Marbrume


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 Net et sans bavures (Policières)

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Philippe de Tourres
Philippe de Tourres



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MessageSujet: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyDim 19 Juin 2016 - 22:12
Patrouiller dans les faubourgs c'est tout de même plus sympa que patrouiller dans les marécages. Cette observation, toute simple, retentissait dans le cerveau du coutillier Bertrand Longuehampe. On l'appelait Longuehampe parce qu'il paraît que son grand-père, il était soldat, comme lui, et sa vie avait été sauvée d'un chevalier chargeant lance couchée parce qu'il avait pointé sa lance droit devant lui. Un chanceux. Il faut être sacrément chanceux pour survivre à un chevalier qui charge à toute vitesse ; La force à l'impact est tellement puissante qu'on est pulvérisé, que le corps se retrouve à voler dans le ciel, désarticulé comme un petit pantin.
Ah, mais c'est vrai, ça n'existe plus les chevaliers. Un cheval ça peut pas charger la fange au milieu des marécages. Du coup, Bertrand Longuehampe, un très grand gaillard très musclé, au crâne rasé et aux doux yeux bleus, une partie de la mâchoire bien enfoncée mais cicatrisée suite à une vieille rixe il y a des années, prenait sa patrouille à la légère. C'était presque du repos pour ces hommes. Il faut pas se mentir ; Quitter la sécurité des murailles de Marbrume, ça la fout toujours mal. Mais là ils suivaient juste les routes sèches, ils patrouillaient les champs sur lesquels des paysans travaillaient, l'air inquiet, ne s'arrêtant que pour prier lorsque les cloches d'une église sonnaient au loin.

- Allez, allez, on se repose pas ! On a en a encore pour deux heures !

Bertrand Longuehampe était accompagné d'un petit groupe, une « lance » comme disent les chevaliers qui existent plus. Pas nombreux, d'ailleurs. Cinq hommes étaient avec lui, mal équipés, pas beaucoup armés. Même pas cinq hommes en fait ; Trois hommes, et deux femmes. Le fait que des femmes se retrouvent à porter les armes continue de choquer Bertrand. Une femme c'est plus faible qu'un homme, et puis ça panique plus facilement aussi. Est-ce qu'il y a eut tant de morts qu'on se retrouve à engager le sexe faible pour défendre la cité ? Non, en voyant la rousse Xandra et son gambison, et puis la minuscule gaupe à la poitrine plate et aux gros bras appelée Louise Arembert, notre coutillier n'était pas bien rassuré. Bah, le reste de l'escouade, même mâle, n'avait pas l'air mieux. Le vieux Raymond avait de la barbe et quelques cheveux blancs, il devait dépasser la cinquantaine. Fabien Roche, au contraire, il était tout jeune, et petit aussi, malnutri, son haubergeon avait la taille d'un haubert tellement il était faible et que ses bras ressortaient. Quant à Bohémond, il avait l'âge, la taille, les longs cheveux blonds, le gros nez et le front gras et boutonneux, il aurait presque pu paraître normal... Mais il était bizarre. Il parlait pas. Il regardait les autres d'une étrange façon. Il mettait mal à l'aise. Il avait pas l'air très débrouillard non plus, avec ses manières et tout.

Enfin voilà. Six soldats qui patrouillaient les routes sèches de terres dans les faubourgs de Marbrume. Le soleil était là, haut dans le ciel. Et il faisait plutôt beau, pour une rare fois. Et il y avait pas de fangeux. Le bonheur ! Le bonheur ! Pour une fois qu'il n'avait pas à ramper avec de la boue jusqu'aux chevilles, avec de la pluie qui remplissait son casque, avec des petits bruits et mouvements dans chaque buissons... Ah, il en profitait Bertrand. Il avait presque envie de siffloter.
D'ailleurs il avait commencé à siffloter. Un air campagnard, rustique, une vieille chanson qu'on chantait pendant le travail aux champs, et le jour de repos à la sortie de l'église.
Raymond l'avait reconnue, puisque avec sa grosse voix rocailleuse, il s'était amusé à la reprendre.

- Belle, porte habits de lin, bien tissés, très blanc très fin !
Voile de dentelle qui flotte autour d'elle,
Quand la brise souffle un peu,
Et puis un long manteau bleu !

- Ne lui plaît aucun bijou, reprenait Fabien avec sa petite voix fluette de pré-ado.
Mais collier de fleurs au cou,
Sur sa claire mine,
L'âme l'illumine.
Mieux que l'or d'un beau couchant !
Sa parole est un vrai chaaant !

Le bonheur.
Bien sûr, si tout le reste de la patrouille n'avait été qu'une promenade de miliciens fatigués, vous ne seriez pas en train de lire ça. Il faut un élément perturbateur, un moyen de commencer le récit. Aujourd'hui il ne s'agira pas de la fange. Non. C'est plus loin, au détour d'un carrefour, près de ce qui était une auberge aujourd'hui totalement abandonnée, que l'histoire commence.
Une charrette tirée par un âne. Quelques petits barils dedans, elle est pas du tout remplie à fond la charrette, il doit y avoir que 4 tonneaux couchés. En la voyant, Bertrand ferme son poing et lève son bras. Un signe à son escouade pour qu'ils ferment leurs gueules et se concentrent. Lentement, il s'approche, tout le monde le suivant derrière, un peu en file indienne. Ils s'approchent, très doucement, mais pas non plus agenouillés comme s'ils étaient en train d'infiltrer une place gardée.
Non, Bertrand a cru voir un truc...

L'âne de la charrette, comme tous les ânes, a une tête de demeuré et ne réagit pas. Mais lorsque Bertrand le dépasse, il aperçoit une mare de sang.

- Déployez-vous !

Un crissement d'acier. Bertrand a sorti une épée courte de son fourreau. Derrière lui, ses soldats ont obéit : Ils sortent leurs armes et se déploient, se dispersent.

- Faites le tour de l'auberge ! Dépêchez, allez !

Pas le temps de commencer une quelconque stratégie. Alors que Bertrand fonce vers la mare de sang, et qu'il découvre le corps d'un homme, couvert de trous rouges sur son ventre, on entend du bruit à l'intérieur. Xandra, Bertrand, et Raymond courent ensemble dedans, alors que le coutillier, dans un réflexe de butor qui agit avant de réfléchir, défonce l'entrée avec un coup de botte.

- Milice de Marbrume !

Au milieu de la pièce, trois hommes. Deux ont les mains derrière la tête. L'autre est couvert de sang, et regarde ses mains.
Sur son bras, il a une marque. « Banni ».

- Ne bougez pas ! Ne bougez surtout pas !

Les trois suspects n'ont même pas le temps d'ouvrir la bouche. Enfin si. L'un d'eux ouvre la bouche, mais est immédiatement séché d'un coup de poing de Longuehampe. Il s'écrase à terre comme un sac, tandis que la pointe de l'épée du coutillier tiens en respect un autre.
Tous en état d'arrestation. Il y allait avoir des explications à faire. A Marbrume.




Bertrand Longuehampe, il aime bien les ballades au soleil à chantonner, on l'a vu. Le sergent Jean de Montplessy, lui, il aime la paperasse bien tenue. Aussi, lorsque ses miliciens lui ramènent une bande de gens accusés du meurtre d'un homme totalement inconnu dans les faubourgs de Marbrume, cela le chagrine ; Parce que ça veut dire qu'il va être obligé de comprendre qu'est-ce qui s'est passé et qu'est-ce qu'on va faire à présent.
Les trois hommes de l'auberge ont tous les trois été traînés vers la ville. Tenus en respect par des vouges, l'un d'eux s'est mis à pleurer, à clamer son innocence. Un autre le regardait en serrant les dents, tandis que le banni ensanglantée avait l'air... Ailleurs. Mort. Catatonique. Tous les trois ont été jetés dans les cachots, chacun dans une cellule différente. Et ils ont attendu un petit moment, le temps que Jean de Montplessy, chevalier devenu milicien, dicte ses nouveaux ordres.

- Le banni j'ai pas envie de faire dans le détail. Il est banni, il était armé, il est couvert de sang... Il parle pas du tout ?
- Pas du tout. Il réagit même pas quand on est d'vant lui.
- Bien. Préparez une corde pour lui. Je vais appeler un prêtre pour lui donner les derniers rites.

Le chevalier avait beau être froid, dur, et même un sacré trou du cul, il était très religieux. Même un criminel avait le droit à voir un clerc avant sa mise à mort. Il en était persuadé.

- Quant aux deux autres, vous allez vite me les faire parler, que je sache s'ils sont innocents, si je dois les marquer au rouge, ou s'ils vont être au gibet.
- Oui sire ! Ce sera fait sire ! Aucun problème sire !

N'est-ce pas motivant de voir des gens aussi volontaires ? En tout cas Bertrand avait arraché un sourire à son supérieur. Il était parti en claquant des bottes, et son barda d'armure et de lames avait retentit alors qu'il quittait le petit bureau du quartier de la milice.
Ses hommes, ses cinq hommes, voilà un petit moment qu'ils avaient attendu dans la caserne, à se décrasser, à attendre que leur coutillier aille faire son joli rapport oral en bonne et due forme au sergent maniaque. En le voyant redescendre, ils s'étaient tous levés, le temps qu'il aille donner ses ordres et directives.

- Bien, bien. Bon. Je pensais qu'on en avait fini pour la journée, mais on a du boulot en rab. Le chef, il veut qu'on aille s'occuper d'agiter un peu les deux zigotos, qu'on leur tire les vers du nez. Raymond et Fabien, vous allez vous occuper du petit, le sale rouquinet qui arrête pas de pleurer. Devriez pas avoir d'mal. Xandra, t'viens avec moi, on s'occupe de l'autre.
- Et... Et nous on fait quoi, chef ? Demandait Bohémond.
- Dis pas ça comme si t'avais juste à te tourner les pouces, gamin. Va affûter nos lames, tiens, ça t'occupera ! Au travail, allez, allez !

