Entrainement et rencontre à la Compagnie [PV Ilhanne & Oriane]

Finn avait considéré que la journée de repos accordée par le Capitaine serait l'occasion idéale de profiter de la cour de la Compagnie des Lames pour s'entrainer en compagnie de Ilhanne, voyant là une belle occasion d'à la fois lui montrer son maniement de la claymore et de permettre à la jeune femme de dompter le nouvel arc dont elle avait hérité en même temps que son nouveau statut. La journée était belle et ensoleillée, l'on était en Juillet après les festivités dédiées à Anür et, si l'on avait apprit ce qui était arrivé au Labret où le Duc était alors encore en train d'opérer, l'on ignorait tout à ce jour du futur couvre-feu qui tomberait dans quelques jours sur la cité. La vague de purge suivrait également, mais à l'heure actuelle l'on était encore plongé dans la joie de la fin de la chasse au trésor et c'était bien ainsi, la vie continuant son cours avec une bonne humeur ambiante fragile, mais certaine. La Compagnie des Lames était une bâtisse située dans le quartier de la Hanse que le Capitaine avait racheté pour une bouchée de pain après l'attaque des Fangeux en Janvier, les mercenaires l'ayant retapée en quelques semaines grâce à un effort de travail acharné et quelques missions fructueuses ayant permis d'acheter les matériaux nécessaires. Si à ses débuts en Février, l'endroit était poussiéreux et à moitié en ruine, aujourd'hui c'était une bâtisse au plafond haut, spacieuse à l'intérieur et dont le couloir principal menait à une porte du fond, laquelle donnait sur la cour d'entrainement. Celle-ci était assez grande pour abriter une quarantaine d'hommes à l'aise, le sol était de la terre battue, plus dur que la terre, moins que le sol en pierre, des cibles étaient disposées dans un des coins, indiquant ainsi la partie dédiée au tir, tandis que de l'autre se trouvait des rondins de bois servant aux entrainements à l'épée.

- Ah je crois qu'on est pas les seuls à avoir eu cette idée... Bonjour Oriane !

En pénétrant dans la cour, Finn et Ilhanne avaient pu apercevoir les cheveux roux de la Mercenaire déjà sur place malgré ce jour de repos qui leur était donné, à croire que les membres de la Compagnie les plus récents étaient trop têtus pour savoir quand s'arrêter. Le jeune homme offrit cependant un large sourire à son amie, pas mécontent de la voir bien qu'il n'était pas certain de l'accueil qu'elle ferait à la Milicienne.

- Ilhanne, je te présente Oriane, mon amie. Oriane je te présente Ilhanne, ma... mon aimée.

Allez, ça avait eu du mal à être exprimé sans une légère gêne, mais il fallait bien qu'un jour il se charge des présentations officielles. Bien sûr il avait déjà parlé de cette femme qu'il aimait tant et qui avait le don de le rendre dingue quand il n'avait pas de nouvelles quand elle partait chasser hors de la cité, mais c'était la première fois qu'il la présentait devant qui que ce soit en ces termes. Son "aimée", cela faisait un peu trop romantique pour un mercenaire, non ? Il en aurait presque rougit de gêne, s'il n'avait pas été aussi fier que Ilhanne lui ait accordé son affection et sa confiance. Légèrement tendu, il guetta la rencontre entre les deux femmes, priant secrètement les Trois pour que deux rousses volcaniques ne s'entredéchirent pas au premier regard.

Oriane était là depuis un bon moment, elle était arrivée bien avant que le soleil ait commencé à illuminer la cour de ses premiers rayons. Elle frappait, inlassablement et avec une telle hargne que l'on pouvait légitimement se demander par quel miracle le mannequin tenait encore debout. Peut être parce que tout ici était comme ça. Inébranlable, à l’image de l’homme qui dirigeait tout ça.

