Sujet: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Dim 26 Juin 2016 - 9:12
Cela ferait bientôt six mois qu'elle n'était plus. Six mois que Marbrume avait été brièvement envahie par les Fangeux grâce à une aide venant de l'intérieur de la cité, six mois qu'une poignée d'entre eux s'était répandue dans les rues et ruelles, semant la panique et la mort partout où ils passaient, fauchant quiconque avait eu le malheur de croiser leur chemin. Six mois que l'un de ces monstres s'était introduit dans la demeure d'Ecuviel et avait massacré plusieurs membres du personnel ainsi que la femme de Gondemar qui se trouvait présente sur place. Il avait entendu des clameurs et des cris, vu des gens courir en tous sens, fuyant une menace en hurlant au Fangeux. L'ancien soldat en avait vu un arriver en courant sur ses quatre membres et l'avait fauché net dans son élan à l'aide de son épée, profitant qu'il soit trop occupé à traquer les pauvres gens incapables de se défendre. Puis il avait songé à sa famille et avait tourné les talons à la clameur, se dirigeant au pas de course vers la Grande Rue où résidait son ami et sa propre famille, sa femme et son fils, pour hélas arriver trop tard. La porte grande ouverte, les cadavres au sol et un hurlement, celui de sa femme, qui l'avait fait se précipiter dans le couloir, jusqu'au salon où elle gisait déjà à terre, le monstre penché au-dessus d'elle, le sang bouillonnant encore hors de ce corps mutilé... Il avait tiré son épée et décapité la créature, puis s'était jeté sur son épouse qu'il connaissait depuis qu'il avait sept ans à peine. Il l'avait soulevé dans ses bras, avait fixé son regard qui le reconnu l'espace de quelques secondes. A peine une esquisse de sourire, de l'amour au fond de ses yeux embués de larmes, il eut juste le temps de lui dire de ne pas partir, de lui dire combien il l'aimait, avant que son regard ne se voile et qu'elle ne s'éteigne entre ses bras, soleil de tout les soleils qui disparaissait à jamais. Les Ténèbres ne furent jamais plus grandes ni plus oppressantes, jamais non plus il ne poussa tel hurlement, tout comme il ne devait jamais oublier ni parvenir à se pardonner un crime dont il n'était point coupable, celui de ne pas avoir été à ses côtés chaque heure que les Trois faisaient. Son fils, fort heureusement, avait survécu et n'avait point été blessé, endurant avec son père le terrible deuil de celle qui était tout pour eux. On avait du l'incinérer, puis ses cendres avaient été dispersés par leurs soins dans l'océan bordant la Cité et depuis lors, la vie n'avait plus jamais été la même.
Gondemar n'était point parfait, au même titre qu'il était au service de son ami d'enfance, Théodemar Ecuviel, riche marchand de son état et connu dans l'envers criminel de Marbrume comme l’Écu Rouge, celui qui vous peut autant vous payer que vous faire payer, selon ce que vous ferez de ses alliances. Un ange déchu servant un ange noir et espérant le voir revenir vers la lumière, si les anges existaient dans les croyances de ce monde qui était le leur, ce serait là le tableau que l'on pourrait dépeindre. L'ex-soldat était le Conseiller et l'exécutant le plus fiable de l'homme qui, il y avait quelque semaines seulement, avait distribué une très grande quantité de nourriture aux pauvres gens de Marbrume, où l'on avait d'ailleurs pu voir officiellement Rosalis à ses côtés, encourageant les gens à manger à leur faim. Le combat et les missions officieuses continuaient d'égrener le fil de sa vie, mais l'homme avait récemment retrouvé un peu de joie, fut-elle éphémère et légère, grâce à une autre amie de jeunesse qui lui avait permis d'apaiser un peu ses tourments. Hélas, comme tout mâle qui avait des besoins, les siens trop longtemps négligés et mis de côté par son chagrin commençaient lentement à refaire surface, bien que cela ne soit guère encourageant. Son propre fils avait remarqué combien il souffrait et, bien qu'il ne soit pas certain que cela soit la meilleure idée au monde, il l'encouragea à aller quérir un peu de réconfort auprès des femmes de petites vertus. D'abord indigné, son père avait mis en avant son deuil qu'il portait encore, ce à quoi son fils, Anatole, avait clamé qu'il allait finir par devenir fou et que puisqu'il ne trouvait personne pour réchauffer son lit, il avait bien le droit d'apaiser au moins cette tension-là. Gondemar avait été surpris que son enfant, déjà âgé de treize ans, soit à ce point au fait des choses de la vie, mais il se rappela que son attirance pour les hommes avait conduit son fils à s'interroger très tôt sur le sujet et, soupirant, avait promis qu'il y songerait un jour.
L'on était près de deux semaines après cet échange pour le moins houleux et l'ancien soldat avait terminé tardivement un travail au Port pour son ami Théodemar, lequel aurait droit à un rapport dès le petit jour, comme ils avaient pris l'habitude de le faire. Remontant à travers la Hanse pour rallier la Grande-Rue où se trouvait la demeure du marchand -qui était aussi la sienne et celle de son fils- Gondemar avait l'esprit ailleurs et, repensant à la conversation qu'il avait eu avec Anatole, sentant la solitude lui peser plus que jamais en cette belle nuit de la fin du mois de Juin, son regard fut attiré par une enseigne d'où s'échappait lumière, rires et musique, avec une agitation que l'on devinait enjouée et relativement proprette, bien qu'à l'étage il s’agisse de tout autre chose. L'homme arrêta son pas et leva la tête vers la bâtisse, se rappelant celle des Bas-Quartiers d'où il avait été chassé alors qu'il n'était qu'un enfant et réalisant qu'il n'avait jamais franchit de telles portes justement parce qu'il était né d'une union d'un soir comme cela se faisait tant. L'on disait cependant que ce genre d'endroit était bien mieux tenu que ceux des quartiers plus défavorisés et, poussé par un mélange de curiosité, de solitude et d'un vif désir d'éprouver un peu de chaleur humaine à ses côtés, il franchit le seuil avec une certaine appréhension.
- Bonsoir Messire !
