[Event] Du Pain et des Jeux - Partie Marbrume [Scène finale, équipe 1 et 2][Clôturé]

L'éclat diapré lunaire recouvrait les toitures rutilantes, parfois éventrées, parfois même absente de Marbrume. La dernière, la Résistante. Çà et là, les torches brûlaient, ajoutant à la nacre céleste les touches embrasées des éclairages publics, qui flambaient même en cette heure tardive. Pour une fois, et malgré les temps difficiles, terrifiants même, la ville ne dormait pas. Ça non. Bien debout, elle rendait aujourd'hui justice et hommage à la grande et majestueuse Anür. Le sommeil viendrait plus tard, aujourd'hui, nobles, bourgeois, marchands, comédiens de vaudeville, saltimbanques et artisans refusaient net cette torpeur agitée, ces songes effrayants, que le fléau avait chez beaucoup réussi à conquérir, jalonnant les nuits de ses hululements lugubres et sinistres.

Ils étaient là, d'ailleurs. Comme chaque soir depuis qu'ils avaient infesté les sombre marais de l'Obliance. Ils attendaient, impatiemment, qu'une innocente victime ose sortir de chez elle. Mais avec quelque chose en plus, en cette nuit d'été. La colère, peut-être, la frustration. Difficile de déterminer avec précision la psyché de ces bêtes putrides. Mais agglutinés contre les remparts, grattant des pointes de leurs griffes crasseuses et malade les brèches, dans le vain espoir de pénétrer tout de même l'épaisse protection rocheuses, ils criaient, grognaient. Encore plus lorsque, de rage et d'effroi, de mépris même, un milicien de garde, sur les remparts, leur jetait un caillou, tel un enfant brisant la vitre de l'échoppe voisine. Prenez ça, disaient-ils, bouffez-les et tirez-vous d'où vous venez, au fin fond de vos sombres royaumes ! Mais la raison de leur colère était bien autre. Quelle était donc cette exécrable et insupportable bonne humeur qui perçait depuis les remparts ? Par quel miracle, qu'on le dise, ces hommes, femmes, enfants et vieillards, arrivaient à crier de joie et d'excitation, alors qu'eux, Fangeux, anciens collègues, frères ou amants, étaient là, à les guetter ? Depuis qu'ils étaient arrivés, depuis qu'ils dévoraient toute vie humaine à leur portée, Marbrume, malgré quelques sursauts d'espoir, s'effondrait sur elle-même. Le désespoir généré par leur isolation les dévorait à petit feu. Les choses devenaient grises, dénuées de sens, dès lors que l'on savait sa vie ne tenir qu'à un fil fragile et ténu. Et pourtant, par les Trois… Tant de vie qui s'agitait derrière les murs, couvrant jusqu'aux hurlements des bêtes, il n'y avait rien de plus frustrants pour les derniers et seuls prédateurs de l'homme. Vae soli !

Dans toute la ville, dans toutes les rues, l'afflux de monde se faisait ascendant, vers une seule et même destination ; la Porte des Anges, devant laquelle l'héritier du Morguestanc s'était adressé à eux, cet après-midi même. Mis à part que cette fois-ci, deux énormes brasiers ardent brûlaient, de chaque côté de l'estrade, et dispersaient une puissante lueur dansante, aux teintes oscillant entre l'ambré et le crépusculaire, sur la foule déjà rassemblée, dans l'attente de la cérémonie.

Les cloches sonnaient, dans toute la ville. D'abord, les puissantes fontes du temple avaient résonné, laissant l'écho bruyant et profond se mourir quelques secondes, avant de reprendre de plus belle. Partout, alors qu'on savait ce qu'elles signifiaient, les bouches étaient restées bées. En seulement une après-midi, l'on avait déjà trouvé la Couronne Perdue ? C'était impensable. Si l'héritier avait dit trois jours, c'était pour une bonne raison, non pas ?

Et lui-même fut surpris. La chasse n'avait pas été une source d'amusement ou d'intérêt pour les seuls chasseurs. Du haut de son estrade, il en avait profité. Les sorties ducales étaient rares, et depuis un an, presque toujours synonymes de grand drame pour la cité. La dernière fois que l'on avait vu un représentant des Sylvrur, c'était pour annoncer le début des rafles le jour de la conquête… Ces apparitions étaient redoutés.

Mais une fête, longue de plusieurs jours, l'excitation générale, la joie contagieuse qui prenait les marchands, enfin libre d'écouler leur produits comme bon leur semblait, l'excitation des artistes de rue, qui avaient enfin un public réactif à leurs tours et pirouettes, l'ambiance globale qui régnait était une aubaine pour tout politicien doué d'un sou de bon sens. Alors, quand les chasseurs furent partis, lui resta. Siégeant sur un ersatz de trône disposé là à sa demande, et avait laissé monter, un par un, ceux qui étaient désireux de faire réclamation auprès de la Cour. Qu'il s'agisse pour des problèmes logistiques, de ressources, des plaintes parfois stupides, la séance de doléances était ouverte, et ainsi serait faite la preuve que le duché n'était pas géré par des grands, déconnectés de la réalité, et dont la survie se faisait uniquement au détriment des petites gens. Alors en plus de la joie, l'on récoltait également la reconnaissance.

Les doléances étaient terminées depuis déjà un moment, lorsque le premier son de cloche se fit entendre. Instinctivement, toutes les têtes bifurquèrent vers l'ouest, qu'il s'agisse de Vincent ou des gardes qui entouraient l'estrade en un rigoureux cordon de sécurité.

Il se leva, lissa les plis de son pourpoint, et une fois la surprise d'une telle célérité de la part des chasseurs passée, esquissa un petit sourire et s'avança au devant de l'élévation de bois.

« Préparons-nous à accueillir nos vainqueurs. Messieurs, fit-il en se retournant, adressant un regard à un petit peloton de soldats, allez donc chercher les récompenses. Nous avons déjà des gagnants. »

Après un salut aussi réglementaire qu'exemplaire, ils passèrent la porte des Anges pour aller chercher les « lots ». Au début il avait été imaginé que les laisser à la vue de tous attiseraient la motivation, mais vu l'empressement des chasseurs à s'en aller quêter leur victoire, tout avait été rabattu derrière les épais remparts de l'Esplanade.

L'écho déjà mourant de quelques cloches se faisait encore entendre, plus loin en ville. Écho déjà étouffé par la présence d'une foule considérable, tandis que l'heure se faisait de plus en plus tardive. La foule était rassemblée, et où que l'on regarde, continuait à affluer. La course des chasseurs, pour les quelques ahuris qui n'étaient pas au courant de son lancement, avait tôt fait d'avertir tout le monde. Et il paraissait que les récompenses étaient alléchantes, aussi peu étaient ceux qui voulaient rater la remise des prix. Evidemment, cette curiosité était un peu malsaine ; plus le gain serait grand, plus la jalousie serait intense. Arracher quelque possession à la terre était déjà un défi, et l'argent tournant en circuit fermé depuis la fermeture définitive du Duché au reste du monde rendait chaque piécette soit dénuée de la moindre valeur, soit au contraire terriblement précieuse.

Devant l'estrade, un large demi-cercle avait été dégagé pour accueillir les participants, à grands renforts de coups de coude et de bousculades des miliciens. Quelques uns étaient déjà là, en fait. Ceux qui n'avaient même pas trouvé la Sirène avaient fini par errer comme des âmes en peine dans la cité, jugeant au bout d'un certain moment qu'elles devaient toutes être retrouvées. Et certains s'étaient d'ailleurs fait la même réflexion puisqu'une autre équipe à la mine dépitée les rejoint juste après. Eux avaient été tellement proches de la trouver qu'ils auraient pu faire de solides concurrents, mais leurs allées et venues insensées, guidées par des indications parfois un peu trop alambiquées ou incompréhensibles de la part des habitants, quand ils n'étaient pas purement et simplement ignorés des riches bourgeois de Bourg-Levant, ne les avaient pas aidé. Et finalement, juste après l'avoir trouvée, pauvre âme trempant depuis le début de la journée dans une fontaine dont l'eau commençait à rafraîchir sérieusement, les cloches avaient sonné.

Sur son perchoir, il observait tout le monde d'un air qui se voulait bienfaisant. La foule était encore bruyante, parsemée d'hommes et de femmes encore déguisés, certains encore perchés sur de grandes échasses de bois, qui oscillaient dangereusement au dessus des autres afin de ne pas perdre leur équilibre. Des étoiles de fatigue brillaient dans les yeux émerveillés, mais l'excitation endirguerait l'épuisement un long moment encore.

