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 [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde)

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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde)   [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde) EmptyDim 14 Juil 2019 - 20:34
Ferme Dumas
24 mars 1166

Ce second séjour dans le Labret lui plaît bien, au Comte. La "ferme" qu'il va occuper tient plus du palais que de la fermette. Elle est bâtie en pierre, a trois étages et n'a pas trop souffert durant les deux années d'abandon. Pour ne rien gâcher, elle est meublée. Bon, faudra rafraîchir et il reste de solides travaux à faire, au moins huit mois s'ils ne sont que deux, mais le plus important est en cours, à savoir blinder les portes et fenêtres du rez-de-chaussée. Avec les mesures, il est allé trouver le forgeron d'Usson pour qu'il lui fasse de solides grillages puis deux ouvriers pour l'aider à les placer, ce qui se fera demain. Il fera sans doute blinder les autres étages aussi, mais c'est plus "cosmétique" et moins urgent.

C'est Mathilde qui lui a parlé de ce forgeron, excellent artisan mais qui souhaite remettre son commerce à un autre artisan honnête. Passer commande auprès de celui-là n'était pas totalement anodin comme choix. Aymeric a pu lui parler de son forgeron à lui, qui travaille à Marbrume mais cherche boulot à Usson, étant amoureux de la nature. Mais voilà, faire bâtir une forge, se constituer une clientèle, c'est un goufre pour un noble non natif comme lui. Le forgeron a une clientèle toute faite et une forge habitable. Rapidement, ils ont envisagé un accord de vente, surtout après que l'artisan ait vu de quoi son successeur était capable, via les dagues du Comte, d'excellente qualité, mais aussi le ferrage de sa jument. Il y a des détails qui ne trompent pas l'oeil d'un expert. Aymeric était prêt à en payer 500, après tout la forge n'était pas neuve. Le forgeron en voulait 750, après tout, il fournissait aussi la clientèle régulière, dont la Milice, qui elle restera cliente tant que des prix honnêtes seront pratiqués. Au final, ils tombent d'accord sur 600 écus/or, le prix d'une forge neuve, le changement se fera à l'arrivée du forgeron du Comte, d'ici une semaine. Mais tout ceci n'aurait pas été possible sans les conseils d'une fermière qui a finalement rejoint l'Ordre : Mathilde Dumas.

C'est sans grande surprise que par cette matinée ensoleillée, Aymeric quitte Usson sur son destrier pour rejoindre la ferme Dumas. Un petit galop d'entraînement qui plait bien à Asphodèle. Arrivé sur place, il descend du cheval, l'attache comme il l'avait fait la dernière fois puis se tourne vers Mathilde, sort un pot de sa besace et le lui tend.

- Bonjour. Confiture de coing, vous l'aviez tellement appréciée la dernière fois que je me suis dit que c'était le cadeau idéal pour cette visite. Merci pour vos conseils, la forge d'Usson sera mienne pour mon installation dans le Labret. Il y a eu quelques modifications à mon plan de départ et cela me plairait de vous en parler.

Il paraît de bonne humeur, c'est souvent le cas quand il peut s'égayer dans la nature, même s'il n'a pas pris le temps de chasser, faute de temps, justement. Mais la phrase qu'il ajoute est un poil plus énigmatique.

- Puis j'aurai une demande à vous faire et elle risque de vous surprendre, Dame Dumas, d'où la raison de ce ton plus... solennel, même s'il me sied guère !

Et chose rare, il rit. Mais pas longtemps. Et attend la réaction de la fermière qui, il s'en doute, à d'autres choses à faire. Comme lui, désormais.


Dernière édition par Aymeric de Beauharnais le Jeu 8 Aoû 2019 - 15:13, édité 1 fois
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Mathilde VortigernFermière
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MessageSujet: Re: [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde)   [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde) EmptyMar 16 Juil 2019 - 16:02
Un temps parfaitement ensoleillé, ni trop chaud, ni trop frais, des travailleurs fraîchement arrivés et plein d'énergie, une ferme en effervescence. Mathilde ne pourrait rêver journée plus parfaite en cette matinée du mois de mars.

Depuis le lever du soleil, et le chant du coq, tout le monde s'active aux champs. Depuis quelques jours, Mathilde forme les ouvriers agricoles envoyés par l'Ordre. Dans deux ou trois ans, si les Trois le veulent -et si la Fange le permet-, les cinq gaillards seront parfaitement aptes à diriger leur propre ferme au Labret, permettant ainsi d'accroître la production de nourriture pour les bêtes et les hommes des environs et de Marbrume.

Le petit galop d'un cheval descendant le chemin attire naturellement l'attention de la fermière, occupée à aérer le foin dans sa grange. Il faut dire que les visites se démultiplient depuis l'hiver, et qu'elles ne sont pas toujours bonnes à prendre. La différence est que maintenant, elle peut compter sur la présence d'hommes pour la défendre, en cas de problème. Mathilde quitte sa tâche et traverse la cour sans prendre garde à la volaille qui s'écarte de son chemin dans un joyeux concert de cancanements et de piaillements, pour aller au-devant de la visite, fourche à la main. Une main sur le front, pour protéger ses yeux d'un soleil éblouissant, elle reconnait finalement de Beauharnais, juché sur son cheval, et l'accueille avec un sourire.

