« ELLE EST OU LA SALLE FILLE DE PUTE »Il était bourré, beurré comme un coin, le père Clahauser. Ce qui sortait de son claque merde retentissait dans le temple. Il avait déjà foutu son poing dans la gueule d’un prêtre qui avait essayé de le calmer et le faire sortir. Qu’il aille brailler des insanités et cuver son tort boyau ailleurs. Mais, du coup le bruit avait couru dans toute la maison des Dieux. C’était le paternel d’Hannah, pas comme si c’était vraiment la première fois qu’il venait. Parasite, morpion accroché à la jupe de la fille comme s'il avait s’agit de celle de sa mère.
« OU QU’ELLE EST LA CATIN »L’heure était très matinale, heureusement le Temple était encore presque vide. Les quelques fidèles qui restaient se regardaient et regardait outré, la loque en train de brailler tandis que les hommes d’église essayaient de le dégager. Il ses débattait ce qu’il pouvait. Ça aurait fait chier devoir faire chercher la milice pour un déchet ivre mot.
Il s’était calmé alors que le pas de la prêtresse avait commencé à résonner dans l’immense espace. A croire qu’il en avait peu, une trouille teintée de soulagement, une trouille que pouvaient avoir les chiards capricieux voyant leur génitrice arrivé, furibonde.
« Loreline n’est pas là. »Hannah avait même pas pris l’insulte pour elle, sachant visiblement que ça s’adressait à la chose qui lui servait de petite sœur. Elle s’était arrêtée devant la petite mêlée qu’avait provoquée Edmond. Il avait la tronche amochée. Ce qui lui arracha à la blonde un sourire légèrement sarcastique un peu satisfait.
« FOUTAISE ! Que le Arthur il m’avait dit qu’elle était sa salope de sœur. J’ai deux mots à lui souffler ! »C’était qu’il était revêche ce matin. Picoler et ressasser toute la nuit, ça aidait pas à adoucir. Pourtant, c’était pas la prêtresse qui allait se laisser impressionner par l’épave qui avait contribué à la mettre sur cette terre.
« Langage. »Qu’ils avaient claqué ses mots alors qu’elle lui prenant le bras pour l’entraîner vers la sortie. Ils avaient l’air calme, posé, marchant lentement. Mais en vraie, elle l’agrippait, le faisait forcer l’allure et la direction. Lui il osait pas moufter, sa gamine elle était quand même au service des Dieux, si l’offenser elle c’était devenue offenser les Dieux .
Dans ma mélasse brumeuse qu’était son esprit parfois il se posait des questions à la con, contradictoires avec ce qu’il avait bien pu faire avant. Pas que l’alcool ça rendait logique en même temps.
« Loreline est bannie… Elle n’est pas là, elle ne peut pas être là et si elle l’était bien entendu qu’elle serait livrée aux autorités compétentes. »Affirmer bien haut, bien fort, qu’on était en accord avec tout le monde pour pas avoir de problèmes. En réalité la Hannah, elle savait très bien ce qui se tramait, surtout elle savait très bien ce qu’elle risquait.
« Mais … »Elle avait toujours l’air de le raccompagner calmement vers la sortie. Puis la blonde s’était penchée à l’oreille du paternel. Les relents d’alcool, de crasse et de sueurs qu’il rédigeait lui flattaient pas vraiment les narines, ‘fin elle voulait pas que tout le monde entende ce qu’elle allait lui dire. C’était pour ça que sa voix était qu’un chuchotis.
« Pas d’mais. D’ailleurs s’tu r’fais comme ça l’portrait à Arthur, j’te jure que t’aura à faire à moi. Maintenant dégage et vas cuver ta merde ailleurs. »Elle la lâcha, s’écarta d’un pas pour s’écarter, rentant moins sa respiration. Puis lui avait un geste de la main qui avait l’air bienveillant, pourtant qui au fond l’était pas tant, pas du tout même. Elle savait ce qui s’était passé, elle avait recueilli son cadet juste avant le couvre-feu, il était pas beau à voir. Pas dur de comprendre qu’il avait échangé des gentillesses avec le vieux.
Tout ça parce que Lore et Jehan avait trouvé le moyen de re-pointer leurs gueules dans la cité. A ce qu’elle avait compris le frangin s’était blessé et ils commençaient à le sentir passé. Ils avaient dû préférer revenir faire soigner ça en ville que dans un village où tout le monde se connaissait. Ici s'ils la jouaient pas si mal ils pouvaient être invisibles. De toute façon, maintenant dans ou hors de la ville Lore était en sursis, et Jehan sûrement aussi.
Dans le bouiboui du Jo', sur le port, la vie avait suivi son court toute la journée, tranquille, sauf pour les occupants de la dernière chambre dans le fond à droite. Le jeune homme Clahauser, il en en tirait une tête, il en chiait. La blessure s’était infectée et l’infection avait une sale gueule. Hannah était déjà venue prodiguer des soins après avoir congédié l’outre trouée. Mais ça aidait pas des masses.
