Randal hausse un vieux sourcil broussailleux en voyant le "petit Grayle" comme il aimait l’appeler courir avec légèreté dans la rue, évitant les gens dans une trajectoire tout en cercles et en courbes. Voir le jeune homme lui rappelait sa jeunesse, lorsqu'il servait dans la milice et passait son temps à le poursuivre. Lorsqu'il vit Grayle escalader le mur du bâtiment avec la fluidité d'une araignée, Randal fronça un peu les sourcils, avant de couper court d'un mouvement de bras aux velléités de poursuites de sa plus jeune recrue.
" Laisse, il fait de mal à personne. Puis personne ici sait le rattraper. "
Et en effet, personne n'en était capable. Murs et toits étaient son territoire. Aussi Grayle frôla t-il la crise cardiaque lorsqu'une voix, féminine en plus, l’accueillie dès qu'il apparu sur le toit. C'était une jeune femme, plutôt belle et même bien foutue, avec un pantalon de cuir noir, et une grande chemise blanche un peu large qui flottait au vent, ne cachant rien des opulentes formes qui devaient garnir son corps. Il la détailla rapidement de ses yeux gris, avant de les plonger dans le ciel qu'étaient ceux de la femme.
- Visiblement, vous n'êtes pas là pour me tuer ?
Il la regarda d'un air choqué, ouvrit la bouche, et la referma alors qu'elle lui demandait son nom. Seul son visage et les doigts de ses mains dépassaient du rebord du toit et, sans l'ombre d'une difficulté, il se hissa sur ce dernier, rejoignant la jeune femme. Il déposa un lourd sac à côté d'elle et s'allongea ensuite, dans le soupir de celui qui vient de finir un effort. Il ferma les yeux, reposant sa tête entre les paumes de ses mains, détendu, et sans défense. Comme elle, il était legèrement vêtu, avec une chemise de lin assez largement ouverte et un pantalon de toile assez fin tombant jusqu'aux mollets, entièrement nu en dessous.
- Je m'appelle Grayle. Pour vous attendre à voir un assassin à chaque nouveau visage, votre vie ne doit pas bien tourner, je me trompe ?
Il se tourna vers elle, l'oeil brillant, le sourire malicieux, accoudé sur le côté gauche. Il la détailla, mais avec le regard flatteur et expert de celui qui apprécie une belle statue ou une élégante peinture, sans l'aspect lubrique et repoussant que l'on trouve vers les hommes considérant l'objet de leur désir comme un bout de viande. C'était vraiment une très belle femme.
- Un amant éconduit et rancunier ? J'ai connu ça. Il y a de bons endroits pour se cacher ici. Enfin...
Il se rallongea, profitant du soleil. Son sac, mal fermé, était à porté de main de la milicienne. Si elle décidait de fouiller dedans, elle y verrait un contenu assez rare : de beaux et osés sous-vêtements féminins.
- C'est un bon endroit pour lézarder un peu non ? Je suis surpris de trouver quelqu'un d'autre que moi. J'y suis tout le temps seul, en général...