Marbrume


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 Ad astra per aspera [PV Mathilde]

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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyLun 11 Mai 2020 - 21:04
9 octobre 1166

Nonchalamment adossé au muret de pierre près des écuries, tout juste à côté de la boîte de bois à moitié démolie où il laisse normalement ses « messages » à Mathilde, Darius patiente en lançant en l'air une pomme qu'il rattrape à intervalles réguliers. De son regard clair, il balaie les alentours, guettant l'arrivée d'une belle fermière à qui il a donné rendez-vous à cet endroit même la veille dans l'espoir que cette journée de liberté en serait une ensoleillée et propice aux plans qu'il a évoqués lors de son dernier passage à la ferme. Les Trois sont de son côté : le couvert nuageux qui a accompagné les premières lueurs du jour s'est dissipé pour laisser place aux rayons du soleil qui promettent de réchauffer quelque peu les habitants d'Usson au cours de cette matinée plutôt venteuse. Darius aurait aimé un temps légèrement plus clément, mais bien que frais, celui-ci est largement supportable, surtout pour lui, qui est un véritable foyer sur pattes. Dans tous les cas, le frisson que procure de temps à autre la brise n'est pas assez important pour lui faire renoncer à ses plans. Mathilde sait qu'il l'emmène quelque part à l'extérieur. Elle sera prévenante et habillée en conséquence.

Croquant finalement dans sa pomme, Darius s'imprègne du calme relatif qui règne encore à Usson. Après quelques jours bien chargés et mouvementés à Marbrume, il accueille volontiers cet instant de tranquillité, comme plusieurs de ses hommes. Si certains préfèrent l'agitation de Marbrume lors des pauses, d'autres se plaisent bien au Labret, à la fois si différent de la ville et de l'île de Saint-Vespate. Quelques-uns vont même jusqu'à dire que les campagnardes sont plus charmantes que les gueuses qu'ils dénichent dans les bas quartiers de Marbrume – et ceux-là, Darius ne les contredit pas. Quoiqu'il en soit, après quelques emmerdes avec d'autres contrebandiers qui se sont mis le nez dans leurs affaires, les pirates ne sont pas mécontents d'attendre le prochain convoi en ronflant à bord, en jouant à quelques jeux de hasard ou en allant tenter leur chance auprès des jolies filles de la campagne. Quelques-uns se contentent aussi de se remettre de leurs petites blessures en vidant des bouteilles de rhum ou d'eau-de-vie – le meilleur remède qui soit, peu importe le mal!

Depuis sa cachette, Darius perçoit finalement des pas qui approchent. Il sourit en coin en reconnaissant la démarche de sa belle fermière – elle a, à son oreille, une façon bien particulière d'avancer : un rythme soutenu, un pas calme, mais décidé. Bien vite, sa silhouette se dessine et, tout en croquant dans sa pomme, il la suit des yeux tandis qu'elle le rejoint. Sourire charmeur aux lèvres, il la regarde sans gêne de haut en bas, pour sa part peu ému des vestiges de la dernière bagarre qui marquent encore son visage, soit un cocard bleuté, mais presque disparu au coin de l'œil droit et une entaille sur la joue qui, normalement, ne devrait pas laisser de marque une fois guérie.

Lorsque Mathilde est assez près, Darius se défait de son appui et dépose la pomme entamée sur la boîte de bois pour attirer la fermière vers lui et l'appuyer contre le muret de pierre pour l'embrasser dans le secret de leur petite planque. Il ignore ce qui se trouve encore dans le bagage qu'elle a apporté, mais il le lui fait relâcher pour pouvoir l'enlacer complètement et avoir son corps contre le sien, même juste quelques secondes ou quelques minutes avant qu'ils se décident à sortir de là.

« Une semaine, c'est assez pour que je te manque ou je dois partir plus longtemps? », murmure-t-il dans un sourire amusé en lui volant quelques baisers.

Darius glisse une main jusqu'à la joue de Mathilde, sans doute encore rose de la marche ou de la fraîcheur du vent, et la caresse de son pouce avant de replonger dans un baiser déraisonnable dont il peine à s'arracher.

« Tu peux t'absenter jusqu'à quand? demande-t-il en détachant finalement ses lèvres des siennes, espérant qu'ils auront la nuit pour eux. T'as pensé à tout apporter pour notre escapade? »

Darius désigne le sac d'un coup d'œil avant de revenir à Mathilde, dont il caresse la hanche avec une douceur à laquelle se mêle ce désir qui s'invite inévitablement dès qu'ils sont ensemble. S'il s'écoutait, il lui ferait l'amour ici et maintenant, contre ce muret de pierre. Il sait cependant que s'écouter n'est pas l'option la plus judicieuse, le risque d'être entendus demeurant trop grand malgré qu'ils soient bien dissimulés. Et puis, à l'est, le long du littoral, une barque les attend pour les mener à un endroit où ils auront toute la tranquillité du monde...
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyMer 13 Mai 2020 - 3:58
- Si je ne suis pas rentrée dans trois jours, tu pourras commencer à t'inquiéter.
- Mais Ma... tu vas où?
- Pas loin. Je veux pas te dire où, parce que je veux pas t'y croiser "par hasard". Mathilde sourit. Philippe n'était-il par passé "par hasard" au moment où Dartagnan lui rendait visite? Hors de question, cette fois, de voir apparaître un visage familier, et ce prétexte fort honnête l'arrange bien : elle n'a aucune idée de là où elle va. Darius a laissé le mystère planer sans jamais lui dévoiler le moindre indice. Je ne serai pas seule avec lui, et je serai prudente, d'accord. C'est un homme bien, il me respecte et fait les choses correctement.
- Ma... s'il t'arr... Philippe laisse sa phrase en suspend devant la main que Mathilde a levée pour demander le silence.
- Est-ce que j'ai le droit d'essayer d'être un peu heureuse, Phil? T'es marié, toi. T'as trois beaux enfants en pleine santé. Ta femme est belle à en crever et elle est d'une gentillesse infinie. Tes parents sont encore en vie et sont à Marbrume. Moi j'ai plus de famille. J'ai donné vingt-six ans à cette ferme. J'ai accepté un mariage de raison pour faire plaisir à mon père qui est mort juste après. Mes quatorze frères et soeurs sont morts, tout comme ma mère, mes oncles et mes cousins. Il me reste la ferme, tu vas me dire, mais la ferme c'est un travail. C'est pas une famille. Elle est on ne peut plus sérieuse. Elle n'a jamais caché le fait qu'elle n'ait jamais réellement aimé Philibert, et la tragique histoire de sa famille est connue de ses travailleurs. Ils savent aussi que la solitude lui est pesante, mais qu'elle se méfie des hommes qui pourraient convoiter sa terre plus que son coeur.
- Excuse, Ma. Je veux pas qu'il t'arrive des bricoles encore.
- Tu peux pas me protéger de tout, Philippe. J'ai envie de me laisser courtiser un peu, et de croire que quelqu'un peut réellement être amoureux de moi. Jusqu'ici il s'est bien comporté, y a pas de raison que ça change. Mathilde se veut rassurante. Elle a omis de dire qu'ils n'en sont pas restés à l'amour courtois et qu'il n'a rien de respectable dans sa vie de marin, mais ce genre de détail n'est pas à dévoiler à n'importe qui. A personne en fait.


***


Une heure plus tard, Mathilde aperçoit enfin l'écurie d'Usson près de laquelle elle a rendez-vous. Elle n'a aucune idée d'où ils vont, ni pour combien de temps Darius l'emmène, et bien que la situation soit particulièrement déstabilisante pour elle qui a tendance à tout planifier, à tout anticiper, elle se surprend à ressentir la même excitation que lorsqu'elle déballait un cadeau étant enfant. Dans son paquetage, elle a prévu deux couvertures, un pain, du fromage, un restant de viande séchée qu'il faudra mâcher longuement pour l'attendrir sous la dent, quelques légumes, un peu de cidre, un peu d'alcool, bref de quoi faire deux repas. Autant dire que la sacoche est pesante sur son épaule.

C'est la deuxième fois, ce matin, qu'elle passe à Usson. La première, c'était pour déposer ses choses à l'auberge, avant d'emmener sa jument chez de Beauharnais où elle serait inspectée et soignée par l'éleveur. De retour à la petite ville, Mathilde avait récupéré son paquetage et avait pris la direction des écuries, non sans saluer l'un ou l'autre visage connu à proximité d'un commerce déjà fréquenté malgré l'heure. Certains avaient du lui trouver un air particulièrement réjoui tant elle souriait aux gens, aux animaux et même au ciel, malgré la fraîcheur du matin.

Au lieu de traverser la place, Mathilde bifurque pour s'enfoncer dans les ruelles relativement calmes. Darius n'est pas loin, et cette fois c'est elle qui va à sa rencontre. Il l'attend sans doute bien à l'abri des regards derrière un muret, l'oeil pétillant de malice, un sourire charmeur aux lèvres. Peut-être grimacera-t-il en la voyant porter son pantalon et sa jupe de voyage, mais elle a tenté de parer à toutes les éventualités de leur escapade. Chevauchée, partie de pêche, escalade, promenade en mer ou sur le sable, elle n'aura pas à se soucier de sa tenue qui s'adaptera à toutes les circonstances. Marchant d'un bon pas, elle finit par distinguer une silhouette adossée à un muret et sourit alors que son coeur bat un peu plus fort et que les papillons s'agitent un peu plus dans son ventre. C'est lui. Elle se retient tant bien que mal de courir se jeter à son cou, et continue sa marche sans se presser outre mesure, alors qu'irrésistiblement, son sourire s'étire à mesure qu'elle approche. Le lieu est parfait : personne ne passe de ce côté, en témoigne l'herbe qui pousse en plein milieu du chemin de terre battue.

Elle fronce légèrement les sourcils en repérant les marques d'une altercation et l'inspecte sommairement du regard, mais se laisse faire lorsqu'il la fait pivoter pour l'appuyer contre le muret. Il n'a pas l'air blessé plus que ce qu'elle a vu. Elle l'enlace, un peu gênée par la sacoche pesante, et l'embrasse tendrement sans un mot. Tu m'as manqué. Le paquetage finit par rejoindre le sol, et, libérée d'un poids, elle se presse contre ton torse chaud et ressert son étreinte jusqu'à ce que leurs lèvres, presque rassasiées, acceptent de se séparer le temps de quelques murmures. Elle rit doucement. Tu me manque avant même de partir, Dar. Une semaine c'est gérable. Deux, c'est difficile. Trois, c'est de la torture. J'espère que tu as fracassé le nez de celui qui a osé te faire ça ajoute-t-elle en effleurant l'hématome au coin de son oeil, sans oser toucher la joue entaillée. Elle imagine la réponse : le gars n'a pas eu le temps de faire quoi que ce soit d'autre, Isak est arrivé pour lui briser la nuque et Darius a jeté son corps par-dessus bord.