Putain, Jehan, m’laisse pas, sinon j’suis dans la merde…Pas qu’elle était pas dans la merde là, mais elle le serait sûrement plus. Dans le même bateau, dans la même galère.
Assise au bout du lit, la balafrée le regardait, un peu fébrile. Ils avaient essayé de faire baisser sa fièvre toute la journée, ça commençait seulement à faire son effet. C’était calme, y avait que les bruit étouffée de la salle pour venir combler le silence. Du moins jusqu’à ce que la femme du Jo' se ramène, elle était inquiète.
« Lore y’a des miliciens et sont pas là pour boire un verre… »Sous-entendue qu’elle devait dégager se trouver une autre planque pour quelques jours au moins. On savait pas si quelqu’un avait dénoncé, ou si c’était quelque chose de banale, une inspection à la con. Dans tous les cas, ce qui était marqué sur l’avant-bras droit, ça devrait dégager. Pas question de prendre la porte de derrière, pour ça fallait descendre les escaliers. Et si elle tombait nez à nez avec la troupaille . Mauvais plan. Restait la fenêtre.
Le poids plume de la blonde avait pas fait trop de bruit quand elle s’était ramassé en sautant le dernier mètre. La vie dehors ça concevrait pas vraiment. La donzelle ajusta ses manches pour être sûr que le chaland ne verrait rien. Surtout, fallait pas avoir l’air coupable, c’était le meilleur moyen de finir au bout de la corde. La tête haute, la gueule du côté pas avantageux à moitié caché par la tignasse blonde, elle avançait. Sachant pas trop où aller. Une patrouille au bout de la rue la fit se crisper.
Agir normalement, agir normalement…C’était bien de le penser, mais ça suffirait possiblement pas.
Elle bifurqua, la Lore, allant dans une ruelle plutôt passante. Une devanture sortait un peu du lots. Une maison de passe. Quelques catins se languissaient au soleil racolant avec une conviction toute relative. Mais la patouille avait tourné aussi. Sûrement juste là pour impressionner, mais quand même ça commençait à virer à la paranoïa dans la caboche de la balafrée.
« Hey Syl ! Je suis en retard je sais… »Syl, Sylvie, chérie pour les clients, c’était une pute du fameux bordel. Sûrement que la blonde s’était dirigé vers un lieu connu, un lieu où elle trouverait quelqu’un de compatissant qui pourrait l’aider. Quelqu’un du genre de la Sylvie, cette fille elle était trop gentille pour son propre bien, Clahauser le savait et comptait là-dessus à vrai dire. Les miliciens avaient seulement tourné la tête en entendant l’éclat de voix. Puis avait continué leur chemin alors que Loreline prenait le bras de la fleur de pavé pour la ramener vers l’entrée de service comme si elle allait effectivement travailler.
La pute était brune, commune, pas moche, mais pas jolie. Elle avait écarquillé les yeux.
« Lore mais t’es pas …Dans la merde si, j’ai besoin d’un endroit pour quelque jours… »« SYLVIE OUVRE LA PORTE NOM DES DIEUX !!! »
Deux jours que la catin avait prétendu être malade, clouée au lit par une salle fièvre. Mais le tenancier semblait pas bien convaincu. La maquerelle lui avait dit que quelque rumeur parmi les filles qui disaient qu’elle avait pas l’air si souffrante que ça quand elles lui amenaient ses repas.
Coincée, la brune avait entrouvert la porte, prenant l’air fatigué essayant d’avoir l’air le plus mal qu’elle pouvait. Visiblement pas bien convaincant, vu que le gars avait donné un grand coup dans la porte pour l’ouvrir.
« T’as pas vraiment … Bordel de merde C’qui ça ?! »Qu’il avait fait en entant en voyant la tronche de Loreline qui s’était levé d’un coup. Sale reflexe jamais perdu de la vie avec des alcooliques notoires et des violents chroniques. Il avait foutu une tarte sur sa fille de joie puis avait saisi la blonde par le bras.
« T’as essayé d’m’embobiner pour bavasser avec ta copine toute la journée ?! C’est qui elle d’abord ?! »Elle le laissait pas faire la bannie, se débattant essayant de faire lâcher la prise au type qui lui essayait de la remmener contre lui. C’était qu’il avait de la force le salopiaud. À force de gesticuler ça avait bien fini par découvrir la marque de ce qu’elle était. À peine qu’il ‘avait avisé qu’il s’était figé.
« Oh merde … Le gars se retourna sur Sylvie. T’sais dans quelle merde tu nous fou foutue tête vide ? »Elle savait pas quoi dire pas quoi faire, elle était gentille Sylvie, trop gentille, mais pas trop intelligente, ou trop téméraire, un peu trop docile un peu trop lavette. Mais visiblement les emmerdes étaient pas finies. La maquerelle venait de monter les escaliers, prestement.
« Monsieur, il est là. On lui donne quelle fille ? »Le gérant jeta une œillade à la désobéissante, puis à son invité indésirable, qu’il détailla longuement.
C’était quoi l’embrouille ?