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 Une journée (pas) de tout repos [Grim]

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MessageSujet: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyMer 10 Aoû 2016 - 3:12
La Hanse, Juin 1165


Le soleil, proche de son zénith, amorçait sa course descendante et lorgnait nonchalamment bien au-delà des Faubourgs, étendant sa chaude caresse au loin, du côté du Labret, dorant de ses rayons les blés tendres qui viendraient bientôt nourrir les espoirs et les ventres affamés des Marbrumeux. Les rues, à son aplomb, se laissaient baigner par sa lumière crue qui, dans les moindres impasses, venait lécher les nombreux badauds et chalands, pécores et soldats, marchands ou encore voleurs à la tire qui grouillaient à cette heure où les marmites laissaient s'échapper, par les fenêtres entrouvertes, les délicieux fumés, de quelques maigres pitances, qui venaient habilement se mêler au brouhaha de cette faune agitée par la rumeur. Anür avait été vue. Fait incontestable pour certains, divagation d'un esprit dérangé et colportée par des esprits tout aussi instables pour d'autres, chacun y allait de sa conviction la plus profonde, de celles qui chevillées au corps ne souffrent aucune concession. Était-ce l'annonce tant attendue de la fin de ce long cauchemar ou, au contraire, revêtue de sa tenue de Grande Passeuse des Âmes, venait-elle chercher les dernières qui s'accrochaient encore, désespérément, dans ce petit coin du bout du monde qu'était devenu Marbrume? Le lieu même de cette prétendue apparition nourrissait les hypothèses les plus folles. Était-ce en lien avec le navire aperçu quelques jours plus tôt?



Taverne de l'Antre Deux

La taverne de l'Antre Deux n'y échappait pas.

"Y viennent nous chercher, j'te dis! Moi j'y fous p'us les pieds sur c'te côte!
- Mais qu'est-ce t'en sais d'abord! T'es là, à foutre les foies à tout l'monde, avec tes grands airs de prédicateur de la mort, alors qu't'en sais foutre rien! Abruti!
- Ah ouais, et elle s'rait là pourquoi à ton avis! Pour s'tremper l'cul dans l'eau p't'être! Si vous étiez moins cons, vous ...
- Tu vas la fermer ta grande gueule ou j'te la ferme! J'sais pas c'qui m'retient d't'en coller une!
- La peur p't-être bien! Railla le gros chauve aux bras taillés comme les cuisseaux d'un chevreuil.
- Mouais... c'est qu't'en vaux pas la peine surtout..." persifla sans grande certitude le deuxième larron en s'éloignant.

Ce qu'ils pouvaient la gonfler tous ces emmanchés à jacter comme ça de choses qu'ils captaient même pas. Si la Déesse avait des projets pour eux, ben, ils y couperaient pas. C'est tout. Alors, ils pouvaient toujours s'étriper tout leur soûl, ça chang'rait rien à rien! Des fourmis, rien d'plus, dans l'grand jeu des Trois. Ils valaient que t'chi. Par contre, s'ils voulaient bien arrêter de gesticuler comme ça et surtout s'ils la bouclaient, enfin, et bien ça lui ferait des vacances à La Môme. Parc'que faut pas déconner, c'est relâche aujourd'hui! Aucun glandu à filer, rien j'vous dis. Le pied!

Elle avait décidé de sortir sa p'tite troupe, sa bande quoi, et elle faisait pas les choses à moitié la Live. Elle avait déniché deux poules, pas moins, et tout c'qui allait avec pour que le patron, le Jacquot, leur mitonne un bon p'tit plat. Aux p'tits oignons qu'ils allaient être. Et pendant que ça mijotait, encore et encore, qu'la salive leur montait en bouche et ben restait plus qu'à c'la couler douce. Et à l'Antre Deux, y'avait d'quoi passer du bon temps. C'était l'antre du jeu. D'ailleurs, Live, elle avait jamais bien compris le nom de c'endroit. L'antre d'accord. Mais le deux, il le sortait d'où? Entre deux quoi, d'abord? Entre deux eaux? Ici, c'était plutôt entre deux vins, mais bon. A moins qu'ce soit entre deux chaises? C'était pas très clair quand même! Y'en a qu'ont des idées parfois, tu sais pas bien d'où ça leur vient, mais c'qu'était sûr c'est qu'elle aimait bien cet endroit et Joli-Coeur aussi d'ailleurs. Ici, y'avait pas trop d'filles à palucher, mais pour ce qui était de son autre vice, il était au septième ciel.

Debout entre deux tables... à ouais, ça marche aussi avec les tables... un pied sur un banc puis sur l'autre, il faisait sa girouette, lançant à qui mieux mieux les dés. Une partie de Franc carreau d'un côté et de l'autre une petite Raffle et pour rafler il s'y connaissait le bougre.

"Boit! Lança celui qu'était à la première table en voyant le dé chevaucher deux cases du damier. Alors, il but, Doriat. C'est qu'il aimait bien changer un peu les règles, pour s'fendre un peu la poire et finir carpette. Ça aussi, ça f'sait partie des p'tits penchants du bonhomme. Puis, il relança son dé pour tomber cette fois sur sa couleur.
- Blanc! Et il piqua une pièce au mec d'en face, avant de s'retourner vers l'autre tablée et de lancer trois autres dés. Tierce!
- Non mais, c'est pas dieu possible une telle veine! Souffla l'autre qu'en avait marre de s'faire plumer comme les deux autres qu'attendaient plus qu'on les becte, vous savez, celles dans leur pot sur l'coin du feu.

C'est vrai qu'il avait une chance de cocu, mais ça il s'en foutait pas mal. Vu qu'il avait une fille différente chaque soir, il demandait pas non plus à la vertu d's'inviter sous ses draps. Non, c'est surtout qu'il les bichonnait ses dés... Il en avait de toutes sortes, des plombez, des longuez, des vuidez, et y s'ressemblaient drôlement, y'avait qu'lui pour les reconnaître au fond d'sa poche.

