La chance au hasard d’une boutique. [Pv-Aelys de Beauval]

La chance au hasard d’une boutique.
Aelys de Beauval x Héloïse Coutrier

Juin 1165

Le climat est doux en ce mois de juin, Héloïse lève les yeux vers ce ciel immensément bleu, comme-ci, la noirceur de ce monde n’existe pas. Elle resserre son châle écru autour de ses épaules avant de baisser les yeux pour apercevoir son reflet à travers une fenêtre. Elle porte une simple robe en coton, passée de mode, de couleur pourpre, et délicatement, elle rabat un bout de tissu au niveau d’une manche pour cacher l’ourlet qui s’est décousu avant de retourner flâner dans le quartier de la Hanse.

D’un pas lent, elle observe les différentes devantures des boutiques, parfois elle s’arrête pour regarder quelques étalages avant de continuer son chemin. Généralement, elle préfère le calme à l’agitation mais elle aime l’animation que dégage ce faubourg, donnant l’impression que l’obscurité ne se profile pas derrière les remparts de Marbrume. Pourtant, le petit sachet en cuir accroché à sa ceinture, rempli d'une petite quantité de sel lui rappelle que le danger peut surgir à tout moment. Elle reste sur ses gardes depuis l’attaque en début d’année qui a causé d’énormes ravages et de nombreuses pertes, comme son patron, feu Monsieur Lanvin. Marie, l’une des couturières a perdu son époux et l’un de ses enfants lors de cette attaque tandis qu’Annabelle est morte laissant derrière elle ses quatre enfants. Ces attaques de fangueux sont monstrueuses laissant derrière elles, mort, tristesse et désolation.

Depuis la perte de son patron, la boutique a fermé ses portes, la laissant, pour ainsi dire, à la rue. Héloïse fait du troc pour survivre, elle échange ses services, recoudre un bouton, raccommoder une veste, rafistoler une chemise contre de la nourriture ou quelques pièces, suffisamment pour payer sa minuscule chambre dans une auberge. Elle essaie également, tant bien que mal, d’aider les enfants d’Annabelle, les trois garçons travaillent, l’un est coquetier, essayant de vendre des œufs sur la place du marché, un autre est décrotteur vers les quartiers nobles, nettoyant et cirant les chaussures dans la rue et le dernier garçon est valadier, métier qui consiste à nettoyer les fosses. Le dernier des enfants est une jeune fillette de huit ans et Héloïse prend le temps de lui apprendre les rudiments de la couture pour qu’elle puisse aider ses frères à gagner quelques pièces. Elle rend aussi visite à Marie pour la soutenir et l’aider tant bien que mal, malgré ses propres difficultés.

D’un pas trainant, elle profite de l’activité qui s’affaire autour d’elle, oubliant pour quelques minutes la dure réalité de la vie. Ses pieds s’arrêtent pour fixer la devanture d’une nouvelle boutique « Au fil du temps », elle se rapproche de la porte pour fixer longuement une bobine de fil. Elle fait un pas en arrière pour observer de nouveau l’enseigne avant d’être bousculée par un client qui sort avec hâte de l’échoppe.

- Excusez-moi, Madame.
- Ce n’est rien.. Souffle-t-elle en jetant un coup d’œil à l’intérieur de la boutique avant que la porte ne se referme dans un petit claquement. Elle a juste eu le temps de voir des tenues sur des mannequins en bois.

Peut-être que le patron de cette boutique engage des couturières ? Elle ne risque rien de tenter sa chance ! Ses doigts se crispent sur sa robe avant de passer négligemment une main dans ses cheveux tressés pour ensuite prendre son courage à deux mains et franchir cette porte.

Une fois dans ce nouveau lieu, elle se retrouve seule en compagnie des mannequins silencieux, elle observe les tenues d’un œil exigeant avant de s’avancer vers le comptoir.

- Bonjour… Il y a quelqu’un ? S’annonce-t-elle d’une petite voix en fixant la porte ouverte qui mène à l’arrière-boutique.

L'on était au début du mois de Juin et le temps était idéal. Au-dehors le soleil brillait haut dans le ciel d'un bleu d'été, les embruns de l'océan portés par une brise venue du large ajoutaient une fraicheur bienvenue pour qui devait demeurer en plein soleil, l'humeur générale de la cité s'en trouvait grandement améliorée malgré la Fange et ses horreurs. L'agitation commençait bien plus tôt l'on s'activait dès les prémices de l'aurore, chacun vaquait à ses occupations et la journée s'écoulait à une vitesse plus ou moins vertigineuse. Certains songent au malheur qui les a frappé, d'autres à ce qui leur pend au nez, tandis que d'autres encore savourent quelques moments de bonheur en prévision du pire à venir. Dans une boutique de La Hanse, une cliente règle sa commande et regarde avec un certain contentement la Couturière noter dans son livre son nom et le montant qui a été payé. Prenant congé rapidement, elle sort d'un pas précipité et bouscule une femme de vêture moyenne, s'excuse de sa maladresse et s'éloigne sans demander son reste, pressée qu'elle est de s'en retourner vers les autres occupations de sa journée. La cloche suspendue au-dessus de la porte tinte alors qu'une silhouette passe par celle au fond de la boutique, disparaissant à la vue de quiconque voudrait jeter un regard par l’entrebâillement bien vite refermé. La cloche tinte de nouveau quand Héloïse franchit à son tour le seuil de l'endroit, une odeur douce et caractéristique des lieux proprement entretenus flotte dans l'air, les fenêtres éclairent la boutique faite de bois et les mannequins arborent des couleurs variées appelant à la curiosité.

