Le sens du détail [Christopher - Séraphin - Xandra]

“Tu as raison, filons d’ici et voyons si notre larron est d’humeur à parler, dans le cas contraire j’ai de très bons arguments à lui opposer. Aide moi à le ligoter, je vais avoir besoin d’un guérisseur, le salaud m’a pas loupé. Tout va bien tu n’as rien?”

La rouquine avait hoché vivement la tête avant de lui prendre la corde des mains tout aussi énergiquement.

- Ca va oui, t’en fais pas. Je m’occupe de lui, vérifie ta plaie.

Ce n’était pas un conseil mais un ordre et l'intonation de sa voix ne souffrait aucune contestation. C’était rare que la rouquine décide d’ordonner quelque chose à quelqu’un, de faire ses yeux de sales bêtes mais ça portait ses fruits, la plupart du temps. Xandra n’était pas inquiète, le banni n’était pas en position de force et il aurait été très con de sa part de tenter quelque chose maintenant. La marque qu’il portait leurs donnait tous les droits si bien qu’elle attendit qu’il est finit de ramasser ses affaires et d’arrêter de compter les étoiles pour le rendre plus innofensif.

Xandra le regarda dans les yeux un bref instant, se demandant ce qu’il avait bien pu faire pour se retrouver dehors celui là. Elle avait arrêté de leurs poser la question parce qu’à les écouter ils étaient tous des gentils gars incompris et ils couinaient pendant des plombes dès qu’on leurs donnaient l’occasion de déblatérer. Elle ne put s'empêcher de grimacer malgré tout en voyant le résultat du coup sur son visage.

- Désolé pour ça...murmura la jeune à sa seule attention, avant de retourner se positionner dans son dos pour le pousser vers la surface, Séraphin ayant fini de balancer le corps du chauve.

-On s’arrête ou ? Il faut qu’on fasse gaffe, les autres doivent commencer à se demander ou on est passé. Ils voudront surement le ramener tout de suite, voir n’arriveront pas à se tenir vu le genre de tes collègues...Il faut qu’on trouve un endroit ou ils ne trouveront jamais, et vite si tu veux mon avis…

Elle réfléchissait, cherchait une ruelle, un coin un peu à l’écart, une réminiscence de sa vie d’avant quand elle était la reine de l’évasion et de l’invisibilité.

- Je sais, par là !

Et pendant que le trio plus ou moins sale, plus ou moins sanglant se frayait un chemin jusqu’à une arrière cour du Goulot, la rouquine avait commencé à questionner le bannis, elle se doutait un peu de la réponse, mais autant faire simple.

- Pourquoi tu étais avec eux, il se passait quoi à votre petite sauterie ?

À bien y regarder la plaie était superficielle et se résorberait d’elle même avec un peu de temps. Il avait suivi les ordres de sa camarade et noué un chiffon autour de son bras, le reste attendrait, ils avaient mieux à faire pour l’instant que de s’occuper de coupures bénignes.

    La milicienne les conduisait vers une arrière cour du Goulot où ils pourraient questionner convenablement leur prisonnier. Ce dernier s’était montré mutique et n’avait répondu aux questions qu’on lui posait que par le silence mais un interrogatoire en règle lui délierait aisément la langue, et si ce n’était pas le cas une corde était toujours prête à la caserne où l’on pendait de jour comme de nuit, rare étaient les bannis pris entre les murs de la ville à en avoir revu l’extérieur.

    Les quelques passants qu’ils croisèrent firent mine de ne rien voir et par chance l’endroit où les conduisait Xandra n’était pas bien loin de la bouche par laquelle ils étaient sortis des égouts, ils avaient volontairement emprunté un autre chemin que celui par lequel ils étaient descendus afin d’éviter d’être suivis ou de tomber sur leurs camarades qui devaient à l’heure actuelle ratisser le quartier pour les retrouver.

    Une caisse de bois où asseoir leur captif, pas de vis à vis ni curieux pour venir fouiner dans leurs affaires, c’était plus que suffisant.

    Le bruit de la claque qui s'abattit sur le visage du banni résonna dans le silence de la nuit, effrayant quelques chauves souris et oiseaux qui somnolaient sous les mansardes.

    “Ça c’était pour les présentations, maintenant à toi de choisir, on te livre à nos collègues et tu te balancera au bout d’une corde dans l’heure. Soit tu nous racontes TOUT et on pourra peut-être s’arranger vu que tu nous a rendu service en supprimant ton ami chauve. Donc on va commencer par le commencement. Ton nom, et qu’est-ce que tu foutais là?”

    Séraphin s’en remettait à Xandra pour jouer le bons flic, lui assumerait sans peine le rôle du tortionnaire. Avec peut-être une petite pointe d’amusement, voir de plaisir.