Bientôt, un mouvement de la foule à l'ouest attira l'attention, et accompagnés par deux clercs et l'arbitre qui les avait accompagnés toute la journée, arrivaient Kira de Terresang, Wilhem Terrefière, Azhim Khalil et Grievald. Ils furent promptement applaudis sur leur chemin, et guidés au travers de la masse populaire jusqu'à cet espace dégagé, d'où ils pouvaient et voir le Duc, et la foule.

L'héritier les observa, et étendit sa vision aux autres équipes, aux mines nettement moins réjouies. Entre temps, Hector de Sombrebois, Finn Gallagher, Séraphin Chantebrume et Oriane Manceau étaient également arrivés. Ils savaient avoir perdu, mais gardaient tout de même la face. Ce fut une fois que tout le monde fut rassemblé, ainsi, qu'il finit par intimer le silence, avant de prendre la parole.

« Messieurs, mesdames. C'est un plaisir de voir qu'à cette heure, toujours, vous êtes présents et animez la ville de vos hommages à notre Déesse, ainsi qu'à Marbrume, dernier mais pas moins puissant bastion des Hommes. »

Il glissa un regard sur la foule, appréciant l'effet de sa phrase. Si la joie et l'excitation brillaient toujours, le défi s'épanouissait dans les iris. Oui, ils étaient toujours là.

« La Chasse lancée cet après-midi devait durer trois jours. Et pourtant, c'est avec une surprise non-feinte que nous nous retrouvons là dès ce soir, après que le tocsin ait sonné la victoire de nos concurrents ici présents. Il étendit le bas vers l'équipe de Kira, et les gratifia d'un regard bienveillant, teinté cependant d'une légère lueur d'admiration. Ils n'avaient pas traîné, les bougres. Ainsi, comme promis, il est temps de vous faire découvrir les lots de cette épreuve, et de les attribuer aux vainqueurs. »

Il leva un bras, adressé aux gardes. Les Portes des Anges écartèrent à sa demande leurs larges ailes de bois massif, et laissèrent passer un premier convoi, tirer par deux destriers. Des caisses étaient entreposées dessus, solidement closes. Escorté par deux miliciens, il était ensuite suivi par un mulet tirant une unique malle, mais de taille honorable. Suivait ensuite deux hommes, dont les mains étaient chargées par deux plaques de bois, entre lesquelles reposaient des parchemins divers et variés. Ils se frayèrent un chemin jusqu'à l'espace dégagé devant la foule, et s'alignèrent proprement aux indications des miliciens.

Quand l'héritier estima que l'attente avait suffisamment duré, il leva les mains pour abaisser, par sa seule volonté, le volume des gens présents, et esquissa un sourire.

« Tout d'abord, mes chers chasseurs, il va vous falloir faire un choix. Il eut un sourire un brin mesquin, et désigna les convois et les deux hommes qui attendaient fièrement. Vous pourrez obtenir ces lots, mais un seul par personne. Ici – il désigna la remorque pleine de caisses – sont disposées des vivres. Viandes séchées, poissons fumés, pains et céréales. Une quantité suffisante pour assurer votre survie ou celle de votre famille pendant un long moment. Là – ce fut au tour de la malle d'être pointée du doigt – vous pourrez trouver la coquette somme de quatre cent écus, qui représente, ainsi, les rentes annuelles d'un grand nombre de nobles de cette ville, voire plus encore. Et enfin – il invita les hommes à ouvrir leur tablette de bois – nous avons réaménagé et libéré les locaux tenus auparavant par un criminel connu sous le sobriquet de l'Ecu Rouge. Lavés de la honte et idéalement placés en ville, ils vous appartiennent, si vous le désirez. Joaillerie, auberge, tannerie…Elles étaient nombreuses et n'attendent que d'être investies. »

Il se tourna ensuite vers les perdants.

« Je suis désolé pour vous mes chers, mais la chance peut-être, ou l'habileté, ou la faveur de Rikni, qu'en savons-nous, aura guidé ces personnes vers la victoire. Mais vous autres – il glissa un regard sur Hector, Séraphin et son équipe – ne serez pas oubliés. Vous faites après tout partie des deux équipes finalistes. Ainsi, vous serez défrayés de votre journée et votre solde remboursée pour l'entièreté du jour que vous avez passé à la Chasse. Vous recevrez également des vivres en compensation. »

L'appât fonctionna à merveille. Même s'il était effectivement généreux de la part des Sylvrur d'accorder une telle faveur à la deuxième équipe du podium, rien ne l'y obligeait, et la foule eut un murmure approbateur, et même quelques applaudissements.

« Maintenant, je vais demander aux vainqueurs de se déplacer, et de monter à mes côtés sur l'estrade afin de faire le choix de leur récompense. Allez-y, venez donc, dit-il, se plaçant sur le côté de l'élévation afin de laisser place aux grands gagnants. »

Citation :

Bienvenue à la cérémonie de fermeture de cette chasse ! Elle aura été riche en rebondissements et en anecdotes aussi comiques que stupide, mais ce fut un bon moment.

Ici, les deux équipes peuvent poster, puisque vous vous trouvez au bon endroit; Concernant l'équipe 2, qui a remporté l'épreuve finale, il faut que chacun choisisse une récompense, soit l'or, soit la nourriture, soit une demeure / boutique.

Vous pouvez également interagir avec les membres des autres équipes, c'est le but d'un topic fusionné.

Félicitations aux gagnants en tout cas, ils le méritent !

Prochain post : 19/02 au soir

C'est avec beaucoup de fierté mais aussi un étonnement non feint au vu du monde présent que je suivais mes camarades et mon arbitre vers la Porte des Anges. La foule se scindait en deux afin de nous laisser le passage libre, tout en nous acclamant. Pour un peu, je pourrai croire que tout ceci est irréel et à mettre sous le compte de la fatigue..
L'espace d'une journée, je n'étais plus un misérable anonyme comme tant d'autre mais un chasseur au service d'Anür et du Duc. Héros choisis pour rendre hommage à la Déesse. Était-ce elle qui nous avait mis sur la voie ? Peut-être. Et pour ça, j'irai au temple lui rendre hommage, chose que je n'avais pas fait depuis bien longtemps, l'esprit trop occupé pour tourner mes pensées vers la Trinité. Mais cette victoire me permettait de me repentir de cet oubli.

Après une traversée de la foule qui me parut trop courte, nous fumes stoppés devant l'estrade où se tenait l'héritier, jeune et fier, acclamé et aimé de la foule, ainsi que les autres équipes. Si certains avaient l'air un peu déçu, l'équipe qui nous talonnaient de près n'avait pas la défaite mauvaise. Je leur adressai donc un bref hochement de tête en guise de félicitation, même si elle méritait d'être plus poussée ensuite..

« La Chasse lancée cet après-midi devait durer trois jours. Et pourtant, c'est avec une surprise non-feinte que nous nous retrouvons là dès ce soir, après que le tocsin ait sonné la victoire de nos concurrents ici présents. Ainsi, comme promis, il est temps de vous faire découvrir les lots de cette épreuve, et de les attribuer aux vainqueurs. »

Ma fierté n'en fut que plus grandissante à ses mots, et je n'avais pas manqué son regard teinté d'un peu d'admiration. Mais la mention des lots me fit un bien plus grand effet : cette chasse au trésor qui avait été admirable se concluait en beauté et les lots seraient certainement à la hauteur de mes espérances. Je m'étais sincèrement amusé aujourd'hui, malgré la présence du domestique tant redouté, mais ça, les récompenses.. Elles pouvaient m'apporter bien plus que de bon souvenirs..

Les coffres encombrants sur le dos des destriers m'enthousiasmaient d'autant plus : ils avaient l'air de contenir tant de richesse ! Richesses qui nous étaient destinés.. L'excitation montait en moi et mes yeux brillaient certainement d'un éclat avide.