L'Anguille, il était parti faire un tour, prendre un peu l'air comme qui dirait. C'est qu'ça lui réussissait pas à lui toutes ces discussions et c'te chaleur ambiante. Valait mieux qu'il en rajoute pas, parc'qu'avec lui c'était toujours vite réglé!

La p'tite elle, elle se faisait les doigts aux cartes, des tours de passe-passe, ni vu ni connu j't'embrouille et j'te pique ton blé. Elle avait de l'avenir Alsine et justement, occupée à sa partie de fer à ch'val, La Môme la couvait doucement du regard. Elle regardait tout son p'tit monde. C'est qu'elle les aimait drôlement derrière ses airs de "tu m'cherches, tu m'trouves".

Manquait plus que le Comte, mais lui il charbonnait à c't'heure là. Assis sur les marches du Temple, exhibant son moignon, il engrangeait un peu de miséricorde et d'pognon avec. C'est qu'ces deux là, ils ont toujours fait bon ménage. A vot' bon Coeur, La Trinité vous l'rendra!

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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptySam 13 Aoû 2016 - 23:24
Il allait mieux. Et c'était comme une renaissance. Son épaule était encore douloureuse, il évitait de tirer dessus, mais sa guérison relevait presque du miracle. Grim était éternellement reconnaissant envers la jeune Esther qui, malgré son manque d'expérience, avait fait preuve de beaucoup de talent.
Le petit homme avait retrouvé sa bonne humeur, même si elle avait mis le temps à revenir. Plus les jours filaient, plus son avis sur son frère Üther changeait. Lui qui pensait qu'il ne l'aimait pas … il lui avait tout de même un peu sauver la vie en venant le chercher chez lui et en le traînant de force à l'extérieur. Grim, lui, avait ce jour-là accepté son sort funeste. Mais, maintenant qu'il était en vie, et bien en vie, il savait qu'il avait une dette envers lui.

L'artiste de feu avait, durant sa convalescence chez sa mère, abandonné totalement sa petite piaule. Il redoutait le moment où il devrait de nouveau y mettre les pieds, car il l'avait laissé en mauvais état. Ça devait sentir le vieux cadavre. De plus, Üther avait littéralement défoncé la porte d'entrée lors de sa mission sauvetage, ce qui renforçait d'autant plus l'idée du meurtre sauvage qui émanait de chez lui. Enfin. Il aurait le temps d'y penser une fois rentrée.

- Fais attention à toi, surtout, s'inquiéta Sven, le vieux père de Grim.

Le saltimbanque avait finalement été contraint de le mettre au courant de la situation et lui avait donc tout expliqué. Sa rencontre avec l'Ecu Rouge, le recrutement forcé, l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête et de celle de sa famille et ce fameux règlement de compte. Lui qui ne voulait rien dire pour ne pas l'angoisser, c'était un plantage total. Sven avait failli faire une syncope lorsque Grim avait sorti le mot 'enlèvement'.

- Cette histoire est terminée, maintenant, le rassura-t-il sans vraiment y croire lui même. Le plus dur est passé.
- Je ne pourrai me remettre de ta mort …

Sa main vint cacher son regard larmoyant. Un soupir manqua de franchir les lèvres de Grim. Il s'en voulait de lui avoir tout avoué, finalement. Il l'étreignit, et ce geste lui fit un effet étrange, car les deux hommes n'étaient guère du genre à exprimer leur affection. Si Grim était du genre bavard et câlin, son père, lui, était fait de pierre et ne parlait seulement si ses propos lui semblaient plus importants que le silence.

Son fils quitta la modeste demeure les yeux brillants mais le cœur léger. Lui aussi, aimait croire que tout ça était terminé. Il avait hâte de passer à autre chose et de pouvoir recommencer à jongler.

Ses bouclettes châtaignes rebondissaient sur sa tête au rythme enjoué de ses pas. Il était pratiquement agrippé au petit sac de victuailles offert par son père, effrayé à l'idée qu'elles ne s'envolent avant qu'il n'ait le temps d'arriver chez lui. Le monde lui paraissait plus impressionnant après ses longues journées à être resté alité. Il avait la sensation d'avoir étrangement perdu l'habitude, mais l'air frais lui faisait un bien fou, il avait presque envie de chanter.
Oh, et puis, au diable la timidité ! Le voici donc en train de chantonner gaiement une petite mélodie improvisée aux paroles décousues alors que ses jambes le guidaient inconsciemment vers un endroit qu'il connaissait bien.

Ce fut donc avec une certaine surprise qu'il se retrouva au pas de la porte d'une taverne. L'Antre Deux, de son p'tit nom. Il y faisait bon vivre, et y'avait toujours un peu de monde pour y apporter le brouahah sourd propre à toute bonne taverne qui se respecte.
Sans vraiment réfléchir et poussé par la bonne ambiance, il s'imbiba de l'atmosphère et, sourire aux lèvres, louvoya entre les clients pour se trouver une p'tite place et boire une p'tite chope tranquillement avant de vraiment, cette fois-ci, rentrer dans son placard.

Puis, boisson en main, il s'autorisa à s'approcher des tables de jeux. À une distance raisonnable tout de même, car il ne souhaitait pas spécialement qu'on vienne lui parler. N'empêche qu'il avait toujours bien aimé, les jeux dans c'genre. Il avait essayé très souvent, et même s'il avait du mal à comprendre, apparemment, il s'en sortait pas mal.
Ce début de soirée en liberté aurait pu se passer drôlement bien, si l'éternelle tête de victime de Grim n'avait pas attirer de chipeur. Il avait suffit qu'il oubli une seconde sa sacoche pour se concentrer sur la table dirigée par une jeune fille au sourire narquois pour qu'un autre type tranche la lanière de la besace pour prendre la fuite.