L'homme les avait suivit sans causer de problème, s'étant visiblement résigné à leur en causer depuis les égouts. Et, maintenant se retrouvant dans une impasse du Goulot, il s'asseyait sur une caisse de bois humide prête à craquer sous le poids de l'homme. Les pensées de l'homme se mélangeaient, il se demandait visiblement ce qu'il faisait là avant d'être sortit de sa tête pour un nouveau coup au visage. Cette fois-ci, il encaissa celui-ci sans sourciller, relevant alors la tête vers le milicien, s'empêchant de lui sourire pour le provoquer et envenimer la situation.

Le visage légèrement rougit de nouveau, son regard lourd se déposa sur celui du chien de garde, lui faisant presque regretter son action qui les avait sans doute épargner. Avant de l'adresser ensuite à la femme, voulant ignorer le milicien qui semblait plus animal que ce qu'on pouvait dire du banni moyen. L'attention qu'elle lui avait porté était étrange, pas dans la nature du milicien de base, elle devait être une exception, tout comme la présence d'une femme dans la garde était une exception.

—«Je suis Chris, du Bois. Celui que j'ai décapité était Arnaut, une raclure, tout comme moi. Il vend aux bannis qui peuvent pas se fournir des équipements, de la nourriture ou quoi que ce soit qui se trouve en ville à un prix bien plus élevé. Ou même des marchandises volées, en plus de la taverne que vous avez vu.
J'étais là.. j'étais là pour acheter de quoi survivre, rien de plus.»

L'homme assit dispensait le milicien de l'insulter, en le faisant lui-même. Ses mots étaient lents, il était dispersé entre son agressivité naturelle et cette position de soumission, surtout face à des miliciens. Ses mains caleuses liées dans le dos, il serrait les poings, tout comme les dents derrière ses lèvres. Faisant tout pour réprimer son ardeur envers leur espèce, il se raisonnait en valorisant sa survie plus que la résistance.

Dans un soupire, il se relâcha, gardant la tête haute et le regard vers eux, ne baissant surtout pas les yeux pour garder tout ce qu'il lui restait. Il détourna finalement le regard de la femme pour regarder l'homme à son tour, lui qui semblait aussi agressif que Chris. Il avait eut le temps de les juger eux deux, la femme semblait se recouvrir d'une carapace pour se montrer forte mais restait sensible. Tandis que le milicien qu'il regardait, faisait tout pour se montrer au dessus, même quand la situation ne l'exigeait plus, autrement dit, un complexe d'infériorité, ou la folie.

—«Et maintenant, tu vas me battre à mort ou tu as d'autres questions ?»

Inconsciemment, c'est tout ce qu'il attendait, une raison pour pouvoir se libérer et essayer quelque chose. Alors si ce chien qui aimait aboyer trop fort le condamnait, il aurait enfin une raison d'exprimer sa haine.
Mais pour le moment il demeurait calme, il devait l'être, la survie avant tout, elle prime.

Xandra assista sans émotions visibles à la nouvelle saute d’humeur de son collègue, s’appuyant contre le mur, surveillant du coin de l’oeil que le bannis n'était pas en train d'essayer de détacher ses liens. Il n’avait pas tort de se comporter comme ça avec les criminels, surtout ceux qui osaient remettre les pieds dans la cité. C’était commun de clamer son innocence, tout ou presque le faisait d’ailleurs mais rare étaient ceux qui l’étaient vraiment. Meurtrier, violeur, ce n’était pas son problème mais cet homme l'intriguaient, les gens l’intriguaient toujours. Il n’avait pas sourcillé, par défi, par fierté peut être, parce qu’il en avait vu d’autres surement, surtout à cet âge. Ca devait pas être simple tous les jours dehors...

C’était rare que les hommes s’adressent à elle, surtout les anciens bannis, ceux qui étaient encore mois habitués que les autres à voir des miliciennes. Ils n’aiment pas ça se faire coincer alors par des femmes encore moins. Sans le savoir, parce qu’elle était trop douce, un peu naive, il marquait des points. Elle ne laisserait pas Séraphin le tuer, ni les collègues le coincé, mais il allait néanmoins mettre une chose au clair.

-Bien Chris, c’est un bon début. Toi, tu vis, je vais prendre sur moi, normalement.

Xandra avait lançé un regard à son collègue, pas agressif pour deux sous mais qu’il voulait dire qu’elle ne plaisantait pas, elle ne mentait pas. Ce quarantenaire allait retrouver la fange sous peu. Si elle avait voulu mentir, la rouquine n’aurait pas tout balancé dès le début. Elle espérait que Séraphin soit d’accord avec elle, qu’il n’ait pas mentit lui non plus, elle n’avait guère envie de se retrouver dehors ou au bout d’une corde à gesticuler pour avoir sauver un criminel...

- Mais ! Parce qu’il en faut un, va falloir être encore un peu plus bavard. Et si je te revois un jour dans la cité, je te tuerais de mes propres mains, je n’aurais plus le choix. Ne te méprend pas, je n’ai pas de couilles mais pourtant je les porte et je sais me battre mieux que la plupart des connards avec qui tu traînes, soit en sûr.