« Tout d'abord, mes chers chasseurs, il va vous falloir faire un choix. Vous pourrez obtenir ces lots, mais un seul par personne. Ici, sont disposées des vivres. Viandes séchées, poissons fumés, pains et céréales. Une quantité suffisante pour assurer votre survie ou celle de votre famille pendant un long moment. Là vous pourrez trouver la coquette somme de quatre cent écus, qui représente, ainsi, les rentes annuelles d'un grand nombre de nobles de cette ville, voire plus encore. Et enfin nous avons réaménagé et libéré les locaux tenus auparavant par un criminel connu sous le sobriquet de l'Ecu Rouge. Lavés de la honte et idéalement placés en ville, ils vous appartiennent, si vous le désirez. Joaillerie, auberge, tannerie…Elles étaient nombreuses et n'attendent que d'être investies. »

Mon cœur manqua un battement et un tremblement irrépressible agita mes mains. Avais-je bien entendu ? Si les premiers lots étaient alléchants, quoique basique, le dernier.. C'était bien au delà de mes espérances. Bien au delà de mes ambitions sur le court-terme.
Les locaux d'Ecu Rouge. Marchand riche et stupide qui avait croisé ma route et tenté de me flouer. J'avais évidement entendu parler de sa décheance mais pouvoir m'approprier et investir ses locaux.. C'était trop beau. Une vengeance sublime sur l'homme pour qui j'avais nourri tant de rancœur. C'était aussi une chance d'une vie meilleure. Une vie qui me sortirait de la pauvreté.

Sans attendre, je me tournai vers mes camarades avant de monter sur l'estrade pour choisir. Il y eut un instant de flottement, personne n'osant annoncer quel lot il désirait et je me lançai donc sans attendre.

« Pour ma part, je souhaiterai une des propriétés d'Ecu Rouge. Si mon père n'était pas mort, j'aurai hérité de ses commerces, mais le destin en a décidé autrement. C'est donc une nouvelle chance pour moi, je pourrai ouvrir une boutique et mettre enfin en pratique ce que mon père m'a enseigné, mais aussi l'une des seules choses que j'ai appris à faire.. »

En effet, je n'avais pas reçu d'autre éducation que celle du commerce et de la négoce. Il m'avait fallu apprendre la chasse sur le tas, sans aucun professeur et jamais je n'avais pu me pencher sur d'autres domaines, tel que l'artisanat par exemple..

« Qu'en pensez-vous ? Cela vous dérange-t-il ? Pour ma part, aucun des autres lots ne m'est autant profitable que celui-là.. »

J'espérais de tout mon cœur qu'aucun de mes camarades ne désirent ce lot autant que moi. Il n'y aurait certainement aucun soucis du côté de Kira, étant noble et certainement propriétaire de domaine, elle n'aurait pas grand chose à faire d'une boutique en ville.. Pour ce qui était d'Azhim et de Grievald par contre.. Ce dernier était marchand lui aussi. Et il était probable que le domestique se tourne vers la richesse, mais il pouvait tout aussi bien me mettre des bâtons dans les roues en réclamant ce lot aussi.

Hector et ses équipiers se rendirent jusqu'à la porte des Anges. Hector ne tarda pas à sentir les effluves de vin chaud.

- Du vin chaud en été ?! Voilà qui est étrange !

Il se mit sur la pointe des pieds pour tenter de voir d'où provenait cette délicieuse odeur qui lui chatouillait les narines. Et il ne tarda pas à voir la grande marmite d'un petit vendeur ambulant.

- Étrange mais sacrément tentant, non ? Allez venez, c'est ma tournée ! Proposa-t-il à ses équipiers.

Il a avait retrouvé sa bonne humeur aussi vite qu'il l'avait perdu. Il prit les gobelets pleins de la bonne mixture épicée et les tendit à ses nouveaux amis.

- A notre belle aventure ! Fit-il en levant son gobelet avec entrain.

Ce vin lui fit du bien, le troubla légèrement et l'encouragea à engager une agréable conversation avec ses partenaires. Malheureusement - et étonnamment - le son des cloches de Marbrume se firent rapidement entendre.

- Déjà ?! S'exclama-t-il.

Et oui mon brave baron, l'équipe de ta bien-aimée Kira a déjà remporté la victoire !

Alors, le grand barbu et ses amis s'approchèrent de l'estrade, bien aidé par les miliciens qui écartaient à grands renforts de coup de coude la masse populaire qui, elle aussi, tentait de s'approcher au plus près de l'épicentre des festivités. L'équipe de Kira était là, aussi, et Hector eut un pincement au cœur en la voyant. La victoire, la défaite, le jeu, ses équipiers, le vin chaud, tout cela n'avait plus grande importance. La belle baronne aux yeux émeraude était là, à quelques mètres de lui...

Seulement l'héritier du duc prit la parole et Hector, poliment, l'écouta. Le jeune noble offrit aux vainqueurs le choix de leur cadeau. Hector se demanda ce qu'il adviendrait des échoppes reprises au criminel l'Ecu Rouge. Seraient-elles vendues au plus offrant ? Peut-être cela pourrait-il être intéressant...

Ensuite, le duc s'adressa à son équipe :

- Je suis désolé pour vous mes chers, mais la chance peut-être, ou l'habileté, ou la faveur de Rikni, qu'en savons-nous, aura guidé ces personnes vers la victoire. Mais vous autres ne serez pas oubliés. Vous faites après tout partie des deux équipes finalistes. Ainsi, vous serez défrayés de votre journée et votre solde remboursée pour l'entièreté du jour que vous avez passé à la Chasse. Vous recevrez également des vivres en compensation.

Le baron sourit, se demandant si sa petite escapade du coté du Rouge Gorge lui serait effectivement remboursée ! Quoi qu'il en soit, les applaudissements lui firent chaud au cœur et il se promit d'offrir les vivres aux plus nécessiteux.

Lorsque l'équipe de Kira monta sur l'estrade, Hector regarda avec attention ce que fit la jeune baronne. Et quand, finalement, elle s'apprêta à redescendre de l'estrade, il lui tendit la main pour l'accompagner à la descente...

- Mademoiselle de Haldonorès, permettez...

Un petit clin d’œil complice plus tard, il continua.

- Félicitations pour votre victoire, Kira... et quel plaisir de vous revoir !

Il n'était pas encore temps d'aborder la suite mais déjà la jeune femme pouvait lire dans les yeux du baron tout le bonheur qu'il avait d'enfin la retrouver...

Finn était demeurer avec l'équipe et avait notamment suivit Hector lorsque celui-ci avait parlé de vin chaud, cette boisson aromatisée qu'il avait eu maintes fois l'occasion de goûter en période hivernale dans le village d'où il était originaire. Les effluves piquantes lui chatouillèrent les narines et, bien que la bière demeura plus agréable à son palais, il ne se priva pas pour accepter l'invitation du Noble à qui il adressa un large sourire, levant son verre pour trinquer avec bonne humeur malgré leur défaite. Après tout, un petit remontant ne signifiait pas qu'il ne pourrait pas bien présenter lorsque viendrait le moment de féliciter les gagnants. Et ce furent effectivement les cloches de la cité qui les rappelèrent ainsi jusqu'à l'estrade situé à la porte des anges, où une foule compacte s'amassait déjà. Sans l'aide des Miliciens présents, probable que les équipes n'auraient pas pu accéder aux planches de bois sur lesquelles chacun se disposa en bon ordre. Les paroles du fils du Duc furent écoutées dans un silence quasi religieux, jusqu'aux murmures d'approbation et aux quelques applaudissements durant lesquels Finn s'inclina avec respect.

- Soyez remercié pour votre générosité Sir.

Ainsi donc même s'ils avaient perdus, ils pourraient chacun ramener de la nourriture et ainsi permettre à leurs proches de manger. Le Mercenaire songeait déjà qu'à eux deux, lui et Oriane allaient ainsi ramener de quoi nourrir les membres de la Compagnie pour quelques jours au moins, peut-être même quelques semaines selon les quantités qui seraient distribuées, de quoi remonter le moral des participants, assurément. Lorsque furent invités à s'avancer les grands gagnants de la chasse, Finn hocha la tête et, les voyant passer près d'eux, leur adressa une brève salutation.

- Félicitations à vous pour votre victoire.

Quand bien même il était déçu, chacun avait joué le jeu et il fallait savoir accepter d'échouer parfois pour mieux avancer. C'est ainsi qu'il demeura sur le côté avec le reste de l'équipe, Séraphin, Oriane et Hector, à écouter les revendications concernant les prix de ceux qui avaient réussi les premiers. Ensuite seulement ils pourraient aller boire un coup dans une taverne et faire la fête à leur tour.

