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| Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] | |
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Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Mer 15 Jan 2020 - 5:32 | | | Tu es tombé dans le piège, amateur. Darius rit devant l'air triomphant de Mathilde.
« Ça m'apprendra à te laisser des instants de répit et à baisser ma garde », dit-il en secouant la tête, comme peu fier d'être tombé dans le panneau.
Darius se détache de Mathilde un instant pour prendre quelques gorgées d'eau – l'alcool aux prunes, c'est bien, mais ça a des vertus hydratantes limitées. Il pose une question anodine et se prend un drôle d'air de sa belle fermière, qui répond d'un ton pratiquement monocorde sans faire attention à cette autre question qu'il lui transmet par le regard. Il se contente d'acquiescer, cherchant un peu à comprendre la réaction de son amante. Il n'a, après tout, rien dit de particulier. Peut-être qu'elle ne veut simplement pas répondre à l'autre question pour une raison ou pour une autre. Elle n'est pas obligée. Elle ne lui doit rien, rien d'autre que ce dont ils ont convenu officiellement à bord du navire, alors il ne va pas insister. Il aimerait cependant avoir accès à ses pensées. Juste une ou deux secondes. Juste pour comprendre ce qu'il a raté ce matin-là.
Mathilde s'approche et l'enlace, caressant sa joue et sa barbe tout en le fixant dans les yeux. Tandis qu'il referme ses bras sur elle, Darius la regarde dans les yeux, un brin interrogateur. Finalement, elle répond. Il peut traîner ici s'il le souhaite, il n'est pas obligé de partir dès les premières lueurs du soleil. Il sourit en coin. Même si elle ne le dit pas explicitement, il comprend qu'elle a envie qu'il reste, peu importe si elle doit planifier les récoltes et les plantations ou non. Il hoche la tête après avoir embrassé brièvement Mathilde. Cette réponse lui suffit. Il avait juste besoin d'une confirmation de sa part.
Mathilde, elle, a autre chose à dire. Elle veut mettre les choses au clair, comme si elle craignait qu'il parte en ayant la mauvaise idée de ce qu'elle veut ou de ce qu'elle ressent. Elle s'embrouille dans son discours, mais il pense en saisir l'essentiel. Et ce qu'elle dit le trouble, fait naître en lui un lot d'émotions contradictoires. Il sait très bien qu'il y a quelque chose de particulier entre eux. Il n'est pas aveugle et il voit aussi parfaitement qu'il lui plaît. Même si l'entendre le lui dire directement est aussi étrange qu'agréable, ce n'est pas ce qui le perturbe réellement. Non, ce qui le déconcerte, c'est qu'il lui plaise tel qu'il est, avec tout ce que ça implique, et qu'elle soit prête à prendre ce qu'il a à offrir, sans demander plus, et ce, même si elle souhaite continuer à explorer « ce petit lien » qui existe entre lui et elle. Enfin, tout ça, il le savait déjà, au fond... Tout est cependant nettement plus tangible maintenant qu'elle a osé mettre les mots sur ses pensées. Sur leurs pensées.
Darius regarde un instant Mathilde en silence. Il essaie de choisir les bons mots pour exprimer sa pensée, d'ordonner celle-ci pour éviter la confusion. Il a beau être grande gueule quand il veut, savoir négocier, répliquer ou jouer avec aisance, il n'est pas particulièrement doué pour parler de sentiments. Parce que c'est, au fond, de ça dont il est question : de sentiments. De leur lien. S'il est capable d'être spontané, de lui dire qu'il a envie de revenir pour la voir, elle, de lui faire part de son désir pour elle, une conversation complète, c'est plus... délicat. Alors il réfléchit.
Mathilde semble embarrassée. Elle doit prendre son silence pour un rejet, car il la voit entrouvrir les lèvres pour intervenir.
« Non, attends », dit-il, certain qu'elle va clore le sujet, peut-être en regrettant son honnêteté.
Darius caresse la joue de Mathilde du dos de sa main en la regardant dans les yeux.
« Tu me plais aussi, Mathilde, je pense que tu le sais déjà. Je veux dire... Je te trouve belle, mais tu me plais pas seulement parce que tu es jolie. Tu me plais pour toutes sortes de raisons. Et c'est pour toutes ces raisons que j'ai envie de revenir... ou même d'être retenu un peu quand j'ai à faire. »
Il lui sourit légèrement, glissant ses mains contre sa taille pour la longer lentement.
« Hier, cette nuit, ce matin... Je veux que ce soit comme ça quand je viens ici. Tu veux pas savoir ce que je fais parce que ça va contre tes valeurs. Ça tombe bien parce que j'ai pas envie de t'en parler. Je veux régler ce qu'on a à régler avec ton Ordre dès que possible et qu'on trouve un moyen de pas s'emmerder avec cette histoire d'horaires de convois et d'informations diverses quand je débarque. Je veux pas que ça monopolise le temps que je passe ici, même si j'ai encore besoin qu'on respecte nos ententes parce que je suis pas seul à compter dessus et j'aimerais idéalement éviter une mutinerie sur mon navire. »
Darius marque une pause et fixe Mathilde silencieusement. Pourquoi faut-il qu'elle soit aussi... elle? Elle lui complique vraiment la vie en étant... elle. Elle a raison : elle lui a tendu un piège et il s'est jeté dedans. Il est encore détenu, en quelque sorte, et il aime chaque seconde de cette captivité. Il n'essaie même pas de se libérer. Bon sang.
« Je peux pas te dire à quelle fréquence je vais pouvoir venir ou combien de temps je vais pouvoir rester parce que ma vie est en général hautement imprévisible. Je peux être capable de venir toutes les semaines ou disparaître un mois parce que j'ai des emmerdes, parce que j'ai un problème avec le navire, parce que je me suis pris un coup un peu trop violent... Bref. Je te ferai pas de promesses. Ce que je peux te dire, par contre, c'est que tu es loin d'avoir fini d'entendre parler de moi. Et tu vas voir... Tu risques même entendre parler de moi quand je suis pas là. »
Daius sourit, amusé. Il cueille le visage de Mathilde entre ses mains et caresse ses joues de ses pouces en la regardant de ses yeux clairs, dont la couleur oscille entre le gris et le vert, ce matin-là.
« Tu me plais, notre lien me plaît... alors t'en fais pas, d'accord? C'est panais-cessaire. »
Darius laisse planer un léger silence avant de rire – beaucoup trop – à sa propre blague et d'embrasser longuement Mathilde, histoire qu'elle n'ait pas trop le temps de désespérer devant son hilarité assumée.
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Mer 15 Jan 2020 - 20:02 | | | Suspendue à ses lèvres. Le temps s'est arrêté, alors que la fermière vient sans doute de faire une déclaration un peu trop hâtive, un peu trop ouverte, un peu trop... tout. Le silence qui lui répond est assourdissant. Intenable. Elle s'est trompée. Elle doit dire quelque chose, se résoudre à n'être qu'une passade, lui offrir de manger et de faire comme bon lui semble pour la suite. Mathilde inspire, entrouvre les lèvres... Non, attends. Elle arrête de respirer. Son coeur manque peut-être même un ou deux battements, à moins qu'il ne s'emballe. Elle ne devrait pas se laisser aller à ce drôle de comportement. La caresse sur sa joue a quelque chose de rassurant. Tu me plais aussi, Mathilde. Elle respire. Elle n'a peut-être pas fait une trop grosse bourde en s'avançant à ce point sur son ressenti. Darius a envie qu'elle le retienne, pour être avec elle. De la même façon qu'il a pu le faire, sur le bateau, en lui proposant de revenir au Labret par voie maritime, sous le prétexte que ça serait plus prudent. Les mains glissent sur sa taille pour qu'elle reste contre lui.
Il lui explique, elle comprend. Le refuge est plus que quatre murs et un repas. Plus que l'illusion d'une vie normale qu'elle pensait lui offrir, lorsqu'ils négociaient. Le refuge, c'est leur lien. Les affaires ne doivent pas l'entacher. Elle hoche de la tête. Il a raison. Même si elle est capable de mettre les affaires de côté, même si elle laisse l'image du capitaine sur le bateau, loin d'eux, et qu'elle ne voit en lui qu'un homme avec lequel elle se sent bien, il a raison. Les affaires ont toujours cela de délicat qu'elles apportent leur lot de discordes, de désaccords et de trahisons potentielles. Si on y mêle les sentiments, certains peuvent même être tentés de manipuler l'autre pour arriver à leurs fins. Mais elle ne le trahira pas. Et elle ne le manipulera pas. Mathilde est très mauvaise à ce jeu.
Ma vie est en général hautement imprévisible... oui, elle l'imagine bien. Elle ne s'inquiète pas de ne pas avoir de promesses, les promesses sont des choses qu'on ne peut pas toujours tenir, surtout quand la vie que l'on mène est dangereuse. Qui peut se vanter d'avoir une vie paisible, en ce moment? Tu es loin d'avoir fini d'entendre parler de moi. Voilà, ça, c'est amplement suffisant. Tu pourras pas m'empêcher d'être un peu triste avant chacun de tes départs, tu sais? murmure-t-elle alors qu'il effleure doucement son visage.
T'en fais pas, d'accord? C'est panais-cessaire. ... Le silence n'est que de courte durée. Il a bien choisi son moment pour un jeu de mots foireux à souhait! Elle éclate de rire, comme lui, avant de l'embrasser, complice, séduite par son humour douteux. Et par le reste. Les secondes passent, et lorsque le baiser s'achève, elle reste encore un peu dans ses bras, contre lui. La journée commence vraiment bien.
- On pourrait parler de nos petites affaires en mangeant, et une fois que le repas est terminé, se dire qu’on laisse nos trafics respectifs en dehors de cette magnifique journée. Qu’en dis-tu?
Elle sourit. Nos trafics. Elle n’est pas plus blanche que lui. Il ne le sait pas, mais dans le fond, elle aussi a tué des gens. Pour se défendre, parce qu’elle était attaquée, mais tout de même. La première fois a été pénible à supporter, et même si prendre une vie reste un geste considérablement difficile pour elle, elle hésite moins, si la situation l’impose. Elle n’aurait pas hésité pour le porc, sur le bateau. Bien plantée dans la jugulaire, la dague aurait eu un effet redoutable. C’est toi ou eux, Mathilde. Tu n’as pas le temps d’hésiter. Alexandre lui avait dit ça, ou quelque chose de proche, quand elle avait décoché sa première flèche mortelle. Ça ne l’avait pas réconfortée, sur le coup, mais ça avait eu le mérite de la faire réfléchir. Darius ne connaissait pas non plus ses petits trafics avec les bannis auxquels elle fournissait régulièrement des vivres et des semences pour les aider à survivre, en échange de quoi ils laissaient sa ferme en paix. Mathilde sacrifiait ses valeurs pour le bien de sa terre et pour sa sécurité. Mais ces petits sacrifices, bien loin d’être innocents, pouvaient la mener à l’échafaud. Chaque arrangement était un pacte risqué. Celui qu’elle avait proposé au capitaine l’était tout autant. Si la trahison ne venait pas de lui, elle pourrait venir d’un membre de son équipage.
Mathilde invite Darius à s’installer à table. Elle jette un œil par la fenêtre. Personne en vue, sur le chemin. Bientôt, les gars arriveront.
- On devrait voir les premiers passages sur le chemin dans peu de temps. Les gars, et des miliciens en patrouille. Ils ne viennent plus jusqu’ici, mais ils regardent de loin si tout va bien. Si par hasard il y a un zélé qui passe la barrière, tu n’as qu’à retraiter tranquillement dans la chambre en attendant qu’il parte. Pas dans ma chambre, l’autre. Consigne de sécurité. Encore. Par chance il n’est pas marqué, ça leur donne au moins un petit avantage. Elle s’assoit à son tour. Son visage est bien plus sérieux que lorsqu’ils apprennent à se découvrir. Son attitude est plus raide, trahissant peut-être un certain malaise. De Terresang m’a chargée de négocier tes tarifs pour des traversées de biens entre le Labret et Marbrume. Actuellement il travaille sur les quartiers de l’Ordre, à deux lieues d’ici. On développe aussi notre réseau de producteurs pour augmenter les vivres qui seront acheminés vers Marbrume. Normalement, un législateur devrait être assis avec nous, mais je pourrais lui faire part d’un pré-arrangement qui exclura le bonus que je vous livrerai. Mathilde prend une bouchée d’omelette. Maintenant, la phase délicate est de faire en sorte que ça ne coûte pas trop à l’Ordre, mais que l’équipage puisse être gagnant, au final, avec des cibles intéressantes. Un fragile équilibre à trouver. Je crois que de Terresang sera prêt à céder une partie de la cargaison en guise de paiement. L’argent ne manque pas encore, mais ça commence à se faire rare un peu partout. J’essaie de privilégier les échanges de biens ou de services plutôt que de conclure des contrats financiers. Si ça te convient, on pourrait parler d’un pourcentage de la cargaison, ou d’une valeur monétaire qu’on pourrait lui associer. Les panais se vendent mieux que le bois, mais rapportent moins. De mon côté, je m’engage à t’assurer du travail à foison pour les mois de septembre et d’octobre. Les récoltes vont battre leur plein, on a eu une belle saison, les convois vont être nombreux et chargés. Comme ce n’est un secret pour personne, les vols vont évidemment exploser. Je pense que la milice va mettre en place des convois vides, pour détourner l’attention. En tout cas ça s’est déjà vu sur la route, alors pourquoi pas sur la terre. Dis-moi combien de cales tu veux vider, je m’assure de t’obtenir les informations pour les convois les moins armés et les mieux garnis.
