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| [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) | |
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JocelynBanni
| Sujet: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Mer 30 Jan 2019 - 9:46 | | | 28 février 1166 Ferme au sud d'Usson Il s'en est passé des choses dans la vie du jeune banni depuis la fin du dernier automne. Et s'il avait su ce qui l'attendait dans cette ferme du Labret... il serait venu plus tôt. Venu pour "emprunter" quelques semailles, histoire d'éviter que le prochain hiver soit aussi galère. Il avait été surpris inspectant son champ par la propriétaire des lieux, une fermière veuve prénommée Mathilde. Celle-ci le tient sous la menace de son arc puis décide de lui laisser la vie sauve, lui proposant de lui offrir les semailles qu'il recherche en échange de la réparation de sa clôture et de sa toiture. Et il me faut l'avouer, travailler honnêtement pour gagner ces semailles m'a fait du bien, d'autant qu'en plus du précieux paiement, elle m'a offert un repas divin, surtout le lait de chèvre. Mais il y a eu plus. Mathilde n'a pas été effrayée par ma cicatrice et m'a témoigné de l'attrait. Une tension tendre, presqu'érotique, s'est installée entre nous. Et si nous n'avons même pas échangé un chaste baiser, les choses auraient pu se faire. Nous avons passé la nuit ensemble et je l'ai tenue nue dans mes bras, sachant qu'un simple geste l'aurait conduite à une activité que mon corps réclamait, mais mon inexpérience et la peur de gâcher une compliicté m'ont retenu. En partant au petit matin avec mes prises de guerre, j'avais des regrets et une farouche volonté de ne plus y penser, mais depuis, j'y pense toujours. Je n'ai pas d'impossibilité de voir des femmes, pourtant. Il y a Isaure, une bannie, qui est mon amie et ma confidente. J'ai depuis rencontré Serena, milicienne de l'externe à qui j'ai sauvé la vie et qui a sauvé la mienne, qui a craint pour sa vertu et que je trouve aussi admirable que touchante. Et Flore, herboriste des faubourgs de Marbrume, qui m'a recueilli et soigné après que je me suis sévèrement blessé la cheville et pour qui je ressens une profonde affection. Mais Mathilde m'obsède. J'ai envie de connaître ses lèvres... et bien plus. Cela fait une semaine seulement que ma cheville est rétablie. Il m'a fallu une semaine pour rejoindre le village des bannis, où j'ai avancé par toutes petites étapes, dormant dans les arbres et me nourrissant de vers. Et si je n'étais pas des six, archer, agriculteur et chasseur, ma faiblesse passagère aurait pu me coûter bien plus cher, même parmi les miens. Je sais que certains ont douté, mais aujourd'hui j'ai à nouveau toutes mes facultés. Je suis passé par mon "champ sauvage" dont je pourrai tirer les premiers fruits à mon retour du Labret, mais là, l'envie était trop forte. Le chemin vers chez Mathilde est à nouveau praticable, le printemps semble être revenu et je n'ai pas résisté à la tentation. Le chemin m'est connu, j'y ai mes repères pour éviter autant que possible la milice. Je n'ai plus commis d'erreur, je n'ai pas perdu ma concentration, et une fois à portée de vue de la ferme, je me suis enfin interrogé. Voudra-t-elle encore me revoir ? A-t-elle rencontré quelqu'un ? La Milice est-elle chez ele ou a-t-elle engagé un saisonnier ? Venir la fleur à la main serait stupide, déjà il faudrait qu'elle m'indique si le passage est libre. Elle m'a dit que sa maison était ma maison, elle doit s'attendre à ma venue. J'envoie mon faucon se poser sur son toit. Elle le verra ou l'entendra certainement. Et si elle me fait signe que le passage est libre, je la rejoindra sans hésiter. Et après ? Je verrai bien. Mais j'hésiterai moins. Raah, que ces choses sont compliquées, les animaux se posent moins de questions... enfin... je crois...
Dernière édition par Jocelyn le Ven 22 Fév 2019 - 17:36, édité 1 fois |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Mer 30 Jan 2019 - 15:49 | | | L'hiver a été clément pour la fermière. Après avoir passé un automne à essayer vainement de prendre le dessus sur l'ensemble des tâches de la ferme, Mathilde avait su tirer profit de l'hiver. Un contrat conclu en ville lui garantissait un nouvel apport monétaire, ce qui lui avait permis, depuis deux semaines déjà, d'engager un aide-maraîcher recruté à Usson. Oh bien sûr, la croissance des plants était très limitée, en dépit des techniques développées et mises en place au champ, mais cela donnait le temps à Mathilde de montrer à son aide tout ce qu'il y avait à faire, et surtout, comment le faire. A sa façon. Et puis elle avait repris la bonne habitude de rendre visite à Lance, son ami d'enfance, jeune papa et jeune veuf, d'une gentillesse infinie et d'un humour parfois douteux. Elle l'aimait beaucoup, et il était toujours prêt à rendre service en échange d'un peu de répit dans sa vie de père.
Mathilde était heureuse d'avoir de la compagnie en journée, même si cela se traduisait souvent par de longs moments de silence, chacun vaquant à ses tâches. Arthur était un jeune gringalet plein d'entrain. Ses parents étaient soulagés de le savoir enfin occupé à d'honnêtes travaux. C'est qu'il avait failli se faire attraper à voler, ce qui aurait jeté un déshonneur sur sa famille et aurait compromis ses chances de trouver une bonne épouse dans les parages. Tout se savait, au Labret. Enfin presque tout. Mathilde avait tendance à vouloir chercher le bon en chacun. C'était un peu naïf de sa part, elle le savait, mais on se serrait les coudes au Labret, et on tirait profit de tout, même des jeunes chenapans. Elle l'avait pris sous son aile, à l'essai. Il savait qu'à la moindre entourloupe, il serait retourné à Usson, après avoir pris un bain dans le lisier de poule.
