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 Le point de rupture [Grim]

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Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



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MessageSujet: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptyJeu 1 Sep 2016 - 14:10
Le point de rupture
Grim et Denea

__________________________

Les rues semblaient désertes. Toute la ville semblait vide de toute vie et de toute âme, c’était lugubre malgré le soleil. Il était timide, voilé. Son cœur battait à tout rompre, son souffle était court elle avançait hésitante, non pas hésitante sur où elle allait, mais sur comment elle devait y aller. Sa tête lui disait que ce n’était rien, que ça ne pressait pas, mais son corps entier semblait prêt à s’élancer à courir pour arriver dans l’instant. Le bruit de ses pas résonnait sur la pierre, s’étouffait sur le bois et se mêlait aux pleurs, ceux-là même qu’elle suivait. Il était familier, déplaisant, et en même temps crève-cœur. Qu’ils s’arrêtent …
Les ruelles du Goulot, elles les avaient toujours connues. Sales, malfamées, angoissantes, elles empestaient des vapeurs d’alcool et … d’herbes . En reconnaissant l’odeur elle stoppa un instant la respiration plus erratique et désordonnée. Mais les cris se firent plus instants. Parfois cette impression d’être touchée la saisissait. Sentir un contact contre sa jambe comme quelqu’un qui essayait de trousser sa robe.

Autour ça commençait à s’effriter, les murs se lézardaient, les petites pierres tombaient. Son monde se morcelait.

Elle était proche, tout proche. Cette devanture c’était la sienne, s’était chez elle. La porte ne grinça pas, n’opposant aucune résistance. Sur les étagères les pots vibraient, s’entrechoquaient, chutaient pour s’éclater sur le vieux parquet fatigué accentuant encore plus la fragrance de plante qui viciait l’air.

Le panier était sur la grande table, tout semblait s’être apaisé, plus rien ne tremblait. Elle-même se sentait plus calme plus sereine. Elle posa la main sur le panier pour le faire basculer avec mille précautions et en découvrir le contenu, rien.

Un silence lourd, implacable, pesant c’était abattu, soudain rompu par un craquement sinistre, au sol venait d’apparaître une large lézarde.

Son cœur manqua un battement.


Denea se réveilla en sursaut, sa tête la faisait souffrir en plus de cette impression d’avoir les boyaux en vrac. Se tenant relevée d’une main, elle s’était passé l’autre sur le visage, puis dans les cheveux butant sur quelques nœuds malvenus. La jeune femme se trouvait dans un lit qui, au premier coup d’œil ne lui semblait pas familier. Elle poussa un long soupiré presque soulagée, elle était seule dans le pieu. Par la fenêtre un soleil blafard éclairait la petite pièce, l’atmosphère était baignée du brouhaha de la vie de la rue.

« J’ai cru que tu ne te réveillerais jamais avant qu’j'parte… »

Le pan de tissu qui séparait la pièce en deux venait de bouger pour découvrir une femme, la petite quarantaine, un physique plutôt quelconque, elle avait l’air fatiguée. Elle s’assit sur le bord de la couche et tendit un gobelet d’eau à l’herboriste. Cette dernière le regarda d’un air quelque peu dubitatif avant de le prendre, incertaine. En réalité elle essayait de retracer le fils de ce qui s’était passé.

« - C’est moi qui t’es trouvé en allait au travail, tu’étais vers les six roses. T’avais pas fière allure ma cocotte, et t’étais pas très cohérente non plus, en même temps t’étais plutôt avinée. J’pouvais pas te laisser comme ça t’ma sortie de la merde une ou deux fois quand même. La femme eut un petit rire sarcastique comme si elle diminuait consciemment la réalité des choses. J’avais bien essayé de te tirer les vers du nez de ce qui t’avais poussé à te mettre comme ça, mais t’as rien dit.

- C’est rien Edna… »

Edna c’était une vieille connaissance, un bout de passé, apaisant qui revenait de temps en temps. Elle avait été une des prostituées de la maison de passe de sa mère. Un peu plus jeune que cette dernière, elle s’était un peu occupé de la petite fille qu’était Denea quand sa maman avait été mal. Depuis qu’elle était adulte, qu’elle avait un travail la jeune femme la voyait de temps à autre, mais ces derniers mois, avec tout ce qui s’était passé, elle s’était isolée.

« Ça a un rapport avec … »

Dans le quartier les rumeurs, des ragots, ça avait tourné, et même si Edna ne l’avait pas elle-même vu enceinte, elle ne doutait pas vraiment de sources qui lui en avaient parlé.

« C’est rien. »

Le ton sec, avait dissuadé la catin d’insister, surtout qu’elle la connaissait bien, cette petite chose désemparée, cassée, qu’elle avait sous les yeux, si elle forçait un peu trop, elle allait se refermer comme une huître, et peut-être plus jamais se rouvrir. Ce serait quand elle trouverait que ce soit le bon moment. Mais là, il fallait qu’elle aille travailler, le dernier soir elle avait déjà raté sa journée elle ne pouvait pas se permettre ça deux jours de suite. Elle regarda l’herboriste désolée, ça l’embâtait de la laisser seule là, elle pouvait sortir, se sauver, faire n’importe quoi.

Elle travaillait dans une auberge de la Hanse, l’Oisif, elle y était serveuse. Sa facilité de contact avec les autres, une conséquence de son ancien travail y était plutôt appréciée. Puis même si avant elle avaient vendu ses charmes, maintenant, elle était toujours correcte.

