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| [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) | |
| Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Mar 25 Fév 2020 - 16:01 | | | Ferme Dumas 26 juillet 1166 au matin Un cavalier qui surgit hors de la ligne d'horizon va vers la Mathilde au ptit trot. Son nom, il le signe à la pointe de la plume, d'un AB qui veut dire Agriculture Biologique Aymeric de Beauharnais. Sur son fier destrier, Landroval, solide hongre entraîné pour les tournois guerriers, il n'est pas fier, l'Aymeric. Ce n'est pas le cavalier émérite que l'on imagine, mais ici, en prime, il a une douleur au dos. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a choisi pour monture le solide et docile Landroval plutôt que la fière et rapide Asphodèle, qui s'égaye dans le pré que lui et ses hommes ont fini de clôturer. Il a son arc et son carquois, pour donner l'illusion que, mais une archère comme Mathilde aura constaté qu'ils ont un aspect purement décoratif. Et arrivé sur les lieux, avant que Mathilde ne l'interroge, il explique : - Je me suis froissé un muscle du dos. Les joies du travail manuel. La prêtresse a requis un strict repos de plusieurs jours où je me cantonnerais au travail administratif, mais vous me connaissez, je suis peu obéissant. Et l'inactivité ayant le désavantage de me donner à réfléchir, et la réflexion me donnant des idées, souvent pourries je l'avoue, il m'en est venu une qui vous concerne aussi, Dame Dumas. Vous permettez que j'entre en parler avec vous ?Le Comte n'attend pas vraiment pour mettre pied à terre, faire quelques mouvement d'assouplissement et attacher le brave Landroval non loin de l'abreuvoir. Jusqu'à présent, le Comte n'a pas fait de proposition qui n'ont pas servi les intérêts de la fermière, et il espère que sa dernière idée lui plaira tout autant, mais le sujet reste assez délicat. Aussi attaque-t-il plus simplement, par un cadeau. - Le premier fromage issu de l'association de Beauharnais-Pessan. En théorie, je ne le vendrai qu'en pâte dure, celui-ci n'a pas atteint le degré d'affinage que j'escompte, mais il me tardait d'y goûter. Et j'en ai réservé une livre pour vous. Il se conserve huit bonnes semaines, vu qu'on lui a laissé le temps de vieillir un peu, et vous constaterez avec moi qu'il est encore meilleur cuit que cru, ce qui est une bonne surprise. Les premières ventes démarreront en septembre, et celui là sera à pâte dure. Vous verrez qu'il promet. Mais l'avis d'une vraie fermière au parler franc ne sera pas pour me déplaire, on peut toujours améliorer une production.Fromage au lait de vache, son premier du Labret. Il a une production de fromage de chèvre dans les faubourgs de Marbrume. Il y fait fabriquer là aussi un fromage à pâte dure, souvenir de son temps de la milice de l'externe. Prendre le temps de faire un fromage vieux permet de le conserver bien plus longtemps, ce qui est pratique pour le milicien retenu dans les Marais ou le Labret. Mais alors qu'elle y goûte sans doute, à moins qu'elle ne le range, car il ne la regarde pas vraiment, cherchant ses mots, Aymeric se lance : - Ma proposition risque de vous surprendre, Mathilde. Mais voyez-vous, alors que je faisais mes comptes de Comte, essayant de m'y retrouver dans les frais qui me revenaient, ceux que je partage avec ma partenaire, ceux qui ne lui appartiennent qu'à elle et qu'il me faudra lui réclamer et que je sentais poindre une de ces magnifiques migraines qui vont terrassent quand vous réfléchissez trop... enfin, c'est ce qui m'arrive à moi... je me suis surpris à me dire que si nous préparions mal l'avenir, nous nous mettrions dans de solides difficultés. Et ce "nous", ce sont les gens du Labret. Notre nombre est trop réduit et nous ne prévoyons pas suffisamment l'avenir. Et si chacun pense à sa gueule, nous ne nous en sortirons pas. Il faut que nous grossissions aussi en nombre, mais je pense que cela doit se faire entre gens de qualité.Le Comte n'est pas certain d'être clair, aussi va-t-il illustrer par un exemple. - Il y a des mâles, il y a des femelles mais les rencontres se font rares. Et sans rencontre, pas de petits. Et sans petits, pas d'avenir, d'autant que le nombre est de plus en plus réduit. D'autant qu'on se concentre plus sur les guerriers que sur les travailleurs de force, ceux qui savent travailler la terre. J'en parlais à Guillaume qui m'a dit que si la mère était terrienne, son petit le sera sans doute aussi. D'où mon idée de venir vous voir. D'un point de vue de la nature, il reste de quoi faire un petit, voire deux, grand maximum et si on laisse passer cette chance, on perdra une lignée terrienne, et ça serait dommage. Pour la question du père, on ne peut pas trop compter sur ce que Guillaume ou moi pouvons apporter, mais parmi les gens qu'on héberge... Comment dire ? Il devrait se trouver aisément un accord pour une saillie. Le premier petit qui naîtrait vous reviendrait, naturellement et si les Trois nous prêtent chance et permettent une seconde naissance plus tard, là, nous prendrions le petit suivant. Deux terriens, ça aiderait bien pour les travaux. Il grimace. - Je me doute bien qu'il y a des risques et que surtout vers la fin, être privée d'une force de travail serait nuisible à vos activités, mais... Puisqu'il y aura intérêt commun et entraide, j'vous confierai mon guerrier. Il est robuste et bien élevé, c'est un bourreau de travail qui vous donnera entière satisfaction. Je ne doute pas qu'il vous plaira, qui plus est. A dire vrai, je l'aurais bien proposé comme père s'il n'avait pas un... euh... Il fait le signe d'un ciseau avec ses doigts, laissant sous-entendre qu'il était stérile. - Alors, cette proposition vous convient ?
Dernière édition par Aymeric de Beauharnais le Lun 9 Mar 2020 - 5:51, édité 1 fois |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Mer 26 Fév 2020 - 2:10 | | | Elle ne craint rien ni personne, et lorsqu'elle se redresse pour comprendre que le petit trot qu'elle entend n'est ni une menace, ni un ennemi, Mathilde, le front en sueur, au moins autant que son corps qu'elle soumet à un exercice intense depuis le petit matin, sourit. Elle délaisse sa brouette de fumier et sa légendaire fourche pour redescendre le champ dont elle et ses gars sont en train d'enrichir la terre pour aller à la rencontre de son visiteur, qu'elle reconnaît au loin malgré la drôle de posture. La faute à un furoncle, peut-être? Le temps de se débarbouiller au puits et de prendre une grande gorgée d'eau, et le Comte passe la barrière de la ferme Dumas. - Le bonjour Messire! Mathilde est de bonne humeur. Le visage rougi par l'effort et la chaleur d'un soleil dont elle ne se protège pas, la robe légèrement humide à cause de la sueur, le tablier sale, les manches retroussées sur des avants-bras rincés à la hâte, on ne peut pas dire que son odeur soit, pour une fois, fort agréable, à moins que l'on aime réellement celle du fumier. Malgré tout, elle irradie de bonheur. Pas le temps de poser la question qu'Aymeric de Beauharnais y répond déjà : il s'est froissé un muscle. Elle ne demandera pas comment et se contentera de l'explication du Comte, à savoir le travail manuel. Cantonné au repos forcé et à l'administration qu'il n'affectionne pas particulièrement -il le lui a déjà dit, il n'a pas pu empêcher ses pensées de faire naître un nouveau projet. Et s'il est là, c'est parce qu'il compte lui soumettre son idée ou lui demander son aide. D'ailleurs, il demande à entrer... ce qui est une bonne chose au vu du soleil tapant de cette chaude matinée de juillet. - Naturellement, je serais ravie de pouvoir vous aider si c'est dans mes cordes! Avez-vous besoi... De l'aide pour descendre de son destrier? Pas du tout, la preuve, c'est qu'il met pied à terre, s'étire un peu, ce qui ne manque pas de faire sourire la fermière devant ce spectacle improvisé du Comte-qui-danse, et accompagner l'étalon jusqu'à l'abreuvoir où il l'attache. La dernière fois qu'il est venu lui présenter une idée, c'était pour lui confier une enfant -un bébé!-, ce qu'elle avait clairement refusé. La fermière emmène donc le noble vers sa chaumière en s'interrogeant sur ses intentions. Une fois à l'intérieur, Mathilde prend malgré tout le temps de remplir deux gobelets d'eau. Elle est un peu surprise de voir Aymeric sortir un fromage pour le lui offrir. C'est ça, son idée? Ou bien est-ce seulement un cadeau pour mieux l'amadouer? Il lui explique que la mise en marché est pour bientôt, et il semble fier de son produit... et attend son avis. C'est drôle, qu'est-ce que l'avis d'une femme du peuple peut bien lui faire? Il compte sur son franc-parler, alors elle sort un couteau et découpe un morceau relativement fin, qu'elle dépose sur sa langue. Et c'est juste quand les goûts commencent à emplir son palais qu'Aymeric reprend la parole. Des chiffres, le Labret, la population trop réduite, l'avenir à préparer... de quel avenir parle-t-il? La fermière hausse un sourcil alors que le formage fond sur sa langue. Grossir en nombre, entre gens de qualité? Mathilde ne comprend pas. Elle l'écoute, essaie de suivre son idée et finit par écarquiller les yeux. Est-ce qu'il est sérieux? Mâles, femelles, saillie? Si la mère est terrienne, le petit le sera aussi? Il se cherche quoi? Une fabrique d'ouvriers? Son ventre serait l'hôte de ses futurs travailleurs?! Elle s'assoit, abasourdie par cette proposition peu commune, et déglutit. Complètement sous le choc, elle peine à croire à ce qu'elle vient d'entendre. D'une voix calme, elle articule péniblement. - Je savais que vous étiez capable d'avoir de grands projets pour Usson. De grands et beau projets, et que votre présence dans le coin serait un sérieux atout pour redéployer cette petite ville. Quand vous m'êtes arrivé avec cette idée de me confier un enfant pour que je le protège alors que j'en suis incapable pour tout un tas de raisons, je croyais avoir été assez claire à ce sujet. Serus m'a refusé des enfants, alors que j'étais mariée. Je ne compte ni en adopter, ni en faire, parce que j'ai compris que ça m'était impossible. Et vous le savez. Tout Usson le sait. Alors que vous vous pointiez ici, comme une fleur, avec un fromage pour acheter ma bienveillance... sa voix, jusqu'ici calme, commence à prendre du volume ... pour ensuite me proposer une saillie avec l'un de vos ouvriers... une saillie bordel de merde! C'est ça que je suis à vos yeux? Un ventre que l'on peut remplir au bon gré de monsieur le Comte? Si possible avec un autre gars de ferme, pour être sur que l'enfant à naître sera naturellement bon à servir les intérêts de monsieur le Comte en travaillant dans ses champs? Mathilde se lève et fait face à Aymeric. Son visage est rouge, et ce n'est pas à cause du soleil mais bien de la colère. Elle est clairement insultée et se contient difficilement. Elle reste une paysanne face à un noble dont la réputation est probablement meilleure que d'autres de sa connaissance, et ne peut pas se permettre de le frapper ou de l'insulter copieusement... quoique c'est presque déjà fait. Imaginer que je vais accepter de m'allonger pour procréer, et que si sa marche je vous cède le fruit de mes entrailles pour le bien de la cause commune, pour vous faire de la main-d'oeuvre... Attendez de voir ce qu'Alcide en dira! DEHORS.Le fromage a beau être délicieux, la proposition ne passe pas. Le visage fermé, elle pointe la porte d'un geste autoritaire. Le faire sortir de sa vie est probablement la plus sage réaction qu'elle puisse avoir. |
| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Mer 26 Fév 2020 - 10:35 | | | Aymeric a été surnommé le Taciturne, on l'appelle aussi l'impassible. C'était du temps de la Milice. Depuis, il cause. Et avec sa fille, il a un visage qui sourit et un regard qui pétille. Mais le visage qu'il présente, là, personne ne l'avait encore vu. Deux yeux qui s'écarquillent, l'un complètement, l'autre partiellement car la cicatrice sous l’œil en gêne le mouvement. Puis une bouche qui veut parler et en est empêchée par le débit et la colère de Mathilde. Et enfin, une larme qui pointe à l'oeil le plus valide, suivi plus bas par le soulèvement de la commissure de la lèvre, juste d'un côté et une étrange parole :
- Foi, force et Honneur !
