Marbrume


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 Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]

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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyDim 5 Jan 2020 - 4:56
Lorsque Darius Vortigern, aussi connu sous son nom de pirate, soit Darius le Sanguinaire, accueille Mathilde Dumas, belle fermière du Labret, près de leur point de rendez-vous romantique – un entrepôt en ruines au sud du port de Marbrume -, il est trempé de la tête aux pieds. Et ça tombe bien, car elle aussi. La pluie fine de la nuit s'est, au moment même où le pirate et la fermière se sont mis en route pour se retrouver, transformée en véritable déluge temporaire, sans pitié pour quiconque se trouvait malheureusement ailleurs que dans son lit. Malgré tout, quand Darius voit la fermière, il sourit. Il sourit en coin avec une pointe de moquerie, car il faut dire qu'elle est plutôt drôle à voir les cheveux ainsi plaqués contre son front, probablement en train de pester intérieurement contre le temps de merde.

« Je savais que tu admirais mon esprit romantique après ce choix de lieu mémorable, belle fermière, mais de là à vouloir me faire compétition en commandant un déluge pour qu'on puisse s'embrasser sous la pluie... C'est trop! »

Il se met une main sur le cœur dans un geste un brin théâtral et se donne une expression émue. Lorsqu'elle approche, il lui sourit avec plus de sincérité, replace une mèche derrière son oreille. Et il profite du fait qu'ils soient seuls pour véritablement lui voler un baiser sous la pluie, un baiser pas très différent de celui qu'ils ont partagé à bord de la barque, un baiser assuré, mais plus tendre que passionné – il garde la passion pour plus tard. Le geste lui vient naturellement. Il est heureux de la voir, il a pensé à elle, il le lui montre. Pourquoi compliquer les choses quand elles peuvent être aussi diablement simples?

« Bonjour », la salue-t-il finalement.

Il ne dit rien de plus, vraiment, avant de l'entraîner vers la barque. Ils ont une nouvelle traversée en direction du Labret devant eux et l'équipage les attend pour partir.

***

C'est un voyage désagréable. Cette fois, nul soleil scintillant, nulle mer douce et étincelante à contempler. Le temps est gris, la pluie, froide, est tantôt légère, tantôt diluvienne. Les vents soufflent parfois violemment, rendant la navigation difficile. Les marins ont vu pires tempêtes, mais les conditions sont assez mauvaises pour qu'ils doivent demeurer aux aguets. Les manœuvres sont beaucoup plus nombreuses que lors de la dernière traversée et les hommes sont de mauvaise humeur – ils ne se gênent d'ailleurs pour crier à la fermière de se bouger le derrière si elle a le malheur de se trouver sur leur chemin. Ils n'ont pas réellement d'instant de répit assez long pour dormir ou manger correctement. C'est sans compter que leurs vêtements sont détrempés. Comme Darius ne fait pas exception, il a, contrairement à la dernière fois, peu de temps à accorder à Mathilde. S'il la surveille du coin de l'œil et s'assure qu'elle n'a pas de problème, qu'elle a de quoi manger et se couvrir, il ne peut pas s'arrêter et discuter, reprendre les choses là où ils les ont laissées deux jours auparavant. L'activité incessante sur le navire le tient occupé et il passe le plus clair de sa journée à crier des ordres. Lui non plus n'est pas d'excellente humeur. Bon, ça ne l'empêche pas de marmonner à Mathilde que « la pluie, ce n'est pas si romantique, finalement » quand il passe à côté d'elle, mais tout de même. Ça s'arrangera. Vivement l'arrivée à la ferme.

***

Usson. Le port. Enfin.

La marche a été courte depuis le navire, amarré discrètement non loin du port, mais elle a semblé interminable à Darius et elle a dû paraître encore plus longue pour la pauvre fermière, qui a vécu sa première traversée agitée – enfin, attaques de pirates mises à part. Le marin a les vêtements trempés depuis si longtemps qu'il ne sait même plus s'ils sont secs ou mouillés, à vrai dire. Le ciel s'est dégagé peu après leur arrivée à Usson et il espère qu'il le restera... Il doute que Mathilde ait envie d'une visite de la ferme sous la pluie après tout ça.

« Quelque chose me dit que c'est la dernière fois que tu montes à bord de ce navire », finit-il par ricaner en se remémorant la tête de Mathilde alors qu'une vague particulièrement puissante faisait basculer tout le monde à bord.

Ayant retrouvé un peu de bonne humeur, il offre un sourire complice à Mathilde.

« Le reste est entre tes mains, belle fermière. Guide-moi jusqu'à tous ces panais, jusqu'à toutes ces marmelades aux prunes qui ont peuplé mes rêves deux jours durant. »

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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyDim 5 Jan 2020 - 17:14
Crever de trouille. Elle allait crever de trouille en l'attendant par un temps idéal pour les Fangeux, dans un ancien entrepôt malodorant. Et cette petite demi heure passée seule à l'attendre, perchée en hauteur, presqu'à l'abri de la pluie, ne laissait rien augurer de bon pour la suite du voyage. Mais il finit par arriver, avec sa petite démarche de marin qui touche le plancher des vaches pour la première fois depuis longtemps, son air désinvolte et une allure de chien mouillé à mourir de rire. A défaut d'effacer sa peur et de lui faire oublier la météo qui ne s'arrangerait pas de si tôt, le baiser qu'ils échangent la tranquillise un peu sur leur lien, si neuf et si fragile.

- Je pêchais le Fangeux en t'attendant ricane-t-elle. Salut, capitaine. Ça sonne mieux que pirate. Ça trahit moins, si des oreilles indiscrètes écoutent. C'est aussi ce qu'il est.

- J'espère que la cale est sèche et aménagée adéquatement pour recevoir une noble gueuse glisse-t-elle alors que la barque fend les eaux, plus agitées et bien moins simples à traverser. S'ils chavirent, elle coule. Quelle idée de fricoter avec un pirate! Pourtant, ces quelques coups de rames pour rejoindre le bateau ne sont rien à côté de ce qui les attend. Mathilde ne le sait pas encore.

Le voyage relève du cauchemar. Les vagues et le vent font danser le bateau qui, à plusieurs reprises, craque de façon inquiétante pour la fermière qui n'a pas l'habitude. Les hommes s'activent sur le pont, la voix d'Isak appelle régulièrement son cousin, Darius crache des ordres presqu'en permanence, et Mathilde finit par trouver refuge dans la cale où elle ne gênera personne. C'est la meilleure aide qu'elle peut apporter, cette fois. Agrippée à un passe-main, la fermière prie silencieusement les Trois de ne pas la laisser mourir au milieu des flots.

***

Mathilde est-elle étonnée de voir le ciel se dégager alors qu'Usson est en vue? Pas du tout. Elle voit là un signe des Trois qu'elle retrouve enfin la place qu'ils lui ont assignée, sa terre. Darius semble avoir laissé sa mauvaise humeur avec ses gars, c'est tout aussi bien.

- J'ai survécu aux Fangeux, c'est pas une petite pluie et une mer un peu agitée qui auront ma peau... dit-elle en songeant que son bras doit être marqué d'un bel hématome aux couleurs de la mer. Le reste est entre tes mains. Pas tout à fait, mais presque.

Dès son arrivée à Marbrume, Mathilde avait subi un interrogatoire serré de la milice. Elle n'avait changé que quelques petits éléments à ce qu'elle avait vécu, et avait décrit avec soin le capitaine qui l'avait assommée, Ronald. Une fois libérée de cette obligation, elle avait fait écrire une missive qui était partie le jour-même vers Usson. Elle signalait qu'elle était encore en vie, que les gars ne devaient pas s'inquiéter, et demandait qu'Arthur l'attende au port le 1er du mois avec deux chevaux. Ou dès que la pluie le permettrait. Si le messager était arrivé sans encombre à la ferme et si Arthur avait fait le nécessaire, alors ils auraient une chance de regagner la terre ancestrale rapidement. C'est tout naturellement qu'une fois leur bras inspecté, Mathilde, dont le retour est salué par un milicien visiblement heureux, cherche Arthur du regard sur le petit port du Labret.

- Viens dit-elle en le prenant par le bras pour l'entraîner vers un jeune homme agitant ses mains dans l'air. Arthur! Tu as eu mon message! Visiblement, la tension qui l'habitait s'est envolée au moment-même où ils ont posé le pied sur un sol stable. C'est une fermière trempée mais lumineuse qui retrouve sa campagne.
- M'ame! On a cru que t'étais morte! dit le garçon qui la serre dans ses bras, comme s'il retrouvait sa mère après un long voyage.
- Mon temps n'est pas encore arrivé, les Trois doivent avoir d'autres projets pour moi. Elle se libère de l'étreinte du jeune échevelé, un adolescent dont la barbe commence à peine à se former, et aux grands yeux aussi noirs que ses cheveux. De l'alcool, une bagarre, un coup de chance et un sauveur que voici. Le secret d'une évasion réussie ajoute-t-elle avec un sourire triomphant. Elle ne ment pas tout à fait. Il y a eu une histoire d'eau-de-vie, un homme tabassé, un beau pirate pour l'entraîner sur le bateau le moins dangereux et la chance de voir un autre bateau aborder celui sur lequel elle se trouvait avant d'être emmenée. Voici Dartagnan. Dar, voici Arthur, le meilleur aide-maraîcher de ce qui reste de l'humanité. On travaille ensemble depuis près d'un an.
- La même recette qu'avec les bannis! Enchanté, m'sieur Dar! lance Arthur. Faudrait pas trainer, M'ame. Y a eu des attaques ces derniers jours. La pluie a fait sortir les Fangeux, j'voudrais pas qu'il nous arrive des bricoles.
- Entendu! Tu as les chevaux? demande-t-elle en les cherchant du regard. Oui M'ame. J'te les laisse, je cours à Usson. M'man est pas en forme. Petite moue désolée de la fermière. C'est toujours comme ça après une pluie. Certains la supportent moins bien que d'autres. Alors en route. Reviens quand ta mère se porte mieux. Et si tu as besoin de plantes, tu sais où les cueillir.

Mathilde échange une brève accolade avec Arthur et entraîne Darius vers les chevaux. Courage, on n'est pas loin d'un bon feu chaud et d'une soupe réconfortante. Est-il bon cavalier? Elle va le savoir dans quelques instants, parce qu'elle monte en selle et lui lance un Rattrape-moi si tu le peux! joyeux. La monture est plus légère que sa Marguerite-de-trait, et parait filer sur la route à une allure satisfaisante. Pas le temps de lui montrer les beautés de la nature avec lesquelles elle renoue. Chaque lendemain de pluie est une journée qui incite à une prudence excessive. S'il est bien une chose que les gens du Labret savent, c'est que la Fange frappe n'importe qui, n'importe quand. La meilleure arme pour survivre est la prudence. Ensuite, la fuite. A plusieurs reprises, Mathilde jette un oeil en arrière pour s'assurer de rester à la vue de Darius qui, peu à peu, la rattrape. Mais ce n'est qu'une fois arrivée au muret délimitant sa terre qu'elle ralentit pour mettre sa monture au pas.

- Bienvenue au domaine Dumas! lance-t-elle en riant. Elle a froid, est trempée jusqu'aux os, tuerait père et mère pour une sieste réparatrice (mais comme ils sont déjà morts, c'est fichu), a clairement besoin de se décrasser, et pourtant elle irradie de bonheur. Chez elle, son havre, sa terre. Il commence au chêne que tu vois là-bas, englobe toute la terre ceinturée par le muret et les bâtiments que tu vois là, évidemment. Deux granges, un poulailler attenant à une vieille chaumière dont la cheminée laisse filer une petite fumée blanche. L'ensemble est bien entretenu, c'est l'une des belles fermes populaires des environs. Dans les champs, trois silhouettes masculines s'activent, se redressant régulièrement pour guetter les menaces potentielles. Elle les salue en levant le bras, salut qui est accueilli par des cris de bienvenue. Mes gars. Habituellement ils sont cinq. L'un d'eux est mort le mois dernier. Un autre s'est laissé surprendre par une chute de balles de foin dans la grange et s'est cassé le bras. Je devrais avoir du renfort la semaine prochaine. Ça va? lui demande-t-elle en le regardant, les joues rougies par la course. Il est aussi échevelé qu'Arthur. Elle sourit en remarquant à quel point son visage s'adoucit lorsqu'il n'est pas aux commandes de son équipage. Viens murmure-t-elle en sautant au bas de sa monture pour finir le trajet à pieds sur le petit chemin de terre qui descend vers la chaumière.

- On évite de traîner sur les routes, on s'éloigne des bosquets et des buissons et on ne sort pas si le soleil ne brille pas. Trois règles élémentaires si tu veux rallier ton refuge en vie. La porte est toujours ouverte si je ne suis pas là. Elle est verrouillée quand je suis à l'intérieur, alors si tu as un fangeux au cul, file directement à la vieille grange et monte l'échelle. Ça t'évitera de te cogner le nez à une porte close. Des règles de survie, elle en a des dizaines. Pourtant, ce qui paraît être une vie harassante et pleine de freins est, pour elle, la liberté ultime. Bonjour Philippe! lance-t-elle à un grand gaillard, visiblement un peu plus âgé qu'elle, aux épaules aussi larges que des portes de granges. Je te laisse les chevaux? Voici Dar, mon bienfaiteur. Il va passer un jour ou deux à la ferme, le temps qu'on se remette de la traversée.

Philippe ne pose pas de questions, il se contente de décocher un sourire plein de gratitude à l'étranger et d'emmener les chevaux vers la vieille grange. La grange neuve est à l'Ordre. Elle me permet de stocker la production qui a triplé avec l'arrivée des gars. La vieille grange est en train de devenir leur lieu de vie. Ça me permet de ne pas vivre en permanence avec cinq ronfleurs. Ils sont gentils mais... j'aime bien être seule, parfois. Elle sourit. Ça lui permet accessoirement d'offrir le gîte et le couvert à des gens qui en ont besoin. Un frisson lui vrille l'échine. Ses vêtements ont presque séché avec la chevauchée, mais elle est glacée jusqu'aux os. Darius ne se plaint même pas. Elle l'entraîne vers la chaumière. Il n'a pas vu Marguerite, les chèvres et le poulailler, mais ce n'est pas la priorité.

