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| Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] | |
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Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Mer 4 Mar 2020 - 0:57 | | | Darius sourit en coin. Bien sûr que Mathilde est libre. Elle l'est à sa manière, exactement comme il l'imagine, en fait. De temps en temps, elle parcourt les terres qui s'étendent devant eux au galop et elle crie à tue-tête, probablement juste parce qu'elle le peut, ou peut-être parce qu'elle a une raison de le faire. N'ont-ils cependant pas tous de quoi hurler, que ce soit de bonheur, de tristesse ou de colère? Darius songe qu'il devait essayer, un de ces jours, même si le silence lui réussit bien. Enfin, en quelque sorte.
Darius rit en visualisant Mathilde en train de râler dans sa tour abandonnée. Un moment de liberté peu glorieux, mais qui a le mérite de l'amuser. Comme elle, il jette un coup d'œil dans le lointain. De petits points s'agitent pour accomplir les tâches matinales et il n'a aucun doute que les femmes et les hommes qu'ils deviendront d'ici quelques minutes enverront la main à la fermière la plus célèbre du Labret lorsqu'ils la croiseront.
Darius sourit en reposant son attention sur Mathilde, qui déclare qu'elle ne peut pas faire n'importe quoi en tant que femme, au risque de trop déplaire à la gent masculine. S'il la taquine, le pirate ne la changerait pour rien au monde. Il aime que Mathilde dirige sa ferme, qu'elle sache négocier, qu'elle soit habile à l'arc. Que ces occupations soient typiquement masculines n'a pas d'importance à ses yeux, car elle donne simplement l'impression qu'elles sont faites pour elle. Il n'est pas parfait, il lui arrive de douter des compétences des femmes dans plusieurs domaines, mais il a rapidement compris que Mathilde sait ce qu'elle fait. Il lui arrive souvent d'être admiratif à son égard, non pas parce qu'elle se défend aussi bien qu'un homme dans certains domaines, mais plutôt parce qu'elle conserve malgré tout une importante part de féminité. Cet équilibre le fascine. Elle est autant capable de faire rouler sa ferme toute la journée et de revenir couverte de boue que de préparer des plats dignes de toute bonne femme au foyer et de le séduire à l'aide de quelques gestes calculés. Elle est unique. Et elle est à lui.
« Tu trouves? répond-il moqueusement à sa question. Mmm, m'ouais, c'est vrai que c'est pas mal... »
Il rit, lui jetant un regard taquin en coin. Elle sait très bien qu'il trouve attirant qu'elle sache mener son affaire, qu'il aime son petit caractère. C'est après tout ce qui lui a plus dès le départ, alors qu'elle n'était qu'une pauvre otage sur un navire marchand...
Mathilde laisse une phrase en suspens. Darius se tourne vers elle, le sourcil légèrement levé en signe d'interrogation. Il rit à sa question. Elle veut vraiment savoir pour les monstres marins!
« Tu sais quoi? J'en sais rien, en fait. Je sais pas si les monstres des histoires existent, mais c'est pas rare qu'on croit apercevoir des créatures vraiment étranges sous les flots. Comme elles sortent pas et qu'on n'a pas trop l'idée de plonger au milieu de la mer gelée pour aller leur rendre visite, on sait pas trop ce qu'elles sont. Un drôle de poisson? Un gros mammifère marin? Un monstre qui attend juste qu'on mette un orteil dans l'eau pour nous engloutir d'un coup? Qui sait... »
Darius hausse les épaules, puis continue :
« J'ai déjà entendu des histoires d'autres marins, mais j'irais pas jurer devant Rikni qu'elles sont pas nées après une bouteille de rhum ou d'eau-de-vie de trop... »
Darius ricane. Les pirates sont parfois de drôles d'énergumènes. Il y a peut-être une part de vérité dans certains récits relatés, mais il est impossible de savoir laquelle sans apercevoir le phénomène soi-même. Darius ne serait pas surpris de faire la rencontre de monstres marins. Ils ont bien des Fangeux qui rôdent sur la terre, alors qu'est-ce qui lui disait que la mer ne renfermait pas elle aussi de terribles secrets? (Il voulait bien s'en passer, par contre.)
« Je sais juste que les sirènes existent, continue-t-il avec le plus grand sérieux du monde. De magnifiques femmes qui attendent les marins pour les envoûter d'un doux chant... »
Darius avise l'air de Mathilde et éclate de rire. Il a l'impression qu'elle fait la même tête que lorsqu'il a mentionné les catins, même si, dans ce cas-ci, il raconte des histoires pour l'embêter.
« ...et les tuer. »
Darius sourit moqueusement, puis force Mathilde à s'arrêter brièvement pour l'embrasser. C'est toi, ma sirène, mais évite de me tuer, s'il te plaît. Après un long baiser, il reprend simplement leur route.
« T'inquiète, les seuls vrais monstres marins que je risque de croiser, ce sont d'autres pirates », ajoute-t-il d'un air railleurs.
Darius n'a pas repris la main de Mathilde dans la sienne, car les silhouettes qui semblaient tantôt si loin se font de plus en plus distinctes. Comme il s'en doutait, plusieurs personnes envoient la main à Mathilde quand elle passe, même si elle ne s'arrête pas, même si elle est trop loin pour échanger quelque parole que ce soit. Un garçonnet et une fillette récoltent la palme de l'enthousiasme en agitant leurs bras dans tous les sens pour saluer la fermière. Le regard de Darius se voile brièvement tandis qu'il les observe. Ils l'accueillaient comme ça, avant. Ils bougeaient dans tous les sens et échappaient à l'autorité de leur mère pour se précipiter sur le chemin – en trébuchant deux ou trois fois au passage – pour venir lui sauter dans les bras. Darius se détourne et reporte son attention sur Mathilde.
« Une célébrité locale, je te l'avais dit, la taquine-t-il. À moins que ce soit Marguerite, au fond... »
À ces mots, il s'étire pour tapoter gentiment le flanc de la jument.