Il l'embrasse à nouveau. Je t'aime. Elle aimerait tant ne pas avoir à se cacher de peur qu'on découvre les secrets du pirate... bien que se cacher ait un petit quelque chose d'exaltant. Elle se sentirait pourtant si fière d'être sa compagne aux yeux de tous, parce que ce qu'elle connait de lui est si éloigné du masque du sanguinaire capitaine qu'il donne à voir. Jusqu'à quand? Toujours la même question : combien de temps ont-ils devant eux? Quand devront-ils retourner à leur quotidien où l'autre reste si présent malgré l'éloignement?

- Si t'es pas trop gourmand, demain soir. Ils s'inquiéteront de ne pas me revoir au troisième jour. Philippe est de mauvais poil mais il va former Jehan, le petit nouveau. Ça va l'occuper. Elle sourit. Tu portes la sacoche. Les caprices de monsieur s'y trouvent, plus un ou deux petits extras. Et si tu restes plus longtemps si proche de moi, avec ce petit sourire, cette odeur enivrante et tes mains qui s'attardent sur mes hanches, je ne réponds plus de moi. Elle rit doucement et le repousse un peu à contre coeur. Ce n'est ni l'endroit ni le moment, mais les Trois savent qu'elle en crèvent d'envie. Une semaine, une éternité.

Elle le regarde avec ce même air appréciateur dont il l'a gratifiée à son arrivée et penche légèrement la tête sur le côté, visiblement satisfaite de ce qu'elle voit : un homme en santé, d'humeur charmante et charmeuse, les yeux pétillant malice. Son homme. Alors... Où allons-nous en cette belle journée d'automne? Mathilde sourit. Elle va enfin savoir.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyJeu 14 Mai 2020 - 0:24
Tu me manques avant même de partir, Dar. Le sourire du pirate s'étire. C'est, bien entendu, exactement ce qu'il voulait entendre et il ne doute pas non plus que ce soit vrai, car elle lui manque tout autant de son côté, assez pour qu'il ait envie, à temps perdu, de planifier des escapades impensables comme celle qu'ils s'apprêtent à faire.

Darius ricane légèrement lorsque Mathilde effleure son hématome et mentionne qu'elle espère qu'il a cassé le nez à celui qui s'est attaqué à lui. Il n'est visiblement pas très ému par ses propres blessures, mais il sent qu'il aura droit à une discrète inspection en règle lorsqu'ils finiront pas retirer leurs vêtements. Il ne s'y dérobera certainement pas – il y a quelque chose de très satisfaisant à voir Mathilde l'étudier avec cette inquiétude prête à surgir dès le premier signe de blessure possiblement grave. En réalité, à se préoccuper ainsi de lui, sa belle fermière lui donne presque envie de faire quelque chose de con pour voir comment elle réagirait s'il était vraiment mal en point. Il le ferait peut-être s'il ne craignait pas que ses talents pour recoudre la peau lui laissent une cicatrice plus disgracieuse que la blessure elle-même...

« Il s'en est sorti, le salopard, mais sa dentition en a pris un coup, se contente-t-il de dire. Ses jambes aussi. Et peut-être un peu tout le reste, en fait. »

Darius n'ajoute rien, embrasser Mathilde étant nettement plus intéressant que de parler de l'abruti de contrebandier avec qui il s'est battu. Entre deux baisers, sa bien-aimée lui annonce qu'ils ont jusqu'au lendemain soir, une réponse qui ne manque pas de le ravir. C'est parfait. Peu importe si Philippe est de mauvais poil, peu importe s'il doit porter la sacoche – ce qu'il avait l'intention de faire, de toute façon - , peu importe s'ils ne peuvent pas se sauter dessus ici et maintenant alors que leur désir est déjà palpable. Cette fois, ils seront tranquilles. Entièrement. Pendant des heures. Sans aucun risque d'être dérangés. Oui, c'est parfait.

Darius laisse Mathilde le repousser, non sans lui couler un regard charmeur au passage. Se faisant violence malgré les envies que Serus prend plaisir à faire naître en lui, il se penche pour se saisir du paquetage et le balancer sur son épaule, puis se saisit de sa pomme entamée pour croquer dedans avant d'en tendre une autre, sagement restée dans la boîte de bois jusque-là, à Mathilde. Elle a probablement déjà mangé, mais elle n'aura qu'à la garder pour plus tard si elle n'a pas faim maintenant. Elle ne pourra pas dire qu'il ne la nourrit pas en retour!

« Tu veux savoir où on va? fait-il mine de s'étonner en se mettant en route vers l'est, empruntant un chemin de terre qui les mènera, après plusieurs minutes de marche, jusqu'au littoral. Moi qui croyais que t'avais pris un certain goût au mystère pendant mon absence... »

Darius pouffe moqueusement, imaginant Mathilde en train de cueillir ses légumes en pestant intérieurement de ne pas avoir réussi à lui arracher quelque révélation que ce soit lors de son dernier passage, ou la visualisant allongée dans son lit, incapable de fermer l'œil en raison des mille et une suppositions qui lui viennent en tête.

En homme cruel, Darius songe un instant à laisser mariner sa belle fermière encore un peu, mais son petit doigt lui dit que ce serait mettre sa propre vie en péril au point où elle doit en être. Dommage, la torture est un jeu qui lui plaît bien.

« On va commencer par se balader sur la plage qui longe la côte à l'est d'Usson, déclare-t-il finalement. J'ai laissé une des barques du navire dans une crique. À ton grand désespoir, oui, on va monter dedans et s'éloigner de la terre ferme. »

Darius avise son air, tentant de déterminer si la perspective de se retrouver en mer l'inquiète. Les expériences que la fermière a eues sur les flots jusqu'ici n'ont pas été des plus réjouissantes. C'est sans compter que la bonne terrienne qu'elle est ne sait pas nager.

« T'en fais pas, la rassure-t-il aussitôt. La mer est calme aujourd'hui et on partira pas si loin. Et je suis un nageur hors pair, en particulier si je dois sauver une belle fermière qui a renversé la barque parce qu'elle a violemment sursauté en pensant avoir repéré un monstre marin. »

Le pirate sert un sourire goguenard à Mathilde, puis croque dans sa pomme avec cette insolence qui lui est propre. Lorsqu'ils sont assez éloignés du cœur d'Usson et de la civilisation en général pour se savoir hors de vue, il se saisit des doigts de Mathilde de sa main libre pour les entrelacer aux siens, un geste d'affection simple qui, il le sait, plaît particulièrement à sa bien-aimée.

« J'ai vu un petit îlot en repartant d'Usson, l'autre fois, continue-t-il. C'est minuscule, je veux dire... c'est pas une vraie île déserte où tu pourrais essayer de faire pousser tes semences, mais c'est assez près de la côte pour qu'on puisse l'atteindre en ramant, assez loin pour qu'on risque rien avec les Fangeux et dans un trou assez perdu pour que personne pense à venir nous chercher là-bas. C'est sûr qu'on sera pas aussi confortables que dans la chaumière, mais on sera tranquilles. Et c'est probablement pas aussi original que tout ce que t'as pu imaginer, mais je pense que tu vas trouver ça pas mal quand même. »

Darius jette un coup d'œil à Mathilde tandis qu'ils débouchent sur une étendue sablonneuse et lui sourit en coin. Il espère qu'elle sera contente de l'escapade. Mine de rien, il s'est donné du mal pour mettre le tout en branle – elle le verra bien plus tard.

« Pour moi, l'essentiel, c'était de pouvoir être seul avec toi. Et que tu puisses regarder les étoiles sans craindre quoi que ce soit. »

Darius regarde Mathilde dans les yeux, laissant planer un instant de silence. Je t'aime. Tellement. Parfois, il se demande encore comment elle a réussi à s'immiscer aussi facilement dans son étrange vie, à lui voler son cœur pourtant bien lourd malgré les apparences. Mais la réponse à cette question n'est pas si importante, au final. Il y a un eux, maintenant, un eux qu'ils bâtissent sûrement trop rapidement pour les regards extérieurs, comme celui de Philippe, qui doit s'inquiéter chaque fois que Mathilde se retrouve seule avec lui. Darius se fiche de ce que les autres pensent. Il aime Mathilde et il n'aimera qu'elle jusqu'à ce que la mort les sépare. Il est sûr de lui.

« T'as pensé à quoi pendant que j'étais pas là? demande-t-il alors qu'ils avancent, le sable crissant sous leurs pieds, la brise marine commençant à leur parvenir et à caresser leur visage. Allez, fais pas semblant. Je suis sûre que t'as eu au moins cent idées et que tu m'as maudit au moins autant de fois. C'est quoi la plus géniale que t'as eue? »
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyJeu 14 Mai 2020 - 3:28
Mathilde ne rit pas lorsque Darius évoque l'état probablement pitoyable de l'homme qui s'en est pris à lui, elle se contente de sourire. Au moins est-il encore en vie, avec une chance de s'en sortir et de vivre encore un peu... à condition de trouver les soins appropriés à temps. Le problème avec les règlements de compte c'est que ça n'arrive jamais au bon moment, ni au bon endroit, et que ça finit immanquablement par la mort, qui rapproche la Fange de la victoire finale. Pour ça, même si elle n'a pas pitié de l'inconnu au corps fracassé -bien fait pour lui!, elle ne pourra jamais totalement se réjouir de l'issue d'une altercation entre le pirate et ses homologues.

Avec la galanterie qu'il manifeste toujours à son égard, Darius s'empare de la sacoche bien remplie avant de lui tendre une pomme qu'elle fourre dans la poche intérieure de sa cape. Elle la mangera plus tard, éventuellement, mais le remercie d'un hochement de tête en songeant qu'il est aux petits soins pour elle et qu'elle apprécie ces petites attentions auxquelles elle n'est pas vraiment habituée. Le fruit a-t-il été cueilli en bord de route ou l'a-t-il volé cette semaine? Mathilde ne se pose pas la question et se met en route à sa suite. Évidemment que je veux savoir! lance-t-elle en riant, fort peu bernée par la mine étonnée qu'il lui sert. Je n'aurais jamais pu attendre jusqu'au printemps, et toi non plus d'ailleurs! Elle se retient de lui balancer un petit coup de hanches bien senti pour le taquiner, consciente qu'afficher un si grand sourire peut déjà être fort compromettant. La veuve rit aux éclats avec un marin, voilà qui suffit à enflammer l'imagination des gens d'Usson dont l'existence manque cruellement de fantaisie depuis deux ans. Parmi eux se cachent des mordus, vivant ici après avoir tout perdu, point qu'ils ont en commun avec les raflés de Marbrume envoyés au Labret lors de la reconquête pour en cultiver les terres tout en reconstruisant des abris plus ou moins surs. Les moins habiles n'avaient pas survécu au premier hiver, évidemment. Usson étant également le lieu d'où partent les convois, qu'ils soient maritimes ou terrestres, on y voit des voyageurs, étrangers qui ne s'attardent pas plus d'une nuit à l'auberge, le temps de distiller quelques anecdotes sur la ville qu'ils affectionnent tant avant de quitter au petit matin pour retrouver les murailles rassurantes bien qu'inutiles. La Fange est partout, dans les murs de Marbrume comme dans les bois du Labret, mais aussi dans les conversations qui ne regagnent en intensité que lorsqu'une rumeur sortant les curieux de leur torpeur vient alimenter les imaginaires. Une veuve et un marin, voilà qui fera jaser un peu. Or, ce n'est pas encore le moment pour Mathilde qui préfère garder son secret encore un peu, comme une enfant égoïste qui refuserait de partager son cadeau. Darius est son cadeau, son bonheur qu'elle ne veut garder que pour elle.