Mathilde finit par pousser la porte de la chaumière, et est immédiatement assaillie par une chaleur enveloppante. Arthur a fait du feu avant de partir, pour chasser l'humidité. Une marmite d'eau chauffe tranquillement sur la braise encore rougeoyante. La lumière ne pénètre que par l'unique volet ouvert, éclairant à peine la pièce de vie meublée principalement d'une immense table de bois et de chaises. Le long des murs, des petites armoires et des coffres définissent un espace de cuisine et un autre de rangement. Une échelle monte vers un deuxième étage où l'on se réfugie, en cas d'attaque, et où l'on se repose lorsque le corps le réclame. Au fond, en arrière de l'âtre, on devine une seconde pièce plongée dans l'obscurité. A première vue, il n'y a rien d'autre à voler que des objets du quotidien sans valeur. La chaumière reflète les besoins très sommaires d'une femme qui passe, finalement, le plus clair de son temps à l'extérieur.

- Entre. Bienvenue au refuge. Elle le prend doucement par la main et l'attire à l'intérieur. Débarrasse-toi de ton cuir trempé, je vais te trouver des vêtements secs. Elle-même dépose son arc, son carquois et un petit paquet à côté de la porte avant de se séparer de sa dague qu'elle laisse sur la table. Elle n'en a plus besoin. Tu peux verrouiller la porte. Si tu as trop peur de toute cette tranquillité, tu pourras toujours t'enfuir par la fenêtre. Elle ricane.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyDim 5 Jan 2020 - 19:15
Si, à bord du navire, c'est Darius qui est aux commandes, ici, à Usson, c'est Mathilde qui prend la situation en main. Elle n'a visiblement pas laissé les choses au hasard, car, après avoir été accueillie par un milicien bien heureux de la revoir, elle entraîne le pirate vers un adolescent qui lui fait de grands signe. Darius la suit tranquillement, mais reste aux aguets en raison de la présence des bras armés du roi. Il n'a vu aucun milicien qu'il connaissait – il commence à savoir lesquels d'entre eux il maltraite... -, mais il ne relâche pas sa garde pour autant. Il n'oublie pas qui il est et ce qu'il fait, et encore moins les risques associés, que ce soit ici ou à Marbrume.

Darius salue d'un geste de la tête le dénommé Arthur, un adolescent dans la fleur de l'âge qui semble aimer Mathilde autant qu'il aime sa mère. Il suit l'échange en souriant en coin, en particulier à l'évocation de l'aventure que la fermière a vécue. On ne pourra pas lui reprocher de mentir, car elle dit, en partie du moins, la vérité. Le plus drôle dans toute l'histoire est que le récit ne semble pas réellement étonner le jeune Arthur. La belle fermière semble avoir toute une réputation au Labret...

Après quelques mots, Arthur repart et les laisse avec les chevaux qui leur permettront de rejoindre la ferme Dumas en un seul morceau et, accessoirement, de profiter d'un bon feu et d'une délicieuse soupe (aux panais?). La fermière se hisse sur le dos de son cheval et met Darius au défi de la rattraper.

« Si je peux? lance Darius en prenant place sur la monture. Tu vas voir que je peux, belle fermière. »

Et il part à la course derrière elle. S'il est assurément plus à l'aise sur un bateau que sur un cheval, il reste plutôt bon cavalier, assez pour bien maîtriser l'animal et rattraper la fermière après un moment. Quoi de mieux qu'une petite course après une journée de navigation passée sous la pluie et dans la quasi absence de sommeil? Mais rien, mes amis, rien! Et à vrai dire, malgré la fatigue, cette petite course impromptue ne gêne même pas Darius. Même si elle est épuisée, Mathilde est rayonnante. Ils viennent à peine d'arriver qu'il la découvre déjà autrement, ici, sur sa terre chérie, où elle est heureuse malgré le danger.

Mathilde présente la ferme à Darius, qui l'écoute silencieusement, en balayant son environnement des yeux. Il prend mentalement en note tout ce qu'elle lui montre : le chêne, les granges, le poulailler, la petite chaumière. Les champs. Depuis combien de temps n'en a-t-il pas vu d'aussi vastes? Il étudie les hommes qui s'activent dans le lointain et saluent le retour de la fermière par de grands gestes joyeux. Ils sont trois et seront bientôt rejoints par d'autres que Mathilde a réussi à convaincre à Marbrume. Ça aussi, il le note. Il apprendra plus tard leurs noms et tout ce qu'il y a à savoir sur eux. Il est en terrain inconnu, mais il ne compte pas rester dans l'ignorance bien longtemps, d'autant plus qu'il a l'intention de revenir souvent ici. Enfin, s'il peut et, surtout, si Mathilde le veut.

« Ça va, j'assimile tout ce que tu me montres », dit-il pour expliquer son silence.

Mathilde descend de son cheval et il l'imite pour poursuivre la route à pied. Elle lui donne les règles de base pour ne pas se faire bouffer par un Fangeux pendant qu'il est ici et il acquiesce à chacune. Certaines notions vont de soi, d'autres sont plus spécifiques à la ferme. Porte ouverte quand elle n'est pas là, porte verrouillée quand elle est à l'intérieur, échelle dans la grange. Voilà l'essentiel pour finir le séjour en vie. Ça aussi, c'est noté.

Mathilde s'adresse ensuite à un grand gaillard du nom de Philippe, que Darius salue aussi d'un mouvement de la tête. L'homme semble plein de gratitude à son égard, ce qui ne manque pas de l'amuser. Il serait probablement moins reconnaissance s'il savait comment toute cette histoire a commencé...

Mathilde lui montre les granges, la vieille et la neuve. Le premier instinct de Darius est évidemment de se dire qu'il faudra jeter un coup d'œil à cette grange où est stockée cette production qui a triplé. Il doit y avoir pas mal de marchandise intéressante pour la contrebande, là-dedans. Bien entendu, le coup serait difficile à organiser puisqu'ils sont relativement loin de la mer, mais peut-être que...

Darius repose son regard clair sur Mathilde. Arrête de penser à ça, espèce de con, se dit-il. Il a déjà une entente avec la paysanne. Il ne va pas toucher à sa production. Et pas juste à cause de l'entente. Non, il ne va rien faire parce qu'il veut être le bienvenu ici. Il veut qu'elle lui ouvre sa porte quand elle l'aperçoit par la fenêtre et qu'elle l'accueille comme ils se sont retrouvés, la veille, à Marbrume. Il veut qu'elle le regarde avec son œil pétillant, qu'elle lui sourie avec son air malicieux. Pas avec la haine qu'elle lui a crachée au visage dans la cale il y a quelques jours, quand elle a compris qu'il en voulait à ses caisses. Il veut conserver le lien fragile qu'ils ont commencé à tisser, même s'il n'a aucune idée d'où il va les mener.

« Cinq ronfleurs, tu dois presque trouver ça mignon après une quinzaine de marins », commente-t-il moqueusement, plus pour se remettre les idées en place que parce qu'il a vraiment quelque chose à dire.

Ils entrent alors dans la chaumière et Darius ne peut qu'apprécier la chaleur qui les enveloppe. Ses vêtements ont un peu séché pendant la chevauchée, mais ce n'est pas tout à fait ça encore, et il est encore bien trempé malgré tout, la traversée ayant été encore moins douce pour lui que pour la fermière. Darius fait quelques pas et observe autour de lui. L'endroit est petit et sans artifice. Son côté hautement utilitaire laisse entendre que Mathilde n'y passe que très peu de temps.

« Je pourrais aussi juste déverrouiller la porte et sortir si je me sens moins sportif », ricane-t-il en verrouillant la porte.

C'est bien volontiers que Darius retire enfin ses bottes, ses gants et son armure de cuir. Il dépose le tout sur une chaise et laisse son épée sur la table, juste à côté de la dague de Mathilde. C'est un lieu de repos, pas de bataille. Et même si la fermière le sait déjà, c'est maintenant officiel : elle n'a rien à craindre de lui.
Darius s'étire un peu et fait rouler ses épaules. Pendant que Mathilde est partie chercher des vêtements secs – elle en a pour un grand gaillard comme lui?... -, il touche un peu à tout, monte un barreau de l'échelle pour jeter un coup d'œil et redescend, ouvre une porte d'armoire et la ferme, la rouvre et la referme, elle est mal emboîtée, peut-être qu'il pourrait la réparer rapidement un de ces quatre. Il étudie quelques pots de marmelades ou de marinades qu'elle a probablement cuisinés avant de partir pour Marbrume, se demande parfois à quoi ils sont. Il est en train d'inspecter une jarre de farine quand la fermière revient. Il la referme et se tourne vers elle, sans honte aucune d'avoir été pris en train de fouiller – il n'a, après tout, pas tenté de se cacher.

« L'antre de la fermière, dit-il finalement en délaissant les armoires pour s'approcher de Mathilde. C'est simple et utilitaire, mais plutôt accueillant. Surtout quand tu es là et que tu laisses ta dague sur la table. »

Il sourit moqueusement et prend les vêtements qu'elle lui tend. Il ne demande pas s'ils sont de la bonne grandeur, il sent qu'elle a l'œil. Il les laisse un instant sur la table aussi et, de ses doigts, vient dégager le visage de la belle fermière des mèches rebelles qui l'obstruent. Il la regarde dans les yeux – toujours – d'un air fatigué, mais tranquille. L'endroit est réconfortant et il est maintenant non pas seulement décontracté, mais détendu.

« Tu as l'air d'être une vraie célébrité locale, ici. Tout le monde semble te connaître, mais, surtout, tout le monde semble t'aimer. Non, pas "semble". Tout le monde t'aime et ça se voit. Le milicien, Arthur, les autres types dans les champs. Ils ont tous l'air de ne pouvoir rien refuser à la belle fermière du Labret. »

De son index, il relève son visage vers le sien et souffle avec amusement :

« Quel est ton secret? Je demande ça pour un ami. Évidemment. »

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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyLun 6 Jan 2020 - 4:17
Si Darius a le temps de fouiller un peu partout, tout en ayant la chance de ne pas se faire sauter dessus par une mygale cachée au fond d'un pot piégé, c'est parce que Mathilde prend le temps de se changer à l'abri des regards. Adieu pantalon mouillé, chemise collante et jupe encore humide. Elle revient à Darius après avoir enfilé une robe de lin brun, ceinturée à la taille d'un simple lacet de cuir tressé. Ni décolleté, ni broderies, ni aucune fantaisie du genre. Toute fermière qu'elle est, elle vise avant tout le côté pratique : des vêtements qui ne dévoilent rien, même quand on se penche pour ramasser les salades (ou les panais), que l'on peut salir sans regrets et qui se lavent bien, le tout dans des tissus qui dureront longtemps. Sa seule robe des grandes occasions a été brûlée à Marbrume, après qu'elle ait épongé du sang et traîné dans tout un tas de fluides humains et fangesques. Elle n'en a pas rachetée depuis.

- Papa était plutôt grand, tu devrais rentr... Elle s'interrompt un instant, masquant très mal son trouble, même si quelques mèchent de ses cheveux humides, maintenant détachés et ramenés sur une épaule, barrent son visage, et hausse un sourcil. ...er là-dedans. Il s'est débarrassé de sa cuirasse, et bien qu'il paraisse un peu moins musclé, il n'en reste pas moins plutôt bien bâti. Elle sourit, un peu bêtement. C'est drôle, je me disais que tu étais le genre de pirate qui cachait un corps malingre derrière une cuirasse bien rembourrée, juste pour impressionner les gentilles fermières. On dirait que je me suis trompée. ajoute-t-elle, non sans battre des cils innocemment. Tiens. Tu cherchais où je range mon arme secrète? dit-elle en lui tendant les vêtements.

Mathilde jette un oeil à la table lorsque Darius fait allusion à sa dague et sourit. L'épée du pirate est sagement déposée à côté. Personne ne menace personne dans son havre de paix. Darius la libère des vêtements et les dépose sur la table, avant de s'approcher un peu plus d'elle. Elle aime ce moment très précis où l'un d'eux instaure une proximité, presque imposée à l'autre. Après deux jours à le regarder courir partout sur le pont, ou à ne pas le voir du tout, ce moment où il capte son regard de ses beaux yeux verts lui a manqué. Elle se laisse envoûter sans offrir la moindre résistance, et tend légèrement le cou pour un b...

Tu as l'air d'être une vraie célébrité locale. Pas de baiser. Mais elle explose de rire. Célébrité est un bien grand mot, mais c'est vrai que depuis qu'on sait qu'elle a survécu à l'invasion et qu'elle a même été récompensée pour son courage aux côtés de vaillants guerriers, Mathilde est un peu plus considérée par la populace. Elle s'écarte de lui pour se diriger, nus pieds, vers l'âtre dans lequel elle dépose une bûche, en plein milieu des braises ardentes. Sa peau est froide, mais ne tardera pas à retrouver une température agréable avec l'aide des flammes qui, déjà, lèchent l'écorce en crépitant de gourmandise.

- Je suis la cinquième génération des Dumas sur cette terre. Papa et moi avons travaillé à changer nos modes de culture pour produire mieux et en abondance. Le plan c'était d'obtenir la permission de nous étendre vers les champs voisins, une fois que j'aurais des enfants en âge de travailler, pour réussir à nourrir pratiquement tout Usson juste avec nos légumes. Ça aurait fait de moi une poule pondeuse, je t'avoue que je n'adhérais pas pleinement à l'idée. La Fange est venue contrecarrer tout ça, mais le nom de Dumas n'en reste pas moins connu.

Elle saisit une petite casserole, la remplit d'un liquide foncé, la saupoudre d'herbes odorantes et la dépose dans l'âtre, sur quelques braises isolées.

- Quand la Fange a eu fini de grignoter ma famille, il a fallu que je m'en sorte seule. J'ai vite réalisé que des petits paniers de légumes pouvaient attirer la bienveillance, alors j'ai troqué. Je dépose des gourmandises aux miliciens qui patrouillent dans le coin, en échange d'un coup d'oeil sur la ferme quasi quotidien. Jusqu'à l'arrivée des gars, ils étaient tellement bienveillants qu'ils venaient même frapper à ma porte pour s'assurer que tout allait bien. Elle sourit. Lorsque cinq travailleurs et autant de mercenaires s'étaient installés à la ferme, les miliciens s'étaient fait un peu moins oppressant. Néanmoins, elle continuait de leur offrir de quoi améliorer leur gamelle, dans la mesure de ses moyens. Ce qui avait permis de garder de bonnes relations avec la milice qui, au départ des mercenaires, avait repris sa place de gardien.

