière erreur, Mathilde.

- Nous sommes nombreux à avoir tout perdu, Jocelyn, et nombreux à lutter pour vivre. Si tu décides de me tuer, sois gentil, fais en sorte que ça rapide.

Je souris. Quelle imbécile je dois faire à ses yeux. Ai-je raison de lui faire confiance? Je remets mon arc au dos, et le quitte pour la première fois des yeux, afin de jeter un oeil aux alentours. Rien. Il est seul, et il n'y a ni Fangeux, ni Milice à signaler. Mon regard se pose à nouveau sur lui.

- Le lapin est savoureux, mais j'ai la chance de ne pas trop manquer de nourriture. Je peux manger chaque jour, contrairement à d'autres. Par contre, si tu grimpes sur le toit pour réparer le trou, tu me rendras un grand service qui vaudra des semences. J'ai plusieurs variétés de courges, ainsi que du chou, de la betterave et des oignons qui pourraient t'intéresser. Les choux tolèrent très bien le froid, tu peux les laisser en terre même si l'eau gèle dehors. Si tu me répares ma clôture, là-bas, j'ajoute un sac de lentilles à la mise.

C'est généreux, mais l'est-ce suffisamment que pour le persuader de ne pas me piller? S'il accepte le troc, peut-être pourrait-il me rendre d'autres services et m'alléger un peu la tâche de temps en temps. A condition de ne pas se faire prendre par la Milice.

- Je vais chercher le bois, tu peux entrer si tu veux. Ou disparaître à tout jamais.

Je lui tourne le dos et m'en vais chercher le bois là où je l'ai laissé, de l'autre côté de la maison. J'ai peur, j'ai vraiment peur, mais je ne le montre pas. Je devrais au moins prendre ma dague pour me défendre, au cas où.
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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyVen 11 Jan 2019 - 14:50
J'ai un étrange sourire quand elle me dit que j'aurais pu m'arrêter bien avant. Oui, s'il était venu par Usson. il y a d'autres fermes plus au Nord, cela semble évident. Et d'autres du côté de Najac. Mais prendre la route officielle, ce n'est pas vraiment une bonne idée. Et via l'escalade et en contournant Najac, sa ferme est la première avec culture tardive qu'il ait trouvée. Quant au village des bannis, elle a raison, mais je doute sincèrement qu'elle puisse le situer.

Son explication est loin de me rassurer. Elle cherche à me faire baisser ma garde. Elle me parle omelette, ragoût et je sens la salive dans ma bouche. Mince, c'est qu'elle me donne faim, la garce. Et les miliciens seraient déjà passés et ne devraient plus revenir... Moui, un autre piège à con, ça, pour sûr. C'est juste que la dame n'a pas l'habitude de tuer, elle doit chercher à me retenir le temps que les miliciens se chargent de la sale besogne.

Ah, elle baisse son arc. Je me détends. Les questions occupent mon esprit, mais peut-être était-elle sincère ? Après tout, un abri pour la nuit et un repas... Peut-être a-t-elle réalisé à mes explications que j'étais bien un fils de la terre. Elle avoue à mi-mot être incapable de tuer. C'est donc qu'elle y a songé. Je hausse les épaules.

- Je ne tue que si c'est absolument nécessaire...

Et je suis seul juge de cette absolue nécessité, mais cela, je me garde bien de le dire. Elle observe les alentours, moi aussi. Mes sens sont restés aux aguets mais là je peux aussi user de mes yeux. il n'y a qu'eux deux pour l'heure. Et si elle n'a pas menti... jusqu'à demain. Ah, elle négocie. Le lapin, non merci. Pas de chance, j'ai rien d'autres, moi. Ah, ce sont des travaux d'homme qui l'intéressent ? Un trou dans le toit à réparer et une clôture ? Je jette un oeil vers la clôture. Elle m'invite même à rentrer et part vers l'arrière de sa ferme. Des semailles toutes prêtes, un abri, un repas... C'était l'père qui réparait à la ferme, avec le frère. Moi, depuis mon accident, on m'évitait le risque de me blesser avec des outils. Mais j'ai vu comment on faisait et j'suis pas plus idiot qu'un autre. Bon, sois logique, la clôture est exposée, y'a pas vraiment d'abri. J'peux voir le danger de loin, mais si je suis repéré j'peux pas me planquer. C'est à faire en priorité. Je peux plus facilement me glisser du toit pour entrer dans la maison, et de là haut, je repérerai plus vite qu'eux un milicien ou un fangeux. Je file donc vers la clôture. Ca ne me paraît pas impossible à réparer. Je reviens vers la dame, qui semble déçue de ne pas me voir à l'intérieur. Elle doit imaginer que j'ai filé. Même si elle a les bras chargés de bois, évitons un mauvais réflexe.