- Bonjour… Il y a quelqu’un ?

- J'arrive tout de suite !

Lancé d'une voix douce et claire, bien qu'un peu forte pour se faire entendre, c'est le timbre d'une jeune femme dont les pas résonnent à un rythme un peu rapide, signe de son empressement lorsqu'elle revient dans la boutique. De longs cheveux blonds, un visage trahissant une jeunesse qui n'a pas encore atteint la vingtaine, une peau de porcelaine aux pommettes roses et aux traits lisses indiquant une bonne santé, ainsi que des yeux d'un vert émeraude qui transpirent l'intelligence et la gentillesse mêlés. La jeune femme porte une robe de saison sans manches d'un blanc écru ceinturé d'une bande de tissu bronze qui rappelle à la fois le bracelet de cuivre à son biceps et ceux qui tintent à son poignet, signe d'une situation relativement aisée.

- Bonjour Ma Dame, bienvenue "Au Fil du Temps". Je suis Aelys, que puis-je pour vous ?

La voix est douce, le ton aussi bienveillant que le regard qui est posé sur Héloïse. Nul jugement dans ce regard, nulle appréhension ni même hésitation, rien qui ne laisse suggérer la moindre intention hostile ou même récalcitrante à la seule vue de cette femme au sein de la boutique. Pourtant le regard la scrute avec attention, s'attardant une fraction de seconde sur les détails de la tenue qui ne conviendraient pas, que ce soit faute d'usure ou manque de ressource, peu importe.

Lorsqu'une voix calme et douce lui répond, Héloïse se hausse sur la pointe des pieds, ses doigts s'agrippent sur le rebord du comptoir et elle guette le moindre mouvement venant de l'arrière-boutique. Aussitôt qu'elle entend des pas pressés qui s'activent pour la rejoindre, Héloïse recule et rajuste son châle autour de ses épaules, lisse du plat de la main sa robe en espérant faire bonne impression malgré sa mise défraichie. Une fois terminée, ne sachant pas ou ranger ses mains, elle croise ses doigts contre son ventre tandis qu'une jeune demoiselle à la chevelure dorée et d'un joli visage apparait devant-elle.

- Bonjour...

Héloïse l'observe un instant et se trouve bien ingrate à-côté de cette jeune-fille en fleur. Elle est aussi brune, qu'Aelys est blonde, ses vêtements font pauvres face à ses apparats élégants, même son visage est plus doux que le sien, comme si elle n'a encore jamais connu le moindre chagrin et son prénom glisse facilement sous sa langue et doit très certainement inspirer mille poètes.

- ... Aelys... Vous pouvez peut-être me renseigner... Je suis couturière et je souhaiterais m'entretenir avec le propriétaire pour savoir s'il y a un emploi... Dit-elle lorsque ses yeux viennent rencontrer ceux de la jeune-fille.

Héloïse lui sourit poliment et s'apprête à lui expliquer son parcours et toute sa motivation mais la porte s'ouvre dans un fracas et une dame d'un air paniqué s'avance à toute hâte vers le comptoir, ignorant ouvertement leur conversation.

- C'est affreux ! C'est affreux ! S'insurge la cliente aussi bedonnante qu'un tonneau de vin, ses bras graisseux s'agitent sans aucune grâce dans les airs et Héloïse esquive de peu un coup en reculant d'un petit pas sur le côté.

- Aelys ! Ma chère Aelys, vous devez absolument m'aider, je veux mettre cette robe pour une grande soirée ! Dit-elle la voix alarmée en jetant la robe d'un violet brillant sur le comptoir avant de rajouter d'une voix basse mais assez forte pour qu'Héloïse puisse entendre toute la conversation.

- Ma poitrine est trop généreuse... Je n'y rentre plus ! Souffle-t-elle avant d'ajouter un clin d'oeil guilleret même si son visage exprime le plus grand sérieux, comme si cette affaire est une question de vie ou de mort.