Petit applaudissement sec pour que tout le monde se bouge, avant qu'il ne fasse un signe de doigt à Xandra, et qu'il se mette à marcher devant, avec ses longues jambes et sa haute stature, pour se déplacer vers un escalier qui menait au sous-sol de la caserne. Vers les cachots. Il était rapide Bertrand, d'ailleurs. Il ne laissait même pas à la jeune milicienne le temps de s'expliquer, de parler, de faire quoi que ce soit. Voilà que ses grandes jambes dévalaient l'escalier en pierre et traversait les portes gardées par deux sentinelles pour aller jusqu'à l'endroit où roupillaient des prisonniers emmurés jusqu'à ce qu'on décide bien de leur sort.

Alors que Xandra passait dans la large et vaste salle, avec de chaque côté, à droite et à gauche, de grandes cellules, un homme s'attaqua aux barreaux, ses bras dépassants, comme pour l'attraper. C'était un homme torse-nu, aux dents manquantes et encore saignantes, une partie du crâne rasé.

- Il faut m'aider ! Il faut m'aider ! J'suis innocent ! J'ai pas fait quoi qu'ils m'ont dit que j'ai fais !
- Ah, ferme ta gueule putain !

Bertrand sorti un gourdin attaché à sa ceinture pour lui casser le bras. Il avait frappé, oui, mais comme le membre était piégé entre les trous de la grille, voilà que toute sa main avait été cassée, retournée d'un coup. Il hurla, il hurla de douleur, mais il retomba dans le noir de sa cellule, et n'osera plus jamais embêter un milicien.
Ils continuèrent, ensemble, jusqu'à une autre cellule. Une voix résonna lorsque la rousse passa devant une autre salle de rétention.

- Si ça doit être mon dernier jour sur terre, fais-moi le plaisir de me sucer !
- Dis pas ce genre de choses, autrement tu vas regretter d'avoir mis ta bite sous mon nez ! Hurla Bertrand en tapant au gourdin contre les barreaux de fer.

Ils continuèrent ainsi, jusqu'à une toute dernière cellule. Un milicien en faction, un jeune conscrit à la tête recouverte d'une cervelière, s'approcha avec un trousseau de grosses clés pour ouvrir la cellule. Un homme se trouvait à l'intérieur, tapis dans un coin, enchaîné. Un homme qui devait avoir une bonne trentaine déjà, à la peau très bronzée. Il avait une barbe plutôt fournie, une taille assez grande, mais moins que l'imposant Bertrand. Il avait un nez cassé, à cause du coup qu'il avait reçu plus tôt dans la journée, et du sang n'arrêtait pas d'en couler. En voyant sa porte s'ouvrir, il avait un peu sursauté, mais à présent, il restait droit et calme, le souffle un peu accéléré, tandis qu'on se saisissait de son corps pour le détacher, le forcer à se lever, et l'amener dans une autre pièce.
C'est ainsi qu'on l’amena jusqu'à une très grande salle un peu isolée des autres, fermée par une porte en bois et uniquement illuminée d'une embrasure qui donnait sur l'extérieur de la caserne, verrouillée par des barreaux. On le mit sur le tabouret de la pièce, des chaînes aux mains et aux pieds, et on put commencer.

- Assied-toi, Xandra, lui aussi il est assis, on est tous entre amis.
- Z'avez des femmes dans la milice ?
- Depuis quelques temps déjà. T'inquiète pas, on s'y fait. Ça va ton nez, je t'ai pas trop fait mal.
- Ça va... Mais... Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?

Derrière l'emprisonné, il y avait une table. Sur cette table, Bertrand était en train de disposer ses outils préférés : Un grand marteau, une pince qu'un forgeron juste à côté était en train de chauffer, augmentant la température dans la pièce et forçant tout le monde à transpirer comme des porcs. Quelques outils qui ressemblaient à ceux employés par les barbiers, et un ciseau à bois, toujours pratique. Et le forgeron, en plus de chauffer les pinces, était en train de faire chauffer du plomb. Appliquez ça sur une blessure, et alors là, vous êtes bon pour souffrir longtemps...

- Alors. On va commencer par le commencement. Comment tu t'appelles ?
- Jean.
- Jean ? Comme notre sergent ! C'est génial ! Mais « Jean » ça m'avance pas. C'est quoi ton nom ?
- Je... Je m'en souviens plus.

Le problème d'un nom de famille, c'est que si on en a un, la famille le porte aussi. Si « Jean » ne craignait peut-être pas pour sa vie, il craignait peut-être pour celle de ses proches.

- Qu'est-ce que tu faisais dehors ? Tu sais donc pas que c'est dangereux ?

- J'travaille dans les faubourgs. J'avais une charrette.
- Oui, on l'a ramenée, ta charrette et ton âne. Les tonneaux étaient remplis de vins. C'est très cher le vin. Tout ça ça t'appartient ?
- Non, je travaille pour un vendeur de vin.
- D'accord... Et ton vendeur de vin, il le vend à qui son vin ? Non parce que, il y a pas foule de clients dehors !
- C'est des affaires privées m'sieur. J'peux quand même pas tout vous dire.

Bertrand lui sourit. Un grand sourire qui montrait toute ses dents. Il s'était un peu penché, et leurs regards se croisèrent un moment.

- Le nom du vendeur.
- J'men souviens plus.
- Le petit roux, qu'on a arrêté, il est avec toi ?
- Je m'en souviens plus.
- Et le banni ?
- J'sais pas ce qui foutait là.
- Et le cadavre ?
- C'est pas moi m'sieur.

Il ne se souvenait pas de grand chose. Mais à quoi jouait-il ? Peut-être était-il en train de jouer la montre... Peut-être attendait-il qu'un autre des gens emprisonnés ne se mette à parler, à se mettre à table. C'était une tactique de criminel : Imaginez que vous inventiez un mensonge, mais que votre complice en invente un autre ? Vous auriez l'air bien con. Et imaginez que vous mentiez, mais que lui vous trahisse ? Alors là vous allez payer à sa place. C'est con !
Donc, « Jean » avait décidé de se taire. De rester fixe, silencieux, droit.

- D'accord. D'accord je comprend.
Xandra, viens donc ici.


Il fit un signe encourageant à la rousse pour qu'elle s'approche, tandis que Bertrand se tournait vers la table.

- J'ai envie de voir ce que tu sais faire.
Essaye de, hmm... Rendre notre ami un peu plus coopératif avec les forces de l'ordre.


Dernière édition par Philippe de Tourres le Lun 20 Juin 2016 - 14:53, édité 1 fois
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyLun 20 Juin 2016 - 11:00
Pour Xandra la journée avait bien commencé, pour les autres aussi, ça se sentait et c’était plaisant d’avoir le palpitant au repos, de suivre sans devoir surveiller ses arrières et de pas avoir de la boue jusqu’aux cuisses. La rousse était de bonne humeur, sans compter qu’ils avaient mit aux arrêts un assassin, une saloperie de bannis et ses complices. Elle avait fait son boulot et elle ressentait le plaisir du devoir accomplit. Mais là...tandis qu’elle regardait l’index de Longuehampe se replier pour lui demander de la suivre, Xandra se sentait un peu moins bien…

C’était la seconde fois qu’elle descendait cet escalier de pierre abîmé depuis qu’elle avait rejoint la milice quelques mois plus tôt et on ne peut pas dire qu’elle était très à l’aise avec cette idée. Mais après tout la journée était finit pour eux, peut être qu’il avait envie d’en finir vite ? Oui, ça ne serait pas long.
Accélérant le pas pour suivre les grandes foulés du milicien, elle ne pipa pas, passant une main nerveuse dans les mèches flamboyantes qui lui barrait le front.

Voila, la dite salle, ses yeux n'eurent pas le temps de faire le tour des cellules, le type immonde, non désespéré, un peu des deux en fait, qui s’acharnait sur la sienne accapara toute son attention.

J'suis innocent ! J'ai pas fait quoi qu'ils m'ont dit que j'ai fais !

Xandra tentait de se persuader que ce type mentait, après tout la milice était là pour protéger les habitants de Marbrume et même au delà, alors qu’il y avait la fange. C’était simpliste comme raisonnement mais c’était vrai, non ?

Ah, ferme ta gueule putain !

La rousse de tourna vers Bertrand, le vit sortir le gourdin et pâlit un peu. Elle ne regarda pas le coup, mais ce qu’elle entendit était suffisant. Déglutissant un peu moins bien, elle se tourna finalement pour voir le prisonnier se terrer comme un rat.

Merci marmonna la jeune femme à l’attention du coutillier.

Un autre détenu s’adressa à elle, encore, cette fois elle n’eut pas envie de se détourner et lui jeta un regard noir, elle avait bien envie de lui répondre l’une des répliques bien sentit qu’elle avait l’habitude de balancer du tac au tac à ses collègues pour avoir la paix, mais cette fois encore le Bertrand le fit à sa place.
L’idée qu'il lui casse un bras, à lui, lui semblait clairement moins désagréable...

Voila qu’ils touchaient au but. Se décalant légèrement derrière la masse imposante du coutiller, les yeux bleus de la rousse se posèrent sur le prisonnier. Xandra se demanda s’il respirait mal à cause de sa cloison nasale déviée ou parce qu’il avait peur. Elle continua de suivre en silence jusqu’à ce qui était visiblement la salle d'interrogatoire ou on installa le détenu.

Assied-toi, Xandra, lui aussi il est assis, on est tous entre amis.

Il fallut une poignée de secondes à la milicienne pour réagir, parce que ces mots faussement aimable ne lui disait rien de bon et surtout parce qu’elle avait vu tout le matériel derrière. Obéissante, la jeune femme glissa une main entre ses cuisses croisés, mal à l’aise, fixant tour à tour son supérieur et le grand barbu.

Il faut bien les faire parler Xandra...

Z'avez des femmes dans la milice ?

C’était toujours un peu vexant qu’on ne s’adresse pas à elle directement, elle se disait que si elle portait une paire de couilles les choses seraient tellement plus facile, mais ce n’était pas le cas et elle s’était fait une raison, les mentalités mettraient du temps à évoluer…

Oui, qu’est ce qu’il allait lui faire ? S’il voyait, le type n’aurait sûrement plus envie de poser la question, peut être qu’il serait déjà en train de pleurer, ou de brayer…
La rousse passa le revers de sa main sur son front, pourquoi il l’avait fait venir elle ? Sûrement pour qu’elle apprenne à mener un interrogatoire. Elle pensa à Bohémond et se mit à la maudire alors que le coutiller commençait à poser des questions.