Mathilde tourne le dos à Darius, lui offrant la possibilité de se changer plus ou moins discrètement, à moins qu'il ne prenne l'initiative de monter, ou encore d'aller dans la pièce voisine... ou qu'il remette son changement de vêtements à plus tard. Elle n'a pas pensé à l'inviter à se changer. Elle considère qu'il est chez lui, pour le moment. Elle s'active, ouvre un pot, coupe un légume, saisit un objet enrobé dans un linge propre au-dessus d'elle... et continue de parler. L'Ordre m'a permis d'engager des gens du coin, certains fraîchement arrivés et incapables de tenir correctement une bêche. Le roi a eu la grande idée de raffler sa propre populace urbaine pour l'envoyer cultiver des champs par ici. Quelle connerie. Enfin soit, les cinq gars ont des familles, qui me connaissent et sont par conséquent très heureuses que l'homme apprenne avec quelqu'un qui a du métier. Et puis j'ai survécu aux Fangeux, lors de l'invasion, et j'ai donné un coup de main aux barricades, alors forcément à mon retour, Usson tout entier voulait absolument tout savoir, et me félicitait de mon courage qui, finalement, n'était qu'une bête histoire d'être au mauvais endroit au mauvais moment.

Mathilde renverse le contenu d'un bol remplit de légumes en morceaux dans la casserole d'eau chaude et redescend celle-ci sur la crémaillère, afin que le potage improvisé cuise un peu plus vite.

- Tu pourras dire à ton ami que de façon générale, la bouffe séduit tout le monde. Elle se retourne vers Darius, un sourire narquois aux lèvres, et s'adosse au comptoir sur lequel traînent des épluchures et un couteau bien aiguisé. Même les pirates. Affirmation qu'elle ponctue d'un battement de cils on ne peut plus malicieux.

Mathilde se penche en riant de la bonne blague pour ramasser la casserole, dont elle enrobe le manche avec les plis de sa robe. Merde, mon tablier! Elle se redresse et vide le contenu dans deux gobelets en céramique ornés d'une belle glaçure noire, avant d'en tendre un à Darius.

- Vin chaud aux épices, c'est pour éviter d'attraper la mort d'ici à demain. Après cette magnifique croisière, c'est un miracle si on évite la maladie. Elle prit son gobelet et le cogna légèrement contre celui de Darius, pour trinquer. Ça avait presque l'air reposant, ton métier, la première fois... mais finalement, après cette traversée, je vais oublier mon idée de reconversion en marin. Pas que j'aime pas ton bateau, mais me faire doucher deux jours durant en ne dormant quasiment pas, non merci. Mathilde blêmit. Le constat venait de la heurter comme une baffe derrière la tête. Il devait être épuisé. Merde. Je parle comme un oiseau qui gazouille au printemps et tu ne m'arrêtes même pas! Tu dois être épuisé... tu veux te reposer et manger plus tard?
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Darius VortigernPirate - Capitaine
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyMar 7 Jan 2020 - 0:18
Quand Mathilde revient dans la pièce principale, Darius délaisse ses découvertes culinaires pour se tourner vers elle. Elle s'est changée et porte maintenant des vêtements secs et propres, une robe en lin brun qui ne révèle rien et laisse tout à l'imagination. Aucun problème. De l'imagination, Darius, il en a, en particulier quand il regarde la belle fermière. Elle a détaché ses cheveux humides et les a ramenés contre l'une de ses épaules. C'est joli, mais il est curieux de les voir encadrer son visage, totalement libre. Ça viendra.
La fermière s'arrête un peu en le voyant, comme troublée, ce qui ne manque pas de faire naître un sourire amusé à la commissure de ses lèvres, un sourire qui s'élargit quand il aperçoit le sien, un peu bête. Elle s'explique alors en battant des cils, et il rit.

« Non, tu vois, j'ai mis les vrais efforts pour impressionner les belles fermières, rétorque-t-il. Ça vaut la peine puisque ça marche, à voir ton air ébahi devant mes muscles saillants. »

Il lui sert un sourire taquin et charmeur. Il n'est pas aveugle, il savait déjà qu'elle le trouvait séduisant, mais en avoir une confirmation aussi évidente ne peut qu'être plaisant. Lui aussi est attiré par elle. Elle doit le savoir à la manière dont il la regarde, à la façon dont il la ramène contre lui pour l'embrasser ou même juste pour lui parler. Si elle ne le sait pas, elle le saura assurément plus tôt que tard.

« T'as tout compris », répond-il sans sérieux à la question de Mathilde avant de prendre les vêtements qu'elle lui tend.

Darius dépose aussitôt les vêtements et attire Mathilde à lui, faisant mine de vouloir lui donner un baiser, mais commentant plutôt sur ce qu'il a vu à l'extérieur, par jeu. La jeune femme, qui avait déjà tendu le cou pour cueillir la douce offrande, éclate de rire. Darius ricane et la laisse s'esquiver pour aller mettre une bûche dans l'âtre. Il s'adosse alors nonchalamment contre la table pour l'écouter et reprend les vêtements entre ses mains. Elle lui parle du plan qu'elle avait établi avec son père avant la Fange, puis de ce qu'elle a dû faire pour se débrouiller après l'arrivée des créatures. Dès le début, elle s'est attiré la sympathie des miliciens, qui ont alors commencé à veiller sur elle. Une bonne idée – bien que Darius soit assez content qu'ils aient depuis relâché leur surveillance quelque peu.

Mathilde se tourne dos à lui et s'active dans la cuisine. Il continue de l'écouter en l'observant. Depuis là où il est, il voit à peu près ce qu'elle fait et il suit chaque geste avec une sorte de fascination tranquille. Une femme qui cuisine. Et vraiment, cette fois, pas comme sur le navire. C'est si anodin. Pourtant, regarder la fermière ouvrir ses pots, couper ses légumes et jeter ceux-ci dans une casserole fait naître toutes sortes d'émotions étranges en Darius. Ça le replonge dans une normalité qu'il ne connaît plus depuis un bon moment. C'est à la fois troublant et apaisant. Peut-être un peu effrayant, en fait, même s'il ne se l'admet pas.

Darius détache son regard de cette scène pour faire dos à Mathilde aussi. Elle ne lui a pas indiqué où se changer exactement et il ne veut pas l'interrompre, alors il décide de le faire là et maintenant, car la sensation des vêtements mouillés contre son corps est franchement désagréable. Il n'est pas pudique et il doute que ça la dérange, de toute façon. Tout en prêtant l'oreille à ce qu'elle raconte, il retire ainsi pantalon et chemise. Son corps est froid et c'est avec un plaisir certain qu'il accueille d'abord le pantalon sec, puis le haut. Le tout est à peu près à sa taille, peut-être un peu serré au niveau des épaules, mais rien de bien dramatique. Darius ne plaint pas. Il est juste bien content d'avoir retiré ses vêtements qui puent le chien mouillé. Une fois changé, il ramasse son pantalon et son haut par terre et les abandonne avec sa cuirasse sur une chaise avant de se retourner vers Mathilde. Il reprend son appui contre la table et croise les bras en souriant un peu. Décidément, la belle fermière, ne serait-ce que par sa résilience, mérite son titre de célébrité locale. Et même si elle prétend que c’est la bouffe qui séduit tous ceux qu’elle croise, lui sait très bien que c’est elle. Elle et son caractère à la fois simple et complexe, sa générosité et ses attentions, son côté rieur et malicieux… entre autres.

Ah oui, même les pirates? Je vais dire à mon ami de faire gaffe, il est l’un de ces vilains mercenaires des mers, apparemment… Toi et ta bouffe pourriez être un grand danger pour lui.

Il la fixe, une lueur taquine dans son regard clair, et lui retourne son sourire narquois. Mathilde est-elle un danger pour lui autant qu’il l'est pour elle? Elle est au moins un risque. Parce que ce qui devait être des affaires est rapidement, très rapidement devenu autre chose. Parce que ce refuge, il ne le visitera probablement pas qu'à l’occasion, en cas de pépin. Parce qu’elle en sait déjà beaucoup sur lui et qu’elle va continuer d'en apprendre plus. Elle est un risque qu’il pourrait éviter, mais qu’il n'a pas envie d’éviter. C’est fou ce que ça peut faire, la séduction par la bouffe…

Darius se saisit du gobelet que lui tend Mathilde et trinque avec elle, humant brièvement le vin aux épices avant d’en boire une gorgée. Il rit quand elle dit qu'elle n’échangerait pas leurs métiers pour rien au monde.

Des traversées comme celles qu’on vient de vivre, j'en ai des tonnes à non actif. Je navigue depuis que je suis gamin. Le vent, la pluie, le froid, le manque de sommeil… C’est jamais agréable, mais on s'y fait, je t’assure. Tu dois vivre des désagréments de genre quand tu cultives de délicieux panais. Ils sont sûrement différents, mais pas moins chiants.

Darius voit alors Mathilde blêmir. La lumière divine l'a frappée et elle réalise qu’il n'a pas véritablement dormi depuis un bon moment maintenant. Le pirate se fait la remarque qu'elle na sans doute pas eu une nuit de sommeil cinq étoiles non plus.

Belle fermière, tu vas bien vite apprendre quelques petites choses sur moi, dont les trois suivantes : la première est qu’il est difficile de me forcer à faire quelque chose, alors je t’écoute parce que j’en ai envie. J’en ai très envie, même. La deuxième est que je pense avoir créé l'art de dormir en tirant sur des cordages. Et la troisième est que, si j’ai une résistance accrue à la fatigue, quand j'en pourrai plus, tu vas le savoir parce que je vais m’endormir n’importe où en trois secondes.

Il sourit, amusé, et prend une autre gorgée de son remède miracle contre la crève avant de s'approcher de Mathilde lentement, presque comme un prédateur qui guette sa proie. Une fois face à elle, il prend une nouvelle gorgée, puis dépose le gobelet sur le comptoir, près du couteau. Il enlace alors la jeune femme, découvrant sans se presser sa taille, ses hanches, le bas de son dos, réinstaurant leur proximité, offrant quelques caresses qu'ils n'ont pas pu se permettre encore, même si elles sont (relativement) innocentes.

« Ah, il y en a une quatrième : j'ai tendance à pas avoir envie de dormir quand il y a sur mon navire une belle fermière depuis un jour et demi et que j'ai même pas le temps de m'approcher d'elle trois secondes. »

Cette fois, quand il l'appuie doucement dos au comptoir et relève son visage vers le sien, ce n'est pas pour lui demander pourquoi elle est une célébrité au Labret, mais bel et bien pour l'embrasser – et pour l'embrasser comme il se doit. Un baiser prolongé, langoureux, même, moins tendre et innocent que les précédents, plus affirmé dans son désir d'elle et d'être près d'elle. Un baiser plus joueur, plus imprévisible, un peu à leur image.

« Et moi, il y a des petites choses que je dois savoir sur toi, Mathilde? », chuchote-t-il sans pour autant s'arrêter.
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyMar 7 Jan 2020 - 3:41
- La pluie, c'était un désagrément avant. Plus depuis la Fange. On rentre se cacher dès que le ciel devient nuageux ou que le soleil se couche. Je n'ai plus vraiment l'occasion de me faire arroser de pluie comme je l'ai été sur le bateau. Avant, j'adorais sortir sous l'orage. J'avais peur, mais j'essayais toujours de hurler plus fort que le tonnerre. Parfois, la nuit, je m'échappais pour aller regarder les étoiles au point de m'endormir lamentablement dans l'herbe. Elle hausse les épaules. A part les grandes chaleurs de l'été et les moustiques, il n'y a plus rien de désagréable. Enfin si on oublie les fangeux. Ton père naviguait, lui aussi?

Ce n'est une question indiscrète, pas trop. Elle ne peut s'empêcher de lui en poser, simplement parce qu'elle a envie de le connaitre au-delà de ce qu'il prétend être, quand il est sur son navire. Le pirate l'intéresse un peu, l'homme l'intéresse beaucoup. Il a beau être complètement à l'opposé de ce qu'elle est, elle ne peut s'empêcher de vouloir s'en rapprocher. Complètement folle, ma pauvre Mathie. Peut-être. Surement. Trop tard. Mathilde sourit. Il est rare qu'elle tisse un lien si rapidement avec quelqu'un. La Fange a fait d'elle une femme distante, au moins autant que ce que Darius doit l'être avec d'autres personnes. Alors s'il est capable de l'attirer à elle avec autant de facilité, avec autant de naturel, elle ne voit pas pourquoi elle devrait résister.

Darius lui apprend trois choses. Qu'il soit impossible de le forcer à faire quelque chose, elle n'y croit pas une seconde. Elle a réussi à lui faire accepter l'idée qu'elle garde ses caisses, au moment du pillage. Elle se tait, mais uniquement parce qu'il continue de parler et qu'elle est curieuse de découvrir la suite, alors plutôt que de parler, elle sirote son vin sans le quitter des yeux. Dormir en tirant sur des cordages. Ce type est fou. Personne ne peut dormir en manoeuvrant les voiles, Isak hurle bien trop fort ses directives. Elle sourit en imaginant les cousins s'engueuler royalement pour une histoire de sieste accroché à un hauban. Troisième chose, dormir n'importe où. Ça, elle le croit, parce qu'à sa place elle serait complètement épuisée et ronflerait même sur un cheval lancé au galop.

- Je ne t'ai même pas demandé si ton ami avait été heureux de recevoir une caisse de panais. Elle hausse un sourcil. Pourquoi diable approche-t-il au ralenti? Fou et bizarre. Puis Mathilde comprend et le regarde rompre la distance sans bouger d'un cil, le nez dans son gobelet. Elle a beau être un peu plus grande que la moyenne, elle le trouve malgré tout imposant. Peut-être à cause de la chemise, un peu trop ajustée au niveau des épaules. Il se déleste de son gobelet, elle fait tout pareil sans réellement savoir pourquoi.

Darius l'enlace en évoquant une quatrième chose à savoir. Elle ne peut s'empêcher de sourire en l'entendant et de passer les bras autour de son cou alors qu'il l'adosse au comptoir. Sa main droite glisse sur son torse, joliment musclé à en juger par les reliefs qu'elle sent à travers le tissu. Il l'embrasse, enfin, et elle se sent fondre. C'est un pirate, Mathilde, qu'est-ce que tu fais? C'est un homme. Un homme qu'elle désire. Un homme qu'elle n'attend pas d'aimer et dont elle n'attend aucune promesse qu'il ne tiendra probablement pas. Un homme vers lequel son instinct la pousse. La petite voix de la raison se tait alors que les lèvres s'entrouvrent pour laisser aux langues le soin d'exprimer tout leur désir.