Héloïse observe la cliente, puis la robe étalée sur le comptoir avant de fixer la poitrine de celle-ci et elle ne peut s'empêcher de retenir un sourire malvenu car il n'y a pas que sa poitrine qui est "généreuse". Cette dame doit manger plus qu'à sa faim tandis que des enfants ont parfois à peine un bout de pain à se mettre sous la dent. Malgré les fangeux, la maladie, la famine, certains aristocrates sont et restent égoïstes et imbus de leur personne.

Cependant Héloïse reste en retrait et ne fait aucun commentaire, elle hoche discrètement la tête vers Aelys pour lui signifier silencieusement qu'elle peut s'occuper de cette dame car ne l'oublions pas : le client est roi !

Cette gêne et cette légère hésitation sont des signes que Aelys a appris à reconnaitre à force de les voir sur de nombreux visages, pourtant à son sens celle qui vient de passer la porte de sa boutique n'a pas à rougir de quoi que ce soit : son visage est beau, ses traits sont aussi fins que son allure, sa tenue est propre malgré un côté défraichi difficilement évitable par les rudes temps qui sont les leurs et il est évident à la voir qu'elle prend soin d'elle autant que cela se peut. Lorsque celle qu'elle avait d'abord prise pour une cliente lui fait part de sa demande dans le cadre de sa quête d'un emploi, le visage de Aelys s'éclaire immédiatement et elle ouvre la bouche, sur le point de lui répondre, quand soudain !

- C'est affreux ! C'est affreux !

Le bruit de la porte a fait sursauter la jeune femme qui pivote cependant lentement vers celle qui vient d'arriver avec perte et fracas, jetant sa robe sur le bureau comme s'il s'agissait d'un vulgaire chiffon et la froissant au passage, faisant passer brièvement un léger froncement de sourcils sur le visage de la Couturière. Elle se souvient des heures de travail sur cette belle matière et de la délicatesse des fibres, la voir traité ainsi lui rappelle combien cette cliente-ci peut être brusque parfois.

- Tout va bien Dame Rougeoie, je puis m'occuper de ce délicat problème, mais il vous faut me dire pour quand sera cette grande soirée et si vous souhaitez faire quelque essayage au préalable une fois la reprise faite.

Calme, mesurée, la fille De Beauval souriait sereinement à celle qui venait de briser un instant suspendu dans le temps, de ces moments qui d'ordinaires marquent positivement les esprits et dont on se souvient longtemps. Désormais au lieu d'une journée marquée sous le signe d'une agréable découverte, ce sera l'image d'une dame à la poitrine opulente et à la voix grasse que l'on retiendra, quel dommage. Prenant délicatement la robe entre ses mains, la Couturière avisa le tiraillement des fibres à l'endroit qui posait problème, puis sourit avec chaleur à sa cliente.

- Ce sera le prix habituel de vos reprises ma Dame, ainsi qu'un supplément pour l'urgence de la situation qui va m'obliger à mettre de côté certaines commandes. Revenez trois jours avant la date de votre grande soirée pour les essayages, nous vérifierons ensemble que tous les détails sont parfaits.

Satisfaite, l’exubérante cliente quitta la boutique avec le même empressement que celui qui l'avait conduite ici, non sans claquer de nouveau la porte derrière elle, faisant tressaillir la jeune femme aux longs cheveux blonds.

- Il faudra que je songe à faire vérifier les gonds.

Le ton était à la fois amusé et indulgent, alors que Aelys reposait délicatement la robe sur le comptoir, pivotant de nouveau vers celle qui s'était retrouvée mise à l'écart.

- Je vous prie d'excuser Dame Rougeoie, c'est une personne fort affairée qui prend très à cœur les mondanités et qui en oublie parfois les bonnes manières. Je suis Aelys De Beauval, couturière et propriétaire de cette enseigne.

Son sourire se fit complice tandis qu'elle l'invitait d'un geste délicat du bras à prendre place sur l'une des chaises placées près du comptoir de bois. Elle s'en alla à la porte et retourna le petit écriteau, tira le rideau puis revint pour s'assoir en face de Héloïse, un air bienveillant et chaleureux sur le visage.

- Ainsi donc vous êtes en quête d'un emploi comme Couturière, c'est bien ce dont il s'agit ? Avez-vous déjà exercé ce métier auparavant ?

Nulle tentative malveillante ni piège sournois dans ses propos, rien qu'une saine curiosité professionnelle ayant pour but de se faire une idée de celle qui, peut-être, pourrait bien être la personne qu'attendait la future mariée. Était-t-elle une envoyée des Dieux venant à sa rescousse pour lui permettre de garder sa chère boutique ouverte après son départ pour Traquemont ? Qui sait.