On l'accueillit avec le sourire et un air enjoué, tout ici sentait le propre et les parfums des femmes, les couleurs étaient chatoyantes et un grand nombre de lampes donnaient à l'endroit des allures de palace de lumière qui réchauffait un peu le cœur gelé du potentiel client.
- Bonsoir.
- Je ne vous ai jamais vu ici, vous êtes un nouveau client ? Soyez le bienvenu.
- Hum... oui, non, je ne sais pas...
Gondemar avait tout de l'homme qui est entré sans savoir ce qu'il venait faire ici. Portant une armure de cuir solide, possédant une très haute taille avec la stature qui allait avec, ses yeux d'un bleu clair avaient l'air moins durs que d'ordinaire et davantage l'air perdu, un peu flou, comme s'il n'était pas bien éveillé. A son côté une épée courte pendait, attachée solidement à sa ceinture, sa courte barbe noire et ses cheveux coupés à ras lui donnant l'air terrible de ceux qui ne prennent pas assez soin d'eux, bien qu'il demeura très propre sur lui. Il jeta un regard autour de lui avant qu'on ne l'invite à choisir quelle femme lui conviendrait. Débuta alors une sorte de défilé qui vit le pauvre homme passablement gêné, secouant la tête à chacune de celles qui lui étaient présentées, toutes plus belles les unes que les autres pourtant. Celle-ci avait de magnifiques cheveux roux comme ceux de Renarde, celle-là les yeux aussi clairs que les siens, celle-ci un charme mystérieux, celle-là encore de très longs cheveux d'un noir sans aucune nuance de châtain, d'autres encore avaient la peau plus mate afin d'apporter de la diversité... Il y en avait pour tous les goûts, certaines ayant l'air plus douces ou sages que d'autres, toutes avaient le sourire, mais aucune n'incarnait ce qu'il recherchait vraiment. Les morts ne revenaient pas à la vie et, une fois l'étalage de chair terminé -et qui lui fit songer à ce que cela avait du être pour sa génitrice- Gondemar tourna la tête vers celle qui se chargeait de l'accueil, passablement désolé.
- Je suis navré, je n'en vois aucune qui me convienne, bien que...
Reportant son attention sur les femmes à proximité, il esquissa un faible sourire sans joie.
- Vous soyez toutes absolument magnifiques.
Bien des hommes venaient se perdre dans les bras d'une inconnue avec l'espoir d'en oublier une autre, ou de laisser de côté leurs problèmes et leurs soucis, sans parler du désespoir que ce monde faisait naitre. Et parfois, il y avait "ce client", celui qui ne venait pas pour passer un bon moment, mais parce que la solitude, la peine, l'étreignaient tant qu'il cherchait un palliatif, sans forcément le trouver. Ce genre d'hommes n'était pas mauvais ni mal intentionné, mais ils pouvaient vous ruiner la bonne humeur des filles en refusant systématiquement leurs charmes, faute de retrouver ce qu'ils avaient perdus. Consciente d'avoir affaire à ce genre d'individus, celle chargée de présenter les femmes de l'endroit lui demanda de patienter et de prendre le temps de les observer toutes, s'éclipsant derrière un rideau pour filer droit au bureau de sa patronne, laquelle serait la seule à pouvoir lui venir en aide et prendre la décision qui solutionnerait tout.
Alienor E. Von ElrichBaronne
Sujet: Re: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Lun 27 Juin 2016 - 0:27
L’errance d'un homme.
Avdokeai&Gondemar
L
L'établissement quoique destiné à des activités peu vertueuses, s'étalait dans un luxe et une richesse tout deux exubérants, si la devanture était d'une sobriété et d'une simplicité qui le faisait passer pour un vulgaire bâtiment enchevêtré dans la suite de maisonnées et commerces du centre-ville, tout de chaux recouvert et pourvue comme seul artifice d'un lierre grimpant, l'intérieur était un tapage d'excentricité et d'aisance, un brillant alliage de marbre rosé et crème, aux colonnades qui donnait une multitude de dédales et de couloirs dont seul un épais voile de gaz de crinoline semblait camoufler a demi les ombres obscures de mystérieuses formes féminines aux chevelures dénoués ou savamment relevés, ayant pour seul habit des cascades de bijoux se déversant sur une gorge nue.
C'était à l'entrée qu'œuvrait Sigurd, un homme tout en finesse guère farouche guerrier, habillée comme le ferait le plus pompeux des nobles mondains, il inspectait hanches, galbes et "toilette" de la marchandise, la salle était circulaire tout en mosaïque et peintures murales décrivant les amours de quelques amants, des jeunes hommes d'un exotisme curieux aux bras luisant d'une huile odorante, animé la salle d'une langoureuse musique, parfois certains disparaissait au détour d'une chambre, il y'avait après tout ici bas tout les vices, des plus saugrenus au plus classique, temple de la perversité de la luxure et des dévergondages ou le péché et le vin sont seuls divinités.