Se balader sur la plage, c'est un bon début même si l'idée d'être à découvert, à la merci d'un fangeux plus aventureux que les autres, ne lui plait qu'à moitié. Elle ne peut cependant pas s'empêcher de sourire en songeant qu'elle n'avait peut-être pas tout à fait tort au sujet des grottes dans les falaises. Il doit y en avoir une qui peut les accueillir le temps d'une escapade. Pas très haute de plafond, mais parfaitement isolée du reste du monde, face à la mer dont les vagues se fracassent sur les rochers en contrebas dès que la marée est haute. Mais son hypothèse tombe littéralement à l'eau lorsqu'une barque fait son entrée dans le programme de la journée. Une barque.

Surprise, Mathilde hausse un sourcil et fait presque mine de s'arrêter. Évidemment Darius ne manque pas son air incertain et en profite pour en rajouter une couche. En mer, sur une barque. Pas sur un gros bateau relativement stable qui peut fendre les flots déchaînés, non, une barque. Une petite barque qui se renversera à la moindre vague un peu trop haute. Elle secoue la tête. Il ne prendrait pas de risques inconsidérés. En bon homme de mer, il sait ce qu'il fait quand vient le temps de voyager sur les flots. Mathilde fait de son mieux pour s'en persuader, et tâche d'oublier qu'il est le cousin aventureux, téméraire et déraisonnable du lot.

- Je tâcherai de ne pas sursauter face à un inoffensif petit poisson... Mais si c'est une sirène, tu ne pourras pas m'empêcher de lui crever les yeux. Elle imagine pourtant parfaitement la scène où, alors qu'une ombre gigantesque passe sous le frêle esquif, la fermière pousse un cri de terreur, saute sur ses deux pieds et perd l'équilibre, ce qui conduit la barque à chavirer. Tous deux à la mer, Darius se voit obligé de faire un choix déchirant entre l'amour de sa vie et celui de la bonne chère, la bonne chair étant Mathilde et sa vie étant la nourriture, évidemment. Elle éclate de rire et lui tire la langue en adoptant une mine faussement boudeuse qu'elle ne garde pas bien longtemps, sa curiosité reprenant le dessus. On va pêcher alors? Manger un poisson fraîchement pêché et grillé sur le feu dans l'une des petites cavernes, voilà une perspective alléchante qui la ravit.

Suffisamment loin de toute vie humaine et des regards indiscrets qui vont avec, Darius finit par saisir sa main. Seuls au monde, ils peuvent enfin être simplement ensemble sans surveiller leurs arrières ni guetter l'arrivée potentielle d'une milice sur le chemin. Le coeur léger, elle laisse le soin au pirate de mettre définitivement de côté l'hypothèse des cavernes pour dessiner les contours de ce moment à deux sur un îlot non loin du rivage, isolé des bêtes et des hommes... peut-être des Trois eux-mêmes. Pas de visite impromptue, pas de milicien à la recherche d'un fugitif, pas de Roger ou de Philippe un peu trop envahissant. La paix, la vraie, avec Darius et les étoiles pour seule compagnie. Elle en pleurerait tant elle est émue qu'il se souvienne de son goût pour les astres de la nuit et qu'il mette tout en oeuvre pour qu'elle puisse une fois encore les admirer.

- Tes bras sont le seul confort dont j'ai besoin, Dar. Elle le regarde avec sérieux, les yeux brillant d'une émotion qu'elle peine à masquer. Qu'a-t-elle fait pour mériter qu'un homme si beau, si attentionné, si drôle, si simple et si imparfaitement parfait s'éprenne d'elle? Serus la remercie-t-elle du travail gigantesque qu'elle a accompli cette année en lui permettant de vivre un amour qu'elle a tellement espéré? Bien sûr cet amour vient avec un petit défi négligeable : celui de la loi, mais qu'importe. Un seul de ses regards vaut mille fois le risque qu'ils courent à chaque fois qu'ils se retrouvent. Donne-moi une seconde. Devant l'étendue de sable, elle n'a plus qu'une seule envie : retirer ses chaussures et marcher pieds nus... et c'est précisément ce qu'elle fait. Sans lâcher la main de Darius, elle ôte ses souliers de cuir et remue les orteils en riant comme une enfant alors qu'ils s'enfoncent doucement dans le sable. La sensation est d'autant plus agréable qu'elle ne l'a pas vécue depuis un moment.

Ils reprennent leur marche dans le sable. Si Mathilde ne traînait pas les pieds jusqu'ici, elle peine maintenant à contenir son entrain décuplé par la perspective de découvrir un endroit où la terre et la mer se rencontrent pour donner naissance à un refuge improbable, modeste mais capable de traverser le temps et de braver toutes les tempêtes. Elle se plait à imaginer que cet îlot est ce qu'ils sont.

- J'ai pensé aux cavernes. J'ai même fait une petite reconnaissance il y a trois jours, pendant que le pain cuisait à Usson. J'en ai trouvé deux accessibles... Je t'y emmènerai, la vue est incroyable! Mathilde prend une pleine bouffée d'air marin et ferme les yeux sans cesser d'avancer, guidée par un Darius un peu trop taquin. C'est mon idée la plus géniale. La plus improbable, c'était que tu détournes ton propre navire dans l'espoir de me revoir manier les cordages alors que tes hommes, laissés à terre, beuglaient leur vie pour te faire faire demi-tour. Oh, évidemment ton cousin était de la partie et s'occupait du service du repas. Mathilde rit. J'ai pensé à une partie de pêche. J'aimais pêcher. Enfin dans la rivière en bas de la ferme, pas dans la mer, dans la mer je n'en ai eu qu'une seule fois l'occasion. Je me suis dit aussi que tu m'emmenais dans une réserve secrète. Une cave gigantesque quelque part non loin du port, dont l'entrée, dissimulée par des buissons, conduisait à une salle où étaient entreposés des dizaines de barils d'alcool de prune.

Mathilde rit. Par les Trois que la matinée est magnifique! Loin de la ferme et de ses tracas, loin du monde qui s'effondre, seule avec Darius sous un ciel radieux, dans l'air frais qui sent bon le sel et la liberté, elle se sent revivre. Dar? A nouveau, elle le regarde avec une certaine gravité, comme si elle voulait mettre de côté, un instant seulement, les rires et les plaisanteries qu'ils affectionnent, pour être sure d'être prise au sérieux. Merci. De faire tout ça pour moi, c'est... Elle ne trouve pas les bons mots, ceux qui diraient sa reconnaissance, sa gratitude. Merci. Elle se hisse sur la pointe des pieds et embrasse tendrement ses lèvres.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyVen 15 Mai 2020 - 0:12
L'image de Mathilde qui, prise de jalousie, s'emploie à crever les yeux d'une sirène amuse assurément Darius. Qu'elle en ait après les catins est drôle, mais raisonnable. Qu'elle en ait après une créature imaginaire, même pour rire – ou est-ce vraiment pour rire? –, ne manque pas de lui tirer un ricanement et un regard moqueur. Il faudrait bien qu'il débarque à la ferme un jour avec un air étonné et ébranlé, et qu'il lui raconte avec force de détails avoir finalement aperçu une charmeuse de marins qui, bien entendu, n'a pu résister à essayer de l'attirer dans ses filets. Il rit déjà en visualisant les joues de sa belle fermière se colorer comme elles le font lorsqu'il a le malheur de mentionner l'existence d'une autre femme...

On va pêcher alors? Darius ne répond pas, ne disant ni oui ni non, et continue plutôt à décrire les plans de la journée pour satisfaire la curiosité de Mathilde. Il a cru qu'elle serait peut-être déçue, trouvant que l'emmener sur un îlot alors qu'il est marin manque d'originalité face aux hypothèses qu'elle a partagées avec lui, mais elle semble heureuse, voire émue. Tes bras sont le seul confort dont j'ai besoin, Dar. Il sourit en coin à cette déclaration. Il est son refuge autant qu'elle est le sien.

À la demande de Mathilde, Darius s'arrête. Malgré la fraîcheur du temps automnal, la fermière retire ses chaussures pour marcher dans le sable. Son rire attendrit le pirate, qui reprend la route une fois qu'elle est prête. Il a l'impression qu'il pourrait l'admirer éternellement tandis qu'elle gambade presque sur la plage, mue par un enthousiasme et une joie qui manquent souvent cruellement à ce monde, au sien en particulier. Un instant, pendant qu'elle lui énumère les idées parfois loufoques qui lui sont passées par la tête, il savoure la simplicité du bonheur qu'ils partagent, se répétant qu'il est heureux d'être descendu à la cale lui-même le jour de leur rencontre. Autrement, ils n'en seraient peut-être pas là aujourd'hui.

Darius rit. Mathilde ne manque pas d'imagination, surtout lorsqu'il est question d'inclure de l'alcool aux prunes à leurs aventures. Il arque d'ailleurs un sourcil à la mention du péché mignon de son amante.

« Je savais bien que j'avais raison de croire que tu mentais quand tu disais que t'allais pas reboire avant un sacré moment, lance-t-il. J'étais à peine parti que tu rêvais déjà d'une cave aux mille merveilles remplie de ton petit alcool aux prunes. »

Un sourire taquin toujours au coin des lèvres, Darius ajoute :

« J'aimerais bien voir les cavernes, un des ces jours. La vue doit être belle... et qui sait ce qu'on pourrait y trouver, en plus? »

En pirate respectable, il espère toujours tomber sur un trésor quelconque. Bon, il doute réellement dénicher quelque chose dans ces cavernes, mais ce n'est pas impossible. Si elles sont accessibles, d'autres les auront peut-être visitées avant eux. Dans tous les cas, l'idée de cette aventure lui plaît. Tout ce qui lui permet de passer un moment à l'abri des regards avec Mathilde lui plaît.

