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 Errance et déviance (Barral Trell)

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Amance DhelèneBourgeois
Amance Dhelène



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MessageSujet: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 9 Mai 2017 - 22:01
15 octobre 1164

La journée avait été longue, en dépit de la situation alarmante dans laquelle la cité s'enferrait, ceux qui avaient encore les moyens de faire des emplettes semblaient craindre que l'hiver naissant, et qui, il fallait en convenir, s'annonçait particulièrement rude, allait tous les faucher. Dans un effort de dénégation du champ de désespoir qu'était leur réalité quotidienne, bourgeois et nobles, du moins leurs domestiques, s'étaient bousculés pour faire rafistoler en dernière minute les vitres endommagées par la dernière intempérie, il fallait à tout prix se protéger du vent glacé le mieux possible, ne pas céder face aux affres qui allaient en s'intensifiant. Amance était éreinté, ses assistants aussi, ils venaient d'ailleurs de prendre congés et de rentrer chez eux, dehors le soleil avait déjà disparu depuis longtemps, la lune louvoyait entre les nuages pour imposer sa pâle luminescence à l'humeur vespérale.
Mais il était satisfait de sa journée, il n'avait pas eu une minute d'inaction, concentré et appliqué, ses mains, son corps, son esprit avaient été mis à contribution sans relâche, client après client, tâche après tâche. Il se sentait maintenant... las, et ce n'était pas désagréable, c'était ce genre de lassitude qui alanguissait tout son être, une des dernières façons qu'il avait de se sentir encore vivant après... après tout ça.


- Monsieur ?

Alric s'inquiétait pour lui, il s'inquiétait pour tout depuis qu'Amance était devenu aussi fade et indifférent qu'une fleur sèche dans un vieux vase en verre. Une nature morte... Oui, voilà une description qui lui allait comme un gant. Il vivait, mais, sans vie, figé dans le temps comme une fleur sur une toile, incapable d'éclore à nouveau ni de faner réellement, seulement de rester piégé dans sa beauté à la fugacité éternelle, sans espoir de changement. Cette image le fit presque sourire, presque, le masque qui lui servait de visage était devenu trop impassible pour exprimer la moindre émotion, il demeurait lisse... ni bienveillant ni malveillant, ni accueillant, ni repoussant, seulement, compétent. Sa compétence, c'était tout ce qui lui restait, ce qui le forçait à agir, à se lever.

Il répondit d'un geste, signifiant que ça allait.


- Tu peux prendre congé, je vais fermer.

Le garde ne répondit rien, il n'y avait rien de plus à dire, d'ordinaire Amance n'allait nulle part sans lui, ou presque. S'il le renvoyait c'est qu'il avait besoin d'être un peu seul, bien qu'il comprenait, il n'y consentait que de mauvaise grâce. Comme il est difficile de prendre soin des autres sans s'ignorer soi-même. Mais Amance ne s'en voulait pas, Alric ne pouvait rien pour lui, et il n'approuverait pas ce qu'il s’apprêtait à faire.

Il n'eut pas besoin de lever les yeux, le son du carillon à l'entrée l'averti du départ de son garde du corps. Alors, enfin, il daigna se lever de la chaise sur laquelle il s'était affalé une fois la dernière besogne accomplie. Il fit une dernière fois le tour de l'atelier et de la boutique pour vérifier que tout était en ordre, prêt pour une nouvelle journée de labeur. Ses yeux, bien que ternes, inspectaient tout avec une précision et un sens du détail tout artistique, tout ceci était son héritage, et il entendait en prendre soin, pas par respect, mais par amour envers les siens, envers ce qu'on lui avait transmis, offert, pour tout ce temps passé ensemble. Une telle pensée aurait dû lui arracher une larme, mais rien n'affectait plus son âme, ni son cœur depuis l'assinat public des De Sarosse, car comment qualifier autrement un tel acte ? Et pourtant, il s'en fichait bien, il ne les connaissait pas, tout ce qu'il avait vu lui, c'était sa sœur appeler à l'aide sans qu'aucun secourt ne puisse lui parvenir, ce qu'il avait vu, c'était ses parents se faire déchiqueter, sa sœur, dévorée vivante. Une image qui s'était superposée à la réalité pour délivrer sous ses yeux sans émois, un spectacle macabre de cris et de sangs. Un écho de ce qu'il était advenu de siens, quelque part, fort loin de lui. Ce soir-là, l'incertitude avait fait place à la résignation, l'espoir, au néant. Son cœur était mort, et son âme n'exprimait plus rien, ses veines charriaient toujours du sang, mais un sang vide de toute vie humaine, il n'était plus qu'une entité fonctionnelle, et rien de plus.

S'arrachant à ses sombres pensées, il ferma boutique, et descendit la rue en direction du port. Ses pieds le guidaient tout seul, sans qu'il n'ait besoin d'exprimer le moindre commandement. Il n'était pas encore complètement inconscient, il n'allait pas seul à cette heure s'aventurer dans les bas quartiers, il resterait dans le port commercial, ou du moins ce qu'il en subsistait. Il voulait juste voir la mer...

Pourquoi ? Parce que la mer était le domaine d'Anür, la déesse des morts. Enveloppé dans un grand manteau sombre aux motifs pourprés, il demeura là un certain temps, le visage offert aux embruns marins, le regarde perdu dans l'infini de l'horizon, fait d'un mélange incertain de ciel, de ténèbres et de mer. Il faisait froid, mais ça ne l'atteignait pas. L'horizon semblait bondir vers lui à mesure que son regard fixe s'y perdait de plus en plus, il aurait pu y tomber, sombrer dans des abysses inconnus et y disparaître sans laisser de trace, une sorte de délivrance, mais ça ne l'attirait pas. Il se sentit seul... terriblement seul. Rien ne transparaissait sur son visage, ses yeux ouverts ne portaient leur attention sur rien en particulier, ils étaient perdus dans l'immensité de la nuit, son âme ne remuait même pas, tout l'indifférait. Tout... ou presque. Quelque chose d'insidieux s'insinua dans son corps, une envie, un besoin pressant et inexpliqué, un exutoire, un dernier recourt, une échappatoire. Il tourna son regard vers la ville... comme s'il était sûr d'y trouver immédiatement ce qu'il cherchait. Une sorte d'instinct, au-delà de l'espoir, de la raison et de l'attente, quelque chose d'impérieux le gouvernait.