Comme “Jean” n’avait pas l’air décidé à donner son nom de famille, la rousse se disait qu’il tenait peut être un truc pour le forcer à parler, sans tout le barda derrière. Mais il ne se montra pas plus loquace ensuite…

J'peux quand même pas tout vous dire.

Cette déclaration arracha un sourire mauvais à la rousse qui s'aperçut que le coutiller arborait le même genre de rictus, peut être un peu plus malsain. Il devrait pas jouer au plus malin avec Bertrand...

Et le banni ?
J'sais pas ce qui foutait là.

La rousse fronça les sourcils, pourquoi il mettait pas tout sur le dos du bannis, c'était lui le tueur non ? Elle avait hâte de savoir ce que le petit jeune allait avouer...

Comme “Jean” avait décidé de se tenir droit sur son tabouret, fier, avec le nez en sang, Xandra décida de se redresser un peu sur son siège. Après tout ce n’était pas elle qui allait avoir des emmerdes, elle, elle était juste là pour observer son supérieur et apprendre. Pas de quoi fouetter un chat. Elle expira doucement histoire de s’apaiser un peu. La chaleur ne l’aidait pas à se concentrer...

Xandra, viens donc ici.
Je...Oui chef.

Elle se demanda si elle n’avait pas encore plus peur que le type qui faisait croire l’inverse assis sur son tabouret. C’est qu’il essayait presque de se montrer avenant le Bertrand. Xandra s’est forcé à lui sourire, sans trop savoir si elle y était parvenu.

Ses yeux se posèrent sur chaque outils, non elle ne pouvait pas faire ça. Aller massacrer du fangeux, planter une dague dans un type pour sauver sa vie c’était une chose, s’adonner à la torture, là c'en était une autre.

Elle avait relevé ses prunelles bleus pour les planter dans celles de son chef. Il n’allait pas lui laisser le choix, non. La rousse reporta son attention sur les outils, tentant vainement de gagner du temps…

Après avoir inspiré un grand coup, la rousse attrapa le marteau, ce qui lui apparaissait bêtement le moins barbare, et fit demi tour pour rejoindre “Jean”. Elle s'efforça de se donner une contenance qu’elle était loin de posséder en réalité.

Fais un effort mon vieux, plus vite tu parles, plus vite je peux quitter cet endroit et toi avec…

On dirait que tu vas devoir t’habituer aux femmes en arme plus tôt que prévue. Tu ne vas pas t’adresser au coutillier, mais à moi.

La rousse se planta face à lui, son marteau tapotant dans la paume moite de sa main gauche, les jambes légèrement écarté, bien stable.

Ecoute Jean, je n’ai pas envie de te faire mal, vraiment, tu as déjà le nez pété.

Elle appuya un peu sur le nez avec son marteau.

Je suis désolé…

Mais si tu continues à la boucler je vais y être obligé, vraiment…Tu comprends bien que je peux pas te laisser manquer de respect à mon supérieur ?

Quittant son marteau des yeux elle fixa le barbu.

Tu finiras par tout nous dire, autant que soit en faisant preuve de bonne volonté. On est pas des ingrats tu sais…Si tu te montre coopératif, si tu nous dis ce qui s'est passé, on ne l’oubliera pas.

Sa poigne se resserra un peu sur le manche, son regard s’arrêta sur la rotule du prisonnier.

Allez, parle...
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Philippe de Tourres
Philippe de Tourres



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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyLun 20 Juin 2016 - 14:26
Jean tressaillit à la vue du marteau. C'était clair que, pendant une fraction de secondes, il s'était chié dessus. Son visage était devenu tout pâle, et déjà qu'il transpirait à cause de la chaleur du petit foyer de flammes derrière, on pouvait maintenant clairement voir des gouttes d'eaux grosses comme des doigts couler le long de ses tempes, pour finalement venir se loger dans sa barbe.
Mais il se reprit. Il agita la tête lentement, avant de finalement rejeter ses yeux dans le regard de la milicienne. Il cracha par terre, aussi, peut-être pour se moquer d'elle, un moyen de vouloir dire : « Donne tout ce que t'as, poulette ».

- Écoute ma gaupe, j'suis pas une truffe. Toi t'as l'air d'avoir jamais fait ça, mais moi j'peux t'assurer qu'c'est pas la première que j'passe sur ce tabouret.
J'ai rien à dire. J'ai rien fait de mal. Fin de la discussion.


Bertrand était en train de fabriquer quelque chose derrière, avec le forgeron qui maîtrisait les flammes. Ils étaient en train de faire chauffer quelque chose, c'était clair. La voix du coutillier se fit forte, d'un coup. Il criait derrière, à l'attention de Xandra.

- Demande-lui qui est le corps !

Jean serra la mâchoire. Il se préparait à recevoir un coup. Mais entre ses dents, il se permit de siffler à la jeune milicienne qui tentait de le menacer avec un marteau.

- J'étais avec le roux, on sortait de Marbrume vendre du vin. On est tombés sur un cadavre et un banni. Il nous a fait rentrer dans l'auberge, pour parler, et comme il était armé on a pas voulu faire d'histoires.
Et là vous êtes arrivés et vous m'avez donné un coup de poing. Merci les gars ! Vous m'avez sauvé la vie d'un banni !
Maintenant vous pourriez me détacher ? Je suis déjà sûr d'être viré avec le retard que j'ai pris.


Bertrand revint, d'un coup, dans le dos du gus. Xandra demanda quel était le nom de ce vendeur de vin, et où est-ce qu'ils allaient amener les tonneaux.

- Pourquoi ? Vous allez faire des heures sup' ? Vous allez vous faire chier à aller à la Hanse parler à un vendeur et lui demander s'il connaît ma trogne ?
Rah, bravo la milice. Il y a la Fange dehors et vous vous occupez de ça !
J'ignore tout du gars qu'on a trouvé tué, ok ? Si j'le savais j'le dirai, et-

- Ouvre grand la bouche !

Bertrand tira les cheveux de Jean, de derrière le tabouret. Il le tira violemment, et enfonça entre les deux du garçon une pince chauffée, cela se voyait aux pointes rougies. Bertrand attaqua une molaire tout au fond, verrouilla la petite dent entre les crocs de l'outil, et il tira. Il tira de toutes ses forces. Jean hurlait et se débattait, ce qui était compliqué vu qu'il avait les pieds et les mains enchaînés entre eux. La prise de Bertrand, qui avait d'énormes biceps, se faisait redoutable. Il étranglait le suspect, qui se dandinait comme un vers, alors que le coutillier bougeait, bougeait, de gauche à droite, de manière à ce que la grosse molaire veuille bien quitter la gencive. C'était étonnamment long. Très long. Une torture insoutenable, avec en même temps les hurlements très aigus de la victime. Ce fut une véritable libération quand la dent fut retiré. Jean tomba de son tabouret et resta couché sur le ventre, sur le sol, à pleurer très fort et à faire des sortes de hurlements bizarres, comme un porc qui couinerait.
La dent retentit lorsqu'elle tomba sur le sol. Bertrand, les pinces dans une main, tira le col de Jean de l'autre, et l'obligea à se remettre sur le tabouret. Tel un comédien, il levait les bras en l'air et se donnait un air de bouffon amusé.

- On a toute la journée, Jean ! Et toi il te reste encore au moins vingt dents !

Il lui attrapa maintenant la gorge, et fit claquer les pinces entre elle.

- Arrête ! Arrête ducon ! J'vais parler ! J'vais !

Bertrand le lâcha et fit un grand sourire. Il partit au loin, dans le dos du suspect, qui se retrouvait maintenant à nouveau devant Xandra. Du sang n'arrêtait pas de couler de sa bouche, et il avait très mal. Cela se voyait à sa voix, paniquée, rapide, et en même temps, il parlait bizarrement, comme s'il l'ouvrait en même temps qu'il avait de la bouffe dans sa cavité.

- Le... Le vin c'est illégal... J'veux dire... C'est du vin de contrebande... C'est acheté au marché noir.
- Oh ? Le marché noir ? Tu sais donc pas que c'est pas bien ? Je veux dire... Tu vois, moi et Xandra, on fait un travail honnête et on reçoit un salaire. Sauf que le salaire, il est payé par notre honorable duc Sigfroi de Sylvrur. Et Sigfroi de Sylvrur, il peut avoir de l'argent grâce aux taxes. Et devine quoi ? Bah au marché noir il y a pas de taxes. Eh ouais. Du coup, en fait, en achetant du vin de contrebande... Bah... C'est nous que t'attaques.
T'as envie de voir à quoi ça ressemble, un milicien, quand tu l'attaques ?


Il revint devant Jean en lui collant un ciseau à bois sous les yeux. Et lentement, il traça le long de sa peau, sans enfoncer, pour aller juste sous l'oreille de Jean, se préparant à l'arracher.

- Merde ! Merde ! Non ! Bordel !
- 4 tonneaux c'est beaucoup pour une consommation personnelle.
- On d'vait le vendre le vin ! On d'vait le vendre ! À des bannis ! M'sieur !
- Les bannis qui achètent du vin ? J'aurai tout entendu... Bordel...
- Les bannis y trouvent des choses dans les ruines... Des choses qui valent cher... On troque ça contre du vieux pinard mélangé à du vinaigre et coupé à l'eau... Ça fait des mois qu'on fait ça... Le banni qu'vous avez arrêté c'est un habitué, et il v'nait avec le type qu'est mort. Ça devait être son pote je sais pas ! Il se contentait de rester silencieux pendant qu'on troquait, y regardait la charrette et c'est tout... 'Fin bref ils se sont battus, je sais pas pourquoi, alors qu'on allait faire la vente. Et là il... Il a sorti un couteau et il l'a tué comme un poisson !
C'est tout ! J'ai pas fait le meurtre !


Bertrand lui donna deux petites tapes sur l'épaule et alla ranger ses instruments de torture. Silence. Long silence. Jean fait un grand sourire, laissant un filet de bave et de sang partir du côté de ses lèvres.