La jeune femme se répétait qu’elle avait tord, elle s’en persuadait, très bien d’ailleurs. Elle n’y pouvait rien, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle. Comment avait-elle osé ? Une telle erreur de jugement... Mais à drame sans coupable il était difficile de faire face et dès que son fidèle partenaire s’envolait, elle en profitait. Elle aurait pu pleurer, elle l’avait fait d’ailleurs, mais elle était Oriane, cogner s’avérait plus efficace que toutes les larmes du monde. Un jour, ce secret qui mourrait avec elle ne serait plus qu’un vague souvenir, de brèves images, une odeur, un sentiment, rien de plus.

Oriane sursauta en entendant une voix, elle ne pensait voir personne aujourd’hui. La jeune femme laissa le bras qui tenait l’épée retomber le long de son corps et roula légèrement des épaules pour se soulager.

- Finn !

Un franc sourire illumina le visage d’Oriane, il avait ce pouvoir qu'ont les vrais amis, celui de vous faire rire et de vous faire oublier ce qui vous hantait la seconde d’avant, ou de vous aider à y voir clair, mais pour ça, il fallait parler et ce n’était pas au programme.

Oriane retrouva son regard froid et son expression renfrognée habituelle alors que son attention se portait sur...

- Ilhanne, je te présente Oriane, mon amie. Oriane je te présente Ilhanne, ma... mon aimée.

Elle s'en doutait un peu. Il n'avait pas mentit elle était aussi jolie qu'il le lui avait dit.

- Ton aimée hein ?

Oriane avait répondu du tac au tac, ne laissant à personne le temps d’en placer une. Le regard c’était fait scrutateur, la mercenaire observait la milicienne de haut en bas, s'arrêtant parfois à un détail sur sa tenue, comme si se trouvait là des indices suffisant pour lui apprendre à qui elle avait affaire réellement, au delà de la quasi' déification de son ami. Qui était celle qui avait réussit à conquérir le cœur de Finn ? Finalement, elle arrêta là sa contemplation malpoli pour se tourner à nouveau vers le blond.

- Enfin tu me la présente !

La seule chose qui inquiétait Oriane, malgré les éloges de son ami, soit qu’elle se joue de lui et que ces sentiments ne soient pas aussi sincère que les siens. Finn était quelqu’un d’entier, de terriblement fiable et sincère, le genre d’homme qui tenait du cadeau. Un cadeau qui n'aurait pas mangé pendant des jours pour Ilhanne si elle n'avait pas aboyé. Le méritait-elle ?

- Je manque de politesse, enchantée. Depuis le temps que j'entend parler de vous.

La presque rousse tendit sa main libre en direction de la jeune femme, lui offrant le privilège d'un léger sourire avant de se pencher un peu vers elle.

- Et quel...petit nom, donnez vous à notre bon Finn ?

Oriane passa une main sur son front, essuyant la sueur que des heures de hargnes ne lui avaient pas épargnées, sans plus quitter Ilhanne des yeux.

Cette journée avait commencé étrangement. Plutôt la précédente avait fini complètement à l’opposé de comment elle aurait pu s’achever. Puis celle-ci avait commencé un peu comme la précédente. J’avais pas vraiment l’impression que c’était ma vie, la mienne, en propre. Pourtant, ça l’était, tout disait que ça l’était. Les souvenirs, images, sensations, sentiments.

Marcher dans la ville avait commencé à faire retourner à la normale. Le quartier du marché était moins bondé qu’elle avait pu l’être avant. Je retrouvais un peu les quartiers que j’avais connus, me réapproprier ses ruelles.
Au détour d’une venelle une patrouille de milicien se montra. Des types avec qui j’avais eu le plaisir de me ridiculiser pour les faire se marrer à la demande sur Baltus ce couillon qui avaient visiblement quand même un peu de temps pour nos conneries. La haute silhouette de Finn ne sembla pas vraiment les impressionner, ce qui ne m’étonnait pas vraiment vu leur gabarit à eux. Puis de toute façon je voulais pas qu’on pense que j’avais que penser à la cacher derrière quelqu’un, un homme. Par contre la mienne elle, les avait tout sauf impressionnés.