Dernière édition par Amance Dhelène le Sam 10 Juin 2017 - 4:05, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMer 10 Mai 2017 - 16:10
Le borgne était dans sa couchette, seul à bord de son bateau, comme souvent. Le reste de l'équipage était parti faire une courte virée à la taverne ou la tournée des bordels ou les deux à la fois. Lui il n'aimait ni l'un ni l'autre. Pourtant parfois il les accompagnait parce qu'il faisait parti de la bande, pour rester dans l'esprit de groupe qui les unissait lorsqu'ils travaillaient tous ensemble, pour faire semblant aussi d'être normal. Ce soir-là il n'avait pas voulu les suivre. Il n'avait pas la tête à faire la fête. Dehors, au pied des remparts, si on avait l'oreille sensible on pouvait entendre le raclement de leur griffe contre la muraille. Et forcément de plus en plus de monde trouvait refuge dans la cité. On avait limité les sorties en mer pour pouvoir nourrir tout ce surplus de population. La vérité était tout autre. On avait peur qu'un bateau ne revienne à quai rempli de ses choses. Et ça le travaillait ...

"Aller petit file donc la retrouver"

Barral faillit s'étouffer. Comme son capitaine pouvait-il savoir ? Il n'en avait parlé à personne c'était même son jardin secret. Après tout autant laisser croire qu'il s'était entiché d'elle, même si pour le moment elle ne lui servait que de prétexte, il devait quand même reconnaître que passer du temps avec Gisèle lui faisait du bien. Peu importe ce que les autres en pensait.

"Je sais ce que tu ressens, t'as fini par devenir un vrai marin. Vois le bon côté des choses on peut toujours sortir en mer."

Et là son capitaine n'avait pas tord. Pour l'instant. Le vieux loup de mer lui mit une tape amical sur l'épaule et lui rappela d'être à l'heure au petit matin d'une voix ferme mais bienveillante. L'homme l'appelait tout le temps 'petit' même si ça faisait des années qu'il était parmi eux à présent. Il n'était plus ce gamin paumé, il avait fait ses preuves et avait largement sa place à bord, mais il restait tout de même le plus jeune.

Barral quitta donc le navire pour quelques heures. Si dans un premier temps il avait pensé retrouver son amie pour discuter toute la nuit, il n'en fit rien et se laissa aller à errer sans but. Il y était déjà allé à deux reprises ses derniers jours parce que le fait de ne pas partir longtemps en mer le contrariait et réveillait ses bas instincts. Il se dégouttait lui-même. Les lieux de perditions il les connaissait par coeur, longtemps il les avait fréquentés avec assiduité comme un drogué venant chercher sa dose avant d'essayer de s'en éloigner. Mais c'était bien plus fort que lui, le manque revenait toujours, surtout quand il n'avait pas beaucoup d'activité comme en ce moment. Rendre visite à Gisèle c'était le moyen qu'il avait trouvé pour s'en affranchir mais ce soir là, il ne saurait faire taire sa pulsion. Il pouvait s'y rendre les yeux fermés. Avec l'énergie du désespoir il s'obligea encore à résister et il finit par rester sur les quais, à marcher sans but en respirant l'air marin. Quand il aperçut une silhouette inconnue qui en faisait de même.


- Hey! Toi là-bas. Fais attention les bords des quais sont traîtres !

C'était l'endroit rêvé pour un suicide. On ne retrouverait le corps gonflé qu'au petit matin englué dans l'entrelacs des déchets du port et de la cité. Encore une fois il avait parlé sans même réfléchir qu'il pouvait déranger l'homme dans sa recherche de solitude. Parce que si lui était resté ici c'était bien pour ça. Un tête à tête avec la mer sans son capitaine, même s'il l'admirait et le respectait, pour lui tirer les oreilles.
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 16 Mai 2017 - 2:43
Un homme entra dans son champ de vision, interceptant son regard avant qu'il ne se pose sur la ville et ses lanternes nocturnes. Il semblait lui avoir adressé la parole, mais noyé dans ses songes, il n'avait rien perçu d'autres que l'appel de sa chair.

- Plait-il ? Dit-il en clignant des yeux, l'air mi absent, mi perdu.

De la même taille que lui, brun, svelte, un homme normal ; une seule chose retenait l'attention : un bandeau recouvrant son œil droit. Sans aucune raison ni logique particulière Amance le fixa, les yeux grands ouverts, les pupilles dilatées. Ce n'était pas le regard d'un fou, que la Trinité l'en préserve, c'était l'air d'un homme qui ne sait ou poser les yeux car ses pensées sont en désordres, et qui par conséquent regarde tout à la fois.

Il avait la gorge sèche. Il se força a avaler sa salive et cligna des yeux une nouvelle fois, retrouvant le masque d'indifférence qui lui servait de visage ; une pointe d'incertitude en plus. Son flegme avait laisser place à une fièvre ancienne, un écho issu d'un passé qui ne s'était plus manifesté depuis des mois. Il avait envie de tendre le bras vers le visage de cet inconnu, d'effleurer sa peau, d'en parcourir les traits du bout des doigts. Il pouvait presque sentir ses lèvres sur les siennes, la chaleur de son souffle dans son cou. Sans réfléchir son bras s'était levé, il avait amorcé son geste. C'est dans un sursaut qu'il se reprit, reculant vivement d'un pas, comme un serpent qui se rétracte après avoir frappé.

Il fixait toujours l'homme, une question sans réponse se lisait sur son visage. Aussi précaire que son équilibre. Il n'y avait qu'une moitié de quais sous son pied ; son corps ne semblait pas décider, allait-il basculer ? le voulait-il ? Et par Anür qui était cet homme ? Que lui avait-il dit ? Sa senestre agrippa un cordage par réflexe, et il demeura là pendant quelques secondes qui lui semblèrent durer une éternité, immobile, à mi chemin entre la chute en arrière, et le plongeon en avant ; il lui suffisait juste de tirer sur son bras gauche, de se propulser vers l'avant, vers... lui. L'accepterait-il dans ses bras ? Et pourquoi diable pensait-il à ça ? Il le voulait... Pourquoi ? Qu'importe...