Oh, sous la table, il a porté la main à sa dague. Pas pour attaquer ou pour nuire à Mathilde, mais quand une femme fait une crise d'hystérie, mieux vaut prévoir le coup. Mais non, elle se contente de le chasser. Sans doute l'hystérie n'est-elle pas là. Il fait le geste de se lever, l'interrompt puis éclate de rire, un rire si léger et cristallin qu'il en est surprenant.
- Alors, vous, vous êtes extraordinaire... Quelle imagination bon sang. Et quelle piètre image vous devez vous faire du monde des sangs-bleus. Alors, j'ignore à quel moment nous nous sommes perdus, mais il n'a jamais été question de vous, Mathilde, mais de Marguerite. Votre jument, hein, pour peu qu'une de vos ouvrières n'aie le même prénom. J'vous aime bien, Mathilde, mais, et pardon de m'en offusquer, si j'devais chercher à faire un enfant à une femme, j'vois pas pourquoi j'm'en chargerais pas moi même. J'trouve que j'ai pas mal réussi ma première, ce qui me classe parmi les bons re...
Le pauvre Comte repart dans un fou rire
- reproducteur... Bon... Ben je sens que je vais devoir reprendre toute mon explication. Et si à un moment, vous avez l'impression de me perdre, par les Trois, arrêtez moi que je reprécise ma pensée. Faire de l'élevage de terriens, mais faut vraiment avoir l'esprit malade pour oser l'imaginer. J'comprends vot' colère si c'est ce que vous avez compris.
Il parvient à calmer son rire et attend que la colère de Mathilde retombe pour lui exposer le projet.
- Les chevaux de traits ou suffisamment solides pour travailler la terre ne courent pas les champs. Cela va un peu mieux côté taureaux ou boeufs mais sans que ça soit la panacée non plus. Et pourtant, qu'est-ce qu'ils facilitent la vie à l'heure des semailles principalement.
Trois mois qu'il est installé dans le Labret, mais visiblement Aymeric n'a pas gardé les yeux dans ses poches. Il en a profité pour observer le travail des fermiers qui travaillent sur le domaine et ça n'est pas un secret qu'il a engagé une soigneuse pour qu'elle vienne s'occuper des petits bobos qu'ils peuvent rencontrer, ce qui est une innovation pour l'époque. Bref, il s'est montré attentif au bien-être de ses fermiers.
- Le souci, si on veut agrandir le cheptel du Labret, principalement côté chevaux, qui ont ma faveur, il faut se faire rencontrer des étalons et des juments. Le souci, c'est qu'à partir d'un moment jusqu'au poulinage, le propriétaire de la jument perd une force de travail précieuse. Dans mon esprit, le premier petit reviendra forcément au propriétaire de la jument, ou à la propriétaire dans votre cas. Ensuite, si un second poulain naît, il pourra revenir au propriétaire de l'étalon. Et ainsi, on peut agrandir un cheptel fort réduit.
Est-ce plus clair ainsi ? Il n'en est pas convaincu.
- Marguerite ne rajeunit pas et le moment où elle perdra de sa puissance de travail n'est plus très loin. Mais, d'après Guillaume, qui est un vrai spécialiste en chevaux, elle reste en âge pour pouliner une à deux fois. Le premier poulain vous revient, aussi parce que vous en avez le plus besoin. D'ici trois ans, il pourra aider et soulager un peu Marguerite. Il faudra encore trois bonnes années pour qu'il soit en pleine force de l'âge. Guillaume se chargera du débourrage et des quelques conseils qu'un vrai éleveur de chevaux peut donner. Ce qu'on fait d'un cheval dans ses premières années permet de le garder en bonne forme plus longtemps quand l'âge adulte sera avancé. Marguerite a été bien élevée de ce point de vue, ce qui en fera aussi une bonne mère pour ses poulains.
Elle est bien nourrie, elle est robuste, avec du caractère, même si elle est assez peureuse. Mais c'est une jument solide et courageuse et qui ne semble pas avoir perdu son instinct.
- J'ai la chance d'avoir plusieurs chevaux au domaine, actuellement, ce qui lui permettra de choisir le père qui lui convient le mieux. Faut faire confiance en la nature, aussi, pour ces choses là. Et comme j'ai dit plus tôt, pour les périodes où la Marguerite ne pourra plus travailler, je pourrai vous confier le cheval avec lequel je suis venu. Il est en pleine force de l'âge, puissant et docile, et qui ne s'effraie pas. C'est mon cheval de guerre, bâti pour les tournois. Il doit valoir votre ferme, grange incluse. C'est dire si j'y tiens.
Il n'a donc pas l'intention de l'arnaquer, mais il essaie de lui faire comprendre que si entente il doit y avoir entre les deux, c'est maintenant. Cela ne coûtera rien ou presque à Mathilde de prévoir un poulain pour succéder à Marguerite et celui qui prend le plus de risques, c'est Aymeric, pour le cas où Marguerite ne pourrait pouliner qu'une fois, il serait perdant.
- C'est un peu pour ça que je parlais d'entente entre gens de qualité. Si on ne peut pas se faire confiance, ça ne fonctionnera pas. Après, si les gens voient que ça fonctionne de façon correcte avec moi, il n'est pas impossible que je puisse trouver une entente proche avec d'autres fermiers qui ont une Marguerite ou un Mario chez eux. Des chevaux de trait sont trop précieux pour qu'on les perde, et à choisir, je préfère les élever eux que des chevaux de guerre qu'on sacrifiera stupidement en changeant dans des ruelles étroites.
Et dire qu'on a élevé une statue à ces deux bouchers chevalins. Le bon point, c'est qu'ils sont morts. Un chevalier, un vrai, celui qui est lié à son cheval, ne le sacrifierait jamais aussi stupidement. Aymeric n'est pas un grand cavalier, mais il a l'amour des chevaux.
- Je ne m'interdirai pas à élever des chevaux plus aptes pour la conduite d'un attelage ou un comme Asphodèle, fait pour la vitesse, si l'occasion se présente, bien sûr. Puis faudra bien aussi en fournir au Roi, et là serait ma plus value, mais avant que j'aie des chevaux prêts pour la conduite, la vitesse ou la guerre, il faudra au bas mot quatre ou cinq années. Pour Asphodèle, ma jument, je ferai comme pour Marguerite, attendre qu'il ne lui reste qu'un ou deux poulinages, elle perdrait trop si on l'y lance avant. Et le pauvre Landroval est un hongre, sinon j'en aurais fait un reproducteur. Mais il sera parfait aussi pour former des cavaliers débutants et il est très bon à l'attelage. Enfin, bref...
Oui, quand il parle des chevaux, il s'emballe presqu'autant que quand il parle de sa fille. Guillaume est un éleveur de grand talent, Aymeric en est conscient, mais Aymeric commence à devenir un bon éleveur de chevaux aussi, avec le temps passé aux côtés de ce maître.
- A propos, avec tout ça, vous ne m'avez pas dit pour le fromage. Il a du potentiel ?
Pour le reste, il ne doute pas que Mathilde lui dira rapidement oui, ou non. Elle a cette franchise-là. Il la regarde et une larme pointe à nouveau au coin de son œil, avec la commissure des lèvres qui frémit. Bon sang, il mettra du temps à s'en remettre. |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Jeu 27 Fév 2020 - 4:42 | | | Bouche bée. Mathilde a le bec cloué. Son bras retombe mollement le long de son corps. Elle se rassoit alors qu'un flot de paroles discontinu sort de la bouche d'Aymeric. Merde. Pour un mec qui se disait taciturne et peu enclin à la discussion, qu'est-ce qu'il parle. Elle se le dit à chaque fois qu'ils se croisent. Elle l'écoute. Il n'a pas conscience de ce que des années de colère paternelle à l'encontre de la noblesse a pu ancrer dans son subconscient. Évidemment elle a cru qu'il parlait d'elle, et non de Marguerite. Repeupler le Labret de petits enfants et non de poulains. Il ne sait pas qu'à chaque fois qu'ils se croisent, elle fournit un effort prodigieux pour aller à l'encontre de ce qu'on lui a enseigné et tente, avec une maladresse évidente, de franchir le mur qui sépare leurs rangs. Il en rit, elle en pleurerait tant cela lui est difficile.
