Une queue ? Oui mais une longue ! [PV Héloïse & Hector]

Tôt dans la matinée, Héloïse se trouve à l’arrière-boutique en train de lister les stocks de tissu, de fils et autres dentelles avant d’ouvrir la boutique. Depuis quelques jours, Aelys est rarement présente car très prise par d’autres obligations pour les préparatifs de son mariage et sa patronne lui donne en quelques sortes les rênes de sa boutique pendant ses absences prolongées. Héloïse est ravie pour Aelys, un mariage est toujours synonyme d’une belle journée, même si assez stressante pour la mariée, mais elle ne doute pas que tout se déroulera des plus merveilleuses façons.

Tandis que l’heure tourne, Héloïse ouvre les portes de la boutique « Au fil du temps » et déjà quelques clientes viennent payer leurs commandes, faire des essayages ou acheter quelques accessoires pour agrémenter leurs tenues.

En milieu de matinée, Héloïse est repartie dans l’arrière-boutique pour ajuster les derniers détails à une robe. Elle examine chaque couture pour s’assurer que tout est parfait avant de rajouter des petites détails comme des perles sur le col ou de la dentelle au niveau des manches.
Elle sursaute à la voix puissante d’un homme qui fait part de sa présence, surprise, Héloïse se pique avec l’aiguille et une petite goutte de sang perle de son pouce. Elle évite de jurer une petite grossièreté et se contente de sucer sa légère blessure pour faire disparaitre cette petite tache rougeâtre. Le doigt sur le bord des lèvres, elle marmonne un : « J’arrive ! » avant de serpenter dans le couloir de l’arrière-boutique pour se retrouver devant le client qui lui tourne le dos.

Cette silhouette lui rappelle vaguement quelques choses mais elle n’arrive pas à ce souvenir.

- Bonjour Monsieur… Je suis navrée… mais vous n’avez pas le droit d’être dans cette pièce. Dit-elle en se rapprochant du client.

Elle lui tapote l’épaule pour qu’il se retourne.

- Je suis mauvaise pour les devinettes… Un petit indice, peut-être ? Dit-elle d’une voix sérieuse même si un petit sourire cachée son amusement face à cette drôle de personnalité.

Lorsqu’il tourne légèrement son profil, elle le reconnait aussitôt.

- Baron de Sombrebois ! Quelle surprise ! Je ne vous avez pas revue depuis… Ses mots se tuent, coincés dans sa gorge, sa vie a radicalement changé depuis les attaques de janvier, son ancien patron, Monsieur Lavin est décédé et pendant quelques mois, Héloïse a du se débrouiller pour survivre jusqu’à croiser la route d’Aelys de Beauval.

- Comment allez-vous depuis la dernière fois ? Demande-t-elle les yeux tristes mais elle retrouve naturellement sa bonne humeur ainsi qu'un fin sourire au bord des lèvres enchantée de revoir le Baron.

Héloïse est ravie de revoir le Baron et elle ne peut s’empêcher de sourire en le regardant compter sur ses doigts pour calculer le nombre de mois depuis leur dernière rencontre. Effectivement, le temps passe vite malgré les combats, la famine, les maladies mais il ne faut pas non plus oublier les petites choses agréables de la vie, comme de simple retrouvaille.

- Je vais avoir des difficultés par vous appeler par votre prénom, Sir de Sombrebois… Vous savez, l’habitude… Dit-elle en souriant avant de tapoter d’un geste tendre et amical son épaule.

- Je vois ça, vous semblez en pleine forme ! Confirme-t-elle après que le Baron ne bombe le torse et elle ne peut, une nouvelle fois, s’éviter de sourire.

- Oh… Malheureusement, mon ancien patron, Monsieur Lanvin est décédé en janvier et j’ai pour ainsi dire perdu mon emploi… Mais comme vous, après une mauvaise passe, je retombe sur mes pieds ! Je travaille depuis quelques semaines pour Mademoiselle de Beauval. Explique-t-elle en essayant de garder une mine ravie malgré la triste nouvelle avant de s’approcher du Baron, de glisser son bras sous le sien et de l’emmener vers la boutique, près du comptoir.