Héloïse se détourne silencieusement et visite la boutique pendant qu’Aelys discute avec la cliente. Elle regarde tour à tour les vêtements sur les mannequins en bois, elle touche les divers tissus du bout des doigts, détails les coutures avant de contempler une éblouissante robe rouge. Elle est sublime. Héloïse se projette dans ce genre d’atour mais en y réfléchissant, elle n’aurait jamais une occasion valable de porter une telle tenue. Cependant, si elle arrive à obtenir un poste dans cette boutique, après avoir économisé quelques pièces, elle pourrait raccommoder ses anciennes robes et espère-t-elle, s’offrir une nouvelle tenue. Tandis qu’elle continue de flâner dans la boutique, elle écoute tout de même d’une oreille discrète la conversation près du comptoir et lorsque celle-ci est sur le point de se terminer, Héloïse revient vers Aelys affichant une mine réjouit grâce à ses magnifiques vêtements et se projette déjà travailler dans ces lieux.

Le bruit sourd de la porte se ferme violemment derrière le dos disgracieux de Dame Rougeoie mais ce boucan n’efface pas sa bonne humeur, au contraire, elle pouffe face à la petite taquinerie sur les gonds de la porte.

- Sans nul doute… Dit-elle sans cacher son petit rire divertie devant cette situation.

Lorsqu’elle croise les yeux d’Aelys, celle-ci s’excuse du comportement de sa cliente, mais Héloïse, fait un petit mouvement de main pour lui indiquer que ce n’est pas important tout en gardant un sourire amical et compréhensif. Par contre, elle ne s’imagine pas le moins du moins du monde qu’Aelys soit la propriétaire de cette jolie boutique, surprise, elle met un moment à réaliser qu’elle se trouve face à sa future patronne.

- Enchantée Madame De Beauval… Dit-elle précipitamment après avoir repris ses esprits et de s’avancer vers la chaise pour s’y assoir. Pendant qu’Aelys tire les rideaux et ferme la boutique pour leur entretien, Héloïse a le temps de retrouver un brin de confiance et de prouver sa motivation pour obtenir un poste. Ne le cachons pas, cela serait une aubaine !

Bien droite sur sa chaise, les mains sur ses genoux, elle toussote doucement avant d’afficher un visage déterminé lorsque la propriétaire lui demande son parcours professionnel.

- Exactement… J’ai appris le métier par le biais d’une couturière de mon village et je l’aidais dans ses travaux… Puis, par la force des choses, je suis arrivée à Marbrume ou j’ai trouvé un poste chez Monsieur Lanvin… Malheureusement décédé suite aux attaques de janvier… Dit-elle d’une voix plus calme, plus triste. Elle se souvient du visage de ce vieil homme toujours plein d’entrain malgré son âge, il savait tenir son entreprise de main de fer mais il était toujours bon avec ses employées.

Héloïse se ressaisit malgré un sourire morose.

- Je sais également lire, écrire et je sais bien me tenir en société. Je suis aussi ponctuelle et minutieuse dans mon travail… Si vous recherchez une employée pour vous seconder, je peux vous assurer que je suis qualifiée et que je ne vous décevrai pas ! … Elle reste silencieuse un instant, ses yeux toujours plantés dans ceux d’Aelys avant de rajouter d’une voix hâtive...

- Même pour quelques heures par semaine ! Héloïse a besoin, vraiment besoin de ce travail, cela lui permettrait de remettre un peu d’ordre dans sa vie.

Par Rikni ! Que sa chance tourne un peu !

Celle qui était venue ici en quête d'un emploi semblait passablement étonnée qu'une femme aussi jeune puisse être propriétaire d'une boutique comme celle-ci, cependant il fallait bien dire que hormis la chance qu'avait eu Aelys d'être bien née, elle avait travaillé d’arrache-pied pour mettre de côté, acheter cet endroit et l'aménager de telle façon qu'on s'y sente bien tout en lui permettant d'être un lieu fonctionnel. La motivation de la prétendante au poste était clairement visible et cela ne manqua pas de faire naitre un léger sourire compréhensif sur les lèvres de celle qui serait sans doute sa future patronne : les temps étaient durs, pour ne pas dire cruels au vu des explications qui furent données, aussi était-il normal de vouloir donner son maximum afin de retrouver un minimum de sécurité. Ainsi donc Héloïse était-elle une personne qui s'était forgée dans le labeur, chose tout à son honneur et à laquelle sa vis-à-vis accorda un hochement de tête attentif.

- Je me souviens de Sieur Langevin, c'était une fort bonne personne et j'ai été attristée d'apprendre sa disparition. J'imagine combien cela a du être éprouvant pour vous.

La compassion était une émotion qui habitait presque toujours la fille De Beauval, laquelle ne pouvait jamais se résoudre à laisser qui que ce soit dans le malheur s'il lui était donné l'occasion de l'aider. La jeune dame de Coutrier ne se laissa cependant pas abattre par ses souvenirs et lui affirma qu'elle savait également lire, écrire, se tenir en société et bien d'autres qualités qu'on était en droit d'attendre d'une Couturière digne de ce nom. Un silence s'installa après cette présentation, puis il y eut la brève exclamation finale de Héloïse qui en était presque à quémander pour quelques heures de travail par semaine. En temps normal une telle formulation aurait pu faire éclater de rire la propriétaire des lieux, mais la situation de celle qui lui faisait face était si grave qu'on aurait pu s'amuser, pas même un peu, de sa démarche désespérée. Ainsi après l'avoir scrutée quelques autres brèves secondes, Aelys se leva et lui adressa un doux sourire emprunt d'une gentillesse qu'elle ne chercha pas à dissimuler le moins du monde.