Deux semaines plus tôt, ses propos auraient été un mensonge, mais il y avait eu la scierie, le meurtre d’Angélo quelque chose en elle avait changé, son rapport à la mort. Sa capacité à tuer des vivants pas des monstres avait légèrement évolué, même si ça ne serait pas pur plaisir.

«Et maintenant, tu vas me battre à mort ou tu as d'autres questions ?»

- Moi j’en ai. Vos petites réunions là c’pas tout les jours, quelle fréquence ? Combien vous êtes en moyenne, au maximum ? Tu as surement entendu des noms, des fournisseurs, tu as forcément des informations qui nous intéressent.

Ce n’était pas grâce à ses muscles ou à la force de la jeunesse que cet homme survivait, non il était malin, pas assez pour pas se faire prendre, deux fois, mais suffisamment pour survivre, garder des contacts dans la cité et y aller et venir régulièrement. Xandra voyait là une occasion de se faire bien voir par ses collègues et aussi de voir mourir d’autres Arnault.

Le banni se foutait clairement de leurs gueules, à jouer les innocents nonchalants, à attendre que ça se passe. Non, certainement pas.

    “Bon, j’en ai marre de ton petit jeu, alors on va s’amuser à ma façon.”

    Séraphin empoigna Christopher par le col et l’arracha sans ménagement à son siège de fortune, sous le regard inquiet de Xandra qui se demandait quel énième coup de sang le milicien lui faisait. Desfois les questions c’est bien, et les gnons c’est mieux, mais là Séraphin avait eu une idée qui pourrait s’avérer payante.

    “J’imagine que tu sais ce qui va t’arriver si tu mouftes… Avance.”

    Le banni gardé près du corps, une épée derrière les reins, le petit groupe s’avançait en direction des remparts. Les miliciens qui en gardaient l’accès étaient d’ordinaire trop saouls pour remarquer quoi que ce soit, dans le cas contraire une petite pièce suffirait à leur effacer la mémoire. Par chance les deux gardes étaient tombés raides, l’un ronflait, l’autre aussi mais dans son vomi. Ah qu’elle était belle la milice…

    La vue du haut des remparts était imprenable, par un temps clair et l’aide de la lune on y voyait relativement bien, assez bien pour voir la horde de fangeux qui se massait sous les remparts. Leurs grognements parvenaient jusqu’aux oreilles des deux miliciens et surtout de leur captif, rauques et lugubres, à peine masqués par le vent. Séraphin ramassa une pierre qui traînait par là et la jeta sur une des bêtes qui redoubla de hurlements.

    Séraphin colla Chris au rebord et lui pencha la tête dans le vide et le secoua tout en le questionnant.

    “Je crois que la dame t’a posé des questions? Alors soit tu lui réponds gentillement et tant qu’à faire tu vas tout nous dire. Soit ces messieurs en bas ont l’air d’avoir la dalle tu crois pas?” Il le secoua encore un peu plus. “Respire le bon air, vasy respire, je suis sur qu’après ça tu vas chanter comme un petit oiseau.”

Chris ne comprenait pas réellement l'énervement soudain du chien de garde, il semblait plutôt calme pour un banni et était assez coopératif en plus d'avoir fait leur boulot et les avoir peut-être sauvés. Enfin, rien d'étonnant en fait, un milicien restait un milicien, trop idiot pour voir ce qu'on lui donnait déjà et continuait d'aboyer même après avoir l'os entre les dents et une gamelle entière de pâté. Non, tout ce qu'il voulait s'était s'amuser malgré le fait que Chris déballait tout ce qui lui était demandé, un chien enragé avec un complexe d'infériorité, rien d'étonnant en soit.

Une nouvelle fois le banni avançait sans se débattre, à l'allure qu'il fallait, il s'était fait une raison, il allait faire ce qu'il fallait pour en sortir vivant. Alors il se laissa porter jusqu'en haut des remparts, appuyé contre le muret et la moitié du corps dans le vide, Chris pouvait voir y voir assez loin. Pourtant, perché là-haut, il n'avait pas plus de pression qu'attaché sur une caisse en bois au milieu du Goulot, il n'avait pas peur du vide, et les fangeux étaient presque une blague. Oui, parce que s'il tombait, il mourrait sur le coup ou perdrait connaissance avant même de se faire découper en morceau par les bêtes. A y réfléchir, c'était même une mort plus rapide que de se faire embrocher par une épée, à mourir lentement dans sa propre flaque de sang pendant de longues secondes voire minutes. Alors pour impressionner Chris, s'était peine perdu, il avait même une chance d'essayer d'emporter le chien frénétique avec lui. Dans tous les cas, il comptait dire tout ce qui avait besoin d'être dit, c'était donc un mal inutile pour les deux parties.

Au bord du précipice, le banni gardait toujours les muscles crispés, même s'il trouvait l'idée de l'impressionner débile puisqu'il allait parler, il ne comptait pas mourir. Alors comme il le pouvait, ses jambes tentaient de le retenir en arrière autant qu'elles pouvaient mais ses bras attachés dans son dos ne remuaient pas, eux. Le visage renfrogné, il regardait de profil le visage de l'énergumène et de la femme, la mâchoire serrée pour se concentrer à ne pas basculer par dessus, il leur répondit enfin, une fois que l'homme le laissait parler.