- Z'avez quelques outils au moins ? J'suis pas charpentier ni rien, ça vaudra pas le boulot d'un artisan. Mais sans outil...

J'peux pas faire de miracle, ça semble évident.

- J'pourrais finir ça avant la nuit. Enfin, la clôture. Tant qu'il n'y a pas de passage, ça s'ra plus simple. Puis si la nuit est assez claire, sinon au matin, j'pourrais tenter un truc pour le toit. Et bonne idée le chou. Avec le potiron, ça m'aiderait déjà bien. j'ai juste de l'ail pour l'hiver pour l'heure.

Pas des plantations, juste de quoi en avoir relativement régulièrement. En les cultivant à l'intérieur. Mais une tête d'ail, ça ne nourrit pas un village. Pour les soins par contre. Le chou présente ce double avantage de nourrir et de soigner. Et le potiron, c'est massif. Plus que l'oignon ou la betterave, mais qui pourraient bien agrémenter les plats. Mieux que les racines infâmes dont il se contente pour l'heure.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyVen 11 Jan 2019 - 16:03
- Je ne tue que si c'est absolument nécessaire... avait-il dit.

Bon, eh bien ma petite Mathilde, si tu ne te montres pas trop sauvage ou menaçante, tu devrais le voir, ton coucher de soleil. Je ramasse mon bois, toujours vivante. Vivre seule sur une ferme isolée, quelle folie. Maintenant que l'hiver approche, le voisinage est moins porté aux visites. C'est normal, les journées raccourcissent et le travail ne manque pas. Jusqu'ici, je ne craignais que les Fangeux, mais si ce Banni débarque sans prévenir, il pourrait annoncer d'autres visites. Moins courtoises. Papa, tu m'avais dit qu'on n'avait rien à craindre d'eux, que leur "village" était loin du plateau, qu'ils n'attaqueraient pas notre ferme. Grande nouvelle : tu t'es trompé. Les Bannis sont peut-être mes voisins... Il a souri quand j'ai évoqué la possibilité de s'arrêter avant. Est-ce que ça voulait dire que j'avais raison et qu'il vient effectivement de loin, ou bien que je suis la première ferme sur sa route?

Je fais le tour de la maison, les bras chargés du bois qui me permettra de cuir le repas, réchauffer du lait et cuir des galettes pour les prochains jours. La porte est fermée, il n'est pas entré. Il a f... Je sursaute. Derrière moi, sa voix grave. Il est resté, il accepte donc le troc. Je respire, calme-toi Mathilde. Je me retourne et l'écoute. Des outils...

- Dans l'étable. Si j'avais les moyens de m'offrir les services d'un charpentier, ça ferait longtemps que je l'aurais fait. Je vis seule, ici. C'est mon mari qui s'occupait de ce genre de travail, mais il est mort. Et je ne peux pas abandonner ma ferme trop longtemps, les bêtes n'aimeraient pas ça.

Les réserves de semences non plus, de toute évidence. Je n'ai pas besoin de lui indiquer où est l'étable, il a tellement pris le temps d'observer les alentours qu'il doit même connaitre le nombre de poireaux encore en terre. J'espère qu'il est réellement seul, qu'il n'est pas un éclaireur.

- Hé. Si tu m'entends siffler, cache-toi. Je veux pas que la Milice imagine que je cache des bannis. J'ai pas besoin de ce genre d'ennuis.

Il ne manquerait plus que ça. Merde. Je réalisais que c'était un peu risqué de lui demander un service dehors. Comment expliquer qu'un Banni s'affaire à réparer ma clôture, hein? "Il essaie de se racheter". Non. "Tous les bannis ne sont pas de méchants bougres, tenez, celui-ci par exemple, m'a spontanément proposé ses services et a pris tout le nécessaire dans mon étable avant même que je ne lui dise non!". Peu crédible... "J'avais peur de me faire violer alors je lui ai trouver une occupation." N'importe quoi. Je devais rester vigilante et guetter tout passage éventuel.

