Marbrume


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 Audience auprès d'une couturière [Aelys]

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Yseult de TraquemontChâtelaine
Yseult de Traquemont



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MessageSujet: Audience auprès d'une couturière [Aelys]   Audience auprès d'une couturière [Aelys] EmptyVen 19 Mai 2017 - 23:30
« C'est vraiment n'importe quoi... »
« Ouais. »
« Et puis comment qu'on va la trouver, d'abord ? »
« Le lieutenant a dit d'voir avec la milice. »
« Parce qu'ils ont que ça à foutre tu crois ? »
« Ouais. »
« C'est quoi son nom déjà... Lys du Val ? »
« Aelys de Beauval. »
« J'espère que c'est un sacré brin de femme, que ça vaille le coup ! »
« Reluque pas, il paraît que c'est la promise du sieur de Rivenoire ! Ce type me fout la frousse. »
« Ouais... »

Ainsi parlait-on à l'approche de Marbrume. Ils parlaient comme de vrais troupiers, ces quatre hommes, assez fort pour qu'on les entende deux maisons plus loin ; et ils jetaient aux gens qui croisaient leur regard un sourire menaçant, comme si à eux seuls ils venaient prendre la ville. Ce n'était pas la première fois que des gens de Traquemont faisaient une excursion jusqu'à la Cité Franche, où l'on savait les reconnaître à leur livrée toute de cuir sombre et boueux. Dans les tavernes et les bauges, on avait tendance à les considérer comme des oiseaux de mauvais augure, des fauteurs de trouble, et il fallait bien avouer que plus d'un avait dû être calmé par le guet ducal. C'est qu'ils étaient arrogants en diable, ces énergumènes-là : ils avaient peut-être fini par intégrer le paysage, mais après tout, et bien que des habitants du cru aient fini par les rejoindre, ils n'étaient pas originaires du Morguestanc. Lorsqu'on venait à l'oublier, et bien, il fallait qu'une histoire de rixe ressurgisse, enjolivée, le récit glauque d'une bagarre qu'on tenait de l'ami d'un ami et bien sûr c'était toujours de leur faute si ça avait commencé. De vrais marins, des types à chercher les problèmes, voilà ce qu'ils étaient !

C'est pourquoi la patrouille de miliciens vers laquelle le quatuor à l'apparence sinistre se dirigea ne les accueillit pas avec autre chose qu'un regard froid. Ils n'avaient toutefois pas pu entrer dans la Cité Franche avec leurs armes, alors on ne s'attendait pas à ce qu'ils cherchent véritablement les ennuis. Ils ne le firent pas ; à la place, les soldats demandèrent où ils pourraient bien trouver une couturière dont ils donnèrent le nom - peut-être l'écorchèrent-ils au passage, mais ce n'était pas volontaire.

« Et vous lui voulez quoi, à c'tte couturière ? » s'enquit, rogue, l'homme du duc le plus âgé. C'est qu'il avait trois filles lui-même, et l'idée de voir ces vauriens attifés de noir chercher querelle à une innocente tisserande ne le rendait pas d'humeur jouasse. On ne la lui faisait pas, au vieil Edmond !
« Mais on va pas s'la faire enfin ! » s'emporta en retour le plus jeune des voyous.

Et voilà comment tout avait commencé. Une bagarre avec le guet, qui rossa sans trop de manières ces abrutis des marais avant de les enfermer pour la journée, histoire de leur apprendre qui faisait la loi de ce côté-ci des murailles. Ceux qui eurent la charge de les surveiller, dans leur cellule un peu humide, les jugèrent certes crétins - téméraires, clamaient les intéressés - mais dans le fond, pas méchants. Peut-être la détresse avec laquelle les gens de Traquemont insistèrent qu'ils ne devaient pas être en retard dans leur mission importante, que sinon la châtelaine (on savait laquelle, son nom était connu de la ville et sa réputation aussi) leur ferait à tous la peau de moult horribles façons, apitoya sincèrement la garde. On les libéra aux aurores, en leur conseillant de ne pas les y reprendre.