- J'suis sûr... On peut... Trouver un arrangement.
- Désolé mon petit père. Si tu voulais nous corrompre, fallait le faire avant qu'on arrive à Marbrume. Là c'est trop tard.
On va te passer au rouge.
Et je parle pas du vin.
Ah ah ah ! Bordel ! Elle est trop drôle celle-là ! Faut que je la note quelque part !


Il fallut raccompagner Jean à sa cellule. Sur le chemin il avait dit des injures avec grande profusion, et s'était un peu débattu, donnant des coups de coudes un peu partout. Mais qu'importe. Il luttait comme un lapin piégé lutterait. C'était fini. Pour lui, venait le moment d'être banni, et d'affronter Marbrume dehors.




Philippe de Tourres n'aimait pas la caserne de la milice. Déjà c'était super loin du Temple, et il n'avait pas son cheval alors il était obligé de marcher tout le long à pied. Mais là le pire, c'est qu'on était venu le voir pour qu'il aille faire des rites, des sacrements. Cela voulait dire que notre prêtre préféré (Ou du moins celui dont j'arrête pas de raconter l'histoire, à toi, petite voix dans ma tête) était obligé de marcher tout le long du chemin dans sa soutane et ses habits blancs et rouges de clerc. La honte. Heureusement, deux choses rendaient ce « périple » de vingt minutes un peu plus cool. Déjà il faisait beau, alors il y avait pas plein de boue et de gadoue. Ensuite, il était escorté par un milicien, un petit gars armé qui gardait sa main sur la garde de son épée courte.
Mais c'était pas seulement pour ça qu'il n'aimait pas la caserne de la milice. C'était rempli de miliciens. Des ribauds, des routiers, des écorcheurs, des gens d'armes, des piquiers, des brigands... 'Fin appelez-les comme vous voulez. La soldatesque. Personne n'a jamais aimé la soldatesque. Les gens du guet, ces mecs armés qui pouvaient souvent être corrompus, violents, désœuvrés quand ils recevaient pas leurs soldes. Tout ça Philippe l'a connu bien avant la Fange. Quand il était tout jeune chevalier, il a pu voir de lui-même ce qui se passait quand une bande de mercenaires n'étaient plus payés à la fin d'une guerre privée ; Ils se servaient sur le peuple et martyrisaient les paysans. Aujourd'hui il y a la Fange, alors on peut penser, peut-être un peu naïvement, que la plupart sont des volontaires qui défendent la ville avec courage et honneur. Philippe n'y croyait pas, pas du tout. Pour lui la milice c'était juste une grosse bande de mercenaires, soumise bon gré mal gré à une discipline militaire assez violente, et qui risquait de péter le jour où le duc ne pourrait plus les payer.

Mais on en est pas encore là. Non. Pour l'instant, Philippe est amené vers la caserne centrale de la milice, là où ils s'entraînent ensemble et préparent leurs armements. Bien que Philippe soit haut-prêtre, on aurait pu croire qu'il avait mieux à faire que donner les derniers rites à un pendu. Grossière erreur : Il y a plus assez de prêtres. Surtout en journée, là, où ça courre partout pour s'occuper des malades et des fidèles au Temple. Le milicien en question, il est venu, il est tombé sur le père de Tourres, et il lui a dit de se ramener qu'on puisse vite pendre le banni. Il aurait bien aimé se battre, Philippe, faire la mijaurée, monter sur ses grands chevaux, crier au scandale. Mais le milicien devant lui il en avait rien à foutre. « Allez mon père, on se dépêche s'il vous plaît » qu'il racontait quelques fois en se tournant vers le vieux, parlant avec une voix douce comme s'il s'adressait à un vieux sénile.

Mais bref, on était arrivé à l'endroit où les militaires avaient établis leurs quartiers. Il passait devant l'un des grands bâtiments de pierre, quand il vit qu'on était en train de sortir des gens de leurs cachots pour les amener vers un homme qui chauffait, dans une cuve remplie de bois enflammé, un grand bâton en fer dont l'embout était gravé pour faire un joli « b ».
En voyant arriver le prêtre, l'un d'eux c'était excité, avait levé les bras en l'air, et s'était mis à hurler.

- Mon père ! Mon père ! J'vous en supplie attendez ! Vous devez m'aider ! Je veux parler à ma famille ! Ils veulent pas me laisser parler à ma famille avant de partir !

Qu'il ferme sa gueule, putain... Le père de Tourres n'avait aucune envie de perdre son temps avec des criminels qui allaient être jetés dehors. Non pas qu'il les haïsses particulièrement, non pas qu'il soit cruel et pense qu'ils méritent tous d'être virés dans la Fange. C'était juste inutile.
On l'amena à l'intérieur, et pis vers les cachots, jusqu'à ce qu'on le laisse planté devant une rousse qui montait la garde devant la cellule d'un prisonnier.

- Bonjour. Je suis le prêtre venu pour le pendu.
Qui est-ce ?


A l'intérieur de la pièce se trouvait le banni. Celui qu'on avait retrouvé ensanglantée, et qui n'avait pas osé dire le moindre mot, restant les yeux morts, catatonique.
La milicienne ouvrit la porte de la cellule, et Philippe lui fit un petit signe de tête pour acquiescer, avant de s'engouffrer à l'intérieur. Il attendit que la grille ne se referme derrière lui pour se présenter au criminel qui n'avait même pas daigné lever les yeux sur le clerc.

- Bonjour. Je suis Philippe de Tourres. Je suis venu te donner les derniers rites, afin que tu puisses quitter ce monde en paix, et que j'écoute tes dernières volontés.

Bien. Il avait enfin regardé le père Philippe, mais hormis ce contact visuel, il n'avait pas tellement réagit. Lentement, le haut-prêtre s'était un peu plus approché, et s'agenouilla pour se mettre au niveau du prisonnier.
Dehors, on entendait, par la fenêtre, les hurlements des bannis qu'on était en train de marquer au fer rouge. C'était bien sûr un procédé toujours douloureux, heureusement qu'il ne durait qu'un petit moment.

- Peux-tu me dire quel est ton nom, et où es-tu né ?

Il ne réagit pas. Et on va passer les détails. Pendant deux bonnes minutes, il va pas arrêter d'essayer de lui parler, de lui poser des questions sur tout et sur rien, même sur la météo dehors. Mais rien. Rien du tout. Il ne va rien tirer de lui.
Au bout d'un moment, Philippe va soupirer, foutre du sang béni sur le crâne du banni, réciter une prière et se casser. Quel gâchis. Tout ça n'aura servi à rien.
Mais alors qu'il se tourna pour s'approcher de la porte, le futur pendu hoqueta quelque chose, d'une voix faible et tremblante.

- Mon père !

Suffisamment pour briser l'élan du haut-prêtre. Il s'était détourné de la grille, avait les yeux bien écarquillés, les bras le long du corps.
Le banni avait les yeux injectés de larmes, alors qu'il tenta de parler.

- Je suis pas un honnête homme. J'ai mérité de me faire bannir. Et peut-être bien qu'être pendu c'est une bonne chose, ce sera mieux que vivre une autre nuit là dehors, dans les marais...
Mais l'homme... L'homme qu'on a retrouvé mort... C'est pas moi qui l'ait tué. Je jure devant les Trois, j'ai toujours avoué toutes mes fautes, mais tuer un homme ? Jamais. Jamais !


Il y avait de la sincérité dans ce qu'il disait. Enfin dans la façon dont il parlait. Bof. Des criminels qui disent qu'ils sont innocents, Philippe en a connu plein. Il ne le croyait pas trop. Il s'approcha à nouveau de lui, avec un air et une posture très sévère.

- Que viens-tu de dire ?
- Les deux contrebandiers qu'on va bannir... C'est eux les tueurs.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Ils sont paranoïaques, ils ont cru que... Que mon collègue... Qu'il allait les trahir à la milice. Ils ont pas compris ce qu'il a voulu dire... Le ton est monté, c'est... C'est... Ils ont sortis une épée... J'ai tenté de le sauver ! C'est pour ça que j'avais du sang sur moi ! Mais il arrêtait pas de saigner de partout, je... Je pouvais pas... Je pouvais pas arrêter l'hémorragie...

Philippe n'avait pas tout compris. Et il n'avait pas tellement envie de se mêler à l'affaire. C'était un truc de miliciens, lui ça le regardait pas.
Mais malgré tout, il avait donné une tape sur l'épaule du condamné et était ressorti aussitôt par la porte que la milicienne rousse venait d'ouvrir.

- Il faut aller voir votre supérieur. Je ne comprend pas ce qu'il raconte, vous comprenez vous ?

Xandra avait effectivement pu entendre la discussion entre les deux ; C'est que ce n'était qu'une grille qui les séparaient, pas une large porte en bois.

- C'est qui ces contrebandiers dont il parle ?
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyLun 20 Juin 2016 - 16:11
Xandra n’était pas prête d’oublier un interrogatoire façon Bertrand Longuehampe. Quand ce con de “Jean” avait craché par terre elle avait comprit que c’était rapé pour lui. En réponse à son petit regard désagréable, la rousse avait vaguement penché la tête et pincer ses lèvres, façon de dire “tans pis pour toi mon pote”. Elle avait fait de son mieux, elle n’était pas responsable de la suite.

J'ai rien fait de mal. Fin de la discussion.

T’as mal joué, Jean…

Puis, comme elle s’était apprêté à jouer du marteau avec sa rotule, il s’était enfin décidé à parler, tans mieux, elle n’en avait pas particulièrement envie. Les questions s’étaient enchaînés, un peu, il répondait sans hésiter, il avait l’air de ne pas douter. Puis était venu le moment, ce terrible moment avec la pince, les hurlements, la vision du visage du type, le calme serein de Bertrand. Rien que de le voir faisait mal à Xandra, pâle commun linge, qui s’imaginait à sa place. Après tout elle avait tué, volé, mentit, jouer avec la milice. Peut être qu’il l’avait choisis pour ça ? Misère…Elle déglutit difficilement, elle crut que ce moment n’allait jamais s'arrêter.