- Effectivement, Dame de Beauval est en plein préparatif de son futur mariage ! Elle va être sublime en mariée, ne pensez-vous pas ? C’est plaisant de voir deux personnes bientôt convolées dans ces moments d’incertitudes… Dit-elle en marchant, bras dessus, bras-dessous.
- J’ai hâte d’entendre votre requête, cela semble vous amusez ! Dit-elle curieuse avant de s’éloigner d’un pas.

Elle attrape son cahier de commande et lève les yeux vers le Baron.

- Votre domaine se porte bien, Sir ? Questionne-t-elle pour prendre des nouvelles plus personnelles avant de se mettre à la recherche du crayon-à-papier, celui-ci a la fâcheuse tendance à disparaitre.
- Et comment était votre mariage ? Demande-t-elle car Héloïse avait réalisé ses apparats pour cette grande occasion.

Elle invite le Baron à prendre place sur l’une des chaises dans un geste gracieux de la main avant qu’elle ne se penche pour ramasser le crayon qui est parterre.

Rayonnante ! Le compliment lui fait plaisir par ce qu’avec toutes les commandes qui inondent ses journées, elle a peu de temps pour dormir et de penser à s’apprêter de plus belles façons. Elle prend bien évidemment le temps de faire sa toilette afin d’être propre, de se brosser les cheveux et les dents, tandis que ses robes –même si passées de mode- restent convenables. Aujourd’hui, elle porte sa robe anthracite et ses cheveux sont attachés d’une queue-de-cheval basse, au niveau de la nuque.

A dire vrai, elle a hâte de pouvoir admirer la future robe de mariée d’Aelys, elle l’imagine merveilleusement belle avec son petit bouquet de fleur. Héloïse l’a simplement aidé à prendre ses mensurations, cependant la conception de sa robe reste aux yeux de tous un mystère !

Une fois vers le comptoir, le crayon en main, elle se redresse tout en écoutant la tirade du Baron, elle sourit lorsqu’il lui offre un clin d’œil, ravie que son costume de marié lui est plu mais la suite est moins heureuse, beaucoup moins. Héloïse en reste bouche bée face à ce retournement de situation d’avoir en quelques jours perdue sa future femme qui s’avère être une cousine. Cette histoire a du tellement le décevoir, la couturière ne se serait sans-doute pas remise d’aussitôt d’un tel quiproquo. Mais son cher client a su retomber sur ses pieds en retournant vivre dans son château pour s’occuper de son domaine et de ses gens, un moyen sans-doute de lui changer les idées.

Elle lui sourit quelque peu flattée tandis qu’il espère peut-être débaucher Héloïse mais malheureusement, elle a beaucoup trop d’estime pour Dame de Beauval qui lui a accordé un emploi lorsqu’elle se trouvait au plus bas. Il ne lui laisse pas le temps de répondre, qu’il enchaine aussitôt sur une invitation à un bal.

Étonnée, elle saisit les deux cartes. Elle est ravie d’être également invitée, il y a longtemps qu’elle ne s’est pas divertie mais elle ne sait pas si elle pourra s’y rendre à cause du surplus de travail à la boutique et il lui faudra très certainement trouver une personne pour l’escorter jusqu’au château, mais d’ici septembre, elle a le temps, espère-t-elle, de s'organiser.

- Je ne manquerai pas d’en faire part à Dame de Beauval, elle sera enchantée, j’en suis certaine ! Dit-elle en posant délicatement les deux invitations sur la table près du comptoir.

Elle hoche silencieusement la tête pour lui assurer que son secret sera bien gardé jusqu’au jour de son bal. Héloïse l’écoute avec attention, elle reste concentrée et essaie surtout de ne pas rire.

- Je sais ce qu’un sanglier.. C'est un gros cochon.. Marmonne-t-elle en creusant discrètement ses joues, les mordants pour reste maitre d’elle-même.

Lorsqu’il lui prend le crayon des mains pour lui dessiner un sanglier et l'idée de son manteau, elle ne peut que sourire à pleines dents derrière le dos du baron. Alors qu'il se retourne vers elle pour lui demander son avis, ses yeux brillent d’amusement et elle ne peut s’empêcher de rire.

- Cher Sir de Sombrebois… Je dois avouer que vous êtes épatant, vous avez eu une idée des plus farfelue. Dit-elle la voix rieuse en essuyant les petits larmes de joie au coin des yeux, essayant de reprendre son sérieux.