La table est mise, dans tous les sens du terme. La douce fermière a cédé la place à la négociatrice pragmatique, celle qui va droit au but, sans tricherie, sans demi-mots. Et tandis que Darius prend la parole, elle mange, le regardant occasionnellement pour chercher à démasquer toute possibilité de trahison. Un simple réflexe. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Jeu 16 Jan 2020 - 0:52 | | | Tu pourras pas m'empêcher d'être un peu triste avant chacun de tes départs, tu sais? Cette phrase, toute simple, a un petit quelque chose qui réchauffe étrangement le cœur de Darius. Depuis la Fange, plus personne n'est triste de le voir partir. Certains sont contents de le voir arriver – parce qu'ils attendent quelque chose de lui –, mais ils sont tout aussi heureux quand il remet les voiles. Si elle ne le retiendra pas, Mathilde, elle, le regardera peut-être quitter la ferme l'œil légèrement humide, lui donnera peut-être un baiser qui dit silencieusement Reviens vite, tu me manques déjà. Il aime cette idée.
Mathilde éclate de rire et répond à son baiser. Darius rit encore à moitié pendant qu'il l'embrasse, toujours aussi fier de son jeu de mots. Il semble avoir réussi à apaiser son amante et c'est tant mieux. Il aurait détesté partir après avoir causé involontairement un malaise, tout ça faute d'avoir trouvé les bons mots à temps. En bout de ligne, les bons mots sont faciles à trouver avec Mathilde. Ils sont sur la même longueur d'onde et veulent tous deux profiter des moments qu'ils peuvent avoir ensemble sans se demander l'impossible, sans exiger de l'autre qu'il change. Il restera un pirate, elle demeurera une fermière. Quand ils seront entre les murs de cette chaumière, ils seront simplement Darius et Mathilde. Les choses n'ont pas à être plus compliquées.
Mathilde propose de parler de leurs affaires en mangeant. Darius acquiesce et la libère pour aller prendre place à table. Elle jette un œil par la fenêtre et, par réflexe, il l'imite. Encore personne, mais ça ne saurait tarder. Dommage. Mathilde enchaîne en lui parlant de ses gars et des miliciens qui vont apparaître sur le chemin et lui donne une nouvelle consigne de sécurité à laquelle il acquiesce simplement. Monter dans la deuxième chambre. C'est logique.
Darius observe la fermière pendant qu'elle lui parle. Elle n'aime pas cette discussion, il le voit parfaitement. Si lui est fidèle à lui-même, soit détendu, elle donne une impression de raideur qui en dit long sur l'esprit dans lequel la conversation la plonge. Oui, régler le tout maintenant est une bonne idée. Et puis, c'est en partie pour ça qu'il et venu.
Tout en écoutant attentivement Mathilde, Darius commence à manger. Il arque sourcil quand elle dit que le noble l'a chargée de négocier en son nom avec lui. S'il ne doute aucunement des capacités de Mathilde à mener à bien des accords, il trouve un peu étrange que ce type confie la tâche à la fermière de l'Ordre et non à la personne qui s'occupe des finances. Certes, un législateur devrait normalement être assis avec eux, mais quand même. Les nobles ont vraiment de drôles d'idées, parfois. Cette décision en dit toutefois long sur la confiance que ce Terresang a en Mathilde. Il est, après tout, prêt à confier, sur la recommandation de la fermière, d'importantes cargaisons à un marin qu'il n'a jamais vu de sa vie. Ce type pourrait être un pirate! Attendez...
Pas de Terresang, pas de législateur. Juste lui et Mathilde. Tant mieux, au fond. Darius poursuit son repas, jetant de temps en temps un coup d'œil à Mathilde. Il boit une gorgée du lait qu'elle a servi – délicieux, cette petite touche de miel! – et dépose le gobelet.
« J'ai pas besoin de te dire combien de cales je veux vider, Mathilde, tu connais déjà la réponse : le plus possible, commence-t-il. Donne-moi, en temps et lieu, toutes les informations que tu auras et je verrai ce que j'en fais. J'ai besoin d'une vue d'ensemble de ce qui va aller et venir pour planifier efficacement. Je pourrai pas attaquer tous les convois, de toute façon, ne serait-ce que pour des questions de temps et de logistique. Mais plus j'ai d'informations, plus j'ai de quoi trouver un plan B si le plan A foire. »
Darius prend une bouchée d'omelette, puis continue :
« Je veux ton aide tout au long de l'année, pas seulement en septembre et en octobre. Il y a des mois plus chiants que d'autres pour nous aussi. Les convois ne sont pas toujours nombreux ou chargés de bouffe, mais ils ont quand même de la valeur. Et moins il y a de convois, plus c'est la guerre en mer. Je suis pas le seul pirate à surveiller les eaux entre Marbrume et le Labret. Tu as pu le voir toi-même il y a quelques jours, et c'est la bonne saison. Imagine quand la fréquence des convois diminue drastiquement et qu'on est quelques-uns à avoir l'œil sur le même. Avec toi, je pourrais avoir une longueur d'avance et peut-être éviter de perdre ma tête aux mains d'un pirate ennemi enragé. »
Darius ricane. C'est beau, les relations cordiales entre pirates...
« Pour en revenir à ton noble et à ton Ordre, je veux bien leur faire un bon prix, comme on a dit. Tu sais ce que ça vaut normalement, une traversée, et c'est encore plus cher depuis que la Fange est arrivée. Les bateaux sont moins nombreux et les marins offrent leurs services à prix fort. Je le sais, tu le sais, ton Terresang le sait. Une simple traversée entre Marbrume et le Labret pour un type valait peut-être huit écus avant, c'est plus le cas aujourd'hui. Et là, on parle de marchandise. Ça fait nécessairement grimper le prix. »
Darius prend une nouvelle gorgée de lait et termine – déjà?! – son omelette. Affamé, il regarde brièvement l'assiette de Mathilde avec envie en se demandant si elle va tout manger – il a de l'espoir! – et pose de nouveau son regard dans celui de son amante.
« Disons qu'avec tout ça en tête, et compte tenu des circonstances actuelles, si je vous fais le tout à sept écus par traversée, je vous fais un très, très bon prix. Un prix charitable, même. Je préfère en général les marchandises à l'argent, mais je prendrais quand même une partie en écus et en pistoles pour la simple et bonne raison que c'est encore utile avec certains clients à Marbrume. »
À défaut d'avoir encore une omelette, Darius reprend un peu de lait et boit une bonne gorgée.
« Qu'en dis-tu, belle fermière? »
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Jeu 16 Jan 2020 - 3:09 | | | Mathilde écoute attentivement. La partie s'annonce ardue, et ce n'est pas pour lui déplaire. Il ne lui fait pas de cadeau, il ne lui fait pas une proposition simple, encore moins alléchante. En quelques sorte, il ne la favorise pas. C'est parfait. C'est exactement ce qu'elle attend de lui à cet instant précis : qu'il reprenne son rôle de capitaine, et qu'il lui accorde celui de négociatrice, même si aucun législateur, aucun homme n'est là pour valider ou non ses propositions. En n'impliquant pas les sentiments dans la négociation, il fait d'elle son égale, respectée autant qu'elle le respecte. Voilà qui leur permettra à tous les deux de trouver un terrain d'entente qui convienne à tous. Elle espère simplement qu'il ne s'offusque pas elle lui offre une contre-proposition. Ça serait dommage qu'il change d'avis à son sujet.
- Je sais que tu viderais toutes les cales de tous les navires si tu le pouvais. Je ne te demande pas combien tu veux en vider, mais bien combien tu veux que moi je t'aide à vider. Il y a une nuance importante, Darius. Chaque cale a une valeur, dont un pourcentage me revient puisque je rentre dans la combine. Or, je te cède ce pourcentage contre un service que tu me rends, en permettant à l'Ordre de diminuer ses pertes. Et puis je me vois mal remettre l'ensemble des récoltes entre les mains de contrebandiers. C'est m'en demander un peu trop.
Il est gourmand. Très gourmand. C'est un pirate après tout, sans foi ni loi, dont le seul soucis est de survivre à la fin du monde et, si possible, à ses homologues pirates. S'il peut vivre confortablement, c'est encore mieux, mais compliqué de nos jours. Alors il veut tout. Tous les renseignements qu'elle peut lui fournir, dès qu'elle le peut, pour toute l'année. C'est concevable, d'une certaine façon, mais difficile à planifier.
De son côté, elle peut difficilement se faire à l'idée de lui laisser le soin de choisir un nombre de cibles qu'il considérera comme acceptable. Il vient de montrer sa gourmandise, il pourrait très bien, poussé par l'envie ou par son équipage, décider de tous les attaquer. Les ententes sont une histoire de confiance. A-t-elle confiance en lui? Relativement. A-t-elle confiance en son équipage? Non. En d'autres pirates? Absolument pas. Il lui prouve qu'elle a raison à ce sujet. Mutinerie et trahison sont des menaces qui planent au-dessus d'un capitaine, même si celui-ci a l'air d'être respecté.
- Je n'ai pas dit que je me contenterai uniquement de deux mois. Je te dis simplement que les deux ou trois prochains mois seront les plus importants de l'année pour les récoltes. Les convois sont décidés à la dernière minute, selon la météo et les récoltes, alors il va falloir trouver une façon de communiquer rapidement. La bonne nouvelle c'est que l'Ordre a besoin de quelques voyages prochainement et que tu auras un prétexte parfait pour laisser traîner des oreilles par ici et être prêt lorsque les fermiers seront dans les champs pour les récoltes. Et contrairement à tes petits amis, tu pourrais aisément éviter les leurres et les navires trop bien gardés. Durant l'hiver, c'est le bois qui sera majoritaire, jusqu'aux premières récoltes importantes de mai. Pour le minerai, je n'en ai aucune idée, mais je vais tâcher de glisser ça dans une conversation anodine.
Mathilde ne manque pas le regard d'envie que Darius lance vers son omelette à demi finie... qu'elle lui tend. Elle a suffisamment mangé, et en plus elle parle. Pas la peine de gaspiller la nourriture. Et avec un peu de chance, elle l'achètera par l'estomac. Cette pensée qui effleure son esprit a le mérite de la faire sourire. Un instant seulement, le temps de réaliser que Darius avait un sens douteux de ce qu'était la charité. Un pirate, depuis toujours hein...
- Sept écus ça n'a rien de charitable. La moitié le serait, parce que ça serait à perte. Par contre, quatre écus et un pourcentage sur la cargaison... on commence à parler. Je crois que dix pour cent seraient raisonnables. Parfois c'est de la nourriture, parfois c'est du bois, du minerai ou des armes. On a une base charitable, réellement charitable, qui fera en sorte que l'Ordre fasse appel à tes services en priorité. A ce prix d'amis, j'ajoute mes informations, soit la possibilité de vider un navire au grand complet. A chaque demande de l'Ordre, je te fournis disons quatre possibilités de cargaison à dévaliser. Est-ce que ça devient suffisamment intéressant à ton goût?
Elle saisit son gobelet de lait à deux mains, mais ne le boit pas. Pourtant, il est invitant. Mais elle est toute concentrée sur les réflexions qu'ils s'opposent et les réactions qu'il peut avoir, si tant est qu'il ne les masque pas. Mathilde sourit.
- Évidemment on n'est pas obligés d'arriver à un premier accord maintenant. On a toute la journée pour en reparler, si tu veux. Elle comprend pourquoi il a envie que ça ne s'éternise pas. Elle crève d'envie de lui prendre la main, de lui lancer un jeu de mot au visage, de sentir ses bras autour d'elle et de le questionner sur ce nom qu'elle a entendu. Dagher? Elle voudrait se promener un peu dehors, pas trop loin des abris, juste au cas où, le temps de prendre l'air et d'inspecter, de loin, l'ensemble de son oeuvre. Peut-être mettre son nez dans son potager, parce que non contente d'avoir des champs, elle a également son petit carré de terre personnel. Elle voudrait surtout apprendre à le connaître et voir apparaitre sur son visage ce sourire charmant qu'elle aime détester. Alors, capitaine. As-tu une contre-offre à me soumettre? |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Jeu 16 Jan 2020 - 6:05 | | | Mathilde trouve que Darius lui en demande trop.