Elle restait là, à regarder le type roulé en boule par terre, son marteau pendant bêtement dans la continuité de son bras. Puis le coutiller l’avait relevé, elle avait retrouvé ses esprits, il lui foutait un peu les flûtes le Bertrand tout à coups. Il y prenait un peu trop de plaisir non ? C’était juste sensé être un mauvais moment à passer pour lui comme pour eux. Xandra se disait que ses anciens camarades, pourtant du mauvais coté de la barrière ne lui semblaient pas aussi...mauvais. Peu importe, ça fonctionnait, il se mettait sur la table avec plus de ferveur le “Jean” qui ne s'appelait sûrement pas Jean, sauvant son oreille. Elle qui s’était demandé à quoi pouvait bien servir le ciseau, elle en avait une petite idée maintenant. Enfin, enfin ce moment avec prit fin sur une petite plaisanterie pleine d’esprit du coutiller, Xandra avait fait un effort pour sourire et même lâcher un petit rire timide mais elle n’arrivait pas à penser à autre chose qu’à la dent du peut être Jean qui traînait par terre, juste là...

***

Puis elle avait un peu oublié maintenant que c’était finis, tandis qu’elle surveillait la cellule du bannis en attendant le prêtre, comme le lui avait demandé le coutillier. Elle était plutôt contente de s’être débarrasser de lui. Elle lui jetait des petits coups d'oeil en coin, elle repensait au bannis qui lui avait sauvé la vie. De temps en temps la rousse était obligé d’insulter des prisonniers pour qu’il la boucle, l'assassin présumé lui, il continuait de ne rien dire du tout, peut être qu’il ne savait même pas qu’elle était là, à le fixer.

Après un moment qui lui sembla durer une éternité, elle entendit des bruits de pas dans l’escalier, puis reconnu la robe d’un prêtre. Elle avait décidé de ne plus trop croire à la trinité depuis l'arrivée des fangeux, elle se sentait un peu coupable tandis qu’il descendait la dernière marche et qu’elle découvrait son visage.

Bon, bonjour mon père. C’est un bannis, il refuse d’ouvrir la bouche depuis qu’on l’a trouvé au dessus d’un corps. Peut être que vous réussirez à le faire parler ? A moins qu’il soit muet ou en état de choc.

C’était peut être un accident, peut être qu’il avait pas voulu le tuer, peut être qu’il avait jamais tué avant, ça avait pas été simple pour elle...

Xandra avait ouvert la cellule, laissant le prêtre entrer.

Je reste là pour assurer votre protection mon père.

Reprenant sa position, la milicienne n’arrivait pas à faire autre chose que de les fixer, concentré sur la conversation qui avait longtemps gardé des allures de monologue avant que le bannis n’ouvre enfin la bouche. Xandra trouva qu’il avait l’air sincère, d’autant que l’un de deux types avait un fourreau d'épée, pas lui, et que la plaie pouvait bien correspondre...

Le front soucieux, la rousse fixa le prisonnier tandis qu’elle laissait sortir le prêtre pour refermer la grille derrière lui à la hâte.


Oui, je vais aller prévenir le coutiller Longuehampe, mais avant...il faut que je vous dise quelque chose.


Les yeux pales et soudain inquiet de la rousse se posèrent sur ceux de l’homme imposant qui lui faisait face.

Je comprend parfaitement ce qu’il dit oui. Les deux hommes que vous avez dû croiser en venant, ou ceux que vous avez entendu brailler là haut, qui se font marquer, ils vont être bannis. Ils étaient sur les lieux en même temps que lui. Ils étaient tout les trois prêt du corps de la victime, lui là, il lui faisait face.

Xandra hésite, puis se lança :

Ecoutez mon père, je vous en prie. Je suis de la milice extérieur, un jour j’ai été capturé par des fanatiques, enfin c’est pas ça qui est important, y a un bannis qui ma sauvé la vie, un métèque, avec deux doigts en moins, je me souviens parfaitement de lui. Je suis sur qu’il est pas coupable des crimes qu’on lui a collé sur le dos.

Xandra avait tourné ses yeux vers le type dans sa cellule avant de s’approcher pour murmurer au père :

Et lui, peut être qu’il dit la vérité. Il avait pas de fourreau d’épée, l’un des contrebandiers si...
Aidez moi à le faire parler, il faut qu’il répète ce qu’il a dit devant mes supérieurs et qu’on interroge à nouveau les deux autres gars, s’il vous plait…
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Philippe de Tourres
Philippe de Tourres



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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyMar 21 Juin 2016 - 12:28
Malachite !

Bordel de pute à traîneau. Elle connaissait Malachite ! Ah le con ! Qu'il aille crever en enfer ! Cet abrutis parvenait à toujours se faire remarquer. Rien qu'en ayant entendu sa description, le père de Tourres avait affiché sur son visage un sourire très figé, les sourcils un peu froncés. Il allait pas faire la remarque. Il avait pas envie d'être lié avec un criminel, quand bien même il vivait à Traquemont. Non, il se contentait d'agiter lentement la tête de bas en haut, avec le même sourire très figé, énervé.

Et pourquoi elle parlait de Malachite d'ailleurs ? Philippe ne comprenait pas bien le rapport. Il n'aimait pas non plus le ton qu'elle employait, à clamer l'innocence des gens. Parce que Malachite connaissait Malachite, et s'il y avait une chose qu'il savait, c'est que le métèque n'était pas innocent.

- On peut laisser cet homme dans sa cellule, non ? Il ne va pas disparaître ? Je vais juste aller voir votre coutillier afin que je puisse lui expliquer ce que j'ai entendu.
Où il est ?

Ayant été un peu pète-sec, le Philippe put suivre la rousse jusqu'à dehors, après qu'on se soit bien sûr assuré que le banni était verrouillé dans sa cage. Il fallut remonter jusqu'à la caserne, et sortir dehors. Et là...
Rien.
Rien, que des miliciens. Bertrand Longuehampe était en train de ranger du barda, des trucs métalliques qui traînaient. Il vit le père de Tourres et la rousse sortir, et fit un grand sourire.

- Ah ! C'est bon alors ? Il a piaillé ? On peut le pendre ?
- Les gens que vous venez de marquer au fer, les bannis, ils sont où ?
- Bah... On les a emmenés à la porte du Crépuscule pour les expulser. Pourquoi, y a un problème ?
- Je pense que les deux contrebandiers que vous avez arrêtés sont à l'origine du meurtre dont le « pendu », comme vous dites, est accusé.
- Ah. Oui. C'est fâcheux. C'est très fâcheux !
Z'inquiètez pas padré. On va s'en occuper.


Il siffla pour qu'un de ses hommes n'arrive. Il lui expliqua la situation, avec le même ton qu'il avait l'habitude de le faire : Violemment et plein de jurons. Le milicien agita la tête, puis fonça en courant récupérer un cheval pour foncer dans les rues de Marbrume, arrêter la charrette qui servait au transport des prisonniers.

- V'nez donc avec moi, on va les chercher.

Pendant que le cavalier fonçait en sprintant, pour se dépêcher d'arrêter le wagon avant qu'il ne parte et que ce soit trop tard, les trois trottaient derrière. Ils étaient rapidement distancés par les lourds pas de la bête dont les sabots claquaient avec un petit écho contre quelques dalles de pavé, puis contre les chemins de terres et de cailloux.
Ils arrivèrent cinq minutes plus tard, sans savoir ce qui venait de se passer. Sans comprendre quelle rixe il y a pu avoir. Aucun détail, aucun moyen de savoir. Mais les miliciens étaient autour de la charrette ferrée, dont la cage avait été grande ouverte : Il y avait des bannis écrasés au sol, le ventre au sol, tandis qu'autour des hommes armés s'agitaient.

- Il se passe quoi ?! Il se passe quoi ?!

- Ils se sont échappés !
- Quoi ?!
- On a ouvert la cage pour récupérer les deux contrebandiers, et ils ont forcé la sortie ! J'suis désolé ! On pouvait pas savoir !
- ESPECE DE CON !

Heureusement, bordel, Dieux mercis, tous les miliciens ne s'étaient pas échappés.

- Déployez-vous ! Vite ! Réveillez le guet ! Faut qu'on les retrouves !

Et d'un coup, Longuehampe pointa son doigt vers Philippe.

- Mon père ! Venez nous aider !
- Mais je...
- Au boulot ! Allez ! Ils sont pas durs à trouver, ils ont une marque au fer rouge sur le bras !
Vite, vite, fouillez les ruelles, démerdez-vous ! Fouillez !
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyMar 21 Juin 2016 - 16:49
Xandra avait le sentiment d’avoir fait une grosse connerie en parlant avec le prêtre, il était là avec son sourire tout crispé, peut être même forcé. Oh oui la rousse se disait qu’elle avait raté une occasion de se taire…

Elle commençait à se sentir un peu moins à l’aise, regardant ses chaussures, comme pendant l'interrogatoire du barbu. Xandra s’en voulait d’avoir abordé la question de l’autre bannis pour essayer de dire que celui là aussi était peut être pas aussi coupable qu’il en avait l’air. L’histoire des fanatiques c’était tellement tiré par les cheveux... Peut être qu’il la croyait pas du tout, pire encore, peut être qu’il s’imaginait qu’elle était pas très réglo, ou bien il avait juste envie rentrer au temple et de faire ses...trucs de religieux.

Peu importait, c’était trop tard maintenant, et comme il avait repris la parole, elle s’était empressé d’enfermer le banni à double tour.

Je vais vous conduire à lui immédiatement, mon père.

La rousse avait retenu un long soupire avant de s’engager dans l’escalier le prêtre sur les talons, ils avaient pas mis longtemps à retrouver le Bertrand, elle avait un peu peur de ce qu’il allait lui dire le religieu.

Chef…

Ah ! C'est bon alors ? Il a piaillé ? On peut le pendre ?

Dites non, dites non…

Les yeux bleus de la rousse s’étaient posé sur Philippe de Tourres. On peut pas dire qu’elle se sentait plus à l’aise là, planté à coté de lui à lever le nez pour réussir à le regarder, mais elle aimait la tournure que prenait les choses.

Xandra avait donc suivit le prêtre et son supérieur dans les rues avec un certain empressement, puis elle avait compris...

ESPECE DE CON !

Je ne vous le fait pas dire...