Je rentre dans cette petite maison qui, jusqu'ici, me donnait la parfaite illusion d'être en sécurité. Comment puis-je être si naïve? Je dépose le bois à côté de l'âtre, et prépare mon feu. La porte est dans mon angle mort, alors j'écoute. S'il entre, je le saurai. Je ne dois pas baisser ma garde, seulement lui en donner l'illusion. Les étincelles qui jaillissent de mon briquet finissent par enflammer l'amadou. Il n'y a plus qu'à nourrir la flamme. Bientôt, il fera chaud et la maison s'emplira de délicieuses odeurs réconfortantes.
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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptySam 12 Jan 2019 - 0:17
Je l'aime bien, la petite dame. Si les situations avaient été inversées, que moi j'avais une ferme et qu'elle était bannie, l'aurais-je aidée ? Sans doute pas, sauf si j'avais compris qu'elle était une terrienne, elle aussi. Je réalise aussi une autre chose, je n'emmènerai pas un autre banni par ce chemin. La tentation peut être forte quand on a faim et d'autres auraient moins de scrupules que moi. Pas tous. Mais dans l'absolu, à ce jour, si je devais présenter l'un ou l'une d'eux à ma mère ou ma frangine, je ne le ferais pas. Et Mathilde me rappelle celles de ma famille.

- Désolé pour ton homme... Si ça peut te rassurer, enfin, de notre côté, j'dois être le seul assez fou pour passer par où j'suis passé et assez têtu pour pousser ma recherche jusqu'ici. J'dois être le seul terrien parmi les nôtres, donc à savoir précisément quoi chercher. J'peux pas promettre qu'il n'y aura pas d'incursion, mais il y a d'autres lieux sur lesquels tomber avant le tien. Et dans mon monde, on met pas en danger quelqu'un qui ose se mouiller en nous voyant encore comme un humain, derrière le banni.

C'est un engagement que j'prends, qui vaut ce qu'il vaut. Ma parole, dans l'absolu, n'a pas plus de valeur qu'une autre. Et dans le monde en général, elle n'en a aucune. Sauf mon honneur. Je file dans l'étable, regarde le cheval en souriant puis récupère les outils. Autant faire vite. Bon, redresser le piquet, c'est pas bien compliqué. Le planter un peu non plus. Par contre, porter la partie clôture. J'suis un souple moi, pas un puissant et le bazar doit bien peser une tonne. C'est quasi avec le dos qu'il faut que j'le porte, mais j'arrive à faire un truc qui me semble plus que potable. Je secoue un peu pour voir si ça tient. Bon ben j'l'aurai bien mérité, le repas. Et des premières semailles. Je ramène la boîte à outil dans la maison et non l'étable, car il restera le toit, puis je ressors pour prendre de l'eau au puits et me rincer. C'est que j'ai transpiré... d'un côté du moins. Mais je n'ôte pas mes fringues, je me lave dessous, avant de revenir dans la maison.

- Ça fait du bien de retravailler comme avant, de rentrer et sentir la chaleur d'un feu. Avant, j'avais tout ça et je réalisais pas. Et là, maintenant, ça m'semble être le paradis. Je monte jeter un oeil au toit, pour voir si j'sais faire quelque chose.

Finalement, j'suis presqu'heureux d'avoir été surpris. Les journées agréables sont rares. J'oublie que je suis un banni, je me sens paysan. Enfin, plutôt ouvrier agricole, ce qu'j'ai jamais été. Mais ça aurait pu être un vrai boulot si l'Duc avait ordonné de marquer les bras gauche et non les droits...
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Mathilde VortigernFermière
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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptySam 12 Jan 2019 - 4:42
Je ne peux m'empêcher de sourire. J'ai envie de lui faire confiance, contre tout bon sens. T'as peut-être pas tort, papa, sous le feuillage qui fait peur se cache un beau légume. Mais je reste prudente. Je suis dans une position délicate.

Et dans mon monde, on met pas en danger quelqu'un qui ose se mouiller en nous voyant encore comme un humain, derrière le banni.

- Pourquoi? Parce qu'un jour, un gars qui ne connait pas la vraie vie a décrété qu'on allait diaboliser les bannis plutôt que de leur offrir une chance de vivre et de donner un coup de main. C'est stupide.