« Madame à décider d’pointé son nez ce soir. »

Elle ne relava pas, elle avait mérité la pique. Une fois avoir dit à Denea se s’installer dans un coin elle s’était mise à l’œuvre.

Pourquoi elle l’avait accompagné ?
Les bruits de vaisselle, l’agitation de la salle, ça faisait trop de bruit, insupportable. Pourtant, elle voulait pas partir. La peur d’être seule, la peur de pouvoir penser si la douleur s’estompait. Mais à un moment, s’était devenu insoutenable, elle était sortie précipitamment.

La rue était à peine plus tranquille. Elle devait pas avoir l’air, bien fraîche, la jeune femme.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptyVen 9 Sep 2016 - 22:23
- Hé salut ! C'était sympa, ce que tu faisais.
- Merci bien l'ami !

Assis en tailleur, Grim leva quelques secondes le nez des quelques pièces qu'il avait gagné. Le visage, ou plutôt la bouille du p'tit gars qui le félicitait l'incita à ne pas replonger dans son salaire. Notre artiste fronça légèrement les sourcils, détailla son interlocuteur des pieds à la tête, un peu surpris. En effet, il pouvait l'être : le type qui lui faisait face ne devait pas dépasser le mètre soixante-cinq, était relativement frêle et possédait une jolie touffe de cheveux toute bouclée. Le petit sourire affiché sur son visage lui offrait un air quelque peu espiègle. Pour un peu, Grim aurait pu croire se regarder dans un miroir. Fort heureusement, il présentait quelques jolies différences : un regard plus dur, moins innocent que lui tout de même, un nez plus épaté, un visage plus carré.

- Wow, ne put-il s'empêcher de lâcher.

L'autre dût comprendre son désarroi car il eut une moue approbative.

- Ouais, hein. Si je connaissais pas ma famille, j'aurais été persuadé avoir retrouvé un frère.
- Ca, alors !

C'était bien les seuls mots qui arrivaient à franchir ses lèvres. Vraiment, la ressemblance était remarquable. Pour ne pas s'y attendre, il ne s'y attendait pas !
Il fourra alors rapidement son salaire du jour dans sa petite bourse, qu'il rangea dans sa sacoche en cuir avec son matériel de jonglerie, avant de se mettre sur ses jambes. Ainsi, il se rendit bien compte que tous deux faisaient bel et bien la même taille. Ce petit détail lui arracha un petit rire amusé.

- Dis, ça fait un moment que je suis tenté par tous ces trucs que tu fais. J'ai jamais eu l'occasion de pratiquer, mais j'ai déjà essayé de me fabriquer mes propres bidules …

Il sortit du sac en tissu qu'il avait deux agrès que Grim n'avait encore jamais vu. De taille d'un peu plus de la moitié d'un bras, s'il avait su lire, il aurait affirmé que chacun formait un 'S'.

- C'est un ami forgeron qui me les a fait. Et j'sais pas trop m'en servir. Ce qui me plaît, c'est vraiment ce que tu fais, les bolas c'est ça ?
- Fais-voir un peu comment tu fais, ça ? S'enquit-il, curieux.

Obéissant, il se mit à faire tournoyer lentement ses deux pièces, de manière hypnotique. C'était beau à voir, pas autant énergique que les bolas, mais vraiment beau. Grim en fut impressionné. Les deux hommes échangèrent alors un marché : Grim lui apprendrait à manier les bolas, et en échange, Cori de son petit nom, lui prêterait aussi souvent que voulu ses deux 'S'.

C'est donc sur une note particulièrement joyeuse que notre artiste termina sa journée. Sa blessure à l'épaule n'était plus maintenant qu'une douleur lancinante mais peu présente, il pouvait recommencer à travailler, et en plus de cela, il venait de rencontrer son presque-sosie qui avait soif d'apprendre. Lui qui commençait à se sentir seul dans le domaine des arts de la rue, il était ravi.

Arpentant les rues en sautillant gaiement, notre petit homme gardait le nez levé vers le crépuscule, toujours émerveillé par les couleurs dont le ciel pouvait se vêtir en fin de journée.
La tête dans la lune, il tourna au coin d'une rue sans faire attention. Sans grande surprise alors, il heurta assez brutalement quelqu'un, et son poids plume l'envoya lui, au tapis, sur le cul. Un petit 'outch !' lui échappa tandis qu'il levait un regard plein d'inquiétude à la personne qu'il avait bousculé :

- Ciel, mille excuses ! Pardonnez ma maladresse, je marchais sans voir où j'allais !

Il eut un léger blocage, bouche entrouverte, avant de finalement reconnaître cette silhouette aux courbes délicates.

- Oh, Denea ! Bonsoir !

Un immense sourire accompagna cette salutation enjouée. Il était réellement heureux de la revoir, d'autant qu'il ne l'avait pas vu depuis belle lurette maintenant. Pourtant, il l'avait accompagné durant toute sa grossesse - et elle l'avait fourni en plantes lorsqu'il était encore bien blessé -, allant la voir régulièrement pour lui apporter à manger, de petits cadeaux ou juste pour lui tenir compagnie, mais la jeune femme semblait depuis un moment avoir disparue de la surface, au point où le petit artiste commençait réellement à s'inquiéter. Il ne savait même pas comment s'était terminé sa grossesse.