Il rit encore. Il parlait de Marguerite, évidemment. Comme si dans le flot continu de paroles il en avait fait mention. Comme s'il était évident qu'elle soit en mesure de suivre ses réflexions quand il n'en précise pas l'objet. Elle se sent humiliée, elle le déteste, mais elle est la seule responsable de la méprise, après tout.
- Je ne peux pas vous arrêter. Vous n'écoutez que vous-même murmure-t-elle, rouge de honte. Et il ne l'entend évidemment pas, trop occupé à exposer à quel point le cerveau de la fermière est malade. Elle plonge son nez dans son gobelet d'eau, aussi glacé que ses émotions.
Guillaume, qui est un vrai spécialiste en chevaux. Elle ne réagit pas, du moins pas physiquement, mais intérieurement elle ne peut s'empêcher de penser que ser Guillaume aurait pu avoir la décence de lui demander la permission avant d'inspecter sa jument à des fins de reproduction. Puis elle réalise qu'il ne l'a pas tout à fait examiner, parce que Marguerite n'en est même pas à la moitié de sa vie et qu'il lui reste encore quelques années devant elle pour pouliner. Évidemment, la fermière y a pensé, mais cela implique d'avoir un autre cheval pour remplacer Marguerite au début et à la fin de la gestation, et pour le moment, ce n'est pas dans ses moyens. Guillaume s'occupera du débourrage... Pas Mathilde, non. Guillaume. Il ne lui demande rien, tout est déjà arrangé dans son esprit. C'est un peu le problème avec lui. Il vous arrive avec une proposition déjà toute montée et, parce qu'il estime que vous êtes gagnant dans l'affaire, il vous la soumet sans même émettre des réserves ou ouvrir la porte à ce que vous apportiez vos améliorations, ou simplement votre expérience qu'il ne connait pas vraiment.
Aymeric poursuit, alors qu'elle repose son gobelet. Elle n'est plus rouge, elle se contente d'écouter en se demandant si le monologue aura une fin. Mathilde sourit lorsqu'il propose son cheval de guerre pour remplacer Marguerite. Elle sourit pour ne pas hurler de rire, parce qu'elle n'a pas encore demandé s'il a l'habitude de tirer un attelage, et donc éventuellement une charrue. Dans son esprit, et dans les quelques expériences qu'elle a pu observer, les chevaux de guerre chargent, avec des cavaliers sur le dos. Ils ne tractent pas des charrues ou des araires à une allure régulière et sur une longue période. Mais le geste est gentil.
Il compte sur la confiance qu'ils se font mutuellement, malgré le mur qui les sépare, pour l'aider à concevoir quelques chevaux de traits qui amélioreront les travaux dans les champs pour plusieurs fermes. A propos, avec tout ça, vous ne m'avez pas dit pour le fromage. Il a du potentiel ? Ça y est. Il a fini...Alors elle peut parler, enfin.
- Les boeufs font du bon travail aux champs. Les chevaux de trait ont simplement l'avantage de pouvoir être un peu plus polyvalents. C'est ce que j'aime, avec eux. Mathilde ne regarde pas Aymeric. Son regard est plutôt rivé sur son gobelet, qu'elle fait tourner sur la table en laissant planer un silence qui indique qu'elle organise ses pensées. C'est un sacré travail, quand, comme elle, on vient de recevoir tout un tas d'informations éparses qu'il faut rassembler, décortiquer, analyser, préciser. Elle aurait préféré une discussion plus simple, avec des questions et des réponses, au lieu du discours-fleuve qu'elle vient de tenter d'interrompre en vain. Marguerite n'est pas vieille. Elle a huit ans. J'aurais préféré que votre homme me le demande, au lieu de faire une inspection rapide dans mon dos la dernière fois que je suis venue. Voilà qui a le mérite de remettre la chose la plus élémentaire en place. Marguerite ne rajeunit pas, mais elle a encore le temps de porter plusieurs poulains si on le lui permet, évidemment. Elle retiendra de ne plus confier son animal à qui que ce soit au domain de la Pessan, pour éviter ce genre de magouille. Car pour Mathilde, c'est une magouille qui vient de se faire dans son dos. Elle prend une gorgée d'eau. Si Aymeric rythme le temps à grands coups de paroles, Mathilde, elle, le fait avec des silences. De longs silences, durant lesquels généralement son interlocuteur ne reprend pas la parole, parce que l'attitude de la fermière laisse croire qu'elle n'a pas fini de parler. D'ailleurs, elle repose son gobelet.
- J'ai débourré Marguerite. J'ai débourré plusieurs chevaux dans le coin, en fait, pour les voisins. Mon père m'a appris avec le premier cheval que j'ai connu ici. Il a fait pareil pour des voisins, je l'ai suivi, j'ai observé, j'ai appris, et quand ça a été le tour de Marguerite, il s'est assis avec le père Damboise et m'a laissée le faire. Elle avait deux ans. Si un cheval doit me revenir, je préfère le débourrer moi-même. C'est du travail, c'est pas mon métier, mais j'ai besoin de lui apprendre ma façon de travailler. Un éleveur ne sait pas comment je travaille et ne sait donc pas non plus adapter ses méthodes à mes besoins. Enfin ça c'est à condition qu'on survive tous jusque là. Ce qui n'est pas gagné compte tenu de la situation un peu tendue avec les Fangeux. Mais soit. Il faut bien faire comme si un avenir radieux s'offrait aux derniers êtres humains, afin de s'assurer que si le radieux survient, ils soient prêts. Nouveau silence, long, presque pesant. Peut-être Aymeric a-t-il eu la bonne idée de se rasseoir, histoire que ses jambes ne le trahissent pas dans un retour de fou-rire. Mathilde est songeuse. C'est drôle que Guillaume considère sa jument comme bonne pour un ou deux poulains seulement, alors qu'elle pourrait en avoir au moins cinq. A-t-il relevé quelque chose qu'elle n'a pas vu? Non... Lance, qui s'occupait de la jument avant son départ précipité durant l'hiver, le lui aurait dit. Elle reprend.Marguerite a de belles années devant elle, aux champs, j'entends. J'ai songé à l'engrosser mais ce n'est pas dans mes moyens, pour le moment. Il me faudrait un autre cheval pour plusieurs mois afin de la remplacer, un cheval de trait j'entends, et financièrement, je n'en aurai la capacité que l'année prochaine au mieux.
Naturellement, la solution idéale serait que Mathilde achève une jument plus jeune, à un prix bien en-dessous de la moyenne en échange de Marguerite, qui serait alors destinée à la reproduction. Un échange qu'elle pourrait envisager maintenant si elle n'était pas tant attachée à sa compagne d'infortune, dernière témoin d'un passé heureux. Je comprends l'idée, mais elle a besoins d'ajustements. Un cheval de guerre, si précieux soit-il, peut-il réellement prendre la place d'un cheval de trait? Je ne connais pas les chevaux de guerre, mais si je me fie à mes impressions, je les imagine plutôt peu enclins à tracter une charrue. Quant au cheval qui rencontrera Marguerite, il va falloir que ce soit un cheval de trait lui aussi, ne serait-ce que pour que le poulain ait la robustesse souhaitée et le caractère des parents. C'est une longue tradition, les chevaux de traits. Nouveau silence. Le poids de la tradition, elle connait ça. Toutes les femmes le connaissent. Les nobles aussi, sans doute. Elle porte le gobelets à ses lèvres, et y prend une petite gorgée.
Et puis le temps de gestation nous emmènerait, dans le meilleur des cas, à une naissance en mai prochain. Deux saisons sans Marguerite à la ferme, c'est impensable. La terre a souffert de l'abandon d'il y a deux ans et de notre précarité l'année dernière. Si Marguerite est saillie maintenant, parce que c'est pratiquement maintenant ou pas avant le printemps prochain, il me faudra la mettre au repos jusqu'à l'automne. Ensuite elle pourra reprendre ses activités jusqu'au printemps où elle sera à l'arrêt pour finalement pouliner et ne recommencer à travailler qu'à la fin de l'automne, en douceur. Au printemps suivant, il faudra l'engrosser encore, et on repart pour au moins une autre saison sans jument, ou en tout cas diminuée, jusqu'à la mise bas et le temps de récupération. Ça m'en fait trois voire quatre saisons au compteur, ça revient à me tuer mon exploitation. Même avec un poulain à la clé, je me retrouve au final avec une jument en perte de capacités avant ses dix ans, un poulain pas prêt à travailler avant la naissance du second et sans aucun moyen de transport autre que mes pieds pour aller faire mes livraisons. C'est difficile à concevoir. Vraiment difficile.
Les Trois fassent qu'il ne dise pas qu'elle pinaille sur des détails, parce qu'elle fait le serment de le trucider. Trois voire quatre saisons sans Marguerite, parce que celle-ci n'est pas terminée et qu'il lui reste encore bien des travaux à mener, c'est complètement impensable, même avec un cheval de guerre en guise de dédommagement. Un cheval de guerre qu'il faudrait réussir à dompter aux champs, avec tous les risques que cela comporte. |
| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Jeu 27 Fév 2020 - 12:00 | | | Bon, au moins, la situation se calme et Aymeric repose son séant. Son laïus est terminé et Mathilde ne semble pas enthousiaste, ce qui n'augure rien de bon. Quand elle parle de sa préférence pour les chevaux de trait par rapport aux boeufs, Aymeric acquiesce.
- Les fermiers qui travaillent sur le domaine ont la même analyse, un cheval de trait est plus polyvalent. Juste, le terrain qu'ils exploitent est vaste et le bœuf ou le taureau est plus endurant. C'est pour cela qu'ils utilisent un bœuf. Mais il vieillit et ils sont ravis que ma vache ait donné un taurillon. Je l'envisageais pour la reproduction, mais visiblement il servira aussi pour le travail aux champs. Paraît qu'il est bien né.
Il sourit, plus détendu. Les balades à cheval, quand on a une douleur dorsale, c'est pas trop ça. Par contre, il tique quand il découvre l'âge de Mathilde et surtout le reproche qu'elle fait à Guillaume.
- Bon, ben j'dois une bière à mon palefrenier. Faut pas que j'parie avec lui sur ces sujets. J'lui en donnais douze à votre Marguerite, lui 10, voire un peu moins, parce qu'il connaît moins les chevaux de trait. Quand on est éleveur pour un Comte, c'est pas du travail de ferme. On forme des chevaux de guerre, on forme des chevaux rapides, des chevaux d'attelage aussi, mais les chevaux de trait, c'est plus pour les fermes, et les Comtes, ça ne s'occupe pas directement des fermes. Mais je ne vous autorise pas à penser que Guillaume a inspecté Marguerite.
