Ouvrir une porte réserve parfois l’imprévue. [Pv- Grayle]

Ouvrir une porte réserve parfois l’imprévue.
Grayle x Héloïse Coutrier

Aout 1165

Il fait chaud, horriblement chaud. Héloïse s’évente le visage avec la main après avoir monté la petite rue qui mène à une auberge dans les rues mondaines. Elle reprend son souffle, adossée contre la bâtisse, les bras chargés d’une splendide robe dans les tons ocre. Elle est soigneusement enveloppée dans un tissu gris que la couturière serre contre son ventre tout en levant les yeux vers ce ciel bleu. Le soleil frappe fort et elle se déplace légèrement vers la droite pour se camper à l’ombre, sous un balcon, pendant un moment.

Après avoir retrouvé des palpitations correctes suite à cette montée, d’avoir essuyé son front, son cou et ses mains de transpirations à l'aide de son petit mouchoir en coton, elle monte les quelques marches et pousse la porte de l’auberge et apprécie la fraicheur du hall pour se rapprocher du comptoir de l'établissement.

- Bonjour Monsieur, j’ai rendez-vous avec Dame Renald. Dit-elle en souriant poliment.
- Ah ! Vous êtes la couturière, c’est ça ? Demande la voix rocailleuse du gérant.
- Oui, c’est exact, je suis Héloïse Coutrier, je travaille « au Fil du Temps ». Le patron des lieux la jauge en l’évaluant de haut en bas.
- Dame Renald a du s’absenter un moment mais elle m’a invité à vous laisser monter pour l’attendre dans sa chambre, elle ne devrait pas être longue… Sa chambre est la deuxième à droite. Dit-il en lui montrant les escaliers.
- Merci bien, Monsieur. Dit-elle avant de se diriger vers les marches pour grimper jusqu’à l’étage.

Une fois dans le couloir, elle compte les portes jusqu’à se retrouver devant celle de Dame Renald. Elle l’ouvre doucement mais constate que ce n’est pas une chambre mais un cellier. Le gérant à du confondre sa droite et sa gauche. Héloïse referme doucement la porte et se tourne derrière elle pour ouvrir la porte, qui elle, amène vers une jolie chambre.

Elle observe l’endroit un instant sur le palier, c’est une chambre plutôt spacieuse avec toutes les commodités. Il y a, entre-autre, une commode à sa gauche contre le mur, un lit sans-doute confortable devant-elle, une fenêtre sur la droite qui donne vue sur un petit jardin. Elle se rapproche de la table près de l’ouverture et dépose la robe. Elle s’apprête à la déballer pour éviter qu’elle ne se froisse trop longtemps, mais un bruit venant de la pièce arrête son mouvement, Dame Renard doit être arrivée et Héloïse se prépare à se retourner pour la saluer dans une courte révérence.

Dernière édition par Grayle le Lun 13 Mar 2017 - 23:29, édité 1 fois

Alors que dans le monde moderne, il est coutumier de chanter sous la douche, l'absence de micro à Marbrume a largement freiné cette pratique. Ainsi, les personnes qui, comme Grayle, ont des prétentions artistiques mais pas le courage de les appliquer, se contentent-elles de siffloter. Dans son bain, le jeune homme sifflote donc, écumant l'immense répertoire de chants marins qu'il a appris durant ses jeunes années, à traverser mers et océans sur un navire.

Aujourd'hui est une bonne journée. Pour la première fois, il travaille autre part qu'au bordel. La cliente, une noble, désire être discrète, et a donc fait en sorte d'organiser "l'affaire" dans une taverne, à une chambre réservée sous un faux nom. Grayle, déjà sur place, attend donc sa cliente. Il frictionne sa peau, excité. Il n'a pas souvent eu l'occasion de coucher avec une femme de la noblesse, et il est donc décidé à être le plus propre et odorant possible.