- Pourriez-vous me montrer comment vous procéder ? Si cela est concluant, et je ne doute point que cela le sera car Sieur Langevin n'avait que de bonnes couturières à son service, alors sachez qu'il y aura ici pour vous du travail par-dessus la tête à ne plus savoir qu'en faire.

Son sourire prit des accents un peu plus complices et amusés, tandis qu'elle prenait la robe de la cliente demeurée sur le comptoir, faisant signe à Héloïse de la suivre vers la porte du fond donnant sur l'atelier où toute la magie opérait.

- Voyez-vous j'ai grand besoin d'une assistante qui puisse travailler à un grand rythme sans pour autant se négliger elle-même. Ce commerce est fleurissant et nous avons beaucoup de clients, qu'ils soient nobles ou miséreux. Certains sont des habitués, d'autres parfois passent la porte sans savoir s'ils auront assez pour nous payer, mais autant que possible il est de notre devoir de les satisfaire.

La jeune femme déposa la robe sur un mannequin approprié en prenant garde aux zones esquintées, puis laissa le temps à la brune de faire le tour de l'atelier. A cette heure de la journée, les grandes fenêtres éclairaient fort bien la pièce qui, si elle était spacieuse à vide, était savamment organisée de façon à permettre de ne jamais en sortir pour travailler. Les tissus et pièces d'étoffes étaient rangées dans un meuble fort large qui montait jusqu'au plafond et qu'un escabeau pivotant permettait d'atteindre au plus haut niveau. Contre d'autres murs se trouvaient d'autres meubles contenant différentes matières servant à embellir une confection quelle qu'elle soit, puis venait celui qui dissimulait une quantité affolante de petits ornements et autres boutons indispensables à tout vêtement. Une immense table de travail trônait au centre de la pièce, propre et rangée, les patrons de ses travaux passés demeurant rangés dans un dernier meuble tandis que ceux en cours étaient déployés sur un bureau ancien et propre, et une odeur indéchiffrable de celle qui accompagne le mélange des matières flottait dans l'air de cette journée ensoleillée.

- Oui… Monsieur Lanvin était un brave homme, toujours très bon et soucieux de ses employées. Affirme-t-elle d’une voix plus basse en affichant un sourire des plus doux aux souvenirs de ce vieil homme plein de sagesse et d’énergie.

Cet homme lui avait offert un travail ainsi qu’une chambre au-dessus de l’atelier lorsqu’elle s’était retrouvée à Marbrume seule, égarée et complètement démunie. Il avait été comme un grand-père qu’elle n’avait jamais eu, une personne sur ce qui se raccrochait après avoir perdu les membres de sa famille dans le courant d’une seule nuit. Grâce à cette rencontre, Héloïse avait pu progresser dans le domaine de la couture, s'améliorer au fil des jours jusqu’à maitriser les plus petits détails dans la confection d’une robe ou autres vêtements.

Au jour d’aujourd’hui, Héloïse peut se désigner sans aucune honte d’être une excellente couturière, loin de se prévaloir, elle sait juste sans l’ombre d’un doute, qu’Aelys ne peut que faire une bonne affaire que de l’engager. La couturière se vend, à dire vrai, elle la supplie de lui accorder même quelques heures de travail dans la semaine. Parfois il suffit d’un peu pour redonner un peu d’espoir et de confiance.

- Bien-sûr, je serai ravie de vous montrer mes capacités. Dit-elle la voix ferme mais son cœur, lui, bat à cent a l’heure, un peu anxieuse de cette tâche qui est, sera, la conclusion de sa future embauche.

Elle observe Aelys prendre délicatement la robe de Dame Rougoie avant de se lever à son tour avec une certaine élégance et de lentement contourner le comptoir pour se rendre à l’arrière-boutique.

- Je serai me montrer tout aussi consciencieuse, agréable et courtoise avec tous les clients et ce peu importe leur rang social. Répond-elle pour montrer qu’elle est sur la même longueur d’onde que sa future patronne.

Tandis que Mademoiselle de Beauval ajuste soigneusement la robe sur un mannequin de bois, Héloïse observe scrupuleuse l’atelier. Elle se rapproche vers les rouleaux de tissus et caresse ceux qui sont à sa hauteur avant de lever la tête vers le plafond pour découvrir une large palette de tissus. Elle se rapproche de la grande table et effleure le bois du plat de la main, elle ne manquerait pas de place pour travailler, puis elle découvre d’autres meubles qui doivent contenir dentelles, boutons, perles et autres accessoires comme des aiguilles, dé à coudre, mètre…

- Donc… Dame de Rougoie souhaite élargir sa robe au niveau de la poitrine… Dit-elle en se rapprochant d’un meuble à la recherche d’une trousse de couture pour trouver un découd vite et des épingles à piquer avant de revenir vers le mannequin en bois.

