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 Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !

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Lysandre EzlemondApothicaire
Lysandre Ezlemond



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MessageSujet: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyMer 24 Juin 2020 - 3:22
Au détour d’une ruelle, deux yeux brillants semblaient sortir de l’ombre. Le vent froid de l'automne s'infiltra à son tour dans une bourrasque violente avant de se tarir. Lysandre s’arrêta aussitôt en cherchant d’où lui venait cette étrange sensation d’être épié.

Alors que la nuit peinait à laisser place au jour, il avait terminé ses achats et avait même réussi à trouver un brin de Dracunculus Vulgaris alors que l’herboriste avec qui il faisait affaires lui avait affirmé qu’il ne pourrait s’en procurer avant le printemps prochain. Cependant, lorsque Lysandre s'était présenté comme chaque semaine, monsieur Couturier s'était empressé de lui montrer la fleur violette qu'il avait reçu la veille. Belle et odorante, celle-ci brillait par sa rareté.

Heureux de sa transaction, le jeune apothicaire avait sauté au plafond - ainsi que sur l'occasion d'acheter la plante -, ce qui eut pour conséquence de lui faire baisser sa garde habituelle en ressortant de la boutique de l'herboriste. Maintenant, il payait cette erreur de jugement avec ce sentiment oppressant qui lui comprimait la poitrine depuis plusieurs minutes.

— Un chat ? tenta-t-il de se rassurer.

Ledit chat potentiel ne lui répondit pas. Évidemment.

Désormais aussi alerte qu’une puce sur le dos d’un pouilleux, Lysandre parcourut la ruelle des yeux à la recherche d'une quelconque bizarrerie. Mais rien ne sortait de l’ordinaire. Les étals colorés s’alignaient comme comme chaque matin, les vitrines des boutiques attendaient l’arrivée des clients et le soleil se levait bien à l’Est. Rassuré par cette normalité, Lysandre reprit sa marche en direction de son propre commerce. Il avait hâte de pouvoir s’atteler à la préparation de sa commande avant d’avoir à ouvrir à ses premiers clients.

Aussi, il bifurqua vers l’Ouest puis entra rapidement par la porte arrière de sa boutique, celle qui menait également à ses appartements si on prenait les escaliers. Dès le battant en bois refermé, le jeune homme se débarrassa de sa cape le protégeant du froid ainsi que des sacoches contenant ses récentes acquisitions.

Une fois prêt à se mettre au travail, il alla se placer devant son atelier et entreprit de broyer plusieurs herbes essentielles à la création d’une crème censée apaiser les piqûres d’araignées. Perdu dans ses pensées, il se mit à fredonner un air que Palmidor lui avait enseigné dès son arrivée chez lui afin de calmer ses pleurs la nuit. Encore jeune à l'époque, Lysandre ne se rappelait plus les paroles, mais avait tout de même mémoriser l'air. Il l'avait toujours trouvé apaisant sur lui. Très vite, le chant lui fit oublier l’incident dans la ruelle.

Après avoir mis à macérer ses herbes fraîchement coupées, il se dirigea vers l’avant de sa boutique et tourna le verrou. Il actionna également le mécanisme de sa lampe à huile afin d'y voir un peu plus clair puis alla s'installer derrière son comptoir comme il le faisait chaque matin.

Afin de s’occuper les mains, il se mit à classer des fioles par date de création, jetant celles qui étaient trop vieilles pour être vendues.

— Tu n'es même plus de la bonne couleur, toi ! rit-il en déplaçant une potion jaune poussin censée être aussi brillante qu'un bouton d'or.
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Alienor E. Von ElrichBaronne
Alienor E. Von Elrich



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyJeu 25 Juin 2020 - 4:23
Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant
Lysandre & Alienor

Apothicaire : Complice du médecin, bienfaiteur du croque-mort, fournisseur des vers de tombeau. , Le Dictionnaire du Diable - Ambrose Bierce.

Hagarde et debout dans cette immense forêt dense et sombre que son subconscient avait modelé et qui malgré le poids des années lui était aussi familière que méconnue. Alienor courait, prise dans une course effrénée, incapable de s'arrêter. Le souffle court, la gorge nouée, violemment fouettée au visage par une multitude de ronces et de branches basse, souffrant des picotements brûlants des fines entailles lui cisaillant autant le visage que les bras.

Les cheveux se déliant de leur lourde coiffure, aveugler sa progression autant que sa toilette laquelle réduite à l'état de guenilles, tombaient en loques grossières qui alourdissaient ses jambes d'ores et déjà affaiblies par l'effort et l'irrégularité du terrain sur lequel elle peinait à progresser.

Les beuglements se faisaient si proches, qu'elle put presque sentir l'haleine fétide et les gueules bestiales happer l'air de puissants mouvements de mâchoire. Tétanisée, interdite, elle éclata pitoyablement en sanglots, la respiration rêche et laborieuse entrecoupée d'étouffements, tâchant de camoufler au mieux les bruits qu'elle pouvait émettre en vain, alors qu'elle fonçait au plus profond du bois, repoussant à s'en saigner les paumes la végétation qui constituait des barrières d'une étonnante solidité. Un son qu'elle ne sut attribuer à l'homme ou à l'animal, la fit sursauter et trébucher lourdement au sol, le violent impact et son manque de souffle la fit tousser à en cracher ses poumons et les ongles enfoncés à même la terre, elle rampa désespérée.

Face à elle, un semblant de terrain dégagé ou se dressait une modeste hutte, vulgaire amas de bois surmonté d'un toit de fortune consolider par une paillasse tressée. La toile de jute officiant de porte laissait suinter une forte odeur de sulfure.

" Ai… d… m…oi… "

Les larmes lui brouillaient la vue, alors qu'elle gémissait au sol, les jambes paralysées. Priant pour une aide quelconque. Un rire de femme strident presque cacophonique raisonna accompagné presque aussitôt par une meute à la stature massive et au corps humanoïde pourvus de yeux d'un jaune mauvais.
La violence des morsures la firent hurler, étranglée par la douleur, les plaintes. Ses yeux dilatés fixaient impuissants, les canines déchiquetés sa chair et les choses se repaitre de ses entrailles. Dans un ultime effort, elle tourna son visage livide sur le côté, quelque chose la saisit, un semblant de mains ? De pattes ? De serres ? Lorsqu'elle croisa le regard de son énième bourreau. Alienor vit des yeux d'un bleu bondi profond, un bleu qu'elle connaissait… Elle se vit, gagnée par cette tare, elle se dévora elle-même hilare et agonisante, la bouche grossièrement dégoulinante d'un sang épais.


*
* *


Brusquement, la Von Elrich sortit de sa torpeur, le visage en sueur, les cheveux collant à son front d'une blancheur matte. Elle tâtait le lit, haletante, les yeux ronds et les cernes creuses. Fixant un instant ses jambes galbées après avoir violement jetée ses draps : Aucune goutte de sang.

Elle se saisit d'un miroir qui reposait non loin de son lit à baldaquin, et porta une main tremblante à ses pommettes: Son visage était empreint d'une profonde terreur et la fatigue l'étirait. Elle redevenait l'enfant qui pleurait le visage enfouie en hurlant à en réveiller l'ensemble des habitants du château. Frustrée et presque honteuse, la baronne s'extirpa du lit, pieds nus, prenant nonchalamment une coupe qu'elle remplit de vin tout en balayant du regard sa table de toilette à la recherche de son narcotique.

Confrontée aux tréfonds de ses pensées morbides, le corps comme vouté par l'épuisement et le cœur battant, tiraillée entre l'envie de se jeter à genoux et implorer Rikni et celui de renverser l'ensemble du mobilier. Alienor, s'appuya lourdement sur la petite table de bois ou trônait la cruche, et tambourina d'une main sur sa poitrine, les dents serrées.

" Je … n'en peux plus …"

Les premières lueurs du jour finirent par percer les épais rideaux, offrant une lumière diffuse propre à la saison. La dame se tenait noble, mi-vêtue mi-dénudée dans une large chemise crème, fixant un point indescriptible dans le mur tapissé, les yeux à demi-clos. Lorsque le battant de la porte s'actionna et que sa suivante pénétra non surprise de voir sa maîtresse d'ores et déjà debout.

" Bonjour Madame, vous avez eu une nuit agréable ? "

" Assez."



*
* *


Emmitouflée dans une élégante capeline de damas sombre, la capuche rabattue sur son visage de sorte à camoufler autant ce dernier que son épaisse chevelure. Alienor, progressait non sans quelques appréhensions dans le quartier de la Hanse. Ayant laissé sa litière aux abords de Bourg-Levant, elle prétexta une visite aux orphelins dont elle s'était entichée –œuvre charitable de notoriété publique qu'elle entretenait depuis quelques années déjà-. Il y'avait dans le fourmillement presque incandescent du quartier commerciale un sentiment rassurant compte à la continuité de la vie au sein de la cité qui en ces temps troubles semblait suspendue voir figée. Aussi, bien que s'appliquant à être aussi discrète que vive, la noble jetait des œillades curieuses aux étalages qui dans la brume grisâtre du petit matin, étaient encore à l'achalandage.

Prenant à droite sur la première percée qu'offrait l'artère principale. Elle arriva bien assez tôt à la boutique de l'apothicaire qu'elle fréquentait assidument depuis peu, toute attelée à ses lectures –du moins le peu que la bibliothèque familiale offre d'ouvrages botaniques et médicinaux-, ses achats varièrent progressivement de somnifères et infusions d'herbes à vocation calmantes à des plantes à état brute que bien souvent elle gaspillait dans ses expérimentations peu concluantes, se présentant au jeune homme tenancier du commerce comme une simple bourgeoise instruite désireuse de pouvoir apaiser les tourments de sa mère qui souffre de troubles de sommeil en vue des récents incidents, elle se rendit compte très vite qu'elle n'eut guère à développer plus que cela sa petite histoire ou la garnir d'inutiles justificatifs. Tant l'apothicaire n'était homme à s'embourber dans de futiles discours.

Toquant trois fois, sans réponse. Alienor non surprise ne put empêcher un sourire d'animer sa bouche gourmande " Il doit être tout à ses travaux." Aidé d'un mouvement d'épaule, car ayant une force physique quasi inexistante. Elle poussa la porte et pénétra à l'intérieur, accueillie par une tiède chaleur à l'odeur saisissante suintante des baumes, cataplasmes et autres onguents.

" Que-ce qui n'est plus de la bonne couleur ? "

Son sourire s'élargie dévoilant des dents blanches, vraisemblablement taillées par soucis d'esthétisme, alors qu'elle abaissait sa cagoule et avançait d'un pas aérien en direction du comptoir.

