Abel le BarbierChirurgien-Barbier
| Sujet: Abel, barbier-chirurgien de son état Mar 13 Oct 2015 - 12:58 | | | Abel le Barbier
Identité
Nom : Inconnu du grand public Prénom : Abel Âge : 39 ans Sexe : Homme Rang : Barbier-Chirurgien (le "médecin" de l'époque médiévale).
Physique
Croisant son propre regard dans le reflet de l’unique miroir mural de son office, le barbier s’interrompit dans le nettoyage de son petit plan de travail étriqué, pour se plonger dans la contemplation de ce visage si familier, et qu’il détestait pourtant tellement. Ramenant une longue mèche de cheveux le long de sa tempe gauche, il grimaça : le miroir était maculé de sang par endroits, et une pellicule roussâtre s’était agglomérée à son extrémité inférieure droite. Quel spectacle écœurant que ce visage marqué par l’âge, déplora Abel en s’observant de plus près.
Le visage anguleux du chirurgien était encadré de part et d’autre par deux longues mèches de cheveux sombres, parmi lesquels pointait déjà une insolente tendance grisonnante. Le regard agacé du praticien se perdit un instant dans la contemplation de la pâleur du visage qui se découpait dans la glace. Sous examen prolongé, les rayures à la surface du miroir semblaient venir souligner les rides accablantes distinguables sur le front fatigué du médecin. De même, il semblait à Abel que les multiples impuretés dont la glace était parsemée faisaient ressortir d’indélicates veines bleuâtres sous sa peau blafarde. Son long nez, trop effilé à son goût, surmontait la ligne fine de ses lèvres rendues violettes par les rigueurs du temps d’automne. Enfin, ses yeux semblaient enfoncés dans ses orbites, tant la marque des cernes avait creusé son visage, témoignant de nuits blanches répétées, et d’un esprit torturé.
Abel se détourna, les lèvres pincées. L’âge était décidément le plus inévitable de tous les maux, la plus inéluctable de toutes les maladies. Le choc du lourd anneau de fer contre la porte d’entrée le tira de se rêverie ronchonne. Réprimant un geste d’humeur, le chirurgien s’en fut ouvrir au client.
Personnalité
Tandis que le client s’installait, Abel prit soin de rassembler les outils dont il aurait besoin pour cette opération. Le client, un bourgeois à la voix de fausset et à l’insupportable bonhommie, était un client régulier du cabinet du chirurgien-barbier. Il lui rendait visite trop souvent, pour des raisons le plus souvent irrationnelles. Mais le pire, songeait Abel en s’apprêtant à examiner le patient, c’est qu’il n’était pas un cas isolé : la majorité des habitants de Marbrume qui pouvaient se payer ses services en abusait, comme d’une drogue. Il avait bien essayé de traiter chacun d’eux avec équité et honnêteté, afin d’établir un diagnostic le plus exact possible, et de prescrire un traitement dont il pensait qu’il serait le plus efficace. Mais les clients fortunés ne cessaient d’affluer à son cabinet, prétendant être malade et clamant haut et fort leur besoin de soins urgents. Par la sainte Trinité, qu’il détestait ses concitoyens bourgeois et leur complaisance !
Abel avait alors décidé de changer sa méthode de travail : plutôt que de passer davantage de temps à déterminer la cause du mal chez ses patients bourgeois, il expédiait maintenant les visites en systématisant les prescriptions de remèdes et de traitements. Ainsi les saignées étaient-elles devenues une routine quotidienne, car type de soin semblait curieusement calmer les patients fortunés, qui en venaient à espacer leurs visites, et à ne revenir que lorsqu’ils étaient réellement dans le besoin. Certains ne revenaient même pas du tout, mais Abel n’en avait cure : il y avait tellement de malades à Marbrume ces temps-ci, qu’il n’avait pas à craindre de tomber à court de clients. Ce flot incessant de demandes de soins avait eu progressivement raison de sa santé, le rendant aigri et désagréable. Il était également persuadé que le stress continu exercé sur ses nerfs à longueur de journée était l’une des raisons pour lesquelles il vieillissait si mal. Oui, c’était probablement ça.
Comme le client faisait mine de s’impatienter, Abel retrouva un semblant de professionnalisme : en quelques instants, il prit la température du patient, à main levée, au niveau du front, avant d’observer l’œil nu la couleur du blanc de ses yeux. Puis, pour faire bonne mesure, il posait toujours une ou deux questions de routine au client, sans écouter la réponse qu’il savait ne revêtir qu’un intérêt limité.