- Excusez-moi, je m’attendais à tout comme costume sauf à un sanglier. Avoue-t-elle en souriant tout en tapotant l’épaule du Baron.

- Je pense avoir les couleurs désirés en stock… Mais trente centimètres ? N’est-ce pas un peu trop long, cela ne va-t-il pas vous empêcher de danser ? Questionne-t-elle sans pouvoir effacer ce sourire divertie par la commande d’Hector.

- Je suis certain que vous allez surprendre plus d’une personne avec ce costume… Dit-elle en regardant une dernière fois le dessin du sanglier.
- Mais pourquoi un tel choix ? Ose-t-elle lui demander.

- En tout cas… Je vous assure que suis capable de vous confectionner un tel manteau dans les délais ! Annote-t-elle la commande du Baron dans le cahier des charges.

Elle l’invite à attendre tandis qu’elle se faufile vers l’arrière-boutique pour sélectionner les échantillons de tissus, ceux nuancés vers le marron afin qu’il puisse choisir lui-même les couleurs de son manteau.

- En quel honneur ce bal est-il organisé ? Questionne-t-elle à son retour avant de lui tendre les quelques bouts de tissus.
- J’aime beaucoup celui-ci.. Dit-elle en lui montrant du doigt.

La discussion sur le sanglier est plus que rocambolesques, Elle commence à sentir de douces crispations au niveau de sa mâchoire, Héloïse n’a pas ri si franchement depuis…depuis longtemps ! Sir de Sombrebois à un franc parlé et un humour vraiment improbable qu’Héloïse commence à avoir des larmes de joies au coin des yeux, elle les essuies du bout des doigts en essayant au mieux de reprendre son sérieux

Le baron est-il fou ? Elle ne le pense pas même s’il s’exclame comme tel mais il est cohérent, le monde actuel demande très certainement de la folie, elle sourit doucement le rire encore au bord des lèvres tout en hochant la tête.

Héloïse hausse les sourcils lorsque qu’Hector justifie son choix en trouvant que le sanglier est un animal qui lui ressemble avant de fixer son nez et elle porte sa main vers sa bouche pour cacher son sourire amusé. Par contre, elle grimace légèrement lorsqu’il sous-entend prendre un sanglier empaillé pour en faire un sorte de casque… C’est sûr que c’est un déguisement qui est « original » mais elle veut lui proposer de lui confectionner un masque cependant elle constate à son enthousiasme qu’il a l’air de tenir à cette idée saugrenue et se contente de rire des yeux car oui, ça doit valoir son pesant de patates !

Lorsqu’elle revient avec les échantillons de tissus, Hector lui explique les tenants et aboutissants de ce bal, de la construction d’un joli vitrail, de trois personnes qui ont rejoint le château du baron et surtout à sa renaissance. Malgré un début de mariage qui est tombé à l’eau, Hector semble heureux et cela est sans-doute le plus important.

- Par contre, je tiens à vous prévenir, ce tissu coute deux écus le mètre carré, il est assez excessif vu sa qualité… Mais effectivement, il ferait plus effet pour votre costume. Prenez-vous donc celui-ci ? Dit-elle en caressant le bout d’échantillon tandis qu’Hector jette un coup d’œil à son dessin.

Elle lève les yeux vers le visage de son client et hoche la tête pour lui affirmer qu’il dessine plutôt bien et qu’Héloïse imagine parfaitement le manteau et la queue qu’il souhaite être réalisé.

- Nous pouvons choisir de la peau, peut-être du bison ? Lance-t-elle en pleine réflexion au sujet de la "queue du sanglier", les yeux vers le plafond et ses bras qui se croisent doucement contre sa poitrine avant de tourner la tête vers la porte qui vient de s’ouvrir sur une dame âgée, la veuve Gergois.

Elle s’apprête à la saluer avec son doux sourire mais le Baron s’exclame sur la queue de son costume et en remarquant le visage offusqué de la veuve, cette discussion peut prêter à confusion.

- Monsieur ! Comme osez-vous ainsi vous adresser à Dame Courtier ! N’avez-vous pas honte ! Elle n’a sans-doute pas envie de voir votre… Elle baisse les yeux vers l’entrejambe du Baron en montrant son « engin » de la main.
- Même si impressionnante, soit-elle ! Dit la vieille femme la voix cassante et la couturière suit le regard de la main avant de porter son attention sur le visage d’Hector, puis de croiser le regard de la veuve et ses joues s’enflamment à la fois embarrassée et confuse.