L'après-midi était déjà bien entamée. Arthur réaménageait le poulailler pour qu'il puisse accueillir des poules destinées à être consommées par les clients d'une auberge de Marbrume, tandis que Mathilde avait les deux mains plongées dans la terre encore fraîche du champ occupé par les légumes d'hiver. Les derniers poireaux et oignons séchaient au soleil, tandis que...
Mathilde s'était redressée, les sens aux aguets, et scrutait maintenant l'horizon. Les oiseaux s'étaient tus. Tous sauf un, qui traversa le ciel pour se poser sur le toit de sa maison. Elle plissa les yeux. Avait-elle bien vu un faucon passer? Elle prit une grande inspiration, pour calmer les battements de son coeur et faire taire les pensées qui, tout à coup, se bousculaient dans sa tête. Le faucon précédait-il son maître banni?
Mathilde jeta rapidement -mais soigneusement- les poireaux et les oignons dans sa brouette et prit la direction du poulailler pour y retrouver Arthur, occupé à prendre le soleil. Tss.
- Pris sur le fait, Arthur!
Le gringalet se redressa d'un bond pour faire mine de travailler, mais se savait découvert. Il prit sa mine la plus penaude, et marmonna des excuses. Mathilde explosa de rire.
- C'est bon pour aujourd'hui. Je suis fatiguée, je prendrais bien un peu de repos. Fais de même, rentre chez toi, aide tes parents et dis à ta mère de s'occuper de ceci.
Elle lui donna deux poireaux et trois oignons.
- Tu travailles bien et tu apprends vite, vois ça comme un encouragement.
Le garçon la remercia, les yeux brillants, et alla se décrotter avant de quitter finalement la ferme par le chemin principal. Durant tout ce temps, Mathilde avait régulièrement regardé le faucon, et espéré qu'elle ne se trompait pas. En temps normal, elle aurait couru au puits pour se laver rapidement les bras et les mains, qu'elle avait couverts de terre, ainsi que son visage où l'on pouvait voir quelques traces de terre au niveau du front et du nez. Elle se serait ensuite précipitée à la maison pour mettre la marmite sur le feu et embaumer l'air d'une douce odeur de soupe aux légumes. Elle se serait débarrassée de son tablier, plus brun que blanc, et aurait remis ses cheveux en place, pour finalement balayer le seuil de la maison. Mais au lieu de cela, elle resta debout, à côté de sa brouette, au milieu de la cour, et regardait le faucon perché en haut de son toit. Elle avait souvent pensé à Jocelyn, sans oser espérer le revoir. |
| | | JocelynBanni
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Mer 30 Jan 2019 - 20:32 | | | Bonne intuition, la veuve avait bien un saisonnier, qu'elle a chassé poliment. Enfin, je le suppose. Par les Trois qu'il est lent à partir. Je scrute l'horizon pour voir si d'autres peuvent nous repérer. Non, la voie est libre. Je me redresse de ma cachette et souris avant de me précipiter vers elle. Je les ai tellement imaginées, ces retrouvailles. Alors, autant y aller franco...
J'attrape Mathilde par la taille, pour la faire basculer un peu. Oh, qu'elle ne doute pas de mon envie de la revoir. Le moment est venu, celui de mon premier baiser. Je ne lui ai pas vraiment demandé son avis, mais flûte. Si on doit discuter, je vais hésiter et me dégonfler. J'ai du cran pour certaines choses, mais pas pour celles-là. Je plonge vers ses lèvres, et mon nez, partie métallique, se cogne sur le sien...
Je la redresse et la libère, honteux et confus.
- Dé... Désolé... J'avais tellement rêvé de ce moment et...
Je file un coup de pied à une motte de terre qui ne m'avait rien fait puis hausse les épaules.
- Je rêve de ce baiser depuis le jour où on s'est vu, un peu après le repas. Je voulais qu'il soit parfait et...
Jocelyn, il est plus que temps que tu la fermes. Bon, je regarde le sol.
- Et si on rentrait ? Il ne fait pas encore nuit et des gens pourraient passer.
J'essaie de masquer ma gêne... Masquer... Bon sang, je m’enfuirai bien tellement je me sens gauche. Rien à faire, avec elle je perds mes moyens et mon assurance. Je la fuis du regard pour observer le champ.
- Z'avez fait du bon boulot... Et en prime, je réalise que j'arrive les mains vides. J'suis pas doué pour ces choses-là, pardonne-moi ! |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Mer 30 Jan 2019 - 21:19 | | | Bordel de merde, c'est bien lui. Du sang-froid Mathilde. Je respire. Il est vivant. J'ai envie de pleurer de joie, mais mes larmes ne franchissent pas la barrière de mes cils, tandis que je le regarde approcher. Malgré tout, je jette un oeil aux environs. Personne. Pas de fangeux. Pas de milice. Pas de voisin. Il m'attrape par la taille, je le l'enlace, et...
- AOUTCH!
Il me relâche, j'éclate de rire en me frottant le nez. Il est gêné, je chasse la douleur. Aaah Jocelyn, je le sais qu'on a fait du bon travail, arrête de fuir. Je pose mes mains terreuses sur son visage, au niveau de sa mâchoire, l'attire à moi et l'oblige à me regarder.
- J'ai cru que tu ne reviendrais jamais. Tu m'as manqué!
Ces yeux. Cette bouche! L'espace d'un instant, plus rien n'existe. Je l'embrasserais, là, tout de suite... mais je me retiens. De la pudeur? Non, je sais qu'il en a envie lui aussi, je veux simplement le désirer encore un peu, ce baiser. Puis je me reprends. Rentrer, oui, d'autant plus que je n'ai pas vu la milice passer aujourd'hui. Il n'est pas dit qu'elle passera, mais je préfère ne pas lui faire prendre de risques supplémentaires.
- Entre. Tu es chez toi. J'arrive.
Et rapidement, le coeur léger, j'entasse la récolte du jour dans un panier, attrape un seau d'eau de l'autre... puis dépose le tout sur le sol et court vers lui.