Je place deux bûches sur les flammes, ça ira pour un moment. Je me relève et me retourne pour lui faire face.

- Mon père m'a toujours dit que la parole de ceux qui n'ont rien vaut tout l'or du monde. C'était un homme d'honneur. Comme toi.

Il s'éclipse vers l'étable pour en ressortir quelques instants plus tard. Je guette, par la fenêtre. Bon, il a l'air de s'en sortir. Il n'a pas du travailler beaucoup avec ses parents, sans doute à cause de ce qui se cache sous son masque. J'ai envie de savoir, mais c'est indiscret, et je ne voudrais pas qu'il le prenne mal. Bon, moi aussi j'ai à faire. Casser des oeufs, les mélanger à un peu de crème et des légumes découpés plus tôt. Un restant de courge et un oignon, auxquels j'ajoute un peu de ciboulette séchée cet été. Il ne restera qu'à faire cuire lorsqu'il aura fini. Je place la poêle sur le feu, elle sera chaude à son retour.

L'espace d'un instant, je me prends à apprécier de préparer un repas pour quelqu'un d'autre que moi. Philibert, tu étais un bon compagnon. J'aurais aimé pouvoir t'aimer. Eh bien, le revoici, avec mes outils et... il repart. Bon, c'est qu'il n'a pas fini. J'en profite pour découper deux épaisses tranches de pain. Mon estomac gargouille. J'ai faim. J'ai grignoté quelques châtaignes ce matin avant de commencer mes corvées, elles sont loin maintenant. Le revoilà. Lavé.

- Merci Jocelyn, j'apprécie ton aide.

Le paradis. C'est de pouvoir se reposer de temps en temps sur quelqu'un, quand le corps n'en peut plus d'être sollicité, oui. Je jette un oeil par la fenêtre tout en préparant les semences et les lentilles, que je place dans des poches de tissu. Le calme plat, comme d'habitude.Tant que les oiseaux continuent de chanter au loin, tout va bien. Ça ne durera pas, hein papa, alors profitons-en.
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JocelynBanni
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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptySam 12 Jan 2019 - 20:47
Elle apprécie mon aide, ça me donne envie de faire au mieux de mes capacités. Après tout, elle s'expose pour moi. J'ignore quelle peine est prévue pour quiconque aide un banni, mais je doute que ça se limite à un "ne le refaites plus, hein ?". Bref, c'est enthousiaste et encouragé par l'odeur du repas qui cuit que je file vers le grenier pour constater l'ampleur des dégâts. La charpente est bonne, enfin je le crois. Le trou, par contre, est grand. J'essaie de cerner la logique de ce qui s'est fait ailleurs sur le toit et ne la cerne pas. Avoir du bon sens terrien ne permet pas de découvrir les règles de l'architecture. Alors je réfléchis à ce que je peux faire.

J'opte pour récupérer une planche du box du cheval et de la placer sous le trou du toit. Puis, dessus, d'essayer de mettre du foin usagé, celui dont on peut faire du compost, mais pas trop souillé. Cela me fait courir d'un point à l'autre. La nuit commence quand je termine mais au moins, ça couvre. Cependant, j'opte pour dire la vérité à Mathilde.

- J'ai fait au mieux et cela pourrait tenir, mais combien de temps, j'en sais rien. C'est plus du calfeutrage qu'autre chose mais ça peut dépanner. Comme vous avez des miliciens qui passent et que certains avaient un vrai métier avant de dev'nir milicien, demandez-leur de jeter un œil. Vous les nourrissez, ils vous le doivent bien. J'pense que vous avez assez d'bon sens pour séparer le bon grain de l'ivraie chez eux. En espérant que ma réparation vous permette d'attendre de tomber sur le bon gars.

Il ne va lui mentir, pas à elle. Elle lui a demandé un boulot que lui ne sait pas faire. Il n'a pas eu le temps de l'apprendre. A l'époque d'avant les fangeux, on pouvait faire venir un charpentier contre même des poulets ou un mouton, suivant l'importance du travail. Et on pouvait observer son travail. Mais déjà je vivais caché des gens. Avant de porter ce masque, qui rend mon aspect inquiétant mais moins monstrueux. Le temps heureux où j'ai pu recommencer à voir des gens a été trop court. Les rumeurs ont démarré et tout s'est enchaîné. Quelques semaines à peine. Je n'ai pas pu apprendre.