" Tu la reconnaîtra facilement. Une jolie brune aux cheveux longs, habillée comme une femme du peuple. Son mari ne s'occupe plus d'elle, alors elle veut quelqu'un capable de prendre des initiatives. Qui ne la laisse pas s'échapper une pauvre innocente tombée dans ses filets. " lui avait dit la mère maquerelle. Grayle, comme un bon soldat, avait mémoirsé ces précieuses informations.

Il se leva, jetant un oeil à la fenêtre. Le fenêtre tapait fort, et il pouvait voir les gens s'abriter à l'ombre.

* Humpf. Ils ne profitent pas assez du beau temps * pensa t-il alors qu'il essuyait son corps nu et mouillé. Il était à peine sec qu'il entendit la porte de la chambre s'ouvrir. Et bien, elle arrivait tôt ! Il fallait revoir ses plans ! Avec une simple serviette attachée autour de la taille, Grayle franchit la porte séparant le bain du reste de la chambre.

Sa cliente était une superbe brune au visage doux et élégant, ses longs cheveux encadrant sa peau impeccable. Elle était vêtue modestement, comme une simple travailleuse, mais l'oeil expert de Grayle pouvait deviner un superbe corps en dessous. Qu'elle semblait jeune par contre ! Quelle pitié que les vieux croûtons puissent épouser de si jeunes femmes...

Elle le regarda avec des yeux ronds.

* Sans doute ne s'attendait-elle pas à quelqu'un d'aussi bien foutu. * pensa naïvement l'arrogant prostitué. Il lui fit un sourire faussement gêné, avant de cligner de l'oeil.

" Excusez la tenue, je sors de la douche. "

Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, toute rouge. C'était vraiment une grande actrice, pour jouer aussi bien la jeune innocente. Avec la fluidité d'une panthère, il se retrouva en face d'elle, puis la dépassa, fermant la porte avant de la verrouiller dans un geste fluide. Avec douceur, mais sans insistance, il caressa le bas du dos de la brune.

" Grayle, à votre service, comtesse... "

- Bonjo… Commence-t-elle à dire mais sa phrase se meurt dans sa bouche.

Lorsqu’elle se retourne, elle pense tomber sur sa cliente ou un domestique, mais son visage se fige dans la stupéfaction. Les yeux ronds comme des billes, Héloïse fixe cet homme venu de nul part, à moitié nu, si ce n’est complètement. Elle baisse les yeux vers cette seule et unique serviette qui est disposée autour de sa taille dissimulant ce qui doit l’être, dernier rempart de sa nudité. Les joues complètement rouges, Héloïse lève doucement les yeux vers l’intrus et l’observe complètement abasourdie. Le jeune-homme lui offre un sourire espiègle suivit d’un clin d’œil avant de s’excuser pour son accoutrement. La couturière ouvre la bouche mais le son de sa voix reste coincé au fond de sa gorge totalement désemparée devant cette apparition.

Que sa passe-t-il ? Pense-t-elle lorsqu’elle entend le petit cliquetis d’une porte que l’on verrouille. Elle sursaute de surprise lorsque l’homme pose doucement sa main sur le bas de son dos et elle se retourne vivement pour lui faire face.

- A m-on ser-vi-ce ? Com-com-com-tesse ? Dit-elle d’une voix bégayante complètement confuse avant de reculer d’un pas, puis de deux, de trois et de quatre, jusqu’à buter au pied du lit.

Qui est cet homme ? Que fait-il dans la chambre de Dame Renald ? Un méli-mélo de questions s’embrouille dans sa tête, des questions qui restent sans réponses, incapable d’aligner deux mots cohérents. Héloïse est devenue empotée devant son interlocuteur, au point de ne pas savoir ou regarder. Cet inconnu est bien évidemment très bel homme, un corps qui doit ravir plus d’une femme et la couturière a du mal à détourner les yeux.