C'est ainsi que les quatre compères, désarmés, affamés, assoiffés et un peu amochés, finirent à force de persévérance par se présenter devant une bâtisse bien précise. Ou plutôt la troisième, en espérant que celle-ci fût la bonne. Ils frappèrent au battant, faisant fi de l'heure indue, donnant de la voix pour faire bonne mesure :

« Ohé, là-dedans ! On nous a dit qu'on trouverait Lys du Val ici ! Ouvrez, l'affaire est d'importance ! » s'égosilla l'un, dans un parler à l'accent inhabituel.
« Aelys de Beauval, mademoiselle ! » corrigea-t-on non loin d'un ton excédé.
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MessageSujet: Re: Audience auprès d'une couturière [Aelys]   Audience auprès d'une couturière [Aelys] EmptySam 20 Mai 2017 - 19:38
Le soleil dardait à peine ses premiers rayons sur la cité que déjà la fraicheur commençait à disparaitre, laissant percevoir ce que pourrait donner ce jour du début d'automne où les températures étaient encore agréables, mais où un léger vent frisquet indiquait que prochainement il faudrait se couvrir pour de bon. La Hanse était un quartier paisible malgré la Fange qui infestait le royaume du Morguestanc et nombreux étaient ceux qui appréciaient se lever tôt pour entamer leur travail avec une humeur plus ou moins bonne. L'odeur du pain chaud flottait dans les rues, les premiers cris résonnaient tandis que les étals des marchés commençaient à attirer les badauds et l'on ouvrait les volets de bois des maisons bourgeoises, plus ou moins bien conservées après une année de crise. La porte à laquelle les compères frappèrent était propre et bien entretenue, d'une peinture qui ne souffrait d'aucune écaille et qu'on devinait avoir été refaite il y avait quelques mois de cela seulement. Leurs voix avaient été entendue alentours ainsi que par les maitres des lieux, si bien qu'on mit un peu de temps à leur ouvrir et qu'en lieu et place de la servante habituelle, ce fut un homme arborant la quarantaine, à l'air mécontent et avec une épée au côté qui leur ouvrit.

- A-t-on idée de déranger les gens à cette heure en frappant à leur porte comme à celle d'une taverne ?!

L'homme était vêtu d'une tenue de brocard bleu nuit de qualité qui aurait pu le faire passer pour un noble de l'Esplanade, ses cheveux gris encadraient un visage qu'on devinait plus habitué à sourire qu'à s'emporter, cependant le froncement de ses sourcils et le ton assez rauque avec lequel il s'adressa aux hommes ne laissait aucun doute sur son humeur présente. Le fait qu'il soit déjà levé et habillé n'entrait bien entendu pas en ligne de compte.

- Je suis André de Beauval, déclinez vos identités et dites-moi quelle affaire vous amène... surtout dans un tel état.

La colère était partiellement retombée à la vue du piteux état de ceux à qui il s'adressait, malgré tout le bourgeois semblait bien déterminé à défendre sa demeure contre ce qui ressemblait à des crapules venues quérir quelques problèmes à sa fille. Si Eadwin avait souvenance d'un homme bienveillant et tolérant pour son époque, qui l'avait accueillit à bras ouverts, ceux qui étaient en charge d'une mission pour Dame Yseult avaient droit à un tout autre traitement.
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MessageSujet: Re: Audience auprès d'une couturière [Aelys]   Audience auprès d'une couturière [Aelys] EmptyDim 28 Mai 2017 - 9:06
« Dans un tel état ? » s'indigna-t-on à voix basse, plus pour le principe qu'autre chose.