" Mmh tourne à droite … ajoutes ceci a ton tour de taille " Il parlait d'une voix clair, son regard empreint d'une neutralité déconcertante face à la nudité seyant ici bas arrangeait la tenue d'une des vierges factices de ce paradis accessible pour une somme conséquente. " Je vends du rêve en argent comptant " était la devise de son supérieur, c'était alors qu'il remarque une ombre méconnue, les clients étaient marqués sur une liste et leurs favorites pour la plupart réservée pour un meilleur service, mais celui-ci n'avait jamais auparavant mis les pieds ici, il avait l'air perdu et quelque peu hébété, surement le fort éclairage contrastait avec l'obscurité des rues de Marbrume, il n'avait point l'air d'un gueux, sa dégaine, sa physionomie ainsi que son armure d'un cuir travaillé désigné l'homme d'un certain milieu social, loin de la noblesse mais loin de la crasse roturière qui faisait toujours pincer les narines au trentenaire tenancier de la maison close, s'avançant a grandes enjambées en ouvrant ses bras jovial " Bonsoir Messire ! " Sa réponse quelque peu sec, lui fit décrocher un semi rictus qu'il effaça promptement pour poursuivre touchant du bout de sa main le coude du client pour le faire avancer " Je ne vous ai jamais vu ici auparavant, vous êtes probablement un nouveau client, soyez le bienvenu." Il confirma par ailleurs ses pensées de tantôt, il s'agissait vraisemblablement d'un homme guidé ici seulement par quelques solitudes d'âme, " M'enfin il n'y est pas peine de cœur que ne peut guérir les bras d'une femme" D'un geste théâtrale il lui présenta une lourde chaise, avant de frapper dans ses mains, d'une des multiples arcades apparut une procession de vierges factices, à peine vêtue pour les plus prudes, fière de leurs corps richement décorés pour les plus hardies. " Layla, admirable rouquine … mmh vous la trouvez probablement trop pâle ? Oh vous savez nos filles ne travaillent pas dans les champs ! " Dit-il en fronçant quelques peur les sourcils, faisant disparaître la dite jeune fille dont la fierté prit une gifle farouche " Que diriez vous de ces délicieuses jumelles ? elles viennent des confins d'un pays dont elles seuls connaissent la route, une peau d'ambres et des yeux d'amandes ? Non … Voyons voir Visenya ? Adorable blonde, mais ne vous fiez pas à ses airs de nonne …. Toujours pas … " Sigurd tamponna légèrement son front avec un carré de soie, ce genre de client compliqué avait le don de frustrer les filles et de les faire rechigner et les dieux seuls savent ô combien de mauvaises recettes mettent d'une humeur massacrante la patronne, souriant poliment il marmonna en s'inclinant furtivement " Veuillez m'excuser je m'en vais quérir la perle rare pour Messire. " Et il disparut laissant l'homme seul en compagnie d'une carafe de vin.
* * *
C'était un instrument à cordes des plus excentrique, tout en longueur avec deux fentes au-dessus desquelles étaient tendus deux fils qui vibraient au fil des pincements du musicien, un jeune homme de 16 ans à peine, à la peau gorgée de soleil tant qu'elle rappelait le bronze des candélabres et vêtu de tissu blanc et jaune, il se dandinait d'avant en arrière assis en tailleur sur de larges coussins rouges, ses cheveux noirs tressés comme ceux d'une fille des champs se mouvaient et faisaient cliqueter des minuscules clochettes. A quelques pas seulement, avachie sur un large divan de bois de bouleau habillé de velours, Avdokeai les yeux clos souriait à la fois bercée par un début d'ivresse et par la musique suave, ses cheveux tombant en une lourde cascade pareille à des pampres de grappes alourdies, étalée cette si particulière teinte plus carmin, que rousse, comme plongée dans un bain de sang, les tentures de bois enchevêtrées de draperies renvoyait lueurs qui colorait sa peau immaculé, lorsque Sigurd toqua à la porte, elle sursauta comme arrachée d'un profond sommeil, l'agacement dessinait une veine battante à sa tempe gauche, sa main droite pourvue de pierreries fit signe au musicien de cesser " Merci Najîm … Reviens moi plus tard veux-tu …? Sigurd vient pleurer pour quelques sottises ... Prends la bourse sur le plateau… Comment peux-tu jouer pareille merveille et ne pas voir ? …" Dit-elle en fixant les globules blancs comme ceux d'un mort de l'étranger, qui pour seul réponse sourit en haussant les épaules avant de s'éclipser respectueusement.
" Qu'ya-t-il Sigurd ? En toute logique je ne suis même pas présente … " Sa voix claire s'élevait sévère et résonnait dans le boudoir.
" Il y'a un problème avec un client. Aucune des filles ne l'intéresse … Et les autres sont d'ores et déjà prises .... Et ! "
" Amènes le ici je saurais lui trouver celle qu'il lui faut. Et fais apporter du vin."
Fut la réponse directe et quelque peu sèche de la Von Elrich, faisant dos à la porte, debout une coupe à la main, elle regardait par les jalousies à demi entre-ouvertes le ciel clair et estival, une fraîcheur assez agréable embaumait l'air d'un parfum musqué, probablement des fleurs qui poussait dans la cour intérieur de l'établissement. Elle était vêtue d'une longue robe noir, le tissu était d'une finesse quasi translucide, ses bras laiteux et ses épaules n'avait que quelques chutes de tissus agrémenté d'étaux en or qui embrassaient en une arabesque ses muscles, sa poitrine étalée les trésors d'une jeunesse en fleur ponctué par un opale qui est comme là pour attiré le regard, les lèvres humides, le regard empli de promesses, elle attendit d'entendre la porte se fermait, certaine que Sigurd après avoir escorté le nouveau-venu s'était de nouveau éclipsé vers ses diverses activités.
" Il s'emblerait qu'aucune de mes filles ne vous plaisent messire … Souhaiteriez-vous peut être de plus jeunes… Ou des hommes … Vous pouvez me confesser chacune de vos envies… " Alors qu'elle sirotait sa liqueur, la jeune femme se retourna et s'avança d'un pas silencieux vers son invité du soir, histoire de le toiser. Il avait des traits pourvu d'une beauté guerrière, des yeux bleuâtres et une carrure imposante témoin d'une musculature alléchante qui lui fit humecter sa bouche gourmande " Du Vin ? " un demi sourire étira les commissures de ses lèvres alors qu'elle glissa un index sur la joue du brun qui la dépassait probablement de plus d'une tête " Je vous en prie Asseyez vous ou allongez-vous … Vous pouvez vous débarassez de votre armure … La seule chose qui pourra vous tuez ce sera le fatigue d'une nuit charnelle …" Et sur ces mots elle s'éloigna comme une apparition, disparaissant derrière un paravent ou elle s'étendit sur un des divans, regardant à travers les petits trous l'inconnu comme pour lui dire " Viens."