« Force sur tes petits bras Barrowmer sinon ça glissera pas. »

Indifférentes à leur blague particulièrement potache, j’avais même pas forcé le pas, juste fait comme si les mots étaient jamais sorti de leur bouche.

Plus on approchait de la Hanse, plus on approchait de cette foutue maison, moins j’étais sûre de moi d’un coup. Aller dans un endroit que je connaissais pas, ça me foutait pas les j’ton, mais aller dans un endroit où on risquait de me cuisiner pour en savoir plus sur moi, ça me faisait plus trembler. Ils avaient tant de raisons de me questionner, pourtant hier m’avait bien montré que ça avait l’air d’être le genre de la maison.

On s’aventurait plus loin que j’avais pu le faire toute seule dans le bâtiment. La cour était de grande, certes, même si pas autant que celle de la caserne, surtout moins remplit. Une seule autre âme pour l’instant. Une femme brune tirant sur le roux, comme moi je pouvais être blonde tirant sur le roux. J’avais vite eu l’information que s’était-elle, la fameuse Oriane.

Pas désagréable, mais un peu revêche, enfin possiblement un peu trop franche du collier, ‘fin j’en savais rien c’était que des impressions comme ça à l’entendre.

« Enchantée.»

Je lui avais serré la main, c’était pas un truc habituel chez moi. Pas que j’avais été élevée chez les cochons, sûrement plus qu’on m’accordait pas assez de crédit pour ça.

Sa dernière phrase…
Est-ce que j’avais rougi ? Merde, j’étais sûre que je m’étais empourpré comme une godiche. D’où C’était ses oignons ? Pourquoi j’avais accepté ?
Il avait fallu que ça se passe comme ça, que ça se passe absolument pas comme j’aurais préféré.

« Je … » Quoi ? « … » Mais vraiment, quoi ?! « Euh … par son prénom … je l’appel Finn… en fait. »

Qu’est-ce qu’elle avait cette femme ? Je lui avais même pas encore eu adressé plus de dix mots qu’elle était déjà en train de poser des questions. Semblant se prendre pour sa mère. ‘Fin dans cette éventualité, je préférais assez nettement qu’elle se prenne pour sa mère que pour une autre femme qui pourrait tourner autour d’une belle gueule.

Le groupe de miliciens qu'ils avaient croisés avait eu droit à un regard noir de la part de Finn, qui cependant n'avait pas pipé mot, laissant Ilhanne décider de ce qu'il adviendrait ou non suite à la remarque déplacée qui lui était adressée. Comme une cheffe, elle avait parfaitement géré ça, ne laissant rien paraitre au point qu'on aurait pu croire qu'ils n'avaient rien dit, ou qu'elle n'en avait tout simplement rien à faire. Le jeune homme avait été très fier, mais là encore il s'était abstenu de tout commentaire, se contentant d'un sourire amusé et appréciateur une fois qu'ils eurent dépassés le groupe. Leurs pas les menèrent ainsi à la Compagnie où, à défaut d'une rivalité, c'était des questions pour le moins directes qui attendaient la jeune femme. Oriane, fidèle à elle-même, était ravie de le voir malgré le fait qu'au vu de son état, elle venait sans doute de s'entrainer longuement sans faire de pause, fichue tête de mule. Lui avait osé utiliser le qualificatif d'"aimée" et voilà qu'il allait plus ou moins le regretter. La presque rousse s'était exclamée sur le fait qu'enfin il la lui présentait, se montrant cordiale juste avant de lui demander quel petit nom elle lui attribuait. Ah ça, il ne s'y était pas attendu et avait cligné des paupières avec un air abasourdi, avant de constater que la Milicienne était dans un état assez similaire.

- Non mais... je l'appelle Ilhanne moi aussi tu sais, c'était juste pour te la présenter, que tu saches qui elle était.