« Et moi, je trouve que je t'en demande juste assez, répond Darius, non sans sourire en coin avec un léger amusement. Mais je t'écoute. »
Darius lui fait signe de continuer et de préciser sa pensée. Elle compte l'aider tout au long de l'année et même s'informer pour les convois de minerai. Il acquiesce et semble satisfait. Il ne restera plus qu'à trouver un moyen de communiquer rapidement et efficacement. Ce sera de toute façon nécessaire s'ils parviennent à un accord, car il devra savoir quand venir récupérer les marchandises de l'Ordre. Ils verront ça plus tard. Ce sont pour l'instant des détails.
Darius sourit à Mathilde quand elle glisse son assiette vers lui et la remercie en posant brièvement une main contre son genou pour le caresser sous la table. Elle a visiblement capté son regard plein d'envie et il ne se fait pas prier pour faire une deuxième fois honneur au repas qu'elle a préparé. Tout en mangeant, il continue de l'écouter. Sept écus, pas charitable? Elle pense que ce n'est pas à perte pour lui? Bien sûr que ce l'est. C'est déjà moins que le prix normal payé avant la Fange pour une distance pareille et il ne le demande même pas en écus sonnants et trébuchants. Elle propose quatre écus et dix pour cent de la cargaison... Son pirate intérieur a mal devant un tel prix. C'est largement en deçà de ce qu'il fait payer normalement. Certes, la véritable valeur de cette entente n'est pas ce qu'il va tirer de l'Ordre, mais tout de même.
Mathilde demande à Darius si les choses deviennent suffisamment intéressantes à son goût. Entre deux bouchées d'omelette, il lâche un « Mmm » dubitatif. Il n'est clairement pas convaincu et il n'acceptera pas la proposition en l'état. Il n'a toutefois pas envie de prolonger la discussion toute la journée, de s'arrêter uniquement pour reprendre plus tard.
« C'est pas que tu es pas séduisante avec ton air sérieux de négociatrice, mais j'ai bien l'intention de faire autre chose que de parler de cargaisons, d'écus et de pourcentages du temps qu'il nous reste aujourd'hui », dit-il tout juste avant d'avaler sa dernière bouchée d'omelette.
Il lui fait un sourire entendu, un brin charmant. Il a l'habitude de négocier et il peut passer de longues heures à le faire s'il le faut, mais avec Mathilde, il a assurément envie passer ces longues heures autrement.
« À sept écus, Mathilde, je suis à perte, continue-t-il. Et je suis à perte en tant que simple marin, même pas en tant que pirate, vu le marché d'aujourd'hui. Je veux bien croire que je vais probablement pallier le manque avec tes informations, mais quand même. C'est encore une donnée incertaine et, au fond, c'est entre toi et moi. L'Ordre, même si je sais que tu en fais partie, n'a rien à voir là-dedans. »
Darius s'étire et recule sa chaise pour étendre ses jambes et les croiser avec nonchalance. Il gratte légèrement sa barbe, comme réfléchissant, avant de poursuivre :
« Prendre la mer est moins dangereux que d'aller jouer avec les Fangeux, mais ça reste un risque. J'ai pas tellement besoin de t'expliquer pourquoi. Et le risque, ça se paie un minimum. Disons que je suis prêt à faire preuve de bonne foi et à accepter votre prix pour les deux ou trois premiers convois que je vais transporter, pour montrer à l'Ordre que la marchandise va vraiment arriver à bon port. Après ça, puisque je suis pas seul et que j'ai des gars qui veulent leur part, puisque c'est nous qui allons devoir défendre la marchandise si des pirates ennemis croisent notre chemin, puisque c'est nous qui allons perdre du temps en mer s'il y a une tempête, ce sera à cinq écus, quinze pour cent et six possibilités de cargaisons à dévaliser. C'est une offre généreuse et je doute qu'elle plonge l'Ordre dans la misère. Terresang va y gagner au change en voyant ses biens arriver à destination au lieu de se retrouver entre les mains des contrebandiers de Marbrume. »
Darius regarde longuement Mathilde. Il est détendu, mais plus sérieux, et son ton fait davantage penser à celui de l'homme qu'elle a rencontré sur le navire qu'à celui avec qui elle passe du temps au refuge. En fait, il semble être quelque part entre ces deux hommes tandis qu'il négocie avec elle, capable de presque faire les yeux doux pour un bout d'omelette un instant et de parler affaires de façon pragmatique celui d'après.
« Je pense que si tout le monde fait ce qu'il a à faire, si tout fonctionne correctement, cette offre pourrait satisfaire toutes les parties. L'Ordre va pas se ruiner, les pauvres vont avoir leur bouffe et mes gars vont pas essayer de me tuer pendant mon sommeil à cause de cette décision. Enfin, tant que tes informations sont utiles. Sans pression. »
Cette fois, il laisse ses lèvres s'étirer en un sourire franchement moqueur. C'est probablement exactement le genre de choses que Mathilde ne veut pas entendre... et il le sait. Il joue. Il regarde toutefois son amante dans les yeux un instant, comme pour l'apaiser. C'est une blague. Ne me lance pas de dagues avec ton regard... ou oui, tu peux m'en lancer, finalement. Je trouve ça terriblement attirant.
« T'en penses quoi? »
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Ven 17 Jan 2020 - 18:07 | | | Le Mmh dubitatif de Darius ne laisse rien présager de bon pour un éventuel accord. Mathilde fait une petite moue. Les choses se corsent, il n'a pas l'air aussi intéressé qu'elle l'espérait. Surestime-t-elle la valeur de ses informations, ou bien est-il décidément trop gourmand? Tout bon négociateur, à ce stade, ferait intervenir une pointe de séduction, un peu de chantage ou une tentative d'établir un lien, mais pas Mathilde. Elle ne trompe pas, ne ment pas, ne manipule pas. Et de toute évidence, Darius a envie d'abréger la discussion.
- Du temps qui nous reste? Je te préviens, si le soleil amorce sa descente quand tu décides de partir, je te boucle à double tour ici pour la nuit. On sort pas, ici. Pas la nuit. Jamais. Ce qui l'arrange, quelque part. Parce que s'il ne quitte pas dans l'après-midi, elle le garde une nuit de plus auprès d'elle. La première n'était pas désagréable, plus confortable que sur le bateau, moins inquiétante que lorsqu'elle était cernée par un équipage masculin Elle sourit en songeant qu'à la longue, elle pourrait s'y faire. Pardonne-moi Al si mon coeur s'envole déjà ailleurs.
Darius reprend, explique qu'à sept écus il est déjà perdant. Il ne peut pas évaluer la qualité de ses informations, et elle en est bien consciente, tout comme elle sait que le contenu des cargaisons, et donc leur valeur, sera toujours variable et hors de son contrôle. Elle fronce les sourcils lorsqu'il dit que l'Ordre n'a rien à voir là-dedans. Elle n'est pas d'accord. Elle retient.
Cinq écus, quinze pour cent de la cargaison et six navires. C'est le prix du risque qu'il accepte de courir mais qui, au final, n'est pas différent que celui qu'il prend à chaque fois qu'il pille un vaisseau. Six. C'est énorme. Le visage de Mathilde se ferme, son regard très sérieux se pose sur la table dont elle dessine, du bois du doigt, le fil et les noeuds. Elle réfléchit. Elle ne connait pas le pourcentage des pertes totales de l'Ordre au profit des pillards, qu'ils soient sur terre ou sur mer. Est-il supérieur à quinze? Aucune idée. Le législateur pourrait l'évaluer et indiquer si quinze pour cent de la cargaison, c'est gourmand ou non.
- L'Ordre a tout à voir, Darius. Je sais que j'ai une dette envers toi, et une fois qu'elle sera payée, je n'aurai plus aucune raison de te fournir des cibles. Aucune. Elle ne mélange pas les affaires avec ses histoires, elle ne compte pas lui donner des informations pour lui faciliter la tâche si elle n'y trouve pas son intérêt. Je fais partie de l'Ordre. Je manigance dans le dos des responsables, parce que je ne suis pas sure qu'ils accepteraient une collaboration avec des contrebandiers. Il est possible que je me trompe, ce sont des nobles après tout... mais je préfère éviter de m'avancer en expliquant que Dartagnan est le capitaine d'un équipage de pirates. On négocie une entente à trois, là. Toi, moi et l'Ordre. Tu fais des concessions pour eux, je comble le manque à gagner. Si l'un des trois ne marche pas, il n'y a pas d'entente et personne n'en ressort gagnant.
Elle perçoit le changement de ton et le sourire moqueur de Darius du coin de l'oeil, mais n'embarque pas dans le jeu. Inflexible. Le temps est à la négociation, pas au flirt. C'est aussi pour cela qu'elle n'a pas réagi lorsqu'il a posé la main sur son genou.
- Les risques que tu prendrais pour l'Ordre sont exactement les mêmes à chaque fois que ton bateau prend la mer. Je l'ai vu. Le mauvais temps, les mutineries, les trahisons, c'est ton quotidien. En deux traversées j'ai vu quasiment l'ensemble, on a juste eu la chance de ne pas être poursuivis pas un de tes "amis". La seule différence est que ton bateau ne part pas à vide. Ça veut dire que pour un aller-retour, tu fais double profit. Tu quittes Marbrume avec des cales pleines de marchandises légales dont tu gardes une part, et tu y reviens les cales pleines d'une cargaison pillée. En étant au Labret, tu es au plus proche des départs, donc tu es le premier à te servir. Ça réduit ton risque de te retrouver face à un bateau vide. Ensuite il ne te reste qu'à attendre que deux ou trois navires passent en avant pour te fondre dans la masse et les laisser se faire avoir, pendant que tu continues presque tranquillement ton chemin, guidé par un Isak qui a l'air de savoir ce qu'il fait à la barre.
Elle relève enfin le menton et le regarde dans les yeux. Si elle ne lui lance pas des dagues invisibles, elle n'en est pas loin.
- Quant à mes informations, elles ne concerneront que les départ depuis le Labret et ne seront que celles qu'une fermière pourrait savoir. Six bateaux si tu ne vas pas au-delà de dix pour cents. Six de qualité, j'ai pas pour habitude de ne travailler qu'à moitié. Elle ponctue sa réflexion d'un Sans pression taquin, auquel s'ajoute un sourire tout aussi taquin, signe que la négociation, pour elle, est terminée.
- Je dépose ta proposition de quatre écus, dix pour cent au législateur, avec révision après trois convois à cinq écus, dix pour cent. Quinze c'est de la gourmandise, il est grand temps que quelqu'un te donne quelques notions de charité, Dar. Elle pourra se dévouer, au besoin. Après tout, elle est relativement charitable en laissant de la nourriture et une couverture chaude pour le tout-venant, dans la grange. Elle l'est aussi lorsqu'elle propose à un pirate de trouver un peu de répit dans sa chaumière. Enfin elle l'était, parce que maintenant, elle y trouve aussi son intérêt. Mathilde sourit, lui fait un petit signe pour qu'il décroise les jambes et se lève pour se rasseoir sur ses genoux, un sourire au coin des lèvres. Elle passe un bras dans son dos, et dépose une main sur son torse sans le quitter du regard.
- Maintenant que c'est entendu et que nous n'avons plus à négocier, est-ce que tu sais que je te trouve absolument irrésistible quand tu prends ton air de capitaine très sérieux? lui dit-elle, tout à coup beaucoup plus détendue et nettement moins distante que l’instant d’avant. Embrasse-moi. Faudrait panais-gliger notre petit lien à cause d’histoire de nobles et de pirates. Son sourire s’étire… et elle explose de rire. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Ven 17 Jan 2020 - 22:16 | | | Quand Mathilde menace Darius de l'enfermer à double tour dans la chaumière si le soleil commence à décliner au moment où il se décide de partir, celui-ci sourit avec amusement et lui fait un petit signe de « oui, capitaine » en guise de réponse. Il devrait sans doute ne pas s'attarder et aller rejoindre Isak et ses gars. Est-ce vraiment ce qu'il va faire? Il n'en a encore aucune idée. Il a envie de rester. Il ne sent pas qu'il a assez profité de la présence de Mathilde. Il n'est pas rassasié d'elle. Va-t-il l'être davantage dans quelques heures? Probablement pas. Il y a des chances que son désir d'être avec elle soit insatiable.