- Voyez-vous cela! De la grande visite! Bonjour! dit-elle, tandis qu'il mène son cheval à l'abreuvoir pour ensuite l'attacher.

Confiture de coing, vous l'aviez tellement appréciée la dernière fois. Mathilde accueille le pot dans ses mains, avec autant de délicatesse que s'il s'était agit d'une bourse pleine de pièces d'or et de rubis. Ma gourmandise est ainsi démasquée! dit-elle en riant de bon coeur. Merci! Prenez-vous le temps de boire quelque chose ou comptez-vous être aussi expéditif qu'à l'accoutumée? Ils s'étaient rencontrés à deux reprises, et les deux fois, il n'avait pas étiré la discussion plus que nécessaire. Sans doute n'était-il pas du genre à essayer de tisser un lien en dehors des affaires dont il s'occupait, et c'étaient les affaires qui le menaient aujourd'hui à elle. Cela me plairait de vous en parler. Bien, il restait au moins le temps d'un verre de... lait? Sans aucun doute.

- Vous n'avez pas perdu de temps! Installez-vous sur le banc dehors, j'arrive! dit-elle en déposant sa fourche contre l'abreuvoir, pour s'éclipser vers sa chaumière, pot de confiture en main. Elle ressort quelques instants plus tard avec deux gobelets de lait. Quelle journée magnifique! Elle s’assoit sur le banc et tend un gobelet à Aymeric. Pas de cérémonie, ils sont sur son terrain, au Labret, et en plus la dernière fois qu'elle s'est essayée au respect du protocole, elle n'a fait que gaffer.

- Si c'est pour une demande en mariage, attendez au moins que j'ai fini mon verre. Ce serait dommage que je le lâche à cause de la surprise, et que je gâche une si douce collation! Mathilde part à rire. Un rire léger, qui s'envole avec la brise printanière qui souffle. Elle prend une bonne gorgée de lait et ferme les yeux, le visage baignant dans la lumière du soleil, pour soupirer de bien-être. Je vous écoute.
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Aymeric de BeauharnaisComte
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MessageSujet: Re: [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde)   [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde) EmptySam 20 Juil 2019 - 19:46
Oh, il aurait bien fait savoir qu'il sait s'occuper de son cheval, mais il est chez elle. Sa maison, ses règles. Cela, il a du mal à s'y faire, malgré une vie somme toute majoritairement militaire. Il supporte toujours mal qu'on fasse les choses pour lui, même quand comme ici c'est bienveillant. Il s'assied sur le banc comme proposé. Il y a une brise légère plutôt agréable et le lait est le bienvenu. Elle lui arrache un sourire quand elle lui parle mariage.

- Oh, si vous espérez un mariage, faudrait déjà que le mien soit annulé. Puis je crois que Guillaume serait un meilleur parti. Lui ne vous obligerait pas à devenir noble, mais ça m'ennuierait de le perdre à votre profit... Mais bon, je ne m'y opposerai pas, si telle était votre volonté à tous deux.

Comme le dirait Aymeric, Guillaume est un bon gars et il ferait un bon époux... si seulement il savait un peu parler aux dames. Parce que, dès qu'il s'agit d'affaires de cœur, ou de cul d'ailleurs, le pauvre perd tous ses moyens. Et puisqu'elle l'écoute, Aymeric se lance, d'abord pour son installation.

- Je vous avais dit que les choses se savaient vite à l'Esplanade et je ne m'étais pas trompé. Mon projet de départ au Labret était connu avant que je n'en parle de façon plus officielle et une Comtesse s'est montrée intéressée. Elle a un domaine ici au Labret et la présence d'un noble guerrier sur place ne pouvait qu'être un plus à ses yeux. Il y a des zones exploitables pour s'attaquer à l'élevage et j'ai une passion pour les chevaux. Mais d'autres animaux me semblent à ma portée. Quelques vaches, des lapins d'élevage, des poules peut-être. Pour les porcs ou les canards, je n'y connais rien et Guillaume pas grand chose, mais en matière de cheval, c'est un maître et il s'est déjà occupé de vaches par le passé. Il faudra que nous apprenions le reste, mais ce projet me botte assez. Et j'aurai toujours mes revenus liés à la chasse, mes peaux, puis je ne paierai ni l'hébergement, ni la nourriture. J'ai donc le temps de remettre aussi la maison principale et l'étable du domaine Pessan en état. C'est la grande maison en pierre qui se situe au nord ouest d'Usson et tout le domaine attenant.

Peut-être connait-elle. Il y a huit personnes qui travaillent les champs, ce qui indique une forte production. Si la viande s'y ajoute de manière intéressante, cela ne pourra être que bénéfique pour tous. Mais bon, il y a énormément de travail avant d'envisager un élevage intéressant. Le Comte poursuit.

- Tout ceci m'occupera de manière importante et m'éloignera d'un projet beaucoup plus tarre-à-terre que je nourrissais quand je ne voyais pas de départ possible de Marbrume. Mais pour comprendre ce projet, il faut que je vous conte un peu de mon histoire.

