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 Un litre de vin râpeux (PV Maëlle)

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MessageSujet: Un litre de vin râpeux (PV Maëlle)   Un litre de vin râpeux (PV Maëlle) EmptyVen 15 Juil 2016 - 14:55
- Ton problème, c’est que tu es un imbécile inconstant.

Tobias s’était renversé en arrière, boudeur. Adossé contre le mur dans un équilibre précaire, il tapait son tabouret du talon comme il en avait l’habitude lorsque quelque chose le contrariait. Il ne savait pas lequel des deux qualificatifs lui déplaisait le mieux, imbécile ou inconstant et, bien que la lueur rieuse dans les yeux d’Etienne en atténuait l’insulte, la conscience d’être délibérément aiguillonné dans son orgueil ne faisait qu’accentuer son irritation.

Il ne put toutefois rester fâché bien longtemps. Son dos glissait et, le martèlement de son pied aidant, il manqua de basculer, ne conservant son équilibre qu’au prix de vigoureuses contorsions. Ses compagnons ne tardèrent pas à lui communiquer leur rire et il abandonna vite sa moue contrariée.

- En plus, ta menuisière, elle a un galant, poursuivit Etienne qui n’aimait pas lâcher sa prise une fois ferrée. Pas toi, tu es juste un jeu. Elle voit quelqu’un d’autre, un gentil garçon. Je les ai vus ensemble au marché il y a quelques jours.

L’ennui, avec Tobias, c’est qu’il marchait trop facilement.

- Tu mens ! (Son indignation aurait pu fendre les pierres) Je l’aurai su, elle ne me ferait pas ça ! (Il continua à mi-voix, pour lui-même) C’est son frère, ça doit être lui. Je sais qu’elle a un frère. 

- Un milicien, sourit Etienne. Marié, tu disais, et avec des enfants. Celui qui l’accompagnait avait de jolies boucles blondes et un sourire de gosse. Dame, il avait l’air plus jeune que toi !

- Ca y est, conclut Emeric. Tu es trop vieux. 

Devant Tobias qui suffoquait d’indignation, les deux cousins semblaient s’amuser follement. C’était si facile avec lui. Il savait qu’ils le taquinaient, il le voyait bien ! Mais c’était plus fort que lui, il se fâchait quand même.

- Etienne, mon ami (il ne disait « mon ami » sur ce ton-là que lorsque il était fâché), tu n’as rien à me dire. A cause de qui, rappelle-moi, à cause de qui sommes-nous ici ? Qui, par son comportement de rustre et de cochon, nous a forcés à quitter nos fauteuils moelleux et à troquer les bons vins épicés pour cette piquette râpeuse ?

Inconsciemment, il se renversait à nouveau en arrière. Emeric, moins attaché aux tavernes haut-de-gamme et que le comportement cavalier de son cousin avait amusé plus que choqué, grommela qu’il l’aimait bien, lui, ce vin. Mais à ce moment, tout dans la taverne aurait paru miteux à Tobias et il passa sa main contre la table en bois rugueuse à la propreté discutable, pour mieux appuyer son cas. Il tendit le bras mais le pichet s’enfuit hors de sa portée, immédiatement annexé. Emeric semblait penser qu’à palais délicat, autant laisser le mauvais vin à ceux qui voulaient le boire.

- Et quand bien même elle aurait un amoureux, elle finira par se rendre compte que nous sommes faits l’un pour l’autre. 

Ivre d’exagération, il poursuivit :

- Je l’aime tant ! Du matin au soir, tu sais, je ne pense qu’à elle. Notre union est si flagrante qu’elle en crève les yeux…

Ses grands gestes de bras, censés illustrer l’intensité de son amour, achevèrent de le déséquilibrer et, le tabouret se dérobant soudain, il s’affala contre le mur dans un grand bruit. Rouge de confusion et de vin, il se releva immédiatement et replaça son siège tandis que ses compagnons riaient à s’en étouffer.

- Mon ami, dit Etienne en imitant cette intonation si caractéristique, tu as beaucoup trop bu. 

La conversation continua néanmoins, avec un Tobias mortifié qui se défendait férocement contre ces insinuations quant à ses capacités de séduction. Il n’en démordait pas, elle finirait par céder. Ils étaient lancés et, le vin aidant, la conversation s’échauffait.

- Tu sais, dit brusquement Emeric, je suis d’accord. Je pense qu’aucune fille ne peut résister à ton charme. 

Tobias allait ouvrir la bouche mais se figea, soupçonneux. Emeric avait été longtemps silencieux et son intervention, couplée à cette lueur inquiétant et moqueuse dans son regard, n’augurait rien de bon.

- Tu vois la serveuse, au fond ? Tu as vu ce truc qu’elle a en travers du visage ? (Tobias hocha la tête, bien sûr qu’il avait vu !) Si tu lui plaît suffisamment pour lui faire dire d’où elle le tient, je suis prêt à te donner dix pièces d’or et à crier aux quatre coins de Marbrume que tu es le plus grand séducteur du monde. 

Et Emeric croisa les bras, satisfait.

- Je ne suis pas un séducteur, je suis réellement amoureux, bougonna Tobias qui ne pouvait toutefois résister à un défi. Mais si tu tiens à te ridiculiser et perdre ton argent, soit !

Le regard d’Etienne passait de l’un à l’autre et, bien qu’il s’interdisait d’intervenir, son expression parlait pour lui. D’habitude, lorsqu’il courtisait une fille, Tobias avait le bon goût d’être sincère. Stupide, changeant, empressé à l’extrême, mais sincère. Tourmenter une pauvre fille déjà si affligée ! Qu’est-ce qui pouvait bien leur passer par la tête ?!

Ils étaient trop emportés, maintenant, pour songer seulement à la peine potentielle que leur jeu idiot pourrait causer. Alors qu’ils argumentaient sur le meilleur angle d’attaque (aimait-elle les fleurs, les rubans ? Etait-elle timide ou sa laideur la rendait-elle effrontée ?), Etienne se leva brusquement.

- Vous êtes des salopards. Je m’en vais.

Le qualificatif vulgaire, déplacé dans sa bouche, soulignait d’autant plus son écœurement devant tant de légèreté. D’abord interloqués, les deux amis éclatèrent de rire et Emeric, le cousin fidèle, s’élança à sa suite. Il était tard et la salle se vidait, de toute façon. Resté seul à la table, devant des restes de fromage et un pichet aux trois quarts vidé, Tobias s’avisa qu’il tenait soudain son prétexte. Avec son air le plus contrit, il appela la serveuse d’un signe discret.

- Je suis terriblement ennuyé, commença-t-il en vidant ses poches. Mes amis viennent de partir, fâchés, en me laissant le soin de l’addition, mais je crains ne pas avoir assez de monnaie… 

Ses grands yeux que l’alcool rendaient humides se firent implorant et son corps se tassa dans la posture embarrassée de celui qui n’a guère l’habitude de laisser des ardoises, ce qui dans son cas était parfaitement vrai.

- Puis-je revenir demain, à la première heure, et vous régler le reste ? 
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