« Il y a des endroits que tu aimes bien, à Usson? », demande-t-il dans un élan de curiosité soudaine, de ceux qui lui prennent souvent lorsqu'il est avec elle.
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Jeu 5 Mar 2020 - 2:36 | | | Darius n'a jamais vu nettement de véritable monstre marin, rien en tout cas qu'il ne puisse pas associer à l'abus de rhum ou au soleil qui tape trop fort sur la tête des marins, par une journée sans vent pour les faire avancer. Tout au plus a-t-il deviné des formes qui pourraient aussi bien appartenir à de gigantesques poissons qu'à un kraken qui ne sort pas de l'eau pour couler le navire, par la grâce des Trois. Darius parle des sirènes, de magnifiques femmes dont le chant semble irrémédiablement attirer les marins. Mathilde se renfrogne un peu. La vie des marins n'est vraiment faite que de femmes. Partout. Tout le temps. Dans les ports, dans les villes et villages, et même au milieu de l'océan. C'est contrariant, réellement. Même si elle ne s'attend pas à ce qu'il lui soit fidèle, elle préfère ne pas l'imaginer dans les bras d'une autre, qu'elle soit catin, sirène ou honnête commerçante de Marbrume. Mathilde presse inconsciemment le pas, le temps de quelques enjambées, mais la conclusion de Darius la surprend. Et les tuer. Le pirate la force à s'arrêter pour lui offrir un énième sourire moqueur, qui aussitôt a pour effet de faire retomber la tension qui commençait à s'accaparer de la fermière, de toute évidence plus jalouse que prévu.
Il l'embrasse. Elle boude, un peu seulement, pour le principe. Pour lui signifier qu'elle déteste ces autres femmes qu'elle ne connait pas. Pour lui dire qu'elle leur crèvera les yeux si elle les rencontre. Bon... il y a de fortes chances qu'il n'ait pas connaissance de ce détail, et qu'en réalité elle ne passe jamais à l'acte, parce que les probabilités qu'elle le débusque un jour dans un bordel de Marbrume, une catin sur les genoux, sont infimes. Pas impossibles, mais infimes. Alors elle l'embrasse en retour. Petit con. Je t'aime. Un baiser de réconciliation après une dispute qui n'a jamais éclatée, Mathilde trouve ça agréable, tout comme elle trouve agréable de l'embrasser là, sur le chemin, au milieu de la campagne où n'importe qui pourrait surgir de derrière un buisson pour les prendre sur le fait. Elle sourit, ils ne font rien de mal, après tout, ce n'est qu'un baiser.
Le pirate et la fermière reprennent la route, et si le premier évoque d'autres pirates en guise de monstres, Mathilde ne rebondit pas sur le sujet. Elle sent que Darius veut tenir ses homologues loin de leur cocon, et elle respecte cela. Ce n'est pas plus mal, à dire vrai. Séparer les deux mondes permet de la garder un peu plus en sécurité. Si un jour leur relation avait la chance d'éclater au grand jour -durera-t-elle seulement assez pour cela?-, il faudrait compter avec les ragots d'Usson mais aussi et surtout avec l'éventualité que des collègues de Darius puissent le faire chanter en l'enlevant. Ou en menaçant de le faire. Mathilde fait une petite moue contrariée. Elle représente un danger pour Darius. Une faiblesse.
Lorsque les bras s'agitent dans les airs pour saluer les promeneurs, Mathilde y répond bien volontiers. Elle murmure les noms de ceux qu'elle connait, laisse tomber l'une ou l'autre information aussi inutile que précieuse pour quelqu'un qui cherche à se familiariser avec le Labret pour en faire un chez-lui à temps partiel. Le père Vital s'est cassé la jambe un jour en allant chercher un chat tout en haut de l'arbre qui a depuis été abattu. Depuis, il boite. La mère Dufour a eu dix-neuf enfants avant que son mari ne meurt. Certains disent que c'est elle qui l'a tué, d'autres disent qu'il est mort à force de la besogner. Les enfants qui s'agitent sont les petits Delarue, des enfants trouvés après que les Fangeux n'aient ravagé les environs. Miraculeusement épargnés par le fléau, ou protégés par les Trois, selon les opinions, ils ont été recueillis par la Dufour qui avait assez d'énergie pour en élever deux autres. Du haut de leur 7 ou 8 ans environ, ils ont retrouvé la joie de vivre malgré la menace constante. Leur esprit a oublié la nuit durant laquelle leur famille a été emportée. Mathilde sourit tristement et pose, inconsciemment, une main sur son ventre vide.
- Ils adorent Marguerite. Ils la gavent d'avoine quand la mère Dufour me l'emprunte pour labourer ses champs. C'est surement Marguerite conclut-elle avec un demi-sourire. J'aurais dû les adopter... mais j'ai trop peur de disparaître et de laisser des enfants une fois encore orphelins derrière moi. C'est bête hein? Je suis certaine que je ferais la pire mère que les Trois aient fait, mais que ça rirait tous les jours dans la chaumière. Elle hausse les épaules, impuissante. Il n'est pas trop tard pour recueillir un orphelin. La Fange en crée de nouveaux chaque jour, après tout.
Mathilde est songeuse, un moment. Des endroits qu'elle aime... à Usson... Elle fait une petite moue. Il y a des endroits que j'aimais, mais Usson reste la petite ville dans laquelle on s'est entassés quand la Fange s'est abattue sur les campagnes. J'ai beau trouver la place, le four commun et les fontaines très jolis, je ne peux pas m'empêcher de me rappeler à quel point l'hiver y a été rude. Par contre, pas loin du port il y a une petite crique où mon cousin amarrait sa barque. On allait souvent par-là, plus jeunes, en famille, pour se tremper les pieds ou se pousser dans l'eau et revenir trempés et gelés à la maison. C'est un bel endroit. Je n'y suis pas retournée depuis longtemps mais ça ne m'étonnerait pas d'y voir un bateau pirate amarré non loin de là. Elle laisse couler un regard malicieux vers Darius. S'il a besoin d'un endroit où débarquer, à l'écart du port qui est surveillé, la crique est idéale... enfin du point de vue d'une fermière qui n'a mis le pied sur un bateau que deux fois dans sa vie. Un point de vue d'experte, assurément.