- Attends!
Je l'enlace à nouveau, pose une main dans son cou, lui aussi masqué par un large collier. J'y porte à peine attention. Je l'attire à moi. Je penche légèrement la tête et dépose un baiser sur ses lèvres qui m'appellent tant. J'ai l'impression que ce moment dure une éternité, mais en réalité il ne s'écoule que quelques secondes.
- Tu me plais, tel que tu es. Ne t'excuse pas.
Je recule et souris, nerveusement. Je sais que mes joues sont en feu. J'ai l'impression d'être une jeunette qui vient d'embrasser pour la première fois. Mon sourire s'élargit.
- Je t'ai peut-être un peu mis de boue sur le visage. Allez rentre!
Je le suis, avec mon panier et mon seau d'eau. |
| | | JocelynBanni
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Jeu 31 Jan 2019 - 15:11 | | | Bon, elle ne m'en veut pas de ma maladresse, mais l'élan est coupé. Quelque part, ça vaut mieux, où me serais-je arrêté ? Oh, qu'importe, elle m'invite à rentrer, je me dirige vers la porte. Elle me dit d'attendre ? J'attends... Bon sang, on dirait que je suis un chien dressé... Elle m'enlace, je m'attends à ce qu'elle me flatte le cou. Bingo, elle pose la main sur mon collier et...
J'ouvre grand les yeux. C'est... agréable, mais mouillé. Je veux le savourer, ce baiser, je vais fermer les yeux mais déjà elle m'abandonne. Ah, elle est rouge. J'ai été trop surpris que pour l'être. Je lui plais... Ah, ça y est, ma joue chauffe. Elle me dit de rentrer, je rentre. Bon sang, Jocelyn, un peu de fierté, merde ! Elle me rejoint, avec son panier et son seau d'eau. Je penche la tête et je m'approche, je l'embrasse à mon tour. Cette fois, je ferme les yeux. C'est bien meilleur ainsi. Elle ne m'enlace plus ? Ah oui, elle a les mains occupées. Bon, je la libère, la laissant mettre ses affaires où elle veut les mettre.
- Je crois que j'aime bien le goût de tes lèvres...
et j'ai bien envie de goûter au reste. Je l'ai pensé, je ne l'ai pas dit. Trouve quelque chose à dire, bon sang. Beau temps pour la saison ? Vous marniez chez vos harengs ? Je n'arrive pas à vous revoir autrement que nue ? Tu m'en voudras beaucoup si je te prends contre cette porte ? Du calme Jocelyn, bon sang !
- J'ai cru ne jamais te revoir !
Voilà, ça, c'est bien, mon grand. Comporte-toi en bonhomme, bon sang ! Tu te balades sur le territoire des fangeux, quand même, tout en esquivant les miliciens. C'est pas donné à n'importe qui, ça !
- Je me suis tordu la cheville dans les faubourgs de Marbrume, en allant voir la mer. Je n'ai récupéré ma totale mobilité qu'il y a une semaine. J'étais loin de tout. Une bonne âme m'a soigné trios jours et il m'a fallu une semaine pour rentrer. Et pendant que j'étais dans cette maison, soigné par l'herboriste, convaincu que je finirais par être pris par la milice où que je mourrais sur le chemin du retour, je n'avais qu'un regret...
Je la fixe, je suis lancé, je ne freinerai plus.
- Ne pas avoir goûté à tes lèvres, par peur que ça ne nous entraîne plus loin. J'ai... J'ai toujours peur, mais...
L'envie est plus forte que la peur ? Oui, mais bon. Entre l'envie de m'embrasser, de se blottir dans mes bras et l'envie qu'on... bne... enfin... qu'elle et moi on... euh... bref, il y a un monde. Parce qu'elle va me voir. Et ça, ça bloque tout. Bon, arrête de penser trop loin, mon brave Jocelyn.
- Il s'est passé quoi pour toi ? |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Jeu 31 Jan 2019 - 19:47 | | | Il m'embrasse. IL M'EMBRAAAASSE! Du calme Mathilde, du calme. Il fait jour, la nuit vous offrira un peu plus de sécurité. D'ici là, pas de gestes brusques, pas de folie. Je respire. Je suis sure que j'affiche un sourire niais en le regardant. Je sens mes yeux pétiller, littéralement... et je finis par pose mon seau et mon panier sur la table.
Je l'écoute tout en essuyant mes mains sommairement sur mon tablier, et en me libérant de mon châle. Je verse un peu d'eau dans une bassine de bois et passe un linge humide sur mon visage et mes mains. J'ai toujours peur, mais.. Je me retourne.
- Il fait encore jour. Restons prudents, je n'ai pas vu de milice aujourd'hui, ils pourraient passer avant le coucher du soleil. On peut peut-être simplement profiter du moment présent, prendre le temps de se retrouver, qu'en dis-tu? Tu restes pour la nuit?
Je souris. Il a tellement pris soin de ne pas montrer ses cicatrices en se couchant la dernière fois que je sais qu'il sera plus serein la nuit venue. J'ôte ma coiffe, défais mon chignon, rassemble mes cheveux sur mon épaule, puis le serre longuement dans mes bras pour m'imprégner de son odeur. C'est plus fort que moi.
- Bienvenue à la maison.
J'essuie la trace de terre que j'ai laissée sur sa mâchoire. C'est mieux comme ça.
- Tu as soif? Faim?
Je le relâche, presque à regrets, ravive le feu pour faire chauffer du lait. Je me souviens de son visage quand je lui en ai offert.
- L'hiver a été tranquille. Presque. J'en ai profité pour aller en ville et conclure des ententes pour livrer des poules et des légumes à une auberge et à quelques particuliers. Ça me permet d'engager un aide, Arthur, qui est parti quand j'ai vu ton faucon. Je vais pouvoir agrandir la surface cultivée, et offrir de l'emploi à une ou deux personnes des environs. Y a une sauvageonne qui a fait irruption un jour, par chance Lance était avec moi et a fait en sorte que je ne la tue pas. Pauvre gamine, j'ose pas imaginer ce qu'elle a vécu pour avoir aussi peur de ses semblables. Lance c'est un vieil ami, sa femme est morte en donnant naissance à leur fille. Triste histoire.