La chasse était terminée, et avec elle un pan de l’histoire de Marbrume. Ça avait été la première depuis le fléau et les organisateurs avaient tenu à marquer ces festivités d’une empreinte particulière. Force était de constater que le pari était réussi! Les équipes étaient réunies entre l’héritier du Duc et la foule en liesse qui affichait une telle joie et de tels sourires qu’elle en avait oublié l’espace d’une journée tous les malheurs qui s’étaient abattus sur le monde.

    L’humanité était au bord de l'extinction, le monde entier était ravagé et parcouru par des hordes de zombies féroces et faméliques, cette terre ne se remettrait probablement jamais des horreurs qu’elle avait subie. Mais eux célébraient Anür, célébraient la vie et le fait qu’ils avaient survécu. Là était la véritable signification de cet événement, que des millions, peut-être des dizaines de millions de morts ne leur arracherait pas l’étincelle qui les animait. Cette fête n’était pas celle d’Anür mais celle de la vie, glorieuse et triomphante, un crachat à la face de la fange.

    Séraphin et ses coéquipiers s’avancèrent avec fierté, après tout ils n’avaient échoué que de peu et n’avaient à avoir honte de rien. L’équipe victorieuse rayonnait et était dors et déjà acclamée tandis que Vincent s’apprêtait à prendre la parole.

    “Messieurs, mesdames. C'est un plaisir de voir qu'à cette heure, toujours, vous êtes présents et animez la ville de vos hommages à notre Déesse, ainsi qu'à Marbrume, dernier mais pas moins puissant bastion des Hommes. La Chasse lancée cet après-midi devait durer trois jours. Et pourtant, c'est avec une surprise non-feinte que nous nous retrouvons là dès ce soir, après que le tocsin ait sonné la victoire de nos concurrents ici présents. Ainsi, comme promis, il est temps de vous faire découvrir les lots de cette épreuve, et de les attribuer aux vainqueurs."

    Et quel prestige, quel panache! Les lots - bien gardés - avaient fait palir la foule qui contemplait la cérémonie avec des yeux empreints d’avidité, il y avait là la fortune d’un royaume. Mais les vainqueurs avaient bien mérité ce faste, au moins pour la joie qu’ils avaient apporté à la population. Tandis qu’ils choisissaient leurs lots Vincent se tourna vers les perdants, arguant qu’ils n’avaient pas démérités et seraient récompensés en conséquence.

    Séraphin applaudit l’héritier du Duc avec le reste de la foule et des participants, un geste politiquement habile en plus d’être généreux et totalement inattendu. Le milicien se tourna vers ses camarades.

    “Je suis fier d’en être arrivé jusque là grâce à vous tous et je vous en remercie!” S’il parlait pour tout le monde il n’avait pratiquement pas quitté Oriane des yeux et rougit un peu quand il s’en rendit compte. “Pour ce qui est des vivres, je suis logé et nourri à la caserne et certains en ont plus besoin que moi, je vous fait donc cadeau de ma récompense, je pense que la Compagnie des Lames saura quoi faire de cette nourriture.”

    Qu’aurait-il fait de tout cela? Il était déjà heureux qu’on lui rembourse sa solde et avait trouvé en Oriane un cadeau bien plus précieux que toutes les livres de viande du monde. Pour sa part il était totalement satisfait, presque heureux…

    “Mais je pense que nous avons des concurrents à féliciter!”

Et voilà, ils avaient gagnés. Et pour le coup, ça avait eu le mérite d'arracher un sourire à Azhim. Un sourire satisfait. Il hocha la tête, calmement, gardant pour lui la joie qui lui tordait le ventre. Ça, pour une surprise. Avec cette équipe de bras cassés, il doutait réellement avoir sa chance. Mais voilà. Apparemment, les autres équipes étaient encore plus mauvaises que la leur, c'était donc une grande chance.

Le basané écouta le discours du fils du Duc avec un certain intérêt. C'était pour lui quelque chose de totalement inédit, d'être ainsi face au peuple. Face à un peuple qui l'applaudissait, qui le regardait, qui le voyait, tout simplement. Et, si ça avait tendance à le plonger dans l'embarras, il se rendait compte qu'il aimait bien ça, être adulé ainsi.

Lorsqu'on leur présenta les lots, Azhim se retint de se frotter les mains. À la place, il jeta un regard du regard de ses coéquipiers qui rayonnaient de bonheur. De son côté, Azhim penchait vers l'or. Ou vers les locaux de l'Ecu Rouge. Les denrées alimentaires, ce n'était guère ce qu'il nécessitait. Et puis, avec l'argent, il pourrait aisément s'en procurer.

Wilhem, ce rapace, ne perdit pas une seconde pour quémander les locaux, coupant l'herbe sous le pied du domestique qui lui jeta un regard noir. Il se redressa donc, passa sa langue sur ses lèvres. Mais soit. Wilhem obtiendrait ce qu'il désire. Azhim avait, de toute manière, d'autres idées en tête. Il n'en avait pas terminé avec ce chasseur à deux pièces rouillées.

- Faites donc, mon ami, siffla-t-il en laissant un vague sourire planer sur ses lèvres.

Si quelqu'un qui ne le connaissait pas le voyait ainsi, pour sûr qu'il le trouverait sympathique. Du côté de Wilhem, c'était certain qu'il se rendait compte que quelque chose clochait, tout simplement car Azhim n'était – ce n'était plus une surprise -, pas quelqu'un de réellement souriant.

- J'aimerais, de mon côté, obtenir l'argent … Je ne suis qu'un domestique, avec tout juste ce qu'il faut pour vivre. Un petit pourboire supplémentaire ne serait pas de refus. Est-ce que cela vous dérangerez, Madame ?

Il se tourna vers Kira et l'encouragea à parler d'un haussement de sourcils. C'était faux, bien sûr. Azhim gardait jalousement une forte somme, dans ses appartements. Grâce était généreuse avec lui. En plus d'être nourris et logé, elle lui donnait très régulièrement un salaire, qu'il économisait. Mais il n'en avait jamais assez.

Elle n'était alors plus une Vicomtesse. Elle n'était alors plus une noble. Les applaudissements et les cris de félicitations qui raisonnaient sur la place en disait long sur l'espoir et l'amusement qui régnait à Marbrume. On était bien loin des hurlements de désapprobation du début de la chasse, lorsque le nom de la jeune femme était sortie. La nuit était espiègle et les étoiles étaient joie. Un sourire sincèrement joyeux et heureux s'affichait sur le visage de la jeune femme. Il y avait tant de gens, pourtant, il n'y avait qu'une personne qu'elle désirait voir, et rien d'autre. Non pas qu'elle se fichait des récompenses non plus, mais elle n'avait été présente que dans le but de jouer, de chasser, et de rendre grâce à des dieux qui semblaient absents. Elle était une riche femme désormais, loin de ces terres et ayant redoré son blason, elle n'avait besoin de rien. Pourtant, elle se sentait différente, en cet instant. Elle n'était plus la Vicomtesse de Terresang, ni une noble, ni même une Haldonores ayant retrouvé un honneur et une gloire bien sombre. Les ragots étaient bien loin d'elle en cette instant, et cela lui faisait du bien!

C'est sur le chemin de l'estrade que la jeune femme reconnu les visages des autres participants, et c'est avec un sincère sourire qu'elle regarda Hector et les membres de son équipe. Kira ne pouvait que les féliciter d'avoir tenu bon jusqu'au bout, d'avoir jouer comme il se devait. Et peu importait qu'ils aient perdu pour elle, l'essentiel était qu'ils aient participé. Ils avaient encore un verre de vin entre leur main, écoutant et attendant le verdict, ils ne semblaient pas non plus trop déçu de leur défaite. Ils étaient bon joueur, dû moins la jeune femme l'espérait.
Kira essaya d'accorder un minimum d'attention au fils du Duc. Mais son attention était ailleurs, elle se retenait de jeter des coups d’œil derrière elle, vers sa récompense à elle! Le jeune héritier annonça les récompenses, mais la rouquine n'écoutait toujours pas. Elle se fichait bien de tout cela. Elle n'en avait pas besoin. Elle n'en avait plus besoin. D'autres avaient besoin de ces récompenses. L'argent... elle l'aurait investit dans la Confrérie de son époux, permettant ainsi de mieux venir en aide aux pauvres derrière les remparts. Les propriétés, elles les auraient revendu, à bas prix, à des prêtres, des guérisseurs ou d'autres personnes pouvant venir en aide aux plus nécessiteux... Et les vivres... Elle les aurait redistribué à l'extérieur de l'Esplanade, au nom des Terresangs, donnant une belle image de cette maison à l'histoire si sombre.
Non, elle ne voulait pas de ces récompenses, elle s'en fichait éperdument, elle avait joué et était heureuse, voilà sa véritable récompense. Evidemment, lorsqu'elle refuserait ces récompenses, les gens la verraient comme une bonne âme charitable... Sur le moment... Et les ragots recommenceraient dés le lendemain. On dirait d'elle que c'était une mise en scène pour qu'on la regarde non pas comme une catin, mais comme une sainte. Et de nouveau, sa réputation en prendrait un coup, mais elle s'en fichait également.