Jusqu’à ce moment-là ou elle place ses mains pour cacher cette vision. Est-ce à cause d’un courant d’air ? Est-ce qu’elle était juste mal serrée ? Ou est-ce à cause de cette main masculine ? Héloïse n’en sait rien mais la serviette est tombée sur le sol de la chambre.

- Je pense que vous avez perdu quelques choses… Bredouille-t-elle d’une voix basse tout en écartant doucement les doigts car malgré l’embarras, la curiosité est malencontreusement bien présente.

Bien évidemment, mais elle place cela sur la coïncidence, Héloïse fixe l’entre-jambe du jeune-homme et recule encore d’un pas et termine par trébucher sur le lit. La couturière pousse une petite exclamation d’étonnement lorsqu’elle se sent partir en arrière pour se retrouver à fixer le plafond, allongée sur le lit.

Elle cligne plusieurs fois des yeux, posant ses mains sur ses joues rougissantes et chaudes tandis qu'elle essaye tant bien que mal de se remettre les idées en place.

" Oh "

Difficile de faire plus neutre comme réaction, surtout lorsqu'on se retrouve nu. La serviette de Grayle avait glissée, tombant piteusement au sol. Un évènement qui arrangeait bien Grayle, même s'il était, pour une fois, innocent dans la cause de celui-ci. Il n'était pas choqué par son état. Se retrouver en tenue d'Adam devant une femme était devenue chose commune pour lui. La cliente cacha ses yeux et recula, comme intimidée, avant de tomber sur le lit.

C'était vraiment une grande actrice. Avec son numéro de jeune fille intimidée, elle avait trouvée une excuse pour se retrouver sur le lit et se retrouver dans une position vulnérable pour s'offrir à lui, involontairement.

* Quelle perverse... * pensa Grayle en souriant. Les femmes exagéraient toujours un peu...

Il se baissa pour ramasser la serviette, avant de tourner le dos à la jeune femme, pliant le tissu et le déposant sur le dossier d'une chaise. D'un mouvement, il montrait le reste de son corps à la brune, tout en signifiant qu'il était ici pour une raison bien particulière...

" J'espère que vous ne vous êtes pas fait mal en tombant. Laissez moi jeter un oeil... "

Il s’avança vers elle, avant de monter lui aussi sur le lit, se retrouvant au dessus d'elle, nu comme un ver. Un ver, néanmoins, avec une énorme érection. Cette femme lui plaisait, avec son visage parfait, sa mine à la fois paniquée et excitée, et ce visage rouge de honte, qu'il caressa avec une infinie douceur.

" Vous ne semblez pas blessée. Cependant... "

Il se pencha sur elle, le visage extrêmement proche du sien, glissant le long de sa joue, pour chuchoter de sa voix brûlante à son oreille.

" Par une telle chaleur, il n'est pas prudent de s'habiller autant... " Sans lui demander son autorisation, mais sans être brutal, ll lui lécha le lobe d'oreille. " Vous n'êtes pas d'accord ? "

Sans attend sa réponse, il embrassa délicatement sa gorge. Ses mains, elles n'étaient pas restées inactives. L'une, la gauche, avait caressée la poitrine de la jeune femme, qu'il devinait généreuse, avant de descendre, frôlant le fin tissu tout du long, jusqu'à caresser la jambe nue sous la robe féminine, que Grayle avait écarté en plaçant ses jambes entre celles de la femme.

L'autre, s'affairait à détacher doucement les fils retenant la robe, avec une agilité proprement scandaleuse. Si elle fermait les yeux, Heloïse aurait pu croire que son vêtement se défaisait de lui-même. Le prostitué se montrait aussi doux que possible pour préparer la suite qui, selon les souhaits de sa cliente, pouvait se révéler bien plus fougueuse...

Elle fixe la poutre apparente et les mains sur ses joues viennent toucher son cou chaud pour ensuite se faufiler vers sa poitrine pour descendre vers son ventre et s’assurer qu’elle ne s’est pas fait mal en tombant sur le lit, malgré la douceur du matelas il y a peu de chance que cela arrive mais elle est parfois si maladroite, qu’elle préfère vérifier. Elle s’apprête à se redresser sur les coudes lorsqu’elle sent le lit s’enfoncer sous le poids de l’homme qui vient la surplomber.