Dernière édition par Amance Dhelène le Mar 16 Mai 2017 - 18:42, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 16 Mai 2017 - 17:07
L'idiot !, pensa le brun en voyant l'homme agiter les bras comme s'il tentait de prendre son envol. A s'agiter ainsi de la sorte il allait probablement finir par tomber dans l'eau. A l'évidence il ne s'attendait pas à avoir de la compagnie. Barral s'avança vers lui, franchissant la distance qui les séparait en quelques enjambées souples, il tendit le bras avec la ferme intention de l'empêcher de tomber. D'un geste sûr, sa main se referma sur le poignet de l'homme.

- Désolé de t'avoir effrayé.

C'était avant de remarquer le regard étrange, voir même gênant, que l'homme portait sur lui. Il ne s'en était pas vraiment rendu compte dans un premier temps parce que dans l'urgence il s'était employé à le sauver. D'habitude on évitait de croiser son regard. Le cache-œil lui procurait cette aura dangereuse qui suffisait à éloigner les moins courageux.

- Si tu veux prendre un bain t'as pas vraiment choisi le bon endroit.

Ce regard, Barral le connaissait bien, pour avoir eu le même pendant quelques mois, voir peut-être un an. C'était celui de la faim, une faim qui pousse à sauter sur le premier venu pour étancher le manque sans même savoir si l'autre ne se révélera pas être un délateur. A présent il avait appris à dominer ses pulsions. Sa lutte était quotidienne mais il ne voulait pas replonger.

- Viens t’asseoir sur ses caisses.

En repensant à la scène, il se dit pourtant que c'était évident. L'homme avait du l'apercevoir de loin et sa main cherchait non pas à rétablir l'équilibre mais plutôt à l'atteindre lui, à établir un contact. Avait-il jeté son dévolu sur lui par hasard ou bien l'avait-il épié depuis des jours ?

- Ça va mieux, t'es pas du coin toi...

Evidemment pour le faire s'éloigner du bord, il avait du rester proche de l'inconnu pour le guider dans la pénombre. Et le brun avait profité bien malgré lui pour le détailler discrètement en douce, de façon bien moins grossière que le nouveau. Il était même plutôt doué pour se rincer l’œil discrètement s'il tenait à préserver son secret.
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 16 Mai 2017 - 18:34
La scène sans doute dut-elle être comique pour cet inconnu charitable qui lui attrapa le poignet d'un geste sûr, le ramenant sur terre en même temps que sur ses deux pieds.

- Ce n'est pas vous, c'est moi.

Se laissant ramener vers le monde des vivants et de la raison, vers un sol stable et solide surtout, Amance se rendit compte de son erreur. Derrière son flegme radical des derniers mois, la flamme secrète avait couvé en silence. Et aujourd'hui elle s'était imposée à lui sans crier gare alors qu'il s'abandonnait à quelques souvenirs. Que dirait sa sœur si elle le voyait, reprends toi Am, reprends toi et marche droit.

- Veuillez m'excuser...

Il ne s'assit pas sur les caisses comme on le lui proposait, non, il se prit le front entre trois doigts fatigués mais agiles et baissa la tête. Il ferma les yeux un instant, le temps qu'il reprenne le contrôle sur lui-même, et qu'il retrouve la pleine possession de ses moyens. Quelle image de lui-même donnait-il ? En vérité il s'en fichait, il était plutôt préoccupé par son manque de discernement et par la faille béante qui avait fissuré son rempart intérieur si facilement.

- En vérité si, je suis presque chez moi ici. Je me lui laissé happé par quelques souvenirs et la mélancolie d'une époque moins sombre. Je crains que la mer n'est emporté mon esprit quelques instants.

Rouvrant les yeux il regarda son "sauveur", sans détour, les iris claires. L'envie était toujours là, mais mieux cachée à nouveau. Elle grondait savamment juste sous sa peau, comme une flamme en cage qui en lèche les barreaux. Il se mordit la lèvre inférieure, il avait envie d'y céder, terriblement envie.

- Merci...

Que dire de plus ? "Je ne suis pas fou ?" ou "Ne partez pas ?" Pourquoi diantre il fallait que cet inconnu soit à son goût. N'avait-il pas assez à faire, n'était-il pas assez fatigué pour batifoler le soir venu comme un papillon de nuit cherchant à danser autour d'une lanterne. Oui, non, peut-être... Honnêtement il ne savait plus trop où il en était sur le plan personnel, autant ses affaires étaient toujours soigneusement ordonnée, il en allait de la réputation et de l'avenir du commerce familial, autant son cœur et son esprit semblait éteints pour tout le reste. Il n'avait plus pris le temps depuis des mois de s'occuper de lui-même, ni même de se demander ce qu'il voulait, ce qui lui faisait envie. Il avait résolu la question simplement, il n'avait envie de rien.

Et le voilà, sur les quais à la nuit tombée, le corps transis de désir au point d'en perdre l'équilibre, face à un inconnu qui l'attirait, sans aucune protection, et lisible avec ça. Son désir était transparent comme du verre, il n'en doutait pas.


- Voudriez-vous marcher avec moi ?

Il avait parlé sans réfléchir, mais rien de ce qui se passait ce soir n'était le fruit d'une vraie réflexion, il suivait son instinct et ses envies depuis qu'il avait congédié Alric. Depuis son corps était le fruit d'un joyeux chaos, de même que ses pensées qui ne trouvaient plus de prises. Il était ivre à sa façon.

Il fallait qu'il s'éloigne des quais de toute façon, l'étendue plane et sombre qui s'ouvrait sur l'infini ne faisait que le perdre davantage. Il fallait qu'il retourne vers la ville et ses lumières, il fallait que ses pas foulent le pavé solide, il fallait qu'il trouve une endroit au calme pour... Ah... il perdait à nouveau le contrôle, il frissonna de la tête aux pieds et sans attendre de réponse se mit en marche.

