Mars 1167 - Voyage de retour vers Marbrume: étape Usson

La route est monotone ce matin, les marais sont plutôt déprimants, mais désert, du moins pour le moment. Je suis donc surpris quand Jeanne, vient me voir, et je suis immédiatement inquiet craignant le pire. Toutefois, elle me rassure immédiatement, m’indiquant juste qu’elle a vu un nuage au loin.

Je plisse les yeux, mais ce n’est que lorsque l’événement, c’est bien rapproché que je vois trois cavaliers qui avancent rapidement sur le chemin. Je peux voir des uniformes de miliciens et ils s’arrêtent à mon niveau, celui qui semble leur chef me demande :

Qui êtes-vous ?

Je lui réponds d’un ton froid :

Je suis le chevalier Desmond de Rochemont, chef de la guilde des Boucliers de Marbrume, j’ai avec moi neuf chariots venant du village d’Usson et nous allons à la capitale.

Je vois mon interlocuteur froncer les sourcils devant mes déclarations, mais le fait qu’il y ait une jolie jeune femme près de moi, l’adoucis quelque peu. Il descend d’ailleurs de sa monture et s’incline devant elle :

Bien le bonjour mademoiselle, tout va bien ?

Elle lui fait un large sourire et elle lui dit :

Fort bien, nous avons hâte de quitter ces lieux désolés et de retrouver la civilisation !

Je vois le garde hocher la tête comme s’il comprenait, puis remonte sur sa monture et m’indique simplement :

Vous pouvez continuer, le chemin est libre jusqu’au bourg de Conques, mais faites bien attention, on ne sait jamais.

Après un dernier sourire à la prostituée, il s’en va, accompagné de ses hommes, et je peux remarquer de nombreuses fontes sur les flancs des chevaux, sans doute des messagers. Pour ma part, je me rends compte qu’un joli minois est toujours aussi efficace pour rendre les forces de l’ordre beaucoup plus conciliantes.
J’ai une certaine dette envers la jeune femme et je lui dis :

Tu as été bien utile, sur ce coup-là, je te remercie.

Je la vois rougir devant mon compliment et désireux de ne pas perdre plus de temps, je la laisse sur place où elle pourra attendre Alban, pendant que je donne à nouveau le signal de départ.

Le reste de la journée se passe bien surtout qu’une rumeur indiquant que Jeanne a vu un cerf, arrive à mes oreilles, ce qui est un bon présage. Nous arrivons donc avant la nuit à destination et je peux enfin savourer un bon repas chaud, une fois à l’auberge.

Pour une fois, c’est moi qui arrive le premier et je hèle Alban et sa copine pour qu’ils viennent s’asseoir à ma table. Je peux donc leur demander d’un ton détaché :

Alors, quels sont vos projets, une fois arrivés à Marbrume ?

Lancé de dés:

La fin de journée fut assez tranquille, plusieurs personnes venant demander à Jeanne de décrire la scène qu’elle avait entraperçu. Elle devint ainsi l’héroïne du convoi dont chacun voulait connaitre le récit. Elle profita de cette soudaine notoriété pour discuter à gauche à droite. Une fois arrivés à Conques, elle fut toujours entourée et sollicitée. Jeanne prit le temps de répondre à chacun avec un sourire, telle une prêtresse d’Anür devant des fidèles. Elle resplendissait
Lorsque tout fut réglé, ils entrèrent dans l’auberge choisie pour rejoindre Desmond de Rochemont à sa table. Le chevalier semblait en forme, et il ne restait qu’une journée pour rejoindre Marbrume, le plus difficile avait été franchi.
Lorsque le chevalier aborda le sujet des futurs projets, un silence s’installa, Alban cherchant une réponse auprès de Jeanne dont il attendait une réponse, tandis que celle-ci semblait gênée de répondre. Finalement, leur mutisme devenant trop pesant la jeune femme prit la parole sans oser regarder le forgeron.

« Je pensais aller voir une amie qui pourrait me loger sur Marbrume. »

Jetant un coup d’œil à Alban et voyant son air triste, elle ajouta pour se dédouaner.