—«Si tu m'avais laissé répondre j'aurais répondu... il s'efforça de ne pas insulter l'excité de l'épée et reprit... «Si, c'est tous les jours, c'est comme n'importe quel commerce, tant qu'il y a du monde, c'est ouvert... Ici, il pouvait y avoir une trentaine de personnes quand y'avait beaucoup à vendre, sinon une dizaine. Et tu voulais savoir quoi d'autre déj-..

Manquant de glisser en avant à cause de la pression exercé sur sa tête par le milicien extrémiste, il finit par se retenir sur le rebord grâce à ses pieds. Surprit, il grogna en essayant de se reculer un peu plus, alors qu'il était en équilibre sur le bord de la muraille. L'agité du bocal voulait vraiment lui faire regretter de ne pas avoir tenté de le tuer en fin de compte, si les rôles avaient été inversés, tout aurait été tellement plus plaisant. Mais ce n'était pas le cas, alors Chris devait faire la seule chose qui enragerait un peu plus le taré, c'était de survivre en répondant correctement, ne pas lui donner de raison de le tuer. Le banni souffla longuement pour reprendre son souffle après sa presque chute prématurée avant de reprendre sa parole une fois que la femme ai reposé sa question.

«Hmpf, Arnaut est mort, ils le savent déjà, c'est pas parce que le corps est "caché" qu'ils ne le sauront pas, vous avez laissé s'enfuir l'autre garde. Alors les autres seront encore plus prudent et plus agressifs, tout ce que je sais, c'est que tout se passe dans les galeries d'égouts.

Vous faites aucune patrouille sous le Goulot, j'ai tué le seul gars que je connaissais en ville, si vous fouillez dans les égouts sous les tavernes, les bordels et tous les repères à connards, vous trouverez sans problème.»

Chris trouvait ça assez évident en fait, à peu près tous les bannis qui venaient en ville étaient au courant, alors, ils devraient l'être aussi, s'ils faisaient leur travail. En fait, si les soit disant miliciens de cette cité faisait réellement leur boulot, il n'aurait jamais pu entrer ici dans tous les cas. Mais ils étaient tellement facile à corrompre ou perdaient trop de temps et d'énergie sur des bannis comme Chris parce qu'ils n'ont pas ce qu'il faut pour s'occuper de la vraie gangrène. C'est ce qu'il pensait en tout cas, et chaque parole et action du dégénéré qui le tenait par derrière lui montrait qu'il avait raison, tout en lui donnant ce qu'il faut pour attiser sa haine des miliciens. Mais maintenant qu'il avait répondu à toutes leurs questions, Chris regardait de nouveau la femme, elle qui semblait la plus responsable et la plus logique dans ses actions malgré son statut de milicienne.

Xandra n’aimait pas ça, effectivement, ses yeux inquiets allaient du banni au milicien, du milicien au banni. Un profond soupire agacé lui échappa alors qu’ils allaient les Dieux savaient ou. Les remparts ? C’était quoi le plan ? La rouquine ne savait pas si Séraphin était capable de jeter ce type de l’autre côté mais elle avait donné sa parole, ça n’arriverait pas et elle ne le connaissait pas assez pour être sereine.

Si les premiers hommes du Duc qu’ils avaient croisés étaient en effet dans un sale état, les collègues un peu plus loin sur le chemin de ronde les avaient regardé d’un air peu amen se demandant ce qu’ils trafiquaient mais ils étaient du même camp et ils avaient accepté tacitement de fermer les yeux. En tout cas, ils n’iraient pas jacter de ce qu’ils lorgnaient l’air de rien, amusés pour certains, gênés pour d’autres. La rouquine trouvait un peu extrème d’employer les grands moyens avant d’avoir utilisé les petits, il ne semblait pas très copains avec les autres ce Chrisopher, il n’avait pas grand chose à perdre, alors il lui semblait envisageable qu’il se mette à table.

- Si tu m'avais laissé répondre j'aurais répondu...Si, c'est tous les jours, c'est comme n'importe quel commerce, tant qu'il y a du monde, c'est ouvert... Ici, il pouvait y avoir une trentaine de personnes quand y'avait beaucoup à vendre, sinon une dizaine. Et tu voulais savoir quoi d'autre déj-..

Xandra s’était approché et une de ses mains s’était saisi de l’épaule du bannis, du moins ses vêtements pour le retenir, le tirer doucement en arrière. Elle ne voulait pas se montrer trop en désaccord ouvertement avec les méthodes de Séraphin, surtout pas devant un bannis, mais il y avait des limites à ce qu’elle pouvait laisser faire. Le ridiculiser en faisait partit. La rouquine s’accouda ensuite, la situation visiblement stabilisée, et reposa ses questions, guettant du coin de l’œil les réactions de son collègue et celles, potentielles, des hommes qui les entouraient.