- Comment on fait pour trouver Isak? Une question qui permet, une fois encore, de ne pas pousser plus loin le sujet de la piraterie, ou de dévoiler un secret qui serait trop dangereux à partager. Mathilde scrute l'horizon, au moins autant que le ciel. Pas de nuage, pas de menace. Le Labret s'active, les oiseaux chantent dans le ciel, tout cela est de bonne augure. La seule ombre au tableau est sans doute que le port n'est déjà plus si loin d'eux, et que dans quelques minutes, ils en apercevront, de loin, les structures et les petites silhouettes qui s'agitent peut-être déjà pour charger un bateau amarré. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Jeu 5 Mar 2020 - 4:53 | | | Mathilde n'a pas besoin de dire qu'elle est jalouse. Tout chez elle le crie : sa mine qui se renfrogne, son pas qui s'accélère, ses lèvres qui boudent pour le principe quand il l'arrête pour l'embrasser. Darius s'amuse de sa réaction face à la simple évocation d'une créature mythique qui pourrait essayer de l'envoûter. Il ose à peine imaginer l'air qu'elle lui servirait s'il trouvait une catin assise sur ses genoux. Elle se découvrirait probablement le pouvoir de tuer du regard. Darius devrait sans doute être agacé par cette jalousie, mais il ne pousse pas l'hypocrisie jusque-là. Songer à Mathilde avec un autre homme lui donne des envies de meurtre. Il est aussi jaloux qu'elle et, s'il ne lui a pas demandé l'exclusivité, il espère qu'elle la lui offrira, même s'il sait qu'il ne sera sans doute jamais capable de lui retourner la pareille. Enfin, d'une certaine façon. Elle n'a aucune inquiétude à se faire pour son cœur, qu'elle lui a volé beaucoup trop rapidement, beaucoup trop facilement. Il lui appartient, que lui soit à la chaumière ou au milieu de la mer. Darius et Mathilde reprennent leur route. Des habitants saluent la fermière, qui, évidemment, leur répond. Le pirate écoute les informations qu'elle lui transmet au sujet des gens qui les regardent passer. Elle connaît les histoires de chacun. Le père Vital, qui s'est cassé une jambe après avoir tenté de sauver un chat dans un arbre. La mère Dufour, qui a eu dix-neuf enfants – bon sang, dix-neuf! – et qui a peut-être un sombre meurtre à son actif. Les gamins, ce sont des orphelins recueillis par la dame. Darius pivote vers Mathilde. J'aurais dû les adopter. Il la regarde un instant tandis qu'elle a, comme systématiquement, posé une main contre son ventre demeuré vide. Il sourit vaguement en coin. Il ne croit pas un seul mot de ce qu'elle dit. Comment pourrait-elle être la pire mère que les Trois aient faite alors qu'elle prend assurément mieux soin de tout le monde que quiconque à Usson? Darius sait qu'elle ferait une bonne mère. Il ne remue cependant pas le fer dans la plaie et se contente de la réconforter d'une discrète caresse dans le dos. Qu'elle n'ait jamais pu avoir d'enfants est à la fois une malédiction et une bénédiction. Elle aurait eu quelques belles années avec eux, puis ils seraient sûrement morts avec le reste de sa famille. Un frisson parcourt l'échine de Darius. Mathide parle d'Usson, mais surtout d'une crique où son cousin amarrait sa barque de son vivant. Darius sourit en coin quand elle évoque la possibilité que l'endroit ait été investi par les navires de pirates. Il est certain que c'est le cas et qu'il connaît déjà cette crique lui-même. Il parcourt le littoral depuis si longtemps que celui-ci a bien peu de secrets pour lui. S'il y a un endroit où il peut amarrer son bateau à l'abri des regards ou des intempéries, les chances qu'il ne l'ait pas déjà repéré sont faibles. « Je vais aller le chercher dans la crique de ton cousin, répond Darius d'un air moqueur. Plus sérieusement, je vais te demander d'attendre au port le temps que je le ramène. J'en aurai pas pour longtemps, mais il vaut mieux que tu restes à l'écart de mes gars. J'ai pas envie qu'ils soient furieux parce que tu as vu la planque et que certains commencent à avoir des idées qui nous plairont pas. Et avant que tu me menaces : oui, je vais revenir. »Darius ricane, puis sert un regard affectueux à Mathilde. Il ne laissera aucun des pirates de son équipage effleurer son refuge. On finira sans doute par se rendre compte de sa relation avec la fermière, mais il fera tout pour la protéger. Les gars et même les autres pirates avaient appris à rester loin de sa femme et de ses enfants à l'époque. Il leur rafraîchira la mémoire au besoin. Après quelques minutes de marche, le port se dessine sous leurs yeux. Bien vite, ils y seront. Trop vite. Darius jette un coup d'œil à Mathilde, qu'il ne peut plus se risquer à toucher maintenant qu'ils sont près de la civilisation. Il plisse le nez. « J'aurais vraiment dû te faire l'amour une dernière fois ce matin », déclare-t-il avec un désespoir exagéré. Darius secoue la tête en riant. Ils ont beau avoir passé la nuit à s'aimer, il n'est pas rassasié. Les deux derniers jours ont filé à une vitesse folle. Il aimerait reculer le temps juste pour pouvoir les revivre une deuxième fois et s'assurer de profiter de chaque seconde. Malheureusement, le temps semble plutôt s'accélérer. Le port est là, sous leurs yeux, sous leurs pieds. Darius regarde Mathilde dans les yeux. Il n'aime pas le parfum d'au revoir qui commence à s'installer. « Je reviens. Reste près d'ici. Je reviens. »Il a une envie folle de l'embrasser, mais doit seulement se résoudre à s'éloigner sans succomber à ce désir. Une chose est cependant certaine : lorsqu'il partira pour de bon, il trouvera un coin isolé pour échanger avec elle un dernier baiser digne de ce nom. *** Lorsque Darius revient, une vingtaine de minutes plus tard, il est