- Il faut découdre ces deux parties… Dit-elle en montrant la couture au niveau des deux côtés de la robe avant de s’atteler méticuleusement à la tâche pour ensuite piquer le tissu grâce aux épingles pour ne pas que le tissu s’effiloche.

Au bout d’un temps, Héloïse termine cette première partie avant de se diriger vers les tissus sous l’œil scrupuleux d’Aelys à la recherche du bon tissu. Elle en sélectionne trois avant de trouver la couleur identique à celle de la robe, mais le laisse à sa place sur l’étagère.

- Par rapport à la silhouette de Dame Rougeois et à vue d’œil, je suppose qu’il faudrait rajouter dix centimètres de chaque côté… Mais il serait peut-être plus sage d’attendre son retour pour mesurer son tour de poitrine… ? Dit-elle en se tournant vers Aelys dans l’attente de son avis et surtout de sa réponse.

- Vous ai-je semblé assez expérimenté pour obtenir un poste au sein de votre commerce ? Demande-t-elle en allant ranger le matériel utilisé dans la boite à couture.

Elle admire regardant une dernière fois autour d’elle avant de reporter son attention sur une si jeune demoiselle qui est eu le courage d’entreprendre un tel projet.

- En tout cas, je tiens tout de même à vous féliciter, c’est une belle boutique ! Congratule-t-elle d’une voix pleine d’enthousiasme d’espérer travailler dans un tel lieu.

Héloïse s'appliquait et faisait son maximum afin de contenter sa future patronne, à tel point que même Aelys le ressentait ainsi, avec cette sorte de désespoir qui émanait de la brune qui possédait un talent indéniable et une main sûre. Lorsque la blonde lui demanda de procéder, elle ne lui avait donné aucune indication et fut relativement satisfaite de voir que non seulement elle avait choisit la robe amenée par la cliente qui les avaient interrompues, mais de surcroit elle avait l'air de savoir comment procéder et s'était mise au travail sous le regard attentif d'une Couturière qui, si elle demeura neutre durant toute l'opération, n'en pensa pas moins en son esprit : Miss Coutrier était celle qu'il lui fallait. Sa question concernant les mesures ne manqua pas de la faire acquiescer et, lorsqu'elle lui demanda finalement son avis concernant le poste voulu, un doux sourire fleurit sur les lèvres de la future mariée qui vint lui prendre délicatement les mains, la fixant de ses yeux vert brillant d'une joie contagieuse.

- Oui et je vous prends un mois à l'essai avec une avance d'une journée pour les dépenses dont vous auriez besoin. Vous n'aurez qu'à commencer demain. J'ignore si vous avez un toit, mais si ce n'est point le cas où si par malheur vous deviez le perdre, sachez qu'il y a un étage à cette boutique et, bien qu'il serve pour la remise des stocks, il reste encore des chambres de libre.

Lui lâchant les mains, elle s'en retourna d'un pas rapide et léger dans l'autre pièce, allant au comptoir où elle saisit une feuille vierge de papier ainsi que son encre et sa plume. Scrutant d'abord l'ensemble, elle finit par commencer à rédiger d'une belle calligraphie ce qui allait tenir lieu de contrat entre elles deux, puis y apposa un cachet de cire avant de tendre la plume à Héloïse, un sourire aux lèvres.

- Il est écrit ici que lorsque je vivrais à Traquemont, c'est vous ma chère qui tiendrez cette boutique en mon absence. Vous rendrez compte à mon Père, André De Beauval, qui se chargera de vérifier les comptes avec vous et de s'assurer que vous soyez toujours payée comme il convient. Cinquante sous journaliers devraient suffire à vous assurer une vie décente, j'aurais aimé pouvoir vous payer davantage, mais hélas il y a le prix des tissus et le marché n'a cessé de grimper depuis la Fange. Moi-même je ne fais guère d'autres dépenses que ce qui a trait à cet endroit ainsi qu'aux repas.

Cinquante sous, sachant qu'avec huit sous l'on pouvait manger à sa faim pendant une journée, qu'une viande en coutait cinq et qu'un pain n'en coutait qu'un, ce ne serait certainement pas d'inanition que Héloïse péricliterait. Restait à savoir si cela convenait à la Couturière ou bien si elle considérait qu'un toit et un salaire de cinquante sous suffiraient. Après tout Aelys ignorait tout de la situation de la brune.