Finalement je m'en sortais bien. La fatalité avait frappé dur mais l'hiver m'avait offert du répit. Le feu crépitait dans l'âtre, je me sentais tout à coup moins dans l'urgence de tout lui dire, de céder. Nous avions le temps.
- Tu as été chanceux. Les autres ont bien accueilli ton retour? Enfin... te sens pas obligé de me répondre. Je t'avoue que j'ai évité autant que possible le sujet, parce que je sais que le secret est votre meilleur gage de survie mais... je veux savoir comment tu vis quand tu n'es pas ici. |
| | | JocelynBanni
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Ven 1 Fév 2019 - 13:54 | | | Pendant qu'elle m'écoute, elle me passe un linge sur le visage, ce que je peux comprendre, et sur mes gants, ce qui me surprend un peu plus. Elle se retourne. J'ai envie de la serrer dans mes bras... et de toucher sa poitrine. Cela me paraît un peu trop trivial, je ne veux pas la choquer. Mais elle me parle et je retiens mon geste.
- Quand ils passent la Milice inspecte ton grenier aussi ou demandent-ils simplement si tout va bien ?
Si c'est la seconde option, il pourra simplement se planquer en haut. Dans le cas contraire, il faudra qu'elle les retienne le temps qu'il trouve refuge ailleurs. Sur le toit, déjà.
- Profiter du moment présent, c'est bien mon envie, oui. Et je compte bien rester la nuit... si tu m'y autorises...
J'ai bien compris que oui, nos echanges en sont le signe. Je pourrais rester des semaines que cela ne la dérangerait pas. Mais je suis ému quand elle me dit que je suis bienvenu dans sa maison. Cela, en plus de son "ma maison est ta maison" m'emplit de joie.
- Il faut que tu cesses, on dirait un couple marié. Pas que l'image ne me déplaise mais mon côté machiste pourrait me pousser à vouloir profiter de mes prérogatives d'époux. Attendre la tambouille, te laisser le ménage et obtenir tes faveurs nuptiales sans avoir à les quémander. Ce serait malvenu, dans notre relation patron employé, non ?
J'ai souri en le disant, mais elle sait que j'y songe. La dernière fois, je l'évitais.
- Et oui, j'ai presqu'aussi faim que soif !
La vue du lait qui chauffe... Bon sang, je pourrais renoncer à mes envies d'elle juste pour le bonheur de reboire du lait. Peut-être m'achète-t-elle ? En tout cas, ça marche. J'écoute son récit et y trouve deux choses à redire.
- La sauvageonne n'est pas des bannis. Nous n'avons pas d'enfants parmi nous. Mais si elle a su survivre jusqu'ici, c'est qu'elle aura sa place chez nous. Mais en toute franchise, je préférerai qu'elle trouve sa place ici, au Labret, si elle n'a pas le bras marqué... Quant à ce Lance... C'est juste un ami ? Ou c'est un peu plus ? N'y vois aucune jalousie, je n'ai aucun avenir à t'offrir, tant que les lois seront ce qu'elles sont...
Et je ne crois pas que la situation change, quand bien même les bannis sauveraient le Duc. Mais aucun n'en a l'envie, pas même moi. La tension érotique tombe un peu, et ça n'est pas plus mal, nous ne sommes pas des animaux. Enfin, j'essaie de ne pas l'être.
- Oui, j'ai été chanceux et les autres m'ont globalement bien accueilli. Un blessé est inutile, mais je restais un archer. Ma blessure n'était pas définitive. Et je suis l'un des rares chasseur/agriculteur du groupe. Il n'y en a qu'un qui a tenté de me prendre mon logement. En fait, il s'en est servi en mon absence, ça, passe encore, mais en voyant que je boitais, il a refusé de me le rendre. Il aurait dû me le faire comprendre en étant proche de moi, pas à cinq mètres de distance. J'ai touché sa cuisse, il a cru que je visais ses attributs virils. Lui boite encore, moi plus. Et j'ai pu faire les missions de surveillance comme archer, et j'ai guéri.
Je songe à garder le silence quand elle m'interroge sur comment je vis hors d'ici.
- Je cherche de la nourriture, je vais cultiver quand je le peux et que le temps le permet. Je vais voir si un convoi n'a pas été perdu à gauche à droite et si c'est le cas, je ramène des choses utiles. Je fonctionne en solitaire, je n'accepte qu'une alliée jusqu'ici. Elle est encore plus silencieuse que moi et elle sait se faire accepter dans les villages. Elle peut faire des échanges avec ce que je trouve. C'est grâce à ses échanges que j'ai pu payer mes soins d'ailleurs. Là, quand je repartirai, mes pousses printanières "sauvages" auront poussé, pour l'heure elles n'ont pas été repérée. Quelques mètres carrés par ci, d'autres par là, pour diminuer les risques. Le reste, c'est du troc. L'un sait coudre, l'autre combattre, un troisième soigner. On met nos talents en commun pour survivre à la Fange, à la Milice et aux autres. Ce n'est pas tendre, chacun doit se battre pour sa vie, mais c'est à peu près pareil ici, le danger de la milice en moins.
Le lait doit être chaud, non ? |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Ven 1 Fév 2019 - 16:01 | | | - Ils n'ont jamais inspecté ma maison. Ils jettent un oeil pour voir s'il n'y a rien d'anormal, depuis la route. Si je suis dehors, ils approchent. Si je suis à l'intérieur, je n'ai qu'à leur faire un signe de la main depuis la porte et ils s'en vont. A moins qu'ils n'aient besoin de quelque chose. J'en ai hébergé deux y a pas longtemps. Ne t'inquiète pas, la milice ne soupçonnerait jamais la brave veuve Dumas d'héberger un banni... même s'il n'est pas marqué.