« Très bien, Monsieur Friedrich, je vois que vous portez les symptômes caractéristiques d’un excès de bile noire, ce qui n’a rien de surprenant, car vous savez que le temps d’automne amène de mauvaises humeurs. Dans le cas présent, vous vous sentez manifestement mal à l’aise du fait d’un excès de mélancolie dans votre sang. Le temps a probablement été trop sec et froid ces derniers jours. Il va falloir évacuer tout ce flegme que vous avez accumulé en surplus, sans quoi vos jours pourraient être en danger, voyez-vous… » conclut-il, entaillant soigneusement l’avant-bras du patient à l’aide de son bistouri, avant de placer un sceau en dessous pour recueillir lesdites humeurs en même temps que le sang. Une nouvelle journée de routine commençait pour le barbier le plus réputé de Marbrume…
HistoireC’était bien un jour comme un autre à Marbrume. Abel était en train de nettoyer les traces de la dernière saignée, absorbé par la routine quotidienne qu'il répétait depuis plusieurs années maintenant, lorsque la lourde porte d’entrée du cabinet claqua : un individu aux vêtements boueux entra en coup de vent, et, à bout de souffle, ahana son message.
« Maître Abel, on a besoin de vous dans dans le Goulot ! La vieille Martha souffre le martyre depuis ce matin, et le petit Arnaut ne fait que crier à s’en étouffer depuis deux jours,! »
Le chirurgien-barbier avait l’impression de sentir d’avance les courbatures de la marche jusqu’au Goulot, dans le quart Sud-Est de la ville. Il avait son cabinet dans la Grande Rue des Hytres, dans le quartier bourgeois de Bourg-Levant, à l’endroit où la Grand Rue formait un angle aigu. Il s’agissait donc de longer cette rue à pied, avec son matériel, puis de bifurquer en à gauche avant d’arriver au niveau des quartiers de la milice. Puis, une fois arrivé dans le Goulot à proprement parler, il lui faudrait progresser au sein de ce quartier peuplé de nécessiteux afin de se rendre au chevet des patients pour lesquels il était sollicité. Rien ne l’obligeait à se déplacer, bien sûr, mais il avait toujours pris soin d’entretenir des relations cordiales avec les habitants des quartiers pauvres. Dans cette ville, c’était toujours donnant-donnant, mais là-bas, il savait qu’on ne lui donnerait rien en compensation pour sa peine. Toutefois, agir ainsi lui garantissait que ses contacts dans le monde du commun se souviendraient de son geste et seraient plus enclin à lui venir en aide la prochaine fois qu’il solliciterait leur aide, notamment pour des questions de transport de marchandises. Emmenant quelques outils avec lui, le chirurgien-barbier s’en fut s’acquitter de son devoir d’assistance au peuple de basse extraction : il s’agissait d’un vœu qu’il s’était fait, il y a bien longtemps, de ne pas faire payer ceux qui n’avaient pas la capacité de le rémunérer. Peut-être devrait-il revenir sur cette résolution, par ailleurs, au vu des malheurs de l’époque. Refermant le lourd battant de la porte d’entrée derrière lui, Abel se mit en route.
***
Marbrume n’est vraiment rien de plus qu’une énorme cité-refuge oubliée des dieux, songeait Abel en se frayant un chemin dans les ruelles de la ville en direction du quartier Sud-Est. Tout dans cette ville respirait la médiocrité et la fatalité de leur époque : même si les autorités avaient à cœur d’éviter l’apparition et la propagation d’épidémies, à chaque fois que le chirurgien pénétrait dans le quartier du Goulot, il trouvait sur sa route au moins un corps rigidifié, prostré en position fœtale, face contre terre, rappel macabre qu’il ne fait pas bon dormir dehors par les temps qui couraient. Ces corps étaient souvent enlevés lorsque le médecin passait de nouveau par lesdites rues de traverse, mais son attention pouvait alors se recentrer sur l’insalubrité des rues en elles-mêmes : au sol se mêlaient eaux de pluie, morceaux de chiffons, sang plus ou moins coagulé, et d’autres fluides peu ragoûtants et difficilement identifiables à première vue. L’air était vicié, encore davantage qu’ailleurs en ville, et Abel en aurait presque eu peur de contracter un mal incurable simplement en s’y rendant. Cette ville était laide, et surpeuplée. La seule partie de la ville où il faisait relativement bon-vivre était la Terrasse nobiliaire, mais le commun des mortels n’y étaient pas admis. Abel lui-même n’avait eu l’occasion d’y pénétrer qu’une seule fois, lorsqu’un noble l’avait fait mander pour une visite à son domicile : un honneur, pour un petit chirurgien-barbier de basse bourgeoisie comme lui.