Tout en continuant de marcher, Darius se détourne un instant vers la mer, qui scintille sous les rayons du soleil. Comme par habitude, il laisse son regard scruter l'horizon, ne le reposant sur Mathilde que lorsqu'elle l'interpelle, la mine plutôt sérieuse. Merci. Il sourit. Elle n'a pas besoin de le remercier. En quelque sorte, il est égoïste de faire tout cela pour elle. Il veut être avec elle, loin des autres, l'avoir à lui et à lui seul, peu importe si ses travailleurs s'inquiètent ou si elle prend un peu de retard dans ses récoltes. Il veut, l'espace d'une journée, être le seul homme qui existe dans sa vie, le seul à pouvoir la faire sourire, à la voir rire, à la rendre heureuse, à l'aimer. Il veut être le seul à lui offrir les étoiles.

Lorsque Mathilde se hisse sur la pointe des pieds pour l'embrasser, Darius s'arrête et encadre son visage de ses mains, répondant à son baiser avec tendresse. S'il prolonge l'étreinte, il finit par se détacher à regret. Les risques que des Fangeux s'aventurent aussi près de l'eau sont faibles, mais il vaut tout de même mieux ne pas traîner inutilement. Il n'est pas toujours prudent, mais il ne rigole pas avec la Fange, surtout en présence de Mathilde.

Darius reprend la main de Mathilde et se remet en route, ne ressentant pas le besoin de répondre quoi que ce soit. En un regard, en un sourire, en un baiser, il a tout dit, et il sait qu'elle comprend, car elle comprend depuis le début.

Il leur faut au moins une demi-heure pour rejoindre la crique, mais Darius ne voit pas le temps passer. Il s'arrête parfois en chemin pour pointer des choses à Mathilde : un coquillage étrange, une étoile de mer, un crustacé aventurier. Ici, il a l'œil pour les détails, comme elle doit l'avoir lorsqu'elle est dans un champ. Nul besoin de monter à bord de son navire pour entre dans son monde; elle y est dès que la mer est proche.
Lorsqu'ils débouche sur la crique, Darius lâche la main de Mathilde et dépose le paquetage près d'elle pour aller récupérer la barque, bien cachée derrière une imposante formation rocheuse. Dans un geste qui trahit l'habitude, il la tire jusqu'au bord de la mer, non loin de la fermière, puis reprend la sacoche pour la déposer au centre de l'embarcation.

« Tu peux pas laisser une barque à vue sans surveillance, explique-t-il en tendant la main à Mathilde pour l'aider à monter à bord. Les bannis s'aventurent parfois au bord de la plage et ils hésiteraient pas à la piquer, que ce soit pour l'utiliser ou pour la détruire et prendre le bois. J'en vois pas souvent, mais j'ai quand même réussi à tomber sur ce connard de Rowan en train de fouiller une de mes planques, une fois. »

Darius attend que Mathilde soit installée, puis pousse un peu plus la barque avant de prendre place et de les éloigner davantage sur les flots à l'aide d'une rame. Sans plus de cérémonie, il commence simplement à pagayer dans un mouvement régulier, confiant. Il sait ce qu'il fait et où il va. Il sent par contre que Mathilde va avoir besoin qu'il lui change un peu les idées alors que la distance entre elle et la terre ferme grandit à vue d'œil.

« C'est qui, ce Jehan, alors? demande-t-il pour la distraire. C'est un gaillard comme Philippe et les autres ou un jeunot? Tu l'as déniché où? »

Darius arque un sourcil faussement inquisiteur :

« Il est déjà amoureux de toi comme tous les autres, hein? »
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyDim 17 Mai 2020 - 20:52
La promenade est une magnifique entrée en matière pour une journée qui s'annonce toute aussi magnifique. Bien qu'un peu frais, Mathilde apprécie de sentir le sable qui roule et se creuse sous ses pieds nus, alors que l'air, chargé d'humidité, fait gonfler ses vêtements à chaque bourrasque de vent. Mathilde ramasse un coquillage en guise de souvenir, s'arrête un instant pour regarder un petit crabe trottiner un peu plus loin sur la plage, échappe à Darius pour aller faire quelques pas dans la mer qui vient lui lécher les orteils à chaque vague, revient vers lui en riant comme une gamine surprise par la fraîcheur de l'eau et contemple avec une moue désolée ses pieds couverts de grains de sable qui ne s'en iront que plus tard, lorsqu'ils auront séché. Aucun détail n'échappe à l'oeil aiguisé de Darius, qui est sur son terrain de prédilection.

Alors qu'il s'éclipse elle ne sait où, Mathilde profite de son instant de solitude pour débarrasser ses pieds du sable et s'assoit sur un rocher, les yeux rivés sur l'horizon scintillant, dont la vue lui parait incroyablement apaisante, à tel point que ses épaules, pour une fois, ne tiraillent pas. Elle n'est tirée de sa rêverie que par le bruit de la barque, tirée sur le sable par un pirate qui déploie toute sa force et tout son talent pour mener à bien l'opération jusqu'à ce que celle-ci soit presque à l'eau. Revenant vers elle, Darius lui explique que les bannis ont tendance à prendre tout ce qu'ils trouvent et que ce genre de trésor doit être caché. Rowan s'invite même dans la conversation, ce qui la fait légèrement grimacer. Elle finira bien par lui rendre la monnaie de sa pièce un jour, autrement que par des coups de poing qu'il reçoit à chaque fois qu'elle le croise, ce qui en soit est hilarant, mais pas suffisant.

Dans un mouvement incertain, Mathilde monte dans la barque en faisant de son mieux pour ne pas perdre l'équilibre -quelle excellente idée ce pantalon qui vous laisse libre de tout mouvement tout en vous garantissant une certaine dignité!- et s'installe bien au milieu, précisément là où le mouvement des flots est le moins gênant. Tournant le dos à la mer, elle regarde Darius pousser l'embarcation à l'eau avant de sauter dedans avec l'aisance d'un homme qui a fait ça toute sa vie. Le marin emmène la terrienne, qui se tient bien droite, les mains accrochées à la planche sur laquelle elle est assise. En quelques coups de rames, la barque pivote, fait un demi-tour et entraîne Mathilde dans une image hautement symbolique. Elle fait maintenant dos à la terre dont ils s'éloignent un peu plus à chaque coup de rames, et regarde le pirate qui l'entraîne vers l'horizon azuré. Son monde, son univers.

C'est qui ce Jehan? Mathilde sourit à l'évocation totalement anodine de cette nouvelle recrue qui a rejoint les rangs des maraîchers récemment. Elle pousse un gros soupire et se compose une mine de circonstance, ne résistant pas à l'envie de taquiner Darius. C'est un bel homme, avec une bonne carrure, une bonne expérience de travail et d'une grande intelligence. Il est rigoureux, très aimable, avec de beaux grands yeux bleus auxquels rien n'échappe, pas le moindre petit détail. Oh et il est drôle, si tu l'entendais! L'oeil pétillant d'amour ou de malice, Mathilde laisse son regard courir sur les flots, comme si elle rêvassait à ce bel homme qu'elle retrouvera bientôt. Nous nous sommes rencontrés à Marbrume le mois dernier, quand j'y cherchais désespérément un aide-maraîcher. Il s'est montré très enthousiaste et a réglé quelques affaires avant de pouvoir nous rejoindre cette semaine. J'étais si heureuse de le voir arriver! Mathilde jette un regard en coin à Darius, avant d'ajouter Il a seize ans. Orphelin de père, il veut apprendre à la ferme et faire venir sa mère au printemps prochain, à Usson. Elle était tisserande, il veut voir si elle peut espérer travailler et s'il peut trouver une petite maison à retaper.

Darius a-t-il ressenti un soupçon de jalousie? Peut-être, mais elle ne fait pas durer la torture trop longtemps pour ne pas le tourmenter inutilement. Les autres ne sont pas amoureux de moi. Philippe a peur de perdre son emploi en perdant son employeur, et c'est pas un bon moment pour lui parce que sa femme attend leur premier enfant. Gauthier est encore un gamin de dix-huit ans pour qui je suis une grande soeur qu'il taquine bien volontiers, et Marcus est un honnête père de famille préférant les hommes, même si les Trois réprouvent ce genre de penchant. Quant à Arthur, il pourrait être mon fils adoptif s'il n'avait pas encore une mère dont il prend soin à Usson. Alors tu peux arrêter de te faire du souci. Elle lui sourit et évite de lui retourner une question sur ses fréquentations à lui. S'il est capable de garder son sang-froid, elle, dans un accès de jalousie, virerait sans doute au pivoine avant de renverser la barque pour le jeter à l'eau... et elle avec. Or, elle ne sait pas nager.

A nouveau le regard de la fermière se perd sur les flots calmes. Les seuls sons qui lui parviennent sont ceux du clapotis des vagues sur la coque de la barque, et celui des rames qui fendent les eaux à un rythme régulier, manipulées par un Darius au regard aussi clair que le ciel. Mathilde se détend peu à peu, bercée par les mouvements de la houle. Ses mains relâchent leur prise, alors que ses jambes, jusqu'ici tendues et serrées l'une contre l'autre comme si sa vie en dépendaient, se croisent et adoptent une position plus féminine.

- C'est incroyable à quel point la mer a quelque chose d'apaisant, quand elle est si calme. C'est le genre de moment qui pourrait me donner envie de m'embarquer sur un navire si je ne l'avais pas connue déchaînée et si les femmes y étaient les bienvenues. Pourquoi a-t-on cette réputation de porter malheur? C'est pas juste... Je pourrais prendre soin de tes petits bobos. Elle le regarde maintenant de haut en bas, et l'inspecte comme il se doit, malgré le soleil qui joue dans ses yeux et qui l'oblige à plisser les yeux pour ne pas être trop éblouie. Ses mouvements sont réguliers et puissants, et il ne boitait pas sur la plage... il n'a donc pas d'autre blessure que celle qu'il porte sur son visage. L'îlot a l'air de quoi? C'est lui, là-bas? demande-t-elle en pointant ce qu'elle pense être une petite île au loin.
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyLun 18 Mai 2020 - 1:13
Darius sait très bien que Mathilde en met bien plus qu'il le faut lorsqu'elle s'attèle à lui décrire sa nouvelle recrue. Pourtant, il est incapable de s'en remettre complètement à sa raison et à dissiper le sentiment de jalousie qui l'étreint insidieusement. Il sait qu'il s'agit d'une situation inévitable et qu'il est hypocrite de le penser, mais il n'aimera jamais que des hommes traînent près de sa belle fermière. En plus d'avoir le sourire le plus craquant du royaume, elle est intelligente et généreuse, drôle et aventurière. Comment ne pas tomber amoureux d'elle? Lui-même s'est fait prendre alors qu'il était loin d'être ouvert à toute forme de relation sérieuse. Ce Jehan sera sûrement de ceux qui seront incapables de lui résister aussi. Du haut de ses seize ans. Darius plisse le nez. Il ne sait pas ce qui est pire : ressentir de la jalousie à cause d'une sirène ou d'un adolescent qui doit encore arborer une moustache molle.