Mon regard noisette soutient le sien, quelques instants, puis je me détourne et m'en vais ôter le lait du feu avant qu'il ne soit trop chaud, pour le verser dans deux gobelets. Je crois qu'il a compris que j'avais relevé ce petit détail, lorsqu'il m'a montré son bras la dernière fois. J'aurais pu lui en parler, mais ce n'était pas le moment. Je ne relève pas sa réflexion sur les prérogatives d'un époux. Je laisse retomber la tension, pour le moment.
J'écoute ce qu'il me dit au sujet de Mélusine. Moi aussi je préférerais la savoir paisible et sereine dans un bon foyer aimant qui saura panser son âme blessée. Mais ce n'est pas moi qui choisit, c'est elle. Tiens, il s'attarde sur Lance?
- Lance n'est qu'un ami, rien de plus. Il ne sera jamais plus que cela, à moins que je ne finisse par céder aux convenances et que je cherche à me remarier à la fin de l'automne prochain. Je n'en ai aucune envie, pour être honnête, mais si je n'ai pas le choix, j'espère que je pourrais trouver un arrangement honnête avec lui, et que nous gardions chacun la liberté que nous avons actuellement.
Je ris en imaginant la tête du gars qui ne veut pas rendre le logement à son propriétaire. La scène a dû être cocasse, bien que personne ne devrait avoir à se battre pour se loger, ou pour vivre. Je me représente un peu mieux le quotidien qu'il peut avoir. Je n'en voudrais pour rien au monde. Les fangeux et les voleurs me suffisent, en matière de dangers.
- Tu partiras avec des lentilles et des fèves, ça tient au corps et ça se transporte bien.
Je ne parle pas de travail à faire en échange. A dire vrai, avec l'aide d'Arthur, mes tâches se sont considérablement allégées. Je n'ai plus l'impression d'être toujours en retard sur tout. A moins qu'il ne m'aide avec l'eau, j'ai des abreuvoirs et des bacs à remplir, ça avancerait le travail de demain et Arthur ne poserait pas de questions. Jocelyn, tu n'es plus vraiment mon employé.
- Une dernière chose. Tu n'es pas mon mari, mais tu es mon invité. Je te reçois ici comme je recevrais n'importe quelle personne passant le seuil de cette maison. Même si j'admets que d'habitude, j'offre plutôt de l'eau et une galette d'avoine.
Je le trouve audacieux, pour un homme qui, l'instant d'avant, manifestait sa peur. Je souris, malicieuse, et lui tend son gobelet. Tension rétablie dans 3...2...1...
- Je me demande jusqu'où iront tes privilèges dans cette maison. |
| | | JocelynBanni
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Sam 2 Fév 2019 - 10:47 | | | Ses propos sur la Milice me rassurent, mais bon, faudra éviter que je regarde par la fenêtre. Lorsqu'elle me répond concernant Lance, je souris
- C'est juste un ami mais c'est lui que tu épouserais si tu y étais obligée. Une sorte de faux mariage, où chacun garderait son boulot et sa liberté. Je trouve ça un peu... triste à dire vrai. Soit tu te maries par amour, soit tu ne te maries pas. Tu as gagné ta liberté par ton travail, les conventions, sincèrement...
C'est son mode de fonctionnement, banni n'a pas que des défauts. Il a cette liberté-là, alors, comme elle a gagné la sienne à la sueur de son front, pourquoi s'obliger à se marier après tout. Tout ceci est d'un ridicule. Ah, elle n'exige plus un travail en échange de lentilles et de fêves. Bon choix, c'est nourrissant et facile à transporter, je ne rentrerai pas les mains vides.
- Merci, rien ne t'y obligeait. Mais j'accepte avec plaisir !
Le lait me fait de l'oeil, mais somme toute moins que Mathilde. Autant dire que quand elle me dit que je ne suis pas son mari, mais son invité, cela me refroidit directement. Finalement, le lait sera le bienvenu...
- J'imagine quand même que tes invités n'ont pas tous le loisir de goûter tes lèvres ni l'occasion de dormir contre ton corps nu...
Mais ok, message bien reçu. J'ai cru qu'elle avait rougi et que ses yeux avaient pétillé car ma présence lui faisait de l'effet. Après tout, j'ai rougi aussi. Mais les femmes doivent fonctionner différemment des hommes. C'était peut-être de la gêne, une manière de ne pas me vexer mais sans savoir comment me le dire. Pas par peur, je pense qu'elle a compris que je ne lui nuirai pas. Je suis un invité particulier, un ami terrien. J'essaie de garder bonne figure et le gobelet qu'elle me tend m'y aide. Bon, ok, ce n'est pas aujourd'hui que j'le perds. J'aimais bien cette idée de partager ce moment avec elle, pourtant...
... !
Mince, elle reparle de mes privilèges et je sais qu'elle sait de quoi je parlais. On en est aux négociations ? J'ai renversé un peu de lait sous la surprise, et heureusement que je portais des gants, sinon je me serais brûlé. L'idée m'aurait effrayé mais là, dans ces circonstances, elles m'amusent. Bon, puisqu'on en est aux négociations, négocions !
- Mes privilèges... J'espère une évolution, s'il me faut parler franchement. J'ai pu me blottir contre ton corps nu, là j'espère pouvoir franchir une étape, non plus contre, mais... dans...
Merde, j'ai osé. Assume, Jocelyn !