Il se gratte la barbe naissante pour trouver ses mots, ce qui ne semble pas simple, et finalement, il fait comme d'habitude, il renonce et dit les choses comme elles viennent.
- Quand vous êtes venue nous voir au domaine, vous avez probablement jeté un oeil sur la terre, pour voir si elle était grasse, sur les cultures en place, sur l'agencement pour nos animaux. C'est normal, c'est votre regard de terrienne, vous vivez dedans. Je fais pareil, je peux jauger les qualités d'un archer s'il a un arc en main, je peux deviner sa précision, son calme, et même ses talents de chasseur. Par exemple, je pense que vous avez l’œil pour poser utilement des pièges mais que vous êtes une piètre traqueuse. Après, ça se vérifie après une inspection. Bah, Guillaume, c'est pareil, il voit un cheval, il s'assure qu'il est bien nourri, qu'il se porte bien, il démarre cette "inspection" naturellement, parce que c'est son métier. Quand la Compagnie est arrivée avec ses chevaux, il savait déjà lequel était vieux, lequel avait été blessé et lequel était le cheval du chef alors que je n'avais même pas salué nos futurs invités.
Il a un petit rire attendri.
- Vous commencez à me connaître, Mathilde. J'ai la finesse d'un taureau en colère. Il me vient une idée, je fonce, qu'importe les obstacles. Et quand je me suis dit dans ma petite tête qu'il faudrait qu'il y ait plus de chevaux de trait, j'ai hélé le pauvre Guillaume et lui ai demandé si Marguerite ferait une bonne mère pour des poulains. Il a dû fouiller dans sa mémoire, Marguerite allait bien quand elle est venue ici et c'est ce qui comptait. Il a estimé son âge, mais il ne l'a jamais inspectée, même rapidement. Puis après il m'a fait un cours magistral. C'est toujours passionnant avec lui. J'apprends toujours énormément.
S'il y a des reproches à faire, c'est à Aymeric, le pauvre Guillaume n'y est pour rien. Si son patron lui demande son avis sur un cheval, bah il doit le donner, avec toutes les réserves requises. Guillaume lui a dit 10 ans, voire moins, Aymeric s'est dit que 11 ans serait plus juste, vu que lui tablait sur douze. Et il blémit un brin quand Mathilde lui explique qu'elle a débourré Marguerite elle-même.
- Pardon Mathilde, j'oublie tellement vite que ça n'est pas parce qu'on a une spécialité qu'on est incapable de faire autre chose. Évidemment que Marguerite a été débourrée, et logiquement par vous. On fait pas appel à un éleveur à tout bout de champ, vous vivez avec les bêtes et cela s'apprend. Je suis tellement content d'avoir un spécialiste à mes côtés que j'en oublie que d'autres savent aussi s'occuper utilement des chevaux. J'avoue que je suis comme un enfant, je découvre tout, j'ai envie de tout apprendre, tout résoudre, là, dans la minute. Alors que pour la chasse, la traque, je suis d'une patience, je peux rester immobile des heures pour avoir ma proie. Même Guillaume, qui est la rare personne que j'écoute presque religieusement, n'arrive pas à me tempérer.
Il écoute attentivement Mathilde, au moins on ne peut pas lui reprocher ça et le fait qu'elle a songé à l'engrosser, et les difficultés que cela représente. Et il fait silence, car il réfléchit.
- J'aurais dû envoyer Guillaume, quoi qu'il aurait coincé sur d'autres points. Si saillie il y a, le poulain naîtrait fin juin début juillet, pas en mai, pour peu qu'on la fasse aujourd'hui, ça, c'est un premier point, mais il n'arrange personne. Ensuite, dans ce qu'il m'a expliqué dans son cours magistral, le second poulinage n'aurait pas démarré l'an prochain car il n'est pas bon pour une pouliche d'allaiter et d'attendre un poulain, ça épuise son capital. C'est un sort qu'on réserve aux reproductrices. Il y aurait eu une attente d'un an pour le second poulinage, voire deux si le premier avait été difficile. Et je parle bien de post allaitement. Sans quoi, effectivement, la Marguerite aurait été épuisée, ce qui n'est le but de personne. Et c'est bien pour cela que Guillaume tablait sur deux poulinages maximum, lui, il envisage les choses si elles se passent difficilement. Ce n'est pas un optimiste. Mais sa prudence est souvent bonne conseillère. Le premier poulain serait à débourrer quand le second serait lancé. Mais comme Marguerite n'a que huit ans, on peut être plus optimiste sur le second poulinage.
Aymeric n'est pas plus rassuré pour la cause.
- Idéalement, il faudrait que j'achète une jument de trait jeune, pour en faire une reproductrice, mais je vais avoir du mal à justifier cet achat auprès de la Pessan. Il serait totalement à mes frais et si je ne suis pas à plaindre, je travaille à perte pour l'heure. Légères, les pertes, et il me reste une réserve suffisante, je serai gris quand je serai en faillite... et Alix aussi, mais il n'empêche. En gros, il faut une bête pour le travail des champs et une bête pour les transports. Un bœuf, je pourrai plus aisément le justifier, surtout si je le loue. Sauf à vous, naturellement, puisque nous aurions notre accord. A la fin, j'échange le jeune contre le vieux avec les fermiers Pessan, je revends le "vieux" pour la viande et... oui, ça pourrait passer. Et donc je vous prêterai Landroval pour les livraisons. Il me sert pour l'attelage, je fais aussi mes livraisons avec.
Aymeric est emmerdé, ça va lui coûter des sous. Finalement, l'option jeune pouliche de trait pour la reproduction semble devenir la meilleure option, mais même, un poulain par an, ça ne va pas repeupler le Labret. De ce qu'il sait, il y a une dizaine de chevaux de trait dans le Labret, ce qui fait 5, peut-être six "couples" potentiel, en comptant le cheval de trait de la Compagnie, qui a atteint l'âge de la retraite et que tant Guillaume que la compagnie refuse de faire abattre. Comme reproducteur, il fera l'affaire. Mais convaincre les propriétaires de faire pouliner et de lui confier les poulains, ce qui augmenterait le cheptel de 50% puis dans 4 ans relancer un poulinage à 18-20 et en obtenir 10, ça fait long, d'autant que la moitié revient au Roi.
Mathilde peut voir les épaules du Comte s'affaisser, il n'y arrivera pas.
- A dire vrai, je ne vois pas d'options viables. Les chevaux sont trop utiles pour ne pas qu'ils travaillent et pour reconstituer un cheptel, il faudrait les mettre en reproduction, donc leur interdire de travailler. Sinon le renouvellement sera trop lent et trop coûteux. Même en achetant une pouliche et en la faisant pouliner d'un an à l'autre, en réduisant son espérance à elle, ça ne fera au départ qu'un poulain par an. Remplacer les juments de trait deviendra vite compliqué aussi si je vois plus grand et racheter les poulains me coûterait une fortune, et je ne suis pas convaincu d'arriver à avoir assez de chevaux pour remplacer ceux qui bossent actuellement, d'ici six ans. Et six années, à notre époque, c'est optimiste. Je peux déjà m'estimer satisfait, avec ma vie, d'avoir atteint la trentaine en étant intact. C'est bien plus simple avec les lapins. J'en ai piégé plusieurs, je les ai mis dans un clapier. Six couples. Quatre mois après, j'en ai une quarantaine. Dans trois mois, les petits seront à maturité sexuelle, ça fera une vingtaine de lapines qui m'en feront minimum 5 lapereaux. Bref, ça dépassera la centaine de lapereaux. Ils se vendent pas cher, mais sur le nombre... Si je pouvais faire pareil avec les chevaux...
Un gros soupir.
- L'arrangement que je peux prendre avec vous, je ne pourrai pas le prendre avec tous. Soit il faut espérer que des chevaux de trait sauvages gambadent dans la nature, soit se résoudre à ce que dans une génération, deux maximum, ce fier cheval devienne une légende. Landroval aime fatiguer ses muscles en tirant une carriole, je ne sais pas s'il sera aussi doué aux champs. Pour les chevaux plus classiques, ça va, il en reste, il y a moyen de récupérer une jument ou même de laisser faire la nature. Une des juments de la Compagnie a donné un poulain, qui nous a été remis. On les loge gracieusement, c'est une magnifique compensation. Je sais que de ce côté, malgré que le Roi prendra la moitié de mes chevaux, il y a moyen de constituer un cheptel, d'autant que je ne suis pas le seul éleveur. Mais pour les chevaux de trait...
Il soupire.
- Cela me désole, j'aime bien ces chevaux. Vraiment. Mais je ne vois pas de solution. Cela passera par les taureaux, car foi d'Aymeric, il est hors de question qu'on castre un animal. Ils mangeront de la viande qui a du goût, tant pis.
Aymeric sait qu'il y a plus important que de sauver les chevaux de trait. Sauver l'humanité, déjà. Et si les boeufs peuvent remplacer les chevaux de trait, si la solution existe, il ne peut s'engager dans un combat perdu d'avance. Le futur poulain de Marguerite sera peut-être le dernier de sa race. Bon, pour ça, il peut faire l'effort. Et si second poulain il y a, c'est lui qui aurait le dernier de sa race. Mais Aymeric se demande si ça aura une quelconque valeur dans sa vie. Il aimerait partir sur un autre titre que "cet homme était le dernier propriétaire à avoir un cheval de trait... et il n'était même pas agriculteur". Dans le genre épitaphe débile, ça vaudrait son pesant d'or quand même. Bon, mieux vaut éviter de rire quand même. |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Sam 29 Fév 2020 - 4:32 | | | Douze ans. Il donnait douze ans à sa belle et fougueuse Marguerite. Tsss. Mathilde se tait, pour éviter un nouvel esclandre, parce que c'est réellement insultant pour sa jument et donc pour elle. Et puis de toute façon, Aymeric parle. Encore. Toujours. Un simple hochement de tête pour partager un avis n'est pas une option pour lui, il faut qu'il développe, toujours. Est-ce que c'est propre à l'ensemble des nobles ou bien est-ce là un trait propre à un gars qui a tellement passé sa vie à écouter des ordres en silence qu'il essaie maintenant de se rattraper? Ou alors c'est simplement parce qu'il se sent bien avec elle... ce qui à la fois flatteur et dramatique. Flatteur parce qu'elle l'aime bien, dramatique parce qu'elle sent déjà la migraine poindre.