La dame âgée s’approche de Sir Sombrebois et lève sa canne pour le frapper.

- Vil personnage ! Éloignez-vous de cette jeune-femme ! S’exclame-t-elle et Héloïse pousse un petit cri de surprise.

- Dame Gergois… C’est un malentendu ! Je vous prie… Mais trop tard, la canne s’abat sur l’épaule du Baron.

- Je vous prie… Commence-t-elle à dire mais tout ce remue-ménage couvre sa voix.

Héloïse est déroutée par le comportement de Dame Gergois, elle veut s‘interposer pour que celle-ci arrête de frapper le Baron avec sa canne, de fracasser cette pauvre épaule mais elle a peur de se prendre un mauvais coup sur les mains et c’est malheureusement son outil de travail, elle doit y faire attention. La couturière reste pantoise face à cette scène des plus improbables et ses yeux s’agrandissent, que lui arrive-t-il ? pense-t-elle, lorsqu’Hector se met soudainement à rire à gorge déployée sous les coups acharnés de la cliente.

- C’est un malentendu… Dit-elle vivement d’une voix plus forte qu’à son habitude pour que la cliente se calme même si Héloïse apprécie que sa « vertu » sois ainsi défendue.

Dame Gergois retrouve son sang-froid en posant sa canne sur le sol pour y prendre appuie d’une main et se masse le bas du dos de l’autre, sa poitrine se soulève exténuée, reprenant doucement son souffle. La couturière retourne son attention vers le Baron qui se frotte le bras comme s’il souhaite juste lisser le tissu de son vêtement. Héloïse s’apprête à prendre de ses nouvelles, à s’enquérir de son bras mais Hector semble se porter comme un charme avouant n’avoir pas ri autant depuis des années.

Tandis que le Baron montre le dessin et révèle les raisons de ses remarques qui ont pu paraitre désobligeantes aux yeux de la cliente au sujet de « cette queue », la couturière va chercher une chaise pour inviter la vieille dame à s’y assoir et celle-ci l’accepte avec plaisir en devant rouge pivoine, gênée par cette méprise.

- Souhaitez-vous un verre d’eau, Madame ? Celle-ci accepte doucement de la tête.

Hector taquine ouvertement dame Gergois sur ses qualités de frappes et elle se renfrogne en murmurant de petites excuses. Héloïse se tourne doucement vers le Baron est lui lance un regard amusé mais s’empêche de rire pour ne pas blesser la cliente.

- Je suis vraiment confuse, Monsieur de Sombrebois… Vous n’êtes pas blessés ? Elle pose doucement sa main sur le bras très certainement endolori du Baron pour s’assurer, par exemple, qu’il ne saigne pas ou que rien ne soit cassé avant de s’écarte pour partir chercher un verre d’eau à la vieille dame.

A son retour, elle tend le verre à Dame Gergois qui boit lentement son contenu retrouvant un tempérament plus calme pour ensuite revenir vers le Baron.

- Pour votre déguisement, je vous promets qu’il sera impressionnant et qu’il vous plaira ! … L’idée d’utiliser de la peau de vision pour votre accessoire, vous plait-elle ? Voulez-vous le voir ? Demande-t-elle en invitant, d’un mouvement délicat de la main, Hector à se rendre à l’arrière-boutique.

- Pour le délai… Pouvez-vous revenir dans deux semaines pour les essayages…. ? Dame De Beauval a très certainement du garder vos mensurations dans notre inventaire… Je vais vérifier. Dit-elle en marchant derrière le Baron avant de se rendre vers un petit bureau pour consulter le cahier ou toutes les mensurations des clients sont annotés et modifiés.

- C’est bon, vous êtes référencés ! Lors des essayes, nous vérifierons ensemble que vous vous sentirez à l’aise dans votre veste et que l’accessoire soit à votre goût ! Je pense m’amuser à réaliser cela pour vous Sir de Sombrebois… C’est fort peu commun ! Dit-elle en souriant avant de tirer un grand tiroir pour dévoiler la peau de bison.

- Cela vous satisfait-il ? … Vous êtes sûr que tout va bien ? Questionne-t-elle en levant les yeux vers lui avant de détourner son regard vers l’épaule du Baron.