- Je suis venu dans l'espoir de connaître le goût de tes lèvres et crois-moi, j'ai encore envie de les goûter. Mais les baisers appellent à plus. Je n'y connais rien à ces choses-là, sinon ce qu'on m'en a dit, et encore, d'hommes qui se vantent. Le point de vue féminin est plus difficile à aborder. Mais j'ai envie d'apprendre, avec toi. Même si je refuse que tu me vois. Même si j'ai peur que tu me touches. Enfin, il y a des endroits où j'espère que tu me touches, mais d'autres. J'ai envie que tu m'apprennes, qu'on aille aussi loin qu'on peut, que tu me donnes l'envie de revenir, encore et encore. Que je ne sois plus ton élève, que je puisse prendre des initiatives et que cela te rende folle. J'ai aussi envie qu'on mette ça derrière nous pour apprendre à te connaître toi. Non plus la femme, car bon, là, j'ai du mal à te voir autrement que nue, mais aussi la personne, qui me plait aussi et sans avoir les idées gâchées par toutes ces choses que j'imagine pouvoir te faire... et celles que tu pourrais vouloir me faire et dont je ne sais rien.
Bravo Jojo. Si elle ne fuit pas, t'as de la chance. Parce que si t'as mal compris, tu peux faire une croix sur la seule personne que tu pouvais venir voir sans craindre trop pour ta vie... |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Sam 2 Fév 2019 - 20:44 | | | - Une femme n'est jamais libre, Jocelyn. Elle naît et grandit sous l'autorité de son père, et vieillit sous celle de son mari. Jusqu'ici j'ai failli à mon seul devoir, celui de permettre à la lignée de continuer. Si je n'ai pas d'enfant à qui léguer cette ferme, qui en prendra soin? J'ai trois choix : rester définitivement "la veuve Dumas" et assumer le fait de léguer ma ferme à un neveu, s'il m'en reste un ; adopter un orphelin ; me remarier et espérer avoir une union de laquelle naîtra un beau bébé joufflu qui prendra la relève un jour. Un mariage d'amour? Je n'ai jamais aimé que ma terre. Et le seul homme dont je pourrais être amoureuse n'est pas mariable.
Son regard change. L'espace d'un instant il me paraît plus froid, distant. Il n'a donc pas compris que je plaisantait, au sujet des invités? Je déglutis, mal à l'aise. Je ne veux pas le froisser et risquer de le voir partir alors que je le retrouve à peine.
- Tu es le seul invité qui m'ait donné envie de ne pas me contenter d'une bonne discussion, Jocelyn.
- Mes privilèges... Je vire au pivoine. C'est complètement incontrôlable, alors je bois mon lait pour me donner une certaine contenance. Je jette un oeil par la fenêtre, il fait encore jour. Jamais je n'ai tant espéré que vienne la nuit. Soudain, mon coeur oublie de battre, une fois, deux fois.
- Ne bouge pas.
Je pose mon gobelet, enfile mon châle, prends mon seau et sort en prenant soin de ne pas laisser la porte ouverte. Sur la route, une patrouille semble revenir d'une mission quelconque. Je vais vers le puits et leur fais signe en criant.
- Bonsoir! Rude journée? - Pas plus que d'habitude, m'dame. Tout va bien? - Rien à signaler. Ça fait changement, hein? dis-je en riant. - Pas plus mal. Au revoir m'dame. Restez prudente. - Comptez sur moi!
Je puise un grand seau d'eau, aussi calmement que possible, et les regarde s'éloigner non sans soulagement. Le soleil se couchera bientôt, je ne traine pas dehors. Je marche un peu plus vite que d'habitude, fais le tour de la maison pour fermer les volets puis rentre.
- C'est moi. Tout va bien.
Je pose le seau et m'adosse à la porte fermée. J'ai cru que j'allais mourir sur place. Qu'est-ce qui me prend de faire ça? De l'accueillir, d'espérer qu'il reste pour la nuit, de risquer tout ce que j'ai, y compris ma vie, pour cet homme que je connais à peine? Est-ce que c'est ça, l'amour dont on parle dans les légendes? Je le regarde, ôte mon châle.
- Je ne sais pas si je suis à la hauteur de tes espérances, Jocelyn. Je n'ai connu qu'un homme, et je ne l'ai jamais désiré comme je te désire toi. Je ne veux ni te brusquer ni te faire mal. Je veux te voir, te toucher, connaitre tes cicatrices pour ne pas les craindre. A ton rythme. Tu vas devoir me guider un peu, toi aussi... Tu veux bien?
Je fais glisser les deux verrous de la porte. |
| | | JocelynBanni
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Dim 3 Fév 2019 - 13:30 | | | Tension éteinte dans 3... 2... 1...
- Je ne veux pas d'enfant, et pas seulement parce que je ne pourrais pas le voir. Ce serait criminel de faire naître un gamin dans les temps que nous connaissons. Alors, si c'était ton option quatre, sans moi !
Elle m'enjoint de ne pas bouger et je comprends vite pourquoi. La Milice ! Bon sang, déjà que je suis à sa merci, si en prime je lui donne les bonnes raisons pour m'envoyer au gibet... Mais non, elle les chasse. Je respire enfin quand elle ferme les volets et je suis un peu mal de l'avoir accusée de vouloir se servir de moi pour lui mettre un bébé dans le ventre. Pourquoi toujours voir le pire ? Je m'avance vers elle, elle est étourdissante là, contre cette porte...
- Je suis désolé, je...
Oh, Jocelyn, ta gueule ! Je penche ma tête sur le côté, j'ai compris le truc et l'embrasse sur les lèvres, tendrement. Mais ma main ne reste pas inactive et part à la découverte de sa poitrine. La main gauche, de la droite je ne ressens rien. Bon, avec le gant non plus. Pff, c'est chiant...
- Te guider ? Moi ?
Et voilà, j'ai encore rougi. Bon sang...
- On commence par les gants ? Déjà ma main, j'ai du mal, mais je sais que tu l'as déjà vue. Je peux comprendre ton envie, là j'ai envie de te voir nue et j'ignore quelle force m'interdit de t'arracher tes vêtements, sinon la crainte que tu n'en aies d'autres... Mais si je ne crains pas trop tes doigts, les yeux, j'aurai trop de mal. Pas cette fois... Et pas le masque, ça, jamais je crois.