" A quelle heure vous êtes vous bien réveillez pour être si tôt tout à votre travail ? Oh j'en oublie mes manières ! " Lestement elle se débarrassa de ses gants dans un mouvement aussi méthodique que machinale " Bonjour, comment vous portez-vous ? "



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Lysandre EzlemondApothicaire
Lysandre Ezlemond



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyDim 28 Juin 2020 - 22:13
Pour Lysandre dont l’esprit vagabondait de pensée en pensée, le temps n’avait pas toujours la même dimension que pour ses voisins. À ses yeux, tout dépendait de la situation. Pour lui, une minute pouvait s’écouler en quelques secondes quand une heure se transformait parfois en plusieurs années. Les leçons de son vieil oncle — bien qu’elles duraient souvent toute une après-midi — lui paraissaient filer aussi vite qu’une étoile dans le ciel. Il se souvenait de ces moments où il s’asseyait près de la fenêtre, là où la petite clochette au-dessus de la porte de la boutique pendait, et écoutait les enseignements jusqu’à ce l’obscurité lui fasse réaliser qu’il n’avait pas bougé. À contrario, d’autres moments moins passionnants s’apparentaient à une douce torture, comme la veille au soir où il avait passé deux bonnes heures à remettre en ordre les étagères en bois de prunier dans son dos. Malgré la routine qu’il s’imposait, il avait sans cesse l’impression qu’il régnait un bazar constant dans sa boutique.

 « Le rangement. Voilà mon point faible », pensa-t-il très fort en vidant une nouvelle fiole.

Lorsqu’il releva les yeux de son travail, Lysandre remarqua que le soleil était apparu et illuminait la boutique de ses puissants rayons. Dehors, les premiers badauds commençaient à flâner. Le jeune apothicaire prit quelques minutes à observer les tulles colorés des étals de la boutique en face. Il aimait bien la vieille dame qui la tenait. Elle était réputée pour être coriace en affaires, mais Lysandre admirait la douceur qui émanait d’elle lorsqu’elle lui rendait parfois visite. Il soupçonnait la commerçante et son oncle d’avoir entretenu une relation, mais il n’avait jamais osé demander confirmation. Cela ne le regardait pas.

Alors qu’il se perdait dans ses souvenirs, la clochette tinta et Lysandre sursauta en se maudissant d’être si distrait ce matin. Il releva la tête en direction de la porte et reconnut aussitôt la jeune femme qui fréquentait sa boutique depuis peu. Jamais elle n’avait la conversation plus loin que la simple politesse et cela convenait tout à fait. À vrai dire, habitué aux regards moqueurs, il n’en espérait pas tant. Ainsi, il appréciait assez les visites courtoises de sa cliente pour respecter son envie de garder les raisons de sa présence pour elle.

Ce matin, elle portait une élégante cape masquant son visage. Lysandre n’aurait pu la reconnaitre sous l’épais et riche tissu, mais le parfum qu’elle portait la trahissait. Il était assez subtil pour qu’un simple habitant ne le repère pas, mais entrainé à différencier les moindres fragrances, l’apothicaire décela par-dessus celles caractéristiques de sa boutique celle de cette inconnue.

Que-ce qui n’est plus de la bonne couleur ? lui sourit-elle.

Vos iris, quand vous souriez ainsi, répondit-il avec amabilité.

Les lignes de son visage gracieux — bien qu’empreints de quelques semaines fort difficiles — apparurent à la lumière lorsqu’elle retira sa capuche. Sa démarche tout aussi avenante fut aussitôt contrastée par le pauvre jeune homme qui se leva précipitamment. Accueillir ses clients en étant assis derrière son comptoir ! Quelle offense, se maudit-il.

À quelle heure vous êtes vous bien réveillez pour être si tôt tout à votre travail ? Oh j’en oublie mes manières ! Bonjour, comment vous portez-vous ?

Lysandre contourna le comptoir en remettant de l’ordre dans sa tenue. « La propreté est au corps ce que l'amabilité est à l’âme, lui aurait soufflé son oncle. Sa boutique en désordre, il prit donc soin de lisser sa tenue. Geste bien futile pour un tissu aussi fin que le sien.

Bien le bonjour, mademoiselle. Excusez la pagaille, je pensais terminer plus tô…

Mais aussitôt ses excuses formulées que son cerveau s’activa enfin. Rares étaient ceux qui s’inquiétant de son état. Aussi, il arrêta de s’activer dans sa boutique pour gagner de la place sur le comptoir et analysa le degré de sincérité de sa cliente d’un œil dubitatif. Comprenant qu’elle ne se jouait pas de lui, il se détendit et esquissa un premier sourire, l’invitant de la main à s’asseoir sur l’un des deux fauteuils qui jouxtaient les étagères du fond.

Et bien, je suppose que je me porte bien, merci de vous en soucier. Puis-je espérer que votre entrain révèle également une bonne journée de votre côté ? Et si ce n’est pas le cas, comment puis-je vous aider à l’améliorer ?
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Alienor E. Von ElrichBaronne
Alienor E. Von Elrich



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyMer 1 Juil 2020 - 18:28
Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant
Lysandre & Alienor

Apothicaire : Complice du médecin, bienfaiteur du croque-mort, fournisseur des vers de tombeau. , Le Dictionnaire du Diable - Ambrose Bierce.

" Vos iris, quand vous souriez ainsi "

Cette phrase raisonna un petit instant dans son esprit, il y'avait dans la spontanéité et l'adresse des mots employés par l'apothicaire un je-ne-sais quoi suave qui coloriait ses pommettes malgré le fard qui les affublent d'un rose timide, presque ingénu. Bien qu'accoutumée aux compliments des hommes susurraient dans les salons, Alienor a toujours été vaine de ces galanteries qui flattaient indéniablement son égo certes mais qu'elle prenait pour une politesse mondaine sans réel fond de sincérité et qui ne lui arrachait qu'un sourire taquin ponctué par une de ces réponses à la verve espiègle qui faisait son charme.

Il lui était agréable de constater l'évolution timide mais notable de leurs échanges. Sa première visite avait été conclue en quelques minutes, son interlocuteur tout affairé avec une commande qui vraisemblablement lui demandait une certaine concentration n'écouta que par une courtoisie affable la petite histoire qu'elle tâchait d'adroitement conté et une attention un peu plus pointue aurait pu déceler l'angoisse fugace de la baronne de se retrouver seule à faire ses emplettes. Dès lors, elle tâcha de placer un mot aimable et recueillait chaque dire de Lysandre religieusement, son excentricité et cette lueur vive qui trahissait la passion de l'homme pour son savoir-faire charmait la Dame ; il ne s'enquit jamais de son identité ni de son nom ce qui quelque part lui convenait, elle n'aurait supporté l'idée de mentir si ouvertement à une personne dont la nature éthérée était empreinte d'une candeur que l'on rencontre rarement. Bien qu'elle était de ces figures n'évoluant que par l'intrigue, la contrainte, la manipulation ; sa jeune expérience, son empathie et ses nerfs fragilisés reléguaient au second plan cette nature lorsqu'elle se trouvait dans l'intimité de la curieuse boutique.

A travers l'entrebâillement d'une porte grinçante, on distinguait tant bien que mal les perspectives de l'atelier, pièce octogonale ou s'amassait un bric-à-brac criard tout au long des murs, c'est ici dans le silence tacite que troublait seulement le crissement de la clochette de la boutique ou il se livrait religieusement à son art. La Von Elrich s'y senti attirée, et ne put s'empêcher de lancer plus d'une œillade par-dessus l'épaule du jeune homme qui lissait les pans de sa tenue, n'avait-il pas froid avec un tissu si léger ?

Les fenêtres occupant une partie de la devanture du magasin laissaient timidement transparaitre la blancheur mate du petit matin, et donnait à l'espace ce mysticisme si particulier qui frappe les gens du commun : placards desquels on devine par quelques regards habiles la pile non exhaustive d'échantillons de poudre, de coquillages, de fleurs séchées et plantes colorés qui malgré le désordre ambiant s'alignaient entre les lourds bocaux d'huiles, de liqueur et de baumes. L'odeur de résigne et d'onguent embaumait d'un parfum entêtant les lieux et alourdissait d'autant plus l'atmosphère.

Alienor sourit de plus belle, se demandant bien à quelle vitesse le cerveau de l'apothicaire s'activait.

" D'habitude ce sont vos bons soins et vos concoctions qui améliorent mon humeur, mais pour une fois je dois dire que vos beaux mots semblent prendre le dessus et avoir un meilleur effet ! Vous devriez me prescrire cela, non ? "

Ses doigts laiteux dénouaient lentement les cordages qui maintenaient la capeline sur ses frêles épaules, dévoilant une étroite robe au bilaud grenat surpiquée de fines passementeries or, au col et aux poignets en fourrure de vison.

" Mon entrain n'est du qu'au plaisir que j'ai de vous voir " Elle encra son regard dans les iris dont la limpidité rehaussés les traits agréable du visage de Lysandre.

"Je devrais venir vous voir plus souvent le matin, vous êtes bien plus charmant… Mmh vous permettez ? Je vous en serais gré, je n'arrive pas trop à distinguer ou je pourrais l'accrocher ? "

Dit-elle en lui tendant le par-dessus, ainsi qu'un petit paquet élégamment emballés

" J'étais sûr de vous réveiller, du coup pour me faire pardonner j'avais songé à vous apporter une petite douceur pour accompagner votre repas du matin. Ce sont des darioles ! Ma bonne cuisinière les a préparés ce matin. J'y ai mis mon grain de sel, j'espère que vous aimerez." A vrai dire Alienor ne savait pas casser un œuf et serait incapable de survivre seule sans ses serviteurs.

Et sans plus de cérémonie elle s'installa dans l'un des fauteuils désignés.

" Je voudrais vous prendre du pavot ou quoique ce soit que vous me conseillez pour un sommeil profond. J'ai le plus grand mal à me reposer ces jours-ci … De préférence une concoction déjà prête "

Elle choisit de rire en misant sur l'enjouement pour le rendre bavard

" Pour être honnête je suis une piètre soignante, j'ai gaspillé toutes les plantes que je vous ai acheté dans de vaines tentatives … Je pensais pouvoir me débrouiller afin de m'éviter des sortis trop récurrentes, les rues ne sont plus aussi sûres qu'elles ne l'étaient … "

Marquant une pause, la baronne réprima un frisson en se souvenant de l'enlèvement dont elle et un milicien qui avait tenté d'empêcher la chose avaient étés les victimes il y'a quelques mois. L'image était si vivace et lui inspirait tant de dégout que cela lui assombrit le visage, et la plongea dans un subit silence, qu'elle rompit en secouant faiblement sa tête ce qui fit tinter ses boucles.

" J'aurais aimé avoir le savoir faire nécessaire pour préparer quelques petites concoctions, rien d'extraordinaire juste de quoi apaiser des petits maux quotidiens, ou bien avoir quelqu'un pour se charger de mes emplettes " Elle avait tout un personnel " Mais bon que voulez-vous ! Heureusement que vous êtes là, de toute façon avec ou sans les connaissances j'aurais toujours besoin de vous ! "



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Lysandre EzlemondApothicaire
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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyJeu 2 Juil 2020 - 21:42
Lysandre se perdit dans ses pensées durant quelques instants. À l’instar de son oncle, il se rappelait chaque client ayant passé la porte de la boutique. Oh, il n’avait pas la prétention de se souvenir de tous les noms ou de leurs besoins du jour — cela ne le regardait pas —, mais il n’oubliait jamais un visage. Si les yeux se voulaient le miroir de l’âme, le jeune apothicaire avait toujours trouvé un certain calme à analyser chaque détail des traits de ses interlocuteurs. En outre, cela lui permettait de différencier les clients réguliers des rôdeurs, comme la jeune Caela qui avait tenté de le voler il y a quelques temps.