Enfin, quand le fils du Duc les laissa s'approcher pour choisir leur récompense, Kira fut surprise, très surprise de voir son Baron, son Hector venir vers elle pour l'accompagner jusqu'au malle. Elle ne put retenir un sourire angélique, voire un peu stupide, que tous verraient. Mais de toute manière, tout le monde venait de voir ce geste du Baron de Sombrebois. Et la jeune femme espéra que tous penserait que c'était le geste du bon perdant qui accompagnait une gagnante vers une récompense qu'elle allait refuser agréablement. Toutefois, la belle rousse eut un coup au cœur en voyant qu'Hector ne semblait toujours pas au courant de son mariage. Elle n'était plus une Haldonores, elle n'était plus que l'ombre de sa famille... Et elle ne pouvait lui avouer maintenant... Non, cela se dirait plus tard. La jeune femme finit par faner son sourire et dire simplement, essayant de garder son sérieux - et ses larmes de joie et de tristesse mêlée:

"Je vous permets, mon ami. Je suis également heureuse de vous revoir et de constater de votre bonne santé, et de votre bonne humeur également!"

Kira regarda l'homme qui lui tenait gentiment le bras, et elle ne put se retenir de sourire de nouveau. Evidemment, si Alexandre de Terresang n'était pas parti à nouveau en guerre contre des monstres, cela aurait été son mari qui l'aurait accompagné. Mais... La jeune femme préférait les choses ainsi. Elle ne pouvait pas se le cacher, pourtant, son cœur battait assez vite pour ne pas se le cacher à elle-même.

"J'espère que votre défaite ne vous ait pas trop amer, nous avions juste un petit peu d'avance sur vous, c'était très serré. Mais vous me raconterez tout en détails juste après la cérémonie, n'est-ce pas? Je vais choisir ma récompense."

Elle laissa Hector seul, non loin, pour retrouver son équipe et rejoindre les gagnants de la Grande Chasse au Trésor. Elle resta humble et souriante. Elle fit signe à Wilhem qui pouvait prendre ce que bon lui semblait, tout en restant silencieuse. Puis, ce fut au tour d'Azhim, qui chercha une femme de plus à piquer la Vicomtesse. Mais elle ne souhaitait pas perdre son sourire et sa bonne humeur. S'approchant donc sur serviteur narcissique, elle lui chuchota:

"Prenez donc ce que vous souhaitez, très cher. Je pense avoir gagné bien plus que vous lors de cette aventure. Et je pense avoir appris bien plus que vous n'apprendrez jamais. Je suis peut-être une Noble, mais j'ai appris ce qu'était que la richesse, et elle ne se trouve pas dans cette malle."

Un léger sourire s'agrandit sur les lèvres de la belle rousse. Puis, elle revint vers Grielvald qui semblait un peu perdu, c'était-il peut-être fait doublé sur l'une des récompenses? La jeune femme ne le savait pas pourtant, elle s'approcha du marchand et lui posa une main sur l'épaule.

"Choisissez ce que vous voulez, Grielvald. En ce qui me concerne, je n'ai besoin d'aucune de ces récompenses. J'en ai déjà une, et ce fut de jouer avec vous trois! Merci beaucoup." fini par dire la Vicomtesse, affichant toujours se sourire bien plus réelle que tous les autres.

Dans la foule, l'on pronostiquait. La grande majorité des gagnants étaient en réalité de parfaits inconnus. Il était difficile de mettre un visage sur le nom d'un Khalil ou d'un Terrefière, contrairement à Kira de Terresang, par exemple. Il en allait de même pour Grievald, dont le nom n'avait visiblement intéressé personne. Cela dit, après cette chasse, ceux qui les avaient croisés à un moment donné pourraient s'en souvenir. La noble était exclue, son nom suffisait pour la plupart d'entre eux, mais peut-être se souviendrait-on à l'avenir de la verve d'un Terrefière, ou du visage original d'un Khalil. Encore plus lorsqu'ils auraient choisi et remporté leurs gains. Car il fallait le dire, aucune des récompenses proposées par la famille ducale n'était à jeter. Les locaux manquaient cruellement depuis l'afflux de réfugiés et l'envol du prix des logements ou de tout autre carré en ville pouvant être cédé à quelqu'un. La nourriture n'en parlons pas, eusse-t-elle été faite d'or, elle aurait moins valu que ces caisses dont on pouvait facilement imaginer le poids et le fumet. Ainsi que la délivrance qu'elles apportaient. Et l'or… L'or était une valeur sur le déclin depuis la fermeture du duché au reste du monde, mais si un jour la fange disparaissait, si l'économie se stabilisait suite à la récupération du plateau, alors peut-être qu'être riche aurait de nouveau un sens. S'approprier des parcelles ou même s'acheter de la nourriture redeviendrait possible et plus besoin de troquer la moitié de ses possessions matérielles pour une miche de pain frais ou un cuissot de chèvre.

La main posée sur son épée d'apparat, le fils de Sigfroi attendait sagement que chacun décide de la récompense qui allait être la sienne. Et ce fut Wilhem, qui parla le premier. Une boutique. L'héritier ne savait peu, ou même pas de chose sur cet homme, mais il n'était pas dans ses projets d'interférer avec les choix de chacun. Aussi, il apostropha l'un des hommes qui tenait les tablettes, et le fit venir à son côté.

« Est donc entendu votre choix, et votre souhait sera donc accompli, dit-il, la mine sereine. Etant donné que vous êtes le premier, et au vu du nombre de propriétés disponible, vous êtes donc propriétaire céans-même d'une ancienne boutique du susnommé Théodemar Ecuviel, Grand Rue des Hytres, une place de choix. Voyez. »

Il illustra son propos en ratifiant le titre de propriété dédié à Wilhem, puis en cachetant le parchemin qu'il avait roulé, et céda au vainqueur. L'homme qui tenait les autres titres s'inclina devant les deux hommes puis retrouva sa place à côté de son collègue. Il lui en restait suffisamment dans les mains pour les autres participants, mais visiblement aucun des autres gagnants ne souhaitaient faire l'acquisition d'une demeure.

Azhim quant à lui, choisit l'argent. L'héritier constata, au moins de visu, que l'homme ne semblait ni manquer de nourriture, ni de vraiment autre chose, et s'il avait su qu'il était le suivant de Grâce de Brasey, il aurait probablement joint son avis au sien. Un petit sourire aux lèvres, ainsi, il acquiesça silencieusement, et invita Azhim à le suivre au bas de l'estrade, accompagnés par deux miliciens vigilants, jusqu'au coffre incrustré où l'or avait été entreposé. Au côté de celui-ci se trouvaient des bourses vides, assez larges. Il en prit une, et ouvrant le coffre aux quatre cents écus, préleva un quart de sa contenance pour le glisser soigneusement dans la bourse. Peut-être un ou deux écus en plus virent se perdre dans le ventre de cuir rebondi qui fut confié à Azhim.

« Cent écus ! Voilà qui devrait régler vos problèmes financiers durant un moment suffisamment long. Une telle somme représente le solde de plusieurs années d'un soldat ou d'un paysan, faites-en bon usage, et allez en paix. »

Vincent de Sylvrur salua ainsi Azhim, et scella le coffre avant de remonter sur l'estrade afin d'entendre les réclamations des deux derniers participants. L'air un peu timide – au milieu de ces nobles et soldats, il y avait de quoi – l'homme tenta de se redresser un peu pour faire meilleure figure possible, puis leva la main, presque apeuré de se faire remarquer ainsi.