Elle ne reviendra pas sur le fait que les chevaux de trait tirent des attelages ou des charrues. Le débourrage est sensiblement le même, la seule différence peut-être réside dans le fait qu'à la ferme, on aime commander avec des mots et des intonations plus qu'avec des longes. Peu importe. Guillaume n'a pas inspecté Marguerite... elle ne le croit pas. Pas qu'il mente sciemment, mais elle pense que le palefrenier a certainement jeté plus qu'un coup d'oeil circulaire sur la jument.
- Vous espériez avoir un avis général sur le travail de vos champs et sur l'état des prairies, je vous l'ai donné à votre demande, sans aller ramasser de la terre pour l'évaluer de près, et sans vous demander l'âge de vos travailleurs ou leur expérience.
Leur relation est parsemée d'impairs. Une accolade trop familière, une discussion trop personnelle, une proposition mal accueillie, des gestes déplacés. Ce ne sera pas le dernier désaccord entre eux, après tout ils finissent toujours par se retrouver, poussés par une nouvelle idée saugrenue ou simplement par la curiosité de savoir comment l'autre se porte.
- Ce qui me déplaît, ici, c'est que votre palefrenier sur-estime largement l'âge de ma Marguerite. Ça veut dire qu'elle n'est peut-être pas aussi fringante qu'elle le devrait. Qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond pour elle. Et ça m'inquiète, donc je vais être obligée d'aller voir un éleveur pour la faire inspecter en lui disant que ser Guillaume la trouve vieille, mais que rien ne me laisse croire qu'elle va mal. J'ai suffisamment d'inquiétudes comme ça, votre petit pari vient d'en rajouter une couche.
Mathilde compte sur ses doigts. Saillie en août, un, deux, trois, quatre, cinq... dixième mois en mai. Naissance en juin, au mieux. En effet. Elle hausse les épaules. Ça n'arrange pas ses affaires, pas plus que d'avoir une jument au rencard pour l'année. Elle ne voit pas vraiment pourquoi Marguerite attendrait un an après le sevrage du poulain pour être à nouveau saillie. Dans la nature, les mères sont capables de porter un poulain tout en allaitant le nouveau-né, qui arrêtera naturellement de prendre du lait lorsque le second sera prêt à naître. Si Mathilde et Aymeric se limitent à deux naissances, Marguerite ne devrait pas être trop épuisée et lorsqu'elle se fera moins vaillante à l'ouvrage, son plus vieux pourra prendre la relève tranquillement. Ce qui aurait l'avantage de réduire le temps de production -puisqu'il s'agit là d'une production d'animaux- sur une durée de trois ans, temps de sevrage inclus.
Ses réflexions lui font manquer la moitié des pensées qu'Aymeric laisse couler dans un flot continu de paroles. Landroval? C'est qui lui? Ooh... un cheval pour les livraisons. Un cheval qu'elle devrait héberger, pour éviter d'avoir à courir presque quotidiennement durant la haute saison chez le Comte, pour revenir avec la monture et effectuer les livraisons en temps et heure. Elle saisit néanmoins une vague impression de découragement chez Aymeric, dont les épaules s'affaissent. Elle ne comprend pas pourquoi des lapins s'invitent dans la discussion, mais ils sont là et en grand nombre, à l'inverse des chevaux dont il sous-estime probablement la population actuelle. Il faudrait dresser un inventaire à travers le Labret et voir si du côté de la milice et des Faubourg on peut également en trouver. Mathilde songe que si un cheval de trait n'est pas vraiment taillé pour la vitesse, il a l'avantage d'être impressionnant et endurant, parfait pour la charge.
- J'ai mal au crâne.
La conclusion vient de lui échapper, mais elle n'est plus à une impolitesse près. Mathilde se lève et se masse les tempes. Elle essaie de remettre de l'ordre dans ses idées, bousculées par celles d'Aymeric. Sur une étagère, elle saisit un petit flacon duquel elle prélève une goutte qu'elle dépose, à l'aide de son index, sur chacune de ses tempes qu'elle masse à nouveau. Une odeur de lavande embaume tout à coup l'air de la chaumière.
- Ça vous arrive des fois d'arrêter de penser? Parce que finesse d'un taureau en colère ou non, ça doit vraiment être fatigant. Elle sourit et soupire. Trois affaires distinctes : un arrangement entre vous et moi pour nous offrir un poulain à chacun ; un inventaire des ressources ; des chevaux en cavale. Ne m'interrompez pas, parce que je ne veux pas perdre le fil de mes idées, et les Trois savent que c'est ma spécialité. Un, notre affaire. Juste pour vous et moi. Jouable, mais Landroval devient mon hôte, et Marguerite devient la vôtre, afin qu'elle reçoive tous les soins nécessaires jusqu'à la délivrance. Je sais débourrer, mais la gestation n'est pas mon fort. Le boeuf va probablement travailler dans plusieurs champs. Les miens et ceux de quelques familles avec lesquelles j'ai des accords. Ce sont mes points de discussion. Ça devra être acté, d'une façon ou d'une autre, parce que si vous mourez, j'aimerais ne pas me retrouver sans boeuf, ou sans jument parce qu'on considère que Marguerite est la vôtre. Pareil, si je meurs, ça serait dommage que Landroval revienne au roi. Elle sourit. Au roi ou à l'Ordre, qui pourrait décider de récupérer la ferme pour l'exploiter, avec les faveurs du roi. Deux, l'inventaire. Des chevaux de traits, c'est pas courant mais y en avait quand même pas mal, avant la Fange. Je vois pas pourquoi en deux ans ça aurait dramatiquement changé. Il faudrait dresser un inventaire, au Labret mais aussi en ville, et tenter de négocier avec le roi l'importance de la survie de cette espèce. Ils servent aussi au bois, après tout. Du débardage, dans la forêt, ça se voit moins mais ça se voit encore, et les chevaux de traits restent les meilleurs outils pour sortir l'arbre abattu. Trois... merde j'ai dit quoi?
Blanc de mémoire. Elle recompte sur ses doigts. Leur affaire, l'inventaire... Est-ce qu'Aymeric lui souffle le mot-clé, ou s'en souvient-elle toute seule? Peu importe, la réponse jaillit de ses lèvres. Les chevaux en cavale! Oui! Jusqu'au printemps, mon voisin au nord était un éleveur de chevaux. Vous auriez quasiment pu vous croiser s'il n'avait pas décidé de s'évaporer dans la nature avec sa fille, son chien et... ses chevaux. J'ai mon idée que ses bêtes ne se sont pas volatilisées et que s'il s'est établi quelque part, on pourra le trouver. S'il n'a pas survécu, par contre, il est fort à parier que les chevaux se baladent quelque part dans le royaume. Faudrait juste avoir la capacité de mener l'enquête pour suivre le chemin de Lance.
Mathilde finit par se rasseoir, visiblement fatiguée par l'effort de concentration qu'elle vient de fournir. Suivre les pensées d'Aymeric, garder ses réflexions en mémoire, les exposer dans un semblant d'ordre, c'est un sacré exercice pour une femme qui a l'habitude d'observer en silence et de ne lâcher que quelques mots, quand on lui pose une question. |
| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Lun 2 Mar 2020 - 7:30 | | | - Je ne demande pas l'âge des gens et je ne connais pas celui des fermiers qui travaillent au domaine. Je ne connais pas plus le vôtre, donc vous l'auriez demandé, j'aurais été infichu de vous répondre. Et si Guillaume s'est trompé de deux ans, voire moins, pour Marguerite, c'est parce qu'il connaît mal les chevaux de trait. C'est un amoureux des chevaux, si votre Marguerite devait avoir un problème, quel qu'il soit, il vous aurait prévenue et il n'aurait pas marqué son accord pour qu'on lui négocie un poulain. Si malgré cela vous voulez vous ronger les sangs, c'est votre problème, pas le nôtre.
Parce que bon, être protectrice, il peut le comprendre, mais de là à s'en rendre malade, il y a une limite qu'il ne franchira pas. Et quand elle se plaint d'avoir mal au crâne, il n'en rajoute pas une couche, puis la laisse faire ses soins. Les maux de crâne, il ne connait pas. Il est bien suffisamment emmerdé avec son dos, qui lui interdit la monte et le tir à l'arc. Et il fait partie de ces quelques rares qui s'entraînent au tir à l'arc du haut du cheval. Cela, il le fait avec Landroval, plus calme qu'Asphodèle. Et quand elle lui demande s'il lui arrive d'arrêter de penser, il lui répondrait volontiers vertement, que c'est parce qu'il n'a pas peur d'envisager les choses qu'il est toujours en vie, que c'est cette faculté à rester calme et réfléchi qui lui a permis de survivre au Chaudron avec le ramassis d'abrutis qui l'accompagnait, mais il sent que ça peut être important. Son instinct aussi, il l'écoute. Aussi laisse-t-il Mathilde exprimer ses idées sans l'interrompre, sinon pour l'aider.
- La cavale...
Oui, il écoute et entend et comme en prime il réfléchit, il sait mettre les idées en place et suivre le fil de quelqu'un qui conserve une logique dans sa discussion. Non, je ne m'arrête pas de réfléchir, Mathilde, et c'est utile. Cela, il le pense, mais son rictus mi amusé mi moqueur prouve qu'il a pris un certain plaisir à démontrer que trop réfléchir n'était pas inutile.
- Bon, résumons...
Il s'agit surtout de reformuler le merdier.
- On fait un échange Landroval-Marguerite le temps de la gestation. Ce qui fait que c'est moi qui vais avoir des soucis de livraison, d'autant que le boeuf que je compte acheter, je n'en profite pas non plus. Va falloir que je m'arrange avec la Compagnie, mais soit.
Il ne le dira pas, mais ça commence à faire beaucoup pour un poulain qu'il n'aura même pas. Un an sans Landroval, c'est différent de 5-6 mois. Soit il faut qu'il s'améliore au tir acrobatique histoire de pouvoir le faire avec Asphodèle, soit... Ben il voit pas d'autres solutions.