Ça commençait déjà à s’agiter dans tout les sens, deux miliciens avait déjà prit la direction du guet, puis elle avait vu la mine déconfite du prêtre, enrôlé de force pour crapahuter dans Marbrume, il avait pas l’air ravis, difficile de le lui reprocher…

Longuehampe avait répartit ses effectifs pour couvrir le plus de distance possible, beuglant ses ordres sur les hommes qui s’étaient déjà mit en route dans un joyeux bordel.

Je suis sure qu’ils sont toujours dans le labourg, c’est le seul endroit qu’il a cité…

Le barbu avait peut être mentit, probablement, mais c'était un début. Xandra ne s’était pas vraiment adressé au coutillers, qui ne l’écoutait pas, ni au prêtre, c’était plus une réflexion personnelle prononcé à haute voix...
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Philippe de Tourres
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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyJeu 23 Juin 2016 - 18:02
Partout dans le quartier de la milice, l'ambiance avait changée. Enfin, c'était peut-être bête de la part des bannis d'avoir soudainement fuit, parce que maintenant ils se retrouvaient à courir, poursuivis par des hordes de militaires en colère qui hurlaient de toute la force de leurs poumons.

- MILICE ! MILICE DE MARBRUME ! ARRÊTEZ-VOUS !

L'un d'eux se retrouvait à bousculer les passants dans les rues étroites et à faire tomber des étals de marchands, à jeter tout ce qu'il trouvait derrière lui pour ralentir les hommes de loi qui devaient sauter, esquiver, parfois ils se retrouvaient à glisser, à s'écorcher les genoux ou même à se fracturer la tête, uniquement sauvés par leurs casques.
Mais la plupart des fuyards n'eurent pas la chance de partir bien loin. Au détour d'un virage, parce qu'ils étaient trop lents, ou par malchance, ils étaient jetés à terre par un coup de pieds dans les rotules, ou juste rattrapés quand l'un des soldats leur tiraient le vêtement. Projetés, ils étaient alors roués de coups, de bottes ou de gourdins, pour pouvoir être maîtrisés, et ramené manu militari jusqu'à la charrette cagée de laquelle ils avaient fuis.

Malheureusement la milice était tout juste en train de se réveiller. Des hommes fonçaient vers les postes de garde, les petits fortins où restaient en faction quelques vigiles. Alors on sonnait de petites cloches, pour que les hommes de lois s'équipent et partent à la chasse aux bannis, avant qu'ils ne fuient et ne s'éparpillent dans toute la ville, sinon, on en aurait pour des heures, des jours à tenter de leur remettre la main dessus. Dieux merci, ils avaient sur leur bras un signe d'identification évident, ce n'allait pas être dur de demander à tout le monde de lever sa manche. Mais quand même.

Enfin on en est pas encore là. Non. Pour l'instant la milice n'est pas totalement en alerte. Seuls quelques gardes autour de la charrette tentent de savoir quoi faire. Philippe se sentait très très mal. Il n'était pas militaire, son travail n'était pas de courir après les criminels, mais Bertrand Longuehampe lui avait donné un ordre très précis, d'autant plus que pour l'instant peu étaient les gens de pieds à partir traquer les repris de justice. Pas parce qu'ils étaient paresseux. Parce qu'ils étaient débordés. Une dizaine de bannis étaient partis en vadrouille, et il n'y avait autour qu'une demi-douzaine de miliciens.

Xandra se retrouvait donc seule avec le prêtre, enrôlé bien malgré-lui, ainsi que le vieux Raymond, le milicien âgé et qui savait pousser la chansonnette. Il était protégé par une simple jaque, un chapel de fer sur le sommet de la tête, et une épée courte de mauvaise facture à son fourreau. Il écouta la milicienne faire une suggestion, ce qui, visiblement, ne lui plus pas. Puisqu'il cracha par terre avant de hurler de sa voix rauque :

- Non mais petiote, y viennent juste de fuir tes bannis ! Y sont pas d'jà au labourg !
- Le labourg est juste à côté. Par où ils ont fuis les contrebandiers ?
- Ch'sais pas. Ils sont partis dans tous les côtés, hein.
- Mon fils, réfléchis avant de parler ! Par où sont-ils passés ?!

Le vieux serra les dents, avant de pointer une direction générale qui semblait indiquer une ruelle. Alors, les trois y allèrent en trottant, s'éloignant ainsi de la porte d'entrée de Marbrume.
Problème, eh bhe : C'est qu'il y avait plein de gens, mais personne de bien utile. Il y avait un vendeur devant un petit étal, des habitants qui regardaient aux fenêtres, au loin un prêtre qui était en train de faire un sermon, dressé sur un tas de pierres. Il fallait y aller, s'enfoncer, chercher une trace de bannis.

- Heu... On fait quoi dans ce genre de situations, soldat ?
- Bah on va interroger des gens, mon père. Vous croyez quoi ?

Quelques personnes semblaient excitées de l'arrivée soudaine de miliciens accompagnés d'un prêtre, surtout qu'on entendait des hurlements et des sifflets derrière. Quand les hommes de lois s'agitent, c'est pas bon signe, et voilà que le trio était dévisagé.
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Xandra ErkalMilicienne
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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyDim 26 Juin 2016 - 18:51
Xandra se demandait si le vieux Raymond n’avait pas pointé du doigt la première ruelle venu pour faire plaisir au prêtre ou plutôt pour ne pas passer pour un vieux sénile aux capacités d’observations laissant à désirer…

La rousse avait l’habitude de repérer les bourses accrochés aux ceintures, ses petits camarades voleurs, mais pas les fuyards, mais au bout du compte elle se disait que ça ne devait pas être si diffèrent. La rousse posait donc ces yeux partout dans la ruelle à la recherche du moindre indices, de la moindres traces de ceux qui avait refroidis le type ce matin, essayant de se souvenir d’eux, de leurs vétements. Les autres ne l'intéressait pas, quand bien même il passerait sous son petit nez. Ce n’était pas forcément très professionnel mais tuer un innocent, même un bannis, l’était encore moins à ses yeux et elle était décidé à leurs mettre le grappin dessus. Xandra était beaucoup de chose, surtout têtue...

Comme ses deux compagnons improvisés prenait la parole, Xandra, perdu dans ses pensées, ralentit et se tourna vers eux. Elle espérait qu’ils se soient enfuis dans les bas quartiers, ce serait plus facile pour elle, la rousse connaissait bien ce coin, surtout ceux ou les miliciens évitaient de trop s’enfoncer. Mais pour le savoir, Raymont avait raison, il fallait poser des questions.

Heu... On fait quoi dans ce genre de situations, soldat ?
Bah on va interroger des gens, mon père. Vous croyez quoi ?

La rousse désigna le marchand du menton.

Il faut bien commencer par quelqu’un…


Surtout, elle n’avait pas envie de perdre de temps, parce que la chance et le hasard ne serait pas suffisant, et puis les regards appuyés la mettait mal à l’aise, après tout sa spécialité s’était de les éviter, justement…

Occupé à ranger ses fruits pour se donner l’air occupé, le marchand jetait de temps à autre des regards en coin en direction des membres des forces de l’ordre et du prêtre. Il releva le nez, l’air faussement surpris de les voir, et sourit.

Bonjour monsieur, j’imagine que tout ce remue ménage ne vous a pas échappé. Nous cherchons des fuyards, deux en particulier. L’un est un homme dans la trentaine portant la barbe, l’autre est tout jeune et ses cheveux sont roux, comme les miens. Avez vous vu quelqu’un ressemblant à cette description ou tout autres personnes semblant fuir ?

Qu’est ce qu’ils ont fait les deux hommes que vous cherché ? Çà doit être grave pour que vous les cherchiez plus particulièrement ?


Penché au dessus de son étal, le marchand avec un air conspirateur, tout ça semblait l’exciter beaucoup.

Ne répondez pas aux questions par d’autres questions mon bon monsieur.

Il avait pas l’air de plaisanter le milicien, Raymond avait sûrement envie de rentrer, de passe à autre chose, comme le prêtre, comme beaucoup, sauf ceux qui était bien content de tapper sur du vilain sans se faire taper sur les doigts.

Le trentenaire se renfrogna un peu, et se tourna à nouveau vers la rousse avant de répondre un peu vif.

Désolé, je n’ai rien vu.

Xandra interrogea Raymond et le père De Tourres du regard, est ce qu’il semblait dire la vérité, est ce qu’on continuait de le cuisiner ou on passait au suivant ?


Dernière édition par Xandra Erkal le Mar 28 Juin 2016 - 8:47, édité 1 fois
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Philippe de Tourres
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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyLun 27 Juin 2016 - 16:39
Et comme d'habitude, personne n'a rien vu et rien entendu ! Comme par hasard ! A la bonne heure ! Être milicien c'est vraiment pas un boulot pas facile, et les gens aident pas. Raymond tentait de s'approcher de gens, mais ils s'éloignaient en faisant non de la tête, en pressant le pas, en s'échappant dans leurs maisons, à répondre à demi-mots aux questions des forces de l'ordre. Cela allait vraiment pas rendre les choses faciles.

A un moment, alors que le prêtre et la rousse s'éloignaient du marchand, ils passèrent devant un prêtre qui faisait un prêche devant une audience très réduite. Seuls quatre vieux l'observaient debout sur son muret en pierre. Raymond mit ses doigts à la bouche pour siffler et attirer son attention.

- Hey Padré ! T'aurai pas vu des gens courir y a pas deux ?!
- Mon fils, je n'ai rien vu de tel ! Répondit-il en levant ses mains au ciel.
- C'est ça ouais ! Céti qu'tu m'prendrai pas pour un blaireau des fois ?!
- Mon fils, fit le prêtre choqué, mettant ses poings sur les hanches ; Je n'aime pas trop ces accusations. Je ne vous mentirai pas si-
- Ouais c'est bon ! Ta gueule !

Il leva sa vouge, Raymond, une longue arme d'hast dont la hampe était collée à son flanc. Il continuait d'aller dans la ruelle, à la recherche du moindre bandit ou quoi que ce soit qui s'en rapprochait, jetant de petits coups d’œils furtif derrière-lui pour bien observer que les deux autres étaient en train de le suivre.

- C'est du propre dites donc !