Ce matin, il ne lui fut donc pas difficile de reconnaitre les longs cils épais embellis d’un trait aussi noir que les ailes d’un corbeau qui se tenaient devant lui. La demoiselle n’en était pas à sa première visite et Lysandre avait pris soin de ne jamais l’interroger sur ses motivations. Il avait plus d’une fois ressenti l’envie de lui demander la raison se cachant derrière ses traits émaciés qui contrastaient avec la malice de ses irirs, mais la bienséance ainsi que l’éducation rigoureuse qu’il avait reçues furent toutes deux suffisantes pour qu’il ne cède jamais.

De ce fait, une sorte de contrat implicite s’était développé entre eux au fil des visites. Pour autant, le compliment lui avait échappé et il s’en voulut d’avoir dérogé à leur routine. Fort heureusement, la demoiselle ne s’en vexa pas. Après tout, elle devait elle-même être consciente de cette vérité ; elle avait de jolis yeux.

– D’habitude ce sont vos bons soins et vos concoctions qui améliorent mon humeur, mais pour une fois je dois dire que vos beaux mots semblent prendre le dessus et avoir un meilleur effet ! Vous devriez me prescrire cela, non ?

– Vous m’en voyez ravi, hocha-t-il lentement le visage avant de rire de bon cœur en saisissant la suite de ses paroles. Malheureusement, les mots, aussi beaux soient-ils, ne remplissent que le cœur et non les estomacs. Et par les temps qui courent, je ne suis plus tout à fait sûr de ce qui nous est le plus nécessaire pour survivre. De l’espoir ou une écuelle bien remplie ?

Peu désireux de voir son éclat de mélancolie gagner sa première cliente de la journée, il balaya l’air de la main dans un geste distrait. L’esquisse d’un nouveau sourire fleurit sur ses traits bon enfant tandis que la demoiselle jetait de petits coups d’œil autour d’eux. Lysandre ne s’en formalisa pas. Rares étaient ceux qui ne cédaient pas à l’attraction que représentait le bazar de la boutique. En dehors des profusions d’herbes et autres préparations, il s’y dégageait une aura de calme, un peu de la même façon qu’au temple — bien qu’il ne pût se vanter d’atteindre le même degré de sérénité.

– Mon entrain n’est du qu’au plaisir que j’ai de vous voir. Je devrais venir vous voir plus souvent le matin, vous êtes bien plus charmant…

– Eh bien, rit-il avec légèreté, vous savez ce qu’on dit ; « les heures défilent et l’apothicaire s’exile ». Les rumeurs sont perfides, mais elles ont souvent un fond de vérité. Il est vrai que le soir, je suis effectivement plus taciturne. N'y voyez là aucun geste personnel contre votre bonne personne.

Elle quitta cape, sacoche et gants, cherchant où les accrocher. Lysandre réagit plus vite qu'il ne l'eut cru possible et lâcha aussi les plis de sa tenue pour s'approcher de son interlocutrice.

– Oh, mais j’en oublie mes manières. Quelle tête en l’air je fais aujourd’hui. Tenez, donnez-moi ça, je vais m’en occuper.

Lysandre récupéra les quelques vêtements donc le tissu lourd ne confirma qu’une seule chose à ses yeux. Il se retint cependant de faire le moindre commentaire et se pinça les lèvres. Contrat implicite, encore et toujours…

Lorsqu’il se retourna — après avoir accroché le manteau sur une patère libre près de la porte ouverte menant à son atelier —, l’apothicaire se surprit de la tenue de son interlocutrice. La seule pensée qui lui traversa l’esprit fut une question qu’il n’osa poser. Comment obtenir cette couleur si profonde avec tant de régularité ? Son dernier essai en matière de pigmentation s'était soldé par un tissu arborant de longues traces vertes loin d'être uniformes. Ici, on aurait cru le vêtement directement trempé dans le meilleur vin de la taverne non loin.

– J’étais sûr de vous réveiller, du coup pour me faire pardonner j’avais songé à vous apporter une petite douceur pour accompagner votre repas du matin. Ce sont des darioles ! Ma bonne cuisinière les a préparés ce matin. J’y ai mis mon grain de sel, j’espère que vous aimerez.

– C’est très généreux à vous, merci. Il ne fallait pas vous causer tant de soucis, murmura-t-il en devinant ses joues prendre la même teinte lis de vin que la robe de sa cliente. Pour vous éviter de futurs tracas, sachez que je me lève bien avant le premier rayon du soleil, lorsque les étoiles peuvent encore me servir de confidentes. Vous prendrez bien une infusion avec ces darioles ? Pour être honnête, je n’en ai encore jamais gouté.

Il ouvrit le baluchon puis partit à la recherche de l’eau qu’il avait fait chauffer un peu plus tôt en vue de la préparation d’une concoction. Elle devait être encore assez chaude sans être brulante et donc parfaite pour y glisser un brin de menthe fraiche. Palmidor l’aurait sermonné s’il n’avait pas partagé les douceurs offertes avec tant de gentillesse, mais le thé se voulait l’initiative exclusive de Lysandre lui-même.

Quand il revint, sa cliente était assise dans l’un des fauteuils et lui exposa rapidement la raison de sa visite.

– J’ai justement une préparation à base d’eschscholtzia et de passiflore prête de la veille, répondit-il avec entrain.

Lysandre n’eut qu’à tendre le bras pour l’attraper, cette dernière reposant sur l’étagère dans son dos. Confiant, il lui tendit le petit flacon au liquide orangeatre en commençant, comme chaque transaction, par la posologie qu’il recommandait ainsi que la manière de consommer la préparation. Enfin, il termina par son prix.

– Étant donné que vous m’avez apporté ces délicieux desserts - vraiment, ils sont excellents - je vous offre cette solution en échange d’une promesse. Celle que l’utilisiez uniquement avec parcimonie.

Oh le jeune apothiciare ne craignait pas pour la vie de la jeune femme ; il avait fait attention au dosage de chaque ingrédient. Mais cela ne voulait pas dire que les effets secondaires disparaissaient pour autant. Et avec un teint déjà si sollicité par ses insomnies, il s'en serait voulu d'ajouter des rougeurs dûes à un excès de consommation.

– Pour être honnête, je suis une piètre soignante, l'écouta-t-il avec attention, j’ai gaspillé toutes les plantes que je vous ai achetées dans de vaines tentatives… J’aurais aimé avoir le savoir-faire nécessaire pour préparer quelques petites concoctions, mais bon que voulez-vous ! Heureusement que vous êtes là, de toute façon avec ou sans les connaissances j’aurais toujours besoin de vous !

– Vous savez, j’étais moi-même l’apprenti de feu mon oncle qui tenait lui-même cette boutique de son père. Et depuis sa disparition… Lysandre, pris d’une violente tristesse, se racla la gorge avant de poursuivre d’une voix plus claire. Pardon. Depuis sa disparition, le travail à abattre est colossal. Je ne dis pas que vous pourriez prendre le rôle d’apprenti, mais peut-être qu’à force d’observation, vos échecs se transformeraient en réussites ?

Lysandre se rendit compte de l’impertinence de sa proposition. Une dame habillée avec tant de richesse ne pouvait décemment pas être intéressée par un simple travail d’apprenti — que celui-ci soit officiel ou non. Ses joues, qui avaient fini par retrouver leur lactescence habituelle se parèrent de nouveau d’un joli rose.

– Pardonnez-moi si je vais trop loin, je n’ai pas réfléchi avant de parler. Il va sans dire que vous êtes bien trop… qualifiée si je puis dire pour vous abaisser à de la simple observation. Veuillez m’excuser pour mon laisser-aller.

Embarrassé comme peu de fois il l’avait été, Lysandre se leva précipitamment pour récupérer son infusion à la menthe. Celle-ci devait être prête dorénavant. 



Lorsqu'il revint, son regard était redevenu aussi jovial qu'il l'avait été en goutant les patisseries.
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Alienor E. Von ElrichBaronne
Alienor E. Von Elrich



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyVen 3 Juil 2020 - 22:22
Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant
Lysandre & Alienor

Apothicaire : Complice du médecin, bienfaiteur du croque-mort, fournisseur des vers de tombeau. , Le Dictionnaire du Diable - Ambrose Bierce.

" Eh bien je ne savais guère que l'on faisait des adages sur les apothicaires ! Allons allons, ne vous confondez pas en explications, je vous taquinais seulement car j'aime à vous entendre converser avec entrain ! Cela vous va bien mieux, quoique ce côté taciturne vous donne un air mystérieux des plus intriguant. "

Alienor appréciait le rire et la verve du jeune homme, l'écouta avec une attention toute particulière et agrémentait au fur et à mesure de la conversation les réponses du charmant apothicaire de ses propres bons mots , ou bien de petits rires et sourires qui se voulurent aussi enjôleurs qu'encourageants. Toute dans son élément, assise avec coquetterie et faisant de sa personne grâce à ce don particulier qui est tout naturel aux femmes précieuses le centre de toutes préoccupations et de tous soins. Suivant d'un regard serein quoique creusé malgré le fard, les pas et les gestes de son interlocuteur dont l'affairement tranchait avec l'immuabilité constante de la noble. Elle se demanda si le regard porté sur sa personne était plus un regard d'homme appréciant de contempler le beau sexe ou bien plus interloqué par la qualité du tissu. Le froid gagnant progressivement la cité, elle n'avait guère de toilettes appropriées qui fassent simple bourgeoise, aussi Alienor avait suffisamment observer Lysandre pour écarter la première supposition -même si cela froissait sa vanité de femme avide de plaire- et se pencher sur la seconde, la croyait-il ? est-il dupe ? ou bien avait-il quelque chose de complètement différent en tête ? Il était si imprévisible dans ses réflexions que cela n'étonnerait guère la Von Elrich.

" Oh je vous en prie, ce n'est que quelques friandises rien de plus ! " Elle sourit d'un sourire volontairement espiègle à la vue des joues pivoines de l'apothicaire, elle lui trouvait un charme tout à fait délicieux et voulut le tourmenter quelque peu, mais il s'éloigna bien trop vite pour qu'elle puisse exécuter la chose, ce n'était que partie remise !

" Les étoiles vous servent donc de confidentes ? Que leurs dites-vous ? Est-ce que vos amantes ne se sentent pas quelques peu jalouses de vous voir converser avec le firmament et fuir avant le petit matin ? "

Puis à son aimable proposition, elle répondit d'un air se voulant courtois comme l'exige les bonnes mœurs face à un hôte faisant preuve de bienvenue " Volontiers, mais je vous en prie ne vous donnez pas trop de mal ! " Il revint avec le thé, et tout à sa fonction de boutiquier il se chargea tout d'abord d'accéder à la requête de sa cliente, en lui tendant une petite fiole au liquide orangeâtre. La jeune noble avait toujours trouvé esthétiquement plaisant la mise en bouteille de toutes ces substances, aussi elle fit tourner entre ses doigts le flacon, faisant miroiter sous les rayons du soleil illuminant la boutique l'opacité du breuvage. Elle trouva la quantité trop faible et bien qu'elle écoutait avec attention discourir le jeune homme, et ne fut que flattée de part la petite attention qui conclut ses dires.