- Aaaah non ça suffit maintenant ! S'offusqua Grim, même plus surpris.

Réellement agacé, sa voix était partie dans les aiguës et c'était lamentablement brisée à la fin de sa phrase, comme s'il muait encore.
Son premier réflexe fut d'attraper de sa main valide le col du voleur, mais ne lui resta dans la main qu'un morceau de tissu. Le second réflexe inclue un lancer de choppe en terre cuite, et, visiblement, ça volait plutôt bien. L'objet traça une parfaite diagonale dans les airs avant de frapper violemment et très justement le crâne du malotru. Le petit artiste ne perdit pas une seconde pour voler à ses trousses. Il était presque dehors, et malgré le choc assommant, il tenait bon, et continuait à avancer.

- Arrêtez-le bon sang de bonsoir !
Brailla-t-il alors qu'il trébuchait sur une objet non-identifié.

Se faire poignarder, d'accord, mais se faire dérober les provisions offert par son vieux père aux revenus plus que moyens, jamais !
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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyDim 14 Aoû 2016 - 22:10
Lassée de lancer les U métalliques sur l'énorme clou planté à même le vieux plancher crasseux, La Môme venait de quitter ses partenaires de jeu pour rejoindre son acolyte, roi du dé et de l'embrouille. Un sourire discret, mais non moins amusé, elle le regardait donner une véritable représentation. C'est qu'il avait un p'tit côté saltimbanque un rien narcissique. Aussi, bichonnait-il le public qui commençait à se former autour de celui qui avait une chance insolente.

En bon arnaqueur soucieux de ne pas voir s'envoler ses pigeons, il prenait néanmoins grand soin de perdre quelques coups d'affilés histoire de redonner un espoir tout provisoire à ses malheureuses victimes. Et pour que le spectacle soit complet, il pestait vertement, implorant les dieux dont il n'avait rien à carrer, maudissait la malchance qui ne le quittait pas... pour peu, il se serait même ouvert les veines!

"Chaud devant! Poussez-vous bande de sagouins! C'était le Jacquot qui, portant à deux mains un immense plat fumant, avait toutes les peines de monde à se frayer un chemin jusqu'à la table.

La suite? Je sais pas comment vous expliquer ça... La poisse, la guigne et la scoumoune réunies. En un si petit être... cela semble incompréhensible! Et pourtant...

Je vous refais la scène digne de figurer dans les anales, un moment d’anthologie qui sans nul doute sera encore chanté par les bardes durant les siècles et les siècles à venir.

Le p'tit gars qu'était entré peu avant dans la taverne, serrant son sac comme si sa vie en dépendait, avait fini, comme bon nombre, par se rapprocher du centre de toutes les attentions. Une choppe à la main, il paraissait pourtant si inoffensif, comme quoi, la perfidie n'a pas qu'un visage. Moi, j'vous l'dis, une grande leçon qu'elle venait de prendre La Môme. On ne se méfie jamais assez de l'innocence. Y'a d'ailleurs un dicton qui dit : "Dieu préserve-moi de mes amis, mes ennemis je m'en occupe". Y'a rien d'plus vrai! Si seulement elle avait pu imaginer un instant ce qui allait s'produire, elle l'aurait attrapé par la peau du cul et jeté par la porte sans ménagement. Seulement voilà, c'était détente aujourd'hui et elle était pas sur ses gardes... erreur fatale!

Regardant le patron arriver avec leur festin, un large sourire de satisfaction accroché aux lèvres, le regard pétillant et l'estomac à la fête, Live, n'avait pas tout vu. Deuxième occasion manquée de déjouer le funeste sort que leur réservait le destin. Le coup d'envoi des festivités fut donné par une voix de crécelle, un truc assez étrange qui sembla s'étrangler de lui-même. Si seulement il avait pu s'en étouffer, tout aurait été fini, mais non... il poussa son cri mi-irrité, mi-résigné, un "Aaaah non ça suffit maintenant !" qui aurait dû les mettre en alerte : il en était pas à son coup d'essai le fourbe!

Alors là, faites gaffe, parc'que tout va aller très vite.

Un morceau de tissu encore à la main, il jette sa choppe sur le type qui détale vers la sortie avec son foutu sac. Tout aurait pu, encore une fois, s'arrêter là, mais, non, v'là notre gringalé qui s'démonte pas et se lance à sa poursuite. Et c'est là que tout bascule. L'horreur dans toute sa splendeur.

Le Jacquot, qui arrive pas à passer, contourne pour arriver à revers, le p'tit homme croise sa route, s'prend les pieds dans ceux du taulier; en une sorte de chassé-croisé, ils basculent vers l'avant, s'évitent sans heurt et là... et là... J'sais pas ce qui m'retient! Rien qu'd'y penser, j'ai comme des envies de meurtre... Les deux poulardes dans la lancée prennent leur envol et, glissant avec grâce hors du plat, atterrissent sur la table. La traversant d'un bout à l'autre, et laissant dans leur sillage leur farandole de légumes bouillis, elles semblent ne pas vouloir stopper leur course. Celle de tête, la chef sans doute, forte de son élan, s'fait carrément la belle et de rebonds en glissades achève sa cavalcade à deux tables de là... sous la semelle d'un gars qu'est pas peu fier d'avoir mis fin à sa fuite.  La seconde, plus timorée, semble hésiter à basculer, puis, voyant la gueule de sa frangine à moitié écrasée comme une merde, décide finalement que c'est bon pour elle. Elle est bien là, ouais, c'est pas mal tout compte fait qu'elle se dit la maline...

Allez, j'vous la refais avec un focus sur les protagonistes.