Pour un peu il aurait rougit, d'ailleurs est-ce que son visage ne s'était pas légèrement coloré, pas même un tout petit peu ? Possible, mais déjà il se raclait la gorge pour reprendre contenance et s'avançait d'un pas, avisant le mannequin d'entrainement qui semblait avoir beaucoup souffert.

- Fait attention à ne pas nous le casser celui-là, je ne pourrais pas toujours les réparer.

Il sourit en coin, puis se rappelant le pourquoi de leur présence ici, inspira profondément.

- Nous sommes venus pour nous entrainer. Ilhanne a un nouvel arc sur lequel elle doit se faire la main et je voudrais lui montrer la claymore.

Cette longue et large épée qu'il s'était offert il y avait plusieurs mois déjà avec ses premières économies, une arme lourde et difficile à manier avec laquelle il s'était entrainé comme un forcené, apprenant à la maitriser jusqu'à pouvoir l'utiliser avec aisance, à l'image du Capitaine avec Terminus Est. Bien que la claymore ne soit pas aussi massive ou imposante, sans parler du poids, les plus anciens de la Compagnie n'avaient pas manqués de noter, surtout Strakhov, la volonté du jeune homme de se rapprocher de leur mentor en matière de capacité au combat.

- Je vois, je vois. Ca viendra !

Finn ne saurait jamais s’il avait ou non rougit, du moins ne l’apprendrait-il pas d’elle. Le fait est qu’Oriane affichait un franc sourire. Troubler son ami et sa bien aimée comme ça ? La mercenaire s’en amusait un peu à leurs dépens, sans méchanceté toutefois. Ce n’était pas son genre, du moins pas avec lui. Alors encore moins avec celle qu’il aimait sincèrement. Mais c’était trop tentant.

Le regard de la mercenaire vrilla sur le mannequin quand l’homme l’évoqua, retrouvant son sérieux. Il faisait peine à voir, tout comme elle, probablement, mais il était hors de question de montrer ses émotions. Elle se croyait seule pour encore un bon bout de temps et c’était une bonne surprise que de le voir ici, encore plus avec Ilhanne.

- J’ai besoin de m’améliorer, mais ne t’en fais pas, il est aussi déterminé que moi à ne pas tomber aujourd’hui. D’ailleurs, on fait une pause.

Instinctivement la jeune femme focalisa son attention sur l’arc, se rapprochant des deux nouveaux venus.

- Ce n'est pas évident de s’approprier une nouvelle arme, surtout celle-çi.

Comme tout le monde dans cet univers, la jeune femme n’aimait pas trop utiliser une autre arme que la sienne, mais elle prenait le temps de s'entraîner avec d’autres de tailles et de poids différents occasionnellement. Il serait dommage de se faire ouvrir le bide parce qu’on est pas fichu de manier autre chose que sa lame habituelle.

- Vous me permettriez de vous observer ? demanda Oriane à Ilhanne.

Pour ce qui était de la claymore, Oriane avait eu l’occasion d’en voir le maniement régulièrement, ce n’était pas le cas de l’arc. L’air frais arracha un frisson à son corps en sueur alors qu’elle s’éloignait un instant pour récupérer son bouclier qu’elle avait abandonnée près du mannequin.

Finn semblait comme un poisson dans l’eau, après tout, il était chez lui, dans son élément, semblant porche de la brune. Proches, ils en avaient l’air, quelque chose dans leur comportement, quelque chose dans leur façon de se comporter d’un avec l’autre. Quelque chose vaguement familier, quelque chose qui me rassurait un peu.