- Comment se sont-ils échappés ? Comment avez-vous été si incompétents ?
- Eh ! Le prêtre ! Tu la fermes, tu connais pas not' boulot ! On a eut un mec à cheval qu'est venu, il nous a dit qu'on devait ouvrir la cage car deux bannis d'vaient rester en ville. Sauf que sitôt la grille déverouillée, ils ont poussé tout en même temps et se sont jetés sur nous, et enfuis de tous les côtés ! On a tenté de les rattraper, mais vous avez bien vu, on les a pas tous !

Philippe acquiesça d'un mouvement de tête, de haut en bas. Qu'importe. C'était pas son rôle de critiquer les forces de l'ordre dans leur grave tâche.
Le problème, c'est qu'ils étaient maintenant perdus à l'entrée de Marbrume, dans un quartier où les gens étaient tout sauf coopératifs.

- A votre avis, mon fils, qu'est-ce que les bannis cherchent à faire ?
- Se cacher. Être banni c'est pire que la peine de mort. Au moins s'ils restent clandestins dans le bas-quartier ils ont une chance de survivre. Tant que leur bras est caché...
Chaque minute qu'on perd, là, c'est une avance qu'ils creusent sur nous. M'étonnerai qu'ils se sont échappés bin loin. Faut voir où qu'un homme peut se cacher ici.


Où est-ce qu'ils s'étaient cachés ? Dans une ruelle ? Dans une maison ? Dans un commerce ? Impossible à dire. C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

- Vous n'obtiendrez jamais rien en demandant aux gens, soldats. Vous allez voir comment on s'y prend.

Il fit un signe de main pour demander à la rousse et au vieux de s'arrêter. Et alors, Philippe s'éloigna pour traverser la rue, s'approcher d'un petit pare-terre d'herbes pour aller devant quelques bourgeois de Marbrume qui étaient réunis devant un vieux bâtiment.

- Quoi qu'il fout ? Tu lui fais confiance à ce curé ?

Philippe héla le groupe et entama une discussion avec eux. Impossible de savoir qu'est-ce qu'il leur racontait à cette distance. Probablement qu'il s'amusait à leur faire un prêche de prêtre, à leur demander de l'aider, pour la défense de Marbrume et tout le tralala...
En réalité, il était en train de les menacer. Cela se vit lorsqu'il pointa du doigt, au loin, Xandra et Raymond, pour que les manants puissent observer.
Mais au bout d'un petit moment, le haut-prêtre sorti une escarcelle de son mantel.

- Soixante sous à celui qui me dira où les bannis sont partis.


L'un d'eux dit une information. Philippe lui jeta sa bourse et les remercia avant de revenir auprès des deux.

- Alors ?
- Le petit dit qu'il a bien vu deux gens partir. Ils se sont cachés dans une boulangerie et il les a pas vu ressortir.
- On y va alors !

Ils se pressèrent, les trois, pour faire quelques trottinements jusqu'à un coin de ruelle, où se dressait un vieux bâtiment en bois, assez misérable, à la façade effritée. Mais il s'en échappait une bonne odeur de pain chaud. Pas du bon pain blanc, une sorte de mélange assez infect de blé, de seigle, de châtaigne. Au moins ça nourrissait. A l'intérieur, il y avait une bonne dizaine de clients qui faisaient la queue, et derrière le comptoir se trouvait un petit boulanger, Michel (Ou « Michou » pour les intimes du Labourg), et sa femme, Gésemonde. En voyant arriver les miliciens armés, les deux étaient devenus tout pâles.
Philippe, lui, restait en arrière, à l'entrée.

- Que... Que pouvons-nous faire p-pour vous ?


Dernière édition par Philippe de Tourres le Mar 28 Juin 2016 - 10:32, édité 1 fois
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Xandra ErkalMilicienne
Xandra Erkal



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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyMar 28 Juin 2016 - 9:59
Xandra en avait un peu marre, pas de chercher non, plutôt de se faire rembarrer. Elle en avait assez de l’attitude des gens à leurs égard. Raymond n’était pas particulièrement avenant, ce qui n’aidait pas. “Ta gueule”, il avait dit ça à un prêtre…
Autrefois les choses auraient été plus facile, elle serait aller voir ses contacts et les aurait obtenus ses réponses. A présent tout le monde dans la rue savait que Xandra Erkal était devenue une saloperie de milicienne et si on la tolérait, elle ne pouvait pas espérer plus.

Pour l’heure elle se contenait d’ouvrir l’oeil et d’espérer que quelqu’un accepte enfin se mettre à table et de se faire engueuler par Raymond quand elle essayait de le calmer un peu. Sa grossièreté gagnait en intensité comme ils continuaient de perdre leurs temps, son arme battant le pavé au rythme de ses pas.

A votre avis, mon fils, qu'est-ce que les bannis cherchent à faire ?

La rousse avait acquiescé aux propos de Raymond. Ils se terraient oui, chez des amis, de la famille, chez des gens prit en otage, ils pouvaient être partout et dans ce quartier on serait encore moins enclin à les aider, il fallait les retrouver et vite…
Xandra se disait qu’ils allaient devoir se montrer beaucoup plus menaçant.

Il va falloir se montrer moins aimable…Encore moins je veux dire, ajouta la rousse à l’attention du milicien.

Qu’est ce qu’il faisait le père Tourres à s’éloigner là ? Elle était un peux vexé de son sous entendu, comme s’il pouvait faire mieux ! Les bras croisés, sceptique, elle le regardait s’éloigner, les sourcils légèrement froncés. Elle se sentait le devoir de le protéger, aussi, maintenant qu’ils se retrouvaient dans cette situation étrange, à bosser ensemble et elle surveillait les faits et gestes de tout ceux qui se tenait trop prêt de lui à son gout.

- Quoi qu'il fout ? Tu lui fais confiance à ce curé ?

La rousse hésita avant de répondre, se remémora la journée depuis le début puis prit sa décision, avec un sourire en coin.

Ouais, complètement.

La rousse eut un mouvement de recul quand les gestes du haut prêtre les désignèrent elle et Raymond. Il avait l’air pas très content le padré. Mais elle ne rêvait pas, il payait les informations ?

Je savais pas que les prêtres faisait ce genre de trucs…

Enfin bref, c’était un haut prêtre qui crapahutait dans les bas quartiers pour disculper un bannis avec une vieu milicien et une femme, on était plus à une surprise prêt…

Bien joué mon père.


Elle n’allait pas ajouter quoi que ce soit de plus, c’était un peu humiliant…
Xandra espérait presque qu’il se soit fait avoir et que l’information soit fausse. Non, le plus important c’était de les retrouver, et vite ! Elle faisait des efforts pour cacher son empressement.

- Que... Que pouvons-nous faire p-pour vous ?

Xandra décida de laisser Raymond répondre au boulanger. Elle se fraya un chemin entre les clients, jeta un oeil dans l’arrière boutique. Il lui sembla percevoir un bref mouvement mais elle n’en était pas certaine dans le doute elle n’avait pas trop le choix. Elle se tourna brievement pour faire un signe de tête au prêtre, désignant l’endroit du menton, histoire de prévenir. Comme la rousse se tenait maintenant au niveau du comptoir, la boulangère se mouva devant elle.

Vous ne pouvez pas aller derrière, question d'hygiène m’voyez ?

Mais bien sur…

Y a quoi là bas ?

Xandra prit volontairement un air un peu naif.

De quoi faire du pain, évidemment. Les four, les farines...

Très bien.

Mais au lieu de faire demi tour comme la boulangère le pensait, ça se voyait dans son expression soulagé, la milicienne se glissa entre elle et le mur et rejoignit l’arrière salle en deux enjambés précipités. Il faisait chaud là dedans, mais elle n’eut pas vraiment le temps d’y penser, esquivant de justesse un coup magistrale de pelle à pain. Le roux en profita pour passer en trombe entre et elle et le barbu qui tenait toujours son arme improvisé et fonça entre les clients, les bousculant. Xandra était certaine qu’il ne passerait pas entre les pattes du prêtre et Raymond se ferait un plaisir de le cueillir.

En attendant, le barbu avait envie d'en découdre...
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Philippe de Tourres
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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyMer 29 Juin 2016 - 16:50
L'attaque de la pelle à pain fut violente et saisissante, comme un boulet de trébuchet qui fonçait à pleine vitesse ! Ou pas.
Enfin voilà que l'un des bannis s'enfuit en courant et en hurlant. Philippe ne sut que trop faire vu qu'il n'était pas milicien, alors, tout en détournant le regard, il se contenta de tendre sa jambe devant la porte de sortie. Un magnifique croche-pied dans lequel le fuyard le plus rapide se prit la cheville, s'écrasant tête la première sur le trottoir juste dehors. Il s'éclata le nez direct, mais ça ne l'empêcha pas de se relever très vite et de s'enfuir, le temps que Raymond fonce en hurlant et en sifflant juste derrière lui comme un chien à la poursuite d'une saucisse, gêné dans son élan par la longue hampe de son arme d'hast.

Bon, au moins ça faisait un de pris.
Mais pour l'instant dans la boulangerie c'était toujours le bordel. Xandra était obligée de lutter face à un expert de la pelle à pain, à croire qu'il s'était spécialisé dans l'usage de cette arme redoutable. Un dieu de la pelle. Donnant des petits coups devant lui pour la faire reculer contre le mur, puis la poussa en donnant un coup de manche, il était maître dans le maniement de cet outil à l'usage insoupçonné. Un peu timide, Philippe s'était approché lui-aussi de l'arrière boutique, sans pour autant avoir envie de se mêler de leur rixe infernale. Parce qu'il était pas milicien, d'abord. Mais surtout parce qu'il avait pas envie de se manger le bout de l'arme.

- Mon fils ! Calme-toi enfin ! Tu ne dois pas !

Raté ! Alors qu'il s'approchait, voilà qu'il se bouffa la pelle en pleine tronche. Philippe s'écrasa comme un sac de farine (C’était le cas de le dire) tandis que le banni fit demi-tour, et se jeta à travers une fenêtre ouverte. Putain il était agile. Il était passé juste sous le nez de la rousse, la pauvre n'avait rien pu faire. Et voilà que le banni s'échappait, courant comme un poulet décapité à travers les ruelles sales du goulot. Fort heureusement, Xandra put voir au loin jusqu'où il allait. Dans une petite ruelle, qui menait vers une allée sombre où il se cacha dans un coin, sûrement en embuscade.
Philippe s'était relevé, se tenant sa mâchoire anéantie.