" Ravi que ces desserts vous plaisent ! " Le visage incliné, elle sourit d'un air empreint d'une mélancolique qu'elle ne sut maitriser.

" Je ne peux accepter cette transaction car je sais que je ne remplirais guère ma part du contrat. Parcimonie, n'entre malheureusement point dans le champ de mes qualifications je le crains et ce dans tous les domaines ! "

En particulier les dépenses dans la dentelle et la joaillerie, mais passons cela remonte à un temps ou la cité jouissait encore d'une vie somme toute normale.


" Je vous remercie de votre attention. Vous êtes bien aimable."


Un petit silence suspendu pendant quelques instants la conversation, troublait seulement par le bruit grandement étouffé de passants vaquant à leurs emplettes. Etonnamment le charmant brun s'hasarda dans le chemin des confidences.

Alienor savait grâce à quelques informations glanées ici et là sur le quartier, que cette boutique avait été tenue par un homme d'âge mur fort respecté dans sa discipline, elle put maintenant établir le lien qui unissait les deux personnages. L'émotion qui étrangla la gorge de Lysandre, lui fit l'effet d'une piqure de rappel quant à sa propre perte mais surtout anima son empathie, elle éprouva une peine sincère car notant de part le trouble occasionnait à la simple mention du décès de son parent, l'affection qu'il éprouvait pour ce dernier. Si l'actuel apothicaire avait hérité du magasin c'est que l'oncle avait du l'élever comme un fils, cela ne faisait aucun doute.

" Toutes mes condoléances, si je peux me permettre je suis sûr qu'il aurait éprouvé une grande fierté à vous voir tenir les rennes du commerce comme vous le faîte. Il vous a fort bien instruit."

Bien qu'elle se savait lamentable chimiste, le mot échec dans la bouche d'autrui avait l'effet d'une pique désagréable et lui fit mouche, ce qui ne manqua pas de se traduire par le froncement de ses sourcils et d'une moue arrondissant sa bouche gourmande. Lysandre quant à lui s'empourpra de nouveau – il était décidément à croquer-. C'était presque trop facile d'accéder à ce qui animait réellement sa venue du jour. Oh, Madame n'était guère de mauvaise foi, juste un tantinet entreprenante et appréciant que ses affaires soient menées rapidement et efficacement.

" Voyons-voir, comment pourrais-je vous pardonner ce laisser aller ? " Un air faussement sévère, elle laissa sa phrase en suspends tandis que le bruissement de l'eau infusée s'écoulant du goulot à la tasse anima le silencieux presque religieux du magasin, elle inclina coquettement son visage en guise de remerciement, avant de lancer d'un air enjoué contrastant foncièrement avec son expression de tantôt.



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Lysandre EzlemondApothicaire
Lysandre Ezlemond



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyDim 5 Juil 2020 - 18:51
Un air mystérieux et intriguant ? s’amusa Lysandre. Je crains que vous ne vous mépreniez sur la personne.

L’apothicaire appréciait la répartie dont sa cliente faisait preuve. Loin de l’arrogance des gens de la haute ou de la simplicité du bas peuple, elle alternait entre les deux extrêmes, comme si elle jouait de découvrir ses réactions. Des sourires impertinents aux regards intrigués, la jeune femme semblait plongée dans les caprices d’un esprit en ébullition. Lysandre se savait observé — potentiellement jugé —, mais cela ne l’atteignait pas. Au contraire, à sa plus grande surprise, sa jeune cliente lui renvoyait l’impression d’apprécier son impondérabilité. Et cela ne l'encouragea que davantage. Pour une fois, il pouvait être lui-même.

— Oh, je vous en prie. Ce n’est que quelques friandises, rien de plus !

Ces mots, lâchés avec spontanéité, titillèrent l’esprit de l’apothicaire. Quelques friandises, rien de plus, oui, mais dans certains quartiers, on tuait pour ces quelques friandises. Que son interlocutrice n’en ait pas conscience lui confirma indirectement le milieu dont elle était issue et qu’elle essayait tant bien que mal de cacher. Quoi que la mention d’une servante aurait dû lui mettre la puce à l’oreille plus tôt, mais l’esprit de Lysandre fourmillait de mille et une pensées à la fois. Certaines s’imprimaient seulement plus lentement que d’autres… Malgré cette confirmation, il resta fidèle à leur accord et ne fit aucune remarque. De toute manière, elle embrayait déjà sur les étoiles, sujet bien plus passionnant aux yeux du jeune homme qu’un statut social qu’on ne choisissait pas.

Ne leur parlez-vous donc jamais ? éluda-t-il. Elles sont pourtant les meilleures confidentes que je connaisse à ce jour.

Si les sourires en coin le faisaient rougir, parler de ses amantes le fit blanchir. Non qu’il s’en sente gêné, mais les affres de l’amour lui semblaient fort inintéressantes comparées à la passion ressentie lorsque son cerveau abondait d’idées nouvelles. Encore une fois, il décida d’esquiver la réponse et de rediriger la conversation vers sa cliente.

Serait-ce une pointe d’amertume que je sens se cacher derrière votre sourire ? la taquina-t-il. Un amant rêveur parti trop tôt peut-être ? Auquel cas, il va s’en dire qu’il aurait eu tort de vouloir s’échapper. Aucune étoile ne vaut celles dans vos yeux. Vous ai-je déjà dit à quel point ils étaient merveilleux. Oui… Oui, je crois en avoir fait mention un peu plus tôt.

Il échappa un rire d’où perçait l’autodérision. Que pouvait-il être distrait parfois. Pour autant, il n’avait pas tort, la couleur des iris de la jeune femme attirait toute son attention. Lysandre avait toujours apprécié les couleurs. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il aimait les étoiles. Inatteignables, mais brillantes comme des pépites d’or. Muettes, mais attentives comme l’oreille d’une mère.

L’eau était déjà chaude, rassurez-vous, balaya-t-il l’air de la main alors qu’un éclat mélancolique transparaissait sur le visage de la jeune femme. Puis-je dans ce cas vous demander ce qui vous tient éveillée si longtemps ? Peut-être qu’un filtre apaisant saurait mieux vous contenter ? Je m’en voudrais d’abimer un peu plus votre état fragilisé.

Un bref coup d'œil dans la rue lui indiqua qu'aucun client n'arrivait dans boutique. Tant mieux, la curiosité grapillait du terrain sur sa raison et il souhaitait ardemment que son interlocutrice ne voit dans sa question qu'un interêt amical et non un besoin de lui extorquer ses secrets. L'idée même qu'elle puisse imaginer un tel affront de sa part lui comprima l'estomac. Il se mordit la lèvre, pensif, avant de se convaincre qu'il ne pouvait ravaler ses paroles et qu'il valait mieux les assumer.

— Je vous remercie de votre attention. Vous êtes bien aimable. Et toutes mes condoléances, si je peux me permettre je suis sûr qu’il aurait éprouvé une grande fierté.

Lysandre hocha poliment la tête à la mention de son oncle. De la fierté ? Possiblement. Il ne savait pas quelle forme celle-ci prenait et ne put donc confirmer. Sans compter qu’il fut distrait par le froncement de sourcils qui suivit ses paroles. L’avait-il vexée par des propos trop directs ? Lesquelles, dans ce cas ? Avait-il été imprudent de façon inconsciente ? Il espérait que non car il se découvrait à apprécier leur échange.

Je vous écoute. Quelle sera ma punition pour vous avoir offensée ? sourit-il, amusé de ce jeu du chat et de la souris auquel ils commençaient à se prêter. Mais avant de me dévoiler vos pensées, comment dois-je vous appeler ?

Et il lui intéressa un clin d’œil innocent, impatient de découvrir quelles ruses elle allait employer ensuite.
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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyMer 8 Juil 2020 - 4:57
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Lysandre & Alienor

Apothicaire : Complice du médecin, bienfaiteur du croque-mort, fournisseur des vers de tombeau. , Le Dictionnaire du Diable - Ambrose Bierce.


" Je ne me méprends que rarement sur les personnes qui m'entourent."

Cette phrase était prononcée avec une assurance telle que le contraire en semblait insoluble. Il y'a dans l'attitude des jeunes gens décidés, un air de volonté résolue et un côté hardie voir audacieux qui caractérise toute la fougue dont ils font preuve mais aussi le manque ou l'absence de discernement qui leur cause à bien des égards quelques malencontreux incidents de parcours.

Le cou respirant une religieuse innocence, embaumant peu à peu l'espace d'un parfum entêtant de femme qui brille dans l'âme comme y brille la poésie orientale. Alienor observait tantôt la vapeur enroulée de la tasse, tantôt le bric à brac criad de la boutique et à chaque coup d'œil s'accompagnait un nouveau détail qu'elle n'eut le le loisir de déceler tantôt. Les lieux nous habitent autant que nous les habitons et il y'a dans leur entretien, leur mise une lettre ouverte dévoilant bien des traits de caractères de leurs résidents. Si Lysandre paraissait distrait presque volatile dans ses pensées et le flot de sa conversation pour bien des visiteurs, il était le reflet de l'univers hétérogène dans lequel il évoluait : une richesse d'esprit insoupçonnée sous couvert d'une devanture désordonnée. Et pour peu que l'on ne plissa pas les narines à la vue de la chose et que l'on daigna comprendre patiemment, on peut en sortir agréablement surpris.

" C'est bien drôle que vous mentionnez ceci à une personne qui est un réel oiseau de nuit. Je n'ai jamais songé converser avec les astres, elles me paraissent bien lointaines froides et rigides. Mais je dois concéder qu'elles sont d'une beauté saisissante."

Elle suivit sans s'offusquer, la tournure de phrase du plaisant apothicaire qui chercha à relancer le filet sur sa cliente, le visage blême dépourvu des jolies couleurs l'ayant animé. Il s'avança sur le jeu des piques & taquineries, Alienor par ailleurs se demanda avant de répondre s'il aurait osé pareille chose en ayant pleine connaissance de son statut. Elle n'était point dupe et accepter volontiers l'idée que Lysandre nourrissait potentiellement des soupçons justifiés à son égard, elle avait considérablement baisser sa garde et agissait ainsi que parlait plus librement qu'il y'a quelques semaines car réellement à son aise auprès de lui.

" Amertume ? Non point, je ne collectionne point les amants, je n'en ai eu guère car aucun ne me semble assez digne pour partager ma couche." Voilà une façon bien adroite de dire que l'on est vierge " Virgo Intacta, Je suis de ces amoureuses qui prône l'élégance des sentiments, j'appelle cela l'amour courtois. " Arborant un sourire coquet, comme toute femme appréciant les joutes verbales ou l'on ne se cache pas de faire rappel à sa beauté ou ses charmes, elle poursuivit " Vous pouvez dire qu'ils sont merveilleux jusqu'à mon départ, cela ne me dérangera le moins du monde. Au contraire, il me plait de savoir que vous préférez mes pupilles à vos amies noctambules."