Les négociations se poursuivent et, plus elles avancent, plus le visage de Mathilde se ferme. Ils ne sont pas d'accord. Elle trouve qu'il en demande trop alors que, de son côté, il a tout de même l'impression de faire de bonnes concessions. Il arque un sourcil perplexe quand elle dit qu'elle paie sa dette envers lui et, qu'après coup, elle n'aura plus aucune raison de lui fournir des cibles. Il n'est pas convaincu, car pour lui, cet élément fait partie intégrante de l'entente qu'il tâche de conclure avec l'Ordre. C'est entre lui et elle, oui, mais ces cibles sont la seule raison pour laquelle transporter des marchandises en toute légalité vaut la peine. Plus d'informations, plus d'entente, surtout au prix charitable qu'ils négocient.
Nouveau « Mmm ». D'accord, c'est une entente à trois. Il la laisse continuer. Elle est inflexible, terriblement sérieuse. Et tendue. Darius a presque envie de se lever et de lui masser les épaules pour qu'elle se détende un peu. Ils parlent tranquillement, il ne la menace pas avec une dague sous la gorge et il ne lui fera rien même s'ils ne réussissent pas à s'entendre. Elle n'a, à ses yeux, aucune raison d'être aussi raide. Il ne fait cependant aucun commentaire. La conversation risque de se terminer bientôt, autant éviter de l'interrompre et de la prolonger inutilement.
Pour Mathilde, ils ont terminé. Les risques qu'il pend n'entrent pour elle pas en ligne de compte. Il semble silencieusement lui concéder le point, même s'il existe pour lui une différence entre courir un risque pour lui-même et courir un risque pour quelqu'un d'autre. À ses yeux, tout est monnayable lorsqu'il est question d'affaires. Mathilde se permet se soulever le point pace qu'elle sait qui il est et qu'elle connaît ses activités. S'il était un simple marin pour elle, elle ne remettrait pas en cause la légitimité de l'argument. L'Ordre ne le ferait certainement pas.
Cinq écus, dix pour cent et six convois de qualité. C'est, de toute évidence, l'offre finale de Mathilde, qui veut lui inculquer quelques notions de charité. Il ne manque pas de rire à cette déclaration. Elle peut tenter de lui transmettre cette belle leçon autant de fois qu'elle le veut, il n'en retiendra jamais grand-chose. Il ne fait pas dans la charité.
À la demande de son amante, Darius décroise ses jambes et se redresse un peu. Maintenant que c'est, selon elle, entendu, elle vient s'asseoir sur ses genoux, passer un bras autour de lui et laisser une main contre son torse. Il l'enserre d'un bras en la regardant dans les yeux. Il est sur le point de contester un brin sa vision de la situation lorsque...
Faudrait panais-gliger notre petit lien à cause d’histoire de nobles et de pirates.
Darius part dans un grand rire qui secoue son torse. Cette femme est folle. Il est presque certain qu'elle a médité sur ce jeu de mots tout au long de leurs négociations, et ce, malgré son air sérieux. Entre deux rires, il finit par se décider à l'embrasser. Son hilarité se calme progressivement et ses baisers se font plus langoureux. Ses lèvres et sa langue rencontrent celles de Mathilde avec désir un moment avant de s'aventurer vers son oreille.
« Douze pour cent, murmure-t-il moqueusement dans le creux de son oreille, dont il embrasse le lobe. C'est le juste milieu entre ta demande et ma demande. Je veux bien te concéder le reste, mais je te préviens quand même : le jour où tu me donneras plus de cibles sera le jour où l'entente avec l'Ordre prendra fin, sauf si on trouve un autre arrangement. Je travaillerai pas seulement aux modalités déterminées officiellement entre l'Ordre et moi. J'ai bien peur qu'il va te falloir un peu plus de temps et d'efforts pour m'inculquer quelques notions de charité... Je t'empêche pas d'essayer, par contre, parce que j'aime particulièrement quand tu me tiens tête avec ton petit ton insolent. »
Darius glisse de nouveau ses lèvres jusqu'à celles de Mathilde pour y déposer un baiser léger et taquin. Avant que son amante puisse répliquer, il pose un index contre sa bouche.
« Là, on a terminé... Rapporte ça à ton Ordre et on verra ce que ce Terresang dit. Si ça convient pas à Terresang et aux autres, on en reparlera un autre jour. S'ils sont satisfaits de leur côté, tant mieux. Ça devrait être notre dernière conversation sur le sujet ou presque... sauf si tu aimes mon air de capitaine sérieux à ce point. »
Une étincelle taquine dans le regard, Darius retire son index et embrasse de nouveau Mathilde.
« Quoique je peux te le sortir pour négocier autre chose, si tu veux, chuchote-t-il, le ton amusé. Je manque pas d'idées... »
Darius ricane tout bas en fixant Mathilde dans les yeux. Il laisse une main caresser le creux de son dos tandis que l'autre fait quelques aller-retour contre sa cuisse. Il lui donne un baiser, puis un autre, et laisse ses lèvres dévier tranquillement dans son cou.
« Comme là, j'aimerais bien négocier pour que tu ailles fermer ces volets un peu avant que tes gars arrivent, qu'on sorte à l'extérieur et que je te regarde en train de parcourir tes champs avec ta mine concentrée... Je suis prêt à mettre un bon prix, cette fois. »
Darius pouffe dans le cou de Mathilde. Insatiable... C'est exactement le bon mot.
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Sam 18 Jan 2020 - 3:34 | | | Un instant seulement, les rires se mêlent, jusqu'à ce que les lèvres, d'abord étirées, finissent par se trouver et échanger de longs baisers beaucoup trop sensuels pour une veuve dont les employés sont sur le point de rentrer.
Douze pour cent. Ah le petit con! Lui, il n'hésite pas à jouer la carte de la séduction pour arriver à ses fins, même s'il lui concède quelques avancées. Ça ne marche pas. Pas avec Mathilde. Elle ne marche pas là-dedans. Il précise, comme si cela était nécessaire, que si elle se défile, l'entente avec l'Ordre tombe. Ne lui a-t-elle pas dit que c'était un accord à trois, et que tant qu'il y aurait des convois à assurer, il y aurait des informations? Elle fronce les sourcils. Comment ça, son petit air insolent? Mathilde s'apprête à répondre mais il l'embrasse, avant qu'un index autoritaire sur pose sur ses lèvres. Elle hausse un sourcil. C'est sa dernière offre. Mathilde la remettra entre les mains de l'Ordre, et eux deux n'auront plus à en reparler... enfin jusqu'à ce qu'arrive le temps des informations. Bon sang peut-il cesser de l'embrasser pour l'empêcher de répondre? Non content de la taquiner, voilà que ses mains accompagnent les baisers de douces caresses. Elle sourit.
- Fais attention, tu te ramollis capitaine. Le juste milieu, c'est douze et demi. Tu vois, la charité commence toujours par de petits gestes...
Un sourire malicieux éclaire son visage alors qu'elle étire légèrement le cou, juste pour laisser un peu plus de place aux délicieux baisers qui s'y glissent, suscitant à chaque contact un petit frisson. Mathilde, ils vont rentrer. C'est pas le moment. J'adore ton air de capitaine sérieux. Mais... je croyais que tu ne voulais pas passer ta journée à négocier?
Mathilde se lève en riant et se dirige vers la fenêtre. Elle ne fermera pas les volets, ça serait un bien mauvais signal à donner aux silhouettes qui se dessinent à l'horizon. On a de la compagnie... dit-elle, avec une pointe de déception dans la voix, en plissant les yeux comme si ça l'aidait à mieux voir au loin. Pas de grand voûté comme Gauthier dans le lot. Ça doit être une patrouille. Ils seront près de la barrière dans quelques minutes conclut-elle en se retournant vers Darius. Elle le regarde un instant et hausse légèrement les épaules. Tu en as terrorisé beaucoup dans le coin d'Usson? Elle rit doucement.
- Si je ferme tout, ils vont descendre et défoncer la porte, c'est certain. Je vais aller voir les poules, tu peux rester là si tu ne veux pas les croiser, ils n'ont aucune raison de rentrer.
Elle se dirige vers la porte, non sans s'arrêter un instant près de lui pour l'embrasser du bout des lèvres. N'aie pas peur murmure-t-elle, je te protège. Elle se dirige vers la porte qu'elle déverrouille pour l'ouvrir en grand. Oh ce soleil! Elle ferme les yeux quelques secondes à peine, le temps de savourer un instant de grâce. Le petit matin sur la campagne a quelque chose d'époustouflant à ce moment de l'année. Le soleil n'est ni trop chaud, ni trop froid. L'air est encore un peu frais, chargé d'humidité. Les oiseaux chantent, en pleine chasse aux insectes. Elle ouvre les yeux. La rosée qui s'évapore crée une délicate ligne de brume sur les champs. Un délicieux matin.
Mathilde glisse ses pieds dans ses sabots, saisit son arc et son carquois et sort... pour repasser aussitôt la tête par la porte. Dar? N'essaie plus jamais de m'amadouer avec des baisers quand on négocie. Tu voudrais pas que je me fâche. Elle le dit d'un ton léger mais elle est on ne peut plus sérieuse. Les négociations sont quelque chose de très sérieux pour elle, une femme à qui on a exceptionnellement confié cette tâche. Elle doit s'en montrer digne, et elle espère que de Terresang ne hurlera pas face à la base d'accord qu'elle transmettra. Elle disparaît de nouveau.
Dehors, Mathilde fait un grand signe aux hommes qui passent sur le chemin. Des miliciens. Maintenant qu'ils sont plus proches, leurs armes sont clairement visibles. L'un d'entre eux descend le petit chemin menant vers la barrière. La fermière part à sa rencontre, espérant éviter ainsi qu'il croise Darius.
- Bonjour! Je peux vous aider? crie-t-elle vers le milicien dont le visage lui est vaguement familier. - Dame Dumas, content que vous soyez de retour! On a toujours pas de traces de... 'fin vous savez. Tout va bien sinon? - Tout va bien. Je devrais passer à la caserne demain avec quelques bricoles, vous tiendrez jusque là? - Pour sûr, Dame. Maintenant face à face, chacun de son côté de la barrière, les deux personnages parlent à voix haute mais sans plus crier. Si Darius est à la fenêtre, il ne devrait saisir que quelques mots, à condition qu'il ait une bonne oreille. Allez-vous faire des petites galettes comme l'autre fois? - Oh! J'aurais aimé vous dire que j'en ai là sous la main, mais ce n'est pas le cas. Repassez-vous par ici plus tard dans la journée? - Pas supposé. Pas avant demain. On va vers Najac voir ce qui se passe sur la route. Paraît que y a des vols, et à quelques jours des grands convois vers Usson, c'est pas bon.
Mathilde fronce les sourcils. Des vols sur les routes, et pas bien loin de chez elle, ce n'est effectivement jamais bon. Mais elle creuse un peu... tant qu'à avoir un milicien sous la main, autant en profiter. - J'étais au port hier, on ne m'a pas parlé de convoi. Est-ce que c'est le terrestre habituel? - Nope Dame. Un maritime, la semaine prochaine. Le premier d'une longue série si vous voulez mon avis, vous dites tous que la saison est bonne. - Sérus a exaucé nos prières et a veillé sur nos champs, oui. Tenez-moi au courant pour les convois par la mer. Ma dernière expérience m'a un peu refroidie mais j'imagine que ça sera pas bien plus efficace par la route... - Sur, Dame. Bonne journée. - Bonne journée. Oh au fait... ça fait six semaines maintenant. Il n'est pas parti en mission spéciale, alors j'pense pas qu'il reviendra. Mais merci de vous inquiéter. - J'voudrais pas que vous espériez, Dame. Vous portez pas le deuil alors c'est comme si vous l'attendiez. - Au contraire. Je l'ai pleuré, maintenant j'essaie de reprendre une vie, comme je le lui ai promis. Mathilde sourit légèrement, pour se faire rassurante. Non, elle ne serait pas l'éternelle veuve Dumas. Non elle ne se vêtirait pas de sa robe de deuil, qui était usée tant elle l'avait portée dans les deux dernières années. Non, elle ne ferait pas semblant de pleurer alors que dans son coeur, les adieux avaient déjà été faits, le jour où on lui avait rapporté le paquetage d'Alcide. Ça en choquait probablement plus d'un, mais Mathilde avait compris qu'avec la Fange, le temps était un luxe dont on ne disposait pas. Il fallait vivre, intensément, pour ne rien regretter le jour où les créatures viendraient la cueillir.