C'est que l'homme qui se rebiffait était peut-être le plus débraillé de tous - non que sa tenue fut négligée, car comme tous les gens d'armes de Traquemont, il arborait une sobre livrée de cuir sombre, certes boueuse, mais très règlementaire par ailleurs. Il était toutefois l'élément véhément du groupe, et la veille la garde avait en bonne partie pris pour cible son nez, seule partie à peu près tendre de son visage en lame de couteau. Un peu de sang séché se devinait dans les narines - il avait eu la bonne idée, une heure plus tôt, de plonger la tête dans un bassin pour en effacer la majeure partie. Avec sa lèvre fendue et ses paupières gonflées, il n'inspirait toutefois pas vraiment confiance.

« Je m'appelle Martial », répondit son voisin avec un soupçon d'amabilité, « et dans l'ordre j'ai l'plaisir de vous annoncer Edouard, Lagier et Conrad. »

Ses compères hochèrent du chef pour accompagner la présentation. Le quatuor n'était que visages blafards, haute taille mince, cheveux noirs et regards un peu sombres. L'un dans l'autre, ils faisaient un peu figure d'épouvantails, avec un quelque chose de lugubre qu'ils cultivaient probablement. Les montagnes arides dont ils étaient natifs leur avait légué un infime accent aux intonations rudes.

« Ceci est pour vous, m'ssire de Beauval. »

Martial, qui semblait de quelques années le plus jeune du lot, ne fouilla qu'un instant dans un repli de son gilet laqué pour en dénicher un carré de cuir soigneusement huilé, qu'il déplia après en avoir dénoué le lacet afin de révéler l'enveloppe ainsi abritée de l'humidité. Celle-ci était fermée d'un sceau arborant les armes de Corbeval - la lignée d'Yseult, bien qu'il était nécessaire de connaître plutôt bien son héraldique pour le savoir -, coulé d'une cire couleur de miel trop collante n'ayant probablement pas été conçue pour cela à l'origine. La lettre qu'elle contenait, tendue à l'intention du chef de famille, était rédigée d'une calligraphie aussi précise que la balance d'un collecteur d'impôts.

« Monsieur André de Beauval,

je vous fais parvenir la présente missive afin que vous consentiez à ce que votre fille, Aelys de Beauval, se présente au si tôt qu'il vous agréera au fort de Traquemont, ceci dans l'intention de permettre à messire Eadwin, chevalier de Rivenoire, de la courtiser comme il se doit. »
Ce n'était pas exactement la raison qui avait motivé Yseult à dépêcher ses coursiers, mais c'était plus agréable pour tout le monde formulé ainsi. Du moins est-ce ce qu'elle avait jugé à l'heure de rédiger le message. « Sachez que les porteurs de cette lettre ont pour tâche de s'assurer de sa sécurité lors de son voyage, aussi bref puisse-t-il être, mais pour des raisons qui vous seront évidentes mademoiselle votre fille ne saurait s'accompagner de plus d'un chaperon, si la chose vous paraît appropriée. » La châtelaine avait songé que c'était un bon prétexte pour que la bourgeoise ne se retrouve pas tout à fait seule en un lieu aussi étranger que Traquemont pouvait lui apparaître.

La dépêche était signée de la devise de Corbeval - « Passion et force d'âme conquièrent le monde » -, ce qui soulignait son caractère impersonnel. L'ensemble était bref, concis, et se sacrifiait davantage au correct qu'à l'affable.

« Et ça pour vot' fille » ajouta Martial en agitant un second pli, scellé de la même façon.

Les larrons profitèrent de la lecture par André de Beauval pour forcer - l'air de rien, bien sûr - le passage et mettre le pied à l'intérieur, où toutefois ils demeurèrent sur le seuil sans trop savoir quel pas faire de plus. Ils connaissaient la pierre froide, les pièces nues du petit bastion dans les marais, les cuisines, les baraquements et les salles de garde. De l'intérieur d'une demeure cossue de la bourgeoisie, d'un salon agréable, d'un séjour meublé avec goût, ils ignoraient absolument tout, et l'on put surprendre plus d'un regard penaud vers leurs propres bottes cerclées de fer et maculées de saleté.