Et moi, il y a des petites choses que je dois savoir sur toi, Mathilde? Bien sûr Darius. J'héberge des bannis, j'ai couché avec une femme... et je m'apprête à collaborer avec des pirates sanguinaires, mais ça, tu le sais déjà. Eh bien... répond-elle entre deux baisers Premièrement, j'aurais préféré une demande en mariage en bonne et due forme avant que tu ne t'avances à ce point, mais je vais faire une exception. Elle recule légèrement la tête, juste pour voir s'il adopte une mine déconfite ou s'il comprend qu'elle le taquine. Léger baiser sur sa lèvre inférieure, la plus charnue, la plus douce. Deuxièmement, j'ai envie de tout savoir de toi, alors je vais poser mille questions à chaque fois que j'en aurai l'occasion, mais j'accepte les silences en guise de réponse, parce que je déteste les mensonges. Autre regard, cette fois-ci elle est sérieuse. Elle ne s'attend à rien de lui, ni retours réguliers, ni fidélité, ni promesse de rentrer dans ce qu'elle pense être le droit chemin, mais elle ne veut pas de mensonges entre eux durant le temps que durera leur voyage, peu importe s'il se finit demain ou dans cinq ans. Les mains de Mathilde remontent le long de torse de Darius, passent sur ses épaules et se glissent dans sa nuque pour l'attirer à elle. Elle murmure à son oreille. Troisièmement, je dors nue en été. C'est pour ça que les travailleurs ne sont pas les bienvenus dans ma chaumière lorsque la nuit tombe. Elle glousse de rire.

Mathilde serre Darius dans ses bras. Il sent l'océan et le cuir, des odeurs qui la ramènent à leur première nuit sous les étoiles. Sa peau est chaude, lui aussi a eu le temps de se laisser envelopper par la chaleur du feu qui, bientôt, sera étouffante si on rajoute ne serait-ce qu'une bûche. C'est encore l'été, après tout, le soleil va réchauffer la campagne. Ses mains la caressent par-dessus une robe bien gênante. Elles explorent ses hanches, son dos, ses reins. Combien de blessures a-t-il eu à laisser guérir? Combien de cicatrices parsèment sa peau et racontent sa drôle de vie? Mathilde enfouit son nez dans le cou de Darius. Peu importe sa vie, son bateau, ses pillages, elle se laisse couler dans ce cocon qu'ils tissent pour eux seuls. Elle embrasse son cou, le mordille et sourit. Il goûte le sel. Elle en était sûre. Sa main joue avec le cordon qui retient les pans du col de la chemise. Il serait si simple de l'en débarrasser.

CROUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIC

Bruit d'estomac affamé réclamant la pitance qu'il n'a pas eu depuis la veille. Mathilde n'a presque rien mangé durant le voyage. Son ventre n'aurait pas supporté un vrai repas. Elle pouffe de rire. Quatrièmement, j'ai beau avoir très envie de m'allonger à tes côtés, quand mon ventre se manifeste, c'est lui qui passe avant tout. Parce que sinon il se manifeste et euh... Elle est rouge pivoine, peut-être à cause du feu, de la gêne ou de la chaleur des corps, à moins que cela ne soit un doux mélange de tout ça.

Elle le repousse doucement, l'invitant d'un geste à laisser traîner ses mains sur ses hanches. Ne t'en va pas trop loin, Darius. Reste tout près de moi. Elle lui tourne le dos mais, s'il reste contre elle, il pourra voir par-dessus son épaule qu'elle se munit de son couteau de cuisine pour découper de fines tranches de jambon séché. Les gestes sont sûrs, de même que lorsqu'elle découpe le pain qu'Arthur a laissé pour elle -brave Arthur, toujours prévoyant. Elle en grignote machinalement un morceau de mie restée sur le plan de travail. Tout est à portée de main, même le beurre qui dort sous un petit couvercle de céramique.

- Est-ce que si je crie "Tout le monde sur le pont bande de mauviettes paresseuses" comme Isak, ça te réveille? Elle rit, s'écarte de lui s'il est encore proche et s'en va déposer le tout à exactement deux pas de là, sur la table. L'instant d'après, deux bols de soupe rejoignent le jambon et le pain. Il ne reste plus qu'à s'asseoir, pas trop loin l'un de l'autre, pour ne pas rompre le cocon.
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyMar 7 Jan 2020 - 5:44
« Peut-être, dit Darius quand elle lui demande si son père naviguait. Aucune idée, en fait. Je l'ai pas connu. Ma mère non plus. J'ai grandi avec ma tante et mon oncle, et c'est lui qui naviguait. Mon navire, enfin, notre navire, à Isak et à moi, c'était à lui qu'il appartenait avant. C'est lui et ses hommes qui nous ont montré comment faire. »

Darius n'a pas hésité avant de répondre. Il est visiblement ouvert à parler de lui, de sa vie, de son passé, même, le tout sans mentir, ce qu'il fait pourtant bien souvent. Une lueur dans son regard laisse toutefois comprendre qu'il ne dira jamais tout. Il y a des sujets qu'il n'abordera pas, que ce soit pour des raisons logiques ou personnelles. C'est évident. Mathilde doit le sentir. Il reste d'ailleurs plutôt vague quand elle lui demande si son « ami » a été heureux de recevoir sa caisse de panais. Il se contente d'un « Oh oui, ravi », qui laisse croire que l'échange a possiblement été corsé ou qu'ils ont conclu d'autres affaires ensemble dont elle ne connaîtra pas les détails. Il ne compte pas s'attarder sur le tout. Adrian n'est pas le bienvenu dans ce moment de tranquillité, dans la maison de Mathilde. Darius clôt donc le sujet rapidement. Il préfère nettement embrasser Mathilde que de revenir sur l'autre capitaine hystérique.

Comment les choses peuvent-elles être aussi naturelles entre deux personnes que tout oppose? Même s'il avait voulu la nier, Darius sent cette chimie entre lui et Mathilde dans toutes les fibres de son être. Depuis qu'elle a mis le pied sur son navire, ente eux, tout semble couler de source, la conversation comme le silence, les gestes simples et attentionnés comme le désir. Les premiers contacts, les premiers baisers entre deux personnes sont parfois hésitants ou un peu maladroits, mais pas les leurs. Ils se découvrent avec une étrange assurance teintée de curiosité, avec une envie flagrante de tout savoir de l'autre.

Mathilde lui apprend quelques petites choses sur elle à son tour. Darius ne se laisse pas berner par sa première petite blague et lui sert un regard exagérément incrédule. Une demande en mariage en bonne et due forme, bien sûr, c'est exactement ce qu'elle attend de lui, le pirate sanguinaire... Elle dit ensuite vouloir tout savoir de lui. Cette fois, son regard est sérieux. Elle accepte les silences, mais déteste les mensonges. Il acquiesce simplement et lui vole un baiser en caressant longuement sa hanche. Il accuse réception. Elle se penche finalement à son oreille après avoir caressé longuement son torse pour lui faire une dernière confidence : l'été, elle dort nue. Il pouffe. Voilà une révélation qui lui plaît particulièrement...

Quand Mathilde le serre contre elle, Darius la presse contre son corps. D'une main chaude, il continue d'explorer ses hanches, s'aventure un peu à la naissance de ses fesses. Son autre main se perd éventuellement plus haut, contre sa nuque et dans ses cheveux, qu'il libère un peu plus de ses doigts. Mathilde embrasse et mordille son cou, lui tirant un délicieux frisson. Leurs vêtements sont de plus en plus gênants. Alors qu'elle joue avec le cordon de cette chemise empruntée, lui-même remonte vaguement le tissu de la damnée robe pendant qu'il la caresse. Darius repart en quête des lèvres de Mathilde lorsque...

CROUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIC.

Le bruit disgracieux le stoppe net et il rit, encore plus quand Mathilde semble gênée et qu'elle rougit.

« Ça te va plutôt bien, cette petite teinte rouge pivoine », se moque-t-il gentiment.

Mathilde repousse Darius tout en l'invitant à rester près d'elle, ce qu'il fait. Quand elle se tourne dos à lui, il l'enveloppe toujours de son corps et continue de caresser ses hanches, une cuisse, même, parfois. Il la laisse cuisiner en l'observant, mais ne se gêne pas pour autant pour la déconcentrer un peu en venant mordiller son oreille ou en poussant ses cheveux pour déposer des baisers contre sa nuque. Il n'est pas réellement sage, mais tâche malgré tout de ne pas entraver ses mouvements afin d'éviter qu'elle se blesse. Et parmi tout cela, il l'admire préparer le repas de sa main assurée. Il ricane un peu à sa question et la laisse s'écarter pour aller déposer le pain et le jambon séché sur la table.

« Mhhh... À voir... Il faudrait peut-être que tu te pratiques un peu pour atteindre un niveau d'efficacité optimal. Un ton aussi mélodieux, ça ne s'acquiert pas si facilement. »

Une fois les soupes sur la table et Mathilde assise, Darius vient prendre place près d'elle. Au passage, il caresse du dos de son index et de son majeur l'épaule de la fermière, ça ressemble à une sorte de merci silencieux et ça en est un. Il regarde ensuite le repas avec appétit et, sans s'embarrasser d'un millier de formules inutiles qui retardent la satisfaction de deux estomacs en train de mourir de faim, il commence à manger. Après avoir goûté la soupe, il laisse échapper un grognement de contentement.

« Je me souviens pas de la dernière fois où j'ai mangé quelque chose d'aussi bon, finit-il par dire après quelques bouchées. La nourriture à bord, c'est pas exactement de la haute gastronomie, comme tu as pu le constater. Les repas servis dans les auberges sont pas mal, enfin, ça dépend de l'auberge, mais ça n'égale jamais ça. »

Darius mange avec l'appétit que l'on peut s'attendre d'un homme de sa carrure. Même s'il ne s'est pas plaint, il est maintenant clair qu'il était complètement affamé. Il n'est cependant pas du genre à râler pour des choses de ce genre, qui font finalement partie de son quotidien : les vêtements mouillés, la fatigue, la faim, les blessures mineures.

« Tu cuisines bien, continue-t-il, sachant très bien que, si les femmes doivent savoir préparer les repas, elles sont loin d'être toutes douées. J'imagine que c'est ta mère qui t'a montré? »

C'est à son tour de poser une question possiblement indiscrète. Elle a mentionné son père, mais pas sa mère. Peut-être est-ce simplement un hasard, ou peut-être celle-ci est-elle morte en couches. Il veut tout savoir, alors il est curieux.

« Ou peut-être que c'est un autre de tes talents naturels? Comme celui que tu as pour te sortir des pires emmerdes... ou les attirer. »

Il lui offre une échappatoire au cas où elle ne veut pas spécialement répondre et lui sert même un regard moqueur et complice. Elle s'est attirée une belle emmerde du nom de Darius Vortigern, après tout, et elle ne semble pas pressée de s'en échapper...
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyMer 8 Jan 2020 - 2:50
Improviser un repas n'est pas facile quand on a un homme aussi charmant que Darius avec soi. Surtout quand celui-ci joue à la distraire, lui arrachant un frisson mémorable alors que ses doigts effleurent sa nuque pour déplacer ses cheveux avant d'y déposer un léger baiser. Mathilde glousse. Il y a quelque chose de très agaçant chez lui : il sait qu'il lui plait. Mille fois elle s'est trahie. Mais il la laisse jouer à la femme qui se fait désirer, ne cherchant même pas à tricher en accrochant "par mégarde" un lacet de sa robe qui, une fois dénoué, aurait laissé une épaule découverte. Il est même plutôt docile, la laissant passer pour déposer ses préparations sur la table plutôt que de la coincer contre le comptoir. Il joue. Elle adore ça. Tu vas te brûler les ailes, Mathilde. Peut-être, qui sait?

- Que je pratique? Elle lui offre un sourire malicieux. Tu vas adorer tes réveils à la ferme, Darius, parce que je vais pratiquer. Avec assiduité. Bon appétit ajoute-t-elle alors qu'il s'assoit à côté d'elle. Il n'a pas besoin de parler pour la remercier. Elle comprend, à travers sa caresse, qu'il apprécie le geste. Elle le regarde manger et, satisfaite de le voir savourer ce repas improvisé, trempe un bout de pain dans le potage. Elle aime qu'on fasse honneur à sa cuisine et aux ingrédients qu'elle a produits elle-même. Sauf le pain, cette fois, c'est celui de la mère d'Arthur, et elle le trouve délicieux.

C'est étrange cette façon qu'il a de lui parler par les gestes ou les regards. Il a l'art d'énoncer des évidences uniquement avec un battement de cils, une fossette qui se creuse ou des lèvres qui se serrent. Un langage silencieux accessible uniquement à ceux qui le regardent réellement, tel qu'il est et non tel qu'il se présente. Même ses caresses, alors qu'elle peinait à se concentrer sur la découpe du pain, trahissaient des mots, des phrases, une impatience contenue sans difficultés. Mathilde n'aime plus le silence, depuis que la Fange l'a forcée à vivre seule, mais ses silences à lui, elle les découvre, les tolère, les apprécie.

- Rien ne vaut la cuisine des agriculteurs. Pour bien vendre nos produits, nous devons les connaître et savoir les préparer, pour mieux conseiller les auberges qui nous les achètent. Avant, on vendait même sur le marché d'Usson, alors les petites recettes s'échangeaient entre clients et producteurs. C'était une belle époque. Un voile de nostalgie embrume un instant seulement le regard de la native du Labret, qui se reprend aussitôt. Maman était une bonne cuisinière, mais j'étais une mauvaise élève. Je me débarrassais de mes corvées pour courir dehors et aider papa. Pourquoi crois-tu que j'ai été la dernière à être mariée dans la fratrie? Trop sauvage, pas assez femme d'intérieur. J'ai appris sur le tard, un peu avant que maman ne meurt. J'étais la dernière des enfants à la maison, je m'occupais d'elle. Et puis j'ai pris soin de papa. C'était une bonne fourchette, par chance les voisines adoraient partager leurs recettes. J'ai fini par être bonne à marier. Plus ou moins.

Mathilde hausse les épaules, affichant un air faussement désolé. Puis elle écarte le sujet du mariage, se rappelant de ce qu'Isak lui a dit. Ça ne sert à rien. J'imagine que cuisiner à bord d'un bateau qui bouge tout le temps est un défi. Surtout quand on essaie de pas mettre le feu à tout le bâtiment... Ça doit être le poste le plus dangereux de tout l'équipage. Elle sourit et entame sérieusement son repas, effilochant sa tranche de jambon du bout des doigts. La viande est longue à mâcher, mais elle libère des arômes de fumée de bois et de sel dont elle raffole.

De temps en temps, elle lance un regard en coin à Darius. Partager un repas avec un homme n'est pas une chose nouvelle pour elle qui, quelques semaines plus tôt, accueillait régulièrement son milicien entre deux missions. Pourtant elle le vit comme une première fois, avec la même joie intérieure qu'elle n'exprime pas, la même réserve, la même méfiance aussi. Elle ne doit pas s'attacher inutilement à ces détails, qui risquent de devenir bien vite de jolis souvenirs. Qui sait s'il reviendra? Qui sait si la Fange ne le prendra pas, lui aussi? Ainsi va la vie...