Selon Mathilde, Philippe, Gauthier et Marcus ne sont pas amoureux d'elle. C'est sans doute vrai, mais Darius ne cessera jamais de se méfier pour autant. L'innocence et la bienveillance cachent parfois de bien sombres desseins. Si l'épisode Roger a servi à quelque chose, c'est bien à leur prouver cela, même si, pour sa part, les preuves n'étaient pas nécessaires. Il connaît assez son sexe pour savoir à quoi Mathilde est exposée.

« Je me fais pas de souci, se défend-il. Pas trop. Je veux juste savoir qui traîne avec toi à la ferme. Et s'ils sont plus beaux que moi. »

Darius sert son sourire le plus charmant à Mathilde. Deux gamins. Un gars qui pense plus à son boulot qu'à sa patronne. Un autre qui paraît considérer celle-ci comme sa grande sœur. Et un autre qui, malgré les apparences, préfère tremper sa baguette dans une sauce qui n'est pas au goût des Trois. Le portait n'est pas des plus menaçants. Il ne se fait donc pas trop de souci. Juste assez.

Le pirate continue de ramer, laissant Mathilde à sa contemplation des flots. Il remarque qu'elle se détend, petit à petit, comme si elle apprenait à faire confiance à cette mer qu'elle connaît encore bien mal et qui reste parfois terrifiante même pour les marins les plus aguerris. Cependant, aujourd'hui, nul besoin d'avoir peur. Anür semble bienveillante. Peut-être est-ce un signe pour eux? Peut-être est-ce sa façon de bénir leur escapade et leur improbable relation? Quelque part, Darius veut bien y croire.

Mathilde se plaint de cette réputation qu'ont les femmes de porter malheur à bord. C'est pas juste... Je pourrais prendre soin de tes petits bobos. Darius sourit en coin alors qu'elle l'inspecte de nouveau. Si elle semble satisfaite de ce qu'elle voit, il est certain qu'elle l'étudiera une dernière fois lorsqu'ils seront nus. Et elle ne verra rien de plus... cette fois.

« Parce que vous portez réellement malheur, répond-t-il avec amusement. Certains disent qu'Anür est jalouse et punit les marins de pas savoir se contenter d'elle en abattant les désastres sur eux lorsqu'une femme est à bord. Moi, je dis plutôt qu'une femme, ça peut juste semer la zizanie dans un équipage rempli d'hommes qui peuvent plus se voir en peinture et qui manquent un peu trop de ce qu'une femme a à offrir. Vous créez de la convoitise, qui fait naître des tensions. Et ces tensions entraînent le chaos. Pendant qu'on est occupés à se battre entre nous pour les charmes d'une femme, on regarde pas la mer, on manie pas les voiles, on va n'importe où. À mon sens, c'est pour ça que vous portez malheur. Fort heureusement, tu m'as pas trop porté malheur, belle fermière. »

En vérité, Mathilde a semé un sacré chaos et il a tué un de ses gars à cause d'elle, mais ce n'est plus qu'un détail là où ils en sont...

Mathilde pointe un Îlot et Darius acquiesce à sa question. Le petit lopin de terre perdu dans la mer n'est plus si loin et, comme il rame à bon rythme, ils devraient l'atteindre dans une quinzaine de minutes.

« Oui, c'est lui, confirme-t-il finalement à voix haut. Et où est le plaisir si je te dis à quoi il ressemble? C'est plus amusant si tu le découvres avec tes propres yeux, au fur et à mesure qu'on s'en rapproche. »

Darius sourit, puis continue de ramer vers leur destination. Bien vite, Mathilde peut distinguer un îlot au terrain rocailleux et difforme, parcouru d'herbe et d'arbres aux couleurs de l'automne et bordé de sable mêlé de galets. Si la végétation n'est pas abondante, elle offre un couvert qui est particulièrement bienvenu lors des chaudes journées d'été. L'îlot ressemble à un bijou que la mer aurait sculpté sans trop savoir quelle forme lui donner, un projet qu'elle aurait abandonné en cours de route, un étrange trésor uniquement destiné aux curieux et aux aventuriers.

Plus ils approchent, plus le son de la mer qui se brise sur les parois rocheuses de la partie la plus surélevée de l'îlot leur parvient avec distinction. De temps à autre, un oiseau marin surgit des arbres pour s'élancer à toute vitesse dans le ciel. Autrement, l'endroit est calme. Désert. Un véritable havre de paix. Un nouveau refuge.

Darius mène la barque jusqu'à la minuscule plage et en sort pour la tirer un peu plus sur le sable et la stabiliser afin que Mathilde puisse sortir. Après avoir aidé sa belle fermière à quitter l'embarcation, il termine l'opération, cachant leur moyen de transport même s'il n'y a aucun risque qu'elle soit volée ici – une question d'habitude. Il se saisit ensuite du paquetage de Mathilde, qu'il balance sur son épaule, puis revient vers sa bien-aimée. Ils sont réellement au milieu de nulle part.

« Bienvenue sur ton île déserte, Mathilde », dit-il en avisant sa réaction.

Darius lui fait signe d'explorer à sa guise. Quelques pas suffiront à Mathilde pour constater qu'il a déjà fait l'aller-retour au moins une fois entre l'îlot et le navire pour préparer un minimum l'escapade, car un rond de pierre et un peu de bois traînent déjà plus loin en vue du feu qu'ils feront plus tard. Plus loin, dans un coin à l'abri du vent, un campement de fortune a déjà été érigé. Des morceaux de tissu – qui doivent servir à réparer les voiles en temps normal – sont ingénieusement tendus à l'aide de cordages et forment une tente. Sous l'abri, une couverture est étendue sur des feuilles et de l'herbe, une paillasse qui ne sera pas très confortable, mais qui aura le mérite de leur éviter d'être couchés directement sur la terre dure.

« T'en penses quoi? demande Darius en déposant le paquetage à côté de l'abri. Tu crois pouvoir accepter le fait qu'on pourra pas faire pousser de panais ici? »

Il ricane, puis s'étire et roule des épaules avant de passer une main dans ses cheveux pour les dompter – un geste qui a pour effet de les rendre encore plus rebelles – en souriant à Mathilde. Enfin seuls.
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyMar 19 Mai 2020 - 21:10
Pas trop porté malheur. Mathilde ricane. Voyons voir... des flèches qui se sont abattues sur les pirates, deux caisses de panais qui lui ont valu les remontrances de son complice, un homme fracassé à mort. Une journée banale dans la vie du capitaine Vortigern, évidemment. Et si Darius affiche un amusement certain à lui exposer les raisons des croyances farfelues que partagent bien trop de monde, Mathilde, elle, répond avec une mine boudeuse, fort peu convaincue par ses arguments. Les femmes ne portent pas malheur, ce sont les marins qui ne savent pas se tenir, voilà tout. Elle se garde néanmoins de partager le fond de sa pensée à son amant, simplement pour éviter un débat qui ne servirait à rien d'autre qu'à entacher cette journée parfaite.

L'îlot est en vue, et la fermière ne regarde plus que lui. De loin, elle en devine la petitesse. Le terrain en pente parait irrégulier, comme si les vagues qui s'y fracassaient autrefois en avaient buriné le relief à la moindre tempête. Pourtant, quelques arbres se tiennent fièrement là. Leur ramure a curieusement poussé dans le sens du vent, ce qui leur donne une allure irréelle de géants dont les cheveux flottent dans l'air marin. Ils sont d'abord des ombres dont les couleurs sont à peine perceptibles, au-dessus desquelles planent des oiseaux difficiles à distinguer, avant de se teindre des rouges, jaunes et oranges de l'automne alors que l'embarcation approche. A leur pied, des buissons touffus et des herbes hautes couvrent un sol probablement rocailleux où les racines se battent pour trouver le moindre petit bout de terre à se mettre sous la dent. Les herbes n'ont jamais été coupées et se balancent paresseusement dans la brise, tandis que les vagues lèchent paresseusement les galets de la plage. Hormis les oiseaux, elle ne voit aucun animal, aucune trace de vie qui doit pourtant exister, bien cachée, pour nourrir les volatiles. Mathilde garde le silence, apprivoisant un peu plus cette terre promise où la Fange n'a pas étendu son emprise. Parfois, elle regarde un instant seulement Darius, dont le sourire oscille entre la bienveillance et l'amusement. Sa surprise est tout simplement réussie.

- C'est incroyable murmure-t-elle alors que la barque heurte le fond de l'eau. Existe-t-il, ailleurs, une autre terre suffisamment vaste que pour accueillir les survivants de l'humanité, tout en laissant la fange au-delà de la barrière que serait l'océan? Mathilde n'en a aucune idée. Elle n'est jamais sortie du duché, n'a jamais voyagé au-delà de la mer, n'a aucune idée de ce à quoi peuvent ressembler les îles que Darius a vues durant ses raids. La solution à la Fange est peut-être là, dans cette fuite vers un ailleurs dont elle ignore tout, jusqu'à l'existence. Le bruit de la barque qui frotte dans le sable la tire de ses rêveries. Une fois stable, la fermière délaisse sa fierté et prend la main de Darius pour descendre sans risquer la moindre chute. Elle reste debout, les bras ballant, les yeux grands ouverts, souliers à la main et pieds nus dans le sable, les talons parfois caressés par une vague venant mourir un peu plus loin que les autres, alors que le pirate, lui, vaque déjà à ses occupations comme s'il était chez lui.

Bienvenue sur ton île déserte, Mathilde. Mathilde sourit en le regardant et le corrige. Notre île déserte, Dar. Notre île. Elle n'ajoute rien. Son regard parle de lui-même. Il se pose partout, sur le moindre buisson, l'étendue de galets, la cîme des arbres, l'océan qui se prolonge plus loin. Pas une fois elle ne se retourne pour chercher la côte, trop occupée à contempler ce petit bijou qu'il lui offre le temps d'une escapade. Ils viennent à peine d'arriver et elle espère déjà y revenir au printemps. Finalement, en faisant quelques pas, elle repère le rond de feu, prêt à être allumé, puis l'abri de fortune qu'il a probablement monté la veille, dos au vent.