- Pardon d'avior été aussi long, mais j'me dis que mes lapins ont eu le temps de mijoter, non ? Au moins, comme ça, je n'ai pas l'impression de vous voler un repas. J'repartirai dès le lever du soleil, aussi pour pas vous mettre en danger. Un coin d'grenier me suffira largement pour dormir, et je n'ronfle pas. Les ronfleurs ne survivent pas dehors.

Autant qu'elle sache que j'vais l'ennuyer le moins possible. je reste au milieu de nulle part, avec des miliciens qui dominent la zone, donc une bonne partie avec des chiens. C'est pas vraiment le lieu le plus conseillé pour un banni ou même un brigand. En prime ici, ils doivent tous se connaître, tu peux pas te fondre dans la foule. Venir était un gros risque, surtout pour un projet qui ne sera viable que dans un an. Mais les bannis forment une nouvelle civilisation, et une civilisation sans agriculteur ne peut survivre. C'est sa mission, sacrée.
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Mathilde VortigernFermière
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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyDim 13 Jan 2019 - 2:48
Je fais une petite moue. Je savais que les infiltrations indiquaient quelque chose de plus grave, j'aurais du y être plus attentive et ne pas reporter. Innocente Mathilde, tu me fatigues. Il faudra que je demande aux miliciens, mais leur être redevable est quelque chose qui me déplaît. La relation des forces n'est pas à mon avantage, tant sur le nombre que sur la réputation.

- Je tâcherai de monter là-haut avant les premières neiges. J'ai le vertige.

Je ris doucement. Avoir peur du vide quand bien d'autres choses pourraient me mener à la mort. Famine, fangeux, vol qui tourne mal,... mais c'est la hauteur du toit qui me pose problème. Je lui désigne une chaise, la plus proche de la fenêtre arrière de la maison.

- Installe-toi, tout est prêt. Je t'ai gardé les peaux à côté des semences. Je t'ai emballé une pomme et deux galettes d'avoine pour ton voyage de demain. Je pensais laisser refroidir les lapins pour te les emballer mais je serai très contente d'y goûter un bout.

Je verse le mélange de l'omelette dans la poêle chaude, et retire la marmite de la crémaillère. Dedans, le ragoût trahit la présence de quelques herbes et légumes. Je sers deux portions modestes dans des bols, et dépose les tranches de pain sur la table.

- Je suis contente de partager un repas, ça fait un moment que c'est pas arrivé. Tu pourras dormir près du feu, on poussera la table et on placera une paillasse à terre. Je dors de l'autre côté de la cheminée. Le coq prend un malin plaisir à me réveiller avant le lever du soleil, de toute façon je ne dors que d'un oeil, je te réveillerai si j'entends quelque chose. Ce soir, on peut se fier aux oiseaux. Tant qu'ils chantent, ça va. Ils se taisent quand une milice approche, et ils deviennent fou quand c'est un Fangeux.

Arrête de parler, Mathilde, t'en oublies ton omelette. Merde. Je la retourne. A peine brune, parfait.

- J'ai mis quelques oignons spéciaux dans tes semences. Je les appelle les Marcheurs, parce qu'ils s'étendent sur des lignes presque droites, sans qu'on ne fasse rien. T'as le temps de les mettre en terre maintenant. Si tu le fais, ils seront les premiers à émerger au printemps. Tu peux prélever une ou deux tiges par plant pour cuisiner, et puis au bout de quelques semaines, ils montent en fleur et font un tas de petits oignons. T'en recueilles quelques uns, tu laisses la nature faire le reste. La tige va plier, casser, et les petits oignons vont semer de nouveaux plants. Ça dure jusqu'à la fin de l'automne. Ça me paraissait bien, si t'as peu de temps à accorder aux cultures.

... Je m'emballe. Je fais la conversation parce que j'ai pas parlé longuement depuis des semaines et que je n'ose pas lui poser les vraies questions. C'est quoi la survie des bannis? Pourquoi porte-t-il un masque? Combien de personnes a-t-il tuées? Est-ce que la vie de cultivateur lui manque? Je dépose, en silence cette fois, les deux parts d’omelette sur les tranches de pain. Je termine le service en versant du lait chaud dans deux gobelets, et je m'assois enfin à table.