La porte est verrouillée, les volets sont clos, le feu nous éclaire. Je lui murmure à l'oreille.
- Mais avant, si tu veux bien, j'ai faim. Et j'adore te regarder cuisiner... On a toute la nuit pour le reste, non ?
|
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Dim 3 Fév 2019 - 17:43 | | | Je ferme les yeux. Ce baiser vient me confirmer ce pour quoi je suis prête à prendre des risques inconsidérés. Il rougit, moi aussi. Tout mon corps l'appelle, mais il rompt le lien, encore. Il cherche à me rendre folle?
On commence par les gants ? Bien sûr. Doucement, je lui retire le gant gauche, tandis qu'il me parle de manger. P'tit con. Je l'ai pensé, mais je ne l'ai pas dit. Je pose la main sur le gant droit et le regarde. Je le retire, lui aussi, doucement. A regrets, je me dégage de son étreinte et dépose ses gants sur le coin de la table. Il faudra les monter, tantôt. Je me ravise et les place sur le barreau de l'échelle menant au grenier. On ne les oubliera pas.
- A ton rythme. Tes règles. Mais si tu déchires ma robe, je te garde prisonnier jusqu'à ce que tu aies fini de la recoudre. Ça pourrait être long.
Je ris, et m'en vais placer une poêle de fonte sur la braise. Je prends quelques légumes, carottes, panais, poireaux, oignons et les découpe avec un couteau qui a connu bien des pierres à aiguiser. Je repense à ce qu'il m'a dit, plus tôt.
- Deux ans de mariage sans enfant, y a peu de chances que quelque chose pousse dans mon ventre. Les Trois ont voulu que je fasse pousser des légumes, pas des bébés. C'est bien ainsi.
Je souris. D'un côté, ça m'arrange. Le ventre d'une femme enceinte est un sacré handicap aux champs. Et puis qui voudrait d'un enfant en ces temps où le danger est quotidien? Lance a perdu sa femme suite à l'accouchement. Je ne veux pas mourir en donnant la vie.
Je jette les légumes découpés dans la poêle maintenant chaude, avec un peu de beurre. Ce sera le luxe du jour.
- T'es pas très doué pour faire valoir tes prérogatives. Assieds-toi, enlève ton manteau, mets-toi à l'aise. Tu es chez toi.
Je ne le lui répéterai jamais assez. Je réchauffe les lentilles que je m'étais préparées, j'y ajouterai les légumes par la suite. La situation est étrange, je me sens fébrile. J'ai l'impression que son regard ne me quitte pas et qu'il me déshabille dans ses pensées. Je le déshabillerais moi aussi si je n'étais pas occupée à ne pas faire brûler la nourriture. Je lui tourne le dos, et écoute chacun de ses déplacements.
- Ton bras n'est pas marqué.
C'est la deuxième fois que j'y fais allusion. Cette fois-ci je veux savoir. |
| | | JocelynBanni
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Lun 4 Fév 2019 - 17:02 | | | - Je doute être doué pour les travaux de couture. Si tu sors avec une robe que j'aurais recousue, tu offriras rapidement une vue sur tes charmes. Note, ça pourrait être drôle...
Les gants, ça me met mal à l'aise et ce même si elle a déjà vu mon bras. Mais elle ne semble pas y faire attention et prépare le repas. Elle reparle des enfants, semble vouloir me rassurer. Son argument ne me convainc pas
- C'est ptet ton mari qui avait un problème et pas toi. A l'époque, on avait un taureau, et bien qu'il faisait son travail avec les vaches, aucun veau. On en a pris un autre et l'année d'après, les veaux sont venus.
Autant dire que lui n'a pas envie de prendre des risques. Puis bon, travailler aux champs en étant enceinte, il ne le lui souhaite pas. Elle devra engager, c'est certain. Mais combien reste-t-il dans le monde de bons ouvriers agricoles ? Et combien faudrait-il qu'elle les paie ? Quand elle m'invite à faire comme chez moi, me reprochant que je n'étais pas doué pour mes prérogatives, je m'exécute et soupire en même temps.
- Désolé, j'ai jamais été marié. T'es même la première que j'ai osé toucher. Alors te moque pas trop, j'fais d'mon mieux.
Hey, si tout ça lui semble évident, ça ne l'est pas pour moi. Le repas est long à préparer, trop à mon goût. Je regarde ce côté du corps contre lequel j'ai dormi la dernière fois. J'en connais les textures, bien que je n'ai pu en tester les formes autant que je le désirais. Elle me sort de ma contemplation. Mon bras n'est pas marqué, selon elle.
- J'sais pas ce qu'il te faut. Mon bras n'est pas la seule partie de mon corps marquée, ça oui, mais il l'est, et pas qu'un peu.
Mais j'ai compris qu'elle a compris que je n'ai pas été banni. Alors tant pis, d'elle, je n'ai pas à craindre une réaction négative si mon statut est éventé.
- Je n'ai jamais mis les pieds à Marbrume, je n'ai pas connu les geoles. Certains parmi nous ont tenté de masquer la marque, en pure perte. Ils se moquent bien que la marque soit liée à une condamnation ou non. Et quand bien même, j'ai attaqué des convois, j'ai tué des miliciens, comme les autres. Je ne vois pas ce que ça peut changer pour les autres... ou pour toi...
Qu'elle abandonne le sujet, il n'a aucun sens. Et qu'enfin on mange pour qu'après on passe aux choses sérieuses. Mes deux envies prédominent désormais.
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Mar 5 Fév 2019 - 2:26 | | | C'est ptet ton mari qui avait un problème et pas toi. Je fronçai les sourcils. Je ne sais pas si je dois rire en étant comparée à une vache, alors je souris intérieurement. Heureusement pour lui, je ne suis pas susceptible. Ceci dit, il n'a peut-être pas tort. Je ne l'avais jamais considéré sous cet angle. C'étaient les femmes qui étaient les responsables de la lignée. Si elles perdaient un enfant, c'était de leur faute. Si le mariage était stérile, c'était leur ventre qui était incapable de porter la vie. Jamais elle n'avait imaginé que le responsable soit Philibert.