Abel secoua la tête, s’extirpant de sa torpeur morbide, et ses sombres pensées se dissipèrent alors qu’il reconnaissait les lieux alentours : il était arrivé. Frappant à la porte du taudis, il poussa le battant sans attendre, poussé par l’urgence. Le brouhaha qui régnait à l’intérieur l’assaillit aussitôt, assez violemment pour que le bruit omniprésent lui monte à la tête, et qu’un bourdonnement désagréable commence à se faire sentir au niveau de ses tempes. Comme dans son souvenir, l’endroit était articulé autour d’une pièce commune, au centre de laquelle avait été dressée une paillasse. Abel ne pouvait rien voir d’ici, aussi s’avança-t-il, jouant des coudes pour écarter les individus qui stationnaient sur son passage jusqu’à la litière. Arrivé au chevet du premier malade, il put enfin commencer à l’examiner pour formuler un diagnostic. Un simple regard lui suffit pour identifier la vieille Martha, une habitante du taudis qui avait pour habitude de vendre des charmes de pacotille contre le mauvais sort. Le médecin esquissa un sourire sans chaleur : il semblait que ses protections et ses grigris ne l’aient pas protégée, cette fois-ci. La malheureuse semblait beaucoup plus maigre que la dernière fois qu’il l’avait rencontrée, et était secouée de soubresauts violents. De temps à autres, une violente quinte de toux lui faisait pousser une plainte assourdie : elle était très faible. D’un œil rendu expert à force d’opérer dans ce creuset à malades qu’était la ville de Marbrume, Abel releva également un symptôme qui lui parut important : elle crachait du sang.
« Hmmm. Hémoptysie. C’est plus grave que je ne le pensais. »
Le brouhaha s’apaisa un peu autour de lui, mais ne cessa pas complètement. Abel ferma les yeux un bref instant : cette bande d’ignares n’avaient aucune idée de ce dont il était en train de parler ; ils n’étaient même pas en mesure de conserver un semblant d’hygiène corporelle. Rouvrant les yeux, Abel se sentit las, soudainement accablé par toute la fatigue des dernières nuits blanches qui le rattrapaient. Ces villageois n’avaient aucune idée du mal dont souffrait la vieille Martha : lui-même, Abel, n’en avait entendu parler que dans quelques livres, et ne connaissait pas de remède. Cette toux pressante, accompagnée d’une perte de poids et d’hémoptysie, il connaissait son existence mais ne savait pas comment la soigner. D’ailleurs, aucun de ses confrères non plus, à sa connaissance : il se souvenait en avoir débattu lors de la tenue d’un conclave scientifique, dans une ville voisine, avant l’apparition du Fléau. La seule chose que l'on tenait pour sûre concernant cette toux redoutable était son incurabilité avec les remèdes de l'époque. On suspectait un manque d’hygiène corporelle, ou la vie dans un milieu hautement insalubre, de faire partie des facteurs pouvant mener à la contraction de cette maladie. Par ailleurs, certains rapports avaient soulevé la possibilité d’une contagion par les humeurs aériennes. Réalisant le danger de la posture dans laquelle il se trouvait, le chirurgien se releva, continuant de respirer par le nez, et arbora un air grave alors qu’il se retournait vers l’assistance pour rendre son verdict. Le silence se fit immédiatement, et c’était un silence assourdissant après le bruit constant des dernières minutes. Prenant la parole, Abel dévisagea le voisinage assemblé ici : il connaissait tous ces gens. Il aurait sincèrement voulu les aider, mais il se heurtait ici à un mal qui dépassait la science des gens de son état.
« Je suis désolé, mais il n’y a rien que je puisse faire. Peut-être, si j’avais été prévenu hier… Mais dans la situation actuelle est sous les augures de Rikni : ce n’est plus de mon ressort. »
Silence appuyé. Reprenant confiance en lui à mesure qu’il parlait, Abel ajouta, sachant que la malade ne l’entendrait pas, délirante de fièvre qu’elle était :
« Elle sera morte d’ici demain matin. Peut-être avant. Le mieux que vous puissiez faire, c’est de prier Anür pour le passage de son âme… Et éventuellement, d’aller quérir l’apothicaire du coin, et lui demander une dose d’arsenic. Cela abrègera les souffrances de Martha. En dehors de ça, nous ne pouvons plus rien faire. »
Silence lourd. Abel ne connaissait que trop bien ce type de situations : dans quelques instants, les pleurs et les cris allaient fuser, et il devrait se frayer un chemin vers la sortie alors qu’on maudirait son incompétence. Il décida de prendre les devants :
« Vous deviez aussi me montrer le jeune Arnaut. »
Un jeune homme d’une quinzaine d’années l’entraîna à l’écart. Abel le reconnut comme étant le frère aîné dudit Arnaut.