Héloïse sent son cœur battre la mesure lorsqu’un doux sourire se dessine sur le visage juvénile d’Aelys et que ses mains se font délicatement attraper par les siennes. Elle n’en revient pas, elle a encore du mal à réaliser cette rencontre fortuite, à cette chance miraculeuse car elle vient de retrouver un poste de couturière. Par la trinité ! Ses doigts en tremblent. La couturière est abasourdie par tant de miracle, elle doit passer au Temple pour remercier et prier la Trinité de la guider durant cette période incertaine. Elle serre doucement les mains de sa future patronne avant de les relâcher pour les libérer.

- Merci pour votre générosité… Mais j’ai dû payer en avance jusqu’à août pour la chambre à l’auberge… Et j’aimerai plus tard me trouver une petite maison. Elle lui sourit, les yeux pétillants de bonheurs et elle a déjà hâte de prendre ses marques dans cette jolie boutique et surtout de se mettre au travail.

Silencieuse, elle suit Aelys vers le comptoir et elle a l’impression que ses petits pieds s’envolent à chacun de ses pas, heureuse de sa bonne fortune. Elle observe la jeune-demoiselle s’emparer d’un papier, d’une plume qu’elle trempe dans l’encrier avant de gratter élégamment la page pour ensuite y ajouter le cachet de la famille « Beauval ».

Par la suite, Aelys lui tend la plume que la couturière s’empresse de prendre, prête à annoter son accord après lecture mais Aelys lui explique, d’une douce voix, les grandes lignes.

- Par…Par-don ? S’exclame-t-elle tout d’un coup perdue dans ce flot d’information.

Elle baisse les yeux vers « le contrat » pour relire afin d’avoir bien entendu et surtout comprit.

- Mais… Attendez… Pourquoi partez-vous à Traquemont ? Pourquoi laissez-vous votre boutique ? Je ne comprends pas… N’est-ce pas un peu tôt pour m’accorder votre confiance ? Ses yeux perdus croisent ceux d’Aelys.

- Qu’en dois-je rencontrer votre père ? Et… Si nous nous entendions pas, y avez-vous pensé ? Demande-t-elle d‘une petite voix comme s’il peut s’être caché derrière la porte de l’atelier pour écouter leur conversation.

- Pour le salaire… C’est des plus convenable avec les temps qui courent… Dit-elle pour assurer Aelys car d’habitude elle perçoit environs Soixante-et-dix sous, du moins, c’est ce qu’elle empochait avec Sir Lanvin, son ancien et feu patron.

Avec Cinquante sous journalier, elle a suffisamment en poche pour se nourrir convenable, économiser pour se louer une petite maison d'ici septembre et payer les taxes. Peut-être même qu’elle pourrait se faire plaisir en s’offrant une nouvelle robe.

- Je n’ai jamais gérer une boutique, Dame De Beauval… Avoue-t-elle en baissant les épaules l’air défaitiste. Elle sait bien évidemment lire et compter mais administrer une boutique c’est tout de même une immense responsabilité.

D’un coup, le visage de Maryse, la couturière du village vient se dessiner devant ses yeux. C’est cette vieille dame qui lui a tout apprit jusqu’à la seconder entièrement lorsque la santé de sa grand-mère de substitution se détériorer et elle se rappelle avoir gérer ses commandes, ses comptes et son logis... Mais c'est une toute autre dimension que de gérer les commandes d'un village et ceux d'une grande ville tel que Marbrume.

Ses mains se serrent en poings, elle peut le faire. Il n’y a aucun raison de ne pas y arriver ! Le hasard, les dieux, lui ont montré ce chemin, à elle de se retrousser les manches !

- Mais je suis prête à apprendre ! ... Par contre, disons que je suis a l'essaie jusqu'à fin août, ainsi, ça vous laissera le temps de savoir si je suis apte à gérer votre boutique.. ? Propose-t-elle en retrouvant un comportement plus déterminé.

Aelys s'était attendue à une réaction de surprise, mais celle de Héloïse sembla si grande, la brune ayant l'air si abasourdie, qu'elle la laissa d'abord se remettre un peu de l'émotion avant de sourire de nouveau avec un air indulgent. Elle savait que c'était là une grande responsabilité qu'elle placerait dans quelques mois sur les épaules de sa première et toute nouvelle employée, mais elle n'avait pas le choix si elle ne voulait pas fermer boutique après son mariage.

- Je vais me marier après les festivités du solstice et je quitterais Marbrume afin de suivre mon époux à Traquemont, où il est le commandant en second de la forteresse. Je ne désire point voir cet endroit fermer après mon départ, c'est pourquoi j'aurais besoin d'une personne fiable et passionnée par la couture pour me remplacer.

L'air perdu de la miss Coutrier ne manqua pas de l'attendrir, au même titre que les questions qui fusaient et les doutes qui étaient émis concernant les capacités de la femme à assumer la charge d'une boutique au complet. Il était vrai que la tâche paraissait insurmontable au premier abord, mais la Couturière ne comptait pas l'abandonner sans lui donner les clefs de la réussite, ignorante qu'elle était que dans quelques temps, après les festivités de l'été justement, tomberait une sinistre nouvelle qui viendrait tout chambouler.