accompagné de son cousin. Côte à côte, à avancer ainsi au même rythme, les deux hommes ont réellement un air de famille. Si chacun dégage quelque chose d'entièrement différent de l'autre, il y a entre eux cette harmonie perceptible de ceux qui ont passé leur vie ensemble et qui se connaissent au point de ne plus parvenir à se cacher quoi que ce soit. Darius et Isak approchent. Le cousin semble détendu. Les deux jours passés à ne pas faire grand-chose, même s'ils n'ont pas été lucratifs, auront été bénéfiques pour lui. Une fois près de Mathilde, il salue celle-ci d'un hochement de tête et d'un sourire. Il la regarde un peu différemment que la dernière fois où ils se sont vus. Il est impossible à berner. Il sait. « J'ai entendu dire que tu avais quelque chose de précieux pour moi, mais ce con refuse de me dire quoi. »« J'ai pas refusé de te dire c'était quoi, je t'ai juste dit que c'était pas trois mille écus, un navire dernier cri qui fend n'importe quelle tempête, une bande de paysannes qui ne rêvent qu'à toi la nuit... »« Et t'as réussi à le supporter deux jours? Ça vaut pas mal plus qu'une traversée, ça. Je suis assez certain que nous avons une dette envers toi, maintenant. »Isak sourit moqueusement tandis que, derrière lui, Darius offre son sourire le plus charmant à Mathilde. |
| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Dim 8 Mar 2020 - 5:25 | | | Je vais aller le chercher dans la crique de ton cousin. Mathilde rit. Elle n'en croit pas un mot, à cause de l'air moqueur qu'il affiche. Darius lui demande de l'attendre, afin que ses gars ne la voit pas. Elle hoche de la tête. Il y a des secrets qu'il vaut mieux qu'elle ne connaisse pas... et si Darius estime qu'il est mieux pour elle que les pirates ne la voient pas, c'est qu'il y a une bonne raison, aussi lui fait-elle pleinement confiance. Mathilde ne peut pas s'empêcher de songer qu'il trouve une excuse pour mettre rapidement fin à leurs adieux. Elle a à peine le temps de froncer les sourcils qu'il répond déjà à son inquiétude en lui assurant qu'il va revenir. - T'as intérêt. Se contente-t-elle de répondre, un sourire en coin, laissant flotter une menace aussi silencieuse qu'inutile dans l'air. Elle lui lance une petite bravade du regard, à laquelle il lui répond par une déclaration théâtrale. J'aurais vraiment dû te faire l'amour une dernière fois ce matin. Elle prend un air faussement désolé. Je suis tout à fait d'accord avec toi, mais tu as préféré manger et ménager tes forces parce que soi-disant la vie sur un bateau est difficile, demande une vigilance en tout temps et ne te permet pas vraiment de te reposer. Elle hausse les épaules. S'il est théâtral, elle l'est tout autant, simplement parce qu'elle aime entrer dans ses jeux. Pauvre de moi. Délaissée pour quelques bouchées de pain. Elle porte sa main au front et prend une mine désespérée avant d'éclater de rire. Arrange-toi pour qu'il y ait d'autres occasions. Bientôt, si possible.Darius s'éloigne. Vu comme ça, ils ont l'air de deux personnes vaguement familières l'une pour l'autre, qui ont fait un bout de chemin ensemble en parlant pour passer le temps. Mathilde sourit. Ils sont un peu plus que ça, en réalité, mais encore à mille lieues d'être réellement deux âmes qui se connaissent depuis toujours, au point de ne plus pouvoir tromper personne. Le secret est sauf, pour le moment... à condition qu'elle arrête de le regarder s'éloigner, comme une petite femme de main qui contemple le bateau prendre la mer. Mathilde secoue la tête et emmène Marguerite dans la petite foule d'hommes et de femmes déjà au travail. Elle a un peu de temps devant elle. Combien? Elle l'ignore. Suffisamment sans doute que pour mettre la main sur un responsable qui va pouvoir lui donner des indications sur la fréquence des bateaux et sur la place à laquelle elle peut aspirer pour ses récoltes. Elle pourra ramener les informations à de Terresang, pour l'Ordre, et à Darius, pour ses petites affaires. Il ne lui faut que quelques minutes pour trouver un grand gaillard aux cheveux grisonnants qui semble être le plus à même de répondre à ses questions. - Mathilde Dumas? Vraiment? Vous êtes une célébrité par ici, vous savez? L'immense paluche se referme sur la main de la fermière, qui paraît tout à coup particulièrement menue. - Moui... enfin j'aimerais que ma réputation provienne plutôt de mes légumes que de mes prouesses à me sortir de situations malencontreuses. Mathilde sourit. Des miliciens se sont arrêtés à la ferme hier et m'ont dit que les convois par bateaux vont s'intensifier. L'an passé j'ai opté pour le transport terrestre, mais c'est pas vraiment sécuritaire, surtout avec l'abondance des récoltes et le nombre de bannis qui a subitement augmenté. Ça fait beaucoup de monde dans le besoin et prêt à détourner des convois, disons. Alors j'aimerais savoir comment ça fonctionne, par bateau, et si je peux espérer de la place pour mes récoltes.- Oh ben ça ma p'tite dame c'est pas bien compliqué, je vais vous expliquer ça.*** Un quart d'heure plus tard, alors que Mathilde a remis un panier d'oeufs à un milicien -de quoi réaliser un casse-croûte parfait!