L'homme remonte le chemin au pas de course pour rattraper ses compagnons de route. Mathilde, elle, se dirige vers le poulailler qu'elle ouvre, laissant les poules s'échapper dans la cour en caquetant, comme pour lui signaler qu'elle est en retard. Elle saisit un seau en hauteur, y plonge la main et jette quelques poignées de grains sur le sol, avant de rentrer dans le poulailler pour y ramasser les oeufs qu'elle partagera avec ses gars et la caserne. Elle sort avec un panier bien garni, et se dirige vers la grange pour libérer la grosse Marguerite de son enclos. Une main sur l'encolure de la jument, l'autre tenant le panier d'oeufs, elle sort en parlant à voix basse à l'animal pour la guider vers des talles d'herbes autour des bâtiments.
Toute occupée à réveiller la ferme, Mathilde a complètement oublié Darius. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Sam 18 Jan 2020 - 5:11 | | | « Je peux faire une exception pour certains types de négociations. »
Mathilde se lève et, si Darius croit qu'elle va fermer les volets, elle lui annonce plutôt une mauvaise nouvelle : ils ont de la compagnie. Une patrouille, selon elle, des miliciens qui vont être alarmés s'ils voient que tout est fermé chez la fermière. Bon, pas de moment matinal à deux, on dirait bien. Darius fronce légèrement le nez. Décidément, les miliciens trouvent toujours un moyen de lui casser les pieds...
« Non, pas trop à Usson... Enfin, oui, peut-être, mais je commence à les reconnaître, alors ça va », répond-il à la question de Mathilde.
Elle s'approche de lui et dépose un léger baiser sur ses lèvres en disant qu'elle va le protéger. Il se lève et la regarde tandis qu'elle ferme les yeux pour profiter de la lumière du soleil un instant. Il sourit en coin. Même si son air sérieux est mignon et qu'elle l'attire quand elle lui lance des dagues du regard, elle est encore plus belle ainsi, quand elle savoure un bonheur simple, quand elle est heureuse.
Darius détache son regard de Mathilde pour le laisser vagabonder sur le fragment de paysage qui s'offre à lui. Il se prend encore une fois à contempler cette campagne qui n'a rien à voir avec Marbrume et qui n'est pas sans lui rappeler le village d'où il vient. Dans des moments comme celui-là, où tout est d'une telle splendeur qu'il serait facile de se croire dans une toile, il est presque possible d'oublier que la Fange a ravagé pratiquement toutes les terres qu'ils connaissent. Presque.
Puisque ses plans charnels tombent à l'eau, Darius se dirige vers son armure, qu'il entreprend d'enfiler. C'est d'ailleurs ce qu'il est en train de faire lorsque Mathilde repasse sa tête par la porte. Il relève le regard vers elle et arque un sourcil à son avertissement.
« J'essayais pas de t'amadouer, j'avais juste pas fini de parler quand tu m'as dit de t'embrasser et que tu as décidé d'être irrésistible », dit-il simplement en souriant un peu avant qu'elle reparte.
Darius hausse les épaules et continue de mettre son armure. Sa belle fermière est vraiment tendue lorsqu'il est question de négociations!
Une fois ses sangles attachées et son épée et sa dague remises en place, Darius se dirige vers la fenêtre. Il voit Mathilde et le milicien discuter près de la barrière, mais ne saisit pas trop quoi de quoi ils parlent. Il entend quelques mots, comprend qu'il y a une histoire de galettes et de vols, et qu'il semble être question de quelqu'un qui est disparu, mais il ne fait pas de liens entre ces éléments et n'apprend rien, trop loin pour véritablement écouter la conversation.
Le milicien repart au pas de course et Mathilde se dirige vers le poulailler. Darius sort et fait quelques pas pour se délier les jambes. Il suit au loin la bande de miliciens qui s'éloigne avant de simplement profiter une nouvelle fois du paysage et du soleil. Il entend les poules caqueter et les voit alors envahir la cour et se jeter sur les grains jetées par Mathilde d'une main hâtive. La fermière repasse, un panier à la main. Il pense qu'elle va venir le rejoindre, mais... non, elle va directement vers la grange. Elle ressort avec une jument à qui elle semble parler à voix basse et Darius réalise qu'elle a complètement oublié qu'il était là. Elle a sa ferme à réveiller et elle se dévoue tant à la tâche qu'elle ne se souvient même plus qu'il y a un pirate dans sa chaumière.
Un sourire amusé en coin des lèvres, Darius s'approche de Mathilde de son pas nonchalant et s'arrête non loin d'elle.
« Détrôné par une bande de poules et une jument... Ça m'était jamais arrivé avant. Il y a vraiment une première fois à tout! »
Darius rit et regarde longuement Mathilde. Il sait très bien qu'elle est fermière, après tout, ils sont même sur ses terres et ils ont discuté amplement de ses légumes, mais la voir s'atteler à la tâche pour la première fois reste un peu étrange. Il découvre finalement ce côté d'elle qui fait partie intégrante de qui elle est et de qui elle sera sans doute toujours, cet aspect d'elle qui la rend si différente de lui. Un marin et une terrienne. Elle a eu un aperçu de son monde et c'est à son tour de le plonger dans le sien.
« Comme j'ai pas l'intention de jouer à la décoration dans ta chaumière pendant que tu travailles si je reste toute la journée, dis-moi ce que je peux faire pour te donner un coup de main, réclame-t-il. Je connais pas grand-chose au fonctionnement d'une ferme, mais je peux t'aider si tu m'expliques ce que tu aimerais que je fasse. »
S'il n'est pas du tout dans ses plans de devenir fermier, Darius semble malgré tout plutôt curieux. Il paraît aussi avoir la bougeotte – c'est un homme d'action et, la plupart du temps, il est déjà bien actif à cette heure du matin.
« Allez, partage tout ton savoir de belle fermière avec moi, ô pauvre marin sans mer », ajoute-t-il en se mettant une main sur le cœur pour un effet dramatique accru.
L'œil pétillant de malice, il fait un sourire mi-goguenard, mi-charmant à Mathilde. Il flirte avec elle comme ça, pour rien, juste parce qu'il en envie. Est-ce la première fois? Non. Est-ce la dernière fois? Non. Va-t-il toujours le faire, que ce soit dans un jour ou dans un an? Tout à fait, et elle le verra bien assez vite...
Au loin, les silhouettes des travailleurs avançant à bon pas se dessinent. Darius plisse légèrement les yeux, car l'un d'entre eux semble faire de grands mouvements. Il ne lui faut que quelques secondes pour réaliser que, même si les deux groupes ne sont l'un pour l'autre que des petits points diffus, le fameux Roger agite un bras avec enthousiasme en direction de Mathilde. Roger. Darius sent déjà qu'il va l'agacer, celui-là...
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Sam 18 Jan 2020 - 19:45 | | | Irrésistible. Elle était partie avec un petit sourire ravi aux lèvres, sourire qui s'était effacé pour partir à la rencontre des miliciens, mais qu'elle retrouve lorsqu'elle entend la voix de Darius non loin d'elle. Détrôné par une bande de poules et une jument... Mathilde vire au pivoine. Mais non! Y a personne pour les sortir, elles vont commencer à râler, et une Marguerite qui râle est une Marguerite vraiment fatigante. Il rit... bon, au moins il ne le prend pas mal. Excuse-moi! J'ai de vieilles habitudes de femme solitaire.
Il a remis sa cuirasse. C'est à la fois un peu décevant et diablement attirant. Un coup d'oeil par-dessus son épaule. Personne à l'horizon. Elle en profite pour lui voler un baiser, un baiser plein de promesses d'amour dans le foin et de regards lourds de sous-entendu lorsqu'ils ne seront plus seuls. Pourquoi a-t-elle accepté tant de monde autour de son petit nid? Pour l'Ordre, grâce auquel tu as sauvé ta vie et à cause duquel le pirate t'a abordée. La jument souffle à côté des amants. Un rappel à l'ordre. Darius en profite pour lui proposer son aide.
- Tu es une décoration fort agréable à regarder, Darius-dont-j'ignore-le-nom. Elle rit. Il est encore plein de mystères, malgré le temps qu'ils ont passé ensemble. Cela a quelque chose d'agréable. Il reste bien des choses à dire, bien des choses à découvrir. Il y a l'abreuvoir à remplir. Le seau est au fond du puits, tu vas pouvoir faire jouer tes gros bras. Ensuite j'ai deux balles de paille à transporter de la grange au poulailler. Une dans l'enclos de Marguerite.
Elle le regarde, lui et son petit sourire charmeur qui a le don de lui faire monter le rouge aux joues. Légèrement. Elle pourrait presque accuser le soleil, mais il n'est pas encore assez chaud pour ça. Il flirte. Elle pourrait lui céder là, maintenant, tout de suite, tant sa façon de la regarder depuis sa haute taille, avec toute la prestance que lui confère son armure et toute l'intensité et la douceur qu'elle lui connait trouvent écho quelque part au creux de son bas-ventre. Elle lui rend son sourire et murmure Si tu traînes un peu trop dans la grange, ça se peut que je m'inquiète et que je vienne voir si tout va bien.
Darius plisse les yeux, il a vu quelque chose. Gros soupir de Mathilde qui comprend que la tranquillité est définitivement terminée pour eux. Elle se retourne, distingue les silhouettes et particulièrement celle de Roger qui s'agite au loin. Elle sourit, un peu attendrie. Cet homme est beaucoup trop enthousiaste à son égard. Elle lui rend son salut, sans doute de façon beaucoup moins enthousiaste.
- Et ça repart... ils sont là six jours sur sept. Avec les récoltes ça risque d'être sept jours sans répit, jusqu'à la fin de l'automne. J'aime leur compagnie autant que je la déteste. Mathilde regarde Roger qui marche d'un bon pas. Sans doute impatient d'arriver, de s'assurer qu'elle va bien et que "Dartagnan" n'a pas abusé de la situation. Comme si elle avait besoin d'un homme pour se défendre lorsqu'elle est seule, ici. T'en menais pas large, sur le bateau, Mathie. C'était autre chose. Ce n'était pas son monde, pas ses lois, contrairement à ici.
Darius se met-il au travail, alors que Mathilde attend les gars, aux côtés de Marguerite? Il ne leur faut que quelques minutes pour être là. - Bonjour Ma'. Tout va bien? Roger est le premier. Il est toujours le premier. Sa barbe noire est fraîchement taillée, il a profité d'Usson pour se faire couper les cheveux également. Plutôt trapu, ses vêtements sont propres, et il présente bien. Ça fait changement. Il replace la lanière du sac qu'il porte en bandoulière. - Tout va bien. J'ai dormi comme un bébé. L'expression courante est sans aucun doute la plus fausse vérité qui ait jamais été énoncée. D'après Lance, son voisin qui a disparu, sa fille ne dormait tout simplement pas... et au vu des cernes qu'il arborait, il ne mentait pas à ce sujet. Alors dans un sens, Mathilde ne ment pas. Elle a peu dormi. La soirée a été bonne? - Gauthier a gagné aux dés, et on s'est arrangés pour être frais et dispos dès le petit matin. Coup d'oeil vers "Dartagnan", qui se trouve maintenant un peu plus loin, sans doute occupé à l'une des tâches qu'elle lui a suggérées. Roger baisse le ton. Il reste encore longtemps? - Je sais pas, Roger. Peut-être une nuit de plus, à moins qu'il ne parte dans l'après-midi. Je crois qu'il est aussi fatigué que moi. Il a pas dormi durant la traversée, trop occupé à guetter les pirates et les tempêtes. Une chose est sûre, je voudrais pas être marin. Dans tous les cas, il s'est très bien conduit, n'a pas eu d'attitude déplacée et a proposé son aide ce matin, c'est déjà bien plus que la plupart des personnes que nous accueillons ici. Roger hoche de la tête. L'analyse est bonne, mais il ira tout de même vérifier si monsieur parfait a bel et bien couché dans l'autre chambre. Mathilde est une femme fragile, et profondément attristée par la perte de son fiancé, qu'il n'aimait pas beaucoup d'ailleurs. Dartagnan est un joli garçon, et tout le monde connait la réputation des marins : une femme dans chaque port. Hors de question que Mathilde ait le coeur brisé encore une fois. - Alors au travail. Je suppose qu'on travaille sur notre petit nid douillet? - Oui m'sieur. Je m'occupe des bêtes. Dartagnan va m'aider avec les balles de foin. Je laisse la terre sécher avant d'aller aux champs, y a des chances qu'on se tourne un peu les pouces cet après-midi. - Je crois que Gauthier sera pas contre une p'tite sieste répond Roger en riant. Pas vrai Gauthier? lance-t-il au grand gaillard un peu voûté qui passe à côté en faisant un petit signe de la main. Les cheveux ébouriffés, les yeux encore mi-clos, il a clairement fêté. Mathilde rit, elle aussi. Elle aime bien Gauthier, c'est un jeune homme vivant, qui profite de la moindre occasion pour célébrer la vie. Ils ont un peu la même philosophie, et il la considère comme une grande soeur.