Sujet: Re: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Lun 27 Juin 2016 - 18:54
Gondemar n'avait guère soif et, bien que l'on s'évertua à lui proposer du vin pour patienter, il refusa poliment avec un maigre sourire d'excuse. Les femmes qu'il venait de voir défiler étaient toutes d'une très grande beauté, mais plus les secondes passaient et plus il se demandait ce qui lui avait prit d'entrer ainsi sans réfléchir dans un bordel, fut-il classieux et bien tenu. L'on revint le chercher moins de deux minutes après l'avoir laissé seul et on lui demanda de suivre l'ouvreur des chemins, sans qu'il n'ai le temps de prendre congé, déjà pressé en vérité de quitter cet endroit où il ne se sentait guère à son aise. La pièce où on le mena était claire et d'une température agréable, décorée savamment pour laisser planer une atmosphère toute intimiste et, près de meurtrières donnant sur l'extérieur, une femme lui tournait le dos, à demi vêtue, une coupe de vin à la main. L'homme qui l'avait guidé jusqu'ici s'éclipsa sans un mot, refermant la porte derrière lui et donnant l'impression à l'ex-soldat d'être tombé dans un piège. Tendu, presque crispé, il laissait sa main pendre près de la garde de son épée, écoutant celle qui semblait être la propriétaire ou, à tout le moins, la tenancière de cet endroit pour le moins singulier. Lui confier tous ses désirs ? Il fronça les sourcils à cette liste pour le moins troublante, notant cependant la beauté toute particulière de sa vis-à-vis.
- Je ne touche point aux enfants. Quant aux hommes, ils ne m'intéressent guère et je vous prie d'excuser mon erreur qui fut de pénétrer en ces lieux. J'ignore ce que je suis venu chercher ici, ce n'est point là mon habitude.
En vérité, c'était davantage le fantôme de son passé et la terrible solitude qui avaient réussit à le distraire assez pour l'attirer jusque-là, mais l'homme d'armes qu'il était ne se voyait pas avouer plus avant sa bêtise de ne pas avoir réfléchit avant d'agir, considérant en avoir déjà trop fait. Un index s'approcha de son visage pour caresser sa joue et Gondemar eut un mouvement de recul, faisant un pas en arrière en levant le menton, ce qui vu leur différence de taille mettait hors de portée la main de la femme qui semblait pourtant n'avoir que de bonnes intentions envers son client.
- J'évite tout alcool ces temps-ci, mais merci.
La porte n'était qu'à quelques mètres derrière lui et il se demanda ce qu'il attendait au juste pour tourner les talons et sortir sans demander son reste. L'idée de s'allonger ou même de s'assoir était tentante, l'heure était déjà tardive et il se sentait noué par son travail, sans parler des entrainements qu'il effectuait encore chaque jour que les Trois faisaient. Il n'y a pas si longtemps, il y avait toujours eu des mains douces et attentionnées pour s'occuper de lui, mais à présent...
- Peut-être puis-je au moins m'assoir. Un instant.
Quant à ôter son armure ou même envisager une nuit de plaisir charnel, Gondemar en était encore loin et l'on pouvait plaindre la pauvre tenancière de la réticence d'un tel client, à croire qu'on l'avait envoyé là pour embêter son monde et lui faire perdre son temps. Prenant place sur le siège le plus proche à sa disposition, l'ancien soldat se tint droit comme un "i", visiblement tendu, jetant des regards tout autour de lui avant de reporter son attention sur son hôtesse.
- Êtes-vous la propriétaire de cet endroit ?
Il n'osait encore demander son nom, au même titre qu'il n'avait pas encore donné le sien comme la politesse l'aurait voulu, cependant les usages qui avaient cours dans un tel endroit lui étaient étrangers et Gondemar avait l'air plus perdu qu'autre chose, malgré l'apparente rudesse qu'il affichait sur son visage fermé.
Alienor E. Von ElrichBaronne
Sujet: Re: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Mer 29 Juin 2016 - 15:21
L’errance d'un homme.
Avdokeai&Gondemar
Il n'était pas des plus communs pour une dame de la haute d'être dans un lieu si peu fréquentable et aux mœurs légères, encore moins d'en être la tenancière, dans une époque ou les femmes sont recluses et n'ayant d'autres tâches que de servir de génitrice, accouchant de beaux et forts mâles qui perpétueraient le nom et la lignée du parti auquel elle fut vendue pour les bons rapports et la prospérité des deux maisons. " Le Devoir familiale " cette perspective n'était pas celle qu'affectionnait le plus Avdokeai, quoique sachant pertinemment que du haut de ses 20 ans on ne saurait tarder la marier, repousser inlassablement les prétendants en exhibant d'honteux secrets ne pourra toujours être son joker et les visites incessantes de Rhaegar le dernier de la fratrie Von Elrich n'annonçait rien de bon pour ses affaires, quoique il serait comique de quitter la couche martiale pour vagabonder dans la Hanse.
Elle avait pour habitude de diversifier ses pensées au point ou elles convergent vers une multitude de points qui n'ont aucun rapport digne de ce nom, aussi au même moment ou elle scrutait l'homme d'un regard suspicieux elle songeait à consulter un herboriste pour trouver quelques forts concoctions herbeuses, on devait bien prescrire ça à ses pauvres miliciens qui reviennent à moitié fou des marécages. Pauvres diables ! Qui pour les plaindre ?
Un demi sourire, taquin et railleur anima ses lèvres gourmandes, elle lâcha un demi-rire en renversant quelques instants son visage en arrière, sa gorge blanche était toute tapissée d'une suite de chainette en or qui dans une finesse artisanale soulignait le galbe rond de sa généreuses poitrine " Ne jouez pas les offusqués Messire, ici tout est permis, j'ai vu des hommes rampait aux pieds de mes filles... Et j'en ai entendu de drôleries, vous voulez que je vous en raconte quelques unes pour que vous vous détendiez ? " La Baronne reposa son regard bleuâtre sur l'inconnu, ses sourcils légèrement froncés " Après qui me dit que vous n'êtes pas un quelconque espion ? La concurrence est rude… Et un nouvel établissement en ces temps troubles n'est guère de bonne nouvelle pour certains." Ainsi allongée de toute sa longueur, elle donnait l'impression d'une panthère prête à bondir déchiqueté la menace, puis elle dédaigna d'un mouvement de tête ce qu'elle avait émis tantôt pour se relever et s'avançait silencieusement en direction de la chaise qui faisait face au divan, déposant ses mains soignés sur le bois, des mains qui désignait la femme de qualité qui n'eut jamais à porter plus qu'un châle de soie " Quoique vous avez plus l'air de quelqu'un de fatigué… Pas un manque de sommeil mais plus là…"
Ses lèvres vermillons était tendues près de l'oreille du presque trentenaire et son index tapotait faiblement la tempe de ce dernier " Vous avez tord de ne pas boire si je peux me vanter de quelque chose c'est bien de la qualité de mon vin. Le meilleur de tout Marbrume." Elle avait tendance de couper court à ces instants "intimistes" se rapprochait suffisamment pour ensuite s'échapper. La Von Elrich s'assit aux côtés de l'homme et gloussa de nouveau " Oui je possède et dirige ce lieu … Mais … " Et son regard s'assombrit, son visage se pencha au plus près du client de sorte à ce que leurs souffle se mélangeait en un seul et unique " Ce sera notre petit secret …? Je ne veux pas être fâché avec vous… " Se décalant, elle se rhabilla de son plus beau sourire " Que diriez vous d'un jeu ? Histoire que je puisse essaye de vous aidez un tant soit peu … Une femme est venue un jour au Manoir de mon père lorsque j'étais bien jeune, elle lisait les lignes de la main et des runes en cristal. " Tandis qu'elle parlait ses mains retiraient furtives et douces les épais gants en cuir de ce qui semblait être un guerrier ou peut être un mercenaire ? Qui sait..