Je l'écoute, sans me retourner, trop occupée à finir de préparer le repas. C'est pas le moment de brûler la nourriture. Je le sens impatient, sa voix a changée, le ton qu'il emploie aussi. Je ne sais pas si c'est à cause de l'allusion à son bras, ou si c'est la faim, ou de l'envie.
Je ne vois pas ce que ça peut changer pour les autres... ou pour toi... Ça ne change rien, c'est juste une question de tomber les masques. Je ne suis pas une menace. Tout au plus, un risque qu'il prend, et, avec le temps, si nous survivons chacun de notre côté, je représenterai une faiblesse. Il n'a pas de raison de me mentir, mais je lui laisse le soin de garder ses secrets s'il le veut.
- Je ne me moque pas de toi, Jocelyn, pas méchamment. Jamais.
Je verse le ragoût improvisé dans des bols et y adjoint un quignon de pain. Je dépose le tout sur la table, et m'installe non pas en face mais à côté de lui. Je ne veux pas d'une table qui nous sépare, je veux le sentir proche, pouvoir sentir sa chaleur rayonner, entendre son souffle, sentir cette odeur de cuir que j'affectionne. Je veux rétablir le lien qu'on s'amuse à faire et défaire depuis tantôt.
- Je te taquine, mais compris, pas trop.
Je l'embrasse sur la joue, comme si je cherchais à me faire pardonner une bêtise, juste au-dessus de la ligne de sa barbe. Je crois que s'il n'avait pas porté ce collier, c'est dans son cou que j'aurais déposé un baiser.
- Bon appétit.
Je me retiens de ne pas manger trop vite. D'abord parce que c'est brûlant, ensuite parce que ça trahirait les envies dévorantes qui me traversent l'esprit. Le silence tombe, je mange sans faim. J'aimerais lui faire la conversation, mais je suis obsédée par l'envie de ne faire qu'un avec lui. Je finis par repousser mon bol. Il n'est pas vide, je finirai plus tard, peut-être.
- Je n'ai plus faim. Tes cicatrices, ça fait mal? Si je prends ta main, ou si je pose ma main sur ta jambe? dis-je en joignant le geste à la parole, sur sa jambe saine. |
| | | JocelynBanni
| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) Mer 6 Fév 2019 - 6:29 | | | Enfin, le repas. Je suis tendu, mais sans doute pas de la manière dont elle l'espère. Non, j'ai peur de mes désirs, de son envie d'apprivoiser mes cicatrices alors que moi je n'y parviens pas, mais aussi du fait qu'elle a compris en voyant mon bras.
- Ne dis à personne que tu sais que je n'ai pas été banni. Imagine que ton confident croise un autre banni et lui demande : "Vous êtes un vrai banni ou votre marque est une blessure d'enfance, comme pour le fauconnier ?". Ils pourraient penser que j'ai trahi, remettrai chacun de mes choix en question sur cette nouvelle base. Ce serait une condamnation à mort pour moi. Au mieux, je serais banni des bannis. Je ne peux me le permettre.
Dans les faits, il devrait la tuer, pour se protéger. C'est la troisième fois qu'il remet sa vie dans les mains d'un autre. D'une autre en fait. Serena, à qui il a confié sa dague juste parce que c'était la nuit, Flore, faute d'autre choix, parce qu'il avait la cheville explosée, et maintenant Mathilde, parce qu'il va pouvoir abuser de son corps avec son consentement. Pourquoi pas y ajouter le Duc... ou sa femme, pour conserver sa logique pro féminine ?
- Bon appétit !
Je l'ai dit d'une manière trop enjouée sans doute et me précipite sur le repas pour calmer mes angoisses. Houlà, faut que j'apaise le feu avec de l'eau, c'est bouillant. Mais bon, ce repas était surtout pour repousser le moment où je deviendrai un homme. Enfin, où je connaitrai le grand secret. Est-ce aussi bon que ça ? Vais-je voir toutes les femmes nues après ça ? Serais-je capable d'exiger une faveur sexuelle contre un lapin que j'aurais chassé ? Ou traverser les montagnes la nuit juste pour retrouver ses bras à elle ? Vais-je me transformer en ce monstre qui n'obéit plus à sa tête mais à sa bite ? Tiens, j'ai à peine mangé... Et elle n'a plus faim. Ben, finalement, j'ai pas faim non plus. Et paf, sa main sur ma jambe... Bon sang, j'ai frissonné tellement fort que j'ai l'impression que la terre a tremblé !
- Non, ça ne fait pas mal... Je... Mes règles ? Je...
Je tousse, puis ose.
- Déshabille-toi !
Faut que j'prenne la main, parce que si une simple main me rend aussi chose, je n'ose imaginer la suite. Prendre le contrôle, me sentir maître de mes émotions, comme toujours. Puis une fois que je commence à m'apprivoiser, la laisser m'apprivoiser... peut-être. A moins que le fait de dominer la situation me plaise et lui plaise. Mais qu'elle se dévête vite, sinon j'serai de corvée couture les prochaines semaines. Comment ça se fait que je ne me domine plus, d'ailleurs ? J'ai envie de lui dire que ça n'est pas que physique, cette envie de fusionner avec elle, que j'ai envie qu'on ne fasse qu'un surtout pour nous unir, qu'elle me fait perdre la tête, que si je le pouvais je passerais ma vie ici, rien qu'à espérer un autre de ses baisers. Il y a plus que son corps qui m'attire. Je cherche mes mots. Parce que bon, déshabille-toi, ça n'est pas suffisant. Dis autre chose, Jocelyn !
- Vite !...
Jocelyn, t'es qu'un crétin !
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| Sujet: Re: [Terminé] L'hiver s'en va, le banni s'en vient (PV Mathilde) | | | |
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