- Hmpf, Arnaut est mort, ils le savent déjà, c'est pas parce que le corps est "caché" qu'ils ne le sauront pas, vous avez laissé s'enfuir l'autre garde. Alors les autres seront encore plus prudent et plus agressifs, tout ce que je sais, c'est que tout se passe dans les galeries d'égouts. Vous faites aucune patrouille sous le Goulot, j'ai tué le seul gars que je connaissais en ville, si vous fouillez dans les égouts sous les tavernes, les bordels et tous les repères à connards, vous trouverez sans problème.

- Hum…

La rousse se fit songeuse, ses yeux se perdant le lointain, laissant certaines de ses pensées quitter ses lèvres à haute voix. Elle se tourna vers Séraphin puis vers le bannis, s’adressant à lui comme s’il s’était agit de l’un de leurs, à peu de choses prêt.

- La situation est pire que ce que je pensais. Je travaille à l’exploration des terres, je suis là pour remplacer un collègue malade. J’ignorais à quel point les égouts étaient...Infestés. Je pensais que la présence des fangeux suffisait à vous tenir en respect. Je ne vois pas quoi faire de plus qu’un énième rapport, on ne doit pas être les premiers à se pencher sur le problème...

Dans un soupire, la jeune femme écarta doucement Séraphin du corps captif, pour prendre le relai.

- Je vais m’occuper de lui.

Xandra l’avait redressé avec une douceur contrastant avec les gestes de Séraphin, bien que ses gestes témoignent d'une certaine force, d'une fermeté peut être involontaire. Elle posa ses yeux azur sur son collègue.

- Ca va être plus compliqué maintenant de le faire sortir gentiment…

On les avait vu, elle avait prit soin de les cacher et ils s’étaient promenés avec leur chien en laisse dans Marbrume. La rouquine grimaça, elle n’aimait pas cette situation mais une promesse était une promesse. L’homme quitterait la ville. Il n’y avait pas de temps à perdre, peut être qu’il en savait plus, peut être qu’il avait omit certains points, probablement, mais ce n’était pas raisonnable de perdre plus de temps.

- J’ai eu les réponses que je voulais, tu vois autre chose ? Sinon il est temps de revenir sur nos pas, de trouver un autre accès, plus discret, au égout.

Elle se pencha vers l’homme attaché et ajouta simplement :

- J’ai promis de te libérer, bannis, ce sera fait.

La réaction du banni laissa Séraphin songeur. Et s’il s’était une fois de plus enflammé pour rien? Il s’était figuré que gentiment installé sur sa petite caisse le banni ne lâcherait pas un mot mais il ne lui avait pas posé une seule question avant de lui pencher la tête au dessus du vide.

    La bonne nouvelle c’est qu’il avait parlé, la mauvaise c’est que le petit groupe était désormais grillé.

    “La situation est pire que ce que je pensais. Je travaille à l’exploration des terres, je suis là pour remplacer un collègue malade. J’ignorais à quel point les égouts étaient...Infestés. Je pensais que la présence des fangeux suffisait à vous tenir en respect. Je ne vois pas quoi faire de plus qu’un énième rapport, on ne doit pas être les premiers à se pencher sur le problème…”

    Pour elle l’affaire était bouclée, mais Séraphin n’était pas convaincu d’en avoir touché le fond, vraiment pas. Il avait le sentiment d’effleurer la surface de quelque chose de bien plus gros

     “J’ai eu les réponses que je voulais, tu vois autre chose ? Sinon il est temps de revenir sur nos pas, de trouver un autre accès, plus discret, au égout.”

    Le milicien repensa aux dernières paroles de Chris et se dit que ce dernier pourrait les aider une dernière fois avant qu’ils ne le relâchent dans la nature.

    “Hmpf, Arnaut est mort, ils le savent déjà, c'est pas parce que le corps est "caché" qu'ils ne le sauront pas, vous avez laissé s'enfuir l'autre garde. Alors les autres seront encore plus prudent et plus agressifs, tout ce que je sais, c'est que tout se passe dans les galeries d'égouts. Vous faites aucune patrouille sous le Goulot, j'ai tué le seul gars que je connaissais en ville, si vous fouillez dans les égouts sous les tavernes, les bordels et tous les repères à connards, vous trouverez sans problème.”

    “Eh bien puisqu’on doit retourner dans les égouts, tu vas nous y mener. Sous le Goulot tu dis? En route alors et oublie pas que tu es plus en sécurité avec nous qu’avec eux.”

    Sous le regard indulgent de quelques miliciens les trois comparses quittèrent les remparts, personne ne parlait de ce qu’ils avaient vu, déjà parce qu’ils s’en foutaient et parce que personne ne souhaitait s’immiscer dans les affaire des gens. Les plantons qui en gardaient l’entrée dormaient toujours dans leur vomi, eux au moins ne se souviendraient de rien.