« C’est une amie de longue date, et elle m’avait déjà proposé de m’accueillir lorsque je reviendrai dans la capitale. Elle ne comprendrait pas si je lui disais, c’est comme… une sœur pour moi. »

Jenna posa une main délicate sur l’avant-bras d’Alban qui hochait la tête pour signifier qu’il comprenait sa décision. Cachant sa déception, il interpella la serveuse pour qu’ils puissent commander de quoi manger. Une fois cela fait Alban reprit contenance et la parole.

« Avec tout le métal que je rapporte, j’ai de quoi voir venir pour plusieurs mois. J’espère avoir un projet important qui me permettra de me démarquer, j’ai déjà eu la chance d’avoir quelques commandes de hauts responsables de la milice ou de nobles. Je suis sur la bonne voie, grâce à des amis artisans et à vous bien sûr monseigneur. »

Il adressa un sourire sincère à Desmond. Et le souvenir de son défi de l’avènement lui revint en tête.

« Cette année, le 3 janvier, j’ai fait la promesse d’apprendre autant que possible à lire, écrire et compter avec le temple. Donc j’y consacrerai autant de temps que nécessaire… Et ce métal rapporté, m’aidera à payer ce que je dois aux prêtres. »

Cela dit, il reprit un peu plus de confiance en lui. Il avait un objectif, et lui seul pouvait se mettre en travers de celui-ci ou le réaliser. Or il mettait tout en œuvre pour progresser, tout comme Desmond avait pour objectif de regagner son titre et le respect qui lui était dû. Ils ne s’arrêtaient pas à la moindre difficulté, ils les affrontaient comme des hommes !

C’est Jeanne qui me répond en premier et qui nous indique qu’elle va vivre chez une amie, je vois bien qu’Alban est déçu, mais je me demande ce qu’il espérait d’autre d’une prostituée. Devant l’air de chien battu du forgeron, elle essaye de se justifier, mais la vérité, c’est qu’il n’est pas assez riche pour subvenir à ses besoins.
D’ailleurs, ce dernier essaye de se vendre comme il peut, indiquant qu’il veut devenir quelqu’un, mais ce n’est ni un bourgeois, ni un noble, alors je doute qu’il gagne un jour assez pour gagner le cœur de la belle. Mais le jeune homme n’a pas dit son dernier mot et j’espère vraiment qu’il arrivera à se démarquer, en plus, il apprend actuellement à se sortir de sa condition et je l’encourage, lui mettant familièrement la main sur l’épaule :

Tu as raison, c’est le bon moment pour le faire, ne baisse jamais les bras.

Je mange ensuite mon plat et les laisse seul à nouveau, allant me coucher, car il reste encore une étape pour arriver à la capitale. Le matin à l’aube, tout le monde est déjà prêt, une certaine routine, c’est même déjà installé et tout le monde prends sa place en un temps record.

Le voyage n’est pas de tout repos, car beaucoup sont trop impatient et plus d’une fois, je dois aider un charriot dont une des roues est piégé dans un trou, ne voulant pas perdre de temps à faire un léger détour. Mais au bout d’un moment, nous arrivons enfin dans les faubourgs, où il faut redoubler d’attention, l’endroit offre de nombreuses cachettes où des Fangeux peuvent être cachées.

Grâce au Trois, nous ne croisons le chemin d’aucune Goules et arrivé devant la porte principale, je n’ai plus qu’à souhaiter à tous les marchands de bonnes négociations. J’ai droit à de multiples remerciements des gens que j’ai escorté et j’indique ensuite à Alban :

Si je passe dans le coin, je t’enverrai un messager, sans faute.

Je retrouve également Milas mon page, qui nous attendait avec impatience et c’est donc à trois, Jean y compris que nous partons, en direction de Usson. Je ne cherche pas de nouvelles caravanes, car pour le moment, ma guilde n’est pas assez connue, mais j’espère que les marchands vont me faire une bonne publicité, toutefois avec l'argent que m'a rapporté ce convoi, j'ai de quoi acheté un cheval à Jean et ce dernier prend Milas en croupe.

Le retour est rapide, et le 20 mars, au soir, nous arrivons à notre point de départ, épuisé, mais en bonne santé.