Roger s'éloigne, sur les traces de Gauthier, et s'arrête, l'air de rien, à l'abreuvoir pour attendre Dartagnan, qui ne tarde pas à arriver avec un seau plein. Le gaillard ne peut s'empêcher de penser qu'une cuirasse, c'est bien encombrant pour travailler. Ce gars essaie de paraître plus important qu'il ne l'est. - 'jour m'sieur lance-t-il à Darius, l'air dégagé. Belle journée, pas vrai? J'parie que vous voyez pas d'aussi jolies choses sur vot' navire hein? J'espère que vous avez de bonnes intentions avec Ma' Dumas. Ma', pour Mathilde, Madame, Maman. Les gars avec ce surnom en sachant qu'elle le trouve aussi mignon qu'exécrable. Elle n'est pas leur mère, même si elle prend soin d'eux à sa façon. Elle est en deuil, vous savez. Son fiancé. Folle amoureuse, qu'elle était. Il est parti un matin et il est jamais rev'nu. Ils devaient se marier y a... voyons... bah le jour où vous l'avez ramassée. Je commence à croire que vous l'avez sauvée d'un geste désespéré.
Évidemment, Roger vérifie régulièrement par-dessus son épaule que la Dumas soit suffisamment loin d'eux pour ne pas l'entendre étaler sa vie aux pieds d'un inconnu. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Sam 18 Jan 2020 - 21:49 | | | Les rires de Darius redoublent quand Mathilde vire au pivoine. Elle l'a oublié et elle en est terriblement embarrassée. Il n'en fait pas de cas et s'amuse plutôt de la situation. Il se doute très bien que ce n'est pas la dernière fois et il sait ce que c'est que d'être pris par ses activités. Il lui est, en réalité, arrivé d'oublier qu'elle était sur le navire alors qu'il était occupé à garder le navire à flot lors de la deuxième traversée. Elle ne l'a simplement jamais su directement.
Darius répond volontiers au baiser plein de promesses que lui vole Mathilde et qui ne contribue évidemment qu'à accentuer le sourire charmeur qu'il lui sert. Au détour d'une blague, elle lui signale qu'elle ignore toujours son nom. Il affiche un air amusé, mais choisit de ne pas satisfaire la curiosité de son amante dans l'immédiat.
« Peut-être le sauras plus tard, réplique-t-il. Enfin, si Marguerite veut. J'ai entendu dire que c'est elle la véritable chef, ici... »
Il ricane. Mathilde lui donne deux tâches simples pour l'aider : remplir l'abreuvoir et transporter deux balles de paille. Il hoche la tête. C'est dans ses cordes. En particulier la partie où il doit traîner dans la grange et où Mathilde doit venir le rejoindre parce qu'elle s'inquiète pour lui. Oh oui, ça, c'est définitivement dans ses cordes.
« Prépare-toi à t'inquiéter, traîner un peu trop dans les granges fait partie de mes passe-temps favoris », chuchote-t-il en retour avant de remarquer que les gars de Mathilde reviennent déjà.
Darius grommelle intérieurement. Il aurait bien pris quelques minutes de tranquillité encore – ou quelques heures. Il entend Mathilde soupirer longuement à côté de lui. Elle non plus n'est pas ravie de voir leur tête-à-tête prendre fin. Elle salue Roger d'un petit geste. Ils sont là six jours sur sept. Avec les récoltes ça risque d'être sept jours sans répit, jusqu'à la fin de l'automne. Darius répond d'un « Mmm » qui oscille entre l'acquiescement et le grognement. Sept jours. Il n'aura même pas la possibilité d'avoir un peu de chance et de débarquer un jour où les gaillards ont congé. Sept jours... Bordel.
Les travailleurs arrivent et Darius, plutôt que de s'attarder et de devoir leur parler de la pluie et du beau temps, choisit de se mettre à la tâche. Il se dirige donc vers le puits afin d'en faire remonter le seau débordant d'eau et de pouvoir remplir l'abreuvoir. Pendant qu'il s'exécute, il jette un œil à Mathilde, qui discute avec Roger. Il a presque l'impression que le type s'est mis à courir pour arriver le premier et avoir quelques minutes seul à seul avec la fermière. Darius remonte le seau et fait un premier voyage vers l'abreuvoir pour y verser de l'eau. Il retourne au puits, fait descendre le seau. Il remarque que Roger semble observer discrètement dans sa direction. Le gaillard se méfie de lui. Darius va se méfier en retour. Nouveau voyage vers l'abreuvoir, retour vers le puits. Lorsqu'il revient une troisième fois pour compléter sa tâche, Darius n'est pas exactement surpris de voir que le dénommé Roger traîne là. Il se contente de le saluer d'un geste de la tête et de verser l'eau. Le gaillard commence par quelques banalités, mais en vient au cœur du sujet qu'il souhaite aborder assez rapidement et de la façon la plus maladroite qui soit. L'abreuvoir rempli, Darius se redresse pour faire face à Roger, le seau encore en main. Il arque un sourcil. Le type commence à lui raconter la vie de Mathilde, non sans jeter régulièrement des coups d'œil derrière lui pour être certain qu'elle n'apparaît pas alors qu'il ne se mêle pas de ses oignons.
Darius lève une main autoritaire devant lui pour que Roger cesse de parler. Une sorte de « ta gueule » silencieux et pas trop méchant au final, qui signifie surtout qu'il ne veut pas en entendre plus.
« Écoute, je sais pas pourquoi tu me racontes ça, mais ça m'intéresse pas. Si Mathilde a envie que je sache tout sur ses malheurs amoureux, elle me les relatera elle-même. C'est pas à toi de le faire et tu sembles déjà le savoir vu comment tu regardes par-dessus ton épaule à toutes les deux secondes de peur de te faire pincer. Tu sembles être bien intentionné, mais elle a l'air capable de décider elle-même ce qu'elle veut dire sur elle à un type comme moi ou non. »
Il y a une part de mensonge et de vérité dans ce qu'il dit. Il ment quand prétend que ce que Roger lui a révélé ne l'intéresse pas. Il ignorait tout de cette histoire de fiancé disparu avant que l'employé de Mathilde la lui mentionne. Mais voilà. Il ne veut pas l'entendre de la bouche de Roger, qui semble bien protecteur, voire légèrement jaloux. À combien de types de passage est-il allé raconter ça? Darius se pose bien la question.
« J'ai pas de mauvaises intentions envers elle, continue-t-il. Je l'ai aidée à se sortir d'un mauvais pas en mer, elle m'aide avec d'autres trucs, et là, je la remercie de son hospitalité en faisant deux ou trois choses au lieu de me tourner les pouces. Je suis pas à la recherche d'une fiancée, d'une épouse ou de quoi que ce soit d'autre. »
Darius sert un regard entendu à Roger et donne deux ou trois tapes viriles et presque amicales – à bon entendeur! - sur son épaule avant de retourner vers le puits afin d'y rapporter le seau. Pendant qu'il s'éloigne, il sent sur lui le regard de Roger, mais ne se retourne pas. Il songe plutôt à ce que le gaillard lui a dit. ls devaient se marier y a... voyons... bah le jour où vous l'avez ramassée.C'est un hasard plutôt troublant. Je commence à croire que vous l'avez sauvée d'un geste désespéré. Non, ça, il n'y croit pas. Mais le reste... Oui, c'est perturbant.
Darius se dirige vers la grange pour aller y traîner un peu trop longtemps et inquiéter Mathilde. Roger saisit cette occasion pour retourner auprès de la fermière. Il s'approche avec un air soucieux et dit, à voix basse, une fois à sa hauteur :
« Ma'... J'sais qu'il t'a bien aidée, ce Dartagnan, mais... j'pense qu'y devrait pas trop traîner à la ferme. J'pense qu'y va nous apporter du malheur. J'lui ai parlé un p'tit peu et enfin... Tu vois sûrement c'que j'veux dire. »
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Dim 19 Jan 2020 - 1:41 | | | Mathilde a-t-elle vu Roger se diriger vers l'abreuvoir? Oui. A-t-elle des raisons de se méfier? Non, mais elle ne sait pas encore que ça viendra. Regarde-t-elle de temps en temps pour voir si Roger et Darius ne se battent pas? Bien évidemment. Mais tout à l'air de bien se passer. Elle ne voit pas Darius imposer le silence, pas plus qu'elle ne les entend. Trop loin. Et occupée à s'assurer que les coqs continuent de grossir, à l'autre bout de la cour. Bientôt, ce sera le temps de les abattre.
De son côté, Roger a fini de parler avec Dartagnan. Il sait maintenant qu'ils sont assez proches que pour l'appeler "Mathilde", ce qu'elle ne permet pas à n'importe qui. D'habitude, Ma' reste distante. On sait qu'elle est plutôt farouche et l'apprivoiser est une chose délicate. Il n'est pas sûr d'avoir tout à fait réussi, d'ailleurs, mais elle lui permet de la tutoyer depuis quelques semaines. Ça l'est a beaucoup rapprochés, du moins c'et ce qu'il pense. Et puis il a été là quand Alcide a été porté disparu, elle a pu pleurer sur son épaule. Enfin elle aurait pu, mais elle ne l'a pas fait. Mais Roger sait ce qui est bon pour elle, et un marin, c'est pas bon. Par chance il ne recherche ni épouse, ni fiancée, ni autre. Comme si on ne pouvait la considérer que comme une maîtresse. Pfeu. Le connard.
Roger se masse l'épaule en se dirigeant vers Mathilde, la tête pleine de pensées et de certitudes, alors que Dartagnan disparaît dans la grange.
Ma'... J'sais qu'il t'a bien aidée, ce Dartagnan, mais...
Mathilde fronce les sourcils. Non, Roger, je ne vois pas ce que tu veux dire. Le ton est glacial, le visage est sévère. Elle s'appuie sur une fourche qui, tout à coup, pourrait paraître menaçante si Roger ne connaissait pas la douceur dont elle fait preuve en tout temps. Ou presque. - Ma', j't'en prie, t'as vu sa balafre? T'as vu sa tête? Ce gars sent les problèmes à plein nez. Tu devrais pas lui rendre service. - Roger, je t'ai accueilli ici dans un état franchement peu ragoûtant. Ça nous empêche pas de faire du bon travail et d'avoir de bonnes relations. Juge pas sur les apparences, d'accord? Il m'a sauvée d'un mauvais pas, je lui offre un toit pour qu'il n'ait pas à payer une auberge, c'est la moindre des choses. T'inquiète pas, va, il me fera pas de mal. Bon, elle est un peu moins tendue, au point de paraître presque bienveillante. - J'espère bien. Je lui ai dit pour ton fiancé et... - TU AS QUOI?! Roger recule d'un pas face à la colère subit de Mathilde, qui a viré au rouge... sauf ses yeux. Eux, ils sont noirs comme la nuit. Tu as parlé de MA vie à un parfait inconnu? De quel droit tu te mêles de mes affaires, Roger. T'es ni mon mari, ni mon père. Tu es sur MA ferme, avec MES bêtes, et tu viens chercher MON savoir avant de repartir sur la ferme qui te sera confiée. Ça s'arrête là. Tu veux surveiller quelqu'un? Parfait. Va voir ta femme. Et prie pour que je ne la croise jamais, parce que ça se pourrait que je lui cause parle des aventures de son mari avec une certaine Cassandra, à Usson. Est-ce que je suis claire?! - Ma'... - C'est MADAME DUMAS. Jusqu'à ce que tu aies le comportement d'une personne en laquelle je peux avoir confiance, je suis ton professeur et tu es mon élève. C'EST TOUT.
Mathilde reprend sa travail dans l'enclos des coqs de chair, dont elle remue la paille pour la faire sécher. Et elle le fait avec des gestes secs, qui trahissent son agacement. Roger a beau essayé de lui parler, elle lui tourne ostensiblement le dos, avant de finalement lui lâcher un glacial Tu as du travail, toi aussi qui finit de le persuader de la laisser, le temps que la colère retombe. Roger ne comprend pas, il a été gentil, il s'est assuré que le gars n'ait pas de mauvaises intentions ni ne se fasse d'idées au sujet de Mathilde, qui est une femme fragile... Il part retrouver les autres. Peut-être pourront-ils l'aider à comprendre.
Le travail est vite terminé pour la fermière. Elle laisse la fourche contre l'enclos des coqs de chair et traverse la cour à grandes enjambées, visiblement encore énervée. De quel droit se mêle-t-il de ses affaires? De quel droit se permet-il de parler de sa vie à quelqu'un qu'il ne connait pas? Quelle plaie! A-t-elle dit à Alexandre que Roger serait bientôt opérationnel? Elle ne se souvient pas, mais ça sera sans doute le premier à partir. Parce qu'il est prêt, ou presque, et surtout parce qu'elle ne le laissera pas s'approcher d'elle. C'est assez.