Martial, plus rétif, resta aux côtés de leur hôte et garda dans sa pogne calleuse le papier à l'intention d'Aelys. Il ne le montrait pas ostensiblement, mais son attitude suggérait qu'il ne comptait pas le donner à d'autres mains que celles de la jeune fille, et se contentait d'une expression neutre en attendant que le négociant prît la suite des opérations.

Si un jour on lui avait dit qu'il jouerait les entremetteurs, songea le jeune homme avec une pointe de dérision, il lui aurait ri au nez. Mais bon, ça changeait des battues : il fallait voir le bon côté des choses.
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MessageSujet: Re: Audience auprès d'une couturière [Aelys]   Audience auprès d'une couturière [Aelys] EmptyDim 28 Mai 2017 - 9:59
La vie était certainement rude hors des murs de la cité, mais André de Beauval n'avait guère eu l'occasion de le constater en-dehors de ceux qu'il avait pu croiser au sein de Marbrume. L'homme n'avait jamais quitté l'abri des hautes murailles depuis l'arrivée de la Fange, son épée en main était davantage là pour dissuader que pour réellement verser le sang : il n'était pas un guerrier, quand bien même il était prêt à défendre ses proches avec le même acharnement que n'importe quel porteur d'arme. Sa colère allant en retombant tandis qu'on semblait enfin daigner se présenter un peu plus convenablement, il rengaina d'une main légèrement maladroite pour mieux se saisir de la missive qui lui était adressée, se déplaçant légèrement sur le côté pour laisser le passage et permettre ainsi aux hommes désireux d'entrer de procéder sans le bousculer. La porte de la demeure fut refermée tandis qu'on entendait des pas s'approcher, à mesure que le maitre des lieux parcourait le message en fronçant un peu plus les sourcils à chaque mot. Que voilà bien une façon cavalière de procéder et assez détachée, sans parler des termes choisis.

- Père voyons !

La voix de Aelys résonna dans l'entrée où arrivait soudain la jeune femme d'un pas pressé, vêtue d'une robe d'un vert assortit à ses yeux, lesquels lançaient un regard à mi-chemin entre protestation respectueuse et indignation contenue. Avisant ceux dont elle avait entendu les voix, elle s'arrêta à quelques pas pour les détailler avec une vive attention, ses pupilles notant chaque détail sur leur tenue, leur teint, leur allure générale et, finalement, passa sur chacun de leur visage pour croiser tour à tour leurs regards. La blonde finit par sourire légèrement et inclina poliment la tête, alors même que dans son dos se tenait en retrait leur servante qui la suivait partout depuis quelques temps.

- Ces hommes sont ici sur ordre de la Châtelaine de Traquemont, l'on me dit qu'ils sont venus pour...

- Pour me mener au fort, j'en conviens et me doutais que ce jour viendrait.

Le père de famille sembla soudain passablement fatigué et leva les yeux au ciel avant de désigner la missive qu'il avait en main.

- Je pensais qu'il y aurait plus d'hommes en arme pour t'escorter.

La jeune femme s'approcha d'André et vint lui prendre doucement les mains, opposant à son air inquiet et méfiant un sourire d'une grande tendresse, chargé de cette bienveillance qui avait toujours été le propre sa fille et à laquelle il peinait toujours à résister, comme se plaisait si souvent à le souligner son épouse Catherine. Une chance d'ailleurs pour les messagers qu'elle ne soit pas encore apparue à leur vue, ils avaient encore un instant de répit avant de voir arriver la plus féroce de la maisonnée.

- L'on ne saurait vider un fort pour une simple escorte Père, sinon comment Traquemont combattrait-il la Fange pendant ce temps ?