- Je ne cours pas après les emmerdes, elles viennent à moi très naturellement. On a ça en commun, non? Elle le regarde, un poil moqueuse. C'est un pirate, il a nécessairement des ennemis, des ennuis à l'occasion, tout ce qu'il faut pour ne pas s'enliser dans la routine. Les miennes ont commencé au moment où j'ai passé un accord avec l'Ordre. Mon père m'a toujours dit que les nobles apportaient un sacré lot d'emmerdes... il n'avait pas tort. Mais certaines emmerdes en valent la peine, pas vrai capitaine? dit-elle en déposant un léger baiser sur son épaule. Elle aimait ses épaules, leur modelé, leur hauteur. Ce n'était pas sa taille qui était impressionnante, non, c'était sa carrure, large, droite.

Un travailleur passe devant la fenêtre au volet ouvert et regarde à l'intérieur, sans doute machinalement, avant de poursuivre son chemin comme si de rien n'était. Éviter de prononcer le mot pirate tant que la maison n'est pas hermétiquement close. Par les Trois!

- Constamment surveillée murmure-t-elle. Je ne sais pas si c'est la peur de perdre leur emploi, un excès de bienveillance ou des ordres de Terresang, mais dès qu'il y a de la visite ici, il faut qu'ils tournent autour de la maison. Elle soupira. Au début de l'été elle avait cru bon de leur proposer de vivre avec elle, dans la chaumière, mais très vite ils avaient tous changé d'avis. L'ambiance n'avait plus rien de léger et de chaleureux. Trop de coqs dans la basse-court, la fermière ne voulait aucun d'eux. D'un commun accord, ils avaient opté pour une solution évidente : aménager la vieille grange. Depuis, les tensions étaient retombées, mais la surveillance, elle, avait redoublé. Alors comme ça, deux cousins mènent le navire. J'imagine qu'en grandissant ensemble, sous le même toit, sur le même pont, vous êtes devenus de véritables frères. Et vous avez l'air plutôt complémentaires, pour le peu que j'ai entrevu entre deux gouttes de pluie. Lequel des deux choisit les cibles? Non. Pas ici. N'a-t-il pas soigneusement éludé le sujet, quelques instants auparavant? Par discrétion, ou simplement pour ne pas faire entrer la piraterie dans cette maison, dans ce refuge. Lequel des deux est l'aîné? Isak regardait Darius avec une certaine forme de bienveillance. Mathilde pense qu'ils ont un lien très fort. Isak paraît être le sage, Darius le plus fougueux.

Elle achève sa soupe, refrénant une envie de se blottir contre lui comme un chaton. C'est que son épaule est accueillante, et son corps tout chaud. C'est un homme parfait contre lequel s'endormir sereinement. Tu voudrais voir la grange, au cas où tu débarques avec un fangeux aux fesses?
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyMer 8 Jan 2020 - 5:17
Mathilde annonce à Darius qu'elle compte le réveiller d'une façon plutôt atroce lors de ses passages à la ferme et, pour toute réponse, celui-ci se contente de lui offrir un sourire joueur qui ne dit rien qui vaille. Il a, lui, bien l'intention que les réveils soient agréables, et tout dans son expression laisse entendre qu'il a des plans particuliers à mettre à exécution. Elle lui a précisé qu'elle dormait nue, après tout... Il serait dommage de ne pas tirer le maximum de cette jolie opportunité, non?

Le repas servi, tous deux prennent place à table et Darius met peu de temps avant de commencer à se régaler de la soupe savamment préparée par la fermière. Celle-ci lui parle de nouveau de son passé, de son caractère un peu sauvage et pas très femme à marier. Il n'est pas étonné, mais peut-être est-ce dû aux circonstances de leur rencontre. Il a d'abord vu la Mathilde qui lance des dagues du regard, pas celle qui dépose des petits paniers de légumes aux miliciens, celle qui semble prendre soin d'un peu tout le monde, celle qui prépare de délicieuses soupes à ses invités. Il a commencé à découvrir une Mathilde plus douce à bord de son navire et il continue d'explorer les différents aspects de sa personnalité ici, à la ferme. Et peut-être est-il un peu fou, mais il doit s'avouer que toutes ces Mathilde lui plaisent, y compris celle qui, enragée de voir des pirates débarquer, l'aurait bien transpercé avec une flèche si elle avait su viser correctement sur un navire qui tangue.

« Surtout quand personne n'est vraiment doué pour la tâche, répond-il à sa question en mettant un peu de jambon sur un morceau de pain. On fait ce qu'on peut, mais on tâche de vivre sur des réserves de viande et de poisson séchés, de pain, de légumes. On essaie de prendre des repas corrects quand on est sur la terre ferme. Comme on fait beaucoup d'aller-retour, c'est pas si mal. Et certains types ont des femmes à Marbrume, elles offrent parfois quelques victuailles assez potables. Mais jamais comme ça. »

Il désigne la soupe, puis croque dans son sandwich au jambon improvisé. Il sourit moqueusement quand Mathilde lui dit qu'ils ont en commun d'attirer les emmerdes. Il songe que la différence entre eux est qu'il cherche les emmerdes. C'est un peu ce que tous les criminels font en ne se conformant pas aux règles. Mathilde, elle, ne cherche pas les emmerdes. Son problème est qu'elles la trouvent et qu'elle semble finir par les aimer un peu trop. Darius en a d'ailleurs la confirmation quand elle déclare que certaines emmerdes valent la peine et qu'elle vient déposer un léger baiser contre son épaule.

« Celles avec les capitaines plus que elles avec les nobles, j'ai l'impression », souffle-t-il moqueusement, l'une de ses mains venant caresser brièvement la cuisse de Mathilde sous la table.

Du coin de l'œil, il aperçoit un travailleur jeter un regard dans la chaumière par les volets laissés ouverts. Ils veillent vraiment au grain, ceux-là... Darius se dit qu'il va devoir faire attention à eux, ne serait-ce que parce qu'ils semblent couver Mathilde et qu'ils s'inquiètent peut-être davantage lorsqu'un étranger traîne chez elle ou sur la ferme en général.

« C'est probablement un mélange de tout ça... Et bon, je suis un étranger enfermé avec leur fermière dans sa chaumière. Ils se méfient, même si tu m'as présenté comme ton sauveur. Ils ont l'air de tenir à toi, alors ils ont probablement l'instinct d'essayer de te protéger et de s'assurer qu'il t'arrive pas malheur. »

Darius hausse les épaules. À la place des travailleurs, il ferait peut-être pareil. En écoutant Mathilde, il prend un autre morceau de pain et le trempe dans le potage, s'employant ensuite à finir celui-ci.

« Isak est l'aîné. Enfin, de six mois seulement, mais quand même. Il avait aussi une sœur qui avait deux ans de plus que nous. »

Il aurait pu dire son nom. Éléonore. Il aurait pu préciser que la Fange l'avait emportée, elle aussi. Mais ça signifiait ouvrir la porte sur Catharina, sur Dagher, sur Annelise, penser à tous ces noms qui n'apportent maintenant que de la tristesse et qui doivent, par conséquent, rester enfouis dans l'oubli. Il se contente donc de ça : il avait aussi une sœur.

« Nous sommes à la fois similaires et complémentaires. Isak est, en général, plus posé, moins sanguin que moi. Mais il sait tout de même s'imposer, en particulier quand vient le temps de manœuvrer le navire. Je pense que tu as cru le remarquer quand il s'est mis à beugler sur tout le monde. Il aime naviguer. Encore plus que moi, je pense. Et il est franchement doué. »

Il finit sa soupe et repousse tranquillement le bol sur la table.

« Il sait se battre, mais les armes, ce n'est pas ce qu'il préfère. Négocier, parler aux gens, ce n'est pas trop ce qu'il aime non plus. Il a la patience pour le faire, mais pas nécessairement la volonté. Il est plutôt solitaire, mais il est sympa quand on apprend à le connaître. Alors oui, nous sommes assez différents, mais ça ne nous empêche pas de nous ressembler sur pas mal de points. »

Darius sourit en coin et avale ce qui lui reste de pain et de jambon.

« Je pense qu'il t'apprécie même si vous avez peu discuté. En fait, non, c'est certain qu'il t'apprécie : tu lui as offert du fromage, de la marmelade et du pain, et il n'y a rien qu'il aime plus que de la bonne bouffe. »

Il ricane, l'air de dire que son cousin et lui ont ça en commun. Mathilde propose alors d'aller voir la grange, une idée à laquelle il acquiesce. Il se lève alors et quand elle a fait pareil, il l'adosse contre la table pour lui voler un baiser bien fougueux. Tout en l'embrassant, il s'étire pour attraper son épée et, quand il s'en est saisi, il recule subitement.

« "Désolé", tu étais dans mon chemin... », s'excuse-t-il avec le pire air faussement repentant que le Morguestanc ait vu.

Il ne remet pas son armure, mais rattache au moins son épée – hors de question d'aller à l'extérieur sans être armé, même si ce n'est que pour aller à la grange. Il préfère ne pas courir de risque, d'autant plus que le Labret n'est pas un endroit particulièrement sécuritaire. Il a d'ailleurs toujours trouvé un peu fous, voire cons le gens installés là-bas pour faire pousser des légumes pour les cons de Marbrume... On pourrait dire qu'il commence à changer d'idée – au moins pour une belle fermière – même s'il trouve le projet plutôt suicidaire. Mais qu'est-ce qui ne l'est pas en ce temps où même la ville la mieux fortifiée du Morguestanc ne parvient pas à protéger ses citoyens? Ah oui. Un bateau en pleine mer. Prenez ça, les Fangeux.

Fier de sa taquinerie, une expression toujours joueuse sur les traits, Darius sort en compagnie de Mathilde une fois celle-ci prête à partir. La vue de la campagne le surprend encore tant la voir dans toute sa splendeur est devenu pour lui, comme pour bien d'autres, une rareté. Tandis qu'il suit Mathilde, son regard clair parcourt les alentours, absorbant absolument tout ce qu'il voit.

« Tu les entends souvent? demande-t-il alors après un moment de silence à marcher en direction de la grange avec Mathilde. Les Fangeux, je veux dire. Ils doivent venir sur la ferme au moins de temps en temps, si ce n'est pas régulièrement. Ça te fait pas peur quand tu es seule chez toi, même si tout est fermé à double tour? »
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyMer 8 Jan 2020 - 19:01
- Moui, tu as sans doute raison, ils me protègent. Ou guettent la soupe. Elle sourit. Ainsi elle avait plus ou moins bien perçu les choses. Isak était le plus posé, Darius le plus jeune, de peu. Il y avait une troisième personne, la soeur d'Isak, probablement morte soit de maladie, soit emportée par la Fange, sinon il aurait dit Isak a une soeur. Mathilde ne poussera pas le sujet, le passé a cette fâcheuse tendance de plonger les humains dans une mélancolie parfois suffisamment dangereuse que pour les pousser au suicide. Saisit-il le regard qu'elle lui lance à ce moment? Un regard dans lequel il pourrait lire un j'ai compris. Peut-être, sûrement.

C'est certain qu'il t'apprécie. Évidemment, elle le sait. Elle ne sait pas pourquoi précisément. Elle n'imagine pas qu'il ait pu percevoir quoi que ce soit entre eux, le pensant trop occupé à se concentrer sur la navigation. Quelque part, même si leur lien lui paraît spécial, elle ne sait pas si Darius a cette attitude avec d'autres femmes, à Marbrume ou ailleurs. Elle s'imagine qu'il la trouve un peu particulière, suffisamment que pour s'intéresser à elle, mais pas unique. Ça ne la vexe pas. Elle se laisse porter par le moment, mais garde une certaine réserve quant à d'éventuels sentiments un peu trop soudains, un peu trop enflammés qu'elle pourrait nourrir à son égard. Il lui plaît, beaucoup, et leur relation naissante l'amuse autant qu'elle l'intrigue.

Il n'y a rien qu'il aime plus que de la bonne bouffe. Tu vois, avec quelque panais je pourrais devenir reine du monde. Je devrais y songer sérieusement ricane-t-elle.

Alors qu'il l'embrasse, Mathilde songe qu'elle pourrait être l'un de ces femmes de pirate qui préparent un petit panier de victuailles pour son tendre amant, afin qu'il s'en aille le ventre plein pour mener à bien l'un de ses raids. Ou pas. Elle n'est pas femme de. Et elle ne s'engage à rien en dehors de la ferme. S'il veut manger, il se bougera les fesses jusqu'ici et se démerdera pour ne pas se faire tuer. Désolé, tu étais dans mon chemin... De son côté, elle s'arrangera pour être dans son chemin à chaque fois qu'il passe par là. Mathilde sourit, il a quelque chose d’attendrissant.

Elle approuve silencieusement le geste qu'il pose. Prendre son épée pour sortir, un réflexe élémentaire pour qui veut espérer survivre dehors, au Labret. Elle-même prend son arc et le carquois bien garni lorsqu'elle passe à côté de la porte. Rêve-t-elle ou bien le marin éperdument amoureux de la mer contemple-t-il les terres avec un certain émerveillement? Ressent-il la même chose qu'elle, alors qu'elle regardait le soleil se fondre dans l'immensité de l'océan? Elle garde le silence, pour ne pas troubler le moment.

Tu les entends souvent? L'instant de contemplation fait place à la dure réalité. Mathilde pousse un petit soupire. Les Fangeux... Vaste sujet. Ils ont pris mon mari alors qu'il était là-haut, près du chêne dit-elle en pointant l'arbre qui marque l'une des limites de sa parcelle. J'ai peur, chaque jour, chaque instant, mais c'est cette peur qui me pousse à rester vigilante et à ne pas faire de connerie. Mon arc est pour les voleurs, pour les Fangeux je n'ai que la fuite. Confirmant ses propos, son regard parcourait les environs non pas pour les admirer mais pour s'assurer qu'aucune forme étrange n'était en approche. Tu sais, je n'espère pas survivre indéfiniment. Je sais qu'un jour, ça sera à mon tour d'être "la disparue supposée morte". Ce jour-là, je ne veux pouvoir me dire que j'ai bien vécu, que je n'ai pas de regrets, pas d'actes manqués. Je veux saluer la mort, pas la supplier de me donner encore un peu de temps. Elle sourit, sereine malgré la situation macabre dans laquelle elle avait choisit de vivre. Je pourrais me terrer en ville, mais à quoi est-ce que cela servirait? demanda-t-elle en contournant le bâtiment neuf pour y entrer. Ici, au moins, je fais partie de ceux qui essaient de gagner un peu de temps et qui espèrent qu'une solution sera trouvée. Peut-être que ça n'arrivera jamais, mais j'aurai essayé. Et j'aurai transmis mon savoir à ceux qui auront peut-être la chance de voir la fin du Fléau.