- Comment allez-vous ? Que faites-vous ici ? Depuis le temps ! Ca va, vraiment ? Et … et le bébé ? Où est-il ?

Toujours le cul au sol, il se pencha un peu histoire de voir si elle ne le tenait pas dans ses bras, et constata qu'il n'y était pas.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptySam 10 Sep 2016 - 20:19
Elle n’eut que temps de sortir, de prendre deux trois bouffés d’air et de sentir le soulagement de ne plus entendre le vacarme de la salle que de manière étouffée, que quelqu’un lui rentra dedans secouant encore sa petite tête douloureuse. S'il n’y avait pas eu le mur pour la retenir, derrière sûrement que l’herboriste se serait retrouver sur le cul comme celui qui s’excusait.

Il fallut un instant pour se rendre compte que cette voix, elle la connaissait, que cette voix elle l’avait entendu relativement souvent ces derniers mois, que cette voix semblait contente de la voir.

Tout s’était trouvé pendant un instant dans le brouillard cotonneux et désagréable. Qui s’était ?

« Oh Grim … Pardon je voulais juste … prendre l’air. »


Son ton avait quelque chose d’absent, pourtant la jeune femme s’était mise à le regarder. C’était d’ailleurs comme ça qu’elle avait pu mettre un nom sur ce qu’elle avait entendu. Elle avait tendu ma main pour s’aider, ou non, à se relever. Un certain sentiment de culpabilité arriva au milieu de tout le reste. Grim avait été là, régulièrement, au cours de ce long et douloureux moment pendant lequel le parasite avait grandi grossi dans son ventre, lui apportant du soutien et partageant trop souvent sa nourriture avec elle. Le saltimbanque était loin de rouler sur l’or, très loin, elle le savait, elle avait refusé essayer de le raisonner, mais Grim était plus têtu qu’il en avait l’air. Puis plus les mois avaient passé plus la faiblesse s’était faite sentir et elle n’avait pu faire autrement qu’accepter, sinon cela aurait pu finir bien plus mal.
Et la petite chose était née, sa mère avait eu l’impression de sombrer. Quand elle était allée au temple elle avait eu cette impression de tout laisser derrière elle, de tous les lâchers, les abandonner, en ingrate finie. C’était pour cela que ce sentiment pointait quelque part au milieu du mal-être.

D’ailleurs, la chose, elle était arrivée dans la discussion, comme le fait qu’elle s’était absentée.

« Pas là … »


Mabel n’était pas là. Elle savait plus là tout de suite, ou plutôt elle ne voulait pas s’en rappeler. Quand elle avait essayé c’était comme si sa tête avait de serrer un peu plus. Elle avait posé une main sur son de visage juste une minute juste pour espérer faire passer la douleur.

« Quel jour on est ? »

Parce Qu'en fait elle ne savait plus trop.
Si Edna l’avait recueilli la veille c’est qu’elle n’était pas rentrée au temple ce soir-là. Est-ce qu’elle y avait passé au moins la journée ?
Les deniers jours étaient dans le flou. Ça faisait quoi, une heure, peut-être à peine plus qu’elle était réveillée. La dernière chose dont elle se souvenait c'était des pleurs beaucoup de pleurs et ce sentiment d’impuissance.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptySam 17 Sep 2016 - 23:22
HRP:

Grim accueillit avec reconnaissance la main délicate que Denea lui tendait. Ce ne fut qu'une fois sur pieds qu'il constata son extrême pâleur et son air absent. Pouvait-il être surpris ? Non, il ne l'était pas. Pas plus par son regard éteint que par sa réponse froide.

- Pas là.

Il se tut, hocha gravement la tête et fixa un instant ses chaussures. Il n'aimait pas la voir ainsi, et était embêté, voir déçu de constater que l'enfant n'était pas là. Naïvement, il avait espéré qu'une fois le bébé présent, l'avis de sa mère changerait et que peut-être elle se mettrait à l'aimer, ou du moins à ressentir de l'affection pour ce petit être qui n'avait rien demandé à personne. Mais le ton catégorique employé par la jeune femme pour annoncer son absence était clair : elle ne l'aimait pas, et sûrement ne l'aimera-t-elle jamais.

- Quel jour on est ?
- Oh, euh, et bien … et bien …

Il se gratta la tête, lui-même n'en ayant aucune idée.

- Mardi ? Suggéra-t-il après un silence.

Sur ses doigts il compta, sourcils froncés, profondément concentré, avant de lever trois doigts vers Denea, comme si cela allait suffire à l'éclairer.

- Non, jeudi, se reprit-il. Ou vendredi.

Et après une petite grimace sceptique :

- J'en sais rien, en fait.

Souriant subitement, il frictionna amicalement le bras de son amie, heureux de la voir malgré tout. Il avait l'habitude maintenant, de son air constamment fermé et de ses yeux brillants, mais n'aimait toujours pas ça. C'était incroyable, la quantité de chagrin qu'un être pouvait accumuler tout en restant toujours debout. Il admirait beaucoup le courage et la force de Denea, et aurait aimé l'aider de manière plus concrète. Alors, à la place, il se contentait d'être présent, même s'il savait que ça n'allait pas changer sa vie. Si au moins, elle se sentait soutenue, c'était déjà bien. Enfin, il pensait.