T'en penses quoi? Mathilde se penche pour ouvrir la sacoche et en tirer deux couvertures de laine, qu'elle déroule avant de les installer sur la paillasse de fortune. Je pense qu'en une quinzaine de voyages on pourrait apporter assez de terre du Labret que pour se faire un petit jardin où pousseraient quelques panais lui répond-t-elle le plus sérieusement du monde. Qui sait si elle le pense vraiment? Terminant d'étendre les couvertures pour qu'elles soient à son goût, elle se relève, fait deux pas vers Darius et lui saute au cou sans prévenir. Qu'il l'attrape ou non, elle éclate de rire et se suspend à lui, le ceinture de ses jambes et l'embrasse de la même façon qu'elle aurait aimé le faire un peu plus tôt, alors qu'ils se retrouvaient mais que, au beau milieu d'Usson, il avait fallu se cacher et éviter la moindre effusion. Elle prolonge son baiser, goûtant à ces lèvres qu'elle aime tant, décoiffant au passage la chevelure savamment mise en forme par le vent avant de finalement s'en détacher et de poser les deux pieds sur le sol. C'est magnifique. C'est le plus bel endroit du monde. Après ma ferme, mais quand même! Elle rit doucement. C'est aussi un joli piège à filles, dans lequel elle se laisse bien volontiers prendre. Elle aussi a prévu son piège à Darius en emportant avec elle un alcool de prune. Je n'aurais jamais pu deviner, je crois... Y a vraiment personne, ici? Est-ce qu'il y a de l'eau? Mathilde regarde autour d'eux, à la recherche d'une source. Son père lui a montré comment faire, mais elle n'a pas l'impression d'être en terrain favorable pour trouver de l'eau qui ne soit pas salée. Ça expliquerait pourquoi personne ne met le pied ici pour tenter d'y vivre loin de la fange.

Libres. Loin des regards et des monstres, ils n'ont pas besoin d'être constamment sur leurs gardes. Aucun travailleur pour frapper à la porte, aucune bête monstrueuse pour les emporter dans la mor. Les pirates pourraient représenter un risque, mais un coup d'oeil sur la mer la rassure : aucune voile à l'horizon. Elle murmure. J'ai les pieds sur terre et aucun fangeux ne va surgir pour me dévorer. J'avais oublié cette impression de sécurité. Elle esquisse un sourire moqueur et regarde Darius pour conclure Et évidemment, il n'y a qu'un pirate pour m'offrir ce sentiment paisible. Je crois que les Trois ont le sens de l'humour. Elle l'enlace à nouveau, cette fois sans folie, et replace les mèches ébouriffées dans la chevelure de son amant. Je suis heureuse de te voir, Dar. Tu me manques réellement quand tu n'es pas là.
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyJeu 21 Mai 2020 - 3:25
La première réaction de Mathilde vaut à elle seule tous les efforts fournis pour concrétiser cette escapade. La fermière est bouche-bée devant le spectacle inhabituel qui s'offre à elle et Darius l'observe, attendri, satisfait de la voir si heureuse. Leur île déserte. Elle a raison. Cet endroit, ils n'y reviendront qu'à deux. Cet îlot deviendra leur refuge en mer ou, à tout le moins, l'un de leurs refuges en mer. Darius a bien l'intention de faire découvrir d'autres lieux merveilleux à Mathilde. C'est une façon de la laisser entrer dans son monde, qui peut paraître si vaste, si lointain. C'est une manière de lu dire qu'elle y est la bienvenue, qu'il soit au beau milieu d'un champ de panais ou sur un lopin de terre perdu parmi les vagues.

Je pense qu'en une quinzaine de voyages on pourrait apporter assez de terre du Labret que pour se faire un petit jardin où pousseraient quelques panais. Darius ricane. Mathilde semble sérieuse et, à vrai dire, s'il n'est pas impossible qu'elle blague, il se dit qu'elle ne blague vraiment qu'à moitié.

« Tu sais que je serais assez fou pour t'apporter cette terre juste pour voir si t'arrives à faire pousser quelque chose ici », répond-il, l'air de songer à se lancer dans le projet.

Les couvertures étendues contre la paillasse de fortune, Mathilde surprend Darius en lui sautant dans les bras. Le pirate bascule légèrement en riant et se rattrape juste à temps pour soutenir son amante, qu'il embrasse sans retenue, non sans laisser traîner une main contre ses fesses. Si Mathilde prolonge le baiser, il est aussi coupable qu'elle et revient moqueusement chercher ses lèvres quelques fois lorsqu'elle semble penser à les détacher des siens. Il avait eu envie de beaucoup plus que leur courte étreinte, lors de leurs retrouvailles à Usson, mais semble-t-il qu'une fermière et un marin qui s'amusent contre un muret de pierre derrière une écrue, ce n'est pas particulièrement discret.

Mathilde parvient finalement à s'échapper de ses bras et continue de s'émerveiller. C'est le plus bel endroit du monde. Après ma ferme, mais quand même! Le pirate rit et acquiesce à sa première question, puis secoue la tête à la deuxième :

« Non, mais j'ai prévu le coup et j'ai apporté des réserves quand je suis venu la première fois. On devrait en avoir assez pour boire et pour cuisiner si on a besoin de faire bouillir quelque chose. J'ai une petite casserole, il faudra juste trouver un moyen de l'accrocher au-dessus du feu. »

Darius croit avoir pensé à tout. Et s'il a oublié quelque chose, tant pis. Ils ne resteront pas des jours et des jours sur l'îlot et, s'il manque un essentiel, il pourra toujours retourner à Usson. Malgré les apparences, la civilisation n'est pas si loin. Elle l'est juste assez pour leur permettre de passer ensemble des moments où ils n'ont pas à craindre d'être découverts par des travailleurs ou, pire, attaqués par des Fangeux. Mathilde souligne d'ailleurs à quel point il est étrange d'avoir les deux pieds sur terre et de se sentir en sécurité.
« C'est parce que je suis le meilleur pirate », fanfaronne-t-il avant d'enlacer Mathilde en retour.

Je suis heureuse de te voir, Dar. Tu me manques réellement quand tu n'es pas là. Darius la regarde longuement et vient cueillir un baiser contre ses lèvres. Elle lui manque aussi, tellement qu'il est prêt à remuer ciel et terre pour s'assurer d'avoir avec elle quelques heures de tranquillité, pour la voir sourire comme elle a souri en découvrant ce lieu secret.

« Et qu'est-ce qui te manque le plus? demande-t-il, le regard espiègle. Mes savoureuses blagues de panais? »

Darius enserre Mathilde et glisse une main contre son dos, la laissant rejoindre sa nuque tandis qu'il lui vole un baiser.

« Mes talents incomparables pour traire les vaches? »

Nouveau baiser. Sa main remonte et vient impunément détacher le chignon de Mathilde. Libres, les cheveux de la fermière virevoltent au gré du vent, qui transporte leur subtile effluve de lavande. Elle est belle, ainsi, plus belle que n'importe laquelle de ces sirènes mythiques dont elle ne peut s'empêcher d'être jalouses. Darius le lui dit, d'ailleurs. Il loue sa beauté silencieusement, en l'embrassant avec un désir palpable et toujours renouvelé.

« À moins que ce soit mon utilisation particulière des échelles ou des tables de cuisine? », vient-il souffler à son oreille, taquin.

Darius croise le regard de Mathilde et la fixe, l'œil brillant d'amusement. Tout en glissant ses doigts dans la chevelure de la fermière, il capture ses lèvres, se laissant aller à un baiser langoureux et sensuel, un baiser qu'ils ne pourraient jamais échanger à l'extérieur à la ferme. Sur cet îlot, ils sont libres d'être eux-mêmes pleinement, de s'aimer comme ils l'entendent. Ici, leur amour est déraisonnable, mais pas parce que tout les oppose, parce qu'il est un pirate sanguinaire et qu'elle est une honnête fermière. Il est déraisonnable parce que la raison n'a pas de mots pour le définir. Je t'aime. Ce n'est pas assez pour Darius. Mille Je t'aime ne suffiraient pas à exprimer ce qu'il ressent lorsqu'il embrasse Mathilde.

« J'ai apporté de quoi pêcher, alors tu pourras essayer si t'en as envie, chuchote-t-il entre deux baisers. Et quand on monte plus haut sur les rochers, on a une belle vue sur la mer et on peut parfois apercevoir des animaux marins, je pense que ça va te plaire. Peut-être autant que les étoiles qu'on va regarder ce soir, qui sait. Mais avant... »
Darius recule à peine ses lèvres de celle de Mathilde.

« Avant de faire quoi que ce soit d'autre sur cet îlot, je vais te faire l'amour. »

Darius sourit moqueusement et vient mordiller la lèvre inférieure de Mathilde. L'une de ses mains remonte la jupe de la fermière... Bordel.

« Enfin, je vais essayer, tu t'es clairement habillée pour échapper à mes mains baladeuses, ricane-t-il en poursuivant ses baisers et en entamant un mouvement pour qu'ils reculent en direction de leur abri de fortune. Ça m'apprendra à pas te dire que le plan était que tu te laisses transporter comme une princesse jusqu'à une île déserte. »
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyVen 22 Mai 2020 - 3:19
Il a tout prévu. Le campement a été installé la veille, le feu ne demande plus qu'à être allumé, l'eau doit se trouver quelque part dans un tonnelet qu'il a apporté... Comment a-t-il fait pour échapper à la surveillance de son équipage, si prompt à le rappeler à l'ordre lorsqu'il s'éloigne un peu trop du navire alors que l'impatience des hommes grandit face aux convois qui quittent le port? Alors que le meilleur des pirates -il a tout à fait raison à ce sujet- fanfaronne, Mathilde songe à un système pour suspendre une marmite, mais conclut que l'opération sera périlleuse et que la cuisson pourra s'opérer dans les braises. Elle s'en occupera plus tard, quand ils auront faim et que la fraîcheur du soir les poussera à se concentrer sur cette tâche pour se tenir au chaud.

Qu'est-ce qui te manque le plus demande-t-il entre deux baisers volés. Elle sourit, amusée de le voir aller à la pêche aux compliments. De la même façon qu'elle s'interroge encore parfois sur les raisons qui l'ont poussé à s'intéresser à elle, peut-être cherche-t-il ces mêmes réponses auxquelles elle peine à répondre. Et alors que ses cheveux se dénouent pour flirter avec la caresse du vent, elle ne peut s'empêcher de réaliser qu'il l'attire un peu plus à chaque fois qu'ils se retrouvent. Comme si la curiosité qu'elle éprouvait au début pour ce mystérieux pirate s'était mue en un intérêt pour tout ce qu'elle sait maintenant de lui et pour tout ce qu'il lui cache encore. La moindre information, le moindre souvenir qu'il lui partage vient consolider un peu plus ce lien qu'ils tissent à deux. Il n'est pas son amant, il est son aimé, sa moitié, celui sans lequel elle a l'impression de ne pas être complète. Lorsqu'elle pense à lui et qu'il est loin, les larmes qui montent ne sont pas des larmes de tristesse mais un débordement d'amour que le corps manifeste à sa façon.