Un peu d'humour, un peu de taquinerie et beaucoup de douceur, l'homme lâcha un soupir et acquiesça, laissant la chair de sa chair se détourner de lui et s'approcher de ceux qui étaient venus la chercher. D'un regard et d'un signe de tête à l'intention de la servante, Aelys su se faire comprendre de la brune qui disparue en direction de l'étage où se trouvait la chambre de sa maitresse, sachant fort bien ce qu'elle avait à faire après les nombreuses discussions qu'elles avaient pu avoir. Souriant ensuite avec bienveillance à l'intention des hommes d'armes, avisant leurs mines et leurs vêtures, réfléchissant rapidement à la situation ainsi qu'à l'heure qu'il était, la Couturière prit finalement sa décision.

- Messieurs, vous avez sans doute fait un voyage éprouvant et je pense qu'un bon repas ne serait pas de trop. Avez-vous le temps de vous restaurer et de vous reposer un peu ou bien la route sera-t-elle trop longue ?

Elle avait entendu les propos au sujet de la missive détenue par l'un d'eux, mais se garda bien de tendre la main pour la réclamer, laissant le soin au dénommé Martial de la lui tendre une fois qu'il le jugerait opportun. André pour sa part avait relu la -trop- brève missive qui lui était adressée et nul doute qu'il venait de prendre plusieurs années en l'espace de quelques secondes. Il se souvenait de la première fois que sa fille avait quitté l'abri de la cité pour le Labret, lors de la seconde rafle pour des volontaires temporaires afin d'apporter un bref soutien d'artisans au Plateau. Il se souvenait qu'elle avait croisé la route d'un Fangeux, vu des cadavres dépecés et autres joyeusetés qui l'avait faite s'enfermer dans sa chambre durant des jours entiers après son retour. Bien sûr elle avait surmontée ces épreuves et en était sorti grandie, plus mature et plus déterminée que jamais, mais la laisser aller dans un fort cerné par ces monstres ? Pour se faire courtiser loin de leur regard qui plus est ?! Certes le Sir de Rivenoire était un véritable chevalier dont les mérites n'étaient plus à prouver et il avait su jurer de prendre soin d'elle avec une sincérité évidente, nul doute également qu'il protègerait la vertu de sa promise et ne laisserait personne y attenter, mais un père ne pouvait-il donc pas s'inquiéter pour son enfant ? Aelys semblait avoir attendu cet instant depuis toujours et voilà que c'était la confiance du commerçant qui flanchait au moment où il en avait le plus besoin. Ah, qu'il est difficile d'être parent !

- Je puis vous faire préparer quelque chose en cuisine, l'on ne saurait affronter la Fange l'estomac vide.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, André de Beauval leur adressa un sourire manquant de sa bonne humeur habituelle, mais qui ne manquait pas de sincérité pour autant. Si ces hommes étaient ceux envoyés par la Châtelaine pour veiller sur sa fille, alors c'est qu'ils devaient être tout à fait capable malgré leur allure peu engageante. Une voix résonna dans l'escalier et le père s'éclipsa soudain en direction de celui-ci, non sans noter la réponse de leurs invités impromptus concernant le repas, allant rapidement au-devant de son épouse afin de permettre à celle-ci d'être prévenue. Mieux valait qu'elle le soit par son époux que par les hommes d'arme, sans quoi cela risquait fort d'être le scandale assuré. Ainsi Aelys eut-elle quelques instants en tête à tête avec les gens de Traquemont pour échanger sans qu'ils ne soient entendus.
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MessageSujet: Re: Audience auprès d'une couturière [Aelys]   Audience auprès d'une couturière [Aelys] EmptyDim 28 Mai 2017 - 10:39
C'est avec un soupçon d'effroi - et peut-être aussi de compassion masculine - que les gardes assistèrent à la débâcle de l'autorité paternelle face aux armes, si aiguisées, si désarmantes, de sa progéniture. Ils se resserrèrent instinctivement, les épaules des uns et des autres se rapprochant, comme pour mieux se prémunir contre les charmes de la couturière.