En quelques mots elle résumait une longue réflexion qu'elle avait entamée il y a des mois. Bientôt un an. A la mort de Philibert, elle avait eu peur de tout ce que sa disparition impliquait. Être seule la rendait folle, devoir prendre tout en charge la terrorisait, être confrontée à des gens malintentionnés était sa hantise. Mais ses ambitions pour son modeste carré de terre avaient été entendues par les Trois. Ils lui avaient insufflé le courage de vivre, lui avaient envoyé Aymeric de Beauharnais pour l'inciter à travailler au meilleur de ses capacités, lui avaient appris, avec Alexandre de Terresang, que sa survie ne dépendait que d'elle. Chaque épreuve avait été formatrice, chaque coup dur avait été riche en enseignement, et le premier d'entre eux était Vis chaque jour comme si c'était le dernier.

Mathilde laisse Darius entrer dans la grange, de bonne taille, avant de refermer la porte derrière eux. S'étonnera-t-il de la trouver pratiquement vide? Peut-être. Le dernier convoi ne date que d'il y a quelques jours, les véritables richesses de la ferme sont encore enfouies dans la terre. L'espace est aménagé pour faire sécher les légumes qui ont besoin de l'être avant leur transport. Des balles de foin sont entreposées en attendant d'être utilisée à la saison prochaine pour garder la chaleur de la terre et permettre de prolonger la saison. Et puis il y a l'échelle, élément salvateur au Labret, en haut de laquelle se trouve la sécurité tant recherchée.

- Les Fangeux ne nagent pas. Ils ne sautent pas suffisamment haut que pour réussir à défoncer les trappes des plafonds. Grimpe à l'échelle, remonte-la avec toi, ferme la trappe et attends qu'il se décourage. Elle sourit. Que c'était rassurant... un vrai jeu de chat et de souris. Il y a toujours des trucs à grignoter et un peu d'alcool, pour passer le temps. Au moins une couchette aussi, et une couverture. On est plusieurs paysans à le faire. Si un jour l'un de nous est attaqué sur la route, ça nous offre une chance de survie.

Mathilde se tourna vers Darius. Une question lui démangeait les lèvres. Tu n'as jamais essayé de trouver une terre où la Fange n'était pas arrivée? Une terre où on aurait la vie sauve, tous?
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyMer 8 Jan 2020 - 23:53
Mathilde est curieuse, mais pas indiscrète — pas avec Darius, du moins. Elle pose des questions, mais semble savoir lorsqu’il donne une information qui est à prendre telle qu’elle est, qui ne viendra pas avec de plus amples détails. Cette perceptivité est une qualité que Darius apprécie. Elle écoute ses paroles et lit ses silences. En fait, il lui semble qu’ils communiquent constamment — par des paroles, par des regards, par des sourires, par des gestes. Et ils se comprennent. Facilement. Il ne sait pas réellement pourquoi ou comment. C’est simplement ainsi.

Ils sortent à l’extérieur, tous eux armés par mesure de prudence. Darius laisse son regard courir sur les vastes étendues fertiles de la ferme Dumas. C’est un paysage trompeur, comme la mer, songe-t-il. Derrière la beauté se cachent des dangers imprévisibles. Pour l’un, il s’agit de tempêtes et de pirates — ou de miliciens, selon la perspective. Pour l’autre, il s’agit de Fangeux sans pitié capables de décimer des populations.

Darius pivote vers le chêne où le mari de Mathilde a perdu la vie. L’existence de la fermière en est une où la peur est omniprésente, mais, malgré tout, elle refuse de quitter ses terres et d’aller se réfugier entre les murs de Marbrume. Elle sait que ses jours sont peut-être comptés, mais espère tout de même gagner du temps. Darius sourit en coin. Elle est courageuse, la belle fermière. Elle est résiliente, à la fois réaliste et optimiste.

« De toute façon, la ville n’offre vraiment qu’une illusion de sécurité, commente-t-il. Les Fangeux ont déjà réussi à y faire des ravages. C’est qu’une question de temps avant qu’ils reviennent et recommencent. Regarde le Chaudron... Oui, c’est qu’une question de temps. »

Il hausse les épaules. Ça lui semble inévitable.

« Ces quatre murs n’aident personne, au fond. Ils nuisent plus qu’autre chose parce qu’ils donnent aux habitants l’impression qu’ils sont protégés. Ils les rendent insouciants pour la plupart. Ici, au moins, vous savez quoi faire. Vous avez mis en place de quoi vous protéger. Vous attendez pas que la milice vous sauve. Vous avez conscience du danger que vous courez chaque jour, chaque minute, chaque seconde. C’est pas le cas à Marbrume. »

Darius entre dans la grange en compagnie de Mathilde et jette un coup d’œil circulaire à l’endroit. Il n’y a pas trop de quoi exciter son imaginaire de contrebandier, ici, les lieux étant pratiquement vides. C’est sans doute mieux ainsi puisqu’il ne peut pas faire de plans pour s’approprier la production, de toute façon. Enfin, il pourrait. Il ne veut simplement pas gâcher les ententes qu’il a conclues avec Mathilde. Et le reste. Surtout le reste, en fait, même s’il ne doit pas le dire ou le penser trop fort.

Darius acquiesce et répond d’un vague « Mh » tandis que Mathilde lui donne le cours Comment échapper à un Fangeux pour les nuls. Il se demande combien de temps un Fangeux met avant de se décourager. Vu le caractère sympathique de ces créatures, il est sûr qu’il ne se découragent pas si facilement s’ils ont une proie en vue.

Curieux de voir l’endroit, il se dirige vers l’échelle et la monte pour ouvrir la trappe.

« Tous? répète-t-il en observant le petit refuge, puis en s’aventurant à l’intérieur. Il faudrait un bateau pas mal plus... »

Une fois dans l’abri, il se lève un peu trop vite et se cogne la tête contre une poutre dans un bruit sourd.

« Bordel de fils de coureuse de rempart! »

S’il est possible de se tenir debout dans cet endroit, celui-ci n’est clairement pas fait pour un grand gaillard comme lui! Il se frotte la tête en grognant et Mathilde vient le rejoindre, probablement après avoir déjà bien ri de lui en bas.

« Note pour moi-même : c’est un abri pour les nains », grommelle-t-il une fois que la fermière est près de lui.

Sa fierté venant d’en prendre un coup, il reprend là où il s’est arrêté en jetant un coup d’œil à l’endroit et en allant même remonter l’échelle et fermer la trappe.

« Il faudrait un bateau pas mal plus imposant pour une expédition de ce genre. Je connais les côtes par cœur et il y a des îles de taille modeste et de petits îlots, mais rien d’assez important pour accueillir autant de gens de façon permanente. Les gens qui ont fui à bord des gros navires sont jamais revenus... Soit ils ont trouvé un endroit où passer le restant de leurs jours loin des Fangeux et y sont restés, soit ils n’ont pas survécu à leur voyage sans destination. »

Darius voit la petite couche et s’y assoit, la testant. Il aperçoit une bouteille d’alcool et la secoue un peu pour voir s’il en reste avant de la redéposer. Il est comme ça : regarder ne lui suffit pas, il doit toucher à tout, comme dans la chaumière.

« Une expédition n’est pas impossible, mais loin d’être simple. Déjà, il faudrait construire un navire assez important, ce qui signifie envoyer bon nombre de suicidaires dans la forêt couper du bois, transporter ledit bois, et trouver des gars qui ont l’expertise pour construire un vaisseau de ce genre. Ça prendrait sûrement des années. Il faudrait ensuite trouver des marins assez expérimentés et assez fous pour se lancer dans cette exploration et leur fournir ce dont ils ont besoin pour le voyage. Nos traversées, même la deuxième, c’est une promenade de santé par rapport à ce qu’ils auraient à vivre. Et puis resterait de trouver la terre promise, ce qui est pas gagné non plus. »

Darius s’adosse au mur et ferme vaguement les yeux sans même s’en rendre compte.

« Bref, disons que si on voulait le faire, il faudrait se lancer dans le projet au plus sacrant. Jusqu’à présent, on peut pas exactement dire que la volonté politique est au rendez-vous. Le roi et ses amis nobles ont d’autres priorités, visiblement. Comme... Je sais pas... Comme... »

Darius ne finit jamais sa phrase. Trois secondes presque top chrono : c’est réellement le temps qu’il lui a fallu pour s’endormir lâchement. Même les beaux yeux de la belle fermière n’auront pas suffi à faire perdurer le combat contre le sommeil qu’il menait depuis un moment déjà. Il respire calmement, l’expression détendue, la main mollement posée sur la garde de son épée, comme par réflexe. Il ne dort pas profondément — si Mathilde décide de le rejoindre pour être lâche aussi, il va marmonner quelque chose d’incompréhensible et refermer un bras contre elle. Si elle prend la décision de le laisser seul ici, il va ouvrir un œil et marmonner un « Tu vas où? » avant de possiblement se rendormir. Dans tous les cas, quand il commence à sortir de son état somnolant, il met quelques secondes à reprendre contact avec la réalité. Combien de temps s’est-il écoulé? Quinze minutes? Une heure? Trois? Est-il engourdi par le sommeil ou par le poids de Mathilde contre lui? Il a au moins le mérite de se souvenir où il est et avec qui.

« Belle fermière?... », murmure-t-il tandis qu’il se sort de sa léthargie momentanée.
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyJeu 9 Jan 2020 - 3:10
Bordel de fils de coureuse des remparts. Haussement de sourcils surpris. Un coup sourd, il s'est cogné la tête. Elle pouffe de rire, parce que tant qu'elle l'entend jurer comme un charretier, elle sait qu'il n'est pas mort. Ce qui serait réellement ennuyeux, parce qu'il faudrait le décapiter et brûler son corps, ce qui, soyons honnêtes, commence à faire beaucoup de bûchers allumés sur cette ferme.

- C'est un abri pour les gens qui regardent devant corrige-t-elle en posant le pied sur le plancher du grenier. Ça va? demande-t-elle en passant machinalement une main dans les cheveux épais de Darius, avant de l'examiner. Pas de trace de sang, tout va bien. Suffisamment que pour qu'il remonte l'échelle et ferme la trappe. Mathilde fait une petite moue. Tu prives mes gars d'un abri potentiel en cas de pépin. T'es chanceux, ils ont encore la vieille grange et la maison comme option.

Darius parle de bateau. Un bateau immense, que Mathilde imagine assez vaste que pour accueillir des centaines de personnes choisies pour leurs compétences, leurs savoirs-faire, leur jeunesse. Et des cales assez vastes que pour y conserver la nourriture nécessaire à leur survie durant la traversée vers une terre accueillante et sécuritaire, où ils pourraient bâtir une nouvelle humanité. Les gens qui ont fui à bord des gros navires ne sont jamais revenus. Ah bon? Elle ne savait même pas que quelqu'un avait tenté le coup. Ce n'est pas étonnant, son intérêt pour la survie de l'humanité a tardé à s'éveiller.

Elle le regarde toucher à tout comme un enfant et sourit. Il ne plaisantait pas quand il disait qu'il voulait une visite guidée, il veut vraiment connaître les lieux pour le jour où il aura besoin de s'y réfugier. Lui a-t-elle dit qu'elle ne recoud pas vraiment bien les blessures graves? Et qu'elle ne soigne que les bobos légers qu'on se fait en cultivant la terre, pas ceux qui résultent de combats? Elle soupire. Elle a encore beaucoup de choses à lui dire au sujet de ce refuge qu'elle lui offre. Mais il se met à détailler les étapes nécessaires à la conception d'un bateau. Elle n'avait pas imaginé tout ça. Comme... Je sais pas... Comme...

Silence.

Respiration calme et profonde. Mathilde rit doucement.

Elle s'approche de lui, lui caresse la joue et lui murmure Allonge-toi, tu seras mieux. Elle le regarde obtempérer et dépose une couverture sur lui. Je reviens murmure-t-elle avant d'ouvrir la trappe, redescendre l'échelle et s'éclipser.

Quelques instants plus tard, elle a chaussé ses sabots de bois et se dirige vers les champs où elle entreprend d'inspecter consciencieusement l'avancée des légumes. De temps en temps, elle se penche pour cueillir une feuille de salade, une cosse de pois ou une carotte et les goûter. Encore quelques jours. Hm c'est presque prêt. Après la prochaine pluie. Souvent, elle se penche, ramasse une poignée de terre, la hume, la regarde se défaire dans sa main. Avec les derniers jours de pluie, la terre est gorgée d'eau. Un juste dosage et le bon travail des gars en ont fait un sol drainé juste comme il le faut.

- Ça va M'ame? C'est Roger, l'un des trois gars qui travaillent d'arrache pied sur la ferme. C'est le plus ancien, celui qui quittera sans doute à la fin de l'hiver pour appliquer tout ce qu'il a appris sur sa propre parcelle de terre, avec sa famille, plus loin vers Najac.
- Ça va Roger. Fatiguée. Je suis contente de ne plus avoir affaire à Marbrume. Le Labret me suffit. Mathilde sourit, mais ses cernes trahissent les difficultés du voyage. Dans quelques jours, cette fatigue sera oubliée, elle le sait. Il lui suffit de s'économiser un peu pour être totalement opérationnelle pour la prochaine récolte.
- On est contents de te revoir tu sais lui glisse le noiraud, avec un regard qui exprime tout le soulagement qu'il éprouve. C'est qu'ils l'ont crue morte pendant plusieurs jours. Tous sauf lui. Lui, il attendait un messager. Il savait que ça finirait par arriver, qu'elle s'en serait sortie et qu'elle reviendrait. Il l'avait dit aux autres, mais les larmes d'Arthur avaient eu plus d'impact.
- Je t'avoue que j'ai bien cru que je ne vous reverrais plus, cette fois. On en reparle un peu plus tard, d'accord? Je voudrais juste... Roger l'interrompit pour finir sa phrase.
- ... finir d'inspecter les champs. Je sais M'ame. Les autres ont pris une pause, je reste pour surveiller pendant que tu termines, d'accord?
- Merci Roger. C'est une bonne saison, tu sais?

Oui, une bonne saison, suffisamment de soleil pour réchauffer la terre et laisser pousser les légumes, et suffisamment d'eau pour nourrir les racines. Peu de vols, maintenant que les bannis ont leur accord, de bons travailleurs, malgré les pertes, pas trop d'emmerdes, pas trop de visiteurs. La première bonne saison depuis l'arrivée des Fangeux. Il ne reste plus qu'à accueillir les nouveaux, en espérant qu'Alexandre lui en ait dégoté des bien dégourdis, à régler le problème des convois, et tout ira bien. Les minutes passent. Mathilde goûte, touche, hume, observe. Elle est bien. Elle a chaud, le soleil est encore fort à cette époque de l'année. La fatigue n'aidant pas, elle risque l'insolation, elle le sait. Sagement, plutôt que de continuer, elle redescend vers la grange, escortée par un Roger qui garde une distance raisonnable. Il veille sur elle. Une sensation d'ivresse lui monte à la tête. Elle aurait du se coucher, comme Darius. Écouter son corps et dormir un peu.