- Tu me manques. Toi. Tout entier. Même si t'es pas si doué avec la Catin. Mathilde rit et l'embrasse pour se faire pardonner cette mauvaise blague, glissant ses doigts dans le col haut du pirate dont elle caresse la nuque. Elle rougit à l'évocation de l'utilisation quelque peu décalée qu'ils ont pu faire d'une échelle et de la table qui en a probablement vues d'autres. Elle rougit mais ne se détache pas de lui. Jusqu'ici, il fallait encore faire attention aux regards indiscrets mais une fois au milieu de l'océan, sur cet îlot qui semble être un autre monde à lui tout seul, ils n'ont plus besoin d'être sur leurs gardes. Elle défait le lien du col du marin pour faire un peu plus de place à ses longs doigts qui se faufilent sous le tissu alors qu'ils échangent un millions de Je t'aime silencieux, à peine interrompus par le bruit des vagues se fracassant, un peu plus loin, contre la petite falaise, et celui du vent dont les bourrasques s'appliquent à les décoiffer avec un soin méticuleux.

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Darius VortigernPirate - Capitaine
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyDim 24 Mai 2020 - 1:36
Tu me manques. Toi. Tout entier. Même si t'es pas si doué avec la Catin. L'espace d'une seconde, Darius se donne un air outré, qu'il abandonne au profit de nouveaux baisers. Il aurait bien entendu pu répondre qu'il n'y a bien que cette Catin avec laquelle il n'est pas doué, mais il s'abstient, histoire de ne pas gâcher ce moment parfait avec une plaisanterie sur un sujet qu'il sait un peu délicat. Mathilde serait bien capable de se venger en se détachant de lui et il aime trop sentir ses doigts défaire le col de sa chemise, puis glisser contre sa peau pour risquer cette séparation.


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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyLun 1 Juin 2020 - 4:55
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyJeu 4 Juin 2020 - 2:48


Darius ramène Mathilde contre lui, la laissant remonter les couvertures sur eux et mêler ses doigts aux siens. Bonjour. Pour toute réponse, il sourit et dépose un furtif baiser contre ses lèvres. Il pouffe à l'idée d'être un envoyé d'Anür qui aurait pour objectif de mettre l'âme de sa belle fermière à l'épreuve.
« Qui sait, répond-il en se donnant un air mystérieux. Dans tous les cas, j'ai juste une demande : continue de courir d'échec en échec. »

Il ricane, puis laisse le silence s'installer entre eux, savourant un instant de calme en observant Mathilde, qui semble faire la même chose. Si l'oiseau furieux continue de protester, il l'entend à peine et se laisse plutôt bercer par le bruit des vagues et le souffle de son aimée. Imitant Mathilde, il ferme les paupières et ne les rouvre que lorsqu'elle lui parle.

« Non, c'est plutôt rare que je fais ça, maintenant, répond-il à voix basse. J'ai pas vraiment l'occasion, il faut dire. Je passe la plupart de mon temps en ville et à bord, et on débarque pas vraiment sur les îlots qu'on croise en général. Mais c'était un truc qu'on aimait bien faire pour s'amuser quand on était plus jeunes, Isak et moi. Partir avec un minimum de matériel, explorer des endroits inconnus et se débrouiller pour se bâtir un abri et manger. On a passé de bons moments, comme ça. »

Darius sourit en coin et observe leur abri tandis qu'il caresse le dos de Mathilde d'une main douce. Il constate que leur ami à plumes a finalement arrêté de crier pour aller retrouver son nid, qu'il semble à présent protéger farouchement.

« J'ai mis un moment à perfectionner mon piège à belle fermière, dit-il en glissant un regard moqueur vers Mathilde. Crois pas que les abris que j'ai construits avant celui-là me sont jamais tombés dessus pendant que je ronflais. »

Darius rit et dégage quelques mèches de cheveux du visage de Mathilde pour pouvoir la regarder. Il la trouve particulièrement jolie ainsi, la crinière un peu désordonnée par leur moment d'amour, les traits heureux et détendus. Alors qu'ils sont allongés nus l'un contre l'autre au milieu de la mer, les soucis liés à la ferme, les préoccupations du quotidien semblent bien loin. Il est même à peu près certain que les douleurs dont elle lui a parlé la semaine dernière se sont atténuées depuis qu'ils ont mis le pied sur l'îlot.

«A priori, il y a pas de risque que celui sous lequel on se trouve s'effondre sur nous pendant qu'on est occupés à s'aimer, ajoute-t-il, un sourire en coin charmeur au coin des lèvres – car il compte bien profiter de leur tranquillité au maximum. En fait, je pense que le seul vrai risque qu'on court, c'est de se faire chier dessus par l'oiseau juste là. J'espère qu'il va se tenir tranquille. De la merde d'oiseau frustré, c'est pas nettoyable. »

Darius laisse planer un silence. Il mobilise tous ses efforts pour rester sérieux.Panais-ttoyable. Son sourire s'étire lentement. Son regard commence à luire d'amusement. Il tient un bon cinq secondes avant d'éclater de ce grand rire qu'il semble réserver aux blagues de panais qu'il partage avec Mathilde, un rire franc et sonore qui a pour effet d'attirer une fois de plus le courroux de l'oiseau. L'animal se remet à crier et à battre des ailes, faisant même virevolter des plumes qui viennent s'échouer sur le couple. Tout en continuant de s'esclaffer, Darius attrape la couverture et la passe par-dessus leur tête pour les « protéger » de l'ire de leur ennemi.

« Il a aucun sens de l'humour, en plus! lance-t-il en riant. Je pense qu'on devrait l'appeler Émilien. Tu sais, comme ce milicien qui tire constamment la tronche et qui a tendance à toujours être là quand je débarque. »

Darius offre un sourire mutin à Mathilde, non sans rester bien à l'abri sous la couverture. Un refuge dans un refuge. Un refuge qui leur permet d'éviter d'être la cible d'un oiseau qui en a beaucoup trop long à dire sur ce qu'il pense de leur campement improvisé et de leurs blagues de panais.

« Pendant qu'Émilien nous chante une sérénade, tu pourrais me dire comment tu imagines le reste de notre journée, reprend-t-il une fois l'hilarité passée. Tu veux explorer notre terre un peu? Repartir sur les flots? Passer les prochaines heures à faire ça? »

Il ne lésine évidemment pas sur la représentation du ça, offrant à Mathilde un long baiser qu'il accompagne d'agréables caresses.

« Dis-moi tout », dit-il en se détachant légèrement et en attrapant une petite plume d'oiseau tombée entre eux... plume qu'il utilise bien entendu pour chatouiller doucement Mathilde.
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyMar 16 Juin 2020 - 21:11
Explorer des endroits inconnus et se débrouiller pour se faire un abri et un repas valable, voilà bien une liberté qu'elle n'avait pas souvent pu prendre, du moins pas sans savoir qu'au retour, il y aurait les remontrances de sa mère et le silence lourd et pesant de son père. Plus jeune, Mathilde ressentait déjà l'appel de la liberté et aimait vivre dans l'illusion qu'être une fille ne l'empêcherait pas de faire quoi que ce soit... Elle avait bien vite été ramenée à la réalité, sans pourtant jamais être réellement domptée.

Elle ne peut s'empêcher de glousser en visualisant la scène que Darius évoque, alors qu'endormi, son abri de fortune s'effondre sur lui, et elle jette instinctivement un oeil à son oeuvre pour s'assurer que cette fois, la mésaventure ne se produira pas. Elle ne fait rien pour cacher cet examen visuel, allant jusqu'à exagérer ses mimiques alors qu'elle imite le visage d'un lieutenant en pleine inspection de la caserne d'Usson, les yeux plissés, la bouche pincée et les sourcils froncés, l'un d'eux se soulevant de temps à autres comme s'il marquait un détail quelconque dans la petite structure. Le moment ne dure que quelques secondes, et l'inspection prend fin alors que Darius dégage quelques mèches de cheveux du front de la fermière qui retrouve un sourire amusé.

- On va donc manger l'oiseau conclut Mathilde alors que son sourire s'efface devant celui de Darius qui s'étire. Elle le voit, ce n'est pas de sa suggestion qu'il rit. Le silence qu'il a laissé plâner est typique de ses plaisanteries. Elle hausse un sourcil alors que le regard de Darius semble pétiller. Qu'a-t-il donc dit? Se faire chier dessus par l'oiseau, rien d'amusant. De la merde d'oiseau frustré ne vaut pas l'éclat de rire qui secoue maintenant son torse alors qu'elle soupire profondément. Pas nettoyable. Mathilde laisse tomber son front contre le buste de son amant, buste qui se soulève de façon rapide et irrégulière, lui faisant faire un drôle de mouvement qui la fait finalement rire. Au-dessus d'eux, l'oiseau semble furieux alors que les bipèdes le dérangent par leurs étranges cris.

- C'était très mauvais! Très très mauvais, Vortigern! déclare la fermière tandis que la couverture se rabat sur eux pour les protéger d'une pluie de plumes, potentiel prélude à une vengeance de l'oiseau. Mathilde sourit, songeant qu'il a trouvé un moment parfait pour lancer une histoire de panais et qu'elle devra tenter de faire mieux, ce qui est loin d'être gagné. Je pense qu'on devrait l'appeler Émilien. Mathilde éclate de rire. Après Alexandre le cochon et Catin la vache, place à Émilien l'oiseau fâché. Elle sait déjà qu'elle ne pourra pas garder son sérieux la prochaine fois qu'elle verra le milicien descendre le chemin de la ferme, la tête honte et le torse bombé, pour une visite de courtoisie. C'est parce qu'il te trouve irrésistible, voyons! lui répond-t-elle en ricanant. Il tire la tronche parce que tu n'as d'yeux que pour moi et que tu ne lui adresses même pas un sourire. Pauvre Émilien. Mathilde ponctue sa phrase d'une moue faussement navrée.

Revenant à des préoccupations plus terre-à-terre, un comble pour un pirate!-, Darius laisse à Mathilde le soin de choisir la façon dont se déroulera leur journée. Explorer, naviguer, s'aimer... Elle a l'embarra du choix, et si le long baiser qu'ils échangent fait lourdement pencher la balance pour une journée de luxure, elle réussit malgré tout à garder ses esprits et un air presque naturel alors qu'il se détache d'elle. Une journée à t'aimer est affreusement tentant tu sais... Elle sourit tendrement. Une journée sans avoir à se cacher, à mentir à qui que ce soit, à craindre d'être interrompu dans une discussion indiscrète ou lors d'un moment de tendresse. Ils pourraient en profiter et ne se lever que pour grignoter quelque chose et reprendre des forces avant de regagner leur refuge. Elle secoue la tête. Darius s'est donné du mal pour lui organiser cette journée particulière dans cet endroit particulier, et elle veut profiter de cette incroyable et totale liberté. Mais... Émilien va vraiment nous mener la vie dure, quelque chose me dit qu'on devrait en faire un casse-croûte ou au moins l'aider à trouver un endroit plus tranquille. Elle rit doucement alors que la plume du piaf se promène contre son cou, et chatouille sa peau. Ensuite, j'aimerais beaucoup explorer ce petit coin de terre tant qu'il fait clair, et peut-être... si tu me promets qu'il n'y a jamais eu d'histoire de monstre de mer dans le coin... aller pêcher. Si tu as encore assez de forces pour ramer. Mathilde rit doucement. Elle pourrait tout à fait comprendre qu'il refuse de ramer encore alors qu'il les a déjà emmenés ici. Peut-être tentera-t-elle de lancer sa ligne depuis la falaise.