Mathilde s'arrête au puits, remonte un seau pour boire quelques gorgées et se laver les mains. Puis elle se dirige vers la grange où elle a vu Darius disparaître et entre. Roger a disparu de la cour, les autres sont dans l'ancienne grange. Dar? Elle est essoufflée, essoufflée d'avoir transféré sa colère dans ses pas, pressés, raides, rapides. Qu'est-ce que Roger lui a dit, exactement? Et qu'est-ce qu'elle va bien pouvoir dire à Darius? La vérité. Les faits. Pour ne pas se quitter sur un malentendu. La regarde-t-il? Peut-être, à moins qu'il ne lui tourne le dos et que les yeux noisettes ne se braquent alors sur sa nuque.
- Roger n'a pas pu s'empêcher de te parler, hein? Il t'a raconté ce qu'il sait de moi en espérant t'éloigner, j'imagine. Il est là, il l'attend. Elle est à peu près certaine qu'il ne posera pas de question, par respect pour ses petits mystères, parce qu'il sait qu'elle respecte les siens. Quatrième chose à savoir au sujet de la Dumas? Histoire de pas se quitter sur un non-dit... Elle respire profondément, reprenant son souffle progressivement. J'ai vécu une très belle histoire d'amour, c'est vrai. Avec un beau milicien, Alcide Lupin, officiellement porté disparu depuis le mois dernier, mais que je n'ai pas vu depuis la mi-juillet. On m'a rapporté une partie de ses effets il y a quelques semaines... Ça venait confirmer mon intuition. Pas de traces, pas de sang, pas de corps. Évaporé, lors d'une mission dans les marais, pendant son tour de garde. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, et puis j'ai enterré ses affaires comme on enterrait les morts, autrefois. Sa tombe est dans un endroit qu'il aimait beaucoup. Un endroit où le lilas pousse parmi les rosiers sauvages, dans les ruines d'un temple jadis magnifique. Les gars l'avaient accompagnée, ce jour-là. On devait se marier le jour où j'ai posé le pied sur ton bateau. J'y ai pensé. J'ai trouvé ça ironique. Elle sourit. Elle aurait pu dire "douloureusement ironique", mais il n'y avait plus de douleur. Parfois une douce nostalgie à l'égard des rares jours qu'ils avaient pu partager. C'est que le Lupin avait été réprimandé à plusieurs reprises à la caserne. Trop enclin à sortir des rangs pour mener des petites opérations dans le dos de ses supérieurs qui finissaient toujours par le découvrir. Finalement, ils avaient passé plus de temps ensemble dans la cuisine de la caserne que dans la douceur de la chaumière. Je suis en paix, Dar. Mon petit coeur est encore en miettes et crève de trouille à l'idée d'être une fois encore brisé, mais je suis reconnaissante d'avoir pu aimer et d'avoir été aimée pour ce que j'étais. Et j'espère pouvoir ressentir cela encore dans ma vie. Je crois que je le pourrai. En fait j'en suis certaine. Navrée que ça soit un gars qui se prend pour ce qu'il n'est pas qui te l'ai appris. Elle haussa les épaules. Je sais que normalement je devrais porter le deuil, afficher ma peine, mais je n'ai pas le temps pour ça. Je veux vivre. Vivre, aimer, cultiver ma terre, rire, chanter... J'aurai tout le temps de pleurer, quand je serai morte. Voilà, tu sais tout.
Elle le regarde, et se demande ce qu'il pense, là, maintenant. Elle espère qu'il va desserrer les lèvres. Il ne lui doit rien, il n'a même pas besoin de lui répondre, si elle s'en tient à ses considérations premières de femme-qui-vit-intensément, mais elle ne sait même pas ce qu'il représente pour elle. Un peu plus qu'un amant, un homme qu'elle pourrait aimer. Un homme dont le regard qu'il pose sur elle compte. Beaucoup. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Dim 19 Jan 2020 - 4:30 | | | Darius vient à peine de se saisir de la fourche pour transporter la première balle de paille vers l'enclos de Marguerite qu'il entend un éclat de colère qui a de quoi faire trembler tout Usson. La voix de Mathilde. Darius relâche la fourche et se dirige vers la porte de la grange, demeurée ouverte, pour voir ce qui se passe. Un peu plus loin, il aperçoit Roger en train de subir les foudres de la fermière. Inutile de se questionner sur ce qui s'est produit... Non, vraiment, ce type n'est pas doué pour la communication. À entendre Mathilde, le pirate devine aisément que Roger est allé lui-même lui dire ce qu'il a dévoilé à son sujet pendant qu'elle avait le dos tourné. Quel con. Il n'a même pas eu la présence d'esprit de mentir pour se sauver. Tant pis pour lui. Darius n'a strictement aucune pitié.
Mathilde ayant la situation bien en main, Darius rentre dans la grange et reprend la fourche pour exécuter la tâche qui lui a été confiée. Il ressort avec une première balle de paille, qu'il transporte jusqu'à l'enclos de la jument. Avec la fourche, il défait et retourne un peu le foin avant de repartir pour la grange. En chemin, il jette un coup d'œil à Mathilde, qui travaille à l'aide de gestes secs et qui ne semble pas décolérer. Il la laisse tranquille et retourne à la grange pour aller chercher la deuxième balle de paille. Il a la fourche en main, prête à piquer le foin, lorsqu'il entend la fermière l'interpeller. Il délaisse aussitôt son activité pour se détourner et lui faire face. Il la fixe dans les yeux calmement. Du regard, il lui dit qu'il ne demande rien, qu'elle n'a pas à lui parler de son passé maintenant si elle n'en a pas envie. Malgré tout, alors qu'elle peine à reprendre son souffle, elle le fait.
Darius écoute Mathilde, assimile. Une histoire d'amour avec un milicien porté disparu depuis environ un mois maintenant. Un mariage qui devait avoir lieu le jour même où elle a posé le pied sur son navire. C'est ironique, oui. Si Darius n'aime pas particulièrement savoir que Mathilde a pleuré toutes les larmes de son corps et qu'elle a dû enterrer encore une fois une personne qu'elle aimait, il n'arrive pas vraiment à être triste pour elle. Il est bien content que ce milicien – qu'il ne connaît pas et dont il n'a ainsi rien à faire – soit disparu. S'il avait encore été de ce monde, il n'aurait pas rencontré Mathilde le jour où il avait attaqué l'autre navire. Elle n'aurait pas été à bord, trop occupée à s'unir devant les Trois. Ils n'auraient pas regardé les étoiles ensemble. Ils n'auraient pas échangé ce baiser dans la barque. Ils n'auraient eu le bonheur de se retrouver sous la pluie de Marbrume. Ils n'auraient pas inventé toutes ces blagues pourries sur les panais. Ils n'auraient pas uni leurs corps dans ce plaisir rare et cette communion encore plus rare. Ils ne seraient tout simplement pas là, face à face, à se regarder dans les yeux, dans cette grange, au milieu des balles de paille. Ils ignoreraient l'existence de l'autre et ne l'appendraient sûrement jamais. Le lien n'existerait pas. Darius ne regrette pas la disparition de cet Alcide Lupin.
Mathilde espère pouvoir aimer et être aimée pour qui elle est réellement encore. Elle a la certitude qu'elle pourra ressentir cela à nouveau. Darius la regarde un instant. Parle-t-elle... de vivre cela avec lui? Il n'est pas sûr si c'est ce qu'elle laisse sous-entendre. Peut-il ressentir cela pour elle? Peut-être. Probablement. Assurément? Il n'en sait rien. Son cœur est un lieu qu'il ne visite plus depuis que la Fange lui a pris... Il ne veut même pas y penser. Il souhaite seulement conserver ce lien unique qu'il a avec Mathilde et l'approfondir, profiter de chaque instant avec elle, car ils sont bien ensemble. Il n'a pas envie de mettre un mot sur ce qu'ils sont. Pas tout de suite. Peut-être jamais. Quelle importance tant qu'ils vivent, aiment, cultivent sa terre, rient et chantent?
Voilà, il sait tout. Darius sourit en coin à Mathilde et s'approche pour lui faire face de plus près. Tranquillement, il porte sa main contre sa joue pour la caresser brièvement.
« Je sais tout et je suis encore là, comme tu peux voir, dit-il à voix basse. Roger n'est pas très doué dans ses plans machiavéliques pour me faire fuir. »
Il sourit un peu plus, cette fois avec une pointe de taquinerie.
« Ça me fait chier qu'il t'ait mise au pied du mur comme ça et que c'est ce qui t'a poussée à me raconter tout ça à un moment que t'as pas choisi, mais je suis content de savoir. Pas parce que ça change quelque chose, juste parce que je veux te connaître, découvrir tes secrets petit à petit. Que tu étais avec quelqu'un ou non il y a un mois, que tu étais censée te marier il y a quelques jours, ça n'altère pas la vision que j'ai de toi maintenant. On a tous un passé. Et si je veux en apprendre plus sur le tien, c'est celle que tu es là, maintenant qui me plaît. Aucune histoire que tu vas me raconter va changer ça. Je vis dans le présent, pas dans le passé. »
Darius jette un coup d'œil rapide aux alentours et se penche pour embrasser Mathilde tendrement.
« J'ai dit à Roger que ses histoires m'intéressaient pas, continue-t-il après s'être légèrement reculé. Il peut bien perdre son temps à me dire ce qu'il veut, il va gaspiller sa salive et ça me fera pas bouger. Je sais que c'est ton travailleur, mais j'en ai sérieusement rien à foutre de ce type et je vais pas me gêner pour l'envoyer voir ailleurs si j'y suis s'il cherche les emmerdes avec moi. Je vais essayer de l'éviter au possible parce que j'essaie de rester un minimum discret, mais ça va peut-être être difficile vu qu'il aime fourrer son nez partout et qu'il est clairement jaloux. Jaloux sans raison, évidemment... »
Darius sourit moqueusement et offre un nouveau baiser à Mathilde. Peut-être deux ou trois, même...
« Ah et... Vortigern, souffle-t-il entre deux baisers en la regardant un instant dans les yeux. C'est mon nom. Marguerite a eu peur quand tu as fait trembler Usson avec ta colère et m'a glissé à l'oreille qu'il valait mieux que je te le révèle. »
Darius ricane et reprend les baisers. Tiens, prends ça, Roger!
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| | | Mathilde VortigernFermière
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Dim 19 Jan 2020 - 21:31 | | | Darius s'approche en souriant, c'est plutôt bon signe. Il ne se range donc pas du côté de ceux qui s'offusquent qu'elle choisisse de vivre plutôt que de pleurer un mort qui n'en a rien à cirer qu'on le pleure, une fois que la peine est passée. Oh évidemment, elle ressent encore, de temps en temps, une pointe de tristesse, surtout lorsqu'elle passe par la caserne et qu'elle le cherche du regard, mais elle sait qu'elle l'a suffisamment pleuré. Ce n'est probablement pas l'avis de tous.
- Roger se mêle de choses qui ne le regardent pas. Il prend des libertés un peu trop grandes à mon goût. Te parler ne m'emmerde pas, je n'ai pas vraiment de grands mystères. Que quelqu'un d'autre s'immisce dans ma vie sans que je ne l'y convie, ça, ça m'emmerde. Ça se peut que tu le vois pas, la prochaine fois.
Ce n'est ni pour Darius ni à cause de lui qu'elle prend cette décision, c'est pour elle. L'accord qu'elle a avec l'Ordre est clair : si les gars travaillent mal, s'ils ont un comportement déplacé à son égard, ils seront remplacés. Tant pis pour leur formation, le bien-être de la fermière prime. Roger a fait un très mauvais choix en se mêlant de la vie privée de Mathilde. Que ce soit bien intentionné ou non, il a essayé de contrecarrer sa décision, il a voulu mettre son invité mal à l'aise, heureusement sans succès.
Je vis dans le présent, pas dans le passé. Cette affirmation l'intrigue un peu. Alors elle repense aux mots d'Isak. Ne pas parler de son épouse, ni des enfants... parce que c'est trop douloureux, sans aucun doute, et qu'il ne veut pas revivre cette douleur infinie, ne serait-ce qu'en abordant le sujet. C'est dommage. Elle est certaine que ce chapitre de sa vie est l'un des plus importants de son existence, qu'il a forgé celui qu'il est à présent, dans toute sa complexité. Tantôt froid et sans pitié, tantôt infiniment tendre, comme le baiser qu'il lui offre en ce moment.