Parce qu'elle leur était charmante. Cette blonde mi-grondante, mi-taquine, aux gestes empreints de douceur et de bienveillance, était un contrepoint irréel à leur quotidien froid et parfois sauvage. Dans l'esprit de chacun, et chacun s'interdit avec une égale ferveur de le montrer aux autres - et chacun échoua, car leur admiration se lisait sur leur figure comme le reflet des étoiles à la surface d'un lac -, Aelys leur apparut comme ce que ce monde de chiens pouvait encore avoir d'innocent. Ils se jurèrent, en leur for intérieur, que ce beau brin de fille dont l'élégante joie de vivre leur réchauffait le cœur, n'aurait pas à craindre la moindre petite morsure de Fangeux. Elle leur rappelait à qui son enfant, à qui sa sœur, à qui encore une amour adolescente fugace mais ayant laissé un souvenir ravissant ; ils ne lui résistaient pas davantage que son père, bien que, mâles et fiers, aucun n'en avait vraiment conscience. Non, foin de charme ! Ils étaient juste, en hommes droits et respectables, obligés de s'assurer de son bien-être jusqu'à destination. Ils eussent agi avec la même résolution pour n'importe quelle autre, il n'y avait aucun doute là-dessus.

Martial s'arracha à ses justifications intérieures, ignorant la petite voix qui le raillait, en se raclant la gorge avant de tendre à Aelys le pli qui lui était destiné.

« Voilà pour vous, mam'selle. »

La même écriture précise noircissait le vélin.

« Mademoiselle de Beauval,

malgré mes doutes quant à une alliance entre Eadwin et vous-même, sachez que vous avez touché son cœur. La Trinité m'en soit témoin, pour cela vous avez mon affection, quand bien même ne le montrerai-je vous pas. »


En écrivant ces mots, Yseult s'était intérieurement félicitée que l'encre ne pût absorber la chaleur de ses émotions. Elle en avait eu la gorge nouée, malgré son masque impassible ; le chevalier lui était cher comme s'il était de sa famille, et les dieux savaient combien elle trouvait injuste qu'il n'eût pas trouvé de place dans sa vie pour une épouse. C'était peut-être, en vérité, la main d'Anür qui avait repoussé son mariage, afin qu'il prît femme après la venue de la Fange. Peut-être cela lui avait-il évité une douleur de plus, lui qui en portait déjà tant.

« En fait on aurait pensé partir que d'main... » commença un Edouard qui lorgnait du côté des cuisines - supposé, il déduisait approximativement la chose en fonction de la direction empruntée par le maître des lieux.

À la question de ce dernier sur le repas, ils avaient tous répondu par l'affirmative - certains avec un enthousiasme mal réprimé.

« Si une heure vous est suffisante pour vous préparer, on partirait plutôt aussitôt. Sinon demain, au même horaire » le contredit Martial avec un regard noir. Se retournant vers la tisserande, il devint d'un coup plus prévenant : « Vous faites pas de bile, mam'selle. On connaît la Fange et les marais. Dès que vous marchez à plus qu'une d'mie-douzaine les mordeurs rappliquent ventre à terre. Là, comme on est, c'est bien. »

Il se voulait rassurant. En tous cas, il était sincère : l'escorte, quoique modeste, avait été pensée au mieux.

« Dites, si c'est pas trop indiscret... » Il se racla la gorge encore une fois. « Votre père, là, une épée... mais c'est pas interdit à Marbrume ? »

En fait, à Traquemont, on savait que circuler en ville avec une arme au côté était puni par la loi, à moins de pouvoir justifier la chose professionnellement et légalement parlant. Ce qui, entre autre, alimentait leur dédain pour les citadins. Pour ce qui était d'en avoir une chez soi, ils n'en savaient rien, et la question ne leur avait pas vraiment effleuré l'esprit auparavant.

« Arrête d'embêter la demoiselle du Val avec tes questions », grogna un Edouard soudain très protecteur.