- Un bœuf ET un cheval de guerre contre une jument de trait, pendant un an, et on acte cela, histoire que je ne perde ni le bœuf ni surtout Landroval. Vous me pardonnerez, mais avec les autres fermiers qui auraient une jument de trait, je me contenterai de leur louer leur jument contre un taureau et j'échangerai le poulain contre le taureau. Sur le moment, je serai perdant mais une fois élevé, gagnant. Tu parles d'un investissement... Point deux, le recensement. Je peux envoyer Guillaume pour cela, car le projet l'intéresse. Tant qu'on n'a pas trop d'animaux et que je peux gérer ceux qu'on a. Marguerite fera office d'essai
Il garde le silence pour Lance, l'ami éleveur du nord. Mathilde a sans doute oublié que notre Comte avait vu Lance avant de la voir, elle.
- Je n'ai pas mené une enquête, j'ai plutôt écouté ce qui s'en disait, mais Lance était simplement parti faire des livraisons à Marbrume et on peut supposer que son groupe a fait une mauvaise rencontre. Si on le considère comme perdu, ses animaux se sont perdus du côté des marais, et qui dit marais dit marécages. Soit ils ont fui plutôt vers le nord et on finira par les repérer, malgré le danger des sables et des falaises. Soit ils ont fui vers le sud et ils doivent être considérés comme perdus. A l'exception sans doute du chien, qui avec son flair repérera les marécages et puis ça sait nager, mais bon.
Il se fend d'une confidence.
- Les animaux en cavale, il y en a, c'est certain. J'ai croisé dans les marais des sangliers qui ressemblaient plus à des cochons qu'à des sangliers, du temps de la Milice. Mais si vaches et chevaux il nous faut retrouver, ça serait plus du côté Labret, voire Ventfroid. Mais il ne suffit pas de deux cavaliers pour ramener un cheptel, mais au moins le triple. La traque n'est pas simple, encore moins avec la fange, puis il faut avoir le temps de les ramener avant la nuit. Mais oui, c'est la seule manière de trouver une certaine rentabilité. Ces cavaliers, il faudra les payer aussi, évidemment et le souci de l'élevage, quand on démarre, c'est qu'il faut d'abord investir. Alors, les lapins, les cochons, ça peut être sympa, ça fait partie des gains rapides, mais les gains importants viendront des vaches et des chevaux.
Il sourit :
- En gros, j'ai deux gros projets : Sauver les chevaux de trait, et cela pourra se faire avec Guillaume, je ne doute pas que le projet le botte. Puis les gamins des rues, que je pourrai confier à mon épouse. Et mon rôle sera de ne pas faire faillitte. Un investissement sur cinq ans, je doute de pouvoir me le permettre et je doute aussi que la famille Pessan me suive dans un tel délire.
Bref, il va falloir qu'il réfléchisse.
- Mais pour votre poulain, ça se fera, je m'y suis engagé. Pour le reste, le problème, c'est de pouvoir se constituer un cheptel, et prendre le temps que les petits deviennent adultes. Et le temps, on ne peut pas dire qu'il l'aie.
Il la regarde soudainement, d'un regard intense et profond, visage fermé.
- Vous ne m'avez pas répondu pour le fromage. Si c'est par peur de me vexer, c'est idiot. Si je vous demande, c'est que votre avis compte. Alors, je veux savoir, parce qu'il va falloir que j'en vende beaucoup pour acheter un boeuf. |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Mer 4 Mar 2020 - 2:18 | | | Mathilde écoute attentivement Aymeric résumer la situation. Un cheval et un boeuf, elle ne le sait pas mais elle et le Comte sont du même avis : c'est beaucoup pour un poulain. D'autant plus qu'il faudra réitérer l'opération deux ans plus tard.
- C'est pas honnête, c'est à perte pour vous. Et j'ai pas la prairie pour nourrir deux bêtes, de toute façon. Et si... bon. Et si on se disait que lorsque j'ai besoin d'un boeuf, je vous l'emprunte. Avec la rotation des cultures, j'utilise Marguerite cinq fois, jusqu'aux premières gelées. Suffit que j'envoie un de mes gars chercher le vôtre, le jour venu. Je peux le planifier quelques jours en avance et m'adapter selon l'utilisation de vos hommes à vous. Pour les livraisons, ça va être un temps fort durant l'automne, mais dans les faits, y a l'Ordre qui va aussi me donner un coup de main, parce que c'est bien joli de me faire tripler mes récoltes mais ça implique aussi des convois un peu plus conséquents. Je peux voir avec Alexandre et ne garder Marguerite que pour mes déplacements. Pour les longs voyages vers Marbrume, je vous emprunte Landroval, qui sera bien plus adéquat, pendant que Marguerite se fait bichonner par ser Guillaume.
Ça lui paraît nettement moins gourmand, et beaucoup plus dans la logique des terriens qui partagent leurs ressources -incluant leurs bêtes-, quand cela est nécessaire.
- Par contre, si on fonctionne comme ça, y a des chances que j'aie besoin de pouvoir diriger quelques familles du coin vers le domaine pour y emprunter le boeuf. Marguerite est utilisée par trois autres fermiers. Si vous êtes d'accord d'entrer dans le système d'échange, ça vous donnera accès à un échange quelconque. Je monnaie Marguerite contre du fourrage pour l'hiver. En plus ça vous permettra de gagner une confiance de leur part.
Mathilde arque un sourcil surpris lorsqu'il évoque Lance comme s'il le connaissait. Puis hoche de la tête. Bien sûr. Avant d'être Comte, Aymeric a été le gars chargé par Alexandre de trouver des partenaires pour l'Ordre. Lance était sur la liste, elle aurait même dû le croiser à l'Esplanade mais il ne s'était pas présenté. Aymeric indique qu'il a sans doute fait une mauvaise rencontre en partant vers Marbrume. Si les chevaux sont dans les marais, il y a fort à parier qu'ils sont aux mains des bannis qui en ont besoin. Elle pourrait poser la question à Jocelyn... encore faut-il pouvoir le contacter, chose qu'elle ne sait pas faire. Le terrain restant à explorer demeure gigantesque, mais Aymeric semble vouloir concentrer d'éventuelles recherches du côté de Ventfroid. Avec six cavaliers, qu'il faudra payer... sans doute avec autre chose que des panais.
- Peut-être que des cavaliers seraient heureux d'avoir un accès privilégié le temps de quelques services à la forge d'Usson? L'idée est sortie avant même qu'elle ne réfléchisse à sa pertinence. Mais un échange de services est une monnaie aussi précieuse que l'or, au Labret, et à dire vrai, le forgeron est sans doute le type le plus convoité parmi les artisans.
Mathilde regarde le fromage un instant, pensive. Elle ne comprend pas comment ni pourquoi Aymeric et elle ont le don de passer par des émotions et des discussions si complexes pour en arriver à des solutions plus simples et pleines de bon sens. Peut-être parce qu'elle a peur de sa façon de débarquer avec des projets qui la dépassent, mais qu'il finit, d'une façon ou d'une autre, par la convaincre qu'elle est capable de relever le défi. Mathilde sourit, et reporte son regard de noisette sur le Comte.
- Le fromage... La vérité c'est que je me bats contre moi-même pour ne pas le dévorer, parce qu'il est excellent. Il me fait penser à celui du père Quirit. Il faisait l'un des meilleurs fromages que j'ai pu goûter, et il les écoulait dans le temps de le dire au marché. Disparu un peu avant la Fange, personne n'a été capable de reprendre son affaire. Vous savez que ce goût-là pourrait être décliné avec des herbes aromatiques? Ça peut donner trois ou quatre recettes avec la même base. En tout cas moi je serai preneuse!
Mathilde découpe une autre tranche, très fine, pour la déposer sur sa langue et sourit. Elle la laisse fondre dans sa bouche et envahir son palais de sa saveur, avant de finalement reprendre. Navrée pour la scène, tantôt. Vous me faites un drôle d'effet, quand vous arrivez comme un taureau sauvage. Je sais pas débourrer les taureaux, ça doit être ça. Elle hausse les épaules. Elle n'a pas d'autre explication que celle-là. Vous parliez de votre épouse... connait-on son nom, ou bien n'est-elle encore qu'un projet sans visage? Parce que si elle n'aime pas les enfants et qu'un gamin -ou une gamine- de sept ans au moins ne trouve pas de place... ça se peut qu'il y en ait ici. Et qu'il puisse apprendre un métier avec notre famille recomposée. Je dis pas que je serai une bonne mère, mais je peux essayer, je crois.
Elle y avait songé, à cette drôle de proposition qu'il lui avait faite d'adopter une fillette qui tenait à peine sur ses pieds. Bon... peut-être un peu plus vieille, mais incapable de survivre seule si Mathilde venait à mourir. Sa rencontre avec la Fange puis avec les bannis, coup sur coup, l'avait convaincue qu'avoir un enfant était une mauvaise idée, mais d'un autre côté, elle n'en aurait jamais, n'aurait jamais de famille, et renoncer aux rires innocent d'un enfant heureux devant l'une des mille et une choses insignifiantes de la vie lui semblait impensable. Alors elle avait songé, parfois, à ce que pourrait être la chaumière avec un enfant au milieu d'adultes aux parcours de vie si différents et dont le seul point commun était la terre qu'ils cultivaient. S'il était suffisamment grand, l'enfant pourrait aider dans les champs quand il ne courrait pas derrière les poules. Il apporterait sans doute bien de la joie dans le quotidien, et naturellement un lot considérable d'inquiétudes diverses et variées... Rien d'insurmontable. |
| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Sam 7 Mar 2020 - 16:02 | | | Mathilde se lance dans une contreproposition qui n'est pas pour déplaire à Aymeric, car après tout, elle lui permet de conserver Landroval un maximum de temps. Alors certes, il reste l'achat d'un boeuf, mais ça sera rassurant aussi pour les fermiers de la Pessan. Avec deux boeufs, ils pourront bosser plus vite sans trop épuisé le leur, mais en prime cela lui permettra de louer le sien. Et effectivement, des fourrages, avec les bêtes qu'il a, ça ne sera pas du luxe. Quatre porcs, une vache, un taurillon et deux boeufs, ça bouffe, sans oublier les lapins et les poules. Pour ces dernières, notre éleveur est plus raisonnable. La production des oeufs se limite à son domaine et il renouvelle le cheptel assez facilement. Mais avec les échanges de bons procédés, il pourra récupérer peut-être une vache à meilleur prix par la suite.