"MAIS, C'EST QUOI CE CON! Ça, c'est l'Jacquot qu'a failli s'bouffer la table et qui, dans une position totalement improbable et tenant toujours le plat à deux mains, beugle tout c'qu'il peut.
- Rhhho! Échappe Alsine qui s'amuse de la scène et surtout de c'qui va suivre... ça va chier!
- ... Là, c'est Doriat, un poireau fumant sur le dos d'la main, il fusille du regard le p'tit gars tout bouclé.
- ... Ici, c'est La Môme, la bouche ouverte, les yeux ronds perdus sur la table, elle a encore du mal à évaluer le désastre. J'me demande même si elle est pas en état d'choc.

Et puis, à la porte, les bras croisés et barrant la sortie, y'a l'Anguille. Il a les yeux braqués sur l'gars au sac qu'a pas eu d'bol de tomber nez à nez avec lui, parc'que quand il vous regarde dans les yeux le Silva, c'est pas bon pour vous, pas bon du tout! Et si y'a une chose dont j'suis certaine, c'est que personne ne le fera bouger de là.
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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyLun 15 Aoû 2016 - 17:13
Grim n'entend pas. Les cris, les exclamations et les jurons qui fusent. Il n'y avait que son sac, son précieux sac, qu'il tâchait de ne pas lâcher du regard de crainte de le voir disparaître pour toujours. La brusque montée en décibels à l'intérieur de l'auberge était pourtant parvenue jusqu'à ses oreilles, mais il pensait que c'était uniquement dû au vol à l'arrachée et pas au vol plané d'un bon plat tout juste sorti des cuisines.
À l'entrée, y'avait ce type qui barrait la route, qui devint l'espace d'une fraction de seconde le Dieu tout puissant de Grim. C'était tellement rare qu'on lui prête main forte ! Le chapardeur n'en menait pas large et avait beau essayer de se frayer un chemin, de vouloir pousser, de tenter de se faufiler, l'autre mec tenait bon et ne semblait même pas peiner à retenir le malotru.

C'était juste les quelques secondes qu'il fallut au petit artiste pour rejoindre la porte et sauter sur son ennemi du jour. Et la différence de taille entre les deux individus étaient pour le moins remarquable. David et Goliath en direct de l'Entre Deux, si je puis dire. Malheureusement, en plus d'être le moins grand et impressionnant, Grim demeurait toujours le plus faible. Et il aurait beau avoir toute la motivation du monde, il n'en demeurait pas moins ridiculement incapable de se battre. Alors il décida de saisir le taureau par les cornes pour ensuite lui administrer un magistral coup de pied là où ça fait mal pour nos amis les mâles. La solidarité masculine ne marchait pas quand on volait de la nourriture offert par Sven.
Un long cri à moitié étouffé jailli des lèvres du voleur qui peut-être deviendra voleuse. Il se courba en avant, en profanant mille et une insultes fleuries et se laissa glisser au sol, laissant tout le loisir au petit homme bouclé de venir cueillir son bien.

Ça, il n'était pas peu fier, le Torren. Il venait de mettre à terre le premier homme de sa vie ! Il n'avait même pas eu peur, quel exploit ! Peut-être que ce cassage de gueule qu'il avait enduré avait finalement servi à quelque chose. Du moins, à autre chose que le clouer au lit pendant plusieurs semaines.

Offrant son plus beau sourire au bonhomme qui avait parfaitement joué le rôle de porte blindée, Grim avança, décidé à partir. Mais l'autre ne bougeait pas d'un pouce, à croire qu'il prenait son nouveau travail bien trop au sérieux.

- Merci, messire, lâcha-t-il pour l'encourager à lui laisser le passage. La Trinité vous remerciera !

Dans son dos, ça jacassait un peu moins. Y'avait même comme un silence un peu pesant, un peu étouffant que Grim n'aimait pas vraiment. Il ne put malheureusement pas trouver dans le regard de l'homme-porte le réconfort qu'il aurait souhaité trouver, et fut donc contraint de faire volte-face, chose qu'il fit comme si une malédiction venait de s'abattre sur lui.
Enfin alors, il put aisément constater les dégâts. Alors qu'à la base, l'endroit était tout de même pas trop mal propre et entretenu, là, y'avait un bordel monstre. Entre les légumes cuits à l'eau qui traînaient ici et là, la viande rôtie juste ce qu'il fallait qui gisait lamentablement sous le pied de l'un des clients, la position prêtant à rire de l'aubergiste et les gueules de trente-six pieds de longs de certains des protagonistes, y'avait de quoi se poser des questions. Une grimace d'anticipation vint tordre un peu le visage du petit homme, qui serra son sac contre son buste. Il avait beau chercher une tête un peu amicale, il avait bien l'impression d'être seul dans la galère.

- C'est … c'est à cause de moi, tout ça ? Osa-t-il demander du haut de sa voix de gamin.

C'était vers les tables de jeux qu'il nota le degré de colère le plus élevé.

- … Pardon ?

Faute avouée à demi pardonnée paraît-il.
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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyMer 17 Aoû 2016 - 16:35
Je sais pas c'qu'il pouvait bien trimbaler dans son précieux sac, mais y'avait que lui au monde. Il s'était jeté dans son élan sur le gars, disons plutôt que c'est sont pied qui était venu au contact de la malheureuse entre-jambe du voleur, lui arrachant un cri pathétique avant qu'il ne s'écroule à terre dans un flot d'injures bien méritées. J'trouve même qu'il avait été un brin courtois vu les circonstances. La scène de désolation, le vacarme, les cris... rien, mais je dis bien rien, ne vint perturber le petit homme qui, désormais le point de convergence de tous regards et de toutes les animosités, semblait, malgré tout, pas peu satisfait de son intervention. Se rendait-il seulement compte du drame qui se jouait dans son dos alors qu'il tentait d'amadouer le Silva. Non parc'que là faut pas déconner! Quand on sait le mal qu'il faut s'donner pour dégotter deux belles poulardes bien en chair et quand on voit le résultat, ben y'a d'quoi perdre un peu ses bonnes manières.