« De mon côté, glissa Grievald, je n'aurais que faire d'une échoppe ou d'une telle somme d'argent, ma famille et moi ne demandons que de quoi tenir jusqu'au lendemain. Alors, la nourriture me semble toute indiquée pour cela, surtout pour mes enfants. Nous autres pouvons nous rationner mais eux... »

L'héritier ducal hocha la tête. Il comprenait. Mais il la hochait avec surprise, car il n'avait point perdu une miette des propos de Kira de Terresang. Aucune récompense, vraiment ? Il y avait pourtant de quoi appâter le plus incorruptible des hommes, ici. Si l'argent ne seyait pas forcément à la femme d'un vicomte qui en disposait déjà, la nourriture, peut-être ? Elle eût pu la prendre pour en faire offrande aux démunis dont son mutilé d'époux s'occupait via son association de riches et combattants, l'Astre d'Azur. Mais peu lui importait. Il eut un sourire complaisant à l'adresse de la vicomtesse.

Puis il se tourna vers quatre miliciens qui formaient le cordon de sécurité autour de l'estrade.

« Messieurs ! Vous irez prendre trois des caisses présentes sur le convoi. Et vous les emmènerez, après la cérémonie, chez ce brave homme. Vous serez vigilant à ce qu'il ne leur arrive rien sur la route et que tout le monde arrive à bon port, est-ce bien entendu ? Il ne devra pas manquer une seule miette de pain une fois les caisses déposées chez lui. Une famille est une bien lourde charge par les temps qui courent. »

Il n'avait pas été idiot ; les hommes choisis étaient des hommes de confiance. Il savait ainsi que le pauvre homme aurait bien sa récompense en bonne et due forme. Si deux miliciens suffiraient, en théorie, le reste servirait surtout de ligne de sécurité. L'on savait même en haut lieu à quel point Marbrume pouvait être dangereuse, et cet homme, ce Grievald, n'avait pas le profil de ceux qui siégeaient calmement au Bourg-Levant, loin de beaucoup d'ennuis des bas-quartiers.

Il se tourna alors vers Kira et eut une inclinaison du buste polie, un salut qui était à son sens mérité.

« Une telle abnégation se doit d'être honorée, Vicomtesse. »

Ne restait plus alors que les récompenses finales, à distribuer. Celles qui étaient données à la fin de chacun des jeux d'été de la cité, et de toutes les cités. L'écaille. Mais au moment où il se retourna vers les domestiques qui avaient accompagné le cortège, une idée lui vint en tête. Il plissa légèrement les yeux, quelques secondes durant, le temps que l'éclair qui passait dans sa tête se meuve en une véritable idée. Il eut un petit sourire, puis se retourna vers la seconde équipe, qui avait raté la victoire de peu, mais avait tout de même tout tenté pour réussir.

« Messieurs, madame. Il leva une main pour quérir leur attention, puis désigna les convois toujours postés devant l'estrade. Etant donné le refus de Kira d'obtenir l'une des récompenses offertes… Je tiens à vous annoncer que de ce même fait, je vous propose d'acquérir sa part. A défaut d'une récompense totale, vous pourrez néanmoins vous partager la sienne. De fait, étant donné qu'il est assez difficile de diviser une demeure en quatre parts, je vous demande ainsi de choisir entre la somme d'argent et la nourriture. Cette part vous sera alors équitablement reversée. Si vous prenez l'or, vous disposerez ainsi de vingt-cinq écus, une somme déjà fort coquette. A l'inverse, si vous prenez la nourriture, vous disposerez tout de même chacun de trois mois de vivres, à consommer ou distribuer à votre convenance. Prenez votre temps pour réfléchir, mais je tiens à ce que votre décision soit unanime. »

Dans la foule, suite à son discours, quelques applaudissements retentirent. Et leur absence eût été surprenante ! Les vainqueurs avaient ce qu'ils voulaient, et pourtant, l'héritier des Sylvrur faisait tout de même montre d'un acte de générosité de plus – comme si les récompenses déjà proposées ne suffisaient pas ! - et offrait au deuxième groupe quasi finaliste l'occasion de ne pas partir les mains vides. La manœuvre était habile. Ne répétons pas le nombre de personnes actuellement présentes, mais ils étaient beaucoup. Et aucun mot ne fut perdu. L'héritier remarqua d'un coup d'oeil que l'effet recherché avait bel et bien fait mouche, et s'en satisfit, observant les autres chasseurs d'un œil affable.

Finalement, la défaite ne serait pas si amère que cela.

Citation :

Bon, je ne m'attendais pas au choix de Kira pour le coup, mais ça permet au moins à l'autre groupe de bénéficier un peu de la récompense, même s'ils n'ont pas trouvé la solution à leur énigme, c'est pas plus mal. Puis les autres ont une dernière petite surprise qui les attend alors…

Quoi qu'il en soit, Hector, Séraphin, Oriane et Finn, vous devez vous mettre d'accord ; ou vous prenez la nourriture, et elle sera répartie en quatre parts égales, ou l'or, qui sera divisé de la même façon. Les propriétés on oublie, diviser une bicoque en quatre… Non merci, ni pour vous ni pour personne. Mais du coup cela vous fait un post en plus, conversez-en par MP, si vous le souhaitez.

Les autres, ne partez pas ! Réagissez aux propos de l'héritier, discutez entre vous, peu importe. Mais la cérémonie n'est pas finie, du coup, vu la tournure des événements.

A la semaine prochaine pour la clôture définitive!

Prochain post : 26/02 au soir

A peine les lèvres de Kira se furent elle étendues en un joli sourire que le baron se sentit renaître. Elle était là sa véritable récompense à cette chasse au trésor. Kira ; c'était elle le trésor et Hector en était si près...

- Je vous permets, mon ami. Je suis également heureuse de vous revoir et de constater de votre bonne santé, et de votre bonne humeur également ! Disait-elle de sa belle voix.

Hector sentait que la jeune femme était sincèrement heureuse de le revoir.

- J'espère que votre défaite ne vous ait pas trop amer, nous avions juste un petit peu d'avance sur vous, c'était très serré.
- Non, non, ne vous inquiétez pas, la joie de vous revoir, ici, est bien plus importante que notre défaite à ce jeu.
- Mais vous me raconterez tout en détails juste après la cérémonie, n'est-ce pas ? Je vais choisir ma récompense.
- Avec plaisir !

La promesse d'un "après la cérémonie" commun le fit sourire à son tour.

Il attendit tranquillement son amie, attentif à la fin de cérémonie, aux choix des vainqueurs. Chacun choisi selon ses préférences, l'argent, le commerce, les vivres... et quand vint le tour de Kira, celle-ci déclina purement et simplement l'offre de l'héritier du duc de Marbrume. Hector en fut très surpris. Même si la jeune femme avait sans doute un grand trésor hérité de sa famille, elle n'avait sûrement pas plus de revenus que lui-même alors... Elle aurait même pu prendre l'argent ou les vivres et les distribuer au peuple...

- En ce qui me concerne, je n'ai besoin d'aucune de ces récompenses. J'en ai déjà une, et ce fut de jouer avec vous trois ! Merci beaucoup.

Mais ce fut la réponse du duc héritier qui mis le baron sur les fesses :

- Une telle abnégation se doit d'être honorée, Vicomtesse.

Vicomtesse ?!

L'homme de Marbrume se trompait-il ? Il avait pourtant l'air sûr de lui. Pourtant, Kira n'était que baronne ?!

Hector se gratta la barbe et fronça les sourcils.

A moins que...

Il regarda la fine main qu'il avait tenu, tantôt, dans la sienne et, à la faveur d'un reflet de lune, vit une bague briller à l'annulaire de Kira. Bien sûr, Hector ne connaissait pas tous les bijoux de la belle rousse... mais une bague ici, à ce doigt... cela indiquait une bien triste nouvelle...

Vincent de Sylvrur se tourna vers Hector et ses équipiers :

- Messieurs, madame. Etant donné le refus de Kira d'obtenir l'une des récompenses offertes… Je tiens à vous annoncer que de ce même fait, je vous propose d'acquérir sa part. A défaut d'une récompense totale, vous pourrez néanmoins vous partager la sienne. De fait, étant donné qu'il est assez difficile de diviser une demeure en quatre parts, je vous demande ainsi de choisir entre la somme d'argent et la nourriture. Cette part vous sera alors équitablement reversée. Si vous prenez l'or, vous disposerez ainsi de vingt-cinq écus, une somme déjà fort coquette. A l'inverse, si vous prenez la nourriture, vous disposerez tout de même chacun de trois mois de vivres, à consommer ou distribuer à votre convenance. Prenez votre temps pour réfléchir, mais je tiens à ce que votre décision soit unanime.