-, Mathilde aperçoit deux Darius, au loin, venir vers elle. Elle fronce les sourcils. A mesure qu'ils se rapprochent, elle reconnaît Isak et se rend compte qu'elle n'avait pas remarqué à quel point les cousins se ressemblaient, sur le bateau. Pourtant, là, dans la lumière du matin, avançant côte à côte, leur lien de sang est indéniable. Ils pourraient passer pour des frères. Mathilde décide d'aller à leur rencontre, pour s'éloigner juste de ce qu'il faut des miliciens et des marins encore à terre. L'aîné semble détendu, et donc pas fâché d'avoir été privé de son cousin pour deux (ridiculement trop courtes) journées, et lorsqu'ils se rejoignent enfin, il se fend même d'un hochement de tête et d'un sourire. Mathilde pourrait rougir, parce que son regard en dit long. Il sait... mais que sait-il, en fait? Que Darius aime les femmes et qu'il s'est attardé à la ferme par affinité et non par nécessité. En sait-il plus? Peut-être. - Contente de te revoir! C'est vrai. Ils ont peu parlé, mais les quelques échanges qu'ils ont eu lui inspirent la confiance et sans doute une certaine forme de respect, qu'il doit essentiellement au fait d'avoir ramené la fermière saine et sauve au Labret malgré les flots déchaînés... ou presque. Mathilde ne sait pas que ce qu'elle a affronté n'est qu'un petit crachin, et qu'une tempête, une vraie, est cent fois pire. Les cousins se taquinent gentiment. La fermière ne peut s'empêcher de rire devant la scène qui lui semble tellement loin de leur première rencontre, où, la peur au ventre, seule dans la cale, elle faisait tout pour éviter un affrontement. Elle se retourne pour ouvrir la besace et y prélever, en douceur, le gâteau défendu face à l'estomac féroce de Darius et au regard envieux de Marcus. Elle fait à nouveau face aux pirates -eh bien bravo Mathilde!-, et tend le gâteau enveloppé à Isak. - C'est juste pour te remercier de le reprendre avec toi, parce que moi je n'en peux plus et que je sais que tu vas avoir besoin de beaucoup de courage pour tenir le coup. Mathilde affiche un sourire à peine exagéré. Tu feras attention, il essaie de le manger depuis hier soir. Je crois qu'il n'hésitera pas à te le voler dès que tu auras le dos tourné. A-t-elle besoin de spécifier que le gâteau, c'est surtout pour se faire pardonner d'avoir retenu le capitaine du navire à terre un peu plus longtemps que prévu? Ce n'est probablement même pas nécessaire. S'il y avait eu une urgence, il serait venu le chercher à la ferme, tout simplement. Quand il sera réellement insupportable, tu me le ramèneras. Ça te donnera le temps de souffler. Et je trouverai bien de quoi l'occuper pourrait-elle ajouter, si cela n'était pas un brin trop provocateur. Mathilde regarde Darius et lui fait un clin d'oeil espiègle. Elle se retourne à nouveau et sort un paquet de galettes d'avoine qu'elle lui tend. C'est pour compenser l'affront. Je sais que ça ne vaut pas un gâteau mais quand il le mangera dans ta face, tu pourras toi aussi grignoter quelque chose. Elle glousse. Elle les a faites pour lui et le dessous, légèrement plus doré que la normale, lui rappellera qu'elles ont failli brûler à cause de son empressement. - Prenez-vous la mer tout de suite? En temps normal, la question de Mathilde aurait commencé par Avez-vous le temps pour... suivi de l'une ou l'autre excuse pour s'attarder. Un verre à l'auberge, un petit repas, une visite chez un artisan, une discussion dans un coin tranquille. Mais elle est consciente de l'avoir assez retenu, et qu'en le retenant, elle obligeait tout un équipage à rester à terre. Alors en sage femme de marin pirate, Mathilde pose sa question de la façon qu'il convient, laissant la possibilité aux cousins de le trouver, le prétexte, ou bien de hocher de la tête et de mettre fin à des adieux qui pourraient s'étirer toute la journée. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Dim 8 Mar 2020 - 18:59 | | | Darius sourit en coin devant l'enthousiasme dont fait preuve Mathilde tandis qu'elle salue Isak. Elle semble sincère en disant qu'elle est contente de le revoir. Il n'est pas surpris. De ce qu'il a vu, les brefs échanges qu'ils ont eu à bord du navire ont été cordiaux, voire amicaux, et Isak est le genre de type avec qui il est facile de s'entendre. C'est sans compter que Darius sent qu'elle aimerait, dans une certaine mesure, apprendre à mieux connaître Isak. Peut-être pour apprendre à mieux le connaître lui, ou simplement parce qu'elle l'apprécie. Ou un mélange des deux.
Isak rit en prenant le paquet que lui tend Mathilde. Tandis qu'elle parle, il ouvre avec une certaine curiosité un pan de tissu pour voir de quoi est constituée l'offrande. Une lueur gourmande traverse son regard alors qu'il découvre et hume le gâteau aux pommes. Il ne se délecte du parfum que quelques secondes avant de refermer le paquet, car s'il y a une chose qu'il n'a pas de mal à croire, c'est bien que son cousin a dû tenter au moins mille fois de manger le dessert entre le moment de sa confection et cette rencontre. S'l y a une chose qu'il ne croit pas le moins du monde, par contre, c'est que la fermière n'en peut plus de Darius et qu'elle est contente de se débarrasser de lui. Elle n'a pas besoin de le montrer pour qu'il le sache... surtout qu'elle lui laisse entièrement l'occasion de le ramener quand il le trouve « trop insupportable ».
« J'ai beau être un... marin particulier, je suis pas sûr d'avoir le cœur de t'imposer un truc pareil, dit-il moqueusement. Il y a quand même des limites à la torture. »
Isak se prend une claque derrière la tête de la part de Darius, mais il est sauvé du reste de la vengeance du cadet par une nouvelle offrande alléchante de Mathilde : des galettes à l'avoine. Darius abandonne son projet pour se saisir du paquet qui lui est destiné. Comme son cousin avant lui, il soulève un petit pan du tissu qui enveloppe la nourriture pour y jeter un coup d'œil. Il sourit en coin à Mathilde en voyant que le dessous des galettes est un peu trop dorée. Les images qui lui viennent en tête lui font encore une fois regretter de ne pas avoir profité de la matinée pour faire une dernière fois l'amour à sa belle fermière. Quelle mauvaise décision!