Il boit une gorgée de lait puis se lance.

- Il y a huit ans, j'ai eu une aventure avec une jeune femme de haute lignée. Elle me trouvait de la noblesse sans savoir que j'avais grandi dans ma Comté et je lui trouvais beaucoup de charme, mais cela restait gentillet, nous savions elle comme moi qu'il ne fallait pas jouer à certains jeux. Puis une mission longue et dangereuse m'a appelé à l'extérieur, je devais partir pour plusieurs semaines, sans savoir si je reviendrai. Plusieurs de mes compagnons y sont restés. C'était quelque part la fin de notre histoire et nous avons cédé. Et un enfant a été mis en route. Dès qu'ils l'ont découvert, ses parents lui ont interdit de me revoir, pensez donc, un simple milicien... Et il fallait cacher le déshonneur de leur fille, qui a été envooyée à la campagne pour mettre au monde l'objet du délit. Ce qui fait que quand je suis revenu, je ne l'ai pas retrouvée. L'enfant aurait dû disparaître, mais une bonne âme a jugé plus utile de la confier au Temple. Et c'est ainsi que durant des années j'ai ignoré être père.

Le récit n'est pas joyeux, mais ça passe mieux quand on connaît la fin, et il n'a pas caché avoir une fille. Mais on peut se demander pourquoi il parle de cela.

- Les enfants abandonnés ne restent pas éternellement au Temple et Alix a été confiée à une nourrice, où elle a pris sous sa protection deux enfants plus petits. Mais avec la Fange, tout est devenu encore plus compliqué et elle a vécu, ou plutôt survécu, dans la rue, gagnant comme elle pouvait de quoi manger ou se vêtir. Heureusement, quelques bonnes âmes l'ont aidée. Mais tous ne sont pas bons. Certains l'ont faite chanter en enlevant ses protégés afin qu'elle espionne pour eux. Je vous avoue que l'idée d'un duel judiciaire contre cette ordure m'a traversé l'esprit, mais j'ai préféré laisser faire la justice, afin de récupérer les deux petits. L'ordure qui n'a de noble que le titre a rendu les gamins mais n'a pas été inquiété outre mesure, alors que seule la corde me paraissait une réparation juste. Mais étant devenu Comte et Alix vicomtesse, il devenait malvenu de me chercher des poux dans une tonsure que je n'ai pas encore.

Il l'a expliqué froidement, sans colère et bizarrement il sourit à Mathilde avant de poursuivre.

- En découvrant de l'intérieur le sort des enfants des rues m'est venue une idée. Enfin, pour être honnête, la paternité de cette idée n'est pas de moi. Alix m'a conté s'être proposée comme apprentie auprès d'un soigneur qui l'a beaucoup aidée. Mais le jeune homme s'était endetté et n'avait pas les moyens de l'accueillir, sinon pour l'héberger et la nourrir, ce qui était déjà généreux. Mais il connaissait un autre artisan qui lui aurait pu être intéressé par une apprentie courageuse. Le destin a voulu qu'un mercenaire retrouve Alix le jour où elle devait rencontrer son futur formateur et les choses ne se sont pas faites. Mais mettre en contact des enfants à former et des artisans sans enfant me paraissait excellent comme idée. L'artisan pourrait transmettre son savoir et l'enfant sans avenir en avoir un, via un métier noble, qui plus est. Je n'ai pas eu le temps de mener ce projet à terme, hélas, mais...

Mathilde n'est pas bête mais doit sentir le coup venir, aussi Aymeric poursuit-il après une nouvelle gorgée de lait.

- Celui qui a fait chanter Alix dispose d'un réseau de malfrats et qui s'inquiète réellement ou enquête sur un gamin disparu ? Personne. Ils sont donc en danger et il faut que je les emmène là où le vilain pas beau n'a pas d'influence. Et ce lieu, c'est ici, au Labret. Et je tiens à garantir un avenir à ces deux petits protégés. Pour le garçon, mon forgeron, le nouveau forgeron d'Usson donc, sera ravi d'accueillir un gamin, d'autant plus que cela pourrait lui attirer la sympathie de dame toutes disposées à lui prodiguer des conseils d'éducation. Il est plus que temps qu'il se marie, d'ailleurs, mais soit.

Oui, il s'en rend compte, il est cerné de célibataire. Lui s'est marié tard avec pour reprendre les propos d'un ancien allié "la pire pute de Marbrume", certes, mais riche, Guillaume a largement dépassé la limite de fraîcheur et son jeune forgeron, bien qu'honnête artisan, s'il a un don pour taper le fer, est presqu'aussi maladroit que Guillaume avec les dames. Presque... Un employeur plus regardant que feu le Comte ou qu'Aymeric l'aurait déjà licencié car il reste inacceptable de ne pas être marié à son âge. Aymeric s'étant marié à 30 ans, il reste plus coulant.