Bien que ses intentions soient clairement de quitter momentanément leur refuge, elle ne peut s'empêcher d'enfouir son nez dans le cou de Darius pour y déposer quelques baisers légers avant de se redresser à regrets et de quitter la couverture protectrice pour chercher sa chemise du regard. Il n'empêche que quitter ta couche est toujours aussi pénible, c'est toi le piège à fermière. Toi et ton petit sourire charmeur, et tes grands bras musclés dans lesquels je me sens protégée. Et ton odeur d'aventure. Toi tout entier. Mathilde tend la main vers le bout de tissu clair traînant sur le sol et l'enfile rapidement alors qu'un petit vent frais se charge de la faire frissonner. Elle se garde bien d'attacher ses cheveux, elle sait qu'il la préfère les cheveux détachés, et se contente de les ordonner sommairement avec ses doigts pour les ramener sur son épaule. Tu as le droit de paresser un peu si tu veux lui murmure-t-elle en lui volant un baiser avant de se lever et de jeter un oeil à Émilien, qui continue ses piaillements contrariés.

- Toi... Mathilde se penche pour ramasser un petit caillou et le lance vers l'oiseau qui ne bouge même pas alors que le projectile passe à côté de lui. ... Va voir ailleurs, allez! Elle tape dans ses mains et regarde le volatile s'envoler pour se percher un peu plus haut. Satisfaite, elle fait le chemin inverse et ramasse son pantalon, sa jupe et les vêtements de Darius semés un peu plus tôt, non sans sourire. L'arrivée sur ce petit bout de terre promise était plus qu'agréable. Elle revient ensuite vers le refuge pour déposer les effets du pirate près de lui. J'ai pas vu de canne à pêche! Tu en as pris une? Je pourrais essayer de prendre notre repas depuis la falaise pendant que tu te remets de tes efforts. Je parle de la rame, évidemment ! Elle ricane tout en jetant un oeil attentif aux alentours, pour finalement aviser une canne déposée contre le tronc de l'arbre. Il a décidément tout prévu.

Pieds nus, la fermière se contente de remettre sa jupe de monte et laisse son pantalon de côté. Fendue de haut en bas, elle ne la préservera pas du vent frais mais elle se dit qu'elle n'aura qu'à se blottir contre Darius pour se réchauffer. Mathilde se saisit de la canne à pêche et d'un quignon de pain qu'elle prélève dans sa besace et se dirige à pas prudents, en bonne exploratrice, vers la falaise. Du regard, elle balaie la maigre végétation qui a poussé contre vents et marées, foulant les lichens et évitant soigneusement les petits buissons parfois épineux le long d'un sentier imaginaire que personne encore, à part peut-être Darius, n'a parcouru. Elle s'attend à voir surgir un pirate prisonnier de l'îlot, mais aucun ennemi ne se montre. Même l'oiseau a choisi de rester dans son arbre plutôt que de la suivre jusqu'au sommet de la pente où elle s'assoit après avoir prudemment testé la solidité du terrain. Une fois installée, elle fixe un morceau de pain à l'hameçon et lance sa ligne à l'eau.

Quelques minutes plus tard, elle se retourne au bruit de pas approchant d'elle. La mine dépitée, elle hausse les épaules. La ligne est pas assez longue. En effet, il suffirait au pirate de se pencher un peu pour constater que le morceau de pain ne frôle même pas les eaux agitées qui bordent la falaise. La prochaine fois, j'aurai une ligne très très très longue. Mathilde rit. Elle est bonne pour une autre promenade en mer. Tu as convaincu Émilien de déménager d'îlot?
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MessageSujet: Re: Ad astra per aspera [PV Mathilde]   Ad astra per aspera [PV Mathilde] EmptyMer 24 Juin 2020 - 18:57
Pauvre Émilien. Darius secoue la tête avec le même air navré que Mathilde, comme s'il le plaignait également de ne pas être remarqué qu'une personne aussi merveilleuse que lui-même, puis ricane avant de questionner la fermière sur ses souhaits pour la journée. Ponctuant ses paroles d'un long baiser, il sourit à la réponse initiale de son amante. Oui, passer la journée à s'aimer est affreusement tentant, pour la simple et bonne raison qu'ils ne sont jamais rassasiés l'un de l'autre et qu'ils sont enfin seuls, complètement seuls. Mathilde rejette cependant cette première idée, mentionnant plutôt son désir d'explorer leur petit coin de paradis et de tenter sa chance à la pêche.

« J'ai bien assez de forces pour t'emmener pêcher, belle fermière, répond-il. De toute façon, pas besoin d'y aller à la course. Je te laisse t'occuper d'Émilien, par contre. Je suis sûr que tu vas réussir à l'amadouer. »

Darius frissonne légèrement sous les baisers que Mathilde dépose dans son cou et tente, en vain, de la retenir un peu lorsqu'elle se redresse. Repliant paresseusement un bras derrière sa tête, il la suit des yeux tandis qu'elle cherche ses vêtements en le qualifiant de piège à fermière. Il rit, non sans lui offrir ce sourire charmeur dont il s'arme lorsqu'il cherche à la séduire.

« C'est bien, je vais continuer à perfectionner le piège », se moque-t-il dans un souffle alors qu'elle lui vole un baiser.

Elle l'invite à paresser, ce qu'il fait volontiers en l'observant s'attaquer au pauvre Émilien, qui se trouve désormais en territoire conquis. Si le pirate s'amuse de voir Mathilde prendre ainsi à cœur sa mission de chasser l'oiseau, il se plaît surtout à l'admirer tandis qu'elle déambule librement sur ce petit morceau de terre, joues quelque peu rosées par la brise et cheveux au vent. Ils sont sur l'îlot depuis moins d'une heure, mais il sait déjà que celui-ci est un endroit spécial pour eux, qu'ils y repenseront souvent, qu'ils y reviendront lorsqu'ils le pourront.

Darius laisse la fermière s'éloigner, prenant quelques minutes de repos, puis se redresse sur les coudes lorsqu'elle revient vers lui pour lui rendre ses vêtements.

« Il en faut plus pour que je m'avoue vaincu, tu devrais le savoir, lance-t-il en se saisissant de son pantalon et de sa chemise. Si tu réussis à trouver la canne à pêche et à attraper notre repas depuis la falaise, je vais commencer à croire que t'es une sorcière plutôt qu'une fermière. »

Le pirate n'explique pas davantage ce qu'il entend par là. Mathilde est, de toute façon, partie en quête de la canne à pêche, motivée à revenir avec un poisson. Darius, qui finit par se lever et se rhabiller, rejoint la jeune femme à temps pour voir sa mine dépitée. Il lui sert un sourire goguenard. Il savait depuis le début que la ligne était beaucoup trop courte, mais la vision de son exploratrice remplie de volonté était trop belle pour qu'il la gâche avec une telle révélation.

« Première leçon de pêche : il faut effectivement que la ligne touche à l'eau, dit-il en rejoignant tranquillement Mathilde et en se penchant un peu pour voir le fil de la canne à pêche se balancer dans le vide. Et non, Émilien est resté caché, invisible. C'est louche. Il doit manigancer quelque chose. Restons sur nos gardes. »

Il ricane, puis prend la main de Mathilde dans la sienne pour l'aider à se relever et à marcher sur le sol rocailleux. En redescendant avec son amante, il perd un peu pied, mais se rattrape admirablement pour éviter de tomber et de l'entraîner dans sa chute. Il jette ensuite un regard à Mathilde - T'as rien vu! – et se détourne, observant le sol, comme à la recherche de quelque chose.

« Je pense qu'il va falloir se contenter de ton pain pour appâter les poissons, annonce-t-il finalement. C'est pas le royaume des petites bêtes utiles, ici. C'est à se demander ce qu'Émilien bouffe. Enfin, c'est déjà pas mal comme appât, il y a plus que moyen d'attraper quelque chose avec ça. »

De retour près de l'eau, Darius tire la barque sur le sable et aide Mathilde à prendre place à bord avant de le rejoindre pour les éloigner momentanément de leur refuge. L'eau est plutôt calmes, ses coups de rame sont assurés. Même dans l'effort, il paraît profiter de chaque instant passé sur la mer, de chaque moment vécu avec elle.

« On peut essayer ici et bouger si ça mord pas, indique-t-il une fois à une courte distance de l'îlot. Allez, montre-moi comment ça pêche, une belle fermière. »

Darius rit, puis regarde Mathilde tandis qu'elle lance la ligne à l'eau. Prudemment, il se déplace dans la barque pour être plus près d'elle et, dans un geste tendre, l'aide à repositionner ses mains sur la canne à pêche.

« Si ça mord un peu violemment, tu vas avoir une prise plus solide comme ça », explique-t-il en se reculant légèrement après avoir déposé un baiser contre le haut de son cou.

De son regard clair, Darius balaie la vaste étendue d'eau qui les entoure, comme s'il était capable d'en voir les profondeurs ou d'en tirer des secrets inaccessibles au commun des mortels. L'espace d'un instant, il semble plonger. Le passé, lui, refait brièvement surface. Au moment de remonter, Darius n'en garde qu'un bref souvenir.

« J'étais vraiment petit quand j'ai commencé à pêcher, raconte-t-il calmement. Je devais avoir quatre ou cinq ans. Je sais pas pourquoi, mais j'avais pas de chance, j'attrapais jamais rien. Isak et ma cousine, par contre, arrivaient toujours à pêcher au moins un poisson. Ça me faisait tellement chier, je m'en souviens encore comme si c'était hier. Un jour, Isak a attrapé un poisson pratiquement aussi gros que lui et il s'en vantait tellement que, pour me venger, je l'ai poussé en bas de la barque. Sauf que pour venger son frère, ma cousine m'a poussé aussi, et toute cette connerie a fini par faire chavirer la barque. Et on a perdu le poisson comme des cons. Isak le dira jamais, mais je suis sûr qu'il a encore cette histoire sur le cœur! »

Darius rit un peu en se rappelant le désastre, puis s'arrête soudain en pointant la ligne de Mathilde.

« C'est moi ou ça a mordu? », demande-t-il en regardant la ligne pour voir si elle se tend de nouveau.
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