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 La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel]

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MiguelBanni
Miguel



La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel] - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel]   La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel] - Page 2 EmptyLun 29 Juil 2019 - 3:16
Le trouble de la jeune femme à mon baise-main ne m'échappa pas, pas plus que la timide caresse qu'elle effectuait de son pouce sur le dos de la mienne. Je ne profitai pas de cette faille... Je ne savais pas comment l'interpréter. Mathilde avait été des plus claires sur mes chances de parvenir à la charmer et à obtenir plus qu'un petit peu d'hospitalité aimable. Pourtant... N'était ce pas du regret et de l'anxiété que je lisait sur son visage et dans ses yeux?
Je me raisonnai en pensant que pleins de choses pouvaient être à l'origine de cet émoi. Après tout, sa grange n'était elle pas au centre d'une potentielle attaque? Son cheval ne se trouvait il pas en danger? Et elle, était elle seulement en sécurité?
Je détaillais en silence une fois encore le doux visage de la belle avant de la libérer et me détourner pour partir au dehors accomplir ma promesse.

J'avais certes la clef en poche, mais je doutais que la fermière ne me laisse à nouveau l'occasion d'entrée. Cela me rendait maussade... La perspective d'un bon lit, d'un toit et quatre murs avaient eu tout pour me ravir. D'autant plus si l'on m'offrait un petit déjeuner en présence de la charmante Mathilde... Mais j'aurai eu moi-même bien du mal à trouver la quiétude du sommeil sans savoir ce qui rôdait au dehors. Une fois l'intérêt pour la jument passé, qui nous disait que nous serions pas les suivants à subir quelques tourments ?

Je passais la porte de la grange, épée à la main, ne l'entrouvant qu'un peu plus dans un discret grincement pour me frayer un passage à ma taille. Au dedans, il faisait si sombre que je n'y vu d'abord rien.
Sur le chemin, j'avais songé à la pire des éventualités. Et si la ferme subissait l'assaut d'un ou plusieurs fangeux en cet instant même? Quelles seraient alors mes chances de triompher, ou au moins d'en sortir vivant et indemne? Très minces... Trop mince... A côté de cette perspective, même me trouver face à un ours aurait été un soulagement.
Fort heureusement, et à ma plus grande joie, aucun de ces deux scénarios ne furent le bon.
On entendait un homme, se débattant avec le pauvre cheval qui refusait catégoriquement de se laisser faire prisonnier. Brave bête... Il se méfiait de l'inconnu qui cherchait à se l'approprier en lui passant une corde au cou. Je le sus avant même que mes yeux ne se furent acoutumés au noir. Je restais immobile, dans l'entrée, attendant d'y voir plus clair pour être bien sûr que je ne me retrouverai pas piégé dans un guetapan sournois et que personne ne se tapissait encore dans le noir à part notre voleur de bétail.
Je découvris alors mon adversaire, et cela m'arracha un sourire.

Grand et musclé à la manière d'un paysan ayant mené sa ferme avec implication, le gaillard semblait pourtant bien penaud, ses habits usés à l'extrème, son corps amaigri par une vie récente de pauvreté et de disette. Sa démarche était mal assurée, semblable à celle d'un voleur amateur qui ne se risque qu'aux crimes dont les chances de réussites sont les plus hautes. Ses jambes surtout avaient de quoi me rassurer. Frêles et maigres, on se doutait qu'elles n'étaient taillées ni pour la rapidité ni pour l'endurance. Il manquait cruellement de force dans le bas de son corps, ce qui m'offrait des perspectives de réussites relativement élevées, vu que j'étais pour ma part entraîné au combat et taillé équitablement de partout, à cause de ma vie à la dure.

Le voleur semblait ne pas avoir remarqué ma présence et je décidais alors de m'offrir une entrée théâtrale et angoissante. Tendant mon épée vers le sol, je laissais la lame crissée sur le parterre de la grange, avançant doucement, sourire aux lèvres, jusqu'à ce qu'il me fasse face, alerté par le bruit.
Je fus déçu de le voir si vite se rendre et se répandre en excuses. Pourtant je gardais un sourire malsain éclairé mon visage. L'étincelle au fond de mes yeux réclamaient un mélange de justice et de sang.
Je reprenai ses termes, pour lui apparaître encore plus inquiétant, et ma voix usait d'une certaine joie qui ajoutait encore un peu à l'angoisse que j'installais.


- Alors, l'ami? Que vois je là? Ce n'est pas très beau de voler une pauvre veuve sans défense... Ta mère ne t'a donc jamais appris à ne pas t'approprier ce qui ne t'appartient pas?

Mon sourire était carnassier, témoignant de la confiance en moi que j'avais face à lui, et laissant présager les vilaines sanctions que je comptais sans doute lui infliger.

- Il faudrait vraiment que quelqu'un t'apprenne les bonnes manières... Alors réfléchissons, qu'allons nous faire de toi?

Je fis mine de réfléchir, m'approchant d'un pas de plus. Je posais délicatement la pointe de mon épée sur son poitrail sans pour autant l'enfoncer. Mes prunelles grises étaient bien ancrées dans ses yeux et malgré l'obscurité de la grange, je devinais la terreur qui le submergeait alors. Il tremblait de peur, respirait fortement. La panique le gagnait et il se trouvait désarmé devant moi, prit la main dans le sac. Et il était plus qu'évident que je prendrais un malin plaisir à lui faire payer son audace.

- Je pourrais te découper une main... C'est généralement le sort qu'on réserve aux voleurs de ton genre... Ou alors, pour être sur que tu ne reviennes pas, être plus expéditif...

Je laissais ma phrase en suspend, mes mots l'impregnant dans un effet terrible.
Si martyriser un homme faible et sans défense avait tout pour me ravir, je songeai néanmoins que la méthode n'était pas la bonne. Tuer ce misérable n'écartait pas le risque que Mathilde soit à nouveau la victime de quelques brigands. Et curieusement, je me sentais concerné par le sort de la fermière...
Après la peur que je lui avais inspiré, je m'appliquais donc à lui paraître bienveillant en lui accordant la faveur de le laisser sauf et indemne.


- Je te laisserai en vie... Si tu cours de ce pas dire à tes confrères que la Veuve Dumas n'est plus une cible à viser. Pas plus elle que sa ferme d'ailleurs. Sans quoi... Ils tateront de mon épée.

Je prenais une posture chevaleresque, me faisant plus grand, gros et impressionnant que je ne l'étais réellement.