"J'vais le tuer...", grinça Doriat en secouant sa main sur laquelle on pouvait maintenant voir la trace rouge laissée par le légume brûlant.

La Môme avait enfin levé la tête de la scène du crime qui s'étalait, là, sous ses yeux. Elle cherchait le deuxième volatile, son regard fouilla à la ronde et elle le découvrit enfin, à l'agonie, à quelques mètres d'elle. Oh, j'vous jure, ça me donnerait presque envie d'chialer, tellement c'était poignant.

"Non... laisse-le moi". Sa voix était traînante, comme absente et détachée de l'horreur de la réalité.

Et notre gibier de potence dans tout ça? Ben, lui, ça semblait aller. Serrant son sac contre lui, il venait de se retourner et balayant la taverne du regard, il les gratifia d'une grimace qui ressemblait vaguement à un "oups". Oups?! Il avait rien d'autre à bredouiller? Parce que là, j'vous préviens de suite, va falloir être un peu plus convainquant. Il allait devoir se surpasser s'il voulait tenter d'sauver la peau d'son cul, parce que sinon il était bien parti pour se faire écharper.

"C'est … c'est à cause de moi, tout ça ?"

Ah ouaiiis... Il était l'alpha et l'oméga et pourtant il doutait... philosophe le bonhomme. Non seulement, il se battait comme une donzelle, une véritable fiotte, mais, en plus, il assumait même pas avec sa voix d'adolescent prépubère. Quant j'vous disez qu'on ne se méfie jamais assez de l'innocence. Il f'sait penser à ces gamins qui la bouche encore barbouillée de confiture continuent envers et contre tout à faire non de la tête.

"… Pardon ?", qu'il avait conclu. Ben ouais, tu comprends quand tu t'demandes si on est pas en train de te coller sur le dos une histoire où t'es même pas sûr d'avoir trempée, ben forcément t'hésites à t'excuser. Non parc'que faute excusée... à moitié avouée et lui il voulait pas. Pas con, y'avait même comme de la cohérence chez lui. D'la cohérence, qu'elle se disait La Môme, j'men vais lui en coller d'la cohérence moi, tu vas voir, ça va pas traîner!

"Laisse-le partir!", l'ordre lancé à l'attention de Silva concernait le type qui avait réussi à se mettre à genoux, les deux mains toujours en coque de protection sur ses attributs. Tant bien que mal, il se redressa et se faufila dans l'entrefilet que lui ouvrit l'Anguille. D'autres clients bien inspirés en profitèrent pour se diriger vers la sortie. D'un signe de tête, La Môme donna son accord et la taverne se trouva bientôt vidée du bon trois quart de sa population. Comme ça la voix portait mieux, y'avait presque de l'écho... écho... écho... Et puis, faut dire, qu'ça laisserait aussi plus d'amplitude aux mouvements, c'est qu'il fallait d'la place pour danser. Et pendant qu'le Jacquot s'affairait à regarnir son plat de c'qui pouvait être sauvé, La Môme et le Doriat, ils s'demandaient justement quels pas de deux ils allaient bien pouvoir lui apprendre à l'autre adepte de la méthode du doute.
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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyJeu 18 Aoû 2016 - 12:25
Sa tête rentra dans ses épaules. Il regarda le voleur – le seul vrai fautif, en fin de compte – prendre la fuite, très vite suivit par une bonne partie de la population de la taverne. Il n'aimait pas beaucoup la tournure que prenait les choses, le Torren. Le destin semblait se jouer de lui, à, à ce stade, c'était du vrai foutage de gueule. S'il avait su, il serait resté quelques jours de plus chez sa famille. Après tout, pourquoi s'acharner à vouloir à tout prix sortir et voir du monde si ce même monde souhaitait sa mort ?

Il souffla par le nez en fermant les yeux une seconde, las de cette constante malchance.

- Miséricorde …

Rien que le fait de penser à un possible et énième cassage de gueule réveillait de sales douleurs à son épaule bandée.
En même temps, son empathie le poussait à se mettre à la place des gus qui le massacraient du regard. Tout leur bon repas venait d'être littéralement foutu en l'air, et si y'avait bien un truc qui pouvait mettre un homme en rogne – et qui était justifié -, c'était bien quand on touchait à sa bouffe. Apparemment, pour le coup, ça ne loupait pas.

Grim déglutit et prit une grande inspiration, gonflant ses poumons au maximum.

- Bon, ben … c'est parti, alors.

Il s'avança vers les tables de jeux d'un pas lourd et traînant. Puis, le cœur serré, il jeta sa sacoche, l'objet de toutes querelles, au centre de la table, sous le nez d'une jeune femme au regard accusateur.

- Ca remboursera pas votre repas, mais j'ai pas plus.

Le contenu s'était déversé. Du pain, du fromage, de la brioche, du saucisson, des biscuits secs, c'était là le maigre trésor qu'il s'était pourtant évertué à protéger.
Il eut une moue attristée, voir carrément désespéré en détaillant ces denrées précieuses qu'il n'avait même pas pu goûter.

- Et si vous avez quand même envie de me régler mes comptes – parce que quand même je le mérite, je suppose -, et bien, faites-donc ! Si vous pouviez juste ne pas frapper là …

Il désigna son épaule de son autre bras.

- C'est pas encore totalement cicatrisé, et j'aimerais bien en finir avec cette foutue blessure. Ça vous va ?