Il n'avait pas envie de se présenter, ni de savoir avec qui il était, il avait besoin de compagnie humaine, et si ce n'était lui ce serait un autre. Mais une petite voix lui soufflait que ce serait lui...


Dernière édition par Amance Dhelène le Mar 16 Mai 2017 - 23:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 16 Mai 2017 - 22:51
-Allons, allons, ne t'excuses pas pour si peu..enfin sauf si tu comptais réellement rendre visite aux poissons.

En vérité Barral ne comprenait pas vraiment pourquoi l'homme aux cheveux clairs se confondait en excuse. Qu'importe... il avait quelqu'un avec qui discuter à présent. Il devait bien se l'avouer l'homme l'intriguait de plus en plus. Un petit brin de mystère qu'il appréciait chez ses partenaires et qui appelait à la découverte. Même si cela était défendu...

- Je sais ce que c'est de se faire happer par cette immensité. L'eau est fascinante. Elle ondule. Elle murmure son chant. Ce n'est pas pour rien que c'est le domaine d'Anür. Elle est aussi apaisante. Mais il faut rester prudent. Un trop plein de confiance et elle vous garde à jamais.

Apprivoiser l'élément n'avait pas été une mince affaire. Les premiers temps il avait été malade comme un chien et puis il s'y était habitué, il avait pris ses marques, il aimait sentir le mouvement du bateau quand les vagues venaient caresser sa coque.

Quand il le vit porter une main vers sa tempe Barral le crut souffrant. C'est qu'à se tenir près de lui il aurait juré le voir trembler par instant. Son regard le prit à nouveau au dépourvu. Il eut l'impression d’être frappé de plein fouet par une vague. Ces yeux... Le brun recula d'un pas, son pied heurta la caisse et il se retrouva assis, penaud. Cet homme était le diable en personne. Et il allait vendre son âme au diable. Il sut qu'il n'aurait pas la force suffisante pour résister à ses pulsions.

Et voilà qu'il lui proposait de marcher ensemble. Après tout pourquoi pas. Ce n'était pas interdit de se promener à une heure aussi tardive. Que risquait-il à s'éloigner du port? Pas grand chose. Il était né ici, Marbrume était sa ville, le seul quartier qui lui était interdit était celui de l'Esplanade.


- Où veux-tu aller ?

Une façon comme une autre de lui signifier qu'il n'était pas contre faire un bout de chemin avec lui. Il avait tout son temps avant l'aube. Peut-être qu'en marchant il parviendrait à oublier sa solitude. Ou pas.
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 16 Mai 2017 - 23:37
Trop absorbé par ses propres troubles, Amance ne remarqua qu'à moitié la réaction de son inconnu providentiel. Une part de lui-même ronronna pourtant de plus belle, le prédateur sommeillant en lui se faisait les griffes et se léchait les babines. Malgré une longue pause, ces petits jeux mondains restaient quelque chose qu'il maîtrisait, un aspect de son être récemment laissé en déshérence, et soudainement ravivé par quelques jeux du sort dont les dieux ont le secret.

Il ne répondit pas à sa dernière question, marchant à pas lent mais déterminé, comme une ballade, une ballade ayant un but final bien défini ; ils pouvaient bien feindre l'ignorance, y'avait-il réellement là une place pour le doute quant à l'issue de cette rencontre fortuite ? Fortuite mais chanceuse pensa-t-il à mesure qu'il recouvrait la pleine mesure de ses sens.

Tournant la tête vers ce bel inconnu qui lui tenait compagnie, il se permit un léger sourire, un ourlet salvateur pour l'un, délétère pour l'autre, qui décora joliment ses lèvres à la fois pleines et déliées. Cela faisait trop longtemps que son visage, pourtant si avenant autrefois, n'avait exprimer une telle... émotion. Ce n'était pas grand chose, mais il n'était ni éteint, ni vide, non pas ce soir, ce soir il comptait bien être... empli et contenté.

- Vous êtes marin ? Vous parlez d'elle comme d'une amante, dit il en désignant d'un coup de menton l'étendue d'eau qui s'apprêtait à disparaître au coin d'une bâtisse. Belle, mais sauvage... Accueillante pour qui sait l'écouter, et cruelle quand l'humeur lui prend. C'est tout Anür en effet.

Il le regardait avec une curiosité mêlée d'un intérêt non dissimulé, mais discret. Il ne cherchait pas à le mettre mal à l'aise, seulement à toujours laisser la porte entrouverte... La porte des vices et secrets, la porte qu'il n'avait plus ouvert depuis trop longtemps apparemment, son corps le lui rappelait.

Il nota pour lui-même que la démarche de son compagnon nocturne n'était qu'à peine chaloupée, étant donné le contexte, il devait être à terre depuis un moment.


- Elle vous manque n'est-ce pas ? Ses caresses, ses murmures, sentir l’embrun salé humidifier votre peau... Vivre une aventure ! Pour s’assoupir le soir venu, le corps douloureux, mais rassasié du labeur de la journée.

Il parlait d'une voix claire aux tournures suaves, rien de surfait, ça n'était pas son genre. Les mots lui venaient aisément, les gestes aussi, un léger mouvement de tête, un sourire en coin, un regard furtif.

- J'aime tout ce qui est capable de renvoyer la lumière, ou... de la laisser le traverser.

Les pavés défilaient sous leurs pas tranquilles, inconscients de la tension délicieuse qui se jouait là. Amance se sentait habité par un lui-même qu'il n'avait plus côtoyé depuis trop longtemps, et qu'il était plus que ravi d’accueillir, même si ce n'était que temporaire.


Dernière édition par Amance Dhelène le Ven 9 Juin 2017 - 1:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyJeu 18 Mai 2017 - 19:10
L'homme était perspicace pour avoir deviner en si peu de temps sa profession. Sans doute bien plus instruit que lui l'était. Mis à part l'enseignement religieux il ne connaissait pas grand chose. Son métier il l'avait appris au contact des autres marins à force de pratique et de dur labeur. A présent il avait une certaine expérience mais il considérait qu'il avait toujours à apprendre. Il éclata d'un rire sincère à l'évocation de la mer comme étant une amante.