Elle avait l’air d’être déterminée, du genre combatif, qui ne se laissait jamais rien l’empêcher d’avoir ce qu’elle voulait. Ce genre de femme qui arrivait maintenant à se faire une place parmi les hommes, qui arrivaient à se faire voir comme leur égale qu’ils le veuillent ou non. Un jour, peut-être je pourrais être comme ça, finir par ne plus être Barrowmer deux, me faire un prénom, ou à défaut d’un prénom réussir à plus qu’on mette mes capacités en doute à chaque fois que j’osais ouvrir la bouche … ce que je faisais moins pour le coup, enfin ça reviendrait.

« Qu’est-ce qui arrivera ? »

De quoi elle parlait ? Qu’est-ce qui devait arriver ?
L’idée qu’elle savait peut-être quelque chose que j’avais pu ignorer me mettait un peu mal à l’aise d’un coup. Elle parlait de quelque chose qui avait un rapport avec Finn avec elle ?
Oh non je voulais pas imaginer, je voulais pas savoir en fait, c’était rien, rien du tout, juste ma tête qui partait encore trop loin.

« Oh… euh… oui bien sûre. Enfin vous … tu … ‘fin on me dit pas vraiment vous d’habitude. »

Faire un truc que je savais faire, ça éviterait de rester comme une godiche à me poser des questions qui avait pas besoin d’être posées. J’avais posé ma veste là où y avait un endroit ou visiblement elle gênerait personne. Dans mon dos mon carquois était fixé, que sentait la sangle serrant légèrement ma gorge.

« C’est ma sœur qui m’a mis un arc dans les mains quand j’étais toute t’iote, mais j’ai jamais eu une arme d’aussi bonne qualité dans les mains. »

Un arc et un couteau, l’épée ça avait été pour plus tard, mais ça m’avait jamais vraiment été dans mon intérêt. C’était trop lourd, trop encombrant pas assez rapide. Ma main avait été machinalement chercher les flèches, chatouillant les plumes du bout de leur extrémité abîmée, avant d’en saisir une, n’importe laquelle, ça avait pris qu’un instant, un seul. Elle s’encocha sur la corde. Levant l’arc bandant l’arme, le bois crissa brièvement avant que le bruit sec des doigts laissant le projectile partir.

La cible était un cercle d’entrainement, à l’autre bout de la cour.

Légèrement sur la gauche, mais proche du centre quand même, je commençais à me faire à ça.

« Du coup c’est pas pareil… L’un de vous veut essayer ? »

Sans doute Ilhanne n'avait-elle pas fait le rapprochement, mais la complicité qui existait entre Finn et Oriane ressemblait assez à celle que la presque rousse entretenait avec son amie de la taverne du vieux Charles et nul doute que cela finirait par se faire remarquer, tôt ou tard. En attendant la Mercenaire qui les avaient accueillis semblait déjà vouloir accepter la Milicienne et c'était là une chose des plus rassurantes pour l'ancien artisan qui ne pouvait s'empêcher de songer qu'elle allait certainement vouloir en parler quand il serait rentré pour de bon à la Compagnie ce soir. Déjà les deux femmes, mues par cette sorte de complicité instinctive qui nait entre gens similaires, amorçaient les préparatifs pour une démonstration de tir à l'arc, ce qui semblait plutôt positif pour ce qui avait trait à leur entente. Se plaçant légèrement en retrait pour les observer, croisant les bras en une position d'attente, le jeune homme regarda avec un mélange de fierté, d'admiration et d'amour, Ilhanne qui encochait sa flèche, bandait l'arc, visait et tirait avec une justesse des plus honorables pour qui apprenait à maitriser une nouvelle arme. Lui-même préférait de loin les épées, mais lorsque son aimée leur proposa d'essayer, il haussa les épaules et s'approcha, souriant légèrement pour dissimuler son manque de certitude quant à ses capacités à tirer aussi bien.

- Si tu promet de ne pas rire, je veux bien.

Il saisit doucement l'arc comme s'il s'agissait d'une chose précieuse et préleva une flèche dans le carquois de la belle, lançant un regard à Oriane.

- Et toi aussi hein, tu sais que je préfère les épées.