Plus vite il se sera fait péter la gueule, plus vite il pourra partir et rentrer pleurer chez lui en se lamentant sur son sort.
Ses yeux verts d'eau passèrent d'une tête à l'autre. Maintenant, il ne cherchait plus vraiment de réconfort dans leur regard. Il cherchait juste à voir lequel de tous allait être le premier à lui balancer un truc au visage.
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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyJeu 18 Aoû 2016 - 19:14
Vous avez déjà vu un tout petit, dans cet état d'équilibre juste avant les gros sanglots, avec sa p'tite lèvre inférieure portée vers l'avant et toute tremblante qu'elle en peut plus? Si vous avez été témoin d'ça, que vous avez pu résister, alors, c'est qu'à n'en pas douter votre pauv' cœur est bien sec. Pour tout vous dire, c'est un peu l'effet que leur faisait la catastrophe ambulante en face d'eux. Le Marius aurait pu dire "Tu me fends le cœur", tant sa réaction était déloyale! Putain, comment lui foutre une branlée après ça? Vous pourriez, vous?

En tout cas l'Anguille, il attendait juste un signe pour lui fendre aut'chose... un bras, une guibolle ou juste le crâne, c'est qu'il était pas regardant le Silva. Du moment qu'ça f'sait crac, lui, il était content. C'est qu'il aimait bien c'bruit, ça lui rappelait son enfance et les douces torgnoles de son vieux. C'est que l'amour ça s'apprend pas, ça s'reçoit comme un cadeau et lui c'qu'il avait pu en recevoir, c'était pas dieu possible. C'est bien simple, il aurait jamais de toute une vie pour les rendre. Alors, quand l'occas' se présentait et ben y piaffait et ses p'tits yeux, qu'aimaient pas qu'on les r'garde, ils semblaient dire "A moi. A moi!". Ahhh, ces gosses... toujours prêts à jouer.

En attendant, La Môme et Joli-Cœur, ben, ils avaient plus trop l'cœur à l'dérouiller et à l'faire valser... Ils étaient même plutôt embêtés à regarder toute la mangeaille qui s'étalait, là, sur la table et...

"Et Merde!
- Ouais... merde, tiens".

C'est qu'c'était pas rien par les temps qui courraient, y'avait d'quoi tenir pendant plusieurs jours sous leurs yeux... et ça, ça valait plus que son pesant d'or d'puis la Fange. Et si les rois d'la débrouille, qu'ils étaient, avaient jamais vraiment manqué, même aux pires heures de Marbrume, ils savaient bien qu'pour beaucoup ça avait été dur à en crever.

Ils se regardèrent, à mi-chemin entre l'agacement et la compassion, ils croisèrent le doux minois d'Alsine qu'avait l'air de leur dire "Soyez pas chiens", ceux du pauv' gars qui les regardait à tour de rôle et qui paraissait avoir accepté son sort, leur indiquant même où ils pouvaient taper, essayant juste de négocier qu'on rouvre pas trop une vilaine blessure. Ça pour sûr, il devait pas en être à son coup d'essai dans l'genre tête à claques...  

Le jacquot aussi en semblait tout chamboulé.

"Bon, tu sais quoi, ramasse ta bouffe et tire-toi vite avant qu'on change d'avis. Et puis arrête de serrer ce sac comme si ta vie en dépendait, c'est l'meilleur moyen pour t'attirer des ennuis. Elle était juste dégoûtée Live, en même temps, elle allait pas s'acharner non plus. Vous savez, c'est pas une mauvaise fille La Môme. File, j'te dis".

Tout aussi déprimé, Doriat récupéra son dè qui prenait un bain dans l'jus d'cuisson. "T'entends c'qu'elle te dit La Môme. Casse-toi!" Le ton était même pas sec, juste las, un rien désabusé.

Quelle ambiance pourrie!
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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyVen 19 Aoû 2016 - 22:51
L'instant de flottement sembla s'étirer douloureusement. Un petit tic d'angoisse vint crisper la mâchoire de notre petit homme. Il se rendit compte après de longues secondes qu'il retenait sa respiration, et que s'il ne se décidait pas à laisser passer de l'air dans ses poumons il allait bien finir par tourner de l'oeil.
Il soupira de la façon qu'il espérait la plus naturelle pour éviter de ressembler à un gros bœuf essoufflé, et se força à retrouver un rythme cardiaque normal.

On finit par briser le silence. Et les mots qui arrivèrent jusqu'aux oreilles du saltimbanque ne parvinrent par de suite à sa petite cervelle. En fait, il n'était pas sûr d'avoir bien saisi.

Que … on l'épargnait ?

Mieux encore, plutôt que de juste garder la bouffe sans lui distribuer des baffes, on lui disait de tout récupérer ? Ou c'était lui qui rêvait trop fort ?
Bouche entrouverte, il dévisagea la jeune femme qui avait prononcé cette phrase pleine de sagesse mais emplie de regrets.

- File, j'te dis.

Il entama un pas en direction de la sortie, puis se rappela qu'on lui avait dit de récupérer son bordel, mais finalement hésita encore parce que quand même, hein, il avait abusé en détruisant leur repas et qu'il fallait bien qu'il se rachète. Il était comme ça, le Torren. À toujours penser à son prochain plutôt qu'à lui. À coup sûr qu'il allait s'en vouloir pendant plusieurs jours, avant de finalement oublier et de passer à autre chose. Et si jamais sa route venait à recroiser la leur, probablement qu'il se souviendra à nouveau, et qu'il sera de nouveau pétri de culpabilité.

- T'entends c'qu'elle te dit, La Môme. Casse-toi !

Un petit sursaut acheva de le ramener à la réalité. Vivement, il ramassa sa sacoche, fourra dedans deux-trois morceaux de sauciflards et de brioche et recula jusqu'à la porte. Sur la table, il restait volontairement de sa réserve, qu'il ne récupérera pas. La nourriture qu'il avait ramassé pour lui allait pouvoir le faire tenir deux jours au moins. Ce qu'il fallait avant qu'il ne jongle de nouveau dans les rues.