Un léger bruit de pas dans mon dos m'alerta sur la présence d'une nouvelle personne dans le pas de la porte. Je pivotais et préparais mon épée pour riposter à une éventuelle attaque. Une silhouette de femme, arc bandé, me faisait face. L'obscurité de la pièce m'empêchait de reconnaître la fermière.
Je pestais. Voilà que je me retrouvais prit au piège, entre le voleur et sa potentielle acolyte. Gardant les yeux fixés sur mon nouvel opposant, je me décalais d'un pas pour garder un minimum de visibilité sur le gaillard que je menaçais l'instant d'avant.


- Eh bien... Je vois que l'on n'est pas venu tout seul. Baisse ton arme, ma jolie. Je m'en voudrais d'avoir à abimer ton joli minois.

Je lui lançais un petit sourire cruel, même si je me doutais qu'elle ne devait y voir guère plus clair que moi. L'adrénaline montait. Je me sentais excité face à cette nouvelle perspective de combat. Même si, à vrai dire, deux attaquants dont un archer ne mettait pas la situation en ma faveur.
Je me tenais sur mes appuis, prêt à bondir de côté au moindre signe de résistance de la part de la jeune femme. Je gardais mon épée bien en main, également, prêt à riposter à la première occasion si les choses venaient à se gâter. Heureusement que j'avais reçu une formation en matière de combat.
Volontairement provoquant pour semer le doute chez l'archer, je poursuivais du même ton confiant.


- Ou alors prend bien soin de ne pas me louper... Sinon, tu auras à le payer cher... Et ton ami aussi !
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel]   La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel] - Page 2 EmptyMer 31 Juil 2019 - 16:43
- Tu n'auras pas l'occasion de m'abîmer. Et ce n'est pas mon ami.

La voix de la fermière s'éleva dans la pénombre. Calme, froide. Avait-elle peur? Bien entendu. Craignait-elle que l'intrus soit le complice du banni qui s'était invité chez elle? C'était une hypothèse tout à fait plausible, jusqu'à ce qu'elle entende la conversation qui n'avait rien d'une discussion entre compagnons de misère. Elle savait que Miguel mettrait ses menaces à exécution si ce voleur ne partait pas immédiatement. Pire, elle était convaincue qu'il éprouverait un plaisir intense si l'intrus lui donnait l'occasion de d'assouvir sa cruauté.

- Oh m'ame Duams, pardon! Jsuis désolé m'ame! J'avions pas l'choix, comprenez? Mais j'vous promions qu'personne r'viendra! Ti-Gus essayait de s'expliquer, espérant toucher la veuve et réveiller ainsi sa compassion. Tout le monde savait qu'elle traitait les voleurs avec la même humanité que les honnêtes gens. C'était pour ça qu'il n'avait pas tenté de s'en prendre à elle, seulement à son cheval. Mais ses compères l'avaient bien mal renseigné sur les habitudes de la fermière. Ils lui avaient dit qu'elle serait une cible facile, mais de toute évidence son veuvage avait déjà pris fin, sinon que ferait-elle avec un homme sous son toit en pleine nuit?

- Non. Dégage d'ici. Vite dit-elle à l'intention du Ti-Gus. Celui-ci, se trouvant plutôt chanceux, avança lentement vers la porte devant laquelle se trouvait Mathilde. A défaut de pouvoir repartir avec un trésor, il repartait en vie. C'était déjà beaucoup, compte tenu de ce que le drôle d'ami de la veuve avait dit. Il avança, les bras écartés en signe de reddition, prenant soin de laisser une distance de sécurité entre lui et Miguel, quitte à d'abord reculer pour mieux s'écarter de cet homme. La fermière fit deux pas de côté pour le laisser sortir, sans baisser son arc. Naturellement la milice sera avertie lui glissa-t-elle alors qu'il passait le pas de la porte. Il ne répondit pas. Ti-Gus-la-chance prit courageusement ses jambes à son cou et s'en alla dans la nuit sans demander son reste.

Mathilde reporta sa flèche en direction de Miguel. A mesure que les minutes s'écoulaient, ses yeux distinguaient de mieux en mieux les formes dans l'obscurité. Les contrastes de couleur entre la peau et les vêtements du banni lui apparaissaient maintenant plus clairement, mais elle ne distinguait pas les expressions plus subtiles qui animaient son visage.

- Nous avons un problème, Miguel dit-elle, au bout d'un long silence. J'en étais arrivée à vous faire confiance, et un malheureux geste est venu tout gâcher. Subtile, presque indistinct, s'il n'y avait pas eu ce bruit d'une clé qui glisse contre le métal de la serrure. Ma clé, Miguel.

Sa voix était aussi contrôlé que son souffle. Elle ne tremblait pas. Le fait d'avoir son arc à la main la rassurait.

- Nous sommes maintenant tout deux armés. J'ai l'avantage d'être une excellente archère. Il y a longtemps que je n'ai pas manqué ma cible. Il se peut que plusieurs de vos compagnons d'infortune soient boiteux à cause de l'une de mes flèches. C'est ce qui arrive quand on ne respecte pas mes règles.

Elle laissa un temps de silence, pour que Miguel puisse passer en revue les hommes qui étaient revenus d'une virée au Labret avec une jambe raide, ou une flèche encore plantée dans le séant. Puis elle reprit.

- Vous comprendrez qu'en dépit de l'excellente compagnie que vous offrez, je ne puis vous inviter à me rejoindre ce soir. Je vous propose de doucement prendre ma clé pour la déposer sur le sol, sans geste brusque, puis de monter à cette échelle pour rejoindre le grenier de la grange où se trouve une paillasse confortable pour la nuit. Demain, avant le chant du coq, je vous apporterai de quoi déjeuner, et vous vous en irez avant l'arrivée de la milice. Vivant, et indemne. La distance qui les séparait lui assurait de ne pas manquer sa cible. Il n'aurait pas le temps de réagir si elle décochait son trait, elle le toucherait quelque part au niveau du ventre.

- Je n'hésiterai pas à tirer, Miguel. Jusqu'ici je vous ai épargné parce que vous vous êtes bien comporté avec moi, mais prendre ma clé a été une erreur.