- Que… Dit-elle à peine en déglutissant difficilement en se souvenant que celui-ci est nu et elle peut sentir son érection se plaquer sur le tissu de sa robe, elle ne peut s’imaginer plus rouge qu’elle ne l’était à présent, mais si, cela est possible.

- Hein ? ... Heu… Non je … vais bien. Bredouille-t-elle posant ses paumes sur le drap.

Ses yeux fixent les siens tandis qu’il se détourne pour et sa joue masculine vient doucement caresser la sienne plus douce afin de se réfugier près de son oreille. Il murmure d’une voix chaude, sensuel, presque entêtante des mots qu’elle n’assimile pas le moins du monde trop perturbée par la nudité de cet inconnu.

- Oh ! Prononce-t-elle totalement stupéfaite par le baiser sur sa gorge, il y a bien longtemps qu’on ne l’a pas touché ainsi avec tant de douceur. Perturbée par cette bouche sur sa peau, elle ne prête pas attention à cette main baladeuse qui caresse sa poitrine, dessinant les courbes de son corps pour venir se cacher sous ses jupons. Elle réalise les gestes lorsque cette main tiède, aventureuse, vient effleurer sa jambe nue.

- Arrêtez… ! Je… ! Vous… ! Pas le… droit ! J’v’connais même… pas. Elle s’agite sous lui, ses doigts quittent doucement le drap beige pour venir aussitôt s’accrocher aux épaules du séducteur pour le repousser mais elle remarque que son corsage est ouvert dévoilant la douce vallée de ses seins.

Elle croise les bras sur sa poitrine pour se cacher, il y a bien longtemps qu’un homme ne l’a pas désiré, ni caressé de cette manière. Elle détourne le visage sur le côté très gênée, elle aurait dû réagir plus tôt, elle se sent godiche… et vulnérable, sans doute est-ce la fatigue du travail, la chaleur épouvantable de ce mois d’aout, elle ne s’est guère beaucoup reposée depuis quelques jours.

- Vous êtes l’amant de Dame Renald ? Ne lui êtes-vous pas fidèle ? Réussit-elle à dire, la voix tremblante, car c’est la seule explication possible de trouver cet homme, en serviette, dans la chambre de sa cliente.

Lentement, elle tourne la tête vers lui pour capter son regard et démêler le méli-mélo de cette situation indécente.

Dame Renald ? Grayle n'avait aucune idée de qui était cette personne ? Était-ce une sorte de nom lancé au hasard pour continuer de jouer l'innocente ? Probable, pour Grayle.

Une partie de son esprit lui lançait que le comportement de sa partenaire était suspect et que les choses n'étaient pas ce qu'elles semblaient être. Mais le corps ne voyait que deux choses. Soit il réfléchissait VRAIMENT sur cette situation, et n'avait au final, qu'un embarras et une gêne colossale, soit il faisait l'aveugle et se retrouvait à l'intérieur du corps très accueillant de cette femme. Aussi, Grayle, généralement perspicace et intelligent, fit la sourde oreille à ces signaux alarmant qui signalaient qu'il était tout simplement en train de commettre un viol.

Ou peut-être pas... ? Quoi qu'il en soit, il décida de jouer le jeu. Il embrassa doucement la joue de la jeune femme.

" Exactement... voyez vous, Dame Renald est une femme généreuse. Elle m'a chargé de m'occuper de vous en attendant... "

Il la laissa préparer sa prochaine réplique, continuant d'écarter le corset de la jeune femme, léchant et embrassant sa poitrine exposée. Si elle était encore habillée, la jeune femme avait le corps ouvert aux quatre vents, le tissu de ses vêtements ne cachant plus grand chose. Il la sentit gémir sous ses attentions.