Après quelques minutes à passer sur les remparts, ils les avaient enfin quitter pour revenir rejoindre l'intérieur de la ville, dans le quartier du Goulot. Là où dans la nuit, seuls quelques saoulards, mendiants se trouvaient encore dans les rues tandis que les bordels et tavernes étaient remplis d'animation. D'après ce qu'ils avaient dis, ils n'y connaissaient vraiment rien aux égouts, la plupart de ces soit-disant miliciens n'y connaissait rien de leur propre ville et même Chris qui n'y avait jamais vécu, connaissait le réseau souterrain. C'est visiblement donc lui qui devrait les mener jusqu'à une entrée, ou leur proposer en tout cas, il n'était pas certain qu'ils étaient assez idiots pour l'écouter aveuglement. Enfin, le chien de milicien, sans doute, mais la femme avait plus de jugeote, jusqu'ici en tout cas. Marchant alors à travers les rues, Chris indiquait les chemins à suivre, leur proposant une itinéraire, la femme validait ou non la direction qu'il leur énonçait. Il aurait au final, difficilement pu les mener dans un guet-apens, rien n'était préparé, et les rues étaient toutes vides.

Après de nouvelles minutes à traîner des pieds dans le quartier le plus gangrené de la ville, Chris arrêtait leur marche. Les trois étaient en début de rue qui menait vers un cul de sac qui était encerclé par deux établissements. L'un d'eux était un bordel assez connu du coin, tandis que l'autre était une taverne très mal fréquenté, la proximité des deux offrait une économie fleurissante pour les propriétaires. Chris se retournait alors vers les deux miliciens, il semblait fatigué visiblement les cernes creusaient ses yeux, mais ce n'était pas pour autant qu'il ne tentait pas de faire bonne figure, son regard restait haut. Leur adressant la parole, il jetait quelques regards en direction des deux bâtiments au bout de l'allée.

—«Il y a une entrée d'égout dans la ruelle avant le bordel, si vous comptez réellement me libérer, vous pouvez le faire maintenant. Sinon, il faudra m'accompagner là-dedans, c'est là où il y a le plus de monde qu'on posera le moins de question.»

Chris était sincère, oui et non, il savait que s'ils allaient à trois dans les égouts, personne ne dirait rien, surtout accompagné d'une femme, leur passage serait discret. Pourtant, il se laissait l'opportunité de prévenir ceux qui s'y trouvaient que deux miliciens le traînait de force, et là, ils seraient cuits. La plupart des autres chemins menant vers la sortie était tous accompagnés de quelques personnes, en tout cas à sa connaissance, et s'ils allaient à trois dans l'un de ces tunnels peu peuplés, des questions seraient soulevés. Chris fit une petite pause, un regard vers la femme lui fit reprendre la parole.

«Si vous voulez vraiment me ramener à la sortie, détachez-moi maintenant, s'ils me voient attachés, même les délires d'un bordel vous sauveront pas. A vous de voir maintenant, soit vous me crever, soit vous me laissez partir ici, ou soit vous prenez le risque de m'escorter même à travers cet endroit.»

Malgré la fatigue, le dos de Chris était bien droit, il était prêt, une fois sa phrase terminée à réagir si nécessaire. Le nerveux de la lame était imprévisible, il pourrait très bien décider d'en finir maintenant sans écouter sa partenaire, qu'est ce qu'elle lui ferait de toute façon ? Non, s'il agissait trop brusquement, il bousculerait quiconque le menace de son arme, frapperait de sa jambe avant de courir en direction du bordel. Sa sécurité serait garantie, en tout cas, assez longtemps pour qu'il puisse s'enfuir, il ne comptait pas mourir ici, pas à cause de l'un de ces chiens. Le visage de l'homme était renfrogné légèrement, comme un loup sur sa garde, ses yeux se concentraient sur l'homme pour anticiper son action.

“Eh bien puisqu’on doit retourner dans les égouts, tu vas nous y mener. Sous le Goulot tu dis? En route alors et oublie pas que tu es plus en sécurité avec nous qu’avec eux.”

Ça, malheureusement, la rousse n’en était pas tout à fait sûr, le petit groupe puait la défaite. Bien qu’elle ne comptait pas ramener le banni là bas pour l’offrir en pâture, c’était surtout à sa propre vie qu’elle pensait à cet instant. Ils feraient quoi s’ils crapahutaient là dessous trop longtemps et qu’un nouveau groupe leur tombait sur le paletot et pas forcément humain, du moins vivant ? Elle n'avait pas vraiment peur, elle avait un don et un amour certain pour les situations qui sentaient la merde, mais aller s'empaler toute seule sur une pique en souriant, fallait pas exagérer. Il serait temps de faire un choix le moment venus et sur coup là, elle tâcherait de faire le bon.