" Voyons voir … Il suffit de savoir observer …"
Avdokeai au fil des ans avait apprit à observer et à comparer, que-ce qui différenciez ceci de cela. Ainsi après des années de pratique de mondanités, se mélangeant au bas peuple comme aux plus hautes sphères, elle possède un éventail d'échantillons humains assez impressionnant. Une paupière tombante ? Des dents jaunes ? Des Mains soignés ? Chaque détail physique reflète la personnalité qui se cache sous cette couche de vêtements et de chair. " Vous êtes quelqu'un d'une forte stature … Habitué au combat j'imagine … Votre cuirasse n'est pas celle de la milice vous êtes employés par quelqu'un de suffisamment riches mais qui n'est pas noble… Le cuir de chaque maison et frappé d'un sceau… Pourtant la manière dont vous vous asseyez, droit et votre silence … Mmh je dirais que vous faisiez partie d'une quelconque section militaire … On n'apprend pas ça chez les mercenaires. Aussi j'en déduis en toute logique. " Elle avala une gorgée de vin en croisant ses jambes ce qui eut pour effet de froisser le tissu et de dévoiler un peu plus de cette peau laiteuse. " Vous n'êtes pas de haute naissance… Voyez-vous je m'occupe d'enfants, plusieurs adorables bambins des bas quartiers … des orphelins livrés à la crasse et l'immondice de ce monde, je les appelle mes oisillons, ils gazouillent et volent partout. Vous avez vécu une vie bien dur Messire … Mes frères sont de vaillants guerriers et leurs mains n'ont guère le même toucher … Les dieux ont tendances à être de parfaits monstres quand il s'agit de tisser les fils du destin … Oh et servez-vous un verre je ne vais pas vous empoisonnez, Grand Dieu ! Nous ne sommes pas au temple voyons ! " Et elle eut une pensée pour le haut-prêtre Phillipe, ah lui c'était un grand buveur, puis dans une sordide malice elle murmura songeuse " Vous préférez les blondes Messire …? Oh je ne connais pas votre nom … Appelez moi ... Oui non essayez de deviner à votre tour si vous êtes suffisamment malin je vous dirais mon prénom... Et vous aurez même une surprise ..."
Sujet: Re: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Mer 6 Juil 2016 - 6:17
Il n'avait pas souvenir être jamais entré dans ce genre d'établissements après en avoir été chassé lorsqu'il n'était encore qu'un enfant, aussi n'en gardait-il guère de souvenirs quant à la façon presque cavalière dont la proximité se faisait indécente, aux contacts légers et répétés, comme autant de menaces qui n'en étaient pas, mais que l'homme d'arme en lui peinait à percevoir autrement. Il observa la gorge blanche alors que la femme riait, songeant brièvement qu'elle s'exposait inutilement et que s'esclaffer de la sorte offrirait à un assassin la plus belles des opportunités pour lui trancher la gorge... Non, définitivement, cette dame n'était pas ici pour cela, sans quoi elle aurait été bien maladroite et peu avisée. Gondemar daigna enfin commencer à se détendre, non sans mal, fronçant les sourcils lorsqu'on lui parla de sa fatigue et jetant un regard presque accusateur à celle qui énonçait là une évidence qu'il avait espéré ne pas être à ce point visible. L'idée d'un vin de qualité avait son intérêt, mais l'ancien soldat préféra secouer de nouveau la tête, laissant malgré tout la tenancière prendre place à ses côtés avec un sérieux trop grave pour l'endroit.
- Je ne désire point être fâché avec vous non plus, ce n'est point là mon intention.
De nouveau ses sourcils se froncèrent lorsqu'il fut question de lire les lignes de la main, étant d'un naturel sceptique et, tout comme son interlocutrice, préférait repérer les détails de ceux à qui il avait affaire, ayant appris depuis tout jeune à le faire pour survivre. Il voyait bien qu'il s'agissait là d'une Noble Dame, peut-être en manque d'amusement par les temps qui couraient, à moins que les plaisirs de la chair lui plaisent ardemment au point de la pousser à tenir ce genre d'endroit pour sa propre satisfaction. La femme énonça alors des évidences, croisa les jambes pour dévoiler ainsi un morceau de peau blanche que le regard clair vint brièvement accrocher avant de remonter au visage de celle qui se tenait à ses côtés. L'on pouvait regarder, mais point reluquer, cela ne se faisait pas. Faute de pouvoir y échapper, Gondemar finit par se servir une coupe de vin et la porte à ses lèvres, suspendant son geste quand elle parla de sa préférence pour les blondes : sa femme l'était. Une seconde plus tard, il buvait une longue gorgée, sans un bruit, puis fixa le contenu carmin avant de relever ses yeux bleus sur celle qui semblait désirer vouloir s'amuser un peu. N'était-il donc que cela, une distraction ? Il faut croire que même les tenancières de bordel avaient leurs amusements. Sa voix, grave et un peu rauque faute de s'en servir assez en ce jour, s'éleva calmement entre eux.