- Je vous présenterais à mon père, n'ayez crainte c'est quelqu'un de bienveillant malgré son sens des affaires, il vous aidera à vous accoutumer à tout ceci. Et puis je suis encore là pour deux mois au moins.

Il y eut un moment de silence durant lequel la jeune femme perçu clairement les intenses réflexions qui se faisaient dans l'esprit de sa vis-à-vis, puis celle-ci serra les poings en relevant la tête, le visage animé d'une détermination qui réchauffa le cœur de Aelys et la rassura grandement quant à la suite des évènements. Héloïse était une battante et c'était exactement de cela dont avait besoin sa nouvelle patronne.

- Mais je suis prête à apprendre ! ... Par contre, disons que je suis a l'essaie jusqu'à fin août, ainsi, ça vous laissera le temps de savoir si je suis apte à gérer votre boutique.. ?

- Cela me convient fort bien, ainsi j'aurais le temps de vous apprendre le nom de nos clients réguliers et des détails qui concernent tout un chacun. Sachez que quoi qu'il arrive, en tant que mon employée, vous êtes sous ma protection et que personne n'aura droit de vous faire quoi que ce soit, quand bien même ils seraient mécontents pour une raison ou pour une autre.

Elle lui sourit gentiment, puis la laissa signer le contrat avant de le ranger précieusement, tirant une petite bourse du revers de sa robe dont elle sortit les trente sous promis qu'elle déposa sur le comptoir. D'un petit geste de la main, elle lui indiqua la fenêtre qui laissait passer une lumière chaude et bienfaisante à travers les carreaux.

- Je commence à l'aube, mais vous pouvez arriver à partir de huit heures demain matin si vous avez besoin de repos. Nous travaillons ici du lever jusqu'au coucher du soleil afin de profiter de la lumière du jour, avec une pause pour le repas du milieu de journée. Si jamais vous avez besoin de vous absenter ou d'aller faire une course, n'hésitez pas à me le faire savoir, cela ne me dérangera pas tant que nous ne sommes point chez un client. En attendant je vous laisse tout le reste de la journée pour vaquer à vos occupations et prendre un peu de temps pour vous. Nous nous verrons dès demain.

Ainsi les choses allaient-elles se faire, alors que Aelys couvait presque du regard sa première employée dont elle était déjà assez fière. Héloïse était une belle femme, douce, mais déterminée, qui semblait avoir vécu bien des choses, mais qui serait certainement capable de réussir malgré les difficultés potentielles. Un bel avenir s'annonçait pour la boutique "Au Fil du Temps".

- OH ! C’est merveilleux ! Toutes mes félicitations ! S’exclame-t-elle pour le futur mariage d’Aelys.

Sa main touche son annulaire tandis que de tristes souvenirs refont surfaces. La bague de son mariage est perdue dans les décombre suite à l’attaque des fangueux, mais elle se souvient de feu son époux, Alaric, menuisier de profession. Un homme peu bavard, patient et surtout passionné. Elle sourit tristement et sa main vient caresser l’épaule de la jeune-fille.

- Vous serez une mariée des plus ravissante… Si vous avez besoin d’aide pour votre robe, n’hésitez pas à me le demander. Propose-t-elle avant de doucement relâcher la pression sur son bras pour revenir jeter un coup d’œil au contrat.

Elle gribouille d’une écriture élégante sa signature sur le papier avec un sourire rayonnant, un sourire qui n’a pas vu le jour depuis quelques mois. Des mois éprouvants à essayer de gagner quelques sous pour pouvoir se nourrir et ses économies étaient parties en poussière pour payer la chambre de l’auberge. Mais avec cette signature, elle met cette période difficile derrière elle pour espérer à des jours meilleurs.

- Merci de m’offrir cette chance.

Héloïse se saisit de la monnaie sur le comptoir, les pièces brillent sous les rayons de soleil qui traversent la fenêtre. Elle ramasse les sous un par un pour les ranger dans la bourse accrochée à sa ceinture ainsi que de serrer et nouer le cordon. La couturière secoue doucement la tête pour confirmer qu’elle sera présente des huit heures demain matin jusqu’à ce que le soleil disparaisse derrière les bâtisses de Marbrume.

- Je ne vous ferai pas regretter votre bonté… A demain Dame Beauval. Dit-elle d’une voix calme et sincère, ainsi que ce petit sourire qui illumine ses yeux, la couturière est prête à faire « d’Au Fil du Temps » la boutique la plus prisée de la ville.

Après une gracieuse révérence, Héloïse s’apprête à quitter les lieux pour profiter de cette journée qui sent bon le début d’été et de continuer de flâner dans les rues de la Hanse, le cœur plus léger que ce matin.