- Bon appétit?
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JocelynBanni
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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyDim 13 Jan 2019 - 10:39
J'essaie toujours de garder un visage impassible, mais quand elle me dit qu'elle a le vertige, je ne peux que hausser un sourcil bien haut. Quoi, elle cueillait pas les pommes dans les arbres quand elle était petiote, la Mathilde ? Par contre, j'ai un sourire très tendre quand elle me parle de galette d'avoir et d'une pomme emballée, en plus des semailles. Elle me rappelle ma mère, qui me préparait mon frichti avant que j'parte à la chasse.

- Pouvez garder les peaux, m'dame, j'saurai pas les échanger de toute façon... Par contre, les entrailles des lapins et les pelures et coquilles, si vous pouviez m'les mettre dans un bol. Pour mon faucon. Il s'débrouille très bien tout seul, mais ça f'ra comme un festin pour lui. On peut manger les lapins, une longue journée m'attend demain, autant que j'prenne des forces.

Avec mon look, je n'risque pas de passer inaperçu pour troquer, et la discrétion est le seul atout dont un banni peut se prévaloir pour se balader en ville. Et pour les forces, refranchir la montagne avec mon nouveau barda sur le dos ne sera pas une sinécure. Par contre, la suite de son discours me fait presque froid dans le dos. Si son bonheur de partager un repas me réjouit, le reste de son analyse me laisse pantois. Ils sont vraiment dans un autre monde, dans le Labret.

- Ca n'a pas d'bon sens, Mathilde. Pas que j'doute de vos oiseaux et du silence qu'ils peuvent faire quand la Milice approche. C'est sans doute grâce à ça que vous m'avez repéré, d'ailleurs. Mais c'est la chasse plus que le fangeux qui excite les oiseaux et un fangeux peut parfaitement juste se balader et les oiseaux ne donneront pas l'alerte. C'est pas vot' porte qui l'retiendra. J'ai bien senti qu'il y avait moins d'fangeux de c'côté-ci des montagnes, mais quand même...

Comment le lui expliquer en étant clair ?

- La montagne est un abri, Usson une protection et de l'autre côté, les chiens de Najac vous couvrent. Si un fangeux pénètre quand même dans le Labret, il aura d'autres points d'attaque qu'ici, ça, d'accord. Mais imaginons qu'un milicien qui a juste été blessé aie l'idée saugrenue de cueillir une pomme, qu'il chute et se brise le cou. Il deviendra fangeux, peut-être à une lieue d'ici. Il suffit d'un seul, hein ? Le sol, c'est le lieu le plus dangereux où dormir, faut la hauteur. Ils savent grimper, mais pas n'importe où et ont tendance à r'garder par terre ou à hauteur d'épaule, pas en l'air. Dame, z'avez un grenier et une échelle pour y accéder. La nuit, vous montez et vous retirez l'échelle. Le mordeur visitera un peu, puis partira, mais il vous mordra pas. Dormez près d'la cheminée, elle chauffe aussi en haut, savez ?

Ce petit conseil pourrait lui sauver la vie. Elle a épargné la mienne, nous sommes quittes. Enfin, épargné...

- Z'avez jamais tué, pas vrai ? J'vous souhaite de n'avoir jamais à l'faire. Mais faut pas hésiter, sont pas tous comme moi. La faim pousse aux pires extrémités, et y'a pas qu'ça. Vous pourriez presque vous estimer heureuse qu'on n's'en prenne qu'à votre vertu. Parce que ça serait trop dangereux de laisser un témoin d'not' passage en vie. Dans mon monde, c'est tuer ou être tué, les alternatives comme celles qu'on vit sont rares...

Inexistantes sont un meilleur mot. Tout en faisant honneur au repas, le plaisir des couverts étant un ravissement pour moi, une forme de retour à la civilisation, j'inspecte les semailles dont elle m'a fait don. Elle a été honnête et n'a pas cherché à m'arnaquer. Les "marcheurs", je connaissais pas, faut dire que chaque fermier aime certaines spécificités et celle-ci me plait.

- J'aimerais bien donner du temps pour les cultures mais vu ce qui grouille de notre côté, rester une heure sur place tient plus encore de la folie que de l'exploit. Ce sont plus des plants semi-sauvages qu'autre chose, forcément. Puis ni fourche, ni bêches, tout retourner à la main ou à la dague, faut trouver la bonne terre et espérer que la météo soit favorable. Mais c'est mieux que rien. Le dernier hiver a été un enfer.