Nerveuse à l'excès, mais délicate en apparence, la Von Elrich attirait l'attention par un trait remarquable dans sa figure, loin de porter atteinte au fini des formes, à la fraîcheur de l'enveloppe, son étrange vie lui avait malgré tout communiqué le je ne sais quoi de la femme: ce n'est plus le tissu lisse et serré des fruits verts, et ce n'est pas encore le ton chaud de la maturité, il y a de la fleur encore. Aussi la question était somme toute sujette au jugement explosive de la noble, et la roue pourrait tout aussi bien la désigner comme toute innocente, sympathique ou au contraire diamétralement vil et d'une vilaine curiosité. C'était cette inconsistance de caractère, qui faisait sa personne : ses splendeurs & ses misères.

" Une déplaisante amie de toujours : l'insomnie. Elle est en revanche une amante au désir carnassier et les draps sont des sueurs de solitude. " Quelque chose voila ses traits, les pupilles un instant hagardes, la bouche entre-ouverte. La baronne était propulsée momentanément dans ses pensées. Ce qui la maintenant debout toute la nuit ? La peur de s'endormir, de fermer les yeux. Il y'a quelque chose d'extraordinairement affolant et peu orthodoxe que de se savoir au bord de l'épuisement, les nerfs tiraillés par une irrationnelle irritabilité et persister à ne pas fermer les yeux, à ne pas céder. Car les douleurs, les angoisses suscitées par le sommeil sont plus pénibles que l'épuisement que son absence engendre. " Croyez moi j'échangerais volontiers un matelas de plumes contre un sommeil de plomb. Vous n'abimerez rien du tout, rien qui ne le soit déjà au point de non retour." Puis d'un air plus enjoué d’où pointer un faux air accusateur " Vous m'avez caché d'autres concoctions plus efficaces ? Sachez que dans ce cas vous êtes tout autant responsable de mon visage étiré que mes insomnies. Et moi qui vous pensez serviteur de la beauté ! "

La Dame suivit le regard clair du bel homme, il observa la rue. Souhait-il que leur échange se poursuit et qu'il ne soit interrompu par la venue incongrue d'un client ? Il est vrai que le ton en serait drastiquement endommagé.

" Ne vous mordez pas la lèvre ainsi, vous allez saigner." Commenta-t-elle le plus tranquillement du monde.

Mais bientôt le loisir de surprendre autrui n'était plus réservé à la noble, et le fait qu'il s'enquit de son identité la mit dans une situation de gêne inattendue. Répondre trop rapidement s'était se risquer à une réponse trop brusque voir dévoiler son vrai prénom, prendre son temps s'était susciter le doute.

" Appelez-moi Esther, je serais votre étoile, vu que vous semblez les apprécier tout particulièrement."
Les salons, les banquets étaient les lieux de prédilection ou les femmes de la haute jouent de leurs esprits, de leurs rhétoriques comme les hommes jouent des armes ou de politique. Une vie passée à effiler sa verve lui permettait ces malignes phrases d'une douceur féminine qui attendrisse et plaise. Ce n'était pas un mensonge en soi, la formulation laissait à de multiples interprétations mais il serait malotru d'insister du moins à ce stade de la conversation ?

" Prenez moi …" Elle marqua une pause afin de volontairement provoquer un double sens à sa phrase. " En temps qu'apprenti ? Vous dîtes que je suis trop "qualifiée" pour observer, eh bien mettez moi à l'ouvrage."


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Lysandre Ezlemond



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyMer 8 Juil 2020 - 17:16
L’assurance dont elle fit preuve prit Lysandre de court, lui qui était occupé quelques secondes auparavant à détailler les passants. Son regard papillonnant revint se poser sur sa jeune cliente qui exprimait un air de détermination teinté d’un courage intriguant. Malgré son attitude décidée, il en émanait toujours cette poésie propre à la gent féminine.

Lysandre termina sa tasse de thé. Le temps pour lui d’écouter la réponse de son interlocutrice. Un oiseau nocturne ? Voilà qui se révélait fort intéressant. Que pouvait-il bien la garder éveillée chaque jour et chaque nuit ? La complexité de leur échange se voulait étrangement simple. Les deux semblaient se prêter au jeu des questions-réponses comme jamais auparavant et l’apothicaire ne put se résoudre à garder sa langue dans sa bouche. Tant de détails qu’il avait remarqués au fil des visites trouvaient leur explication ce matin. Pour autant, il n’osait pas lui demander explicitement les raisons de ses insomnies. Pas encore du moins. Plongé dans les méandres de son esprit, il sursauta distraitement lorsqu’elle intima d’arrêter de se mordre la lèvre. Le faisait-il ?

—  C’est une vieille manie, mais vous avez raison, une coupure involontaire serait fort désagréable.

Un sourire poli suivit sa confidence. Les deux se ressemblaient bien plus qu’il ne l’avait soupçonné lors de leur premier échange commercial. Se pourrait-il que leurs passés, bien que différents, les eussent rendus semblables ?

—  Et vous avez bien raison, renâcla-t-il. Les hommes sont parfois des rustres qui ne méritent que peu d’attention.

… Et les femmes ne valent parfois pas mieux, pensa-t-il dans un soupir. Lysandre ne s’était jamais intéressé à autre chose qu’à ses leçons d’apprentissage. Il avait bien évidemment connaissance des règles et autres duperies sociétales auxquels se jouaient les habitants de la ville, mais ce qu’il se passait en dehors de ces quatre murs n’avait que peu d’intérêt à ses yeux. Il peinait déjà à maintenir à flot la réputation de la boutique, ce n’était pas pour aller grappiller des infos sur les us et coutumes actuels. De toute manière, il fut fort probable que rien n’ait changé depuis que le nouveau roi fusse arrivé au pouvoir. Non, l’apothicaire se contentait des Dieux et des étoiles.

— Virgo Intacta, je suis de ces amoureuses qui prônent l’élégance des sentiments, j’appelle cela l’amour courtois.

—  Pour aimer, il faut avoir du courage et vous ne semblez pas en manquer.

Ainsi, il avait l’autorisation de qualifier ses yeux de merveilleux ? Le plaisir de cette nouvelle releva le coin de ses lèvres. Celle inférieure était plus rose dû au mordillage qu’il avait cessé un peu plus tôt. Ses amies noctambules… Quel joli nom ! Lysandre, sans même s’en rendre compte, acquiesça.

—  Oh, rit-il, je suis certain que si vous essayiez une nuit de converser avec… comment les avez-vous appelées déjà ? la taquina-t-il. Ah oui, avec ces lointaines, froides et rigides beautés, vous y prendriez gout. De vous à moi, je suis d’avis qu’elles sont reliées à ceux qui nous sont chers ainsi qu’aux Trois Grands. Anür, à n’en pas douter.

Après tout, elle était celle qui s’occupait du passage des âmes vers les Cieux. Une fois encore, il se laissa distraire, mais retrouva très vite le fil de la conversation.

— … Vous m’avez caché d’autres concoctions plus efficaces ? Sachez que dans ce cas vous êtes tout autant responsable de mon visage étiré que mes insomnies.


Ainsi donc, les cauchemars étaient donc la raison derrière ce visage recru de fatigue.

—  J’espère que vous me pardonnerez une nouvelle fois ma franchise, mais les insomnies et les cauchemars ne sont pas les mêmes symptômes, lui expliqua-t-il avec bienveillance. [color=#1D9D00] Les deux ne se soignent pas — si tant est que nous pouvons les soigner —, de la même façon. Vous êtes venue me trouver avec l’envie de dormir, je vous ai préparé un somnifère. Toutefois, les cauchemars sont la source d’un mal-être plus profond. Rassurez-vous, enchaina-t-il avant qu’elle n’ait même eu le temps de penser à s’inquiéter, il existe un remède qui peut vous aider.

Lysandre, après le décès de Palmidor et l’arrivée des premiers cauchemars, avait travaillé d’arrache-pied à la concoction d’un puissante filtre qui permettait de dormir sans aucun rêve. La drogue vous engourdissait tant qu’il était alors impossible d’imaginer quoi que ce soit. Il avait travaillé le dosage au fil des semaines — la première fois, il avait dormi plus de vingt-quatre heures d’affilés et s’était réveillé en panique, pensant qu’un dosage à peine plus fort aurait pu le tuer —, mais avait fini par trouver l’équilibre.

—  Dû à la rareté des composés, le prix est élevé, mais…

Il se leva et alla récupérer une minuscule boite cachée dans un coin discret.

— … ceci vous garantira dix heures de sommeil sans rêves. Encore vous faudra-t-il trouver le sommeil par vous-même car il ne s’agit point d’un somnifère. De plus, je dois vous informer que je n’en suis qu’à la phase de test et que je ne connais pas encore très bien les effets secondaires. Il se pourrait que le mélange avec un somnifère ait des effets désastreux… Esther. C’est un joli nom, il vous va à ravir.

Il se rassit et laissa la boite reposer entre eux. Il pouvait imaginer quel cruel choix il offrait. Une certitude de sommeil mais potentiellement couplée à de vilains cauchemars ou un engourdissement de ses peurs sans réussir à se fondre dans une douce léthargie reposante.

Prenez-moi…

Lysandre fronça les sourcils en penchant la tête sur le côté, surpris des paroles d’Esther.

… en temps qu’apprentie ? Vous dîtes que je suis trop "qualifiée" pour observer, eh bien mettez moi à l’ouvrage.

La joie à l’idée de transmettre ses connaissances lui fit oublier l’ambiguïté préalable dont il s’était mépris. Souriant franchement, il se pencha légèrement en avant.

Si vous êtes certaine de vous alors considérez-vous comme mon apprentie, s’enthousiasma le jeune homme. Nous reverrons les bases ensemble afin de nous assurer une compréhension des notions les plus simples. Il nous faudra nous revoir souvent car la régularité est mère de réussite, mais je pense qu’à terme, vous pourrez vous débrouiller seule pour préparer ces somnifères dont vous me parliez un peu plus tôt.

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Alienor E. Von ElrichBaronne
Alienor E. Von Elrich



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyLun 13 Juil 2020 - 4:25
Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant
Lysandre & Alienor

Apothicaire : Complice du médecin, bienfaiteur du croque-mort, fournisseur des vers de tombeau. , Le Dictionnaire du Diable - Ambrose Bierce.


Alienor écouta avec la plus grande attention les explications de l'apothicaire concernant son mal, à vrai dire le diagnostic initial pouvait être un quiproquo et une mauvaise interprétation des signes comme le soulevait méticuleusement Lysandre, toutefois elle ne put s'empêcher de fouiller dans sa mémoire à la recherche de l'instant ou de la ligne de dialogue ou elle avait mentionner le terme cauchemar, elle avait toujours présenté la chose vaguement : difficulté à s'endormir, réveil nocturne, sommeil agité. Est-ce son visage qui trahissait ses nuits ?

" Je suis surprise que vous ayez si facilement deviné la source même du problème sans que je ne sois entré dans les détails, il est vrai que je souffre de cauchemars mais souvent les nuits qui suivent mon corps semble indiscipliné et se refuse de dormir. Je me retrouve à me retourner dans ma couche et si par quelque saugrenu miracle je parvins à clore mes yeux ce n'est que pour sombrer dans une torpeur légère guère reposante."