Elle le voyait maintenant nettement. Le moindre geste de travers serait fatal au banni, elle en était certaine.
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MiguelBanni
Miguel



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MessageSujet: Re: La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel]   La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel] - Page 2 EmptyJeu 8 Aoû 2019 - 16:06
La voix de l'archère me prit de court. Je la reconnu tout de suite. Ce n'était pas un nouveau brigand, ni une membre de la milice qui pointait son arme en ma direction. Mais bel et bien la douce Mathilde que j'avais quitté quelques minutes plus tôt.
Ma visage se muta en surprise à cette découverte. Pourquoi m'avait elle suivit? Pourquoi m'avait elle rejoint? Lorsque j'avais quitté la ferme, elle m'avait semblé bien apeurée du remu-ménage de la grange et ne semblait nullement décidée à m'accompagner dans cette expédition pour trouver l'origine de la peur de son cheval. Pourtant, elle était là... Et armée. Je ne discernai pas son visage, ni l'expression de celui-ci, et il devait en être de même pour la fermière à mon égard. J'ignorai jusqu'à la personne visée de sa flèche.
Si tôt eu-je prononcé mes avertissements, que l'inconnue qui ne l'était plus tant répondait avec une froideur et une confiance que je n'avais pas soupçonné chez la jeune femme. Soit elle avait bien caché son jeu, soit elle sauvait les apparences, soit... Soit elle était vraiment douée, l'arc à la main, et le savait pertinemment. Je me sentais soudain quelque peu mal à l'aise dans cette drôle de situation, comme si une sorte de revirement de force venait de s’opérer. Pourtant, je me refusais à croire que la veuve put me mettre à mal.
Je soupirai de surprise.
J'abaissais mon épée, peu désireux de croiser le fer avec mon hôtesse.


- Mathilde? Est-ce bien vous? Que faites vous ici, à l'extérieur? Je pouvais tout à fait me charger de cet idiot de voleur seul... C'est dangereux à cette heure tardive et par ce temps, de traîner hors de votre chaumière !

Elle sembla parfaitement ignorer cette marque d’inquiétude de ma part quant à sa sécurité.
Le brigand ne tarda pas à se manifester, plaidant pour sa cause et implorant la belle Mathilde de le laisser filer impuni. La fermière lui ordonna de quitter les lieux sur le champs, ce que le couard ne se fit pas répéter deux fois. Effectuant un large détour pour ne pas avoir à se trouver à porter de ma lame, il s'empressa de regagner les portes de la grange et je le suivais du regard, un sourire sadique encore accroché aux lèvres. Pour peu, si j'avais été seul, sans doute aurais je feinté une attaque, histoire de lui arracher un cri et de lui faire mouillé son pantalon. Peut être même aurais-je profiter de l'occasion pour me dérouiller en matière de combat à mains nues, ou l'aurais je quelques peu torturer, histoire de me divertir. Mais ce n'était ni l'heure ni l'endroit. En plus de cela, je ne voulais pas effrayer la jeune femme d'un mouvement brusque, ni la heurter en me livrant à quelques châtiments sanglants. Après tout... Ce n'était qu'une femme... Et l'on sait tous que les femmes sont faibles et facilement impressionnables.
Je me contentais donc de suivre l’intrus du regard jusqu'à ce qu'il se soit faufilé par la porte, la belle Mathilde s'écartant pour lui laisser le chemin libre. Elle lui lança une dernière petite pique qui m'arracha un sourire de satisfaction, et celui-ci décampa à la vitesse de l'éclair.
Je me retrouvais donc seul, à nouveau, en présence de la douce Mathilde qui se révélerait bien trop vite plus piquante que je ne l'aurais soupçonné.
Peut être un peu naïvement, je me lançai immédiatement dans de nouvelles flatteries.


- Eh bien, ma chère ! Vous ne manquez pas de cran ! Mais si vous voulez mon avis, vous vous êtes montré bien trop gentille envers ce rat qui s'apprêtait à vous voler votre cheval. Si vous m'aviez laissé faire, ne doutez pas un instant que...

... Que?
Je m'arrêtais net au milieu de ma phrase, stupéfait de ce qui était entrain de se produire et à laquelle je ne m'attendais pas le moins du monde, bien que ce fut parfaitement logique, en y repensant bien.
La brunette, bien loin d'abaisser sa flèche, la pointait à présent dans ma direction, armée et prête à me transpercer à tout instant. Je perdais tout sourire et pétillant, fixant la silhouette toujours sombre de la jeune femme, dans le pas de la grange. Si elle avait pu voir mon visage en cet instant, elle aurait deviné qu'elle venait de me prendre totalement par surprise, et que je me trouvais dans une situation d'incompréhension assez inhabituelle.
Ses paroles auraient bien pu m'arracher le cœur, si seulement il avait déjà battu pour qui que ce soit. Ce qui me suffoquait en cet instant, c'était plutôt les capacités inattendues dont la fermière faisait preuve dans cette affaire. Elle avait entendu le léger crissement de la clef dans la porte, avait deviné instantanément qu'il venait de la chaparder, quelles étaient ses intentions suite à cela, et elle était d'un calme à faire peur dans cette situation, à la manière d'une archère ou d'une chasseuse de grande expérience. Elle ne semblait pas trembler, elle avait l'air concentrée, déterminée, autoritaire. Cette position était bien loin de me plaire, car je n'avais jamais aimé me trouver en faible posture, et encore moins mi à mal par une simple donzelle.
Mais la vérité était que, dans l'immédiat, je n'avais pas d'autre choix que de me plier à sa volonté. D'autant qu'elle ne tardait pas à confirmer mes craintes quant à ses aptitudes à l'arc, mentionnant quelques autres bannis qui auraient eu l'infortune de goutter à l'une de ses flèches, et il me semblait qu'elle ne mentait pas, au vu de mes souvenirs...
Je me doutais un petit peu de la suite qu'elle allait m'imposer. En soit, ce n'était pas le pire de tout les scénarios possibles... Elle aurait tout aussi bien pu me tuer, purement et simplement. Elle aurait aussi pu m'enfermer quelque part, ou m'attacher en attendant le secours de la milice le lendemain. L'un comme l'autre aurait mal fini pour moi... Au moins, l'option qu'elle me donnait ne signait pas mon arrêt de mort et me laissait libre de repartir à la levée du jour. Pourtant...
Pourtant je n'avais pas l'habitude de m'avouer vaincu, ni de me faire battre par une femme. Et je n'aimais pas l'idée de commencer ce soir.
Je rangeais tout doucement mon épée dans son fourreau, l'autre main libre levée, en évidence, bientôt rejoint par la deuxième qui était désormais elle aussi vide. Je raclais ma gorge tout en réfléchissant à la démarche à suivre qui aurait les meilleures chances de réussites.


- Allons, Mathilde, je vous en prie calmez vous. Il n'y a pas mort d'homme, tout de même...

Mais la jeune femme ne semblait pas décidée à abaisser son arme, toujours en joue sur moi.
Je soupirai devant cette agaçante situation. Je lui faisais un petit signe de la tête pour lui signifier de ne pas prendre peur. Puis je baissais tout doucement une main jusqu'à ma poche dont je tirais la clef de la porte de sa chaumière. Je la lui montrais, sans pour autant la lâcher, la gardant en vue, la paume de ma main à demi ouverte.


- Soyez raisonnable, Mathilde, on doit pouvoir discuter...