- Salut les gars dit-elle à ceux qui remontent vers le champ. Fameuse ta soupe, M'ame! Mais t'as une tête qui ferait peur aux Fangeux, tu devrais aller dormir! Mathilde rit. Je sais, je sais. On a perdu Dartagnan dans la grange, je vais voir s'il est prisonnier du grenier.

- J'peux y aller si tu veux!
- Laisse, j'en ai pour deux minutes. Et puis la dernière fois que l'un de vous a réveillé une invitée, elle était en fâcheuse posture avec elle-même et n'a pas décoléré de la journée. Rires des gars qui savent très bien à quoi elle fait allusion. La rousse incendiaire se croyait seule.

Mathilde laisse les gars et regagne la grange, se libère de ses sabots, replace l'échelle sous la trappe fermée et grimpe. Darius dort encore. C'est à peine s'il a bougé. Elle relève l'échelle et referme la trappe. Si un fangeux se pointe, il ne la surprendra pas dans son sommeil. Sur la pointe des pieds -ce qui est tout à fait inutile parce que chaque planche craque dans cette fichue grange, elle rejoint la couche, soulève la couverture et se glisse dans la chaleur du lit. Collant son dos au torse du pirate, elle replie ses jambes et frissonne de bien-être. Bon sang il est plus efficace qu'une bouillotte! Une main s'invite sur son ventre. Elle se laisse sombrer.

Belle fermière?...

- Hmm? Encore une minute, j'suis bien.

La chaleur est bonne, mais le confort reste relatif. Ce n'est qu'une couche pour des invités qui ne le sont pas tout à fait, un lit d'appoint dans lequel un étranger attend le retour de la sécurité. Elle se colle un peu plus contre Darius.

- Je sais que c'est pas le grand confort mais c'est quand même mieux que l'avant du navire. Comment t'appelle ça? La poupe? Et me dis pas qu'au moins y a les étoiles, je ne te crois pas. C'est un piège à femmes que tu as honteusement mis en place pour me pousser à revenir sur le bateau. Elle rit, les yeux fermés. Le piège a de toute évidence très bien fonctionné. Les gars ont pas posé de questions à ton sujet. C'est relativement bon signe. T'étonne pas s'ils t'appellent Dartagnan. J'ai donné ton nom de marin anonyme. Je suis désolée mais t'arrives un peu tôt pour les panais. Ils seront pas prêts avant deux semaines encore. Tu sais que tu parles dans ton sommeil?

Si Darius prend du temps à émerger, Mathilde, elle, semble avoir déjà un millier d'idées, de questions et de constats à partager alors qu'elle n'a pas encore ouvert les yeux.
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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyJeu 9 Jan 2020 - 4:59
Darius sort finalement assez de son état de sommeil pour réaliser que Mathilde est couchée contre lui, dos à lui, et qu'il l'entoure même d'un bras, une main abandonnée contre son ventre. Elle est bien et n'a pas envie de bouger de là; alors il ne bouge pas. Il est bien aussi et il resserre son étreinte quand elle se colle davantage à lui. Il a encore les paupières closes et il ne compte pas les rouvrir. Pas tout de suite.

Darius rit tout bas quand elle appelle l'avant du navire la « poupe » et la corrige d'un « Non, la proue » sans l'interrompre davantage. Son rire devient plus espiègle quand elle parle de son piège à femmes. Plutôt un piège à femme, au singulier. Il connaît peu de demoiselles qui auraient été prêtes à faire une traversée avec des pirates, et encore moins deux. Il n'en connaît actuellement qu'une et elle s'appelle Mathilde Dumas.

« Tes accusations sont sans fondement, rétorque-t-il moqueusement, non sans ricaner un brin. T'as aucune preuve. »

Mathilde dit alors que ses gars n'ont pas posé de questions sur lui et que c'est bon signe. Il en déduit qu'elle a mis un moment avant de venir s'allonger auprès de lui et qu'elle est sortie. Malgré le flou du souvenir, il se rappelle alors qu'elle s'est approchée de lui et qu'elle lui a caressé la joue avant de déposer sur lui une couverture. Un geste tendre, attentionné, du genre qu'il n'attend plus de personne. Les amantes sont parfois douces et bienveillante, mais c'est différent. Elles ne connaissent pas son nom. Elles ignorent qui il est et ce qu'il fait. Il arrive qu'elles posent des questions, mais il n'est pas réellement certain qu'elles veulent réellement entendre les réponses. Mathide, elle, l'appelle par son prénom. Elle a vu qui il est, la partie qu'il cache pour des raisons évidentes. Et elle reste tendre malgré tout. C'est à la fois doux et étrange.

Même si elle a encore les yeux fermés, Mathilde semble avoir envie de parler de mille et une choses. Darius l'écoute en se laissant porter par le rythme de sa voix. Il enfouit son nez dans sa chevelure, sent de nouveau le parfum floral qu'il a perçu le jour de leur rencontre. C'est une fragrance subtile qui a dû se dissiper en partie au cours des derniers jours, mais elle est encore là. Il se concentre brièvement. De la lavande. Oui, c'est ça, il en est certain. Il l'imagine en train de se parfumer les cheveux avec une coquetterie qu'on ne prêterait pas à une femme qui travaille à l'extérieur. Ça fait le fait sourire. Les mains dans la terre, la lavande dans les cheveux. Une femme bien unique, cette belle fermière.

« M'ouais, apparemment, répond-il finalement, son souffle chaud allant balayer la nuque de Mathilde. Isak m'a dit. Ça arrive de temps en temps, fais pas attention. Tu peux me donner un coup de coude si ça te dérange, c'est en général une méthode plutôt efficace pour me faire taire. »

Darius caresse un peu le ventre de Mathilde, laisse sa main traîner contre sa hanche.

« Pour les panais, pas grave. Je vais revenir. Je sais pas quand exactement, mais je vais revenir. Ils devraient être prêts à ce moment-là. Tu diras à tes gars de t'en mettre de côté pour ton grand sauveur, le brave Dartagnan.»

Il rit tout bas.

« Dartagnan... Bordel, avoir su que je me ferais appeler comme ça par tout le monde ici, j'aurais choisi un nom plus drôle pour te faire la misère. Mais bon, je suis Dartagnan, je l'accepte. C'est mon identité. On ne peut panais-tre avec deux noms différents après tout... »

Il laisse planer un petit silence après sa blague d'un goût incroyablement douteux, puis finit par exploser d'un grand rire qui résonne tout contre son torse. Il est hi-la-rant. Les petits calembours, il connaît ça, lui. Il pourrait même changer de métier et se reconvertir en artiste comique. Ou pas...

Pendant qu'il rit, il se bascule sur le dos et entraîne Mathilde avec lui de façon à ce qu'elle soit allongée contre lui et qu'il puisse voir son expression. Il lui sert un air railleur tandis qu'il replie nonchalamment un bras derrière sa tête. La couche n'est pas particulièrement confortable, mais il pourrait quand même y rester longtemps. Il a connu pire et il est présentement très détendu. Et la chaleur du corps de Mathilde contre le sien est agréable, tout comme ses formes qu'il sent à présent contre lui. L'un des laçages de la robe lui fait maintenant de l'œil. Il a envie de tirer dessus et de découvrir cette épaule qui le tente. Tiens, il le fait, d'ailleurs. Lentement, très lentement. Et il s'arrête juste à temps pour éviter que le tout se défasse, mais qu'elle ait quand même à rattacher le laçage. Il affiche un air effronté aussi détestable que terriblement charmant. Il joue et, quelque part, il sait qu'elle aime ça, comme il sait parfaitement qu'il lui plaît. Le désir entre eux est palpable. Darius sent que c'est un feu prêt à s'embraser à n'importe quel moment. Et comme il aime jouer, il en attise bien volontiers les braises.

Darius délaisse le laçage et remonte d'un index l'épaule de Mathilde, puis son cou et sa mâchoire. Il trace un peu celle-ci, passe fugacement sur ses lèvres et poursuit sa route, redescendant l'autre épaule, allant tirer moqueusement sur l'autre laçage et répétant le même manège en le détachant juste assez pour l'embêter.

« Tu sais, tout à l'heure, je regardais tes champs et j'avais un peu l'impression d'être comme toi devant la mer, dit-il tranquillement tout en laissant son index courir contre le corps de Mathilde. J'avais déjà vu des champs, mais je pense que je les avais uniquement vus, justement. Je les avais pas regardés. Même si je suis un homme de la mer, je peux comprendre pourquoi tu aimes ça, ici. Même s'il y a la menace des Fangeux, c'est paisible. C'est vivant. Rien à voir avec Marbrume. C'est un bel endroit, la ferme Dumas. »

Darius s'arrête finalement dans le creux du dos de Mathilde, qu'il caresse paresseusement.

« Et t'y es en bonne compagnie, visiblement. Parle-moi des gens d'ici... Tes gars, tes amis... T'as aussi parlé de types nobles. Le mec de l'Ordre, mais il y en a un autre aussi de ce que j'ai cru comprendre. Tu t'entends bien avec eux? T'avais pas l'air de porter les nobles dans ton cœur quand on s'est rencontrés. T'as même insulté un pauvre animal pour parler d'eux. »
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyJeu 9 Jan 2020 - 22:28
- Je ne te donnerai un coup de coude que si tu racontes des choses qui pourraient me valoir des emmerdes supplémentaires dit-elle en souriant. Ou alors, je t'interrogerai dans ton sommeil. Héhéhé. C'est à peine si elle remue, alors qu'il poursuit avec les panais. Ils ne pourront pas traîner indéfiniment dans la grange. Si l'un des gars, dans un excès de zèle, s'empare d'une autre échelle pour grimper et s'assurer que la patronne est encore en vie, il pourrait surprendre une conversation compromettante ou un jeu déplacé entre adultes consentant.

Sa réflexion est interrompue par un rire quasiment explosif qui résonne dans le grenier et fait trembler la couche et ses occupants. Quoi? Elle n'a pas compris. Pas tout de suite. On ne peut pas naître avec deux noms différents après tout... Hein? Pourquoi pas? Les femmes ne prennent-elles pas le nom de leur mari, à un moment de leur vie? Le rire continue, et Darius les fait basculer. Elle se retrouve contre lui, légèrement redressée et en appui sur un coude. Un point de vue qui lui permet d'apprécier son état d'hilarité. Elle voit une petite larme de rire perler au coin de ses yeux. On ne peut pas n... Oh. Elle a compris. Panais.Ce type est complètement fou. Elle le regarde, amusée. Il se trouve extrêmement drôle, apparemment. Elle garde son sérieux, n'esquissant qu'un demi-sourire. Le soleil tape fort, on dirait lui glisse-t-elle à l'oreille en tapotant légèrement son torse du plat de la main, dans un élan d'empathie. Elle pouffe de rire.

Darius n'a plus rien à voir avec le marin qu'elle a observé sur le bateau. Il est calme, détendu. Il n'a plus rien à guetter, plus rien à anticiper. Pas de tempête en vue, ni de barre à tenir une partie de la nuit. Pas d'ennemi auquel échapper. Pas de marins à terroriser. Marin. Un mot important. Pas pour occulter ses activités mais pour ne pas le trahir. C'est un marin, pas un pirate. Une demi-vérité qu'elle intègre parfaitement, pour ne nuire ni à l'Ordre, ni à la ferme, ni à Darius. Tiens, un lacet se relâche, à hauteur de son épaule. Elle fronce légèrement les sourcils et croise le regard espiègle de l'homme allongé à côté d'elle. Elle le regarde, alors qu'il trace sur sa peau une ligne invisible, avec ce sourire parfaitement effronté qu'il arbore. Le tissu se relâche un peu plus. Elle sourit. Si elle bouge, elle perd le contrôle. Si elle perd le contrôle, elle ne pourra plus l'arrêter. Si elle ne peut plus l'arrêter, ils prennent le risque d'être surpris. Contrairement à Darius, Mathilde, elle, est constamment sur ses gardes. Je dors nue en été... avec une dague à mes côtés aurait-elle pu ajouter.

C'est un bel endroit, la ferme Dumas. Elle hocha de la tête en signe de remerciement. C'était un doux compliment pour elle, à chaque fois. Il venait confirmer le fait qu'elle avait bien travaillé, qu'elle avait bien géré les choses jusqu'ici et qu'en dépit de la laideur que la Fange avait pu apporter dans toutes les strates de la vie, la ferme, elle, gardait un semblant de beauté que les visiteurs apprenaient à redécouvrir. Ne te fie pas trop aux apparences, ce bel endroit est plus dangereux que ton bateau. Mais ça ne l'empêche pas d'être plus paisible que Marbrume, oui. Et moins odorant. Peut-être plus solidaire aussi, quand on connait les voisins.

Elle remue un peu. Faudrait qu'on rentre. Je veux pas inquiéter les gars, tu comprends? La grange n'est qu'un refuge temporaire, où elle ne va que pour vérifier qu'il reste de quoi survivre une journée, en attendant que la menace parte. Mathilde pourrait évoquer mille autres raisons de partir : les mouches qui s'agglutinent le long des planches pour profiter de la chaleur, la possibilité qu'on les écoute, le fait que l'abri soit occupé sans raison et prive un innocent d'un éventuel refuge, la chaleur de la fin de journée, l'envie de boire de l'eau fraîchement tirée du puits... mais elle n'en dit mot et s'extirpe de la douceur du moment avant d'y succomber. Pas ici.

- J'ai déjà été kidnappée pour faire chanter des nobles. Je voulais éviter ce petit désagrément en affichant un mépris un peu surjoué, c'est tout. Elle noue les lacets sur ses épaules, un à un. Certains nobles se sont installés ici. Aymeric de Beauharnais a été le premier, suivi de près par Alexandre de Terresang. Le premier est un ancien membre de l'Ordre et a claqué la porte pour une histoire qui ne me regarde pas. Le second est un homme imbuvable à Marbrume, et tout à fait charmant au Labret. Mais chacun à sa manière apporte quelque chose à Usson, et ça, c'est plaisant. Pas comme d'autres qui préfèrent rester planqués dans leur Esplanade, soit-disant à l'abri de la Fange, et qui attendent que ça passe sans rien faire. Elle se retourne pour regarder Darius par-dessus son épaule. Ce sont des amis, je crois. Je les aime beaucoup, et ils ne cherchent pas à jouer avec leurs titres pour obtenir tout et n'importe quoi. Pas avec moi en tout cas. Au contraire, ils m'ont aidée avec la ferme.