- Que faites-vous ici, Denea ? Cela fait bien longtemps que l'on ne s'est pas croisé ! On … on peut s'asseoir un instant ? Ou préférez-vous rester seule ?

C'était ce qu'il s'était dit, vers la fin de sa grossesse, quand il ne la voyait plus. Peut-être que finalement, sa présence l'insupportait, et elle avait trouvé un autre refuge où elle ne le verrait pas. Peut-être qu'il était lourd et étouffant. Et, comme c'était bien la dernière chose qu'il voulait être, il n'avait pas cherché à vraiment en savoir plus … Il s'inquiétait pour elle et prenait de ses nouvelles par le biais d'autres personnes, mais n'osait plus lui rendre visite.

- Je suis très content de vous voir sur vos deux jambes, souffla-t-il avec toute la sincérité du monde.
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Denea AlberickHerboriste
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptyJeu 22 Sep 2016 - 22:19
Mardi, ou peut-être jeudi, voire vendredi …
Rien qui ne pouvait l’aider à remettre les choses dans l’ordre. Elle ne se souvenait plus d’hier, seules des impressions des brides, mais rien, rien de familier, rien qui lui permettait de raccrocher n'a à quelque chose ses derniers souvenirs, de savoir s'ils avaient eu lieu la veille ou l’avant-veille, voire peut-être même avant. Non, sûrement pas tant.

« Rien … enfin, rien de bien. »

Elle était là un peu par hasard en fait, le hasard d’avoir été trouvé par Edna, ramené chez elle puis ramener ici pour la surveiller du moins autant qu’elle pouvait sans perdre la solde de son travail, ou bien son gagne-pain lui-même. Denea n'avait finalement aucune foutue idée de ce qu’elle faisait ici, ni de ce qu’elle uvait bien y faire. Il y avait bien Grim, mais Grim, qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui dire ? Qu’est-ce qu'elle pouvait bien dire à n’importe qui ?
Content de la voir sur ces deux jambes…

Ça ne voulait rien dire, rien du tout. Puis rester debout quand tout se cassait la gueule autour de soi, ça rimait à rien, surtout quand on avait l’impression d’avoir été réduite en pièces et éparpiller au vent. Il y en avait des plus forts qu’elles qui avaient déjà perdu pied, qui avaient déjà sombré, pourquoi s’obstiner à rester sur le fil, si de toute façon tout n’était qu’une question de temps ?
Qu’est-ce qui s’était passé ?

Pourquoi elle pleurait ?

Pourquoi se rappeler de ces cris stridents et de ce contact anormalement chaud sous la main ?
Pourquoi avoir l’impression qu’être ici n’était pas si mal ? Que personne ne l’attendait ?

« Je … euh… »

Ne savait toujours pas quoi dire. On esprit fonctionnait aussi vite qu’il voulait quitte à la faire souffrir un peu plus. Mais les brouhahas de la rue étaient trop présents, trop importants, ils venaient masquer le faible bruit de ses pensées.

« …Besoin d’un endroit calme… »

Exploser, être pressée jusqu’à s’en liquéfier, se morceler, peu importait à ce moment, tout ce qui comptait c’est que quelque chose tournait plus rond, dans sa tête, dans son monde.
Puis, soudainement, sans prévenir, elle s’était laissé tomber contre Grim, dans quelque chose qui ressemblait à un enlacement. Les bras autour de ses épaules le serraient comme s'il était le bord de la falaise, du précipice devant lequel elle se trouvait, qu’il était un point d’ancrage stable, qu’elle espérait ne pas lâcher pour ne pas tomber plus bas, si bas. La jeune femme ne disait rien, sa respiration juste un peu irrégulière.

« Elle est morte. »

C’est tout ce qu’elle avait fini par souffler après un instant.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptyJeu 13 Oct 2016 - 22:42
Sinistre. C'était bien le mot qui caractérisait Denea à cet instant. Ses yeux pourtant clairs étaient teintés de noirceur, sa peau, hâlée en temps normale, avait pris des nuances grisées, même ses cheveux avaient perdu de leur éclat. Elle faisait mal au cœur, Den, et si Grim avait pu s'approprier une partie de sa douleur pour la soulager, il l'aurait fait sur le champs. Il craignait même qu'elle se mette à pleurer.

Non, la voici qui pleurait vraiment. Par mimétisme ou par empathie, les yeux de notre saltimbanque s'humidifièrent à leur tour. Il se trouva fortement dépeuplé, mal à l'aise, troublé, même s'il l'avait déjà vu en larme plus d'une fois. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Elle termina dans ses bras, comme si le poids sur ses épaules était trop lourd pour qu'elle le supporte seule. Maladroitement, la main de Grim vint caresser ses cheveux tandis qu'il l'emmenait dans un lieu plus isolé comme elle le demandait.

- Elle est morte.

Il ouvrit la bouche, puis la referma, avant de papillonner des paupières, encaissant le choc à sa manière. Son étreinte se resserra un peu plus tandis qu'il luttait pour ne pas perdre ses moyens à son tour. Normalement, c'était lui qui craquait, qui pleurait, se lamentait et avait besoin d'être rassuré. S'il avait, durant ces quelques mois, était un confident de qualité, une oreille attentive, il avait l'impression d'avoir épuisé ses capacités à cet instant. Il déglutit, et son visage se teinta d'une expression plus que peinée. Il était touché, personnellement touché, comme si c'était lui qui avait perdu un enfant.