- Bref, il me reste sur les bras une petite fille de quatre années, Leanne je crois, trop petite pour être aujourd'hui d'une quelconque aide, mais qui peut être un ouragan qui transforme une maison et une vie. Je ne peux la prendre car ma fille ne comprendrait pas que je ne l'adopte pas si elle vit chez moi, et je me vois mal la confier à une personne inconnue ou en qui je n'ai pas confiance. Et comme au Labret je ne connais quasi personne, je suis venu vous demander si vous accepteriez de prendre Leanne comme apprentie. Cela vous garantira ma visite ou celle de Guillaume pour accompagner Alix qui sera ravie de revoir sa protégée. Cela vous autorisera à aller dire bonjour au forgeron d'Usson, qui pourra en profiter pour réparer un outil ou l'autre pendant que les deux petits jouent, et cela vous ouvrira les portes du domaine Pessan. Mais pour être honnête, je n'ai aucune raison de vous les fermer et je ne le ferai pas même si vous refusiez l'offre. Mais intimement, j'espère que vous l'accepterez.

Non, il n'est pas venu la demander en mariage, il fait pire, il lui propose d'être maman. Oh, il parle d'apprentissage, c'est joli, c'est poli, mais il sait, et Mathilde sait aussi, que forcément un lien se tissera, puis que l'idée d'adopter la petite fera son chemin. Et si ça ne marchait vraiment pas, Aymeric aura eu le temps de connaître d'autres gens au Labret. Y-a-t-il seulement des enfants des rues ici ou bien la solidarité campagnarde fait-elle son œuvre ? C'est une question qu'il se pose mais qu'il ne posera pas.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde)   [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde) EmptySam 20 Juil 2019 - 21:54
- Mes espoirs de devenir Comtesse du Labret s'effondrent! dit-elle, faussement attristée par le constat. Le problème c'est qu'Aymeric ne semblait pas connaitre le second degré, et qu'il avait l'air de la prendre au sérieux, lui proposant d'épouser Guillaume, celui-là même qui avait intercédé auprès de l'Ordre quelques semaines plus tôt. Elle fit une petite moue. S'il y a bien une chose à laquelle elle ne s'attendait pas, c'est bien à ce que le Comte s'improvise marieuse.

Elle pouffa de rire et l'arrêta dans ses élucubrations. C'était juste une plaisanterie, je n'aspire pas à me marier à tout prix. J'ai autre chose à faire, pour l'instant.

Il continua en lui racontant, à grands renforts de détails, ses projets futurs. Le domaine Pessan. Elle hocha de la tête lorsqu'il en fit mention. Elle connaissait, une grosse ferme, un gros domaine, qui nécessitait une connaissance approfondie de la terre compte tenu de son emplacement et de l'orientation des champs. Improviser était du suicide, mais le Comte avait l'air de savoir s'entourer.

Il faut que je vous conte un peu de mon histoire. Mathilde haussa un sourcil, affichant une mine perplexe. Ne venait-il pas de le faire à l'instant? Elle plongea le nez dans son gobelet et pria les dieux pour que l'histoire fut courte et qu'il aille droit au but. Elle allait lui dire que ce n'était pas nécessaire de remonter aux origines de sa vie, mais il avait déjà repris son long monologue. La fermière contempla les champs qui l'attendaient, et calcula, d'un mouvement de doigts discret, les rangs qui lui restait à semer. Elle fit une petite moue. Deux jours de travail, si le ciel le permettait. Pas si mal. [...]et Alix a été confiée à une nourrice[...] Elle étouffa discrètement un bâillement. Il faudrait qu'elle prépare son pain ce soir pour aller le cuir demain demain à Usson. Elle en profiterait pour vendre quelques légumes à l'auberge. Il fallait donc planifier de les récolter ce soir, pour les laver et les conditionner pour le transport.

... Il lui souriait. Merde. Elle lui sourit en retour. Qu'est-ce qu'il disait? Qu'est-ce qu'elle devait répondre. Elle ouvrit la bouche mais, par la grâce des Trois, il reprit son interminable récit. Mathilde se concentra sur la suite du discours, toujours foisonnant de détails inutiles à son sens. Lentement, mais surement, le Comte arrivait à son but : proposer quelque chose à Mathilde. Il était question d'un enfant confié au forgeron. Elle fronça les sourcils. Il n'oserait pas... Non il n'allait pas...

Si. Leanne, quatre ans, apprentie fermière. En échange, elle aurait l'insigne honneur de recevoir des visites de sa grandeur le Comte et de sa suite.

- Vous avez donc osé ramener vos merdasses de complots de nobles au Labret. Vous planquez des enfants en espérant que votre nouvel ami ne farfouille pas ici. Et pourquoi ne le ferait-il pas, hein? Elle leva les yeux au ciel, visiblement exaspérée. Quel manque de logique.