Je laissais couler quelques secondes où, anxieux, je craignais qu'elle ne décocha sa flèche. J'essayai de garder une voix calme, et de la muer en apaisement. Mais ce n'était pas forcément mon plus grand fort...

- C'était une erreur de vous prendre votre clef, c'est vrai. Je n'aurai pas dû. J'ai trahi votre confiance et pour cela, je ne trouve pas les mots pour vous dire combien je regrette. Mais vous devez comprendre, Mathilde... La vie, telle que je la mène depuis un an déjà, est très différente... De là où je viens, on ne peut se fier à personne, il faut sans cesse être sur ses gardes et se méfier de tout le monde. J'ai pris des automatismes de survie...

Je parlai doucement, mesurant chacun de mes mots pour qu'elle comprenne bien où je voulais en venir. Je devais me montrer convainquant, sans quoi, je me retrouverai comme un parfait idiot à dormir dans le froid de la grange, sur une paillasse de fortune, alors qu'un peu plus loin régnait la chaleur agréable d'un feu de cheminée et la présence pas moins plaisante de la jeune veuve. Ou pire... Ça serait tout bonnement la fin.
Et en soit, je n'étais pas entrain de raconter des mensonges. Ce que je disais était une vérité des plus agaçantes. Il fallait toujours garder l’œil ouvert, ses affaires à porter de main, sa lame au poing... C'était ça, de vivre au sein d'une communauté composée uniquement de voleurs, violeurs et assassins.
Je risquais un pas, puis deux, dans la direction de la fermière qui ne semblait pas bien décidée à baisser sa garde. Je me voulais doux et rassurant, mais l'anxiété déformait mes traits. Et si notre petite archère ne bluffait pas? Et si elle m'embrochait au prochain pas?
Pourtant, je continuais d'avancer, à pas minuscules et lents. Je poursuivais, tant pour la calmer que pour faire diversion.


- Je suis désolé, mais je n'avais pas plus de garantie quant à votre bienveillance que vous n'en aviez vous même quant à la mienne. J'ai pris l'habitude de me méfier de tout et de tout le monde. De là où je viens, la gentillesse cache un poignard... Ce n'est rien contre vous en particulier, Mathilde. J'étais sincère tout à l'heure... Vous êtes une bonne et une belle personne, une formidable hôtesse et une femme de mérite. Mais cela ne fait pas de vous quelqu'un de moins dangereux à mes yeux... C'est même tout le contraire.

La distance réduisait, doucement mais surement, entre moi et la jolie fermière. A ce rythme, je toucherai bientôt sa flèche.

- Et puis, puisque vous mettez un point d'honneur à ce que l'on se montre honnête... Dites moi, Mathilde, seriez vous prête à jurer que si tôt j'aurais passé votre porte vous ne l'auriez pas refermée sur moi, à double tour? Que vous ne m'auriez pas abandonné à mon triste sort, quoi qu'il m'ait attendu au dehors? Que vous auriez consenti à me faire entrer à nouveau dans votre chaumière, une fois le danger éloigné? J'en doute...
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel]   La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel] - Page 2 EmptyDim 11 Aoû 2019 - 4:16
On ne peut se fier à personne, il faut sans cesse être sur ses gardes et se méfier de tout le monde. J'ai pris des automatismes de survie... Il parlait, encore et encore, se déplaçant subtilement, s'approchant d'elle en tentant de la noyer dans un flot de paroles, invoquant tantôt sa compassion, tantôt sa sympathie, tantôt sa pitié. Au moins avait-il eu le bon sens de ranger son épée, momentanément du moins, dans son fourreau. Mais qui sait s’il ne la ressortirait pas plus tard? Elle avait le dessus, pour la première fois depuis qu’il s’était invitée chez elle. Un précieux avantage dont elle aurait pu tirer profit avec n’importe qui… n’importe qui sauf lui, qui s’entêter à négocier plutôt que d’obtempérer. Pourquoi? Le feu manquait-il tant aux bannis pour que la perspective d’une paillasse confortable dans une grange froide ne soit pas suffisamment attrayante que pour risquer sa vie en en demandant plus?

Mathilde ne le quittait pas des yeux. Il n'avait pas lâché la clé, qu'il montrait ostensiblement, comme s'il s'était agi d'une garantie de survie. Un éclair de lune la fit briller un instant dans le noir, comme un trésor qu’elle ne pouvait atteindre. Il aurait été si facile de l'abattre, là, dans cette grange, au beau milieu du silence de la nuit. Il lui suffirait de récupérer ensuite la clé tombée sur le sol, et de faire le nettoyage au petit matin. Personne n'en saurait jamais rien, personne, sauf elle. Elle qui comprenait, elle qui savait pardonner, elle qui prenait soin des autres sans les juger. Bordel de merde, Mathilde, tue-le. Elle ne devait pas traîner. La nuit était propice aux fangeux. Peut-être que l’un d’entre eux guettait leur sortie en ce moment-même.

La flèche partit pour se ficher devant le pied gauche du banni. Sitôt décochée, Mathilde en encocha une autre tout en faisant un pas en arrière. Par chance, rien ne se trouvait sur son passage. Elle n’en était pas sûre, mais ne pouvait pas risquer qu’il réduise encore la distance entre eux.

- Moi aussi, je dois me méfier, Miguel. Ce soir, je me méfie des regards enjôleurs, des mots bordés de fleurs et des flatteries qui coulent un peu trop.

Il s'était immobilisé. Au moins la prenait-il au sérieux, pour le moment. A moins qu'il ne pense qu'elle n'oserait pas. Il avait raison. Quelque chose la retenait. Quelque chose de simple : elle n'avait jamais pris de vie. Elle ne le savait pas encore, mais la fin de l'hiver viendrait remédier à cet état de faits. Son visage impassible cachait un trouble profond. Il n'avait pas été menaçant, il avait seulement joué à la séduire. S'en serait-il pris à elle durant la nuit, l'aurait-il contrainte? Peut-être. Surement. Et pourtant, ses manières étaient correctes, sa compagnie agréable, tout comme son petit jeu de séduction auquel elle ne répondait pas.

- J'ai fermé les verrous à double tours après votre sortie. Ceux-là ne demandent pas de clé pour être ouverts. Je ne vous aurais pas rouvert si vous n'étiez pas parti avec un petit souvenir. Et puis je me suis ravisée... Il fallait bien que je sorte, ne serait-ce que pour m'occuper de votre cadavre, si votre intervention avait mal tourné. La perspective de vous voir transformé en fangeux ne m’enchante guère, pour tout vous dire. Un pragmatisme froid à toute épreuve. Elle rit doucement. Je ne voulais pas qu'il vous arrive malheur. Si vous aviez été blessé, je n'aurais pas eu d'autre choix que de vous ouvrir et de vous soigner. Je ne suis pas très bonne à ça. Allons, rendez-moi ma clé et n'en parlons plus.