" Vous pouvez m’appeler Grayle... " dit-il dans un souffle, continuant de descendre, ne prêtant pas attention aux mains qui essayaient de agripper. Pour le retenir ? L'encourager ? Il décida de choisir la seconde option. Ses mains aggripèrent les poignets féminins, comme pour la tenir en place.

" Chuut... laissez vous guider. Détendez vous... et profitons du temps que nous avons. "

Son visage disparu sous sa robe. Elle put le sentir faire glisser son bas le long de ses jambes, son souffle chaud. Ses lèvres douces. Et surtout, sa langue humide, habile, et diablement active...

Dame Renald est une femme qui ne s’abaisserait très certainement pas à « offrir » ce genre de cadeau. Totalement perdue par ce qu’il se passe, l’homme en profite pour dénouer sa robe avec agilité offrant ainsi son corps à moitié nu. C’est à cet instant, qu’il fait les présentations mais la couturière n’a pas le temps de répondre qu’il lui bloque les poignets qui essaye en vain de le repousser. Il lui ordonne de se taire dans un petit « chut » qui la laisse pantoise et encore plus idiote lorsqu’elle l’observe partir se cacher sous ses jupons.

- Queee.. Faites-vouuuus ! Arrive-t-elle à dire la voix haut perchée telle le bruit d'une crécelle.

Elle lève une main pour venir battre son dos et le forcer à sortir d’entre ses jambes mais ses doigts se crispent sur le tissu de sa robe et se maintiennent vivement à l'épaule musclé. Ses joues sont cramoisies d’embarras lorsque la langue habile de Grayle vient découvrir son intimité. Sous la surprise, elle lève les fesses et pousse un petit cri très vite atténué par sa main libre qui vient recouvrir sa bouche.

Sa main sur son épaule se cramponne plus fermement tandis qu’il joue avec adresse, papillonnant avec savoir-faire qu’Héloïse en perd toute rationalité, même feu son époux n’avait jamais pratiqué une telle caresse ! Elle étouffe ses petits bruits de plaisir dans sa paume, les paupières fermées cherchant quelques choses qui monte lentement, par mesure, en crescendo. Ses cuisses se refermèrent autour de la tête de Grayle, son bassin remue d’une manière lente et sensuelle et sa peau se réchauffe comme un reste de braises dans une cheminée. Ses gémissements expriment le petit plaisir coupable que lui fait ressentir tandis que ses orteils se crispent sur les mollets musclés de son tortionnaire.

- Encore… Ne vous arrêtez pas… Réussit-elle à dire, les mots entrecoupés, désorientée.

Sa respiration s’embrouille, elle s’accélère proche du précipice et sa tête part en arrière, puis bouge à droite puis à gauche sur l’oreiller la décoiffant, étalant ses cheveux sur le drap. Tout son petit corps se contracte, sa main lâche sa bouche pour venir agripper l’autre épaule de Grayle et un plaisir inédit l’enflamme.

- Gray… Le début de son prénom lui échappe comme pour le remercier de ce qu’il lui offre.

Le temps se suspend sur un petit gémissement singulier avant que tout son corps ne se détende, que ses muscles s’assouplissent pour se fondre dans le matelas. Elle rouvre les yeux lorsque l’homme décide de quitter ses jupons. Elle croise son regard et se retrouve tout simplement muette attendant qu’il s’explique, qu’il lui dise quelques choses, mais ce sont des coups frappés à la porte qui la réveille de sa contemplation.

- Grayle ! Vous êtes là ? Ouvrez-moi ! Rouspète la voix d’une dame derrière le battant.

Héloïse sursaute et essaye de lire les réponses dans les pupilles argentés qui continuent de la fixer.