- Merci, souffla-t-il presque imperceptiblement.

Et les joues en feu, il passa la porte.

Enfin, plus clairement : on le fit passer la porte. Une pression se fit sur son bras où son épaule n'était pas indemne, et une grimace tordit son visage alors que sa silhouette androgyne disparaissait brusquement du champs de vision des quelques personnes attablées.
La main qui était agrippée à son bras le traîna jusqu'à la ruelle adjacente à la taverne et y restait bien accrochée malgré les protestations de notre petit homme.

- Mais c'est pas possible, à la fin ! Braillait-il, plus énervé qu'effrayé.

Les emmerdes s'enchaînaient à une vitesse folle, ça en devenait réellement énervant.
La main le tira pour qu'il se redresse, et Grim put finalement et sans surprise constater qu'il faisait face au voleur qu'il avait failli castrer un peu plus tôt. Ce dernier semblait aller mieux. Pire encore : il ne paraissait pas vraiment content.
Ses doigts glissèrent dans la touffe bouclée de l'artiste et se crispèrent douloureusement sur son cuir chevelu pendant qu'il lui crachait littéralement à la figure.

- Espèce de … de … sale nabot, fils de catin !

Il le secouait comme on secouait une poupée de chiffon, si bien que l'agressé peinait à rester sur ses jambes. L'haleine du type était encore plus désagréable que ses mains tirant sur ses cheveux.

- Mais prenez-le mon sac si ça vous tient tant à cœur ! S'exclama-t-il finalement, exaspéré. Prends, prends, prends donc ! Allez et fiche-moi la paaaaix, làààà !
- Tu m'as humilié, tu m'as blessé, si tu savais dans quel état sont mes bourses à l'heure actuelle tu m'offrirais bien plus qu'une foutue sacoche de bouffe !
- Mais lâchez-moooi à la fin !

Leurs éclats de voix devaient, il l'espérait, parvenir jusqu'à la taverne. Espérer que quelqu'un vienne à sa rescousse lui semblait improbable, néanmoins, il était un optimiste. Malgré toutes les malchances qu'il s'était pris en pleine face tout le long de sa vie, il était encore en un seul morceau, non ? Peut-être avait-il un peu de chance dans cette malchance …
Dans tous les cas, s'il y avait quelqu'un susceptible de l'aider, il espérait, il priait pour qu'il vienne, parce qu'il se doutait que le voleur énervé n'allait pas juste rester à le secouer comme un prunier.
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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyMar 23 Aoû 2016 - 15:08
Il avait laissé là une bonne partie de son butin, comme une offrande aux bienfaiteurs qui l'avaient gracié. Hésitant, partant, revenant, manquant de souffle, balbutiant des remerciements qui peinaient à franchir la barrière de ses lèvres... Crévindiou, ce stress qu'il se mettait! Il allait en péter une s'il continuait à ce rythme. Un chose était certaine à le regarder faire, il avait pas son pareil pour jouer à patate chaude avec sa culpabilité. Fortiche le gars! Live se sentait assez mal à l'aise maintenant, comme si elle venait de chourer le sac d'une vieille ou fait un croche-patte à un unijambiste... Ouais, elle se sentait presque crade.

Écarlate comme une pivoine, il finit par gagner la sortie... à reculons. Il croyait quoi? Qu'ils allaient lui planter un canif entre les omoplates? C'était pourtant pas l'genre de la maison, c'en était presque insultant! Il y avait quelque chose de touchant et de foncièrement agaçant chez ce petit homme!

Et puis... Abracadabra... il disparut! Hapé dans le néant! Le haut du corps sembla disparaître en premier, le reste suivit de près. La Môme se gratta l'coin du nez, Doriat se frotta le menton, Alsine se pencha et s'étira autant qu'elle put pour voir c'qui pouvait bien s'passer et l'Anguille, ben, il f'sait clairement la gueule. C'est vraiment trop injuste! Il venait d'se faire piquer son jouet!

Suivirent les sons distordus de voix. Alors là, où l'boucher avait hissé un porcelet sur sa planche et était en train de l'saigner ou, plus probable, c'était notre homme. Les regards se croisèrent, l'incrédulité avait laissé place à l'inquiétude chez Live, tandis que Joli-Cœur semblait retrouver la pétulance de son beau regard bleu.

"Laisse, fit-il à sa comparse et lui barrant de sa main le chemin de l’abattoir de fortune.
- Il va s'faire massacrer.
- J'le crois pas! Tu t'fais du soucis pour lui... T'es trop chou.
- Tu m'gonfles, t'as vu comme il est taillé!"

C'était évident qu'il n'avait aucune chance et La Môme pensait que quand t'avais sauvé la vie d'quelqu'un une fois, ben, c'était comme un engagement. Fallait pas jouer avec le destin pour lui tourner le dos ensuite. C'était comme ça. Une croyance profondément ancrée en elle. Et là, c'était un peu pareil, ce casse-pieds de première était désormais lié à elle, elle avait mis son grain d'sel dans sa destinée fallait assumer maint'nant. Sûr qu'elle aurait mieux fait de s'péter une guibolle ce matin, mais c'était son mode de fonctionnement.

Vous croyez quoi? Qu'elle se coltinait Sylva pour ses beaux yeux ou son intelligence fulgurante? Et la p'tite là... c'était pareil. Liveline, elle ramassait tous les chiens écrasés et les chats égarés. C'était plus fort qu'elle! Une sainte. Ou une conne. A voir. Mais y'avait une chose dont elle était certaine, c'est que chacun avait des capacités et des qualités. Suffisait de s'donner la peine et de gratter un peu.

Elle sortit donc, suivie de près par son p'tit monde et, guidée par les couinements de son p'tit protégé, elle se dirigea droit vers la ruelle.