- Vous êtes de noble naissance, ceci est une évidence. Vous n'avez jamais eu à utiliser un outil ou à vous blesser au travail, vos mains comme vos bras sont fins et délicats, votre peau demeure blanche aussi peut-on penser que vous éviter soigneusement de vous exposer, ce qui écarte également toute activité en extérieur.
Le stratagème fonctionnait, car Gondemar reprit une gorgée de vin pour s'éclaircir un peu la voix.
- Vous avez vécu quelque chose d'assez fort pour que votre vision du monde ne soit point idéalisée, vous portez sur vos épaules quelque fardeaux que j'ignore, mais qui vous fait rire sans que nulle véritable bonheur ne soit ouïe. Vous tenez probablement cet endroit autant pour vous divertir que pour servir vos desseins, quels qu'ils soient.
Un sombre et bref sourire sans joie effleura ses lèvres.
- Et non, je ne suis point un espion, juste un homme... fatigué, comme vous l'avez dit.
Terminant sa coupe, il la posa de côté et secoua la tête, soupirant brièvement en songeant à la raison qui lui avait fait passer cette porte, posant sur la femme un regard indéchiffrable et grave.
- Je me nomme Gondemar, ceci devrait suffire pour que vos oisillons vous rapporte tout ce que vous aurez à savoir après mon départ.
Peut-être finalement que ce jeu avait quelque chose de plaisant, même si au final il était toujours un peu risqué de dévoiler son nom à quiconque était inconnu, cependant lui-même pourrait fort bien faire quelques recherches, demander aux espions de Ecuviel qui était la Noble tenancière de cet endroit et, ainsi, en apprendre davantage sur celle qui avait réussit à le faire boire en-dehors de son ami d'enfance Théodemar.
Alienor E. Von ElrichBaronne
Sujet: Re: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Mer 13 Juil 2016 - 20:42
L’errance d'un homme.
Avdokeai&Gondemar
I
" Pourquoi devrais-je m'en quérir de mes oisillons pour savoir qui vous êtes alors que vous êtes là assis devant moi, véritable détenteur des vérités qui vous entourent… ou bien voulez-vous de sitôt écouter la soirée ? Vous m'en voyez attristée."
A force de côtoyer cette vie décadente qu'est celle d'une tenancière de maison close, Avdokeai derrière son machourabieh prit comme habitude à observer chaque fois qu'elle se présentait aux portes de son établissement pour y passer la soirée le défilé incessant des hommes mus par l'appât de la luxure et les plaisirs de la chair, contempler les regards et les expressions qui tordent les traits des clients, les masques que revêtent " ses filles" pour complaire à ces derniers. Quelque part elle considérait cette vie comme pitoyable et bien triste, jetée et délaissée si tôt que l'âge accable la beauté et la grâce leurs seuls espoirs est de s'espérer devenir maîtresse d'un quelconque petit seigneur et se voir accordée une pension, l'histoire a prouvée ô combien elles peuvent miraculeusement arrivée à leurs fins.
Sa bouche s'anima d'un beau rire tandis qu'elle se relevait laissant ses doigts glisser avec une lenteur mesurée des mains du jeune homme, son regard de chatte semblait sourire à la lueur dansante des chandeliers et des candélabres, dans un froissement muet de mousseline la baronne se releva, ses pas s'accompagnant du cliquettements des chainettes en or qui courraient le long de son buste " Bon Point Messire, mais je ne vais pas jouer l'héroine tragique d'une pièce dramatique, je pense que nous avons tous nos fardeaux certains plus lourds que d'autres … N'est-ce pas votre cas ? "
La liqueur à la robe rougeoyante ruisselait en abondance d'une cruche en argent chaussé d'opales en couronne " Mon vin vous plait-il ? Nous avions les meilleurs vignes de la région jadis … avant que ces horreurs sortis des profondeurs de la nuit ne nous arrachent nos terres. Profitez en …. Je doute qu'il en restera encore longtemps dans nos caves." Elle parlait en faisant dos à son interlocuteur afféré avec sa coupe, la dentelle noire qui devait envelopper une épaule aux perspectives arrondies s'était lestement échappée à son devoir " Si vous avez répondu à mon jeu c'est que j'ai quelque part réussi moi-même à deviner quelque peu que renferme cet apanage de cuir et ce visage si fermé. Je vous en prie souriez moi un peu … Comme ça ! " Se retournant vers lui, son visage arborait un sourire d'une douceur attendrissante, le charme simpliste de sa toilette sombre accentuée par sa chevelure éparse lui donnait un air familier comme une épouse qu'on rejoignait après une dure journée. " Je connais les hommes Messire, vous n'êtes pas de ceux qui viennent attirée par les cuisses de mes employées ou leurs gorges … Je dirais même que vous vous êtes égarer en chemin et que le hasard ou les dieux ont conduits vos pas vers moi. Je suis une pauvre jeune femme solitaire que le sommeil fuit comme la peste, alors buvons tout deux à notre solitude commune et notre fatigue exécrable voulez-vous ? Santé ! " La Von Elrich leva sa coupe dans un geste sympathique, l'ombre de cernes creuses a peine dissimulé par les fards accentuée la profondeur de ce regard aussi vitreux que celui d'une peinture. " Et par tout les diables mettez vous à l'aise, j'étouffe à votre place ! Retirez au moins votre cape et gardez votre épée si vous croyez que je peux vous faire un quelconque mal ! La seule agression possible de ma part est un baiser vous savez." S'esclaffant un tantinet la sulfureuse rousse reprit place aux côtés de prénommé Gondemar en tapotant sympathique sa joue " Toujours pas de sourire … Halala ! Les hommes de cette ville sont aussi mornes que les statues du temple ! Oh j'oubliais presque..."
De toute sa grâce de jeune noble à l'éducation accomplie, elle se redressa murmurant d'un ton semblable à celui d'une promesse d'amour " Je suis Avdokeai … Messire Gondemar. Drôle de prénom j'imagine ? Il n'est guère commun ni d'une beauté particulière."