Mathilde se lève et le regarde, un sourire taquin aux lèvres. Sans crier, elle lance un Allez debout, bande de larves! Fini de paresser! sur le même ton que pourrait employer Isak, le beuglement en moins. Elle ouvre la trappe et laisse descendre l'échelle.

- Holà M'ame! J'venais voir si tout allait bien! Roger. Une échelle à la main. Prévisible. Tellement prévisible.
- Ça va Roger! Dartagnan s'est endormi dans le lieu plus plus inconfortable de la ferme et y a dormi comme un bébé. Je me suis assoupie en attendant son réveil ajouta-t-elle, se moquant d'elle-même.
- Oh, d'accord. Le ciel a l'air de vouloir se charger du côté du couchant. Ça t'embête si on passa la soirée à Usson et qu'on revienne avec le soleil?
- Au vu du travail que vous avez abattu, je vous suggère même de prendre vos gages de la semaine et de les dépenser dans ce que bon vous semble. C'est relâche demain, je m'occuperai des bêtes.
- Sure, M'ame? Vous avez de la visite...
- La visite sait se tenir et a de bonnes références. C'est d'ailleurs dans son intérêt de les maintenir si la visite veut pouvoir travailler pour l'Ordre ajouta-t-elle en descendant de l'échelle. Elle murmure, une fois arrivée près du gaillard Ça va, Roger, il va pas me sauter dessus. Tu sais qu'Alexandre ne le permettrait pas.
- Je sais, M'ame. J'aime pas ça quand t'as pas d'homme pour veiller sur toi dit-il en murmurant, le regard vers le haut de l'échelle.
- Continue à t'inquiéter pour moi et la pluie arrivera avant même que tu aies franchi le seuil de cette grange. Ça ira, Roger. J'ai survécu aux fangeux, tu te souviens?
- ...

L'argument ultime de Mathilde a toujours raison des réticences de Roger, qui se voit parfois comme le mâle responsable de la ferme. La fermière compose avec, et rappelle qu'elle n'est pas une petite fleur fragile, de temps en temps.

Darius finit par descendre, alors que Roger quitte la grange en bougonnant un peu, sous le regard bienveillant de Mathilde. En sortant, elle jette un oeil au ciel. Les nuages sont loin, la menace aussi. En théorie. Marchant d'un bon pas, elle entraîne son invité vers la chaumière, et salue les gars au passage. Eux aussi marchent vite... vers la taverne. Roger ne peut s'empêcher de se retourner, mais il ne surprendra aucun geste équivoque de la fermière envers l'étranger.

Lorsqu'ils rentrent enfin, Mathilde se débarrasse de son arc et de ses sabots près de la porte pour reprendre la discussion là où elle l'a laissée.

- Les gars sont de parfaits étrangers que l'Ordre a recruté pour moi. Ils viennent se former ici pendant au moins un an, en échange de quoi une partie de leur production ira, l'année prochaine, aux activités de l'Ordre. Au début je leur faisais un peu peur je crois. Et puis on a trouvé notre rythme, notre équilibre, pour former une espèce de petite famille. Elle regarde Darius se délester à nouveau de son épée, se glissant entre lui et la table pour être "dans le chemin" et l'embrasse alors qu'il se penche pour la déposer. Par envie. Par plaisir. "Désolée" susurre-t-elle sur le même ton qu'il avait adopté, plus tôt. Tu as vu Gauthier, Roger et Philippe. Mathieu a disparu il y a quelques semaines lors d'une attaque. Marcus s'est brisé le bras dans un banal accident comme il en arrive chaque jour ici. Arthur est un petit gars d'Usson qui m'aidait déjà avant leur arrivée. Il avait tendance à faire des mauvais coups dans le coin, ça va beaucoup mieux maintenant que ses journées ont un sens. Je les aime beaucoup, mais j'essaie de garder une distance raisonnable. La mort a tendance à frapper n'importe quoi, n'importe qui. Alors à part deux nobles qui se tirent la gueule, on peut pas vraiment dire que j'ai des amis.

Elle lui vole un baiser, avant de se dérober pour aller fermer les volets en ricanant. J'espère que tu n'as pas trop peur de moi, parce que te voici enfermé avec la gentille Mathilde jusqu’au lever du soleil. Il est encore temps de t’enfuir vers Usson pour devancer la pluie ! Elle sourit. C'est elle qui a peur. Peur de s'attacher, peur d'espérer, peur de réaliser que le lien n’était qu’une illusion, peur de pleurer encore. Pas trop vite, Mathie. Mathilde continue d’être tantôt fuyante, tantôt proche, ne sachant pas trop sur quel pied danser.

Elle profite de l’espace entre eux pour aller se servir un gobelet d’eau fraîche. Ils en auront assez pour la nuit, sans doute. A ce temps-ci de l’année, les nuages sont rapidement emportés par le vent. Le soleil devrait être là demain matin. Elle s’adosse au comptoir et le regarde, à l’autre bout de la table. Une fois les volets fermés, la chaumière est plongée dans l’obscurité. Si Mathilde s’y repère parfaitement, c’est peut-être un peu moins le cas pour les invités. Mais elle n’y pense pas vraiment. Elle regarde la silhouette qui pourrait paraître menaçante si elle ne savait pas à qui elle appartenait. Menaçant. C’est exactement comme ça qu’elle l’avait vu, la première fois.

- La chemise. Trop étroite aux épaules. Simple constat auquel elle n’apporterait aucune solution. En fait il y en avait bien une évidente, mais c’était jouer avec le feu. As-tu des amis, toi? J’imagine ton monde parsemé de gens mal intentionnés prêts à te trahir à la première occasion… Tu es constamment sur tes gardes, sur le bateau. Ici tu as l’air différent. Serein. Ça te va bien la sérénité, tu sais?


Dernière édition par Mathilde le Lun 3 Fév 2020 - 3:41, édité 1 fois
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Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde]   Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] EmptyVen 10 Jan 2020 - 1:57
Le soleil tape fort, on dirait. Darius rit avant de se mettre à parcourir Mathilde de son index et à défaire quelque peu les lacets qui retiennent une partie de sa robe. Bon, elle n'a pas compris le génie de son humour tordant, mais tant pis! Un jour, elle apprendra à reconnaître des blagues de qualité quand elle en entend... peut-être.

Darius s'amuse un peu, mais Mathilde ne répond pas à la provocation et tâche de rester sage. Il sait avant même qu'elle le mentionne que l'endroit est mal choisi pour aller plus loin. Elle ne veut pas inquiéter ses gars. Et elle ne veut probablement pas se faire surprendre ainsi avec lui. Tu comprends? Il se redresse sur la couche et passe une main dans ses cheveux pour y faire un peu d'ordre en lui souriant en coin. Il comprend.

Darius replace un peu la couverture et le reste d'un geste machinal en écoutant Mathilde lui parler des nobles qui habitent au Labret. Aymeric de Beauharnais et Alexandre de Terresang. Des noms qu'il a peut-être déjà entendus, des visages qu'il n'a jamais vus. En tout cas, ce sont des amis de Mathilde ou, à tout le moins, elle les considère comme des amis de son côté. Ces hommes la traitent bien et l'ont aidée avec la ferme. Les pouvoirs de la belle fermière sont grands! Elle, une simple paysanne, a réussi à s'attirer la bienveillance, voire l'affection d'hommes de la bonne société. Comme quoi elle a réellement, sans le savoir, un petit quelque chose d'irrésistible. Même pour lui, qui est loin d'avoir dans l'habitude de révéler son véritable prénom à quelqu'un ou de parler aussi ouvertement. D'avoir confiance aussi facilement. Il est normalement plus prévenant, plus méfiant que cela. Il sent pourtant les barrières tomber une à une entre eux, tranquillement, mais sûrement. C'est troublant.

Darius pouffe quand elle imite Isak, mais lui sert une petite grimace.

« Il va falloir faire mieux que ça si je dors, c'est des mots doux que tu me souffles, là », lui dit-il, l'air moqueur.

Darius se lève toutefois, juste à temps pour voir le dénommé Roger avec son échelle. Il lui semble que c'est aussi lui qui a jeté un coup d'œil par la fenêtre alors qu'ils se trouvaient dans la chaumière... Il paraît bien intentionné, mais un peu excessif dans ses attentions. De ce fait, il va falloir faire attention à lui. Même si la ferme Dumas s'apparente à un havre de paix, Darius garde en tête qu'il n'a pas d'alliés hormis Mathilde ici. Si ce Roger les entend parler de contrebande ou de piraterie, si ce Roger en vient à croire qu'il peut représenter un danger pour la fermière, le marin n'a aucun doute que la prochaine personne à qui il ira parler sera un milicien. Mathilde aime peut-être ses gars, ses amis nobles, mais lui doit s'en méfier comme la peste. À commencer par ce Roger, qui a potentiellement un faible pour la fermière.

Darius descend alors que le gaillard est en train de partir. Il suit celui-ci des yeux avant de reposer son attention sur Mathilde.

« J'ose même pas imaginer la tête qu'il ferait s'il connaissait l'intégralité de tes aventures, belle fermière... », se contente-t-il de commenter, se disant que le pauvre homme se taperait probablement une crise de cœur à force de s'inquiéter.

Ils sortent de la grange et, comme Mathilde, il jette un regard vers le ciel. Ils sont en sécurité, normalement, mais ils hâtent tout de même le pas. Il vaut mieux faire preuve de prudence ici, d'autant plus que le soleil commence à décliner à l'horizon. C'est en silence qu'ils rejoignent la chaumière, où Mathilde reprend la discussion comme si elle n'avait jamais été interrompue. Puisqu'ils sont à l'intérieur, il entreprend de redéposer son épée sur la grande table, un geste que Mathilde bloque momentanément en se mettant volontairement « dans son chemin ». Il l'embrasse avec un sourire qui trahit son amusement et voudrait bien continuer, d'ailleurs, mais elle reprend là où elle s'est arrêtée. Gauthier, Roger et Mathieu. Il retient ces noms, mais aussi ceux de Marcus. Philippe, il peut passer pour le moment. Le type est probablement mort tué par un Fangeux. Ah, et il y a le jeune Arthur. Il en prend note aussi.

« Je pense que tu as plus d'amis que tu le crois, dit-il quand elle a terminé et qu'elle se dérobe. Ou en tout cas, tu as au moins un entourage très attentionné. Rien n'oblige ces nobles à se montrer gentils avec toi. Rien ne force tes gars à veiller sur toi comme ça. Pour eux, tu es une amie, voire plus. Que tu le veuilles ou non. »

Mathilde ferme les volets et plonge la chaumière dans l'obscurité. Darius met un moment avant de s'habituer à la pénombre et à retrouver la silhouette de la fermière dans l'espace.

« Allons, je suis un pirate, je n'ai peur de rien, répond-il d'un ton empreint d'une fierté exagérée. Et encore moins d'une gentille fermière. »

Ses yeux s'étant faits à la noirceur, que quelques faibles rayons de lumière filtrant entre les planches de la chaumière amoindrit, Darius distingue mieux Mathilde, maintenant appuyée dos au comptoir. Il sent son regard sur lui même s'il ne la voit pas avec précision de l'endroit où il est. Il l'observe en retour. Elle lui fait remarquer que sa chemise est trop étroite aux épaules avant d'enchaîner. Il sourit en coin quand elle lui dit qu'il a l'air serein ici et que ça lui va bien.

« Pour des raisons évidentes, je suis sur mes gardes ici aussi. C'est juste qu'il y a moins à gérer pour moi, moins de personnes menaçantes. Pas d'affaires qui peuvent mal tourner, vraiment. Personne qui veut ma peau. Pas de navire ennemi qui peut surgir n'importe quand. Pas de tempête à surveiller. C'est plus facile pour moi de me détendre. »

Surtout avec toi. C'est une pensée qui traverse fugacement son esprit, mais pas ses lèvres. Il la regarde brièvement, puis se dirige vers l'âtre, qui est en train de mourir. Il se penche et ajoute une bûche, puis une deuxième, souffle sur les braises.

« Je dirais pas que j'ai des amis, non, dit-il en continuant d'attiser le feu. J'ai Isaak, mais c'est plus un frère qu'un ami en soi. Il y a des gens que j'apprécie, quelques types de mon équipage, des gars d'autres équipages aussi. Et il y a des gens en ville aussi, mais rares sont ceux qui connaissent mon vrai nom ou savent quoi que ce soit sur moi qui soit purement la vérité. Mais de là à dire que toutes ces personnes sont des amis... Non, je n'irais pas jusque-là. C'est mieux comme ça, de toute façon. Je suis pas un très bon ami à avoir. »

L'âtre ayant retrouvé sa vigueur et les illuminant à présent doucement, Darius se relève. Il sourit en coin à Mathilde. Il a conscience de qui il est. Il sait que beaucoup vont inévitablement lui planter un couteau dans le dos parce qu'il va faire pareil avec eux si les circonstances le requièrent. Autant ne pas appeler ces gens des amis dès le départ.

« Quant à cette histoire de chemise trop petite, puisque ça semble te perturber... »

Darius se débarrasse tranquillement du vêtement, qu'il abandonne sur une chaise. Il sourit un peu moqueusement tandis qu'il s'approche de nouveau d'elle. Il est bâti, comme le laissait entrevoir la chemise. Son torse est agréablement musclé et les lueurs de l'âtre laissent entrevoir une collection de cicatrices plus ou moins importantes, plus ou moins visibles. Certaines datent de nombreuses années, d'autres sont plus récentes. Toutes viennent avec une histoire.

« ...ça devrait régler ton problème. C'est mieux, non? »

Il s'arrête devant elle, appuyant ses mains de part et d'autre d'elle contre le comptoir. Il ne lui touche pas encore. Il la fixe dans les yeux un instant, puis réduit finalement l'espace entre eux pour rapprocher leurs corps. Il glisse une main contre elle et la laisse aller se perdre dans sa chevelure, puis il rapproche son visage du sien pour l'embrasser. Longuement. Avec un désir assumé, mais une sorte d'affection indescriptible aussi.

« Et toi, Mathilde, tu n'as pas peur d'être enfermée avec Darius le sanguinaire jusqu'au lever du soleil? murmure-t-il en remontant vers son oreille. Si tu te dépêches, tu pourrais peut-être rejoindre Usson avant la pluie... Si tu te dépêches. »

Sa main va tirer lentement, très lentement l'un des laçages contre l'épaule de Mathilde et, cette fois, si elle n'est pas arrêtée, elle ne fera pas les choses à moitié...
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