- On peut dire ça en effet.

Pour le brun qui ne fréquentait qu'une seule femme, et encore, c'était un bien grand mot parce qu'il n'y avait entre eux qu'une amitié sincère malgré sa profession. Il ne la voyait pas autrement qu'en amie. Son rapport à la mer était bien différent. Elle l'avait fait grandir, mûrir,
pour devenir l'homme qu'il était à présent. Dans son malheur, il avait fini par rencontrer la bonne personne qui lui avait donner une chance. Et aujourd'hui encore il restait fidèle à cet équipage qui avait accueilli ce petit gars paumé et craintif qu'il était alors.

Barral écoutait son compagnon parler. Il lui trouvait une voix chantante et pas désagréable à entendre. Son pas s'était accordé au sien, s'arrêtant lorsqu'il le faisait. C'était un balai étrange auquel il se livrait sans en être totalement conscient. L'envie était là. Elle dansait dans ses veines mais il la refoulait à la limite de sa conscience. Pourtant il connaissait l'issu. Mais il avait perdu l'habitude de laisser transparaître ses émotions et donc s'était d'autant plus dur pour lui de se dévoiler.

Il l'observait à la dérober quand l'occasion se présenter. Sa façon de se mouvoir. De parler. Le brun l'épiait sans penser qu'il était lui-même l'objet d'un examen identique. Ce qu'il voyait était harmonieux, bien proportionner et , il devait le reconnaître, lui donner envie de replonger dans ses travers. Il ne demandait pas grand chose, juste une nuit. La question était arriverai-il à ne pas trop l’abîmer.


- Les femmes sont tout autant cruelles...

Lâcha-t-il, cela avait un gout amer dans sa bouche. Il les évitait, les fuyait même. Tout cela à cause d'une seule...mais qui avait causé bien des dégâts.

- Un peu en effet...depuis la Fange ce n'est plus vraiment comme avant. On sort encore en mer mais cela se résume les plus souvent à un rapide aller-retour pour ramener de quoi nourrir la population. Mais ça n'empêche pas de sentir les embruns. Une nuit en pleine mer par contre ça n'a pas son pareil. L'eau ne se comporte jamais de la même façon. On apprend à reconnaître ses caprices aux clapotis des vagues contre la coque.

Le borgne en parlait avec passion. Il était devenu un homme de la mer. Rester trop longtemps à terre était un crève-cœur pour lui. Pour le moment il tenait le coup car il y avait une sortie quotidienne en mer, mais la nuit il se sentait désespérément seul.

- Vous êtes artiste ?

Une pointe de mélancolie dénota dans sa voix grave. Le borgne avait eu un coup de foudre il y a bien longtemps pour un potier itinérant.
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 6 Juin 2017 - 2:14
Quel rire délicieux lui offrait son partenaire nocturne. À la fois viril et naturel, sincère, comme il les aimait. Amance n’aimait pas les hommes trop emballés, ceux qui finissent par s’oublier et ne plus savoir eux-mêmes qui ils sont. L’honnêteté rend vulnérable il est vrai, mais c’est aussi une force quand on sait la manier. N’était-ce pas ce qu’il faisait en modelant le verre incandescent ? Manipuler le réel pour mieux le révéler, et non pas le dissimuler sous des fausses couleurs ? Permettre à la lumière de dévoiler l’essence de ses créations en les traversant, plutôt que les rendre opaques, et fades.

- La vie est cruelle, répondit-il en écho. C’est ce qui fait son charme j’imagine. Les hommes sont plus ennuyeux, ou carrément exaltants, c’est selon...

Il l’écouta parler de la mer, son domaine, avec grand intérêt. Il était toujours curieux des expériences de vie des autres, il disait toujours à sa sœur qu’en écoutant correctement on pouvait se rapprocher des autres, et même s’approprier une part de leur destin.

- Ah oui ? Racontez-moi, que vous a déjà murmuré l’eau la nuit en caressant la coque ? Quels secrets recèle-t-elle ?

Il le regardait avec une sorte de candeur curieuse, ce qui lui donnait un air adorable, plein de fraicheur, ouvert, et attentif. Il voulait réellement en savoir plus, et le plaisir qu’il tirait de sa compagnie et de leur conversation n’en était pas moins tangible.

Sa question le pris au dépourvu et un éclatant sourire fleurit immédiatement sur ses lèvres, illuminant irrémédiablement tout son visage en faisant luire son regard d’un feu secret.


- Comment avez-vous devinez ? Il partit d’un rire léger comme une brise d’été. Oui, je m’attache à créer l’éphémère, aucune de mes créations ne demeure irrémédiablement car la simple course du soleil, de même qu’un pas sur le côté, les révèle tout autre. Je sculpte et je fonds, mais c’est la lumière la véritable maîtresse de mes œuvres, et à travers elle, le regard. N’en est-il pas de même avec nous ? Sous le regard d’autrui, et en fonction de ce qu’on y lit, ou pensons y lire, nous changeons, nous nous révélons autrement, sous des jours différents.

Il parlait à son tour avec passion, faisait des gestes sans s’en rendre compte ; puis arrivé à ce stade de son discours, il tourna lentement les yeux et le regarda en coin de sous ses cils, et parla d’une voix plus basse. Comme la démonstration parfaite de ses dires.

- Ne sommes-nous pas tout autre ce soir ? Simplement parce que vous m’avez vu, et qu’à présent je vous vois tout autant ? Le regard ne fait-il pas tout ? Au-delà de la raison, de nos choix, il parle pour nous et nous révèle mieux que nous ne saurions le faire avec les mots.

Mais qui sommes-nous…
ajouta-il dans un murmure à peine audible adressé à la nuit.

Il lui sourit, et ses doigts effleurèrent les siens comme une erreur, laissant dans le sillage de sa caresse une traînée de braises, sa peau le picotait agréablement…
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyLun 12 Juin 2017 - 18:56
- Personne fit le borgne en réponse aux dernières paroles de l'homme. Ces mots n'avaient été qu'un murmure dans la nuit, mais il avait les oreilles suffisamment entraînées pour les entendre.