- Oh, Denea … souffla-t-il, et sa voix se brisa.

Il la fit s'asseoir sur un banc, dans la rue d'où il venait, et s'installa à ses côtés. Que dire, que faire ?

- Je suis désolé, Den … vraiment, vraiment désolé …

Il avait des questions que jamais il n'oserait les poser. L'enfant est-il mort né ? Des suites d'une maladie ? D'autre chose ? Pourquoi, comment, où, quand ? Elle qui n'en voulait pas, avait-elle changé d'avis à sa naissance, pour finalement que le destin se moque allègrement d'elle pour lui retirer ce qu'elle ne désirait pas à l'origine ?

Grim gardait ses bras refermés autour de ses épaules dans une étreinte qu'il espérait réconfortante. Ses doigts venaient parfois se glisser dans sa chevelure en légère caresse et il murmurait des paroles apaisantes. Des paroles futiles et faciles, mais censés calmer. Il ne pourrait rien faire pour elle tant que la crise de larme ne serait pas passer.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptySam 15 Oct 2016 - 15:18
Il était désolé, vraiment, vraiment désolé… elle aussi.

Tout ça, pour plus rien, même pas pour une vie. Tout ça, toute la souffrance, les rumeurs humiliantes, l’existence brisée, pour rien du tout. La vie n’avait aucun sens, Denea le savait déjà, du moins l’avait déjà pensé, une fois, ou deux avants d’essayer de trouver de quoi rationaliser les coups durs, mais cette fois, elle ne trouvait rien. Avant… avant elle aurait pu dire que ça avait été pour permettre la naissance de cette petite chose, peu importe ce qu’elle aurait fait, mais, maintenant, elle était morte.

Les pleurs qui lui torturaient l’esprit, c’était les siens, la lamentation du nourrisson qui souffrait de la fièvre. Elle avait été impuissante, même avec toute la résignation et la volonté du monde. Elle avait promis de s’en occuper et elle n’avait même pas été capable de faire baisser la température.

Il n’y avait plus rien de son ancienne vie. Sa boutique, à l’abandon depuis que l’herboriste avait migré au temple. Ses habitudes parties. Son caractère, affadit. Plus rien ne semblait subsister. Il avait fini par la miner lentement et sûrement à faire d’elle quelqu’un d’autre, quelqu’un qui venait de perdre ce qui avait donné du sens à cette destruction, ne laissant qu’une cassure nette, douloureuse, une plaie béante qu’elle ne savait commencer cautérisé.

« … Moi aussi … »

Elle aussi elle était désolée.

Désolée de s’être effritée un peu plus chaque jour depuis des mois et des mois, désolée que Grim en ait fait les frais, désolée qui ait été là quand tout s’était effondré pour de bon, désolée pour lui qui, elle savait n’avait pas forcément une vie aisée non plus. Pourtant, il était encore là, à la serrer à lui parler à la calmer, du moins assez pour articuler des mots audibles, pas pour faire s’envoler toute la noirceur qui s’accrochait à elle.

« J’avais dit que je m’en occuperais… en échange de la place au temple. Mais la fièvre … la fièvre ça foudroie des adultes … »

Alors une nouveau-née, elle n'avait eu aucune chance. C’était ce qu’elle voulait se dire, sinon peut-être qu’elle se serait-mise à penser qu’elle aurait pu faire plus, ou peut-être qu’elle le pensait déjà. Possible que ce soit pour ça qu’elle ait déserté le temple depuis ce qui semblait être quelques jours, qu’elle errait dans la ville.

« C’est peut-être mieux comme ça. »

Mieux mon œil !
Si ses lèvres avaient prononcé ses mots dans son esprit se réveillait doucement la rage et l’angoisse. Pourquoi tout ça si maintenant il n’y avait plus aucune finalité autre qu’être assis là sur un foutu banc à se de dire que la vie était une chienne, une chienne hargneuse ?!

Elle l’avait entendu, cette voix, ce sentiment, pourtant il restait et resterait sûrement étouffé par l’abattement.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptyMar 25 Oct 2016 - 1:14

- J'avais dit que je m'en occuperai … en échange de la place au temple. Mais la fièvre … la fièvre, ça foudroie des adultes …

Il renifla discrètement et essuya son nez d'un revers de manche.

- Vous avez fais tout ce que vous avez pu, Denea. Vous lui avez offert la chance de vivre, c'est la vie qui ne lui a pas souris … Vous n'avez pas à culpabiliser … Vous auriez pu vous montrer indigne, voir cruelle, mais vous ne l'avez pas été. Vous avez accepté cette fillette comme si vous en vouliez, non ?

Il n'était pas sûr de la véracité de ses propos, mais il espérait que ça fasse mouche. Au moins un petit peu. Denea était forte. Elle avait souffert longtemps, et souffrait toujours. Mais, malgré ça, elle n'en demeurait pas une brave femme, avec des principes et du courage. Jamais, selon Grim, elle n'aurait précipité la mort d'un enfant, encore moins le sien.

- C'est peut-être mieux comme ça.