Le fait est qu'aussi, bien qu'elle ne l'a pas mentionné, les épisodes répétées la plonge dans une profonde angoisse inavouable, celle de ressasser une nuit blanche ou de nouveaux cauchemars, si bien que le stress nourrit par l'approche du couchant n'ajoute à son état d'ores et déjà soumis à une pression considérable. Cette peur l'entraîne dans un cycle d'autant plus infernal, une peur qui est aussi chichement consolidée par une dégradation notoire de sa qualité de vie, des troubles de la mémoire que peu à peu sa suivante et certains membres de sa famille et de son cercle d'amis remarquent et commentent ce qui ne manque pas d'accroitre son irritabilité, un bien malheureux cocktail me diriez-vous.

La Von Elrich suivit la silhouette du jeune homme, avec cette aisance qu'on lui connait seulement lorsqu'il est tout absorbé par son travail, il se saisit d'une curieuse boite qu'il lui tendit gracieusement sans cesser ses explications. Au premier abord elle paraissait assez petite pour contenir grand-chose, si tel objet s'était retrouvé dans les appartements de la jeune baronne il aurait probablement garder une bague ou tout au plus une pair de boucle d'oreilles.

" Je le prends." Sa réponse sonna sec et froide, et donnait potentiellement un aperçu du désespoir dans lequel elle était plongée. Elle n'était certainement pas effrayée ou hésitante à l'entente de termes tels que : effets secondaires, désastreux, mélange etc " Vous avez déjà été sujet à des cauchemars, Lysandre ? " Ses yeux se déposèrent momentanément sur la lèvre inférieur humide et rose de son interlocuteur, suffisamment longtemps pour que cela soit volontairement remarqué par lui.

Elle s'apprêtait à ouvrir la boite quand la réponse enthousiasmée du jeune homme l'arrêta dans son élan, tout sourire, empreinte d'un air ravi qu'on lui connaisse que très peu dernièrement. Elle laissa sa main sur le couvercle en bois et releva un ravissant visage illuminé d'un large sourire. Et sans attendre davantage quitta le fauteil pour s'avancer et se saisir des mains du bel apothicaire, les pressant dans les siennes dans un élan de tendre spontanéité. Décidément c'était vraiment plus facile que ce qu'elle avait imaginé.

" Comme il vous plaira, vous êtes le détenteur du savoir ici ! Voulez-vous que je vous appeler précepteur ou Monsieur ? Ce serait bien drôle ma foi ! Et plus sérieux."

Les yeux brillants de malice et de vivacité, elle poursuivit en dégageant avec une certaine douceur lente et mesurée les mains de Lysandre, avant de se diriger en direction de la porte entrebaillée derrière le comptoir qui avait toujours su attirer les regards de la Dame

" Commençons maintenant voulez-vous ?! Je gage que pour l'heure vous n'avez pas de pressantes occupations sinon vous n'aurez pas pris tout votre temps pour partager un thé et une discussion somme toute charmante avec moi ! Si un client vient mmh .. Je me cacherais ne vous inquiétez pas, il suffit après tout de croiser la porte ! Et je promets de ne pas brûler votre table de travail ou gaspiller davantage de plantes. Pendant que vous êtes en charge de la boutique "

La paume appuyée contre l'encadrement en bois, Alienor tourna son visage pour regarder par-dessus son épaule le jeune homme et y lire son expression.


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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyMer 15 Juil 2020 - 20:28
Lysandre aperçut l’air renfrogné d’Esther au fur et à mesure qu’il parlait. Qu’avait-il pu encore laisser échapper ? La réponse apparut bien vite lorsque la jeune femme retrouva contenance. Son dos se redressa légèrement et les traits de son visage gommèrent l’agitation qui semblait l’avoir traversé durant un millième de seconde. Ainsi donc, il n’avait finalement pas parlé trop vite. Simplement avec une diplomatie douteuse. Son regard se fit contrit tandis que la prémisse d’un sourire doux naquit sur son visage.

Oh, rassurez-vous, Esther, cette facilité que vous me confessez vient uniquement du fait que je suis moi-même sujet au même vice. Je sais reconnaitre le manque de sommeil couplé à la peur de le trouver. Loin de moi l’idée de vous extorquer vos secrets, je sais à quel point ils peuvent nous déchirer. Sachez cependant une chose, vous n’êtes pas seule.

Enfin, elle l’était quand elle gagnait le monde onirique, évidemment, mais l’apothicaire se dit qu’il n’avait pas vraiment besoin de préciser une évidence pareille. Aussi, il inclina le menton avec bienveillance lorsqu’elle tenta de récupérer la boite entre eux, l’invitant silencieusement à ne pas se réfréner en sa présence. Si elle devait apprendre les différentes herbes ou la préparation d’onguents, il allait falloir qu’elle laisse derrière elle quelques artifices plus nobles.

Lysandre n’avait encore jamais enseigné à quiconque son savoir. Mais Palmidor était toujours présent, dans son esprit et dans son cœur, pour lui assurer de réussir au moins à transmettre quelques connaissances.

Bien sûr, il est à vous, ne se formalisa-t-il pas du désespoir sous-jacent. Quant à mes cauchemars, j’ai bien peur qu’ils ne soient très originaux. Ou même variés. Je revois simplement la dernière attaque de la Fange, si ce n’est avec encore plus de sauvagerie. Mais nous aurons tout le temps d’y revenir plus tard, je reste persuadé que votre curiosité fait écho à la mienne, avoua-t-il, mutin. Pour le moment, il faudrait mieux vous trouver quelque chose pour couvrir votre robe. Il serait bête de tacher celle-ci.

Les yeux brillants d’Esther le poussèrent une nouvelle fois à sourire de ce rictus un peu détonnant, à mi-chemin entre l’espièglerie et le sérieux. Quant à son entrain, elle lui prouvait qu’il avait fait le bon choix en exprimant le souhait d’aider la jeune femme. Il se dégagea doucement de sa poigne quand elle ne sut retenir sa joie — sachant ses mains bien moins douces que les siennes — puis se leva pour la rejoindre près de l’antre qui lui servait d’atelier.

Monsieur ou monsieur Ezlemond sera amplement suffisant lors de nos leçons, décida-t-il après une courte réflexion. En ce qui concerne le reste, Lysandre conviendra. Après tout, je suppose que nous avons à peu près le même âge et je ne suis pas assez connaisseur pour me considérer comme un véritable précepteur.

Un rire franc, brut, amusé, s’échappa de sa gorge lorsqu’elle exprima le désir de s’attaquer dès l’instant à son apprentissage. Lysandre pénétra donc en premier dans l’atelier pour en décrocher un tablier. La pièce ne valait pas mieux que la boutique. Il s'en dégageait une atmosphère encore plus épaisse que dans la boutique en raison des vapeurs odorantes. Menthe, citronnelle, champignon, le mélange explosait dès lors qu'on passait la porte. Sans être désagréable au nez, il fallait avouer qu'il fallait s'y habituer.

Première leçon ; j’espère que vous ne craignez pas la chaleur car avec toutes les concoctions en train de bouillir, il règne dans cette pièce une température des plus élevées à chaque heure de la journée, plaisanta-t-il. Quant aux éventuels clients, soyez sans crainte, la majeure partie d’entre eux ne viendra qu’à la tombée de la nuit. Et si nous apercevons un nez ou deux pointer d’ici les prochaines heures, nous aviserons à ce moment là. Mon placard ne vous siérait guère.

Lysandre laissa Esther s’accommoder de sa tenue en retournant près des mictions sur l’établi. Celles-ci mériteraient encore plusieurs heures avant de pouvoir être filtrées. Ainsi, pour sa première préparation, l’apothicaire décida de commencer avec quelque chose de simple, comme Palmidor l’avait fait avant lui.

Quelles sont vos connaissances en herbologie ? J’allais commencer l’inventaire cet après-midi, mais j’imagine qu’apprendre à différencier de l’acorus calamus d’une simple tige de thym pourrait s’avérer un bon point de départ dans votre apprentissage, pensa-t-il à moitié pour lui-même et pour sa nouvelle apprentie.
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Alienor E. Von ElrichBaronne
Alienor E. Von Elrich



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyVen 17 Juil 2020 - 16:48
Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant
Lysandre & Alienor

Apothicaire : Complice du médecin, bienfaiteur du croque-mort, fournisseur des vers de tombeau. , Le Dictionnaire du Diable - Ambrose Bierce.


" Je ne suis point seule me dites-vous ? Peut-être le serais-je réellement si vous daignez me tenir compagnie la nuit, je me surprends à apprécier de plus en plus votre conversation, vous savez ? "

Les réponses légères et volontairement enjôleuses étaient la signature verbale d'Alienor lorsqu'elle voulait contourner une tournure de conversation se voulant trop sérieuse ou trop personnelle à son égard. Les cauchemars n'était pas à ses yeux une option viable de discussion et surtout pas au lendemain d'une nuit blanche causée par ces derniers, elle en avait trop parlé par le passé, trop chercher à les interpréter en vain. Qui plus ai il découlait toujours de ce sujet, une impression nauséabonde et abrupte de se faire arracher du plus profond de ses entrailles une partie d'elle-même ; qu'elle a malheureusement à un jeune âge trop exposée à sa famille, aux vicaires notamment et qu'elle souhaite ardemment se réapproprier. Les arcanes de la rêverie forment la nudité de l'être au même titre qu'une chair dépourvue de vêtements l'est pour le corps.

" Je n'ai jamais vu un Fangeux."

La phrase sonnait creuse, presque distante. Vouant une curiosité et un vilain intérêt pour ces créatures encore sous le voile opaque de la fable dans son imaginaire. La baronne ne se cachait jamais de cette déclaration, elle en récoltait toujours un nouveau détail, une nouvelle impression, une nouvelle description qu'elle enregistrait soigneusement et transposait aux bêtes vengeresses peuplant ses sommeils agités. Depuis le retour de ses frères blessés du domaine au début de l'exode des nobles, visages crasseux, armures mutilé et poisseuse dégageait une odeur nauséabonde. Elle n'avait de cesse de sentir un poids malingre sur le cœur, rien n'était plus effrayant que de voir ses cauchemars prendre vie après tout ? Les Fangeux étaient-ils les créatures de ses rêveries ou les transformait-elle en Fangeux à force de mystification désespérée ? L'apothicaire toujours d'humeur égale et agréable ne prit pas la pente exigüe des confessions tant qu'a ladite attaque, mais laissait planait d'un air mutin l'éventuel échange de bons procédés et de confessions qui pourrait avoir lieu si la dame s'ouvrait à lui. Elle n'insista pas pour le moment, du reste elle ne put s'empêcher de songer si c'était à cette dite attaque que le jeune homme avait perdu son oncle ou si ce dernier avait trépassé de mort naturelle.

Tiré de ses postulats par la voix calme et mesurée du concerné, elle répondit un sourire dans les yeux.
" Tout dépends de ce que vous voulez dire par " original " ? Des rêves trop originaux nous précipiteraient vers la folie … ou vers le bûcher ? Tout dépend si on décrète d'y prêter raison, d'en parler ou d'en faire quelque chose. " Ses mains glissèrent dans un mouvement sensuel sur le tissu enchevêtré étroitement sur son corps afin d'en lisser les pans, avant de poursuivre " Vous avez raison il serait idiot de tâcher ma toilette, par les temps qui courent nous n'avons malheureusement plus le loisir de se faire coudre de nouvelles pièces."