La rousse connaissait l’itinéraire, les bas quartiers n’avaient pas vraiment de secret pour elle, les égouts en revanche, elle avait autre chose à faire que de s’y promener. Les marais c'était bien suffisant à son goût. Dire qu’elle aurait dû être ailleurs aujourd’hui. C’est les pensées en roues libres et le regard allant de points stratégiques en points stratégiques, entrées de ruelles, toits, qu’elle rentra presque dans la banni quand il stoppa sa marche.

Elle scruta son visage alors qu’il prenait la parole, son regard se tournant un bref instant vers Séraphin avait de se poser sur lui à nouveau. Xandra eu un petit sourire en coin face à son hostilité toute naturelle. Le fait est, qu’en essayant de se sortir de tout ça, il essayait indirectement de leurs sauver le cul. Dur en revanche de savoir en revanche s’il le faisait pour une autre raison. Pour elle il était temps d’en rester là.

- J’ai promis. Tu ne mourras pas de nos mains, c’est la fange qui fera, ou non, son office. Je n’ai qu’une parole.

Cette fois elle se tourna vers Séraphin, sa dague quittant son fourreau, son éclat brillant se reflétant un court instant.

-On devrait le laisser partir et s’occuper de retrouver les autres. Il est temps de prévenir les supérieurs de ce qui se trame et de faire un peu de bruit pour que ça bouge, vraiment.

Un banni reste un banni, il ne tenait pas à savoir ce qui avait conduit un homme à l’allure digne à se faire expulser de la ville. Pour ça il s’en tenait aux préceptes qu’on lui avait inculqués dans la milice, ne pas faire confiance à la crapule. S’aventurer à nouveau dans les égouts était finalement la pire idée qu’ils pourraient avoir, la racaille vivante ou morte qui y pullulait n’avait pas la réputation d’être accueillante. Peut-être valait-il mieux en rester là?

    Séraphin observait le banni tandis que la milicienne tranchait ses liens, l’homme avait tué son comparse et s’était tenu la tête dans le vide au dessus d’une armée de fangeux sans broncher. Qui ferait ça? Et pourquoi? Il semblait évident qu’il tentait de cacher quelque chose, dût-il pour cela sacrifier sa propre vie. Il n’y a que trois choses qui peuvent pousser un homme à de tels extrêmes. Si l’homme ne semblait pas craindre la mort et qu’aucun banni ne pouvait prétendre crouler sous le pécule, il ne restait que la dernière possibilité.

    “Quelqu’un t’attend ici n’est-ce pas? C’est pour ça que tu es revenu en ville? Parle. Si tu es revenu par amour ou par loyauté tu seras libre, ne t’avise pas de me mentir.”

    Le milicien souffrait bien trop de la solitude pour penser à priver quelqu’un d’autre de sa lumière. Derrière ses airs revêches il n’en restait pas moins humain, ses accès de violence ne servant qu’à canaliser cette rage et cette peine qui l’habitent. Il fixait le banni avec intensité en attendant sa réponse, un bref cillement, un mouvement involontaire, n’importe quoi qui pourrait trahir ses véritables motivations.

    Ils auraient tout le temps de faire leur rapport par la suite, une fois qu’ils auraient obtenu des réponses claires, sans cela ils risquaient de rester là un bon moment. Quoi qu’il en soit Séraphin regrettait intérieurement son embardée sur les remparts et se fierait à l’avenir au jugement de sa collègue, plus sage et sensée que lui.

Ses liens défaits, Chris secoua ses mains, passant ensuite chacune de ses mains sur ses poignets, là où se trouvaient la corde avant de se retrouver à terre. L'homme serra ensuite les poings, tendant et détendant ses doigts, leur adressant ensuite un regard toujours aussi fermé qu'avant, les sourcils froncés. L'homme, le fou, prit la parole, parlant d'amour et de loyauté, ce qui décrocha une expression d’incompréhension sur le visage du banni. L'amour ? Non, Chris ne connaissait pas ça depuis longtemps, la seule amie qu'il avait c'était sa hache, sa meilleure protectrice. Et de la loyauté ? Envers qui ? L'homme secoua la tête, toujours aussi surprit par la question. Il vivait toujours seul, il ne rendait de compte à personne, il ne vivait pas dans une bande de bannis ou quoi que ce soit.

—«Quoi ? Je te l'ai déjà dis, je rentre, je prends ce qu'il me faut pour vivre une semaine de plus quand ça va mal et je sors. Je cire les bottes de personne et je n'ai aucune connaissance ici. C'est l'une des première fois que je suis venu dans la cité.»

Qu'est ce qui pouvait y avoir dans la tête de ce milicien pour changer autant d'une seconde à l'autre. Il était prêt à le buter et il lui parlait ensuite d'amour, c'était certain, il était cinglé, il n'y avait aucun doute là-dessus. Mais, tant qu'il restait comme ça, inoffensif, ça allait pour Chris, il avait moins à se méfier de lui, ou alors peut-être encore plus, il n'en savait rien au final. C'était bien le problème avec les fous.