Peut-être. Il ne pouvait nier cette affirmation, car il n'aurait su dire. Si l'enfant avait survécu, Denea l'aurait vu grandir et ressembler peut-être de plus en plus à son père. Mais peut-être aussi se serait-elle découvert un don maternel et aurait chéri cette fillette. Maintenant, à par des regrets … Non, il ne savait pas. Il n'aurait su dire.
Alors, au lieu de parler et de risquer d'être maladroit dans ses propos, le petit artiste essuya les quelques larmes qui s'étaient frayées un chemin à travers ses paupières, se redressa un peu et fouilla dans ses poches. Les deux de devants d'abord, sans trouver ce qu'il cherchait, pour repousser gentiment la jeune femme et se mettre sur ses jambes pour farfouiner dans celles arrière et finalement mettre la main sur son trésor, précieusement emballé dans du papier prévu à cet effet.

- Tenez, Denea. J'ai conscience qu'il s'agit-là d'une consolation bien pitoyable qui doit avoir un goût de déjà-vu pour vous, mais … mais … tenez.

Il glissa entre les doigts fins de la jeune femme le chocolat. Il en avait presque toujours sur lui. Dès qu'il le pouvait, à vrai dire.
De nouveau il se posa à côté d'elle et, par réflexe, frictionna l'épaule de Denea. Un silence s'éleva, qui eut à peine le temps de s'installer.

- Quand est-ce arrivé ? L'accouchement ? Le … la mort de votre enfant ?

Des questions bien indiscrètes qu'il posait du bout des lèvres. Si Denea en était touchée, il se confondrait en excuses. Il n'aimait pas être intrusif et encore moins faire du mal.
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Denea Alberick



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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptyMer 26 Oct 2016 - 17:59
Si le sourire lui était revenu, fugace, lorsque Grim lui avait tendu le bout de chocolat, lui rappelant ce soir-là, la première fois qu’ils avaient parlé de lui, d’elle, il avait disparu à sa question. Elle n’avait pas répondu de suite, croquant dans un bout de douceur, comme pour se donner du courage de repenser à ça. En réalité elle essayait plutôt de raccrocher tous ensemble dans une pensée et une phrase cohérente, du genre que n’importe quel être humain apprécierait comme réponse. Tout de même renfrognée, Denea était un peu plus accablée d’avoir à y réfléchir ainsi, consciemment. Son esprit était peut-être tourné en boucle sur ces événements depuis qu’ils étaient arrivés, cependant, ça ne voulait qu’elle fût parée contre ce que cela produisait chez elle.

« C’était fin mai, la dernière semaine de mai en fait… Ça m’a paru interminable. Elle aura pas supporté le monde longtemps, enfin, je crois. Je sais plus vraiment depuis quand j’ai pas remis les pieds au temple. »

Deux jours ? Trois jours ? Plus ?
Trois, ça devait être trois, à force de ressasser, des bribes revenaient. Elle était sortie, pour respirer, puis elle était pas revenue, ça avait semblé trop dur d’y remettre les pieds. Vaguement consciente qu’elle était peut-être en train de foutre en l’air la chance qu’on lui avait donné, un logement décent, plus que relativement sûr et de quoi se nourrir si elle se montrait bonne travailleuse, elle ne sembla s’en soucier plus avant, sûrement que sa tête n’était pas en état pour traiter ce genre de considérations.

« Merci Grim… »

Ce n'était pas très audible, ni très flamboyant comme prise de parole, mais ça venait du cœur. Merci de ne pas s’énerver, de pas l’accabler plus, d’essayer de lui remonter le moral. Le saltimbanque avait toujours eu bon fond, il ne méritait pas qu’on lui rende la vie plus difficile qu’elle ne l’était déjà avec des problèmes qui ne le concernaient finalement en rien. Ce n’était pas lui qui était à l’origine de tout ça, loin, très loin de cela.

Et maintenant ? Qu’est-ce qu’elle allait faire ?
Ce n’était même pas cette interrogation qui érodait son esprit. Toujours la même.

« Pourquoi tout ça pour … »

Pour rien. Même pas pour cette petite chose qui n’avait même pas tenu un mois.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptySam 12 Nov 2016 - 22:23
Il savait qu'il n'aurait pas dû poser cette question. Qu'il aurait dû s'en tenir à ce morceau de chocolat, et qu'il ne cherche pas à en savoir plus. Denea était dans un moment fragile, et ce n'était pas une bonne idée de l'inciter à replonger dans ses souvenirs. Quel idiot il était. Il s'exaspérait tout seul ! Mais d'un autre côté, il devait admettre qu'il voulait savoir, au moins les petits détails. C'est vrai, il avait quand même accompagné la jeune femme tout au long de sa grossesse, il avait supporté ses piques de colère autant que ses bouffées de tristesse, lui avait ramené à manger lorsque sa condition de femme enceinte lui donner des envies de nourriture spéciale … Oui, Grim avait plus ou moins tenu le rôle du mari durant toute cette période. Il s'était même surpris à ressentir de l'affection, pour ce petit bébé qui n'était pas encore-là. Et, maintenant, il était désemparé de le savoir mort. Ça lui serrait la gorge et lui tordait le ventre. Donc, oui, d'un côté, il voulait savoir comment et quand s'était passé la fin de sa grossesse. Il pensait être dans le droit de savoir, même s'il aurait dû attendre quelques semaines, le temps qu'elle se remette, pour oser lui poser la question. Question de respect, sûrement.