- Arf... Chai mal...
Oùch il chest ? Hein ? Minche... Che vois des étoiles !


Il avait peut-être une dent cassée, difficile à dire. En tout cas il se tenait la joue, il avait l'air d'avoir mal.

- Par où chil est paché ?
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Xandra ErkalMilicienne
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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyJeu 30 Juin 2016 - 11:16
Xandra essayait de ne pas prêter attention aux clients bruyants qui s’agglutinaient à l’entrée de l’arrière salle, sûrement n’avaient ils jamais assistés au combat d’une milicienne contre un barbu armé d’une pelle à pain ! C’est plutôt, voir carrément incongru…

Elle eut envie de leurs aboyer de dégager, parce qu’elle en chiait en fait, c’était un peu humiliant, comme si le type avait manié ça toute sa vie. Mais dans un sens il ne risquait pas de s’enfuir par le même chemin que son petit copain comme ça.
La milicienne ne pouvait pas faire grand chose parce qu’il l’avait prit par surprise, qu’il avait de la portée et que la pièce n’était pas assez grande, bizarrement elle n’avait pas été conçus pour les duels de pelles à pain.

Elle sentit la présence du prêtre qui se frayait un chemin jusqu’à eux. Elle avait espéré qu’il soit partit avec Raymond récupérer le roux parce qu’il était évident que son adversaire n’avait pas l’intention de se faire attraper et qu’il était prêt à tout. On pouvait le comprendre aisément. Xandra fit un signe de négation au haut prêtre.

Mon père, restez en...retrait...

- Mon fils ! Calme-toi enfin ! Tu ne dois pas !

La seconde que s’accorda la rousse pour regarder, horrifié, le père De Tourres, fut suffisant pour que le bannis se fasse la malle.

Fais chier !

La rousse se précipita derrière lui, se pencha à la fenêtre pour voir par ou il s’enfuyait. Comme les passants s’étaient figés de surprise, ce ne fut pas difficile de suivre sa course effréné des yeux. La rousse eut un léger sourire avant de se retourner pour aider le prêtre à se remettre debout, mais il n’avait pas eu besoin d’elle.

- Arf... Chai mal...

Je me doute mon père, je suis désolé…

Xandra était sincèrement désolé mais aussi un peu amusé, juste un peu, mais quand même…
Elle se retint de sourire, parce que ce n’aurait pas été très polit, parce que le prêtre n’avait déjà pas l’air de beaucoup l’apprécier et surtout parce qu’elle n’avait pas perdu de vue son objectif de sauver le bannis.

Oùch il chest ? Hein ? Minche... Che vois des étoiles !


Xandra le précéda, jouant des coudes sans politesse jusqu’à l’extérieur. Peut être qu’elle aurait du lui dire d’attendre au religieux, de se reposer. Mais il n’avait par l’air de vouloir rester en arrière. De toute façon au point ou on en était, ça ne pouvait pas être pire pour lui, du moins elle l’espérait.

- Par où chil est paché ?

J’ai ma petite idée sur la question. Venez mon père !

La rousse sortit, ne chercha même pas Raymond, au contraire, il fallait se dépêcher et il n’avait pas vraiment le profil pour l’idée qu’elle avait en tête. Le vieux manquait un peu de...subtilité.

La milicienne et le prêtre, milicien improvisé du jour, arrivèrent bientôt à la porte d’une maison. La rousse frappa, une fois, deux fois, très fort, sans aucune patience. Une femme lui ouvrit, un peu apeuré. Xandra la bouscula en entrant.

Milice de Marbrume. Bonjour. Le haut prêtre et moi même devons rejoindre l'allée par la porte de votre cuisine.

La jeune femme avait déjà cambriolé cette maison, voler quelque chose à son mari. Un bijou sans valeur, sauf sentimentale, une petite vengeance. Tout ça ne l'intéressait pas vraiment.
La demeure tombait en décrépitude, n’était pas bien grande et Xandra arriva bien vite à son but, le prêtre sur les talons.

D’un doigt sur la bouche elle intima le silence, surtout à l’attention de la propriétaire, perplexe, qui resta en retrait à l’entrée de la cuisine.

Xandra ouvrit la porte avec une lenteur exaspérante de peur qu’elle ne grince. Elle écouta les bruits à l’extérieur, rien. Alors la rousse pencha doucement la tête au delà du chambranle, son œil bleu se posa sur le bannis, de dos, accroupi. Seul. Il fixait la ruelle par laquelle il s’attendait à les voir débouler. Son torse se soulevait rapidement, il reprenait son souffle. Parfait. Elle aperçu un pavé dans sa main droite. Elle recula à l’intérieur et chuchota en dégainant lentement ses deux lames.

Il est là. On va l’avoir mon père, je vous le promet.

S’il y avait bien un domaine dans lequel la rousse excellait, c’était la discrétion. Elle s’avançait lentement dans son dos, ses pas légers ne produisaient aucun son sur le sol de l’allée. Xandra contrôlait parfaitement sa respiration, qu’elle se forçait à ralentir au maximum. Arrivé à sa hauteur elle fit tourner la lame dans sa main droite, pommeau en avant bien décidé à la lui écraser sur la tête mais une voix de femme dans son dos firent relever le nez au banni qui se retourna.

La lame se heurta au pavé du barbu. Il se releva prestement et Xandra se jeta sur lui, elle en avait un peu marre de jouer au jeu du chat et de la souris et elle comptait bien lui faire payer, la pelle à pain, les mensonges, le coup du prêtre. La rousse avait tout un tas de bonne raison d’avoir envie de lui mettre sa rouste.

Les deux combattants se mirent à se tourner autour, elle réussis à le désarmer, lui entaillant le poignet. Elle le tenait en respect, l'obligeant par assaut répété à reculer loin de l'entrée de l'allée, il se retrouva bientôt au niveau de la maison.
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Philippe de Tourres
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MessageSujet: Re: Net et sans bavures (Policières)   Net et sans bavures (Policières) EmptyDim 3 Juil 2016 - 17:19
Le banni s'enfuit en courant. Discrètement Philippe tandis la jambe. Le croche-pied suffit à le faire valser et voilà qu'il s'écrasa face contre terre d'un coup. Il semblerait que le haut-prêtre ait un superbe talent pour les croches-pattes, en tout cas il regardait son travail un peu fièrement, tout en continuant de tenir sa joue, un long filet de sang continuant de couler d'entre ses deux lèvres pincées.

- Chest bien. Chest très bien.
Les chauchettes de l'archiduchesse sont chèches et archichèches... Ah non !


Enfin voilà, le criminel était tenu en respect, et il accepta de lever les mains derrière la tête. Il se remit sur ses petites pattes, et on put remarcher jusqu'à la charrette ferrée tandis que d'autres hommes du guet venaient en courant, ou à cheval, pour tenter d'aller chercher les derniers fuyards. Un drame avait été évité de justesse, ouf, quelle bande de héros.

Deux heures plus tard, trois personnes pendaient sur la place centrale. Trois bannis. Les trois que le groupe du coutillier Longuehampe avaient croisé ce matin autour du cadavre ensanglanté. Aucun n'avait expliqué très clairement ce qui s'était passé. Il semblerait qu'il s'agissait d'un paysan vivant dans les faubourgs, qui achetait de la contrebande, qui menaçait d'aller prévenir la milice parce qu'il était plus satisfait de leurs services, une connerie assez obscure dans ce genre. Et pas forcément vraie. Et il n'y avait pas eut de quoi implorer clémence ou même demander une ordalie des Dieux. Un prévôt était arrivé, visiblement assez bourré, et avait dit « au gibet ».
Dans un sens, c'était peut-être bien. C'était mieux que le bannissement. Une mort plus rapide.

« Rapide ».

Philippe n'avait du coup pas donné les derniers rites à un, mais à trois personne. Et voilà qu'ils se tenaient tous les trois côtes à côtes, cordes au cou, sous un lourd poteaux de bois. Ils baissaient les yeux et leurs lèvres bougeaient lentement, montrant qu'ils étaient visiblement en train de prier. Les cloches du Temple de Marbrume retentirent. Immédiatement, et sous les yeux d'une petite foule, on abattit les petites souches de bois sur lesquelles ils étaient retenus. Une minuscule chute, leurs corps lévitant au-dessus du sols, retenus uniquement par un nœud coulant assez solide. Ils s'étranglèrent. Ils bougèrent, comme des petits pantins d'un spectacle de guignols qu'on faisait mouvoir dans tous les sens. Leurs lèvres avec lesquelles ils priaient, elles devinrent bleues. Et après de longs instants d'une terrible agonie, ils cessèrent de bouger tout court, plantés là, comme des épouvantails censés apeurer les corbeaux, pas très efficaces d'ailleurs. Dans quelques heures ces saloperies d'oiseaux viendraient leur dévorer leurs yeux révulsés.
Philippe ne resta que quelques minutes pour prier pour leurs âmes. Puis il partit et revint à son Temple, beaucoup trop habitué à cette vision pour qu'elle ait encore le moindre effet sur son âme. Enfin, du moins, il vomissait pas et il était pas terrifié. Les cauchemars c'est pour le sommeil de Rikni c'est tout.

Ah c'est anti-climatique et bien subit comme fin. On dirait une merde de pigeon qui tombe sur la fenêtre de votre carrosse. Mais vous vous attendiez à quoi ? C'est la justice. Elle est pas propre et elle est pas glorieuse. Quand trois bannis sont accusés de meurtre et tentent de s'enfuir, et quand ils s'entre-accusent tous mutuellement, et quand le prévôt local a pas envie de les laisser se défendre parce que de toute façon ils seront jetés dehors, bah, il y a pas à tortiller.
En tout cas Philippe n'avait même pas dit au revoir à Xandra Erkal. Peut-être que, peut-être que, il lui en voulait d'avoir amené les trois pendus à la mort. Mais au fond c'était quand même des criminels, ils méritaient ce qui leur arrivait. Le haut-prêtre était peut-être magnanime mais il était pas débile. Un tueur on le pend.

Non, il était peut-être juste fatigué. Et il avait mal à sa dent.
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