Sujet: Re: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Mer 13 Juil 2016 - 21:46
La femme qui se trouvait à ses côtés savait visiblement y faire quand à la manière dont on pouvait mener un homme à chavirer, à se laisser porter par les sourires, les rires et les petites attentions, mais hélas -pour l'instant tout du moins- celui qui se trouvait être son invité peinait visiblement à accepter ne serait-ce que lâcher du lest, demeurant assit droit comme un "i" et l'écoutant parler avec attention, sans pour autant paraitre s'ennuyer. Ni l'un ni l'autre ne désirait jouer la tragédie, au même titre qu'ils cachaient tous deux des choses qui, s'ils les hantaient plus ou moins, n'avait peut-être pas sa place dans cette étrange situation où rien n'était certain. Le regard de Gondemar ne quittait pas l'hôtesse des lieux, ses yeux clairs suivant chacun de ses mouvements, chacun de ses gestes, non pas par méfiance, mais davantage par une sorte de fascination inconsciente : il y avait bien longtemps qu'il ne s'était trouvé en présence d'une femme au sein d'un tel cadre.
- Votre vin est délicieux.
On ne saurait mentir sur un tel sujet, au même titre que Ecuviel adorerait sans doute goûter au liquide alcoolisé, lui qui en était friand et possédait également sa propre cave. La mention des Fangeux avait cependant réussit à faire revenir à la charge l'air sombre de l'ancien soldat qui, voyant la Noble lui adresser un large sourire encourageant, ne parvint même pas à en esquisser l'ombre d'un, se contentant de la fixer avec une lueur mêlant chagrin résigné et désabusement, un regard triste, mais non désespéré, où le bonheur avait disparu. L'homme aurait voulu sourire, à dire vrai son expression semblait avoir voulu le faire à sa place, mais finalement ce ne fut que le silence qui se manifesta alors que la rousse revenait vers lui. Il leva son verre par mimétisme, hochant la tête.
- Santé.
Cela au moins était également sincère, au même titre que lorsque Gondemar prit une gorgée de vin, il la savoura plus qu'il ne voudrait l'admettre, en reprenant une seconde avant de soupirer discrètement. De nouveau son hôtesse fit preuve d'un humeur appréciable et l'ombre d'un sourire ne passa guère qu'au plus profond de ses yeux bleus, son visage demeurant impassible, y compris lorsque la main douce et fine vint se poser sur sa joue en une caresse agréablement bienveillante. Le fait qu'elle se présenta et l'appela "sir" eut le mérite de l'étonner visiblement, provoquant enfin une réaction évidente qui lui fit cligner des paupières sous la surprise, fut-elle brièvement passagère.
- Je n'ai rien d'un Sir, Dame Avdokeai. Et détrompez-vous, votre prénom sonne fort bien à l'oreille.
Tout du moins la sonorité lui plaisait-elle, au même titre qu'il aimait le prénom de Xandra ou celui de son fils, le sien étant lui-même assez singulier quand on y réfléchissait bien. Reprenant une gorgée de vin, Gondemar sembla se dérider un peu et choisit de défaire sa lourde cape qui glissa le long de son dos jusqu'au sol. Son épée suivit le même chemin peu après, non par arrogance de se croire en sécurité, mais parce qu'il avait encore une arme blanche à lame courte sur lui, au cas où.
- Pour tout vous confier, Noble Dame, je suis en deuil de ma tendre épouse qui nous a quitté il y a quelques mois de cela, lorsque les Fangeux ont été introduits au sein de la Cité.
Introduits, et non point "entrés", là était toute la nuance et indiquait ainsi clairement ce que pouvait penser l'homme d'arme de ce qui était arrivé ce jour-là à Marbrume. A ses yeux, les coupables méritaient bien pire que la mort, mais les Trois sauraient porter leur jugement et accabler les responsables des pires atrocités le moment venu. Gondemar reprit une gorgée de vin et réalisa qu'il venait de terminer sa coupe, l'observant avec un air songeur avant de relever les yeux sur Avdokeai, une très faible esquisse de sourire passant brièvement sur ses lèvres.
- Serait-ce malséant que d'oser vous quémander une autre coupe ? Je dois reconnaitre que votre vin est particulièrement bon.
A moins qu'une agréable compagnie -autre que celle de son ami d'enfance- ne lui soit bénéfique et ne le déride un peu ? Gondemar préférait ne pas y songer pour le moment et, bien que cela ait prit du temps, au moins avait-il réussit à sourire quelques secondes, chose qui n'était plus arrivé depuis qu'il était devenu veuf.
Alienor E. Von ElrichBaronne
Sujet: Re: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Jeu 14 Juil 2016 - 23:03
L’errance d'un homme.
Avdokeai&Gondemar
I
" Vous voyez quand vous voulez être agréable et bon joueur ! Je vous en prie c'est avec plaisir que je vous offre mon vin."
De nouveau elle versa ce qu'on appelle et décrit comme étant la boisson des dieux, après tout n'est-elle pas ce qu'il y'a de plus raffiné de part sa couleur rougeoyante et profonde, son goût et les soins portés à sa fermentation ? La baronne prit soin de remplir à hauteur généreuse la coupe de Gondemar avant de déposer la cruche à portée de mains, et s'adossait contre le dossier habillé de velours du divan.
" Veuillez accepter mes plus sincères condoléances … Mais si vous permettez en tant que femme, je ne comprends pas très bien ce qui a pu vous attirer dans un endroit tel que celui-ci. Non pas que je ne suis guère ravie de votre présence loin de là … Mais disons qu'au vu du chagrin qui afflige votre visage vous semblez aimer votre défunte épouse …"
Avdokeai n'avait connu ni l'amour ni les orages de la vie, de haut de ses 20 ans elle a vécue recluse et choyée dans une prison dorée qui entoure ses femmes d'une protection qu'assure à la fois le titre mais aussi la richesse de la famille, ainsi parfaitement convaincue que son destin ne se résumera qu'à contracter une juteuse alliance pour le bien des affaires de son père l'idée d'une idylle eut tôt fait de quitter cette singulière jeune femme qui ne croit en rien aux romances ni aux promesses qu'un prétendant vous murmure un soir de banquet au détour d'une fontaine, faute d'avoir connu la misère et la faim, le danger et le froid, la baronne possédait ce regard désillusionné et mûr.