"T'as b'soin d'aide?" Elle s'adressait au voleur qui malmenait allégrement l'autre gars qui, à sa manière, résistait du mieux qu'il pouvait. Il beuglait.

L'agresseur leva les yeux sur celle qui campée sur ses jambes, une main sur son poignard, le regardait sans animosité aucune mais avec la froideur de sa résolution. Rien que d'la voir, il déglutit, mais le reste de la scène, s'il lui restait encore un doute, lui fit entrevoir l'issue inévitable et pathétique d'un hypothétique affrontement. Avec Doriat qui avait nonchalement posé son épaule au coin du mur, une jambe croisée sur l'autre et jonglant avec ses dés, un sourire au coin d'la bouche, l'autre psychopathe qu'attendait juste un regard de trop et la p'tite qui s'tenait plus loin et qu'avait l'air d'être au spectacle... ses chances n'étaient pas proches de zéro, elles venaient de passer en négatif. Le grand frimas en plein été.

"Écoute... ça fait deux fois. Tu comprends. Deux fois... c'est deux de trop. Alors, comme j'ai pas vraiment envie d'en découdre aujourd'hui, on va s'faire une fleur tous les deux. Tu bouges ton fion de là et tu l'emmènes là où j'pourrai pas le voir. Comme ça, on oublie tout et tout l'monde passe une bonne journée... Et puis, lui, là, tu commences par le lâcher et tu l'oublies. T'y penses plus. Tu fais comme s'il avait jamais existé. C'est rien ce type. R'garde le!" Le ton était neutre, faussement amical. Elle lui laissait le choix, un choix qu'était vite vu.

Au fur et à mesure que La Môme lui f'sait la leçon, son poing se refermait de plus en plus sur le col du p'tit gars, l'étranglant un peu plus à chaque seconde. Ses yeux aussi exprimaient toute la rage et la frustration qui loin de s'apaiser gagnaient en puissance. Il allait lâcher, c'était inévitable, mais bon dieu qu'ça lui f'sait mal de se coucher devant ce nabot!
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MessageSujet: Re: Une journée (pas) de tout repos [Grim]   Une journée (pas) de tout repos [Grim] EmptyMar 30 Aoû 2016 - 22:23
- T'as b'soin d'aide ?

La voix salvatrice semblait comme tomber du ciel. Comme un seul homme, Grim et son agresseur tournèrent la tête vers la propriétaire de cette intonation aussi calme que glaciale, et l'artiste reconnut aussitôt le petit groupe qu'il venait fraîchement de quitter.

Son cœur fut gonflé d'une bouffée de reconnaissance. Non seulement et malgré son énorme gaffe, ils lui avaient permis de partir avec son trésor, mais en plus ils revenaient lui prêter main forte ? C'était beaucoup de chance en une seule journée. Le karma se tournait-il enfin de son côté ?
Tout comme le voleur, son regard glissa sur l'arme qu'elle tenait, puis sur les gueules pas commode des autres membres de son petit clan. Il sentait l'autre type hésiter un peu. Ses doigts se relâchaient doucement. Et Grim restait là, à moitié sur le sol à moitié en l'air et totalement débrayé, à retenir son souffle, à la fois curieux et inquiet de la suite des événements.

La jeune femme enchaîna avec un monologue tout ce qu'il y avait de plus héroïque. Pour un peu, notre petit artiste aurait lâché un petit rire. Mais dans sa position, il n'arrivait même pas à sourire. Il restait spectateur de la scène, effrayé malgré tout, dans l'attente d'une réaction de l'agresseur.

Celui-ci, qui pourtant avait commençait à relâcher la pression, resserra doucement ses doigts sur ses vêtements, si fort que l'air peinait de plus en plus à emplir ses poumons. L'autre rageait, bouillonnait même. Ce n'était même pas le fait de ne pas avoir réussi à le voler, ce mioche à la tête à claque. Mais c'était de voir la situation se retourner contre lui. Lui, détestait perdre. Et là, c'était comme s'il revenait au point de départ, quand il n'avait encore jamais rien chipé de sa vie.

- C'est rien ce type. R'garde le !

Machinalement, il le regarda. Et ledit type hocha vivement la tête avec une petite moue pour acquiescer ses propos. Et oui, mais c'était bien ça, qui le mettait hors de lui. Il ne valait rien, et pourtant, il n'arrivait pas à le dépouiller, l'enflure.
Il hésita, longtemps. La gueule de sa victime le faisait bouillir de l'intérieur. Il lui aurait bien fait ravaler ce petit air de ne pas y toucher. Dans sa poche reposait bien son petit canif fétiche, mais il craignait que l'idée de s'en servir soit quelque peu suicidaire...

Il se redressa finalement après avoir tranché mentalement.

- Voulez pas vous mêler d'votre cul, vous ? C'qui lui, pour vous ? Vous l'dites vous même, il vaut rien ! Vous étiez les premiers à vouloir le détrousser à l'intérieur, qu'est-ce qui vous fait changer d'avis, hein ? On doit tous se nourrir ici ! Si c'pas les p'tites victimes qui nous aident, nous, qui le fera, hein ? Hein ?

Brutalement, il relâcha notre petit homme, qui atterrit violemment sur ses jambes et lutta pour ne pas se retrouver le cul au sol. Il plaqua sa main sur son épaule blessée et grimaça un peu en exécutant quelques petits moulinets prudents de son bras. L'agresseur, quant à lui, paraissait quelque peu nerveux. Il s'agitait un peu et piétinait de gauche à droite.

- Et si on faisait un deal, ça vous dit ? Lâcha-t-il en écartant les bras de chaque côté de son corps. J'prends la sacoche, et on partage. Du cinquante-cinquante, ça irait ? Allez, j'vous file les trois tiers mais c'bien parce que c'est vous !
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