« S’il vous plaît, maître Abel, sauvez mon frère. Il est dans la maison d’à côté. »
Acquiesçant en silence, Abel rassembla son matériel et emboîta le pas à son guide, qui le conduisait à l’extérieur. Deux perrons plus loin, ils pénétraient dans une autre masure : la salle à manger était vide, mais dans l’une des chambres, une femme se tenait au chevet d’un enfant d’une dizaine d’années. Celui-ci était pâle, et inconscient. Parvenu à leur niveau, Abel s’accroupit lui aussi, et commença à sortir ses instruments. La respiration du garçon était faible, et il aurait préféré ne pas rester avec deux morts sur les bras en une matinée.
« Il a été comme ça toute la nuit ? »
Réprimant un sanglot, la jeune mère des deux frères, qui devait à peine avoir dépassé la trentaine, acquiesça.
« Depuis quelques jours, Maître Abel. Il se plaignait qu’un mal lancinant était entré dans sa bouche. Il criait de douleur, et je pense qu’il délirait. Mais la douleur a crû ces derniers jours, et il ne s’est pas réveillé ce matin. »
Le chirurgien fronça les sourcils, pensif : les maux ressentis dans la zone buccale étaient souvent difficiles à traiter, du fait de la muqueuse présente dans ces parties du corps. Toutefois, son instinct le poussa à procéder par ordre, et à vérifier d’abord les maux les plus simples à traiter. Après avoir rapidement inspecté la bouche du garçon, il ne trouva aucune lésion ni plaie, ni tumeur apparente.
« Quel âge a-t-il ? »
La langue était intacte elle aussi. Soudain, Abel s’aperçut que l’un des molaires de la mâchoire inférieure du garçon était noirâtre, et il eut l’intuition d’avoir trouvé la cause du mal. L’hygiène dentaire dans les quartiers les plus défavorisés étaient pour ainsi dire inexistante, et lui-même, en qualité de barbier, se devait peut-être de faire de la prévention à ce sujet… Comment s’étonner de rencontrer des infections dentaires de cette importance dans ces conditions ?
« Il allait avoir dix ans demain... S’il vous plaît, faites quelque chose ! »
Abel ne prit même pas la peine de répondre : si son diagnostic était correct, le mal était bénin, l’infection avait juste dégénéré et la douleur s’était propagée dans toute la gencive. La sous-alimentation du garçon avait probablement causé cet état de faiblesse caractérisé par une perte de connaissance temporaire. Si on ôtait le foyer infectieux, et le faisait boire, tout devrait rentrer dans l’ordre en quelques heures. Produisant une sinistre pince de son sac à fournitures, le chirurgien ouvrit la bouche de son jeune patient de son autre main. D’un geste sûr et précis, il saisit la dent fautive dans la pince, et, sans attendre que le garçon ne se réveille, serra et tira sans ménagement aucun. Le garçon hurla de douleur, et se redressa en se tenant le menton à deux mains, mais la pince était déjà sortie. Produisant la dent infectée, dont la couleur sombre avait de quoi rebuter le spectateur, Abel se tourna vers la jeune mère des deux garçons, et lui détailla ses recommandations.
« Il va se remettre d’ici quelques heures. Donnez-lui à boire et à manger, il souffre aussi de carence alimentaire prononcée. Si vous avez de l’alcool ou de l'eau-de-vie, rincez-lui la bouche avec. Pour éviter que cela ne se reproduise, pensez à vous gratter la langue et les dents avec un morceau de chiffon après chaque repas. Cela vous évitera ce genre de frayeurs. »
Laissant la petite famille à ses embrassades, sans attendre de remerciements ou de dédommagement, le chirurgien ressortit dans la rue, et reprit le chemin de son cabinet. En chemin, ses pensées voguaient entre différents sujets, allant de la satisfaction de n’avoir pour l’instant qu’une mort sur les bras en cette matinée de travail, aux pensées coupables concernant l’attirance qu’il éprouvait pour la jeune femme qu’il venait de croiser. Quelle pitié qu’un homme comme lui, aussi disgracieux, travaille au bonheur des autres sans jamais en recevoir une contrepartie autre que monétaire…
Un coup d’œil en direction du ciel nuageux arracha une grimace au praticien alors qu’il se hâtait sur le chemin du retour, ne voulant pas être surpris en route par la pluie.
« Ville maudite », maugréa-t-il. Puis d’ajouter dans un souffle : « Epoque de merde. » Soi réelCertifiez-vous avoir au moins 18 ans ? Je certifie avoir plus de 18 ans, depuis un moment ^^ Comment avez-vous trouvé le forum ? (Topsites, bouche à oreille...) Invité par l'un de ses fondateurs, connu sur un autre forum. Vos premières impressions ? J'aime beaucoup l'atmosphère de l'univers, et la communauté a l'air accueillante. Des questions ou des suggestions ? Pas encore, mais ça viendra peut-être. Marbrume soutient la création; cette fiche a été codée par Orange de CSSActif |
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