Destruction d'Ego [Rumeurs du Costaud élu de Rikni] [Bôdan + Libre]

L'alcool coulait à flot dans cette taverne, ce bruit assourdissant de verres qui s'entrechoquent, ces ivrognes qui boivent pour oublier à quel point ils sont miséreux, que rien ne les sortira de leur propre merde, qu'ils se lavent chaque jour dans la gerbe de leur verre de bière de mauvaise qualité. Bôdan soupirait, pourquoi était-il venu déjà? Observer un mec qui se donnait de l'allure? Fin août, à quelques jours du tournoi de Rikni. Il avait déjà brisé quelques bras, cassé l'espoir de quelques combattants qui espéraient mieux vivre en gagnant ce tournoi. Il faut croire que le monstre humain qui se trouvait à quelques mètres de lui était pire que les fangeux qu'il avait combattu en début d'année. Ca remontait déjà loin, mais les choses n'allaient pas s'arranger, bien au contraire. La ville s'assombrissait de jours en jours, même s'il profile bas, il fallait qu'il redore son blason. S'il était présent, c'était pour mettre une bonne correction à ce type. Il avoisinait les deux mètres, le corps musclé et gras à la fois, cicatrices, hématomes, même s'il avait la même gueule qu'un pain moisi, il était très robuste, à côté, le voleur avec sa taille respectable mais son frêle corps ne faisait pas le poids lors d'un affrontement direct.

La choppe devant lui se vidait lendemain comme le bar des valeureux guerriers qui espéraient vaincre le colosse. Ses pieds bottés en noir tapaient contre le planchers vieillissant de la taverne, l'alcool coulait toujours à flot et un nouvel homme se vit briser une jambe, mettant fin au combat vu son incapacité à agir. Bôdan se redressa sur sa chaise, elle aussi d'un âge avancé, il toisa du regard ceux qui commençaient à parier sur la brute, au bout de quelques jours, les paris se lançaient enfin. Certains semblaient avoir attendu ça comme le saint Graal et le combattant, nommons le Gruld pour lui offrir un pseudonyme à l'image de sa beauté faciale, écrasait tout ce qui venait à lui, les gains étaient de plus en plus modestes.

Son regard décrivit la salle, il y avait un immense lustre, son ombre décrivait l'arène de combat, il était maintenu par deux chaines, toutes deux à l'opposé de l'autre. C'était si simple soupira-t-il, c'n'est pas un lustre qui allait tuer un gaillard comme ça? Il était loin des attaches des chaines, qui d'ailleurs se trouvaient au premier étage et à moitié dans le vide. Plus loin, le bar se trouvait à droite du mur où l'on trouvait la porte d'entrée, trois serveuses qui étaient plus mouillées que les pintes de bières pleines, elles tournaient régulièrement pour amuser la galerie et régaler le regard de ces hommes faibles qui, confus par l'alcool buvaient plus pour les voir s'approcher d'eux et leur claquer les femmes comme un couple d'amant la première nuit, bien évidement celles-ci répondaient avec un air aguicheur, un moyen de garder le client à table afin qu'il boive encore plus en s'imaginant quelques scénarios dénudés.

Un nouveau combattant décida de combattre le Gruld, ses poings vinrent marteler le visage de celui-ci qui osait s'imaginer son égal, voir même son supérieur, il manqua presque d’incruster les reliefs de son visage dans le parquet usé, laissant quelques échardes se planter dans la peau du vaincu. Bôdan détestait voir un homme profiter de sa force pour faire le mal sans servir un idéal pour le peuple et l'intérêt commun. Bôdan ne repartirait pas sans lui avoir brisé jambes et bras, il s'en fit la promesse. Il n'était pas le seul à penser ça, il le ressentait dans cette pièce, cet homme qui se disait supérieur, bénis par "les Dieux", grand champion du futur tournois, il prenait beaucoup trop la confiance et Bôdan en profiterait pour faire chuter de très haut l’ego de cette montagne sans intelligence. Il y avait dans cette pièce des hommes et des femmes qui partageaient la même envie que lui, peut-être trouverait-il des alliés improvisés durant sa tentative.

La porte s'ouvrit, une fois de plus, laissant passer un nouveau client ou peut-être challenger.

[HRP: Je pose juste le décor pour laisser aux gens le temps d'arriver!]