Camelote ou Oeuvre d'Art ? [PV Guerin]

Son entrée dans la cité n'avait pas été plus dure qu'à l'accoutumée : passeur habituel, chemin différent. Malgré le danger que comportait à chaque fois le fait de se rendre en ville, Nairan avait confiance en son contact : ce dernier lui servant aussi à écouler ses marchandises. Vendre le Banni rapporterait sur le court terme mais loin d'être idiot, ce cher escroc savait qu'il perdrait plus à le trahir qu'à l'aider à rester en vie.

Contrairement à son habitude, le Survivant ne s'aventurait pas en ville pour voir les siens. Cette fois ci, son objectif était de rencontrer un forgeron. Le bruit courrait en ville que ce dernier s'était mis en tête de créer des lames dites : "FF-FF". Si Nairan ignorait le sens de ces initiales, les armes en question avaient été conçues pour s'attaquer à des fangeux, pire créature des marais où vivait le Survivant. Si la raison qui avait motivé sa sœur à lui conseiller par lettre une rencontre avec l'artisan était évident, il n'était pas sûr d'avoir les moyens de s'offrir les services de cette boutique.

La balade dans les quartiers populaires, si chargés de monde, était aisée. Malgré tout, Nairan restait en permanence sur ses gardes : le moindre contrôle par un milicien pouvait dégénérer en conflit armé, écourtant rapidement son espérance de vie. A son grand bonheur, les mois d'exils avaient tellement limées son visage qu'il était méconnaissable et sa tenue complète couvrait de plusieurs couches son avant-bras, interdisant à la marque sur ce dernier de le trahir.

Finalement, l'odeur de l'acier chaud, qui lui était si familière il y a quelques années titilla ses narines. Alerte, son ouïe reconnue les coups réguliers du fer battant le fer. Malgré sa vue défaillante, il trouva finalement la "Forge Fongemie", où semblait travailler plusieurs personnes...

HRP:

Une performance technique ? Absolument.
Une avancée technologique ? Indéniablement.
Une réussite commerciale..? Pas le moins du monde.

Son regard balayait avec peine le trio face à lui et d'instinct, il se dirigea vers celui qui lui semblait le plus âgé : à défaut de trouver quelqu'un d'assez vieux pour être le maître de l'endroit, ce choix était le plus logique. Relevant légèrement sa capuche pour paraître plus avenant sans cependant se dévoiler complètement, il donna de la voix pour attirer l'attention de l'aîné, notant au passage que les trois jeunes hommes avaient un air de famille.

-- "Hm, bonjour. Il semble que j'ai réussi à trouver la Forge Fongemie, la rumeur dit que vous forgez des armes pour affronter les Fangeux ? J'aimerais en savoir plus."

Sa façon de parler calme et vivante ainsi que son léger sourire avenant juraient avec son visage usé et ses traits tirés. Le forgeron allait le rediriger vers quelqu'un quand le concerné s'immisça dans la conversation.

-- "Oui, c'est bien ici ! Merci de votre visite monsieur... Monsieur ?"

-- "Rannai. Juste Rannai. On m'a dit que l'on pouvait trouver des lames plus efficaces contre les fangeux ici. Je serais curieux d'apprendre ce qu'elles ont de plus contre eux."

Nom d'emprunt habituel, mesure de sécurité simple et rudement efficace pour éviter les problèmes avec la milice. Inutile de donner une piste fraiche aux chiens de chasse des nobliaux. Maintenant qu'ils étaient proches, le rôdeur distinguait bien mieux les traits du jeune forgeron : ce dernier devait avoir à peu près son âge mais en paraissait dix de moins, une vraie gueule d'amour. La vision de ce qu'il aurait pu être s'il avait suivi les traces de son père se tenait devant lui, un brin de charme en trop.

Décalant légèrement sa cape pour dévoiler son coutelas ainsi que sa hache à tout faire, il voulait faire passer un message simple : "Est-ce adaptable sur ce type d'arme ?".

HRP:

Nairan écouta attentivement les explications du jeune homme et bien vite il hocha la tête, appréciateur, tandis que son regard brillait du respect dont l'on gratifie un ingénieux inventeur. Certes, il y avait des points négatifs aux travaux de Guerin mais le rôdeur n'affrontait jamais d'autres humains, seulement tout ce qui essayait de le transformer en panier repas, majoritairement des fangeux.

Une légère moue affligea son visage lorsque le forgeron lui expliqua pourquoi utiliser l'alliage sur une hache était mal avisé mais, profitant lui aussi de solides bases dans le domaine, il n'eut aucun mal à comprendre le gâchis que cela impliquait.

La proposition d'une longue dague ondulée lui redonna le sourire : n'étant pas un combattant hors pair, il se retrouvait plus souvent dans des corps à corps brouillon que dans de belles joutes propices aux techniques académiques.

-- "La dague longue ondulée me conviendra parfaitement."

Il lâcha son épaisse cape pour masquer à nouveau son armement et les pièces de cuir usées de son armure. Son regard balaya rapidement les alentours, notant l'atelier de tannage d'où venait l’artisan.

-- "Et si vous travaillez aussi le cuir, mes protections ne refuseraient pas un petit coup de jeune à l'occasion. Concernant le payement, je possède quelques réserves mais si vous préférez, je peux aussi rendre service. Il m'arrive régulièrement de me rendre à l'extérieur pour échanger avec les villages, si vous avez besoin de quelque chose qui vient de dehors, je suis votre homme."