Elle baissa son arc. Sans savoir réellement pourquoi*. Peut-être parce qu'innocemment elle le croyait. Il avait réussi à semer un doute suffisamment convaincant que pour qu'elle lui laisse une chance. Pourtant elle le savait, il était sournois, sadique, et excellent comédien. Mais peut-être pas avec elle. Peut-être s'était-il montré sous un jour agréable, sa véritable nature lorsqu'il n'était pas menacé. Elle prenait un risque, en espérant qu'il ne gâche pas tout.

- Je suis désolée. Peut-être que nous pourrions cesser momentanément d'être un danger l'un pour l'autre. Le temps de regagner la maison, par exemple, où vous pourrez coucher pour la nuit. J’imagine que la grange glaciale est bien moins attrayante que la chaumière, et que tous vos efforts trahissent votre espoir de dormir au chaud, pour une fois. J'espère au moins que vous ne vous en vanterez pas auprès de ceux qui vivent avec vous... j'aimerais que ce petit privilège ne devienne pas une habitude pour les autres.

Elle vint à sa rencontre, traversant dans l'obscurité les quelques pas qui les séparaient, et se pencha pour tirer la flèche plantée dans le sol, avant de la remettre dans son carquois. Elle se redressa, nez à nez avec lui, et se dit que tout pouvait basculer en une fraction de seconde. Elle remit son arc à son épaule, sans le quitter des yeux, sans même ciller, et garda la seconde flèche en main. Au pire, elle pourrait la lui planter dans un oeil, ou dans le cou. Elle leva sa main libre pour doucement prendre la clé, toujours apparente, toujours bien en évidence dans la main glacée du banni. Eh bien voilà, ce n'était pas si compliqué après tout. Elle finit par rompre le silence.

- On gèle ici, ne traînons pas.

Et sans rien ajouter, elle tourna les talons pour se glisser dans la nuit maintenant noire, guidée par la seule lumière de la lanterne laissée près de la porte de la chaumière. Pas un bruit, si ce n’est les pas de Miguel qui la suivait. Une fois rentrés, elle fermerait la porte, se débarrasserait de son arc et de son carquois et… retour à la case départ.Bien joué, Mathie...



Pourquoi elle baisse son arc:
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MiguelBanni
Miguel



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MessageSujet: Re: La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel]   La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel] - Page 2 EmptyMar 20 Aoû 2019 - 23:30
J'avançais, encore et toujours, à pas lents et surs, sans la quitter du regard. La corde de son arc était toujours tendue, sa flèche bien en place prête à filer tout droit dans mon coeur... Ou ma tête, allez savoir... Dans tout les cas, si la jolie fermière lâchait à cet instant, j'étais cuit. Je le savais bien, et c'était pour cela que j'avançais avec toute la prudence du monde, les mains légèrement en l'air, tenant et désignant la clef comme un talisman protecteur capable de la convaincre à renoncer à me descendre. La demoiselle pourtant semblait restée insensible à cette marque de bonne foi. Je ne lui en tenais pas rigueur... Elle n'avait pas tord de le faire. Dans le fond, elle était juste plus maligne que la grande majorité des femmes qu'il m'avait été donné de rencontrer... Et les Trois étaient témoins qu'il y en avait eu beaucoup !
Cette méfiance et cette prévision lui valait une certaine estime de ma part. Je respectai la petite effrontée, prête à défendre son honneur et sa ferme corps et âme. Elle faisait preuve d'un courage que je n'aurai pas soupçonné, n'hésitant pas à tenir tête à un homme de mon genre... Un banni, connu pour ne pas être très tendre, un potentiel – et c'était même certain – assassin. Un sacré petit bout de femme, cette Mathilde !

Mais alors que je m'approchais, certain que mon discours finirait par semer le trouble dans son esprit, suffisamment pour que je l'atteigne et la désarme, elle coupa nette ma progression. Sans souffler un mot, elle lâcha soudainement sa flèche. Mon coeur fit un bond en l'entendant siffler, fendant l'air, et je crus alors que je ressentirai bientôt une vive douleur avant de trop vite quitter ce monde. Dans ma tête, j'entendais une voix fort désagréable se riant de moi : "Ahah ! Abattu comme un âne par une simple fermière ! Il a bon dos, le grand et fort mâle !". Je m'en sentais que trop vexé, mais surtout contre moi-même. Si j'avais fais un peu moins le fanfaron, je ne me serais pas mis dans pareille situation...
Mais ce n'était ni dans mon ventre, ni entre mes deux yeux que la flèche vint se planter... Mais au sol, juste à la pointe de mon pied gauche. Je m'étais immobilisé en entendant le coup partir, et j'avais été bien éclairé de le faire... Sans quoi, je me serais retrouvé purement et simplement cloué au sol, transpercé par son projectile intelligemment placée. Elle m'invitait par ce geste à cesser d'avancer et par la même occasion me prouver qu'elle était des plus sérieuses. Qu'elle n'était pas naïve et faible, et qu'elle n'hésiterait pas à m'embrocher à la prochaine flèche si j'osais encore me croire supérieur à elle.
Je relevais lentement les yeux du sol dans lequel était planté la flèche pour revenir les poser sur la demoiselle, bien moins confiant. Mon visage avait une expression béate, mouchée par son tir des plus impressionnants et bien orchestré. Je préférai ne pas commenter ce geste... Je craignais un peu qu'elle ne décide de prendre un de mes points vitaux pour cible, cette fois...
Mathilde ne tourna pas autour du pot. Elle était du genre franche et directe. C'était toujours un peu déroutant, pour un joueur et charmeur de mon espèce... Je préférais la subtilité, les intrigues tirées par les cheveux... Bon, et surtout je préférais être aux commandes... Mais la situation ne me laissait pas beaucoup d'options possibles, et je devais bien me résoudre à jouer selon ses règles. Je serrais les dents, gardais ma langue dans ma bouche. J'arrêtais instantanément tout ce qui tenait de l’enjôlement, selon le bon vouloir de la maîtresse des lieux.
La veuve dut en effet bien honnête avec moi. Elle avoua sans détour qu'elle ne m'aurait pas laisser rentrer dans la maisonnée à nouveau... Et qu'elle avait eu un autre moyen de se garder de mon retour. C'était la perspective que je revienne sous une autre forme, plus angoissante que celle que j'arborais déjà, qui l'avait poussé à me rejoindre hors des murs sécurisant de sa chaumière. Elle était si froide à cet instant, que je me trouvais à me demander à quoi elle pouvait bien penser... Que prévoyait elle de faire? Je fus néanmoins rassuré d'apprendre qu'elle ne serait pas restée tout à fait insensible à mes malheurs et qu'elle serait revenu me chercher si j'avais été simplement blessé dans un quelconque combat. Ce n'était pas tant que je voulais qu'elle se soucie de moi qu'une simple logique de survie. Si elle disait être prête à faire cela, c'était sans doute qu'elle ne prévoyait pas de me tuer... Enfin, du moins, pas avant que je ne dérobe sa clef...