Elle finit néanmoins par lui répondre, à contrecœur, cela se voyait, et mentionna le temple. Ainsi donc, c'est là-bas qu'elle s'était exilée ?
Le petit artiste hocha brièvement la tête en se pinçant les lèvres, gêné. Il avait l'impression que tout ce qui était né entre eux durant ces quelques mois était loin derrière eux, comme si quelque chose c'était brisé. Il se sentait d'un seul coup un peu mal à l'aise, comme s'il n'était pas à sa place, comme s'il n'était plus le bienvenu dans le cœur de Denea. Et cette pensée lui fit mal. Il appréciait l'herboriste comme rarement il avait apprécié quelqu'un, et ça le tuait de se dire que peut-être, leur amitié était morte le jour où l'enfant de la jeune femme le fut aussi.

- Merci Grim …

Il regarda ses propres mains, s'intéressa une seconde à toutes les petites cicatrices blanches ou brunes dues aux brûlures qui les décoraient.

- Ben … de rien … j'ai pas été très présent sur la fin … désolé.

Alors que c'était probablement ce qu'elle désirait : être seule. Grim avait dû être tellement lourd à ainsi lui rendre visite ! Il ne s'en rendait pas compte, mais maintenant qu'il y pensait, il se disait qu'il avait peut-être, inconsciemment, pris trop de place dans sa vie, peut-être même s'était-il trop imposé sans qu'elle ne le demande. Et si elle pensait qu'il lui avait fait du rentre dedans ? Oh, non, ça, ce serait vraiment terrible !

- Pourquoi tout ça pour …
- Parce que vous méritez de vivre et d'être heureuse. Parce que vous avez sauvé plusieurs fois mon père, indirectement sûrement, inconsciemment peut-être. Parce que vous êtes mon amie. Je peux trouver un milliard d'autres raisons, si vous le souhaitez.

Il la prit dans ses bras, la serra fortement contre lui avant de se redresser.

- Avez-vous des projets pour la suite ? Des envies … je sais pas … n'importe quoi … Quelque chose ?

Regard vers le sol, il fut attiré par un éclat brillant. Il ramassa du bout du doigt un écu si propre que c'était surprenant qu'il soit par terre et que personne d'autre ne soit tombé dessus.
Inspiré, il fit sauter la pièce quelques fois, la changea de main autant de fois, avec vitesse et habilité, tourna sur lui même avant de tendre les mains devant lui. Un sourire espiègle se dessina sur son visage.

- Quelle main ?
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptySam 26 Nov 2016 - 23:33
Ils étaient deux à culpabiliser comme des crétins, à s’en vouloir pour des choses qui échappaient à leurs contrôles, qui n’auraient pu être changé que par les Dieux eux-mêmes. La nature humaine était étrangement faite, étrangement empathique et aveugle dans leur cas. Semblaient-ils comprendre grâce au lien qu’ils avaient créé au fil des années, mais surtout de ces derniers mois, que tous les deux souffraient de cette situation, pour des raisons différentes. Mais aucuns n’étaient capables de savoir ce dont l’autre avait besoin.

« C'est ma faute, c’est moi qui suis partie. »

Comme si ça avait pu tout arranger, faire cesser les cauchemars. Ni pire ni mieux, ça avait juste donné d'autres cartes, des bonnes des moins bonnes, ouvert d’autres chemins qui semblait tous sans issues ou obstrué par de monstrueux éboulements.

« J’ai cru que ça pourrait tout arranger, que ça pourrait aider. Mais en fait non… »


La migraine lui embrumait toujours un peu l’esprit, même si elle arrivait plus ou moins à ordonner le monceau de pensées qui essayaient de s’imposer, qui se rappelait à elle. Un fil de pensées rafistolées était tout ce qu’elle pouvait s’offrir à ce moment. Rester seule, elle n’aurait pas pu, elle n’aurait pas dû. Heureusement que sa tête avait renvoyé l’idée loin, loin, se perdre dans le brouillard.

Un sourire, timide, un peu désabusé fleurit au coin des lèvres de l’herboriste lorsqu’elle entendit le saltimbanque faire la liste de toutes les raisons qu’il avait pu trouver de bonne à tout ce qui s’était passé, tout ce qui venait de se passer. Finalement peut-être que lui savait…

Sa présence était réconfortante avec ce petit air familier d’avant, de quand tout allait bien. Il n'était peut-être pas très grand, ni d’allure très costaude, pourtant il avait été un soutien solide qui y mettait de la bonne volonté, du cœur, et ce, même si elle n’était pas sûre que cela en vaille la peine, qu’elle en vaille la peine.

« J’en sais rien. Je sais même si au temple ils voudront encore de moi. »


Ça faisait plusieurs jours qu’elle avait disparu et elle risquait de revenir pas si pimpante que çà. Puis maintenant, que Mabel était partie, est-ce que l’arrangement tenait toujours ?

Elle avait montré son utilité plus d’une fois dans l’hôpital et le laboratoire attenant, mais rien ne disait que cela suffise, que cela fasse le poids.

Pourquoi il se penchait ?

Essuyant ses yeux avec un recoin plutôt propre de sa manche, la jeune femme le regarda un peu septique ramassé une pièce au sol avant de la cacher dans son dos un air espiègle.
Qu’est-ce qu’il avait en tête ?