Hector se tourna vers Oriane, Séraphin et Finn.
- Faîtes comme vous voulez... je n'ai guère de préférence.

Et, à dire vrai, il n'avait surtout guère plus d'entrain... Son visage montrait une tristesse que ses équipiers n'avaient pas encore vu. Il ne serait pas simple pour eux d'en déterminer la cause. Mais cela ne les intéresserait sans doute pas. A l'heure de se partager le butin, le petit lien qu'ils avaient tissé ce jour ne revêtait certainement pas une grande importance...

“Messieurs, madame. Etant donné le refus de Kira d'obtenir l'une des récompenses offertes… Je tiens à vous annoncer que de ce même fait, je vous propose d'acquérir sa part. A défaut d'une récompense totale, vous pourrez néanmoins vous partager la sienne. De fait, étant donné qu'il est assez difficile de diviser une demeure en quatre parts, je vous demande ainsi de choisir entre la somme d'argent et la nourriture. Cette part vous sera alors équitablement reversée. Si vous prenez l'or, vous disposerez ainsi de vingt-cinq écus, une somme déjà fort coquette. A l'inverse, si vous prenez la nourriture, vous disposerez tout de même chacun de trois mois de vivres, à consommer ou distribuer à votre convenance. Prenez votre temps pour réfléchir, mais je tiens à ce que votre décision soit unanime.”

    Si la réponse de Vicomtesse semblait en étonner certains, pour d’autres elle était tellement logique, les nobles comme elles ne cherchaient pas dans ces événements populaires une quelconque richesse matérielle. De l’avis de Séraphin sa décision était juste et pas parce qu’elle profitait aux perdants mais parce que c’était exactement ce qu’il aurait fait à sa place. Et à vrai dire même s’il était ravi de l’honneur qui leur était fait, le milicien ne se souciait guère d’amasser de l’or où des vivres, la caserne lui fournissait amplement de quoi survivre et se sustenter, en plus d’une solde maigre mais suffisante à son goût. Un coup d’oeil aux deux mercenaires.

    “Je pense que de la nourriture serait le plus approprié, mais en ce qui me concerne ma part sera la vôtre, vous en avez bien plus besoin que moi où Hector, la caserne me nourrit correctement je ne vois pas pourquoi je profiterai une seconde fois des vivres du Duché. Faites donc comme bon vous semble!”

    Le baron semblait soudainement accablé d’une immense tristesse, malgré la courte journée qu’ils avaient passé ensembles, Séraphin ne pouvait pas rester indifférent à cet homme dont il ressentait la peine. Homme qui s’était révélé aimable et drôle tout au long de cette chasse.

    “Quelque chose qui ne va pas Messire Sombrebois?”

    Il lui avait souri aussi naturellement qu’il le pouvait et se tenait à ses côtés, peu importe qu’il réponde ou non, parfois une simple présence suffisait.

Sans surprise, le domestique choisit la richesse. Guère étonnant. Mais j'hochai la tête à sa décision, sans me départir de mon sourire. J'avais obtenu ce que je souhaitai depuis de nombreuse années et rien ne pourrai entacher ma bonne humeur et mon soulagement . Une propriété grand rue des Hytres.. J'avais encore du mal à me rendre compte de ma chance.
Le choix de Grievald fut des plus rationnels, ce qui ne m'étonnai guère de la part de mon camarade. Durant toute l'aventure, il était resté fidèle à l'homme simple et terre à terre qu'il était. Par contre, quand vint le tour de Kira..

"Choisissez ce que vous voulez, Grielvald. En ce qui me concerne, je n'ai besoin d'aucune de ces récompenses. J'en ai déjà une, et ce fut de jouer avec vous trois! Merci beaucoup."

Je lançai un regard des plus étonné à la vicomtesse. Pour tout avouer, l'abnégation était une qualité qui m'était totalement inconnue et surtout incompréhensible. J'hochai donc la tête, le retournant sa gratitude.

« Ce fut une expérience particulièrement agréable de jouer avec vous, Kira. Malgré nos différences de rang, vous avez su passer outre et vous impliquer dans notre équipe. C'est à moi de vous remercier. »

Je lui fis mon plus beau sourire (et aussi celui le plus charmeur), accompagnant ma sentence d'un baisemain. Il était clair que j'en faisais trop, mais l'occasion était trop belle pour ne pas se montrer grandiloquent. Et une fois n'est pas coutume, je le faisais sur le ton de l'humour ce qu'elle ne manquerait pas de remarquer, du moins je l'espérais.

La réaction de l'héritier fut à la hauteur de sa grandeur d'âme. Offrir la récompense refusée à la seconde équipe.. Manœuvre habile pour faire grimper sa côte de popularité. Habile et efficace, au vu de la réaction du public. Malgré ma joie, je ne pouvais que remarquer que dans toutes les circonstances, le jeu du pouvoir primait. Mais soit, c'était ainsi. Il fallait y trouver sa place.

Je saluai mes deux compagnons (ignorant superbement Azhim), afin d'aller montrer mes respects à l'autre équipe. Je leur laissai quelques instants afin qu'il se décide sur la récompense voulue avant de m'approcher d'eux et d'incliner respectueusement ma tête devant celui qui semblait le plus puissant. Messire Sombrebois, si j'avais bien compris son coéquipier. Messire qui faisait une bien triste mine malgré la bonne nouvelle cependant..

« Bravo à vous pour votre parcours, vous nous talonniez de très près au port.. Il est regrettable que vous n'ayez pas réussi cette énigme, l'épreuve finale aurait été bien plus intéressante avec votre présence. »

J'étais sincère : la concurrence de l'équipe dans le Temple aurait rajouté de la tension à l'épreuve et rendu le jeu encore plus palpitant. J'espérais donc me montrer sympathique afin de créer de nouveau lien.

Cela allait faire beaucoup. Finn s'était dit que leurs adversaires méritaient amplement leurs récompenses et bien que certains ne manquaient de rien parmi les deux équipes, le fait demeurait que l'on pouvait fort bien faire des réserves avec de la richesse ou des biens, se protéger au mieux... Mais non, la Noble du nom de Terresang choisit de laisser sa part aux autres à l'étonnement général et, lorsque le fils du Duc prit la parole, la surprise redoubla encore parmi la foule présente, mais également les équipes. Le Mercenaire commençait à croire en la bonne volonté de la famille ducale et, plus encore, en celle de ses semblables qui préféraient partager avant toute chose.

- C'est très généreux, puisse les Dieux vous accorder leurs faveurs pour votre générosité.

Une salutation qui fut adressée autant à l'autre équipe qu'au fils du maitre de la cité, l'ancien artisan songeait à ce qui pourrait être le plus important par ces temps qui étaient les leurs, laissant le soin à Hector de choisir le premier, ce qu'apparemment il ne désirait point faire. Pire, en entendant sa voix, Finn fronça les sourcils en constatant sa soudaine grise mine et se permit de s'approcher pour poser sa main sur son épaule, sans un mot, mais avec l'air de vouloir le soutenir. Il ignorait pourquoi le Noble réagissait de la sorte, mais quelque chose venait visiblement de l'abattre moralement et il allait falloir en parler une fois la cérémonie close. Ce fut Séraphin qui, à son tour, refusa sa part pour la donner aux autres et le Mercenaire leva les yeux au ciel, se demandant quelle mouche l'avait piqué.

- N'y a-t-il personne d'autre à qui ta part de cette nourriture pourrait profiter mon ami ?

Demanda-t-il au Mercenaire avec un léger sourire, jetant un regard à Oriane qu'il savait vouloir tout comme lui rapporter de quoi nourrir toute la Compagnie des Lames et leur assurer une subsistance pour quelques temps. Pivotant vers le fils du Duc, il s'inclina respectueusement avant d'énoncer son choix de vive voix.

- Les vivres me conviendront fort bien Seigneur, puissent les Trois vous bénir pour vos bienfaits.

Et il demeura aux côtés de son équipe, regardant s'avancer peu après l'un des gagnants qui venait visiblement échanger en toute sympathie, leur apprenant ainsi que l'épreuve finale s'était déroulée au Temple. Cela avait du être quelque chose de fort bien travaillé, cela dit Finn n'était pas mécontent que tout ceci soit terminé. Il avait hâte d'aller prendre ces verres avec les autres membres de l'équipe et, qui sait, peut-être même irait-il voir si Ilhanne était chez elle. Une sacrée soirée en perspective, assurément.