Tout comme sa main avait senti cette tentative d'approche subtile. Il aurait bien aimé faire semblant de ne pas y donner trop d'importance. De se dire que ce n'était que le fruit du hasard. Il fit un écart, agitant la main comme pour chasser une petite bête venue le titiller pour tenter de cacher son trouble. Mais c'était bien peu de chose comparé à la sensation qu'il venait d'éprouver. Il avait l'impression que sa main se consumait de l'intérieur, que le feu parcourait ses veine de proche en proche, sans qu'il ne puisse s'y opposer. Comment aurait-il pu ignorer ce brasier alors que tout son être n'était qu'un grand désert sec ?

Sa réaction fut, dans une dernière volonté de lutte, démesurée. Barral s'était arrêté de marcher et sans lui laisser le temps de réagir il l'avait empoigné par le col de son habit le poussant dans l'étroit coupe-gorge. Il le plaqua sans ménagement contre le mur avec l'envie de lui fracasser la gueule.


- Tu n'aurais pas du faire ça ! siffla-t-il. Sa voix résonna dans l'étroite ruelle qui était par chance déserte. Il respirait bruyamment comme si le mouvement lui avait demandé un gros effort. Ce qui n'était pas totalement faux.

- Ne t'avise pas de recommencer. Est-ce clair ?

Barral essayer de l'intimider. Il avait toujours été très mauvais à ce jeu là. La violence, les menaces, se servir de ses poings pour frapper quelqu'un délibérément et de sang-froid n'étaient pas son fort. Mais c'était le seul moyen qu'il avait pour lutter contre son envie. Il raffermie sa prise sur le tissu, et arma son poing.

- Je ne peux pas....

Le coup était bien parti mais au lieu de frapper le jeune artisan au visage sa main n'avait fait qu'un courant d'air et sa paume se trouvait à présent appuyée contre le mur. Barral se tenait la tête légèrement inclinée, la bouche entrouverte. Ces mots sonnaient comme un aveu d'impuissance. Il ne pouvait plus lutter indéfiniment contre ses pulsions. Cela lui demandait trop d'énergie. Et ce soir c'était bien au-delà de ses forces.
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 13 Juin 2017 - 1:32
Amance a toujours été quelqu'un de calme, doté d'un grand sang froid, ce qui, allié à une bonne dextérité, participe de son talent d'artisan. De même qu'en société, il ne se montre jamais excessif, ni colérique, ni hystérique. Et depuis le fléau, cette modération s'était mué en un flegme puissant. C'est pourquoi il ne vacilla pas lorsque le bel inconnu le saisit dans un mouvement presque pulsionnel. Il ne dit rien, et se laissa faire sans résister, une part de lui était surprise, mais une autre semblait le comprendre. Lui-même ne ressentait pas les choses de la même façon, mais il n'avait probablement pas la même histoire, le même vécu, ni la même vie. Il avait fait de ses intérêts intimes un jeu, et il avait eu une partenaire de jeu, en la personne de sa sœur.

Cet homme au cache-œil en revanche, semblait entretenir une relation plus... compliquée, avec lui-même. Il respectait cela, il le comprenait, et d'une certaine façon il le trouvait plus attirant encore, il ne pouvait que l'aimer davantage pour cela.

Acculé contre le mur, prit en étau entre cet homme et la brique, Amance assista à son aveu de défaite, ce n'était pas un aveu de faiblesse, seulement une défaite, une toute petite défaite...

Un. Deux. Trois. Quatre... Il écoutait son cœur battre dans le silence de la venelle, marquer les secondes. Il le regardait, il le fixait intensément, sans bouger, sans émettre le moindre son. Cinq. Six. Sept. Huit... Sa jambe droite, glissa dans un mouvement d'une extrême délicatesse contre celles de son bourreau, un petit geste, léger, aussi délétère que la promesse laissée par ses doigts à peine plus tôt. Neuf. Dix.... Sa main gauche frôla sa cuisse, son flanc, pour se poser sur ce bras tendu qui lui faisait comme une prison, pas pour le repousser, mais au contraire pour le retenir d'une légère pression, comme une invitation. Onze... Ils étaient déjà très prêts, leurs souffles se mêlaient presque, Amance l'attira à lui de sa dextre qui agrippa son col, lentement, très lentement, sans le quitter des yeux, sans ciller ni rompre l'échange intense de leurs regards. Il entrouvrit les lèvres, si prêt... La distance qui les séparait était infime, la porte était ouverte, il ne lui restait plus qu'à en franchir le seuil, s'il le voulait. Est-ce un vrai choix ? Peut-être pas, mais c'était comme ça, à lui de choisir, il n'y aurait pas d'excuse possible après ça.

Me veux-tu ? Cette question muette prenait tout l'espace qui les séparait, elle rendait l'air moite, faisait frissonner leur âme, et frémir leurs corps désireux.
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMar 13 Juin 2017 - 17:41
Qu'attendait-il pour se sauver ou lui en flanquer une ? Barral ne comprenait pas l'absence de réaction. Ce n'était pas normal qu'un homme ne cherche pas à riposter ou à fuir après ce qu'il avait tenté de faire. Aucun mot n'avait été échangé depuis son aveu de faiblesse. Ou plutôt si, la riposte survient mais pas comme il s'y attendait. Le brun en était tout décontenancé. Lentement il releva la tête c'était lui qui songeait à fuir à présent.

Des avances sans détour voilà la cruelle réponse à la violence dont il avait preuve pour se protéger. Pour nier l'évidence. Mais c'était trop tard. Le peu de distance. La proximité de l'autre. Du léger parfum enivrant qui se dégageait. Il ne pouvait plus lutter.

Le premier signe fut ses doigts qui relâchèrent le col malmené. Sa main tomba mollement, le long de son torse jusqu'à son flanc où elle resta immobile et pendante. Comme privé de volonté il se laissa guider vers le mal absolu. Sa conscience tentait bien de lui intimer l'ordre de réagir, de repousser ces choses malsaines qui se profilaient, monopolisant le peu de force qui lui restait. Mais elle n'était pas de tailler à s'opposer aux multiples brasiers qui couvaient dans son corps.