Je fus que trop surpris par ce qui suivit.
La belle brune abaissa alors lentement son arc, me libérant de sa menace. Je levais des sourcils étonnés, la dévisageant avec incompréhension. Elle capitulait? Tiens, je ne l'avais pas vu venir, ça...
Elle s'expliqua d'un petit discours qui me parut alors censé et raisonnable. J’acquiesçai d'abord de la tête, peinant à retrouver ma voix. Si je refusais de l'admettre, à elle comme à moi, j'avais quand même eu une belle trouille... Merde, elle avait quand même tirer ! Finalement, je réussissais à articuler, même si ma voix avait perdu de son craquant, bien qu'elle ne fut pas hostile pour autant.


- Je suis d'accord... Et je vous jure, Mathilde, que je n'en soufflerai pas un mot.

Elle s'approcha, d'un pas qui me sembla soudainement bien confiant.
Garce, elle était en position de force et m'avait impressionné, elle le savait pertinemment ! Ma crédibilité d'homme fort et dominant avait donc été ainsi réduite à néant... Tsss, tant pis... Au moins jouirais je d'un bon lit et de quatre murs pour me tenir à l'abris pour cette nuit...
Après avoir récupéré sa flèche, elle releva la tête vers moi, plongeant ses deux pupilles brunes dans les miennes. Son regard avait ce petit Je-Ne-Sais-Quoi impertinent qui achevait de me vexer, et à la fois, d'attiser le relatif respect qu'elle m'inspirait. Je soutenais son regard, sans animosité, tâchant simplement de sauver les apparences de ma virilité sans pour autant lui passer un message négatif. Je signifiais plutôt, de mes yeux gris, un poli "Bien joué". Elle me reprit la clef des mains, et je n'opposais aucune résistance à cela. Je la lui cédais, sans un mot. Sa main effleurant la mienne était chaude et douce, en dépit de son travail manuel. Si ce contact me troubla, je n'en laissais rien transparaître. J'avais eu mon compte d'émotions pour le jour...
Le faim, la chasse, bredouille, le fangeux, la ferme, la fermière, son repas, sa boisson, la jument, la grange, le voleur, à nouveau la fermière, sa flèche...
C'était bon. J'avais eu que trop d'aventures et je rêvais à présent de m’abandonner au sommeil. En plus, la jeune femme me laissait boudeur, frustré en tout point... J'aimai autant me morfondre dans des draps et mon sommeil.
Je la suivais au dehors, sans un mot. Je tirais mon épée en passant les portes de la grange. Si elle se tourna vers moi, me jetant un regard désapprobateur, méfiante et sans doute un peu apeurée, je lui faisais signe de ne pas s'en faire. Ce n'était pas pour elle que je gardais l'arme au poing, mais plutôt dans l'éventualité d'une nouvelle mauvaise rencontre. C'est en silence et à l’affût que nous regagnions la porte d'entrée de l'habitation. Elle ouvrit la porte et je rentrais à sa suite. Elle ferma à clef et se défit de son attirail. Je l'imitais, toujours dans piper, et posait mon épée rangée dans son fourreau ainsi que ma dague au côté de l'entrée. C'est seulement après cela que je levais les yeux vers elle.


- Si cela ne vous gênais pas, Mathilde, j'aimerai autant me coucher maintenant... J'ai vraiment sommeil, à présent... Et je crois avoir compris devoir me lever tôt, demain, pour éviter une fâcheuse rencontre.

Je restais debout devant elle, soutenant son regard, sans réellement bouger. Je ne mentais pas, pour le coup. J'étais las de cette soirée qui ne se déroulait pas du tout comme je m'y étais attendu. Las de mettre fait humilié et prit au piège par une simple femme, une fermière qui plus est. Las de ne pas avoir obtenu tout ce que je voulais, même si j'en avais eu la majeur partie. Las de ne savourer qu'à demi un luxe que je n'avais pourtant pas cru pouvoir un jour m'offrir à nouveau. En bref... Oui, j'étais épuisé... Epuisé et touché dans ma fierté.
Je soupirai.


- Mathilde, écoutez... Vous avez raison de vous méfiez de moi. C'est vrai, je n'ai que trop abusé de votre hospitalité, et je me suis montré bien peu reconnaissant et malpoli envers vous. J'ai trahi votre confiance et je comprends que vous ne puissiez pas me l'accorder de nouveau. Pourtant, je tiens à vous assurer qu'il n'y aura désormais plus de coup fourré. Je ne tenterai plus rien, ni contre vous, ni contre personne dans cette ferme. Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles... Je vous en donne ma parole.

Je laissais s'échapper un court temps, comme pour sonder sur son visage si elle acceptait de me croire ou non...
Je me doutais bien que non.


- Je veux simplement dormir un peu et je repartirai à la première heure demain, avant que ne se lève le jour, sans vous causer d'avantage d'ennuis ou de tords...
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel]   La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel] - Page 2 EmptyMer 28 Aoû 2019 - 15:16
Mathilde sourit, de cet énigmatique sourire qui, bien que chaleureux, semblait créer une distance entre elle et celui à qui elle le dédiait. Elle était probablement aussi épuisée que Miguel. Ses nerfs avaient été mis à rude épreuve et, si elle avait la chance et le bonheur de voir le soleil se lever au petit matin, elle savait que cette soirée ne serait pas perdue. Demain, elle serait un peu plus forte, un peu plus solide, un peu plus indépendante encore… et plus prudente, à n’en pas douter.

En choisissant de ne pas abattre immédiatement l'intrus qui avait poussé sa porte pour se faufiler dans sa chaumière et dans sa vie, elle avait pris un risque considérable. Était-ce à la chance ou à la bienveillance des Trois qu'elle devait d'être encore en vie? Peu importe. Si cette situation devait se reproduire un jour - et elle se reproduirait, elle en était sûre - elle ne prendrait pas de risque et tuerait l'inconnu à la première occasion. D’un coup de dague, d’une flèche ou avec un ragoût aromatisé au poison. La peur que Miguel lui avait inspirée dès son entrée lui avait fait prendre conscience que désormais, c’était sa vie qui était en jeu. Jusqu’ici elle avait manqué de discernement, pensant qu’offrir un peu d’humanité aux rejets de la société lui garantirait la vie sauve. Désormais elle n’en était plus sûre. Si un banni foulait ses terres, à l’avenir, elle ne chercherait pas à connaître son nom, ne voudrait rien savoir de ce qui l'amène ici et se contenterait d'abattre froidement, comme on le demandait aux honnêtes citoyens, le porteur de la marque. Tu en seras incapable, douce Mathilde. La petite voix avait sans doute raison. Ce changement affecterait ses valeurs les plus profondes, et ne s’opérerait pas sans heurts.