« Et qui te dit que je vais pas trouver le moyen de manger les deux? déclare-t-il avec un sourire en coin provocateur, non sans détacher un petit bout de galette pour l'enfourner dans sa bouche.
- Moi, parce que je vais te foutre à l'eau si tu touches à une miette de mon gâteau.
- Heureusement que je suis un excellent nageur. »
Isak plisse les yeux de façon menaçante et Darius rit de bon cœur. La question de Mathilde les ramène cependant tous deux à l'ordre. Le départ est imminent, tout le monde le sait. Il y a malgré tout dans l'air un espoir, celui de parvenir à étirer encore un peu le temps.
« Bientôt, répond Isak. Les gars sont en train de préparer le navire. On a encore un petit instant, par contre. »
D'un geste, Isak invite Mathilde et Darius à longer le littoral un peu en retrait du port, histoire d'être loin des oreilles indiscrètes. C'est presque inconsciemment qu'il laisse son cousin marcher près d'elle même s'il s'adresse à elle à voix basse :
« Darius m'a parlé de votre accord en chemin. Pendant la saison forte, on va rester amarrés près d'ici autant que possible et laisser un gars à Usson pour transmettre tes messages jusqu'au navire. Il vaut mieux pour ta sécurité que tu saches pas directement où il est.
- Tu vas quand même utiliser le code dont on a parlé, indique Darius. T'auras pas à interagir avec notre type, il va passer deux fois par jour à un endroit que tu nous désigneras pour voir si t'as pas laissé un message.
- Mais pas de panique si jamais tu le croises. C'est un gars bourru, mais pas spécialement méchant. Il t'embêtera pas. »
Darius acquiesce pour confirmer les propos de son cousin. Il ne laisserait jamais à Usson un gars qui pourrait apporter des problèmes à Mathilde d'une quelconque façon que ce soit. Il aurait préféré une autre façon de faire, mais ils ont besoin de pouvoir communiquer rapidement. C'est la solution la plus logique. Darius ne peut cependant pas s'empêcher de se dire qu'il sera difficile d'être si proche et si loin de la ferme à la fois. Même si le navire restera non loin, dissimulé dans l'une de ces criques uniquement connues des pirates, il ne pourra pas toujours se permettre de débarquer pour aller voir Mathilde, pas s'ils veulent reprendre la mer assez rapidement pour prendre de court les autres pirates et s'approprier les meilleurs convois grâce aux informations privilégiées obtenues.
Sans rien dire, Darius s'éloigne quelque peu d'Isak et de Mathilde, se rapprochant de l'eau pour observer l'horizon, où d'autres navires naviguent au loin. Il essaie visiblement de les distinguer, probablement de voir s'il s'agit de navires marchands ou d'autres pirates malgré la distance.
Isak saisit l'occasion pour jeter un coup d'œil à Mathilde et se permettre un sourire en coin où plane une ombre taquine.
« J'imagine que je vous laisse un moment avant qu'on reparte? », demande-t-il tout bas.
Isak tapote gentiment l'épaule de Mathilde, l'air de lui dire qu'elle n'a pas à être embarrassée par son histoire avec Darius, peu importe ce qu'elle est vraiment. Il semble même plutôt content de la tournure des événements. Quelque part, il espère que le lien que son cousin a tissé avec Mathilde lui permettra un jour de se libérer du passé qui le pèse encore même s'il prétend le contraire. Pour une raison obscure, il sent qu'un jour, la belle fermière va réussir à voir ce que Darius cache. Il sent que Darius va le lui montrer volontairement. Il le croit réellement.
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Lun 9 Mar 2020 - 3:35 | | | Il y a quand même des limites à la torture. Mathilde éclate de rire. Il est de notoriété publique que la Dumas a survécu aux fangeux et aux pirates, je devrais me débrouiller avec ce marin. Il n'a pas que des mauvais aspects. Son rire se calme alors qu'elle regarde Darius déballer son paquet. Ils sont drôles, tous les deux, avec leurs petites gourmandises préparées par la veuve Dumas, comme deux hommes parés à partir pour un long voyage. Darius provoque une fois encore son cousin, qui le lui rend bien. Oui, ces deux-là ont réellement grandi ensemble et ont une complicité évidente. Elle brise pourtant l'instant bon enfant par sa question on ne peut plus pragmatique, à laquelle Isak répond par un Bientôt qui vient confirmer que les au revoirs sont proches. Mathilde se promet de ne pas être de celles qui usent quatre mouchoirs et dont les yeux bouffis et le nez dégoulinant sont la dernière image qu'elles offrent à l'être aimé.
Isak les invite à faire quelques pas, en s'éloignant de la zone portuaire un peu trop fréquentée. Une mesure de prudence que Mathilde saisit bien. Le vent semble un peu plus fort, au bord de l'eau. Il a cette bonne odeur saline qu'elle apprend à aimer, cette même odeur qui imprègne les vêtements et la peau de Darius. De son index, elle ne peut s'empêcher d'effleurer le dos de la main de son amant, lorsque celle-ci est à portée et que le geste est discret.