Chacun reçut donc son dû. Sauf la jeune femme, selon sa demande personnelle. Evidemment, il y avait toujours quelque chose de caché derrière ses dires. Ce qu'elle venait de faire avait été applaudit, après une surprise générale de l'assemblée. Mais c'était la moindre des choses, autant pour elle que pour sa réputation. La réputation... La seule déesse qui prévalait sur les autres à vrai dire, même en ce jour saint. Et en évoquant cette déesse, ce fut le jeune fils du Duc qui augmenta amplement la sienne avec sa proposition.

« Une telle abnégation se doit d'être honorée, Vicomtesse. »

Vicomtesse... Ce mot fit frémir la jeune femme. Sans s'en rendre compte, elle venait de se faire remarquer non seulement par l'assemblée, mais aussi par l'autre équipe. Son refus devait être honorée? Tant mieux pour les autres qui venaient de se voir proposer une récompense malgré leur défaite. La rouquine savait que cela ne rebifferait personne. Personne, sauf Hector. Qu'elle regarda en coin, et vit son visage se décomposer à petit feu lorsque les mots firent leur petit bonhomme de chemin jusqu'à son cœur... Celui de la belle rousse rata un battement, et elle cru qu'elle allait pleurer. Non pas de joie, mais à cause d'une tristesse profonde qui s'emparait d'elle petit à petit. Il faudrait qu'elle fasse face à ses choix bientôt. Mais elle devait se reprendre, et mettre une fois de plus son masque de noble, celle des Haldonores qu'elle n'avait jamais quittée. Elle regarda le jeune héritier, détournant le regard de son centre d'attention.

Et puis, il était vrai que l'autre équipe avait superbement talonnée les gagnants. Et c'était une juste décision que venait de prendre l'héritier, une décision applaudit par tous, même par sa propre famille. C'était qu'il apprenait vite le jeune homme.
La jeune femme soupira malgré elle, mais très vite elle retrouva le sourire lorsque Wilhem lui adresser autant sa gratitude que ses remerciements pour cette belle journée. Kira sourit à son petit baise main, et s'amusa de la prestance qu'essayait de se donner le jeune homme. La Vicomtesse remarqua également qu'il ignorait désormais superbement leur camarade Azhim. Ce n'était pas un mal selon la jeune femme. Ils vivaient cordialement, mais il ne fallait pas qu'il se côtoient de trop prêt. Evidemment, la belle rousse ne saurait jamais ce qui avait provoqué cette mésentente chez ces deux personnages, et elle ne voulait probablement pas le savoir.

"Face aux dieux, il n'y a aucun rang, nous sommes tous égaux. Tel devrait être la leçon de cette Chasse, mon jeune ami." finit-elle par répondre à Wilhem avant de le laisser se diriger vers l'autre équipe pour aller leur adresser ses félicitations.

En attendant le choix de leur anciens adversaires. La jeune femme ne pouvait rester sans rien faire. Elle regarda les hommes charger les provisions pour Grielvald et partir. Elle examina Azhim avec sa bourse bien remplit, et finit par rejoindre l'autre équipe et Wilhem. Elle ne pourrait cacher sa tristesse très longtemps encore. Mais elle ne pouvait que faire semblant de sourire. Sourire... Alors que son regard disait évidemment tout le contraire de son visage anormalement rayonnant.
Elle avait peur de s'adresser directement à Hector, alors la belle Vicomtesse se contenta de parler à l'ensemble de l'équipe.

"Je vous félicite également. Et je suis bien d'accord avec Wilhem: la dernière épreuve aurait été bien plus sympathique en votre compagnie." lança tout d'abord la jeune femme tout en regarda chacun des membres de l'équipe.

Evidemment, la rouquine espéra ne pas se faire passer pour une noble qui cherchait juste l'assentiment du plus grand nombre. Il était vrai qu'elle venait de refuser un présent important, et maintenant, voilà qu'elle venait les féliciter à son tour? N'était-ce pas un peu de trop? Pour Kira, son attention était essentiellement focalisée sur Hector, mais elle n'osait le regarder en face. Elle n'osait lui reprendre le bras, et l'emmener devant les récompenses, tel de bons amis! Car c'était ainsi qu'ils devaient se comporter, en public tout du moins.
Après une conversation assez longue, les membres de l'autre équipe finir par choisir leur récompense. C'est alors que Kira les laissa. Elle avait également vue la plupart des coéquipiers d'Hector se soucier de son état, et elle ne voulait pas être au centre de l'attention. Voilà pourquoi elle s'éloigna, hésitant à partir dans l'ombre, comme elle le faisait parfois.

Finalement les choses ne se terminaient pas si mal. L'argent était une chose mais par les temps qui courraient, la nourriture, qui plus est de cette qualité serait un sacré voir un meilleur coup de pouce pour la compagnie. Nul doute que le Capitaine apprécierait et s'il appréciait c'était un bon point pour elle et ses futurs projets mais c'était surtout pour ses compagnons que la jeune femme était heureuse. Elle pensa à Corvo en premier, Finn, puis les autres. Aussi l'attitude qui demeurait un peu renfrogné d'Oriane cachait mal un certaine satisfaction et le soulagement d'avoir obtenu quelque chose après leurs efforts.

D'ailleurs, la mercenaire sourit à son camarade, nul doute qu'ils avaient une vision bien similaire de cette récompense inespérée après leur défaite. D'ailleurs, la mauvaise perdante avait été jusqu'à s'incliner devant la générosité de leurs rivaux et approuver les propos du jeune homme et de la vicomtesse qui s'étaient approchés d'eux.

-Je suis aussi pour prendre les vivre, c'est ce qu'il y a de mieux pour nous. Merci pour votre générosité.

Restait à attendre que tout ça prenne fin et que l'alcool vienne leurs faire oublier la défaire cuisante qu'ils venaient malgré tout de vivre. Mais l'esprit de camaraderie était une qualité et une fore que tout les hommes - et les femmes - qui vivaient ensemble jour et nuit connaissait et la jeune femme avait presque hâte de se retrouver avec eux tous autour d'une table. Finalement la journée avait été riche en émotions. Elle jeta un œil en coin au milicien qui se tenait près d'Hector.

Il avait compris qu'elle avait compris qu'il avait compris. C'était presque trop clair à présent, éblouissant. Hector plissa les yeux, prit une longue inspiration et, jouant comme rarement il jouait, adressa un sourire à Kira, un sourire qui voulait dire "ne vous en faîtes pas, quoi qu'il arrive, je survivrais". Puis son sourire s'élargit un peu plus alors qu'il se tournait vers ses équipiers.

- Tout va bien mes amis, tout va bien ! Vous avez raison. Prenons la nourriture. Elle fleure bon, j'en saliverais... et... elle est une denrée bien plus importante que l'argent.

Bien sûr l'amour était plus important encore que la nourriture mais le baron préféra ne pas mentionner cette troisième denrée - qui semblait le fuir en cet instant... Il s'approcha du duc héritier et d'une voix parfaitement assurée lui déclara :

- Mon cher duc, sachez que vous pourrez faire remettre ma part de nourriture aux bonnes œuvres du Temple. Elles en feront bien meilleur usage que celui de remplir ma panse, il me semble.

Un sourire malin plus tard, il retourna auprès de ses équipiers et, avec le même air affable qu'on lui connaissait bien, leur dit :

- Mes amis, je viens de me souvenir que j'avais quelque affaire importante à régler ce soir même. Je ne puis rester un instant de plus en votre belle compagnie, et je le regrette. Prenez ces quelques pièces pour trinquer à ma bonne fortune. Il laissa une paire d'écus dans la main de Séraphin avant de conclure : Je boirais à la vôtre et... vraiment, j'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir... Bonne nuit à vous trois.

Enfin, il s'éloigna d'eux, se glissant avec discrétion dans la foule mais suivant d'un œil aiguisé le déplacement de sa très chère Kira. Son cœur battait à ton rompre et, comme rarement dans sa vie, il se trouvait devant l'inconnu. Il ne savait pas le moins du monde ce que les prochaines heures lui réserveraient. Du bien, du mal ? de la joie, de la tristesse ? Pour une fois, il ne se sentait guère prêt à affronter la réalité...