Ah malheur, si ça se trouvait elle n'allait pas manquer de le charrier, mais il avait vraiment envie d'essayer de faire comme la Milicienne, quand bien même il risquait fort de se tourner en ridicule. Il encocha la flèche sans difficulté grâce aux entrainements que le Capitaine leur avait imposé -chacun d'entre eux devait savoir manier plusieurs armes différentes pour survivre- prit plus de temps pour viser, inspira et expira lentement, profondément, avant de laisser partir la flèche, priant Rikni l'espace d'une brève seconde pour ne pas se couvrir de honte.

Spoiler:

La flèche fila, mais ce fut bien là sa seule réussite car si celle de Ilhanne s'était fichée non loin du centre, sur la gauche, celle de Finn vint se planter au milieu de la partie droite, ce qui ne laissait aucun doute sur le fait que s'il avait fallu viser la tête, la flèche du jeune homme aurait manqué royalement sa cible. Contrarié, le Mercenaire grommela sur son incapacité à manier "ces fichus trucs" et tendit l'arc à Oriane -en espérant qu'elle ne dise trop rien de sa déplorable démonstration- et porta sur Ilhanne un regard moitié bougon, moitié pataud.

- Je ne suis pas très doué avec les armes à distance.

Ce qui lui faisait admirer d'autant plus l'habileté de la jeune femme à qui il adressa un sourire qui se voulait encourageant à son égard : allez, on allait pas trop le charrier non pas ? Se tournant vers sa collègue et amie, il entreprit de voir comment elle allait s'en sortir de son côté.

Elle avait l’air un peu plus à l’aise, juste à peu en évoquant l’origine de son maniement de l’arc. Avec un sérieux retrouvé, la mercenaire l’avait regardé faire. Sortir une flèche, l'encocher, tirer, gagner. Si la jeune femme n’avait pas sourit, elle avait hoché doucement la tête, doucement, positivement. Pour elle c’était déjà un exploit. Suffisant pour traverser une fesse sur deux d’un postérieur ennemi. C’était l’essentiel.

Ça avait l’air presque facile à regarder là comme ça, mais elle savait bien que ce n’était pas le cas et, Oriane étant Oriane, voyait l’humiliation lui pendre au nez alors que Finn se débrouillait honorablement. Il fallait qu’elle réussisse à s’approprier la bête le temps d’un tir, il fallait qu’elle fasse mieux que lui, mieux qu’Ilhanne il ne fallait pas trop y compter. C’était devenu un jeu au delà d’un amusement et elle devait donc gagner. Sauver l’honneur. Ou plutôt ce qu’il restait de ce dernier qui avait été plus que mis à l’épreuve…

Un œil dominant ? La presque rousse se retrouva à cligner des yeux, la moue dubitative. Le gauche, il lui semblait du moins. Les pieds bien stables, là comme ça, 3 doigts sur la flèche, lever l’épaule, le coude, tendre la corde et…Pas si mal. Cette fois un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres, légèrement narquois à l’attention de son ami, accompagné d’un petit mouvement de sourcil pédant. En effet, sa flèche s’était fiché un peu au dessus de celle d’Ilhanne. Loin d’être exceptionnel, c’était un tir plus que correct.

- On peut pas être bon partout hein ? On te pardonne.

La jeune femme observait l’arme avec un intérêt curieux.

- Si j’avais le temps, j’aurais presque envie d’apprendre à le manier. Un peu de polyvalence ne me ferait pas de mal. Je suis sûre que vous serez bientôt les meilleurs amis du monde. J’espère qu’on sera dans le même camp très longtemps !

Oriane tendit son arme à la compagne du mercenaire, passant une main dans sa chevelure humide pour la énième fois alors qu’elle reportait son attention sur Finn.

- Allez, c’est ton moment de gloire après ce tout petit échec, impressionne nous. Tu as dis qu’il fallait que tu montres tes talents à ta chère et tendre et moi que j’avais tout le temps de vous regarder.