Si Miguel avait tiré son épée de son fourreau alors qu'ils sortaient dans la nuit noire, c'était pour les prémunir d'un danger potentiel. Il l'avait rassurée d'un geste, et elle, naïve comme seule une femme qui espère de toute son âme que la situation s'arrange, s'était raccrochée à cette pensée qu'il réside en tout homme quelque chose de bon. Miguel ne l'attaquerait pas, au contraire, il la protégerait.

N'importe quoi, Mathilde. Épouse-le, tant que tu y es.

Le changement serait pour plus tard… Le cœur battant à cause de la potentielle menace dans son dos, Mathilde songea que le voleur avait probablement emporté avec lui l’un ou l’autre fangeux qui suivrait ses traces plutôt que d’attendre que l’étrange duo sorte enfin de la grange. Dans ses tempes, les battements martelaient une prière silencieuse, qui implorait Sérus d’adoucir le banni et ses intentions.

La grange n’était qu’à quelques pas de la chaumière, mais le retour, à pas prudents, lui avait paru durer une éternité durant laquelle elle s’était attendue à être jetée à terre, ou à sentir une lame glaciale lui percer le corps. Pourtant, il s'était passé sans encombre. Pas d'autres voleurs pour s'en prendre à son cheval, pas d'intrus ni de complices du banni, pas de fangeux pour les dévorer, pas d'attaque sournoise de la part d'un homme désespéré. Ils rentrèrent en silence. Mathilde ferma la porte derrière eux. Deux tours de clé, qu'elle rangea dans la poche de sa robe, puis les deux verrous. S'enfermer avec l'ennemi, quelle idée... Elle se débarrassa de son arc et de son carquois dans lequel elle rangea la flèche qu'elle tenait à la main, avant de les placer à côté de la porte, tandis que Miguel se délestait de ses armes. Tous deux agissaient en parfait maîtres de maison, de retour d'une chasse ou d'une journée de labeur. Fourbus, silencieux, leurs gestes étaient presque des automatismes bien huilés par une routine instaurée au fil du temps. Pourtant, quelques heures auparavant, ils étaient l'un pour l'autre de parfaits étrangers. Ç'en était presque troublant.

- Si cela ne vous gênait pas, Mathilde, j'aimerai autant me coucher maintenant...

Il lui faisait face, mais cette fois, il n'était pas menaçant. Aucune lueur de malice ne brillait dans ses yeux. Pas un geste ne trahissait une tentative d'approche pour la prendre de force. Il ne mentait pas. L'épisode du voleur lui avait-il coupé toute envie ou avait-elle gagné suffisamment d'estime que pour ne plus être envisagée comme une proie mais comme une femme à respecter? Avait-il saisi qu'il pourrait sans doute revenir sans craindre de mourir, tant qu'il respectait les règles de la chaumière? Était-il réellement fatigué? Oui, sans aucun doute. Elle hocha de la tête, alors qu'il reprenait.

- ... Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles... Je vous en donne ma parole.

Elle se détendit. Cela se voyait, à son visage dont les traits s'adoucirent immédiatement, à ses épaules qui perdirent un peu de leur hauteur, et au souffle un peu plus long qui vint ponctuer la dernière phrase de Miguel. La perspective d'une nuit sans heurts était trop belle. De ses lèvres fines, il venait de prononcer les mots qu’elle espérait entendre. Le duel était terminé et s’achevait par un nul, dont chacun ressortait victorieux, puisque vivant. Mais elle ne dormirait pas. Par prudence, parce qu’elle n’était pas à l’abri d’un geste désespéré durant la nuit. Parce que si le banni s’éveillait avec l’intention de la tuer dans son sommeil, elle pourrait réagir. Parce que… elle avait appris, ce soir. Et que le changement s’amorçait.

- Je vous crois. Vous trouverez une paillasse à l'étage. Prenez-la, je vais rester encore un peu en bas. Elle sourit. Il n'était pas dit que la fermière laisserait un homme quitter sa chaumière sans avoir quelques petites choses pour se nourrir après son départ. Vous n'avez pas abusé de mon hospitalité. Vous avez pris ce que je vous offrais, et vous avez respecté mes limites. Si on oublie la frayeur que vous m'avez faite, j'ai passé une agréable soirée. Bonne nuit, Miguel.

Lui répondit-il quelque chose avant de monter? Une fois qu’il aurait monté l’échelle menant à l’unique chambre de l’étage, dont un drap usé par le temps suspendu à une corde offrait un semblant d’intimité, elle se mettrait à l’ouvrage. Lentement, pour ne pas s’asseoir et s’endormir. Pour ne pas se laisser surprendre. Elle préparerait des galettes d’avoine, et quelques denrées séchées qu’elle placerait dans un petit sac pour qu’il puisse les emporter facilement. Puis elle ferait un brin de ménage, avant de finalement se laisser tomber dans la chaise berçante faisant face au feu pour achever la nuit en tricotant une grande et chaude couverture dont les pans déjà bien avancés tomberaient sur ses genoux, la maintenant, avec la chaleur du feu, dans un cocon agréable qui, finalement, accueillerait son sommeil.
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MiguelBanni
Miguel



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MessageSujet: Re: La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel]   La nuit, les bannis sont gris [PV Miguel] - Page 2 EmptyMar 24 Sep 2019 - 1:02
Il aurait été chose aisée pour moi de m'en prendre à la belle fermière alors que l'on progressait en direction de son humble maison. Elle ne se retournait même pas pour vérifier que je ne lui jouais pas un sâle tour ou que je ne m’apprêtais pas à fuir à toutes jambes loin d'elle. Elle demeurait dans l'ignorance, fixant la porte qui se rapprochait lentement, ne jetant que de brefs coup d’œil aux alentours. Quand à moi, je restais méfiant. La vie m'avait appris à ne faire confiance à personne. Les fourrés pouvaient être plein de personnes mal intentionnées, guettant leur sortie de la grange pour se ruer sur eux et venger leur compagnon humilié un peu plus tôt. La brume pouvait tout à fait dissimulée une bête féroce, prête à les dévorer. Un ours... Un loup... Un fangeux...
Les lieux étaient glaçants, inquiétants. Mon cœur bondissait à chaque minuscules bruits autour de nous. Je reposais mes yeux régulièrement sur les hanches de Mathilde qui se balançaient devant moi, nous ouvrons la voie. Je ne prenais plus le temps de les imaginer à nu, à cet instant. Il me pressait de regagner le confort relatif, mais surtout la sécurité des murs de la ferme.