Quand on a rien, l'hiver est la plus atroce des saisons. Elle n'est déjà pas simple quand on a. Elle pourra le voir, c'est le lait chaud qui m'émeut le plus. Du lait... chaud en plus. C'est à peine si j'ose y toucher.

- Bon appétit, Mathilde. J'pense que je m'souviendrai de ce repas bien bien longtemps.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyDim 13 Jan 2019 - 16:38
- T'es sur pour les peaux? Ça te ferait de bonnes mitaines pour l'hiver. Encore faut-il avoir le temps de s'en occuper.

Je l'écoute. Et je soupire.

- C'est tellement bête. Il suffirait que je chauffe assez pour que la cheminée accumule de la chaleur et la rediffuse la nuit. Je sais pas où j'ai la tête. Partout et nulle part à la fois, je crois. On montera.

Je garde le silence, le temps de quelques bouchées. Que ça fait du bien. Je ne suis pas étonnée de le voir chamboulé par le lait. Ma vie routinière est un véritable luxe pour bien d'autres personnes. Du lait, des oeufs, et bientôt un peu de viande, en plus de réserves convenables pour l'hiver. Pas d'inquiétudes pour mon estomac, à condition que je gère bien mon humble stock. Ce soir, c'est bombance. Demain, je devrai aller cuir mon pain à Usson.

- J'ai épousé un homme que je n'ai jamais aimé, j'ai pas eu le choix de me donner à lui. Alors la vertu, hein... Note, j'ai eu de la chance, il était gentil et doux, mais c'est pas le cas de tous les mariages. Je suis contente de ne plus être liée à un homme, d'une certaine façon. Je suis libre. C'est déstabilisant, j'apprends à la dure, parfois j'ai la trouille, mais je fais mes choix. Je vis avec.

Je haussai les épaules. Elle ne serait pas la première femme à se débrouiller seule.

- J'ai vu que tu me disais la vérité. Si tu m'avais menti, je t'aurais tiré dans la jambe. Ça m'aurait donné le temps d'encocher une autre flèche et de t'immobiliser complètement. Je suis bonne archère. Je l'aurais fait, si t'avais été menaçant. Mais comme je ne suis pas dans la milice, rien ne m'oblige à obéir à l'ordre de tirer à vue. Tant que je fournis de la nourriture à la ville et que je ne fais pas d'histoires, je suis libre.

Je l'écoute encore, il donne quelques éléments de son quotidien. Ce n'est pas le genre de vie auquel je pourrais me faire. L'incertitude permanente, les risques, l'instabilité. Je suis une femme de la terre, j'ai besoin de planifier, semer, patienter, récolter. Chasser était un plaisir occasionnel avec papa.

- J'aimerais pouvoir t'aider un peu plus. Toi et les autres. C'est un peu naïf, hein? Sois libre de ne pas répondre mais... Ton masque, c'est quoi son histoire?
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JocelynBanni
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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyDim 13 Jan 2019 - 19:10
- Sûr, m'dame, elles m'encombreront plus qu'autre chose. Puis j'sais pas coudre de toute façon. Et mes gants sont bons. Heureusement qu'j'ai arrêté de grandir à 15 ans.

J'suis pas bien grand pour un homme, mais ma taille me convient. Des plus massifs que moi galèrent bien plus pour se planquer ou grimper à un arbre. Je peux miser sur ma souplesse et ça n'est pas du luxe. Je suis ravi, elle entend mon argument. Notre rencontre n'aura peut-être pas été vaine. Par contre, son aveu concernant son époux et la vertu me laisse perplexe.

- J'sais pas trop si on peut comparer un mariage arrangé et un rapport forcé, puis j'doute que l'éventualité que j'ai soulevée se passe en douceur. Mais tant mieux si votre époux était un type bien. 'fin, pour ce qu'j'en sais. Pour le reste, j'pense que ma mère aurait pu tenir la ferme seule, dans l'absolu. Z'avez jamais songé à engager un ouvrier, homme ou femme d'ailleurs.

L'idée m'a traversé l'esprit. C'est un truc que j'aurais pu faire, dans l'absolu, si les choses s'étaient mieux mises en place. J'suis convaincu que ça se serait passé correctement si la dame avait été sa patronne. 'fin, ça, on ne le saura jamais. Mais l'idée lui a offert une évasion. Elle revient sur notre rencontre, mon statut de banni et je remarque qu'elle me tutoie. Autant que je le fasse aussi...