Il ferma les yeux. En vain. C'était même tout l'effet inverse qui se produisait. Son envie était décuplé par le simple fait de penser que juste devant lui se tenait un homme qui avait tout autant d'arguments pour le faire flancher. Juste pour une nuit ? Etait-ce trop demander ?

Et il céda.

Sa main droite glissa de la brique à son épaule. Il la referma, avec sans doute plus de poigne qu'il aurait voulu sous l'effet de son envie, le plaquant résolument contre le mur. Bien plus vivant que jamais. Il avait même l'impression d'être à nouveau lui-même. Pourtant il savait que c'était défendu.

Son oeil marron, à nouveau bien grand ouvert, ne le quitta pas lorsque son visage s'approcha du sien. C'était à la fois si simple de se laisser aller et si compliqué de s'accepter. Sa main gauche se logea sur son flanc avec un peu plus de douceur. Un léger sourire, un peu crispé certes, apparu sur ses lèvres avant de l'embrasser.

Habilement, il évita ses lèvres pour venir déposer un baiser léger contre une veine saillante de son cou avant de remonter vers son oreille gauche pour lui murmurer :


- Pas ici.

Serait-il à la hauteur de ce qu'il avait laissé entrevoir ? Barral pressentait que l'homme serait bien différent de ceux auxquels il avait pu avoir affaire par le passé. Bien entendu sa première expérience en faussait grandement son jugement.
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptyMer 28 Juin 2017 - 3:44
Le feu qui brûlait dans ses veines fut ravivé par les lèvres du borgne qui laissèrent une traînée de braises dans leur sillage. Pas ici, oui, mais cela ressemblait encore trop à une fuite à son goût. Amance l'empêcha de s'éloigner, il l'attira à lui d'une traction assurée et l'embrassa dans une douce et sauvage étreinte qui scella leur sort pour la nuit. C'était un juste retour des choses après sa tentative d’intimidation avortée.

Tout en le relâchant le maître verrier lui décocha un sourire mi amusé mi charmeur. Ce genre de petit jeu lui plaisait énormément, et il ne pouvait le nier, cela lui avait manqué. Ce marin lui plaisait, et il était à lui pour le reste de la nuit, nul doute la dessus.

Quittant la ruelle, Amance saisit sa main au passage.


- Viens !

Il libéra ses doigts dès qu'ils débouchèrent dans la rue qu'ils venaient juste de quitter, inutile d'attirer l'attention, quoiqu'en vérité il avait surtout peur que son audace face fuir sa prise un peu farouche. Cela aurait été bien dommage...

Ignorant les quelques passants tardifs qu'ils pouvaient croiser, il le mena d'un pas sûr et décider dans le dédale de La Hanse. Il n'y avait guère de taverne ou d'auberge dans cette zone du quartier principalement occupée par les artisans, dont son propre atelier ; ce qui expliquait l'animation toute relative de la zone en ces heures tardives. C'était un fait particulièrement appréciable aujourd'hui. Amance avait hésité, où aller ? Il y avait à la fois tellement et si peu de possibilité. Finalement il avait opté pour l'option à la fois la plus simple et la plus dangereuse. Sans doute la conséquence de son état singulier.

Ce n'était pas une folie non-plus, il habitait non loin du quartier commerçant, la demeure familiale des Dhélène comptait parmi les premières habitations respectables à l'Est du Bourg-Levant. Elle n'était pas non plus directement accolé à la zone commerçante elle-même, pour bénéficier de plus de calme et d'intimité, mais elle n'était qu'à deux pâtés de maisons. En clair il n'y avait pas une très grande distance entre l'atelier et le domicile familial.

L'artiste s'assurait régulièrement d'un regard que son beau marin suivait, et il lui souriait de temps en temps, pour l'encourager.

Arrivé devant la grande bâtisse, c'était presque un manoir ne le nions pas, il lui fit signe de se rapprocher pour lui dire à voix basse :


- Tu vois le balcon à l'étage ? Il y'a exactement le même sur la façade opposée, une fois passé la grille d'entrée, contourne le bâtiment, la végétation te cachera, attends quelques minutes que je te fasse signe depuis le balcon, tu n'auras plus qu'à me rejoindre en escaladant la façade. Un jeu d'enfant pour un marin, une vigne grimpante s'est accaparée toute le mur, et il y a la gouttière. juste à côté

Anticipant sur ses craintes il ajouta immédiatement.

- N'ais crainte, je veux seulement éviter que mes gens te voient, mais il n'y a personne d'autre que mon garde et ma servante à l'intérieur et ils nous laisseront tous deux en paix.

Il était passé au tutoiement naturellement depuis leur baiser, cela installait entre eux une certaine complicité, et il se sentait plus proche de lui à présent ; un lien les unissait désormais, aussi éphémère et honnis soit-il, il n'en restait pas moins puissant.

Puis il franchit les grilles en sa compagnie et lui fit signe d'aller se cacher dans les ombres du jardin qui entourait la demeure. Il n'était pas bien large, mais cela donnait à la maison un charme certain, à l'arrière il y avait une peu plus de place, une placette ronde permettait même d'installer une table et quelques chaises. Il y avait passé beaucoup de temps avec sa sœur. Sa chambre donnait justement de ce côté de la maison, et il jouissant de plus d'intimité à cet égard.

Alric devait attendre son retour bien évidemment. Son air neutre refit naturellement surface à mesure qu'il s'avançait vers la porte, si bien que lorsqu'il l'ouvrit et que son garde et presque ami l'accueillit, rien ne trahissait l'excitation réelle qu'il ressentait. Il lui laissa son manteau tout en lui assurant qu'il allait bien et qu'il avait seulement pris un peu l'air avant de rentrer.


- Dis à Tiama de me faire couler un bain chaud veux-tu ? J'ai grand besoin de me délasser de la journée avant d'aller me coucher.

Bonne nuit Alric, à demain.