Grayle, s'il est expressif, n'a généralement pas grand mal à cacher ses émotions lorsqu'il le faut. Mais au moment où quelqu'un se mit à frapper à la porte en l’appelant, il comprit instantanément la situation. Que la belle paysanne dans son lit n'était pas sa cliente, que la vraie cliente attendait, frustrée, et qu'il était dans une situation merdique jusqu'au cou. Il ne répondit pas à sa cliente, son visage devenu pâle comme un linge. Il chuchota tout doucement à sa partenaire, qui se remettait de l'orgasme qu'il lui avait donné.

" Pourquoi est ce que tu ne m'a rien dit ? " dit-il avec un monstrueux culot.

Maintenant il sait qu'elle sait qu'il sait qu'elle sait. Oh, Grayle, tu n'a que des mauvais choix. Cacher la brune et servir ta cliente ? Ne pas répondre et continuer ta partie de jambes en l'air, et laisser ta cliente en plan ? Ta carrière en prendrait un coup. L'esprit pourtant affûté de Grayle, complètement déboussolé par un mélange de panique et d'excitation sexuelle, est au point mort. Il décide qu'il est mieux dans les bras de cette jeune femme à l(odeur enivrante et à la douce voix.

Aussi, il ne bouge pas, lui faisant signe de se taire, avant de poser doucement une de ses mains contre sa bouche.

" Chuuuut... " chuchote t-il tout doucement "Nous ne sommes pas là... "

La porte, verrouillée, rebondissait sous les coups énervés de la cliente.

* Faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte, faites qu'elle parte * répétait sans cesse Grayle dans sa tête. Il était comme un condamné à mort qui veut profiter une dernière fois de son plaisir avant de mourrir. Il voulait rester avec cette jeune femme, au moins un petit moment, peu importe les conséquences qu'il pouvait y avoir pour la suite...

Et, lorsqu'il fixait ses yeux, Grayle était persuadé que la volonté était partagée...

Les lèvres tremblantes, elle observe l’homme, les yeux ronds, encore bien trop perturbée par ce qu’il vient de se passer. Le souffle coupé, elle n’a pas l’aisance d’esprit de lui répondre suite à son reproche. Elle a pourtant essayé de diverses façons de lui faire comprendre qu’elle n’était pas la bonne personne… Ça ne lui a pas empêché de continuer, ce gredin ! Héloïse pose une main sur son cou pour sentir un peu de fraîcheur, remettre un peu d’ordre dans sa tête tandis que les coups à la porte se font plus forts et insistants.

Il doit certainement être contrit d’avoir révélé le métier peu recommandable qu’il exerce, mais il ne doit pas être aussi gêné qu’elle ! Il a sans-doute l’habitude de se cacher sous les jupons des dames et de se trouver dans ce genre de situation complètement embarrassante ! Elle s’apprête à s’exprimer pour mettre un terme à cette affaire délicate, mais il lui met la main sur la bouche, l’interdisant de parler ou d’émettre le moindre son. Elle lui jette un regard déconcerté avant d’être bouchée bée par ses messes basses. Elle fronce les sourcils et lui mord le doigt.

- Bien-sur que nous sommes-là ! Et… N’imaginez pas une seconde que je… je vais.. débourser une piécette pour.. pour... Ses yeux plantés dans les siens, elle n'arrive décidément pas à terminer sa phrase. Elle parle tout bas, dans un murmure sidéré.

Elle observe rapidement la chambre et décide d’aller se cacher derrière le paravent, s’extirpant des bras de cet homme et de ses exploits de fripon. Elle reste cloîtrée derrière cette fine cloison, fermant les yeux, se bouchant les oreilles et se contente d’attendre que le temps passe.

Il passe doucement, très doucement. Mais elle finit par se retrouver seul dans la chambre. Lorsqu’elle s’en rend compte, elle sort de sa cachette et rien ne semble indiquer la parenthèse charnelle dans ces lieux, à part sans-doute les draps froissés.

Héloïse quitte la chambre, l’établissement et marche à vive allure, se promettant d’oublier ses incartades.

[Fin : Après deux ans et cinq mois ! haha ! : o]