" Elle devait bien être chanceuse, vous autres gens du peuple qui désirez si ardemment vivre comme nous croyez bien que certes nous dînons chaque soir et vivons dans l'opulence mais jamais ou rare sont les marques d'amour et de sincérité. Moi par exemple je sais que je ne serais jamais aimé d'amour."
Elle continuait de boire et conversait avec une aisance et une légèreté familière comme avec un vieil ami qu'elle a perdu de vue, étant dans un boudoir au style exotique elle se permit de s'étendre face à son interlocuteur, dandinant nonchalamment ses longues jambes galbées sous le tissu vaporeux de sa robe sombre.
" Il me semble que j'ai aperçu l'ombre d'un sourire sur vos lèvres Messire, car il me plait de vous appelez ainsi ou bien me permettez vous de vous appelez directement Gondemar ?"
Et toujours avec cette même tendresse elle se retourna pour s'allonger sur le dos laissant se découper sur fond de velours sa silhouette de profil au trentenaire, sa main pendant dans le vide maintenant du bout de ses doigts la coupe en argent, son regard observait le plafond songeur et elle laissa un silence s'installait entre eux troublé seulement par sa respiration régulière dont témoigne sa poitrine qui se relevait à intervalle régulier.
" Je pense qu'il n'y a rien de plus terrible que la solitude… Cela ronge l'âme, on a beau s'occuper et s'afférer à remplir nos journées la nuit nous rattrape toujours pour nous montrer ô combien nous sommes seuls… Enfin je ne vais pas vous importunez avec les divagations d'une enfant, mais je suis bien curieuse d'un propos que vous avez dit tantôt…." La noble se releva pour boire de nouveau " Introduits dîtes vous ? Des preuves ou une idée qui vous a traversé l'esprit ? Avez-vous quelqu'un ouvrir les portes ?"
Sujet: Re: L'errance d'un homme [PV Avdokeai] Sam 16 Juil 2016 - 15:44
Gondemar lui-même ignorait pourquoi il avait passé la porte d'un tel endroit, cela dit il soupçonnait les idées que son fils lui avait partagé, il y avait quelques temps de cela. Anatole s'inquiétait de le voir si renfermé sur son chagrin et, bien qu'il le Père ne dédaigna jamais son enfant, il ne souriait plus comme autrefois et la peine ne quittait point son regard, sauf lorsqu'il s'agissait du travail où l'éclat féroce du combat se faisait voir. Préférant garder le silence à ce sujet pour l'instant, il bu une nouvelle gorgée de vin en écoutant son hôtesse qui lui faisait part de sa vision des choses dont il avait lui-même conscience. C'était là encore fort dommage quand on y pensait de se dire que les Nobles n'étaient point libres d'aimer comme ils l'entendaient.
- Ce devrait être interdit.
L'homme bu une nouvelle gorgée, songeant qu'à présent qu'il avait accepté, son coude semblait plus prompt à se lever.
- Obliger quelqu'un à se marier par intérêt et faire une croix sur l'amour devrait être proscrit. Je suis sûr que les Dieux eux-mêmes désirent voir leurs créations heureuses et non subir de tels arrangements.
Portant un regard vif sur la silhouette de Avdokeai, l'ancien soldat la scruta des pieds à la tête avant d'acquiescer fermement à une pensée qui lui traversait l'esprit et qu'il choisit d'émettre à voix haute, alors même qu'elle lui demandait comment l'appeler.
- Gondemar conviendra, si cela vous sied. Et je pense qu'une jeune femme telle que vous mérite tout autant qu'une autre d'être aimée. Vous combleriez sans aucun doute le coeur d'un homme par votre écoute et votre beauté.
Une Dame qui semblait de qualité ne pouvait ni ne devait point faire de mariage malheureux, comme les gens du bas peuple en entendait parfois parler. Parfois une Noble Dame périssait en couche quand une autre était parait-il violentée par son époux, ce qui confortait nombre de petites gens dans le fait que les humains se ressemblaient tous sur certains points. Gondemar avait esquissé un faible sourire et cela n'avait en tout cas pas échappé à la rousse qui, étendue ainsi à proximité de lui, offrait une vision pour le moins fascinante et terriblement tentante. Une chance que l'homme soit à la fois honorable à ce sujet et sache se tenir, sans quoi il aurait sans doute tenté quelque approche pour obtenir un peu de réconfort d'une manière que la morale réprouverait. Les propos de Avdokeai, cependant, laissaient à penser qu'elle ne parlait pas seulement de son invité, mais également d'elle-même, aussi après avoir terminé sa coupe, l'ancien soldat décida-t-il de s'engager sur ce chemin.
- Je n'ai rien vu de la sorte, mais nombreux sont ceux qui savent combien la ville avait été entièrement barricadée et vérifiée de fond en comble. Nul Fangeux n'aurait pu pénétrer au sein de la Cité sans une aide de l'intérieur... Et si vos nuits vous accablent d'une agitation, sachez que je partage également cette solitude et que je regrette qu'une jeune personne de votre sorte soit ainsi confrontées à l'horreur de ce monde. Ceci devrait nous être réservés, à nous qui défendons nos semblables.
Qu'au moins le sacrifice de leur sommeil permette à autrui de trouver le repos, hélas nombreux étaient les enfants qui cauchemardaient atrocement et nombreux aussi étaient les adultes qui se retournaient sans cesse au moindre bruit suspect, au moindre craquement... La Cité tremblait tout en essayant de survivre et, dans le fond, Gondemar songea que c'était sans doute cela qui l'avait attiré dans cet établissement.
- Il me semble que la lumière et la joie que je vis et entendit depuis la rue me donna envie de pénétrer en ce lieu. Cela peut vous paraitre étrange, mais mon propre fils m'a dit que je devais m'amuser et retrouver la chaleur des bras d'une femme pour aller mieux.
L'homme rit, moitié gêné, moitié amusé, secouant légèrement la tête en songeant à son fils qui était fort précoce sur le sujet, mais également bien plus sage que lui à son âge. Drôle d'époque.
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L'errance d'un homme [PV Avdokeai]
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