Darius lui murmure que Roger est jaloux. Il est bien mal placé pour l'être. Elle n'est pas son épouse et elle ne le sera jamais. Il en a déjà une, à Najac, et une maîtresse à Usson. Seul le travail les unis, le travail et la relation que des gens qui se voient chaque jour et qui partagent des joies, des peines et des peurs, peuvent développer. Mathilde fait une petite moue. Si certains le vivent très bien, Roger fait peut-être partie de ceux qui se rêvent tout à coup maître de la ferme Dumas, et amant de la belle fermière. Il faut l'éloigner. Pour le bien de tout le monde. Pour son bien à elle.
Vortigern, murmure-t-il entre deux baisers. Elle lui sourit. Elle n'avait pas besoin de le savoir, mais ce qu'ils se disent ne relèvent pas de la nécessité, seulement de la confiance. Vortigern. C'est un drôle de nom, ça. Elle ne l'a jamais entendu. Elle aurait aimé pouvoir le relier à une famille qu'elle connaît, et dont l'histoire est connue de tous, même si elle est humble et peu digne d'intérêt comme celle de la famille Dumas, fiers fermiers depuis cinq générations. Moi qui comptais te ravir cette information dans ton sommeil... Sacrée Marguerite! souffle-t-elle, avant de l'embrasser longuement.
Ah, Darius. Tu vis dans le présent et tu repousses un chapitre important de ton passé, aussi loin que possible de toi et de ton bateau. J'ai pas besoin de le connaître en détails, je sais qu'il existe, c'est suffisant. J'espère seulement pouvoir t'offrir ce refuge que je proposais de t'échanger contre ma vie sauve et une traversée. Je croyais t'offrir une planque, en cas de problème, mais il n'est plus question de ça maintenant. Je veux juste que tu sois en paix lorsque tu penses à cet endroit. A moi. A nous, s'il y a un nous pour toi.
- Dar... si tu continues, je vais avoir envie de fermer la porte et de te traîner à l'étage. Les poules n'auront pas leur paille dans laquelle jouer, et Roger, qui est certainement en train de parler avec les gars, va avoir tout le loisir de leur montrer à quel point je suis imprudente. Gros soupir. C'était bien quand ils n'étaient que deux. Mais la priorité, maintenant, est d'apaiser les choses. Tu restes pour le souper? Elle sourit, un poil malicieuse. Je ne te retiens pas, c'est juste pour savoir si je cuisine pour une personne de plus, évidemment. Évidemment. Son sourire s'étire. Bien sûr qu'elle le retient. Les gars sont à peine arrivés que déjà, il lui manque. Il n'est pas encore parti, mais la prudence lui impose de ne pas montrer ouvertement son attirance... parce que les conventions sociales veulent qu'elle soit encore éplorée, et surtout parce qu'il a choisi une vie de contrebandier. S'il est reconnu, quel sort réserve-t-on aux femmes de pirates?
- Tu sais quoi? Je crois qu'il y a une entrée d'eau dans cette grange. Je ne sais pas exactement où. Il va falloir chercher, bien chercher dit-elle en s'interdisant de rire. Je reviens. Elle s'élève sur la pointe de pieds pour l'embrasser du bout des lèvres, et s'éclipse à pas pressés, direction la vieille grange, à quelques pas de là.
- Les gars? Je vous prends quelques outils, y a une fuite quelque part dans la grange. La paille est mouillée, on va déplacer les balles avec Dartagnan et regarder si on trouve quelque chose. - Tu veux de l'aide, Ma'? demande Gauthier, qui passe la tête par le trou de la trappe. - Je vais essayer de trouver le point d'entrée pour bidouiller quelque chose. Je t'appelle si j'y arrive pas, mais on a un marin volontaire pour le projet, j'imagine qu'il connait un peu le bois et le colmatage! - D'acc! Hey Ma'? Il baisse d'un ton. Roger est fâché tu sais. Il dit que ton invité va nous attirer des ennuis. - Roger pense qu'il peut choisir qui j'accueille ici. Roger pense qu'il a aussi le droit de me conseiller sur mes fréquentations. Roger n'est pas fâché, il est vexé parce que la veuve Dumas lui a rappelé que sa place ici n'était pas celle du maître de maison. Quand il se sera calmé, il se peut que nous ayons une autre discussion quant aux relations que nous entretenons lui et moi. D'ici là, Gauthier, continue d'être aussi agréable et respectueux que tu l'as toujours été, et fais passer le mot à Phil, d'accord? Elle lui fait un clin d'oeil. Elle sait pertinemment que les deux autres ont entendu. On va voir du renfort pour la fin de la saison. De Terresang nous envoie deux voire trois travailleurs de plus, on sera pas de trop. Si le temps se maintient, on rentre dans les champs demain à l'aube, alors tâchez de ne pas trop vous esquinter aujourd'hui! A tantôt! - Entendu! A tantôt, Ma'!
Mathilde quitte la vieille grange et en ferme la porte pour revenir dans la neuve. C'est vrai qu'il y a une fuite, un truc qui sera vite colmaté en réalité. Mais c'est une excuse parfaite pour boulcer la porte sans inquiéter les gars, puisque personne ne fait le guet pour prévenir d'une attaque de fangeux et que dans ces cas-là, tout le monde s'enferme par simple mesure de précaution.
- Maintenant que je t'ai pour moi toute seule pendant quelques précieuses minutes, dis-moi, beau marin, d'où il vient, ce drôle de nom que tu portes? Mathilde dépose ses quelques outils sur une balle de foin. Elle se fiche un peu de la fuite, elle avait seulement besoin d'un prétexte pour passer un peu de temps en tête à tête avec Darius. |
| | | Darius VortigernPirate - Capitaine
| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] Lun 20 Jan 2020 - 0:06 | | | Ça se peut que tu le vois pas, la prochaine fois. Darius n'a sans doute pas besoin de dire quoi que ce soit pour que Mathilde comprenne qu'il ne va pas être déçu s'il ne recroise plus jamais Roger. Les autres gars semblent protecteurs, oui, mais Roger est plus que protecteur : il est intrusif. Et Darius sent que plus le temps va passer, plus il va l'emmerder. Il se doute que les journées auprès de Mathilde seront davantage rythmées par des instants d'isolement volés au milieu du travail que par de longs moments d'intimité. Avec un Roger jaloux dans les parages, par contre, ces instants seront aussi synonymes de risque accru de se faire prendre. Darius n'a pas de mal à imaginer le fermier les suivre discrètement quand ils s'éloignent, juste pour voir « s'il n'a pas de mauvaises intentions envers Ma'». Peut-être est-ce en partie ce que Roger vérifie, peut-être est-il légitimement inquiet pour Mathilde. La pirate n'est cependant pas né de la dernière pluie et il est évident pour lui que le gaillard souhaite également s'assurer que personne ne s'approche trop de la fermière parce qu'il a un œil sur elle. Le pauvre. Il risque d'être amèrement déçu. Darius songe que Mathilde et Roger ont ensemble autant de tension sexuelle ou amoureuse qu'un brin d'herbe et un rocher. Il ne sait pas exactement quel genre d'homme attire Mathilde en général, mais Roger ne semble pas entrer dans la catégorie. Tant mieux.
Darius et Mathilde délaissent tous deux le sujet de Roger. Entre deux baisers, le pirate dévoile finalement son nom. Est-ce imprudent? Oui et non. Qui connaît réellement ce nom ici ou même à Marbrume? Personne. Il n'utilise presque jamais son vrai prénom et encore moins son nom. Ceux qui auraient pu s'en servir pour l'identifier et lui faire des emmerdes sont morts et enterrés. Vortigern. C'est étrange, même pour lui. Il n'a plus l'habitude de prononcer son propre nom.
Darius finit par refermer ses bras contre Mathilde tandis qu'il l'embrasse longuement. La jeune femme les ramène toutefois à la réalité : si ce n'est pas l'envie qui manque de continuer tout ça à l'étage, ils risquent de se faire pincer. Il lâche un « Je sais, je sais » mi-amusé, mi-agacé. Il a du mal à se contenir, parfois. Un baiser suffit pour faire renaître son envie d'elle lorsqu'elle est finalement apaisée. Il ne s'explique pas trop l'effet qu'elle lui fait, cette attirance irrépressible entre eux. Dans tous les cas, il faut la gérer.
Mathilde demanda à Darius s'il reste pour le souper. Il ne devrait sûrement pas. Il a l'excuse parfaite en tête pour s'éterniser, mais il ne devrait quand même pas. C'est pourquoi il répond :
« Je reste. »
Il veut rester, alors il reste. Les négociations ont été tendues, il a dû rester pour obtenir quelque chose de potable. Voilà ce qu'il dira. C'est tout.
Un sourire malicieux ourle les lèvres de Darius lorsque Mathilde mentionne une entrée d'eau à chercher – à bien chercher – dans la grange. La fermière honnête a un talent certain pour tordre la vérité à son avantage.
« Tu peux compter sur mon aide généreuse, évidemment », murmure Darius moqueusement alors que Mathilde l'embrasse du bout des lèvres.
Pendant que Mathilde est partie, Darius se saisit de la fourche afin de reprendre là où il s'est arrêté lorsqu'elle est débarquée. Histoire de ne pas avoir une crise de poules en colère, il va porter une balle de paille dans l'enclos. Le foin est à peine tombé que les bêtes se jettent dedans joyeusement. Darius les observe brièvement avec un certain amusement avant de rentrer à la grange. Mathilde arrive à son tour quelques minutes plus tard. Elle referme la porte derrière elle. Darius sourit. Elle leur a acheté du temps.
Darius s'approche de Mathilde et l'enlace une fois qu'elle a déposé les outils. Il compte bien profiter du temps qu'ils ont pour être près d'elle. Ils auront la soirée et la nuit, mais après, ce sera tout. Le lendemain, à l'aube, il sera parti pour un nombre de jours encore indéterminé.
« Tu sais quoi? Je suis même pas certain. C'était le nom de mon oncle. Ma tante et lui me l'ont donné parce que j'avais pas de père pour me léguer son nom. Et ma mère est morte peu après ma naissance. Je suis devenu un Vortigern parce qu'ils ont décidé de me recueillir. »
Darius hausse les épaules et poursuit, tout en caressant d'une main le dos de Mathilde :
« Mon oncle m'a dit un jour que sa famille venait d'un duché lointain et que c'est un vieux nom qui a perdu sa signification avec le temps. Si tu veux mon avis, c'est tellement bizarre que j'exclus même pas la possibilité que quelqu'un dans la famille se soit inventé un nom pour une raison obscure et l'ait passé à ses descendants. »
Darius ricane. Il préfère étrangement la deuxième option à la première. Elle est bien plus amusante, même si elle est moins plausible.
« Mais ça va, j'aime bien. Ça a un côté unique. C'est déjà pas mal que j'aie un nom. »
Darius replace une mèche folle derrière l'oreille de Mathilde et la regarde tranquillement. Il ne sait pas pourquoi il en dit autant sur lui avec elle. En fait, il ne sait pas pourquoi tout vient si naturellement avec elle. Les paroles, les silences, les gestes, les baisers. La confiance, même. Parce que oui, lui qui se méfie toujours a confiance en elle. Il garde une pointe de réserve, mais il sent malgré tout que Mathilde ne le trahira pas, peu importe ce qu'il peut lui raconter. Ce constat lui donne le vertige quelques secondes. Il a confiance en Mathilde. Et il ne lui a fallu que quelques jours pour en arriver là. Il doit être tombé sur la tête.
« Je suis un fils de catin, explique-t-il finalement. Ça a pas souvent de nom, ce genre de bâtards. Pas de leur père en tout cas. »
Simple évidence. Ça ne lui fait visiblement ni chaud ni froid, ça ne l'empêche pas de dormir la nuit. Il n'accorde pas tellement d'importance à ses origines. C'est tout le reste qui a forgé qui il est.
Darius marque une pause. Quelques secondes, il garde le silence et se contente de regarder Mathilde droit dans les yeux tout en caressant sa joue.
« Tu sais qu'il a pas tort de vouloir te protéger de moi, Roger? dit-il à voix basse en continuant de fixer Mathilde. Je lui ferais embrasser un mur à ma manière, mais il a pas tort quand même. Aujourd'hui, maintenant, la voie est libre. Mais un jour, même si on fait attention, les emmerdes vont peut-être débarquer devant ta porte. Plus je viens souvent, plus c'est un risque. Tu le sais, ça, belle fermière? »
Es-tu prête à courir ce risque? Moi oui. Je suis prêt à courir beaucoup trop de risques pour toi déjà, Mathilde Dumas.
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| Sujet: Re: Résister n'est panais-cessaire [Mathilde] | | | |
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