- Je suis votre ennemi, je sais que vous planquez des témoins gênant, mon premier réflexe est de chercher là où vous vous trouvez, parce que je sais que vous voudrez avoir un oeil sur eux. Et où avez-vous décidé d'aller? À Usson. Où vais-je donc chercher? Au même endroit, parce que je sais que vous êtes un homme de parole, que vous êtes attentif à vos gens, que vous voulez que chaque personne soit bien installée et que vous avez un penchant pour le contrôle qui fait en sorte que vous vous assurerez que les petits soient proches de vous. De la sorte,vous pourrez aussi aller les rechercher dès que le besoin se fera sentir, pour me mettre des bâtons dans les roues dans une affaire quelconque. Elle s'était levée et faisait maintenant les cent pas devant le noble. Est-ce que je vais prendre le risque d'accueillir un enfant dans ma ferme alors qu'il est de notoriété publique que mon ventre est resté dramatiquement vide durant mon mariage? Est-ce que je vais l'accueillir pile au moment où je m'acoquine avec la noblesse pour développer ma ferme? Non! C'est trop énorme. C'est trop flagrant. Je dis quoi aux hommes de main de votre petit noble dont vous ne me dites même pas le nom? "J'ai vu cette gamine passer un soir de pluie et je l'ai adoptée"? N'importe quoi! C'est n'importe quoi!

Elle fulminait. Quelle idée grossière. Quel connard, en plus. Débarquer comme une fleur, et lui proposer de cacher un enfant, en ayant l'indécente audace de lui promettre des visites. Pour qui la prenait-il? Le Comte venait de chuter bien bas dans l'estime de la fermière.
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde)   [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde) EmptyMer 24 Juil 2019 - 9:22
Aymeric écoute le laïus de la fermière, regard planté dans celui de Mathilde. Bon, qu'elle ait du caractère, cela ne le surprend pas, c'est même pour cela qu'il l'apprécie. Mais il pensait qu'elle avait aussi ce bon sens terrien, et là, son analyse à elle est faussée. Et pire que tout, elle devient à la fois grossière et insultante. Et si Aymeric veut bien admettre que sa démarche n'est pas habituelle, il y a certaines limites qu'il convient de ne pas franchir.

- Fort bien... Vous aviez tout à fait le droit de refuser, mais aucune raison d'être insultante et méprisante. Si j'ai des problèmes de noble, ben bizarrement, c'est parce que je suis noble. Vous avez bien des problèmes de fermière, vous, non ? Alors, autant j'ai sans doute du mal à saisir pourquoi par exemple un trop long ensoleillement peut être problématique, ou trop de pluie, ou que sais-je, dans votre métier, autant vous, vous ne maîtrisez pas certaines données de mon ancien monde. Que j'ai fui, d'ailleurs, pour m'installer ici. Vous reconnaîtrez que nous ne sommes pas nombreux dans ce cas.

Non mais c'est vrai, quoi. Est-ce que je lui explique comment augmenter ses récoltes ? Quoique je l'ai un peu fait, mais en parlant rendement. Et quand je vois les ouvriers dont elle dispose désormais, je me doute qu'un arrangement a été trouvé avec l'Ordre, et c'est tant mieux. Apparemment, elle a oublié que c'était grâce à moi. Faut-il que je le lui rappelle ? Cela serait maladroit, et discourtois.

Telles étaient les pensées du Comte avant qu'il ne se décide à poursuivre.

- Avant d'être Comte, je suis père. Quand ma fille m'a avoué le chantage qu'elle subissait, j'avais trois options. La première, user de mes talents de chasseur pour tuer le maître chanteur. Même en terrain urbain, je peux y arriver sans trop de peine. L'inconvénient de ce choix, c'est que j'aurais fini par être arrêté et pendu et on n'aurait pas retrouvé les petits pour la cause. J'ai donc abandonné cette option.

Aymeric lève un second doigt.

- Option numéro 2, l'ordalie judiciaire. J'accuse publiquement le maître chanteur, je le combats quelques jours plus tard, lui ou son représentant. Sachant qu'il est fortuné, il aura trouvé un solide combattant. Il prévoira sa victoire et pour confirmer que mes allégations sont mensongères, il fait tuer les petits. En cas de victoire, mon prestige augmente, en cas de défaite, ma petite est orpheline et déshonorée. Raison pour laquelle j'abandonne cette opion.

Et zou, un troisième doigt rejoint les deux autres.

- J'explique à ma fille que la vérité est la meilleure voie et qu'il faut confiance en nos institutions. Nous prions, nous nous adressons aux bonnes personnes, celles qui auront le courage d'enquêter sérieusement puis, preuves à l'appui, on informe le maître chanteur de ce qu'il risque s'il ne libère pas les gamins. S'il leur arrive quelque chose, s'il m'arrive quelque chose ou s'il arrive quelque chose à ma fille, la Milice est au courant et le maître chanteur risque gros. C'est ce que j'ai fait, en accord avec Alix. Elle ne craint plus rien pour avoir espionné et volé au bénéfice du maître chanteur et les deux otages ont été libérés et mis sous la protection du Temple. L'ordure a sauvé sa tête, ma fille a retrouvé confiance en nos institutions et je peux redémarrer une nouvelle vie, loin de tout ça. Restent deux problèmes.

Aymeric secoue ses doigts et lève le pouce.

- Si le maître chanteur décide finalement de se venger et qu'il s'en prend aux petits, il sait que je le tuerai, et qu'en prime je pourrais ne pas être pendu. Hors, je suis un combattant, et lui non. J'ai quinze ans de milice, en extérieur, à affronter contrebandiers, pirates, puis bannis et fangeux. Tout être normalement constitué me considérerait comme un adversaire à prendre au sérieux. Et mes talents à la chasse font qu'il sait que je pourrais le tuer sans qu'il s'en aperçoive, même s'il était protégé. Un lieu discret où se planquer et une flèche suffise, c'est l'avantage d'être un combattant à distance. Donc, s'il veut se venger, c'est moi qu'il doit tuer. Ce qui de fait protège les enfants.