- Je pense que nous avons un accord, Mathilde. Cela ne m'ennuie nullement que des fermiers avec lesquels vous avez des accords passent par chez moi. Après tout, si vous leur faites confiance, je peux aussi. Faudra juste que j'aie l'occasion de les voir et d'avoir leurs noms, histoire de ne pas confier un boeuf à n'importe qui. Quoi que je peux m'offrir quelques garanties...
Marquer ses propres bêtes est la solution qu'il envisage. Un sigle joli qui lie les Beauharnais aux Pessan, un P embrassant un B et on aurait une image reconnaissable et vendeuse, qui pourrait être reproduite aussi sur certaines fabrications sortant de l'élevage. Une caisse, les produits de charcuterie quand il aura fini son fumoir, et autre. Faudra qu'il en montre le dessin au forgeron, tiens.
- Faudrait que je renégocie avec mon forgeron. Pour l'heure, on divise les bénéfices par deux. En gros, s'il ne fout rien, il ne gagne rien. C'est motivant pour lui. Si je le fais bosser à l'oeil, il perd des sous, ce qui serait injuste maintenant que je lui ai collé un gamin dans les pattes. Car oui, je n'ai pas fait la proposition qu'à vous. Mon argument, lui qui est vraiment pas adroit avec les dames, c'est que ces dernières lui parleraient plus facilement pour l'aider à élever ce petit orphelin dont il a la garde. Bon, pas de pot, ce sont les mères de famille mariées qui lui causent pour l'heure, mais cela le change déjà. Quand il parle boulot, il cause bien, mais dès que ça sort de ce sujet... 'fin, il compte bien trouver épouse, lui aussi. Et il s'est bien attaché au ptit. Mais il sait compter. Remarquez, le ptit aussi. Et si c'est pour bosser à perte. Quoi que ça intéressera surtout les cavaliers labretans. j'reste convaincu que ça serait plus rentable de les payer avec de l'argent ou l'équivalent en bouffe. Deux couples de lapin et un clapier à l'esplanade, ça peut garantir pas mal de bouffe, voyez ?
Enfin, s'ils sont pas trop cons. Ou 5 écus et la reconnaissance du Roi si on lui amène 5 chevaux et une petite garantie de garder son logement. Pour le fromage, Aymeric sourit, de ce sourire bizarre car une moitié seulement de son visage se soulève normalement, l'autre coinçant en raison de sa cicatrice.
- Alors là, ça me fait plaisir. J'ai découvert cette fromagère grâce à Lance justement. Elle faisait du bon travail selon lui mais rencontrait des difficultés à avoir de la saumure. Je lui ai fait découvrir les vinaigriers, qui les remplacent relativement avantageusement. Ce qui fait qu'on a trouvé un accord. En échange de deux vinaigriers et de la moitié de mon lait, elle me fabrique mes fromages selon mes demandes, à savoir un fromage à pâte dure et à long affinage. Le plus long et le moins rentable à la fabrication. Mais les avantages sont nombreux. Elle, elle vend du fromage à affinage plus rapide ou mi-rapide, comme celui-ci, mais au final, on a cinq recettes. Nature, celui que vous avez goûté donc, avec trois aromates différents, ces aromates étant à sa charge puis un avec la saumure, pour un côté plus... traditionnel. Il m'est avis que votre Quint avait remplacé la saumure par du vinaigre, si vous y retrouvez le même goût. J'avoue avoir été surpris qu'il soit aussi bon. Celui de chèvre est fait surtout de saumure, mais je les inviterai à tester le vinaigre. Cela apportera de la diversité. Mais bon, comme je compte vendre une bonne part de ma production à la milice d'ici, j'pense qu'ils seront ravis aussi. Cela les aidera à m'aider, si un jour ça doit se faire. J'suis content. Mais j'en garderai pour moi et on pourra faire des échanges si vraiment vous y prenez goût. Mais je vous assure que cuit... C'est presqu'un sacrilège de le laisser vieillir encore. Presque...
Il a trop connu les missions trop longues dans les Marais que pour savoir qu'avoir de quoi grailler agréablement après trois jours dehors aide vraiment le corps et le moral que pour y renoncer. Puis du fromage chaud, quand on a froid, ben par les Trois, ça réchauffe son homme. Ou sa femme, il n'est pas un des sexistes parmi les miliciens. Une de ses amies est milicienne d'ailleurs. Bon, quand Mathilde s'excuse, il sourit et évacue le souci d'un simple geste, visiblement il ne lui en veut pas. Et quand elle aborde l'épouse, il hésite, mais finalement s'exprime.
- Je sais que tant que je ne suis pas veuf, je n'ai pas trop le droit de regarder les femmes mais je reste humain. Je n'ai fait de gringue à personne, foi de Beauharnais, mais au bal, j'ai rencontré deux nobles sans époux. L'une est veuve, l'autre n'a jamais été mariée. Et ma foi, si elles sont toujours célibataires, elles seront hautes sur ma liste. La Pessan reste une possibilité. Ou une prêtresse, ce qui ne serait pas pour me déplaire. Mais oui, j'arrive à mettre quelque visage sur ma future épouse quand je l'envisage. Mais je me permettrai de peaufiner ma liste que quand le Temple et les Trois m'y autoriseront. Et quand j'aurai ladite liste en tête et surtout mon premier choix, les choses ne traîneront pas
Un nouveau rire, très clair, presque cristallin.
- Z'allez vous marier, vous devez comprendre. C'est bien joli, leurs règles, mais quand on a goûté aux joies du couple, du couple qui fonctionne, à minima du côté de l'intime, le célibat, ça pèse. Et ici, je veux plus qu'une épouse qui se débrouille au lit. J'ai besoin d'une alliée, d'une femme qui me complète. Qu'elle ait la diplomatie que je n'ai pas, la douceur qu'il faut pour guider une fille, qu'elle soit une mère aussi pour Alix, que je puisse lui confier mes missions sociales, que je puisse me reposer sur elle. Si elle a certaines de ces qualités-là, sincèrement, même si au lit elle n'assure pas trop, ça ne sera pas trop grave. Parce que, ma nouvelle épouse, j'ai envie de pouvoir l'aimer, voyez ? Pas juste la supporter assez pour vivre avec. J'veux pouvoir lui causer sans avoir l'impression de devoir défendre ce que j'ai fait. Alors, faudra qu'elle aime le Labret, ça, pour sûr. Sinon elle sera malheureuse, et moi, je serai malheureux qu'elle le soit.
Bref, ça ne sera pas simple de trouver la perle, et cela réduira d'autant la liste... et ses recherches. Oui, la future Comtesse sera une labretane, si pas de corps, au moins de cœur. Et cela exclut un peu Apolline de Pessan, qui semble plus heureuse à l'Esplanade, à jouer les intrigues. Bah, il a assez de boulot d'ici au moment où il sera déclaré veuf.
- Ah, finalement, un ou une apprentie ne vous déplairait pas, pour peu qu'il ait l'âge d'Alix à peu près ? Cela fait partie des projets que je compte confier à la future Comtesse de Beauharnais. Simplement parce qu'avec tout le boulot que j'ai, je n'arrive pas à mener à bien ce projet. Mais dans mon esprit, c'étaient des apprentis, pas des futurs adoptés. Quoiqu'il n'y aurait rien de surprenant à ce que cela arrive. Et il est évident qu'un enfant sera heureux dans une ferme, suffit de regarder Alix. Même si elle préférerait jouer aux dames, bah, les poules, les lapins, la bonne bouffe, ça lui plait. Paraît que les gamins sont difficiles pour la bouffe, la mienne ne l'est pas. En même temps, quand on a connu la famine... J'ai pu l'adopter car j'étais bien le père. Si votre futur apprenti est adoptable, là, j'avoue que j'y connais rien. Faudra qu'on se renseigne sur le sujet. La seule chose que je sais, c'est que c'est le Temple qui s'en charge. Et j'ai trouvé ça très long. Mais elle était de mon sang, donc attendre cinq minutes était déjà de trop. Je m'engage à faire sérieusement les recherches, mais on risquera d'être en automne avant que les choses ne se lancent réellement.
Il ne s'y était pas préparé, il a sans doute hyper mal vendu la chose. Mais le délai lui paraît raisonnable et il a mis les réserves requises |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Lun 9 Mar 2020 - 1:54 | | | Mathilde hoche de la tête. La liste des paysans avec lesquels elle échange sa jument contre du fourrage est relativement limitée et il n'aura pas besoin de l'écrire tant elle est courte. A moins qu'il n'y ait trop de choses dans sa tête et que sa mémoire ne s'en trouve affectée, ce qui est fort peu probable puisque des deux, c'est elle qui a tendance à oublier les choses.
- La veuve Duclos, le père Mathurin Lapatte et le père Collateur. J'ai parlé la semaine dernière à un autre fermier, Philippe Porteneuve, mais nous n'avons rien conclut comme accord. Je pourrai te l'envoyer. Ça va couper un peu mes prévisions d'apports de fourrage mais je vais me démerder pour nourrir Marguerite et les chèvres. Au pire je troquerai, j'ai un peu de marge de manoeuvre.
Mathilde écoute les réflexions d'Aymeric au sujet du forgeron. Elle n'est pas étonnée d'apprendre que le Comte a placé un enfant auprès de lui. C'est assez stratégique de sa part. Si on survit assez longtemps, il faudra que la prochaine génération puisse prendre la relève des métiers pour assurer une vie décente aux humains restant. Et avec un enfant comme piège à femmes, Aymeric offre à son forgeron la possibilité de contribuer à créer une nouvelle génération. Elle sourit. Malin. Tout comme le fait de proposer des lapins et un clapier, afin de fournir un apport régulier de viande. Elle pourrait presque considérer la possibilité de faire partie de l'expédition, mais ce n'est pas sa place.
- Intéressant, le vinaigre. Faites un bon prix à la milice. Ils roulent pas sur l'or et ils travaillent mieux le ventre plein. C'est une bonne stratégie de s'assurer de leurs services avec de la nourriture, j'en sais quelque chose. Elle sourit, amusée, mais son sourire s'efface lorsqu'il évoque son veuvage. Son visage trahit un léger trouble, et ce n'est pas dû aux allusions de la vie matrimoniale à laquelle il aspire, bien que les allusions fassent clairement état de ses attentes au lit. Mais... je vous croyais déjà veuf. Ça veut dire que vous allez encore devoir attendre un moment, le temps d'avoir accompli une période de veuvage acceptable, ou en êtes-vous exempté dans la noblesse? Dans l'esprit de Mathilde, les nobles sont pratiquement au-dessus de toutes les lois tant ils sont puissants. Même si la Fange a changé les choses, les vieilles traditions ont peut-être la peau dure.