Balayant la pièce du regard, tâchant d'en deviner les contours. Elle remarqua une blouse délaissé, qu'elle saisit afin de s'en vêtir, la carrure naturellement fine et longiligne de Lysandre fit que le vêtement ne la noyait pas grossièrement, méthodiquement elle serra les lanières. " Eh bien Monsieur Ezlemond, vous êtes bien modeste quant à vos connaissances, mais c'est à cela qu'on reconnait un grand homme. Comment me trouvez-vous ? " Elle recueillit son rire et se surprit à l'apprécier plus que de raison, ne pouvant renflouer un large sourire.

L'Atelier qui occupait ce qu'on pourrait communément qualifier d'arrière boutique était tout aussi intriguant si ce n'est plus que la pièce principale. D'odorantes effluves florales embaumaient l'air et alourdissaient l'atmosphère. La jeune noble peignait depuis des années et occupait un étroit attique dans la demeure familiale pour exercer son passe-temps et bien qu'elle fût habituée aux odeurs de résine ce n'était rien en comparaison des émanations entêtantes provenant de la multitude de chaudrons et autres cuves en métal desquelles bouillonnaient les mixtures destinées à la vente.

" Je supporte très mal les changements de température mais je tâcherais de faire preuve de contenance."
Alienor suivit d'un pas léger Lysandre en le voyant se diriger vers ses préparations et se pencha par-dessus son dos, comme il se penchait par-dessus les auges. Quelques unes de ses boucles floconneuses glissèrent pour chatouiller la nuque nue de son interlocuteur.

" J'ai des connaissances certes précaires mais j'ai mémorisé bon nombre d'œuvres cataloguant les plantes de la région. " Elle se redressa pour ne pas le troubler davantage avant de poursuivre en se promenant autour de l'espace " Si vous voulez commencer par une leçon plus théorique que pratique, c'est votre choix Monsieur Ezlemond quelle a été votre première leçon en temps qu'apprenti dîtes moi ? Oh aussi ! Pourquoi vos clients apparaissent-ils plus fréquemment en fin de journée ? Vous avez quelques obscures transactions ? "


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Lysandre EzlemondApothicaire
Lysandre Ezlemond



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyLun 20 Juil 2020 - 16:30
Lysandre s’étouffa avec… l’air. Lui tenir compagnie la nuit ? Vraiment ? Elle fut bien la première à en émettre l’idée avec tant de… d’ambiguïté. L’apothicaire ébahi se ressaisit assez vite, bien que l’ombre de sa surprise émanait encore de ses iris agrandis lorsqu’il répondit :

— Oh. Je n’en avais nulle idée, non. Je pensais que votre intérêt était purement professionnel, mais vous me voyez ravi de savoir être à la hauteur de votre attention. Votre éducation et vos connaissances du monde doivent être bien plus poussés que mes pauvres notions en mélange et que vous n’ayez pas encore fui dans l’autre sens me remplit de joie.

Une joie innocente, certes, mais qu’y pouvait-il si le déni avait toujours été son arme favorite. Un concept qui lui permettrait de rester maitre de la situation ou au moins de gagner quelques précieuses secondes. Sans compter qu’il sentait chez Esther ce même besoin mystérieux de détourner les conversations dangereuses, à la différence qu’elle l’extériorisait par ses charmes naturels.

Il remarqua le nez froncé de son apprentie et ne put s’empêcher de relever le coin de ses lèvres sans émettre de commentaire. Elle finirait par s’y habituer, il n’en doutait même pas une seconde. Sous le voile de séducation, elle dégagea plus de force qu’elle-même en était consciente.

— Vous… Jamais ? Mais… Par les Dieux, bégaya le jeune maitre. Je prie sincèrement Anür pour que votre chemin n’en croise jamais dans ce cas.

Afin de disperser l’horreur des souvenirs à la vue de ces ignobles monstres assoiffés de sang, l’apothicaire gagna son établi. Il entreprit d’écouter Esther en restant de dos, le temps pour lui de gommer la panique dans ses iris. Elle semblait avoir le don de le faire passer pour toutes les émotions en quelques tournures de phrases et il se demanda si la réciproque se valait.

— Le bûcher ? répondit-il lorsqu’il fut derechef maitre de ses émotions. J’aurais été brûlé des centaines de fois, si ce n’est des milliers, si les rêves originaux nous y emmenaient. Pardonnez encore une fois ma franchise, mais les rêves sont pour moi, l’un des meilleurs moyens de communication que les Dieux ont trouvé pour s’adresser à nous. Cependant, je veux bien admettre qu’ils peuvent parfois n’être rien de plus qu’un simple songe.

Il se retourna au moment où la jeune femme verrouilla la ceinture de sa blouse. L’effet était fort comique, mêlant vêtements riches et épais au tissu fin et décousu de son nouvel habit de travail. Néanmoins, Lysandre ne pouvait nier qu’elle lui seyait parfaitement.

— Magnifique. Mais je suis au regret de vous informer que n’importe quelle toilette vous irait toujours magnifiquement bien.

Son sourire mutin s’agrandit alors qu’elle se mit à déambuler, observant, analysant, détaillant son environnement. Il appréciait la spontanéité dont elle faisait preuve et avait hâte de voir ce qu’elle valait.

Il retournait à ses préparations lorsqu’il sentit la caresse lègère d’une mèche de cheveux dans son cou.

— J'ai des connaissances certes précaires mais j'ai mémorisé bon nombre d'œuvres cataloguant les plantes de la région.

— Oh, ces vieux bouquins ? Parfait. Je présume que vous n’aurez donc aucun mal à déchiffrer mon écriture que certains qualifient… d’illisible.

Il avait tenté de l’adapter doucement à son apprentissage, mais elle semblait si impatiente qu’elle en venait à proposer d’elle-même de mettre les mains dans le cambouis.

— J’aime votre enthousiasme. Dans ce cas, que pensez-vous de ça ? Je m’occupe de mon inventaire et je vous laisse… disons, une heure pour me surprendre avec une concoction de votre cru. À la fin de ce temps, nous reverrons ensemble les erreurs que vous aurez pu commettre afin de les corriger.  

Il arqua un sourcil, attendant confirmation de sa part. S’il se fiait à son sourire plein d’entrain, il ne doutait pas qu’elle accepte de se lancer aussitôt dans une préparation. Après tout, il ne demandait rien de compliqué et une simple infusion aurait fait l’affaire. Il voulait simplement connaitre sa trempe.

— Ma première leçon ? rit-il de bon cœur. Nettoyer de fond en comble toute la boutique. Et croyez-moi, ce n’était pas aussi « bien rangé » qu’aujourd’hui. Quant à mes clients, rien d’exceptionnel, la plupart viennent me voir pour des onguents du fait d’un mal de dos. Travaillant toute la journée, le soir reste le seul moment où ils peuvent faire le chemin jusqu’ici. Cependant, il est vrai que quelques clients ont parfois des demandes très amusantes.
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Alienor E. Von ElrichBaronne
Alienor E. Von Elrich



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyJeu 23 Juil 2020 - 1:46
Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant
Lysandre & Alienor

Apothicaire : Complice du médecin, bienfaiteur du croque-mort, fournisseur des vers de tombeau. , Le Dictionnaire du Diable - Ambrose Bierce.

" Croyez-moi vous êtes une bouffée d'air frais, les gens sont d'un ennui maladif. Et l'air du temps ajoute à l'étouffement social. J'aurais aimé accaparer votre temps et votre conversation plus tôt ! "

Toujours un sourire tranquille animant sa bouche gourmande, la jeune femme poursuivit

" Mais un adage dit : Tout se passe exactement au bon moment, ni trop tôt ni trop tard ! "

Elle aurait pu s'étaler sur la facétie terne de la cour, mais elle jugea qu'elle avait d'ores et déjà assez semé de multiples graines qui soulevaient non plus des questions mais un doute évident sur son identité de " petite bourgeoise ". C'était parfois de volontaires oublis d'autre fois non, lorsqu'elle laissait sa spontanéité et sa sympathie empreindre ses comportements sociaux, elle oubliait bien souvent la parcimonie. Sa jeune vie d'instigatrice à la cour commençant tout juste et son empathie parfois qualifiée d'usure de compassion, sont d'autant de raisons qui font de ce jeune cœur vif et bon vivant une âme non maculée par les affres de la vie encore empreint de candeur & de pureté.

Il ne fit aucun commentaire sur la Fange, souhaita poliment voir sincèrement que sa petite apprentie n'est jamais à croiser pareille abomination. Au grand dam de cette dernière qui lui répondit toutefois d'un ton solennel " Je vous remercie de vos bons mots, j'espère que vous n'aurez guère à souffrir d'une quelconque seconde attaque. Je le pense vraiment, il me peinerait grandement de savoir qu'il vous ait arrivé un quelconque malheur. Fut-il de cet ordre-ci ou un bien autre " Décidément sa curiosité sera difficilement satisfaite.

La suite du discours de Lysandre toutefois fit raisonner en elle l'écho de souvenirs à la fois appartenant à un passé lointain mais aussi à des scènes antérieurs on ne peut plus récente. Fervente pratiquante, généreuse mécène au Temple du temps ou les coffres des Von Elrich était encore renfloué d'écus. Alienor a toujours essayé d'approcher et de comprendre ses songes par la foi, s'étant même liée d'affinité par la déesse caractérisant cet aspect de la vie des hommes. Elle a rencontré il y'a quelques mois, une apprentie au Temple qui lui avait fait part de mots sensiblement proches de ceux de son interlocuteur, quoique joliment formulé comme l'exige le verbe propre aux ecclésiastiques " Il est dit que les Dieux nous parlent continuellement, et qu'il nous faut simplement reconnaître leurs signes. Si vos rêves sont leur vaisseau … " Se surprenant à dire tout haut ce qu'elle pensait tout bas, elle se rattrapa savamment " Qui sont les hommes pour les juger ?! " Puis d'un rire coquet elle continua de converser " Vous avez le don de piquer ma curiosité, les femmes sont des créatures qui se repaissent de causerie ! Voyons … Mmh dîtes moi au choix ! Votre rêve le plus effrayant ? ou bien le plus voluptueux ?! " Puis mimant un air de confidence, elle conclut à demi mots " Je vous promets de n'en souffler mot, surtout s'ils sont suffisamment originaux pour vous faire risquer l'inquisition."

Heureuse de pouvoir distinguer de nouveau les expressions du joli minois de l'apothicaire ce qui en soi faisait son petit bonheur égoïste du jour. La Dame se plut à l'imaginer en pourpoint de velours, la chevelure coiffée mais toujours quelque peu endiablée afin de garder de son identité visuelle, et sursauta presque à son compliment qui la fit sortir de ses pensées. Elle exécuta une badine révérence et sourit espiègle " Monsieur est trop bon, vous me flattez ! "

Prenant place sur un tabouret ma foi fort inconfortable en comparaison des banquettes richement garnies qui meublent les lieux qu'elle fréquente, à bonne hauteur de l'espace de travail. Alienor porta un regard tout captivé à la quantité d'éprouvettes, d'instruments de mesure étalés dans un joyeux désordre sur la surface rugueuse en bois. Tout en écoutant, naturellement les mots de son instituteur qui s'avérait fort flexible en matière d'enseignement. Ravie qu'il prenne son parti elle lui décrocha un sourire éclatant rehaussé par des joues peu à peu rosies en raison de la chaleur qui pesait sur la pièce.