Nous y parvinrent finalement sans encombre. La jeune femme fit tourner la clef dans la serrure et attendit que je pénètre dans sa demeure avant de refermer la porte sur nous. Je m'étonnais alors à nous voir tout deux nous défaire de nos armes et de nos bottes que nous laissions alors à l'entrée. C'était étrange, comme si le petit épisode dans la grange n'avait jamais existé. Comme si nous nous connaissions tout deux depuis toujours, répondant à des automatismes d'habitudes dans notre chez nous. Je posais sur elle un regard plus doux que plus tôt. Elle avait du mordant, cette fermière là ! Mais elle était aussi d'un grand coeur... Un trop grand coeur à mon sens. Ça lui causerait des ennuis, par la suite, j'en étais bien sûr. Néanmoins, ça ne serait pas moi qui en viendrait à lui faire du mal. Aussi étrange cela pouvait il être pour moi, c'était comme si je m'étais pris d'affection pour cette jeune femme, un respect certain.
Je lui clamais d'ailleurs mes promesses quant à sa sécurité en ce qui me concernait. Elle sembla s'en satisfaire et se détendre en les entendant. J'étais sincère et elle devait le deviner. Mais j'étais aussi épuisé...
Elle me dit de rejoindre l'étage, où je trouverai une couche de fortune où me reposer d'ici l'aube. Quant à elle, elle resterait au coin du feu, qui ronflait encore faiblement dans l'âtre de la cheminée. Je la saluais d'un petit geste de la main, en entamant mon ascension jusqu'à la chambre qui m'avait été attribuée.


- Bonne nuit, douce Mathilde. N'hésitez pas à me réveiller, si vous rencontrez le moindre problème.

Par les Trois, j’espérais que ça ne serait pas le cas...
Une fois en haut, je clignais des yeux pour m'habituer à l'obscurité. La pièce était plus fraîche que la cuisine dans laquelle je me trouvais l'instant d'avant, et je regrettais un peu d'avoir quitter la chaleur confortable du feu pour venir ici. Néanmoins, épuisé, je ne faisais pas de chichi. Au moins, ce soir, je pourrais dormir sur mes deux oreilles. Je retirais la belle chemise blanche que Mathilde m'avait offerte un peu plus tôt, puis je glissais dans les couvertures du lit déjà tout fait.
Couché, je fixais le plafond, ressassant tout les événements de la journée depuis son début. Je grinçais un peu des dents, constatant que je n'avais pas follement brillé sur la fin. Loin de l'agitation, à tête reposée, je cogitais. Hors de question pour moi de dormir... A tout les coups, j'allais loupé l'heure du réveil et me retrouver nez à nez avec une patrouille de milice... Ou peut être même que Mathilde m'avait menti sur l'heure de leur arrivée et qu'ils viendraient plus tôt que ce que je croyais. Ou encore, la petite maligne profiterait de mon sommeil pour venir me trancher la gorge... Allez savoir ! Mais si elle jouait à cela... Dans le fond, qu'est ce qui m'empêchait d'attendre un peu, qu'elle s'endorme, et la prendre par surprise, en descendant sans un bruit pour la rejoindre dans sa couche? Ca ne serait pas si difficile...
Non, il était vraiment préférable que je reste éveillé... Éveillé... Eveil...


Je me réveillais en sursaut. Je me redressais avec anxiété, regardant autour de moi avant de me souvenir de l'endroit où je me trouvais. On entendait le vent caresser le toiture de la chaumière. Tant mieux, le brouillard serait dissipé. Mais quelle heure pouvait il bien être? Dans le restant de la maison, pas un bruit ne se faisait entendre.
J'enfilais silencieusement la chemise enlever la veille, puis je descendais prudemment les escaliers pentus pour découvrir la cuisine telle que je l'avais laissé la veille, à l'exception de petits plats laissés soigneusement en évidence sur la table où nous avions dîné la veille. Devant le feu, qui n'était plus que composé de braises rougeoyantes, la jolie Mathilde s'était assoupie, assise dans sa chaise, un tricot à la main. La pelote de laine avait glisser jusqu'au sol, où elle s'était déroulée sur une petite longueur.
Je souris en la voyant ainsi, paisible, calme... Loin de cette apparence de femme forte et indépendante qu'elle s'était évertuée de préserver la veille. Elle aussi avait du vouloir rester éveillée, dans l'éventualité où je me serais relevé plus tôt.
Par l'interstice de la porte, je devinais que le soleil commençait tout juste à se lever. Bientôt, le coq chanterait pour réveiller la campagne encore endormie. Il me fallait me hâter, je n'avais pas bien envie de faire une vilaine rencontre. Marchant sur la pointe des pieds, je passais par la cuisine pour prendre l'une des galettes d'avoine laissées, je m'en doutais à mon intention. Je découvrais avec surprise qu'elle m'avait aussi préparé un petit baluchon, rempli de quelques mets séchés. Je lui lançais un regard plein d'émotions. Pas le moment de traîner... Je me dépêchais d'enfiler mes bottes, ma veste, et reprendre mes armes. J'avançais suite à cela vers la belle endormie... L'était elle toujours? Se réveillait elle doucement? Ou jouait elle l'assoupi, pour éviter d'avoir à tenir une nouvelle conversation avec moi? Je la regardais un instant, un petit sourire aux lèvres.
Elle avait été de la plus grande amabilité avec moi. Elle m'avait offert le repas, le gîte, un peu de gentillesse... Tout ce dont j'avais été privé depuis mon bannissement. Je lui en étais plus que reconnaissant...
Juré, le jour où je repasserais par là, je lui rendrais la pareil... Si j'en avais un jour l'occasion.
Je me penchais et posais sur son front un bref et léger baiser, ne faisant qu'effleurer sa peau.
Sans perdre plus de temps, je tournais les talons et déverrouillais la porte. Puis, je m'engouffrais au dehors.

Le temps était certes plus clair, mais il faisait toujours nuit. Il faisait toujours aussi froid, et le petit air balayant le paysage n'y arrangeait rien. Je frissonnais...
Puis je partais par où j'étais venu la veille. Marcher me réchaufferait.

Je n'oublierai pas de si tôt ce petit bout de femme si particulier qu'était Mathilde... Pas plus que son bon souper, son bon cœur et ses talents d'archère.
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