« Droite ? »
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptyLun 5 Déc 2016 - 20:43
Il ne voulait pas que cette culpabilité demeure. Que le goût amère de la phrase 'c'est ma faute' glisse entre les lèvres de Denea. Ce n'était la faute de personne d'autre qu'Anton Gunof, et ce, depuis le début. Cette homme, disparu depuis un moment maintenant, était seul et unique fautif. Même Grim n'avait pas à se sentir coupable, de quoique ce soit. Il fit sûrement bien plus que ce qu'il pouvait pour cette femme qu'il ne connaissait, à l'époque, pourtant presque pas.
Un léger flashback le porta en haut des murailles, il y a bien plusieurs mois de cela. Lorsque, malencontreusement, Grim s'était enfourgué dans de sales affaires, et qu'il avait croisé la route de ce Gunof, qui avait failli le tuer. En y réfléchissant bien, le petit artiste avait l'impression que le milicien avait tenté de l'aider, cette nuit-là. D'une manière bien particulière, mais tout de même. Peut-être même que sans lui, il serait mort.
Malgré ça, Grim refusait de ressentir la moindre reconnaissance à son égard. L'état dans lequel il avait mis Denea suffisait à lui faire reprendre ses esprits et à peser le pour et le contre. Une vie pour une vie.

Elle ne savait pas, Denea, quoi faire de sa vie, à présent. Était-ce vraiment étonnant ? Pouvait-on l'en blâmer ?

Grim exhiba sa main droite. Aucune pièce. Il montra sa seconde main. Rien non plus.

- Je ne suis pas un grand magicien, ni un grand orateur. Je suis un rien du tout, tout comme vous semblez l'être à présent. Nous avons tous deux vécus des choses terribles, des choses peut-être dur à croire pour quelqu'un qui aurait vécu une vie aisée et aimée. Mais les faits sont là. Ça reste ancré dans la peau, ça laisse des marques, des cicatrices.

Il se permit de toucher avec grande douceur le ventre de Denea, du plat de la main.

- Certaines personnes considèrent les cicatrices comme de véritables bijoux de corps, vous en rendez-vous compte ? Nous pouvons nous vanter de briller de mille feux, l'éclat de notre lumière brille à travers chaque parcelle de notre peau.

Cette phrase pouvait sembler paraître narcissique, mais, dit avec autant de bienveillance, cela ne paraissait-être qu'un compliment simple et sincère.

- Et la valeur de notre âme peut alors se lire sur ses marques qui nous suivront pour toujours, qu'on le veuille ou non.

Il remonta sa main à hauteur du visage de la jeune femme, glissa ses doigts dans ses longs cheveux en légère caresse, et extirpa d'entre quelques mèches brunes la pièce, toujours aussi propre et brillante.

- C'est à nous de faire avec, d'évoluer avec. Car si on les laisse nous envahir, elles finiront pas nous briser pour de bon.

Pour finir, il glissa la pièce entre les doigts de Denea et referma ses mains contre les siennes.

- Pardonnez-moi, je n'ai que de belles paroles à vous offrir.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] EmptySam 28 Jan 2017 - 16:59
Spoiler:

Qui avait croisé l’ombre de Denea les derniers jours n'aurait mis sa main à couper que la voir sourire aurait été impossible. Pourtant, face à la douceur, l’enthousiasme et la compréhension de Grim, elle n’avait pu faire autrement. À vraie dire s’était plus la forme de son discours, légère, un tour de passe-passe qui émerveillait les enfants qui lui avaient arraché une risette. Ce n'était pas un joli sourire éclatant, loin de là, il était plutôt discret, peut-être peu fade. À son image.

Il y avait une chose pourtant qui avait été à l’encontre de tout ce que lui avait inspiré la saltimbanque depuis le temps qu’ils discutaient. Elle avait eu un mouvement de recul, elle s’était tendu, quand il lui avait touché le ventre. Ce n’était pas douloureux, non, même si ça n’avait pas été très agréable, pourtant, malgré toute la confiance qu’elle avait en lui, c'était une réaction de brusque reflexe, qu’elle n’avait pas réellement contrôlée.
Pas là, simplement.

Il était vrai que tous les deux n’avaient pas été épargné de la vie. Pourtant l’homme lui, n’était pas en train de sombrer profondément, de plonger dedans comme avait l’impression de le faire la jeune femme. Ce n’était pas vraiment une prise de conscience, s’était fouillis bordélique comme tout ce qu’essayait de produire son esprit pour l’instant.
Ce n’était pas ça qu’elle voulait être.
Ce n’était pas ça qu’elle avait été.
Ce n’était pas ça qu’elle était.

Enfin il ne lui semblait plus.

« Grim … Vous me raccompagneriez au Temple ? »

Est-ce que ça servirait vraiment ?
Aucune idée, si elle avait fui, si elle s’était caché, si elle avait subi trop longtemps, elle avait seulement cette impression que ça faisait trop longtemps.

Assez d’être un petit caillou balloté dans de cours d’un fleuve. Assez de ne faire que limiter la casse, de gérer uniquement les conséquences des autres sur sa vie. Reprendre le contrôle qu’elle avait lâché ne se ferait pas ce soir, ni même demain, ce serait quelque chose de lent, un pas à la fois.
Le premier serait d’affronter ce qui s’était passé, ce qu’elle avait voulu oublier.

Elle était débarrassée du parasite.
Sa fille était morte.
Mabel était partie rejoindre Anür.
Il n’en restait que des cicatrices.
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MessageSujet: Re: Le point de rupture [Grim]   Le point de rupture [Grim] Empty
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