" Je tâcherais de vous surprendre ! Que ce soit dans le bon ou le mauvais sens de la chose."

Sans donner plus d'indications, elle entama des allées et venues énergiques entre les étagères et la table, comme rythmée par quelques musiques endiablées inaudibles pour les mortels céans, elle paraissait telle une naïade échappée d'un œuf de fée. Virevoltante & in saisissante, quoique inquiétante. Les nuits blanches acculées l'ont poussée dans ce stade de fatigue proche de l'euphorie, ou l'on dégage un trop plein d'énergie pour palier à un trop plein de surmenage.

" Que c'est drôle ! Votre oncle semblait être un homme bien amusant! Toutefois Je suis bien ravie que vous m'ayez épargné cette " première leçon ! "

Elle tâcha de s'échauffer par un mélange d'une simplicité enfantine, une infusion à base d'hysope. " Elle a une force de siccité et de chaleur de troisième degré…" Pensa-t-elle en écrasant le tout au fond d'une cuve propre. En faisant bouillir un ensemble de cette plante, du miel et des figues sèches, on obtient une boisson d'une utilité incontestée dans les catarrhes les plus violents et dans toutes les affections du poumon ; elle débarrasse les intestins des ascarides lombricoïdes. Prise souvent en breuvage elle est également efficace contre les humeurs qui descendent de la tête dans la poitrine et qui produisent souvent la toux ou la phtisie. Toutefois elle est déconseillée aux personnes nerveuses.

La Von Elrich voulait principalement apprendre la science dont est porteur Lysandre pour une raison tout autre que celle de pouvoir se créer soi-même quantité de drogues et somnifères – comme on pourrait injustement le concevoir en connaissance des troubles de Madame-. Aspirant à monter un petit commerce au sein d'une noblesse superstitieuse, avide d'une beauté juvénile et désireuse d'accroitre ses capacités sexuelles car formant une caste terriblement lubrique. Ses heures passées dans les salons lui ont fait réaliser tout le bénéfice qu'il y avait à se faire chez ses contemporains. Il lui fallait un Pseudonyme exotique et s'atteler à cacher au mieux son identité – pas comme avec Lysandre, mais on mettra ses égarements sur le coup du regard charmeur de l'apothicaire ! –

" Des demandes amusantes ? Régalez-moi ! Votre métier est auréolé de mystère il y'a tant d'histoires qui courent ! On m'a parlé un jour d'un philtre d'amour dont la préparation est vraiment cocasse et bien trop gênante pour que je vous en parle de vive voix." Elle laissa mijoter le " test "pour enfin s'atteler à sa vrai concoction. " J'ai l'impression que vous passez beaucoup de temps dans votre boutique, il y'a tant à faire aussi ! Avez-vous des loisirs ou aimez-vous fréquenter des lieux particuliers ? "

Lancé de dés : Echec : 16

Tout à ses questions, la baronne qui finissait de réduire les feuilles de mandragore en poudre, incorporait du lait de pavot après avoir transféré le premier ingrédient du mortier. Prenant garde de n'utiliser que des petites quantités pour ne pas gaspiller le stock de son instituteur, c'était peut-être ses quantités coupés de moitié par des calculs mentaux parfois approximatifs qui causèrent la catastrophe à venir. De ses lectures, il fallait épaissir le liquide sur le feu en lui ajoutant progressivement de l'hellébore jusqu'à ce que la couleur perdre de son opacité. Si la chose annonçait une réussite de prime à bord, car le mélange semblait stable. Il ne tarda pas à anormalement chauffer, ce qui inquiéta grandement la jeune femme. Précipitamment afin d'éviter un carnage elle souleva la fonte et versa son contenu dans une étuve en céramique la seule vide et à proximité. Dans un mauvais reflexe de femme peu habitué à "concocter/cuisiner" quoique ce soit, elle pressa ses mains aussitôt contre le pot pour le déplacer, ce qui lui arracha un petit bruit étouffé de surprise, ses doigts étaient rouges et un semblant de cloques se formaient sur le bout de ses doigts. Toutefois cette brûlure la sauva d'un plus grand malheur, car le récipient ne tarda pas à exploser dans un bruit retentissant.

" AH ! "

Alienor cria en reculant, les yeux écarquillés. " Excusez moi ! " Agitée elle enleva précipitamment la blouse pour tapoter la surface de la table et absorber un maximum du fluide, trop confuse et frustrée ses gestes en furent plus imprécis et saccadés finissant même par se blesser sur les tessons. " Je rêve …" Marmonna-t-elle en déposant un doigt entaillé à sa bouche, comme elle le faisait lorsqu'elle se piquait en brodant.


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Lysandre EzlemondApothicaire
Lysandre Ezlemond



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MessageSujet: Re: Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !    Sous couvert d'anonymat, l'apprentissage n'en est que plus amusant !  EmptyVen 24 Juil 2020 - 17:47
Je ne saurais qu’agréer. Saviez-vous qu’il existe cinq types d’ennui ? Un ami de mon oncle, un guérisseur avec qui il travaillait, nous en a parlé un jour. Ce fut une conversation forte intéressante, à l’instar de celle-ci. Je suis heureux que vous ayez choisi d’accaparer mon temps.

Lysandre réprima un nouveau frisson. La Fange. Il ne voulait plus jamais y repensé. Ni à cet evenement, ni à ces immondices, ni à rien. Il savait que son souhait lui serait refusé, mais il était réellement effrayé à l’idée de le recroiser de nouveau. Afin d’éloigner le sujet, il sourit poliment à Esther. Peut-être un jour serait-il assez brave pour oser en parler sans trembler des genoux. Pour l’heure, il se contentait de ce que son âme estropiée voulait bien lui offrir.

Plongé dans ses pensées, le jeune apothicaire ne comprit pas les marmonnements de sa pétillante apprentie. Il parvint à distinguer les mots rêve et vaisseau, homme et juger, mais cela ne lui évoqua rien de concret. Rêvait-elle de partir prendre la mer et avait peur d’être jugée pour cette envie ? Non, non, il devait faire fausse route.

Mon rêve le plus effrayant ? Voyons…

Lysandre se fit à déambuler au milieu des divers instruments. Mentionner les rêves qui découlaient de ce jour fatidique où il avait perdu la seule figure parentale qu’il lui restait fut impossible tant sa gorge se serra à ce souvenir. De la même façon, le trépas de sa famille fut éliminé. Les visages de ses cadets, partis trop tôt, s’imprimèrent sur ses rétines quelque secondes avant qu’il ne balayât l’air de la main. Ses yeux s’humidifièrent, mais il prit soin de pas laisser les larmes couler. Quand il eut arrêté son choix, l’apothicaire revint près d’Esther qui arborait un air complice.

C’est un vieux rêve que je faisais lors de mon arrivée dans cette maison. J’avais passé quelques semaines difficiles, en proie à la faim, au froid, à la maladie et aux pertes, mais les Dieux me gardaient sur le droit chemin. La nuit, mes songes m’emportaient dans une pièce blanche, vide de tout instrument, de meuble ou même de fenêtre. Il n’y avait même aucune porte. Simplement tout ce blanc, partout, brillant, douloureux, vaporeux. Tout ce blanc et moi. Malgré l’absence de toute trace de vie, je ne ressentais ni la faim, ni le froid, ni la maladie, ni les pertes. C’était comme si j’étais moi aussi fait de ce blanc. Et je restais là, sans bouger, immobile durant de nombreuses heures jusqu’à ce que le soleil — et Palmidor — me sortent de cet endroit.

Peut-être n’était-ce pas ce qu’Esther voulait dire en parlant d’effrayant, mais Lysandre n’avait jamais vécu un rêve aussi agréablement épouvantable. Cela ressemblait bien trop à la mort pour qu’il ne se réveille pas couvert de sueur les lendemains matins. À ses yeux, il n’y avait rien de plus terrifiant que subir l’absence de tout sentiment, de toute envie, de tout désir.

À mon tour, joua-t-il. Quel est votre rêve… hum… le plus vaudevillesque que votre esprit ait créé ?

Alors que la jeune femme s’installait sur le tabouret près des chaudrons, Lysandre vaqua à ses occupations un peu loin, glissant un œil de temps en temps sur les gestes de la jeune apprentie. Il apprécia la délicatesse de ces derniers, même si elle commit quelques erreurs.

Je vois tout à fait de quel philtre vous voulez parler. Le haua uri. Je pense que si les clients avaient connaissance de ce qu’elle contenait, ils ne l’achèteraient pas ! rit-il. Heureusement, je ne m’occupe pas de récolter les divers ingrédients, seulement de les acheter à mes fournisseurs habituels.

Il nota la réduction parfaite de la racine en poudre, se régala de voir qu’elle n’utilisait que de petites quantités, mais fronça les sourcils lorsqu’Esther tenta d’épaissir la mixture directement dans le chaudron. La stabilité du mélange ne durerait pas. Néanmoins, il laissa poursuivre. Apprendre en se trompant était bien plus glorifiant que se faire corriger à chaque minute.

Mes loisirs ? Pas vraiment. Je travaille beaucoup et je n’aime pas les endroits bondés. Sans compter que je n’ai pas…

Il se racla la gorge, gêné, avant de marmonner les derniers mots dans sa barbe.

… d’amis avec qui sortir dans ces endroits que je n’apprécie pas. Et vous ? demanda-t-il avec plus d’assurance. À quoi occupez-vous vos journ…

Le cri d’horreur teinté de douleur le coupa dans sa question. Alors que le contenu du chaudron se répandit sur l’établi, Esther tenta de l’essuyer avec un morceau de tissu d’aucune autre utilité. Lysandre se précipita afin de l’aider et épongea du mieux qu’il put ce qu’il restait. L’explosion, ça, il ne s’y était pas attendu. Avait-il été trop absorbé par ses pensées pour remarquer l’erreur de trop ?

Ne vous en faites pas pour les dégats, comment vous sentez-vous ? Tenez, asseyez-vous.

L’odeur de brulé et de soufre montait du chaudron maudit et il entreprit d’ouvrir les fenêtres afin d’éviter qu’ils ne s’intoxiquent. Puis, lorsqu’il revint, le visage inquiet, l’apothicaire remarqua les cloques sur les paumes de sa jeune apprentie. Sans attendre ou donner la moindre explication, il gagna l’avant de la boutique pour en revenir quelques secondes plus avec un petit pot dans les mains et une immense bassine dans laquelle il versa de l’eau presque glaciale avant ‘y jeter une poignée de menthe poivrée.

Il déposa le pot sur l’établi pour plus tard avant d’indiquer les paumes blessées d’Esther.

Puis-je ? Le froid et la menthe calmeront votre élancement. Ensuite, nous utiliserons cet onguent cicatrisant dans un cataplasme afin d’effacer toute trace de ce moment. Comment vous sentez-vous ? répéta-t-il.
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