Cet argument est absolument imparable aux yeux du Comte. Il n'est pas vraiment rassurant quant à l'espérance de vie d'Aymeric, mais pour le reste, il est plutôt porteur. Et le second argument risque de dénoter par rapport au reste.

- Mais plus important encore. Ma fille n'a jamais quitté les murs de Marbrume. Jamais. C'est un nouvel univers qui l'effraie. Elle me suit et fait celle qui sera heureuse ici, mais c'est une citadine qui va découvrir la campagne. Elle n'a pas appris à aimer la campagne. Pour elle, le monde rêvé, c'était l'Esplanade. La richesse, les jolies robes, les repas copieux, tout ce qu'elle n'avait pas. Alors j'essaie de le lui vendre au mieux. L'air frais, les légumes qu'on cueille nous-même, sa petite chèvre, les animaux qu'on aura, le fait de grimper aux arbres, puis le fait qu'elle aura quand même une éducation, des jolies robes et ces choses qui la font rêver, elle. Mais, et je pense que vous pouvez le comprendre, Mathilde, cela ne suffit pas. C'est comme si je vous vendais au mieux les protections de l'Esplanade, le luxe... Vous, vous sentiriez d'abord le manque de votre terre à cultiver, le bonheur de boire du lait extrait directement d'un pis ou le plaisir de ressentir le vent dans les arbres. Alors voilà...

Il a un sourire triste.

- J'veux pas que ma fille soit malheureuse. Et de tout, c'est pour ses deux protégés qu'elle s'inquiète le plus. Elle a pourtant une amie, Louise, à l'Esplanade, les enfants de la couturière de Bourg Levant ou ce couple formé par une prêtresse et un soigneur qu'elle adore. Mais c'est abandonner les deux petits qui lui fait le plus mal... et qui risque de bloquer le plaisir qu'elle devrait avoir à vivre ici. Si elle tient de son père, c'est une campagnarde aussi. Sa mère était bien partout.

Le sourire d'Aymeric se fait plus grand.

- Bref ! Si les deux petits sont aussi ici, à la campagne, ça motivera Alix, qui sera plus facilement heureuse ici. Que j'aie tué ou non le maître chanteur n'y changera rien. L'avantage, c'est qu'ici, il ne risque pas de croiser les deux petits et les tuer sur un coup de tête, car à cet âge, on les égorge aussi facilement qu'on égorge un agneau. Et qui s'inquiète de deux orphelins de nos jours ? Alix... Tu peux pas t'imaginer combien je suis fier d'elle. Alors, si on te demande pourquoi tu as cette gamine, il te suffit de répondre qu'on t'a proposé de faire d'une orpheline une fermière, de lui offrir un logement, de la nourriture et un métier, et que tu as accepté.

Aymeric se lève, prêt à partir.

- Tu vois, Mathilde Dumas du Labret, tu m'aurais répondu "c'est trop de responsabilité, je décline la proposition", je l'aurais entendu et accepté, sans difficulté. Je pense que je peux lui trouver une femme ou un couple qui serait intéressé de venir en aide à une gamine qui n'a pas eu de chance jusque là.Juste, j'étais convaincu qu'ici, elle serait bien, parce que moi, je m'y sentais bien. Je déteste être pris pour un imbécile, je pense avoir prouvé que je ne l'étais pas. Ni un imbécile, ni un égoïste, ni quelqu'un qui manipule pour arriver à ses fins. Cela, je pensais que vous l'aviez compris. Ce n'est pas le cas, tant pis. Je ne dois m'en prendre qu'à moi.

Il fait demi-tour pour se diriger vers l'étable pour récupérer son cheval. Les choses n'ont pas changé, Aymeric déteste se faire servir.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde)   [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde) EmptyMer 24 Juil 2019 - 16:50
A-t-elle saisi qu’elle l’avait insulté? Non. Mathilde a des manières de fermière. Franche, directe, honnête, elle ne connait rien au protocole des sang bleu et n’y porte aucun intérêt. La jeune femme sait qu’elle enchaîne les impairs lorsqu’elle est en présence de ce monde qui lui reste profondément étranger. Elle a offert une accolade au Comte, a quitté précipitamment une réunion, a menacé un Vicomte en pointant une flèche vers lui… et n’a fait aucune révérence, pour personne.
Mais le fait est que le Comte tourne les talons, et que l’énergie qui se dégage de sa démarche est la même que celle qui se dégageait de sa voix, lorsqu’il lui répondait. Elle avait été insolente, assez que pour que le Comte, qu’elle connaissait et appréciait pour sa franchise, préfère partir pour ne sans doute jamais revenir.