L'homme n'ajouta rien ensuite, quand il s'agissait de faire bouger les choses pour les miliciens. Dératiser les égouts, c'était presque peine perdu, aussi loin qu'il connaissait les tunnels, il les avait toujours vu infestés. Une fois par des bannis, des receleurs, les raclures de Marbrume, et d'autres fois par la Fange. Alors s'ils voulaient vraiment nettoyer c'est pas quelques miliciens qu'ils devraient envoyer, mais des dizaines.

Se tenant toujours devant les deux miliciens, il releva légèrement les mains dans les airs au niveau de sa taille. Les mains ouvertes, signe qu'il n'était pas agressif, comme s'il attendait leur approbation pour s'en aller. Plus particulièrement celui de la femme, plus raisonnable, son comportement était bien plus prévisible que celui de l'homme. Il lança un petit mouvement de tête vers la rouquine, c'était finit ? Le regard dévalant ensuite sur l'homme, attendant de voir s'il avait quelque chose à rajouter.

“Quelqu’un t’attend ici n’est-ce pas? C’est pour ça que tu es revenu en ville? Parle. Si tu es revenu par amour ou par loyauté tu seras libre, ne t’avise pas de me mentir.”

Qu’est ce qu’il avait bien pu perdre, bien pu vivre ? Est ce qu’il y avait qui l’attendait lui ? Peut être être que c’était la raison pour laquelle il avait choisit l’intérieur, pourtant ses capacités et sa colère trouverait un bon exutoire de l’autre côté des murs. La fange n'épargnait décidément personne. Xandra jugea bon de ne rien dire, il n’y avait rien de plus à ajouter et elle préférait se préparer à intervenir si les choses tournaient mal à nouveau.

- Quoi ? Je te l'ai déjà dis, je rentre, je prends ce qu'il me faut pour vivre une semaine de plus quand ça va mal et je sors. Je cire les bottes de personne et je n'ai aucune connaissance ici. C'est l'une des première fois que je suis venu dans la cité.

Qu’il se faufile dans Mabrume pour obtenir ce qui fallait pour vivre, ça, très bien, qu’il n’ait personne, pas de famille, pas d’amour ici, très bien aussi, qu’il n’ait aucune connaissance et que ça soit l’une de ses premières virées, elle avait plus de mal à l’avaler. Mais ça n’avait pas vraiment d’importance, elle en savait assez, elle pourrait broder, se mettre d’accord avec Séraphin, essayer de secouer les puces en amont.

Un vague sourire étira les lèvres de la milicienne, dont le regard resta quelques instants rivés sur les mains du bannis, avant qu’à son tour elle ne se tourne vers Séraphin, non sans capter le léger mouvement de menton de Christopher.

- Nous n’apprendrons rien de plus de lui.

C'était sa certitude. Il n’y avait aucune menace dans ses propros, pas vraiment l’accent d’une réel ordre. Quelques nuances apaisantes dans sa voix douce, peut être. Guère autre chose quand elle se tourna à nouveau vers le bannis.

- Tu es libre. J’espère que nous ne nous reverrons pas.

Parce qu’elle venait de laisser filer un bannis, parce qu’elle ne pourrait pas se montrer aussi juste une seconde fois, du moins juste de son point de vue. Celui de sa famille, la milice, aurait été bien différent.

Spoiler:

Séraphin observa sa collègue détacher Chris avec une pointe de déception, il était persuadé que le banni ne leur avait pas tout dit, qu’il avait plus d’une raison pour risquer sa vie au sein de la cité. Mais impossible de prendre le risque de s’aventurer à nouveau dans les égouts, d’autant que dans ces quartiers gangrenés les ennuis pouvaient surgir de nulle part.

    “Tu es libre. J’espère que nous ne nous reverrons pas.”

    Impossible de détacher son regard de celui du banni qui restait figé comme un lapin qui s’apprête à détaler. Qu’est-ce que cet homme si froid et fermé pouvait bien cacher? Lui qui était resté stoïque alors qu’il se balançait dans le vide au dessus d’une armée de zombies et avait tué son complice sans même y penser. Qu’un homme tel que lui ne soit venu en ville que pour acheter des vivres était étrange, d’autant qu’il semblait bien connaître le coin pour quelqu’un qui n’était jamais venu.

    Mais soit. Il ne semblait être qu’un pion au sein de quelque chose de plus ramifié et organisé, quelque chose qu’on ne pouvait laisser perdurer sous les pieds des habitants de Marbrume. S’il fallait pour mettre à bas une machination de cette ampleur laisser filer un simple banni il se plierait à contrecoeur aux ordres de sa collègue.

    “Tu sais ce qu’il se passera si jamais on se recroise hein? Tu devrais retourner à tes chers marais, ceux-ci souhaitent peut-être moins ta mort que nous… Déguerpis.”

    Il leur restait une montagne de travail à accomplir, entre leurs rapports et conclusions et ce que les gradés décideraient d’en faire, nul doute que les égouts grouilleraient bientôt de miliciens irascibles et que des têtes allaient rouler.

Citation :

Fini pour moi. Merci à vous deux! On pourra jouer la suite à l'occasion