S'il savait... le goût du risque était un élixir indécent, mais si vivant ! Il gagna l'étage d'un pas tranquille, se retenant de sourire sans raison valable. Passant rapidement dans son cabinet pour y laisser quelques affaires, il se permit de songer à sa bien-aimée sœur un instant. Qu'aurait-elle dit ? Elle aurait adoré l'affaire assurément, et aurait exiger un compte-rendu détaillé de la soirée. Elle lui manquait beaucoup trop.

Lorsqu'il entra dans sa chambre ; une belle pièce meublée avec goût, luxueuse mais pas tape à l’œil, il n'était pas homme à vivre dans le faste outrancier, seulement dans un confort agréable et savamment dosé ; Tiama terminait de remplir le bac d'eau, la vapeur qui s'en élevait en volutes agiles lui donnait follement envie. Mais, avec un peu de compagnie cela promettait d'être encore mieux...


- Merci Tiama, qu'on ne me dérange pas jusqu'à mon levé demain, j'ai besoin d'un peu de calme et de repos.

Inclinant la tête elle sortit en fermant les portes, laissant Amance seul, prêt à recevoir son invité. Il se déshabilla jusqu'aux chausses, abandonnant négligemment ses vêtements à même le sol, avant d'aller ouvrir la porte-fenêtre qui permettait d'accéder au balcon, un bougeoir à la main.

S'avançant dans l'air nocturne, il alla jusqu'à l'angle de sa rambarde et émit un doux sifflement en guise de signal. Il y avait un petite chance pour que son amant ait disparu, mais cela faisait parti du jeu.

Retournant à l'intérieur, il laissa la porte ouverte derrière lui et enleva son dernier vêtement. Nu, il offrait son dos à la vue de son marin censé le rejoindre. La lumière chaleureuse et vacillante des flammes jouant avec les lignes et les courbes de son corps, comme autant de mystères et de délices qui invitaient à l'exploration.
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MessageSujet: Re: Errance et déviance (Barral Trell)   Errance et déviance (Barral Trell) EmptySam 15 Juil 2017 - 15:02
Il avait osé ! Barral prit un air faussement courroucé quand l'artisan l'embrassa - l'homme avait eu le cran de faire ce qu'il n'avait pas voulu faire un instant plus tôt -, mais un léger sourire s'étira sur ses lèvres une fois qu'ils se séparèrent. Temporairement. Le temps de trouver un point de chute.

Le marin lui emboita le pas dans les ruelles de la cité abandonnant son port et la mer avec quand même une certaine crainte. Il se sentait comme un étranger quand il était à terre. Prisonnier de ces remparts ce qui était d'autant plus vrai maintenant que la menace fangeuse était présente. Mais il continuait à le suivre parce qu'il ne pouvait plus se contenter de ce simple baiser à présent. Il voulait plus. Il gardait cependant une légère distance de sécurité, sait-on jamais, et puis ça lui permettait de se délecter de ce petit sourire quand son guide se retournait. Autant que volontairement il traîna quelques fois des pieds rien que pour le voir.

Barral n'avait pas la moindre idée de l'endroit où ils allaient, l'artisan ne semblait pas hésiter, en tout cas c'était certain leur point de chute n'allait pas être une de ces tavernes miséreuses comme il en fréquentait souvent. Leur périple s'acheva devant la plus grande bâtisse qui lui avait été donné de voir après le temple de la Trinité.

-Ici, tu es sur ?

Il était impressionné. Alors c'était là sa demeure. Que de luxe ! Pour lui qui était habitué à la rudesse de sa cabine la perspective de se retrouver à l'intérieur d'une si prestigieuse maison, à ses yeux, parce qu'évidemment il y avait mille fois mieux sur l'esplanade, l'intimidé quelque peu. Qui était donc son mystérieux compagnon ? A croire que le verre rapportait.

Barral écouta les explications. Il trouvait ça curieux et en même temps si exitant d'entrer ainsi comme un voleur, si bien qu'il en oublia de lui demander quel serait le signal.


- Personne ne nous verra.

Fit-il avec un sourire en s'éclipsant suivant les directives se fondant dans la végétation du jardin. Autant dire un exercice pas vraiment fait pour sa grande carcasse, il finit par trouver un arbre qui le dissimuler et attendit le signal. Et si jamais il n'y en avait pas ? L'idée lui avait effleuré l'esprit puis il l'avait vite chassé.

Barral entendit soudain un sifflement digne d'un chant d'oiseau, mais quel genre d'oiseau pouvait-il chanter à une heure aussi tardive ? Il étouffa un rire. C'était forcément le signal ! Grimper le long de la façade fut pour lui un jeu d'enfant, même s'il le fit avec une extrême prudence pour éviter de faire trop de bruit et pour ne pas tomber. Il enjamba la balustrade avant d’atterrir en souplesse sur le balcon. C'était bien la première fois qu'il se donnait autant de peine pour retrouver un partenaire.

La chambre était à la hauteur de l'extérieur et il se sentit d'un coup un peu de trop dans la pièce. Comme une sorte de fausse note dans une partition. Et puis il le vit, lui, nu de dos comme une invitation à venir l'enlacer.


- Tu vas attraper froid...

Le borgne était quand même un brin frustré de se voir priver de l'effeuiller mais cela ne l'empêcha pas de se glisser dans son dos. D'abord il tendit la main effleurant délicatement la peau dorée et souple de ses doigts abîmés par son travail. A présent qu'il se savait seul, et que personne ne viendrait les déranger, il ne faisait rien pour lutter. C'était mal il le savait mais pouvait-on lutter indéfiniment contre une partie de soi ? C'était au-delà de ses forces. Ses mains se glissèrent de part et d'autre de ses hanches et l'attirant contre lui elles remontèrent le long de son torse sans toutefois l'emprisonner. Barral lui laissait la possibilité de se retourner s'il le souhaitait et c'était un véritable plaisir pour lui que de profiter de ce corps jeune et offert de la sorte à ses caresses.

- Qu'as-tu prévu pour te trouver ainsi ?

Son hôte devait bien avoir une petite idée derrière la tête pour s'être débarrasser de ses vêtements avant qu'il n'entre. A moins qu'il ne soit réellement pressé !
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