- J’ai pas fini, messire dit-elle en le rattrapant en courant. Je ne maîtrise pas votre monde, et c’est bien pour ça que je refuse d’élever une enfant qui en fait partie. Réfléchissez, bon sang! Je fricote avec l’Ordre depuis que vous avez débarqué sur cette ferme, au début du mois. J’ai rencontré plus de nobles en quelques jours qu’en toute une vie. Qu’est-ce qui me dit que votre ordure n’est pas un ami de Terresang et qu’il ne se pointera pas ici pour voir comment ça se passe, chez la p’tite Dumas?

Une curiosité exotique. C’est comme ça qu’elle s’était sentie à la réunion de l’Ordre. On l’avait dévisagée sans même lui adresser un mot. On avait éprouvé ses talents de négociation devant la poignée de nobles qui en avait fait son quotidien. On l’avait testée, éprouvée, et elle s’attendait à ce que ça continue comme cela, le temps qu’elle fasse ses preuves sur le terrain.

Elle l’attrapa par le bras pour l’obliger à se retourner pour lui faire face. Un autre geste maladroit, qui lui vaudrait au moins une gifle, en temps normal.

- Dans mon monde, messire, on règle les affaires de ce genre par la force. Et on s’arrange pour pas se faire prendre. Et si votre maître chanteur est aussi crapuleux que ce que vous semblez dire, il préfèrera sans doute s’en prendre aux enfants plutôt qu’à vous, pour vous montrer qu’il a le dessus, sur vous et sur la justice. J’imagine que c’est un gars bien entouré, bien protégé, qui ne craindra pas vos flèches, si précises soient-elles.

Elle soupira.

- J’entends vos inquiétudes pour ces enfants, pour votre fille aussi messire, je vous l’assure, mais c’est pas ici qu’une enfant de quatre ans sera en sécurité. Des bannis se sont arrêtés ici cet hiver. Des voleurs passent régulièrement. Je m’entraine à l’arc presque chaque jour pour être sûre de ne pas manquer ma cible, en cas de besoin, et croyez-moi, ces derniers temps j’ai été servie. Et ça va pas s’améliorer. Plus de travailleurs, ça veut dire plus de denrées produites, donc une cible de choix pour toute personne malhonnête. Ma vertu ne sera plus un attrait, mais la nourriture qui dort dans les champs, par contre…

Elle s’était radoucie.

- Aymeric de Beauharnais d’Usson, j’ai accepté de travailler pour l’Ordre parce que je n’avais rien à perdre. En accueillant une enfant de quatre ans chez moi, ce n’est pas une apprentie que je risque de perdre, mais une fille. La fille que je n’ai jamais eue, et que j’ai tant espérée durant mon mariage. Je n’expose que moi au danger, et c’est bien comme cela. Tu ne veux pas qu’on la menace? Ne me la laisse pas. Parce que tu n’as aucune idée de ce qu’est le quotidien soit disant paisible de la veuve Dumas, et pour être tout à fait honnête, ce quotidien étant en plein bouleversement, j’ai bien peur qu’il soit encore plus dangereux qu’avant.

Regrettait-elle son choix? Pas du tout. Il n’engageait qu’elle. Elle avait eu à faire des concessions, elle savait que sa sécurité serait assurée tant qu’elle resterait à proximité des mercenaires de Sombreval, mais elle avait bien conscience que dès qu’elle passerait la barrière de la ferme, cette sécurité serait mise en péril. L’avenir lui donnerait raison.

- La jeune Alix sera la bienvenue avec ses amis pour jouer ici, de temps en temps, et cueillir des pois, et traire la chèvre, et regarder les poules couver. Mais cet endroit n’est pas fait pour qu’une enfant y grandissent en toute sécurité. Surtout si je ne sais pas qui est l’ennemi.
Et elle ne le saurait probablement pas. C’était la deuxième fois qu’elle lui demandait un nom, elle ne s’attendait pas à l’obtenir.

- Quand je vous ai dit que j’accueillerais volontiers toute personne que vous jugeriez apte à être formée, je ne m’attendais pas à ce que vous arriviez avec une proposition d’adoption. Je m’attendais à un jeune adulte prêt à travailler, avec lequel je n’aurais qu’une relation maître-apprenti. Pas à une petite fille dont le seul besoin est d’être aimée par quelqu’un qui lui offre toute la sécurité dont elle a besoin.

Avait-elle apaisé le Comte? Elle l’espérait. Mathilde n’aimait pas les brouilles, peu importe le rang de la personne avec laquelle elle se fâchait.
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde)   [Terminé] Une récompense ? Au coing ! (PV Mathilde) EmptyJeu 8 Aoû 2019 - 10:11
Quant Aymeric part, c'est une mauvaise idée de le retenir. S'il part, c'est qu'il en a fini. Il ne s'est jamais éternisé là où il se sentait de trop ou quand il avait mieux à faire, que ça soit durant sa jeunesse, du temps de la milice ou maintenant qu'il est noble. La seule chose qui peut le retenir en un lieu, c'est la météo, puisque l'absence de soleil fait que le monde appartient aux fangeux. Alors, que la Dumas n'en ait pas vraiment fini, l'Aymeric s'en contrefout. Et alors, prétendre que la petite fait partie de son monde.

- Non, Mathilde, la petite n'est pas une sang bleue. C'est une pouilleuse, une orpheline. Dans l'échelle sociale, elle est tout en bas, sans parent pour la protéger. Le fait d'avoir été une otage n'en fait pas une sang bleu pour la cause.