Mathilde se concentre pourtant sur la voix d'Isak, qui lui explique le plan. Un bateau amarré, toujours prêt à partir, dans un endroit dont elle ne connaîtra pas l'emplacement par mesure de sécurité, pour elle comme pour eux. Qui sait ce dont une femme jalouse ou trahie peut être capable, après tout? Le savoir si proche et si loin à la fois va rapidement devenir une torture. Autre bonne raison que pour qu'elle ne connaisse pas l'emplacement du navire, afin qu'elle ne débarque pas à l'improviste, portée par une vague de nostalgie. Un gars qui passera voir s'il y a des nouvelles dans un lieu qu'elle aura choisi, deux fois par jour. Un gars qu'elle ne doit pas craindre... elle sourit. Comme si elle craignait quelqu'un. Elle se méfie, oui, mais elle n'est pas la plus peureuse, sans quoi elle ne se serait pas aventurée à négocier avec des pirates. Elle sait aussi que Darius sait où est son profit, et que même si elle ne comptait pas pour lui, il aurait eu le bon sens de laisser un gars qui ne représente pas une menace pour l'informatrice qu'elle se prépare à être.
- A côté des écuries, derrière le muret de pierre, il a une boite de bois à moitié démolie. Il est facile d'y déposer quelque chose ou de ramasser un message. Je me suis déjà penchée sur le sujet en me disant que c'était exactement là que je laisserais des notes secrètes. J'ai guetté pendant des semaines. Rien. C'est décevant. Si la boite vient à disparaître, qu'il m'attende dans le coin du four commun, on conviendra d'un autre endroit... mais... Mathilde les regarda l'un et l'autre. Démarche similaire, nonchalante, haute taille, presque la même carrure... faciles à confondre, de loin. Elle reprend. Je voudrais pas briser le protocole dès le départ, alors est-ce que je dois attendre votre gars pour vous dire que l'activité d'aujourd'hui augure un arrivage en provenance de Salers, prévu pour demain, et qu'il sera bonifié par la mine de fer, ce qui fait qu'il n'y a plus de place pour les légumes de la brave Mathilde, ou bien je vous le dis tout de suite? Elle sourit. Quelques instants plus tôt, elle offrait une mine réellement dépitée au grand gaillard qui lui annonçait que le prochain convoi était déjà plein, et qu'il faudrait attendre le suivant, prévu la semaine prochaine, si les éléments et les Trois le voulaient. Il faudrait qu'elle revienne s'informer, suggestion qu'elle accueillit avec un demi-sourire tout en en saisissant l'ironie. S'informer pour mieux informer à son tour. Démerdez-vous pour ne pas être trop loin si ce genre de cargaison vous tente.
Darius s'éloigne un peu, le regard tourné vers la mer qui l'appelle, encore et toujours. Mathilde le suit des yeux, un instant seulement, suffisamment longtemps que pour qu'Isak saisisse son mouvement et qu'il se penche pour lui proposer de leur laisser un moment, une lueur taquine au fond des yeux. Elle se maudit pour sa propre bêtise. Elle s'est faite avoir comme une débutante.
- Il est pas si insupportable admet-elle, un sourire aux lèvres. Je te le vole pour un instant seulement. Je crois que la mer commence à être jalouse et qu'elle l'appelle avec insistance. Je peux rien contre ça, hein? Elle hausse les épaules, impuissante et résignée, mais pas malheureuse. Ça fait partie du jeu. Isak ne demande pas d'explications, pas de précisions quant à ses intentions envers Darius, et son regard est plutôt bienveillant. Il sait tout, d'un seul regard il a tout compris. A moins que Darius ne lui ai parlé, sur le chemin. Je sais à quel point il est important pour toi. Il l'est aussi pour moi. Mathilde glisse une main dans la besace, toujours placée sur le dos de Marguerite qui broute l'herbe salée, sereine, comme si le monde n'était pas en train de s'effondrer autour d'eux. Elle referme la main sur une dernière attention et laisse Isak et Marguerite pour quelques instants, le temps de rejoindre Darius, tourné vers l'océan. Elle s'arrête à un pas derrière lui.
- Tes yeux ont la couleur de l'océan. Parfois verts, parfois bleus, parfois gris. Les miens sont bruns comme la terre. Tu vois, notre appartenance est inscrite en nous. On peut leur tourner le dos un moment, mais ils finissent par nous rattraper. Elle sourit, dans son dos, et jette un regard aux alentours. A gauche, personne. A droite, du côté du port, des buissons font écran et les masque d'éventuelles surprises. Derrière eux, Isak et Marguerite, duo qui veille silencieusement, chacun à sa manière, à leur tranquillité. Mathilde enlace Darius et se colle contre son dos. Trouve une solution pour tes cales humides. On patauge dans la flotte quand la mer est houleuse, c'est pas bon pour les caisses de légumes et les sacs de grains. Tu vas en avoir dans les prochaines semaines, faut arranger ça sinon tu vas revendre une marchandise dont la qualité sera moindre. C'est pas bon pour ta réputation.. Ses mains se rejoignent à hauteur de son ventre. Celle de droite s'ouvre sur un brin de lavande. Mathilde se hisse légèrement sur la pointe des pieds pour murmurer à l'oreille de Darius. Ça, c'est pour quand tu t'ennuies de l'odeur de la terre. Et que tu penses à moi en regardant les étoiles. Elle se détache de son dos pour venir à côté de lui. Elle pourrait lui dire d'être prudent, mais il ne mène pas la vie la plus prudente qui soit. Elle pourrait lui suggérer d'éviter les ennuis avec les autres équipages, ou encore les bordels, mais ça serait aller contre ce qu'il est. Or, elle l'aime comme il l'est, même s'il incarne tout ce qu'elle déteste, en temps normal. Ce qui les lie est inexplicable. Nouveau regard sur l'horizon, autour d'eux. Rien. Isak fait le guet, leur tournant ostensiblement le dos. Je vais t'attendre, Capitaine. Penser à toi dès que j'en aurai l'occasion. Je guetterai les voiles lorsque je serai au port. La main de Mathilde se glisse dans celle de Darius. Elle mêle ses doigts à ceux du pirate, une dernière fois, et porte son regard sur la mer qui lui a offert sa plus belle rencontre, son rêve de revoir les étoiles et une averse comme elle n'en avait pas connues depuis des années. Elle pourrait en être jalouse, mais Mathilde lui en est reconnassante. Je t'aime Darius Vortigern. T'as intérêt à revenir. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Mar 10 Mar 2020 - 0:15 | | | Darius sourit évidemment en coin lorsque Mathilde, comme pour offrir un cadeau d'au revoir aux deux pirates, « brise » le protocole pour glisser quelques informations sur le prochain convoi d'intérêt à partir du port. Isak est aussi amusé et apprécie de plus en plus la fermière de qui son cousin s'est amouraché de façon complètement inattendue. « On va probablement traîner dans le coin, répond Darius. Histoire de profiter encore un peu du paysage. Évidemment. »Darius ricane, puis s'éloigne quelque peu. Il n'a rien dit, mais il a pris en note les instructions de Mathilde pour la transmission des messages. Elle le sait probablement déjà juste à la manière dont il a effleuré sa main en retour, l'air dire Bonne idée, belle fermière. Reçu cinq sur cinq.Pendant que Darius laisse son regard traîner sur la mer et les bateaux qui la parcourent, Isak surprend – sans même essayer, à vrai dire- Mathilde en train de suivre son cousin des yeux. Elle ne l'a pas regardé longtemps, mais juste assez pour que l'aîné ait une nouvelle confirmation du lien qui s'est tissé entre elle et Darius. D'ailleurs, quand il se penche vers elle pour lui offrir un moment de tranquillité pour les au revoir, les aveux viennent rapidement. Il n'est pas si insupportable. Isak sourit, plus attendri qu'amusé. « Non, t'y peux rien, confirme-t-il en réponse à la question de Mathilde. Mais la terre va l'appeler aussi, maintenant. Et il va répondre à son appel. »Isak la laisse s'éloigner et se tourne en direction du port pour faire le guet. C'est sa façon de donner son approbation, de lui faire comprendre qu'il n'a aucun doute que Darius est important pour elle et que c'est bien pour cette raison qu'il n'intervient pas. Il pourrait donner mille et un avertissements au sujet de son cousin, mais il a l'impression que c'est inutile, que c'est déjà trop tard et que, même si ce n'était pas le cas, rien ne changerait, car elle semble déjà savoir parfaitement à quel type d'homme elle a à faire. Derrière lui, Darius entend les pas de Mathilde approcher. Il se retourne à peine, juste assez pour pouvoir la regarder du coin de l'œil alors qu'elle parle et remarquer qu'Isak leur fait dos et passe le temps en caressant le flanc de Marguerite. L'heure est à la séparation et elle est venue lui dire au revoir. Même s'il y a un risque – infime vu leur position stratégique, mais un risque tout de même – de se faire prendre, elle l'enlace par derrière. Il caresse d'une main les bras qui se sont refermés autour de lui et rit un peu en l'entendant lui répéter de trouver une solution pour sa cale. Comme lui, elle choisit bien ses moments, parfois! « Je te remercie de t'inquiéter de ma réputation de pirate, aimable fermière, la taquine-t-il à voix basse. Je vais voir ce que je peux faire pour la sauver avant que les grains soient tous mouillés et qu'il soit trop tard. »Darius baisse alors le regard sur la main de Mathilde, qui s'est ouverte pour laisser apparaître une brin de lavande. Le murmure que souffle son amante à son oreille lui tire un léger frisson. S'imagine-t-elle seulement à quel point il va penser à elle et à quel point elle rend difficile de la quitter en étant aussi... aussi... elle? Presque délicatement, il prend la tige de lavande et détache une sangle de son armure pour la glisser contre lui, dans une sorte de petite pochette intérieure. Après avoir rattaché la sangle, il laisse Mathilde de saisir de ses doigts et presse sa paume dans la sienne. Il lui jette un regard et lui sourit avant de reporter son attention sur l'horizon. Il garde le silence tandis qu'il caresse sa main de son pouce. Il n'a rien de particulier à lui offrir, juste les moments qu'ils ont passé ensemble et ce désir tangible de revenir vite qui s'apparente drôlement à une promesse pour un homme qui tient à ne pas à faire. Je t'aime, Darius Vortigern. T'as intérêt à revenir. Darius détache de nouveau son regard de l'horizon pour le poser sur Mathilde. Il la fixe brièvement, puis pivote vers elle et retire sa main de la sienne pour cueillir son visage de ses doigts. Il se penche ensuite vers elle, laisse leurs nez s'effleurer, leurs souffles se mêler, leurs lèvres se frôler. « Moi aussi », murmure-t-il si bas que les mots sont presque inaudibles, qu'il ne se rend lui-même pas compte qu'ils ont quitté ses pensées pour franchir ses lèvres. Darius n'ajoute rien d'autre, rien d'autre qu'un long baiser tendre qui s'éternise. L'une de ses mains quitte le visage de Mathilde pour l'enlacer et la ramener contre lui. Un moment, Isak, le port, le départ, rien de tout cela n'existe. Même la mer, qui lèche pourtant leur peau de son vent salin, disparaît. Le refuge s'érige de nouveau un instant seulement, jusqu'à ce que les lèvres se séparent et que les corps s'écartent à regret. Darius regarde Mathilde dans les yeux et lui offre un dernier baiser très léger. Allez. Je dois y aller. Et toi aussi. Sans un mot, après l'avoir caressée une dernière fois du regard, il s'éloigne pour aller rejoindre son cousin, à qui il fait signe qu'ils partent. Alors qu'il a déjà fait quelques pas en compagnie d'Isak et qu'il entend Mathilde s'éloigner dans la direction opposée avec Marguerite, Darius se retourne. « Belle fermière! », appelle-t-il, assez fort pour qu'elle l'entende. Il attend qu'elle se retourne et, si elle ne le fait pas, crie à nouveau son nom jusqu'à ce qu'elle pivote. « Fais panais-porte quoi en mon absence, hein? », lui lance-t-il. Darius part dans un grand rire et, après un ultime regard vers son amante, repart vers son navire. Il est temps de mettre les voiles. RP TERMINÉ |
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