- Bon, tu n'ignores pas que certains sectaires parmi les nôtres ont attaqué le Labret et attenté à la vie du Duc. Alors, effectivement, rien ne t'oblige à nous abattre. Je doute qu'on attende cela d'une femme. Mais de là à nous venir en aide, il y a un pas qui ne sera pas accepté. Tu finiras pendue. Des fermières, ça se remplace, dans l'esprit du Duc. Tous ceux qui connaissent pas le métier s'imaginent que ça n'est pas bien compliqué.

J'ai bien compris qu'elle voulait m'aider. Et elle est même prête à nous aider tous.

- Ce sont pas des perdreaux qui ont été bannis. Des assassins, des violeurs. Et c'est pas forcément les plus tendres qui ont survécu. J'apprécie votre offre, mais oui, je la trouve naïve. Quant à l'histoire de mon masque...

J'hésite. Elle ne m'a pas jugé jusqu'ici et s'est même montré bienveillante. Même si elle devait connaître toute l'histoire et tout savoir, je doute que d'autres soient mis au courant. Et pourtant...

- Histoire d'eau... Je doute qu'elle vous passionne. Mais je suis moins effrayant avec que sans...

J'estime que l'explication suffit et je termine tranquillement mon repas. La nuit est là, le couvre-feu aussi. Il n'y aura plus de danger, plus de milice à tout le moins. Un bon repas, un toit et pas d'angoisses à avoir pour quelques heures, dans ma vie c'est du luxe.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde)   [Terminé] Il n'y a que la semaille qui m'aille (PV Mathilde) EmptyDim 13 Jan 2019 - 20:45
- Forcé par les liens d'un mariage pas vraiment consenti, ça reste forcé. Mais c'est pas grave, si la dame est mariée...

Je le dis sur un ton sarcastique. J'ai des idées divergentes quant à la place de la femme dans la société. Peut-être parce que mon père est ma figure d'autorité et qu'il m'a élevée comme son égal.

- J'aurais préféré désirer mon mari. Un minimum. Être impatiente que la nuit tombe, pour m'allonger à côté de lui.

Je m'empourpre. Est-ce vraiment approprié? Il s'en fiche comme de ses premières chaussures. Changeons de sujet. Le mariage m'a un peu ramollie, j'ai dû laisser de la place à Philibert et prendre la place que ma mère avait laissée à sa mort. Je retrouverai bientôt les bons réflexes et la bonne attitude, celle d'une femme menant sa ferme seule. Avec des employés. Un, pour commencer.

- J'y songe. A engager, je veux dire. J'ai tellement couru pour fermer les champs et finir à temps que je n'ai pas eu le temps de chercher un aide. Enfin... je n'ai pas pris le temps serait plus correct. Philibert est mort il y a 2 mois, pile dans les récoltes. Un fangeux. Je vais à Usson demain pour cuir mon pain, j'en profiterai pour tenter de recruter quelqu'un. T'es sûr d'être un banni recherché et impossible à cacher? J'te garderais bien, honnête et travaillant que tu es.

Je souris. Après tout il a l'air fiable, même s'il n'a pas dû travailler autant que ce j'imaginais. Il passe au "tu", il était temps. Pour lui dire qu'elle finira pendue. Charmant. Il est charmant. Mais bon, très sensé. J'ai tendance à chercher le bon fond de ceux que je croise. J'ai un don pour ça, un don qui finira par me jouer des tours. Il esquive l'histoire du masque, je n'insisterai pas. C'est pas le moment de le froisser.

- Effrayant? Tu n'as rien d'effrayant. J'ai peut-être espéré que tu ne demandes pas à ton faucon de me bouffer les yeux mais pour le reste... On pourrait difficilement te confondre avec un gars d'ici mais tu n'es pas effrayant.

Des lèvres charnues, un regard que j'évite pour ne pas m'y noyer, une voix grave qui se prête à l'atmosphère calme de la nuit naissante. Je me lève, la nuit tombe. Je ferme les volets et remet une bûche dans le feu qui illumine la pièce.

- Je préfère être pendue demain en ayant aidé un être humain que de vivre vieille en allant contre mes valeurs. Fange ou pas fange. Je ne fermerai pas ma porte à quelqu'un qui demande de l'aide.
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