Le reste, Aymeric n'y répond pas. Il a expliqué, clairement, que ça serait une erreur de s'en prendre à l'enfant sans s'en prendre à lui car il y aura réaction. Aymeric est un homme d'honneur et ce fait est connu. Se déplacer jusqu'ici juste pour s'en prendre à l'enfant serait du suicide pur et simple. C'est l'homme qui sort seul pour chasser dans les marécages et revient avec des peaux. Il a survécu dans la milice externe et a quitté l'esplanade pour vivre dans le Labret, de son plein gré. Il n'a pas peur, sait survivre, se battre et exploiter un terrain. Ca en fait un ennemi à éviter, même un idiot pourrait le comprendre. Et quand on est un lâche, on ne peut pas se permettre en prime d'être un idiot. Car bon, celui qui cumule ces deux qualités est déjà mort. Qu'elle puisse imaginer le contraire, grand bien lui fasse. C'est une excuse pour elle, pas pour lui.

Le regard noir qu'Aymeric lance à Mathilde quand elle lui attrape le bras en dit long, par contre et qu'on soit du même monde ou pas n'y change rien.

- Ce genre de geste est à proscrire sur un combattant. On est entraîné à réagir et tu pourrais t'estimer heureuse de ne t'en sortir qu'en étant assommée. Je plaisante pas, un danger venant de derrière implique une réaction directe et violente. Même Guillaume ne s'y risquerait pas, déjà avec moi, encore moins avec un inconnu. Et dans l'absolu, j'évite les contacts physiques. Je ne les accepte que de ma famille ou de mes maîtresses... et encore, pour ces dernières, ça dépend du moment.

Bon, le petit laïus sur la vie dangereuse ici qui le devient encore plus maintenant qu'elle a des gens pour la défendre... Le fait qu'il ne la regarde même pas et observe ses champs en dit long sur l'intérêt qu'il porte à ce discours. Et la question qu'il se pose est : "Et si la partie animalière de la ferme fonctionne, aura-t-on assez de fourrage ?", suivi d'une autre question : "si des fengeux débarquent, où les soldats peuvent-ils se réfugier ?". Mais bon, après avoir expliqué que son quotidien est bien plus dangereux, elle lui annonce, juste à la suite, qu'Alix sera la bienvenue ici.

- Pour ce qui est de jouer, cueillir des pois, traire une chèvre ou regarder les poules couver...

Il marque un temps d'arrêt puis poursuit

- Moui, pour les poules, faut encore que j'en achète et que j'achève le poulailler et le clapier d'ailleurs. Bref, pour tout cela, elle peut l'avoir chez nous, enfin au domaine Pessan. Ils ont huit pour cultiver la terre et il reste de l'espace pour faire de l'élevage. Quant à la maison, elle est en pierre, haute de trois étages et tellement grande que si je torturais quelqu'un à un côté du couloir, je doute qu'on entende ses cris de l'autre côté. Faut vraiment que vous passiez un jour, je peux même vous héberger une nuit, si nécessaire. Vers la mi-avril, si vous voulez, j'aurai fini une partie des travaux. j'achèterai des poules, mais pour les lapins, j'irai les capturer moi-même.

C'est qu'il n'y a pas de petits profits et qu'il n'est pas mauvais en piégeage, notre noble chasseur. Mais il termine son allocution sous la forme d'une confidence.

- Ne vous inquiétez pas, dame Dumas du Labret, je trouverai quelqu'un pour s'occuper de Leanne. Et si je ne vous présente pas d'adulte, c'est parce que j'estime qu'ils sont aptes à demander du travail par eux-mêmes. Et si vous estimez qu'il est meilleur pour une gamine de 4 ans de vivre seule dans les rues plutôt qu'avec un adulte dans une maison, je me dis que je suis encore loin d'avoir le bon sens terrien qui m'a tellement été vanté... Et je vais vous faire un aveu, Mathilde, qui risque de vous surprendre. La sécurité était déjà un leurre, mais depuis la fange, c'est devenu un rêve. Si vous attendez la sécurité pour faire avancer un projet, vous ne vivrez plus. Je préfère prendre des risques, de mon côté, pour pimenter ma vie, que d'attendre que le danger soit passé.

Le Comte grimpe sur son cheval et ajoute avant de s'en aller.

- Merci pour le lait, il était délicieux. Cela me motive d'autant plus à en avoir à moi, directement du pis. Des chevaux, deux trois vaches, de la volaille, du canard peut-être, des moutons. Voilà mon rêve. Et continuer à chasser ce qu'on ne peut élever, parce que je ne suis vraiment heureux que quand je suis face à la nature. Malgré les brigands, les pirates, les bannis et les fangeux. Pour d'autres, c'est la terre. Pour d'autres, c'est la mer. Moi, c'est la forêt, les pièges et mon arc. Là-dessus, on ne me changera plus.

Il lui adresse un clin d'oeil, il ne lui en veut pas. C'est une sacrée responsabilité, un enfant. Mais il était inutile de chercher de fausses excuses. Pas avec lui.
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