Aymeric parle (encore! Toujours!) de son projet d'apprentis. Mathilde sourit. Elle préfère envisager l'adoption plutôt que l'apprentissage, simplement parce que cela implique des liens plus forts, même si, avec le temps, que l'on soit adopté ou apprenti ne change pas grand chose aux liens qui se tissent. Ils ne sont là que depuis quelques mois et pourtant, les gars, ses apprentis, sont des frères à ses yeux. Évidemment, des frères auxquels elle ne transmettra jamais sa ferme, il en est hors de question. Or, la transmission de son héritage, qu'elle tient de quatre autres générations, est une question qui la préoccupe encore et toujours. Je suis pas pressée. J'ai simplement envie de pouvoir connaître la personne qui reprendra ma ferme à ma mort. Je compte vivre encore quelques années, si les Trois le veulent bien, alors j'attendrai. J'attendrai votre épouse, l'orphelin et le temple. C'est pas un problème. Elle sourit.
- Avant que vous ne partiez Aymeric... je sais que sur la question des enfants à placer à l'abri j'ai été un peu... sauvage? Mais le temps m'a, je crois, donné raison. Il y a eu de la visite, ici et à Usson. Hector de Sombrebois a passé un après-midi ici, le temps d'une pluie. C'était un peu bizarre, les gars étaient mal à l'aise et ne savaient pas où se mettre, et lui oscillait entre une étrange bonhomie et un profond désespoir. Il est parti dès que la pluie s'est calmée. Mais... quelques jours avant lui, un certain Victor de Rougelac a tenu à me rencontrer. Ça doit faire une neuvaine. Autant avec Sombrebois ça a été relativement correct, autant avec Rougelac ça a été plus tendu. Le hasard a fait en sorte que je sois à Usson au moment où il a fait une entrée triomphale, sur un cheval blanc, en jetant des pièces aux pauvres gueux que nous étions. J'étais insultée. Il voulait voir ma ferme, faire affaire avec moi, et pendant qu'il me parlait, à l'auberge d'Usson, j'ai pas pu m'empêcher de croire que l'homme qui menaçait vos protégés, c'était lui. Elle haussa les épaules. Je demande pas de confirmation, c'est pas de mes oignons, mais je vous le dis parce que j'avais besoin de vous le partager. Et de vous dire que j'ai rien conclu avec lui, que j'ai du commettre approximativement mille deux cents impairs, que c'est un miracle que je sois encore en vie et dans cette ferme, et qu'il y a fort à parier qu'il ne mettra pas les pieds chez moi. Alors s'il est l'homme que je crois qu'il est, sachez que ma ferme est désormais un lieu sûr, de ce côté-là.
Mathilde garda le silence un instant, contemplant le visage impassible d'Aymeric. Peut-être traitait-il les informations tout à coup abondantes, peut-être désespérait-il de la voir se comporter un jour correctement avec la noblesse. Elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait lui traverser l'esprit, mais elle espérait sincèrement que si le comte décide de revenir contre elle, pour lui faire payer l'un ou l'autre affront, si tant est qu'il se préoccupe d'une gueuse, Aymeric pourrait témoigner en sa faveur. Mathilde n'est pas méchante ni mauvaise, seulement fière. D'elle, de sa condition et de son Labret. Quant à Rougelac, il ne s'arrêterait probablement jamais en personne dans sa ferme, mais il n'était pas exclu qu'il passe au large pour prendre la direction de celle de son beau-frère. |
| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: [Terminé] Proposition indécente (PV Mathilde) Lun 9 Mar 2020 - 5:50 | | | - C'est vrai, avec l'apport de vos ouvriers, votre rendement s'est fortement amélioré, et forcément, cela ajoute des marges de manœuvre. Tant mieux, au final.
Et lorsqu'elle lui suggère de faire un prix à la Milice, Aymeric acquiesce de façon plus sérieuse.
- Je suis un ancien de l'externe et je ne l'oublie pas. J'étais ouvreur de voie et traqueur pour eux pendant des années, bien avant la Fange déjà. Et bien manger, ça compte. C'est pour cela que je fais des fromages à pâte dure, pour eux. Et concernant le prix, il est d'autant plus facile de le faire baisser un peu que cela permet de réduire les taxes. Être fournisseur de la Milice de Roi, ça aide bien, c'est donnant donnant. Je me fais bien voir d'eux, le Roi apprécie et ne m'ennuie pas trop, les officiers m'ont à la bonne et n'hésiteront pas à m'aider le cas échéant, cela vaut bien une vente à perte réduite par la diminution des taxes. J'en suis conscient, ils en sont conscients et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
C'est même la première chose qu'il a apprise quand il a repris les commerces de son père, abandonnés depuis. Être fournisseur de la milice offrait de gros avantages. C'est grâce à cela qu'il aura évité la purge parmi les nobles de l'Esplanade, les inutiles en ayant été chassés. Bon, en prime, lui est parti entretemps. Sur la question du veuvage, il hausse un sourcil, se sentant un peu pris en faute. Il n'avait pas réfléchi à la question.
- Vous me posez une colle. Mais ma situation n'est pas ordinaire. Quand vous avez eu le malheur de perdre votre époux, vous vous êtes retrouvée dans la même seconde seule et veuve. Ce n'est pas mon cas pour mon épouse. Je l'ai perdue, me retrouvant seul, mais sans être considéré comme veuf pour autant, car il n'y avait pas la preuve de sa mort. Et la certitude qu'elle est morte, tous ceux qui l'ont connue en ont la certitude depuis des mois, au pire un mois après sa disparition. Elle rêvait tellement d'avoir le titre de Comtesse, et je suis devenu Comte, cela aurait dû précipiter son retour. Donc, on sait que je suis veuf, mais je ne le suis pas officiellement. Par contre, je vis seul. Alors, c'est très mal vu de se remarier le lendemain de son veuvage, certes. Cela ferait jaser dans les chaumières, qu'on soit Comte ou du bas peuple. C'est aussi mal vu d'attendre plus d'un an. Il n'y a pas vraiment de durée raisonnable pour le veuvage. Le bon sens parle de trois à neuf mois et cela peut être choquant si on dépasse ce délai, d'un côté ou de l'autre. Au moment où je serai déclaré veuf,... Si je suis déclaré veuf aujourd'hui, ça fera presque 5 mois que je vivrai sans mon épouse. Et pour beaucoup, cela comptera déjà comme mois de veuvage. Si je me remarie le mois prochain, car il faut le temps de préparer le merdier, personne ne sera choqué. Parce que mon épouse est disparue depuis mars. Ce n'est pas comme si je m'étais remarié fin mars alors qu'elle a disparu début mars, vous comprenez ?
C'est ce qu'il espère, mais bon, ce n'est pas ce qui le retiendra non plus. Son explication reste pleine de bon sens. Son épouse, cela fait presque cinq mois qu'il est censé la pleurer. A l'exception près qu'elle l'a trahi et qu'il ne la pleure pas, mais cela ne concerne que lui. Cela n'était pas un mariage d'amour et nul ne l'ignorait. Il écoute presque religieusement le récit de la visite des deux nobles et attend qu'elle ait fini pour réagir.
- Ainsi donc, Sombrebois a survécu et a encore l'usage de ses deux bras ? J'ai combattu avec lui dans le Chaudron et il a subi une double blessure fangeuse à l'épaule. Ce n'est pas un stratège militaire, loin de là, mais il est courageux et de solide constitution. Je présume que le fait qu'il soit banni de Marbrume a dû jouer sur sa bonne humeur.
Il n'y a aucune raison qu'il ne le soit pas, Baron ou pas. Mais bon, son logement étant à Sombrebois, c'est un moindre mal. Pour Rougelac, la question de la constitution ne se pose pas, il n'est pas fait du bois dont sont faits les guerriers.
- Ainsi donc, cet abruti a cru faire grande impression avec une entrée triomphale en jetant des pièces du haut de son cheval blanc ? J'ignore qu'il savait monter... Tu m'étonnes que les Labretans m'apprécient si l'autre image de la noblesse qu'ils ont est Rougelac. J'devrais me fendre d'une missive pour le remercier de m'aider à ce point à bien m'intégrer dans cette partie du monde. Mais ça serait gâcher de l'encre...
Son sourire se fait carnassier. Il ne faut pas être grand clerc pour réaliser qu'Aymeric a de l'estime pour Hector et de la rancoeur a minima envers le Rougelac.
- Pour les deux orphelins que je voulais caser, c'est fait, mais vous aviez raison, ils sont fort petits. Ce qui ne les empêche pas d'apprendre. Pyo, le garçon placé chez mon forgeron, semble avoir un don pour le calcul, et dans le commerce, c'est rarement perdu. Par contre, il a peur des étincelles et n'aime pas le bruit du marteau. Mais il commence à s'y faire et il aime bien son forgeron, puis toutes ces madames qui lui apportent un ptit cadeau. Il a perdu sa maigreur. Leanna, elle, a été placée chez une herboriste. Elle reconnait déjà les plantes et aide bien celle qui l'héberge. La transmission, ça plait. Et avant Alix, je l'aurais pas compris. Mais c'est chouette de leur apprendre ce qu'on a appris.
Aymeric a bien quelques idées pour placer d'autres orphelins. Il faudrait sans doute une nounou, aussi, dans l'attente ou si l'artisan hésite à héberger son apprenti. Mais chaque chose en son temps.
- Vous pouvez garder le fromage, il m'en reste assez pour un mois chez moi. Je vais rentrer, plutôt satisfait de notre entrevue, mais avec plus de projets qu'en venant et les jours ne rallongent pas.
Trouver une épouse qui le seconde devient indispensable. Décidément, Aalicia l'aura fait chier jusqu'au bout. Il se redressera sans grande souplesse mais sans grimacer, montera sur son Landroval avec une grimace puis repartira, dignement, enfin, c'est ce qu'il croit, pour rentrer au trot chez lui, malgré sa douleur dorsale. Un bain chaud l'aidera sûrement à passer une nuit relativement reposante. |
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