Les deux hommes s'affrontèrent des yeux dans un concours d'aplomb oculaire qui les laissa un long moment sans ciller, avant que finalement tous deux ne se frottent les paupières avec le peu de dignité que l'échange leur laissa. Leurs camarades, si silencieux et vigilants qu'on eût pu les prendre pour deux statues gardiennes issues des mains du même sculpteur, s'étaient disposés dans des coins opposés de la pièce avec le zèle de sentinelles royales.

Yseult, si elle avait été présente, n'aurait pas manqué de regretter qu'Aelys ne se promène pas plus souvent sur les remparts si cela pouvait aider les veilleurs à faire preuve d'un tel cœur à l'ouvrage.

« M'ouais, bon... Vous devriez peut-être prévoir quelques tenues mais sinon, on trouvera ce dont vous avez besoin sur place. » Martial affirma la chose avec plus de véhémence que nécessaire, comme si on risquait de le contredire : « C'est un peu rustique mais c'est un coin très convenable, vous verrez ! »
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MessageSujet: Re: Audience auprès d'une couturière [Aelys]   Audience auprès d'une couturière [Aelys] EmptyDim 28 Mai 2017 - 11:31
Nul doute que si les hommes avaient été connus de André de Beauval, celui-ci aurait sans doute remarqué le changement dans leur comportement et cette soudaine ferveur mal dissimulée, cette petite admiration involontaire dans le regard que lui-même éprouvait envers son unique enfant. Elle avait grandit sans manquer de rien, mais avait toujours eu à cœur d'aider son prochain et cela se ressentait profondément, émanait d'elle sans qu'elle n'y prenne toujours garde, bien qu'elle sache l'utiliser dans certaines situations où convaincre était une nécessité absolue. La missive qui lui fut tendue comportait encore moins de mots que celle adressée à son père, pourtant Aelys prit le temps de la relire sans froncer les sourcils, mais avec cette application que l'on a pour décrypter ce qui se trouvait entre les lignes. Si de prime abord l'on aurait pu trouver le message distant et froid, le sous-entendu qui s'y trouvait était assez réconfortant pour la jeune femme : Eadwin l'aimait sincèrement et la Châtelaine était heureuse de le voir ainsi, elle serait sans doute distante avec la future mariée, mais c'était là son tempérament plus qu'autre chose qui le voulait. La blonde replia délicatement la missive et sourit avec chaleur et ravissement, certaine à présent que sa vie l'attendait désormais à Traquemont et qu'elle y serait acceptée, bon gré mal gré. Les hommes chargés d'assurer sa sécurité évoquèrent quant à eux les différentes possibilités pour le prochain départ, l'un d'eux lorgnant sur les cuisines avec si peu de discrétion qu'un air compatissant passa sur le visage de la fille de Beauval. Elle laissa Martial finir de parler, celui-ci semblant être le meneur du groupe, avant de leur sourire avec gentillesse.

- Vous êtes plus que bienvenus en cette maison et je sais que mon père le pense également. Vous devez être fatigués par la route et le labeur, vous pourrez vous reposer chez nous jusqu'à demain et manger à votre faim, je vous le promet. Je n'ai pas d'impératif pour l'heure du départ, je sais seulement qu'il serait plus aisé de le faire au lever du jour afin de profiter de sa protection pour le trajet.

Les Fangeux craignaient le soleil et ses rayons, même si des rumeurs parlaient de certains si affamés qu'ils osaient quitter l'abri des arbres pour attaquer les voyageurs sur la route, sans parler des bannis et autres brigands. L'on parlait même à présent des pirates qui pillaient les convois passant au bord de mer, lieu jusque-là le plus sûr contre la Fange. Elle ne doutait pas que les quatre hommes qui se trouvaient là étaient tout à fait capables de la protéger, aussi ne faisait-elle preuve d'aucune inquiétude visible, bien au contraire. La question sur l'épée, lui arracha un sourire amusé et elle secoua la tête, profitant du départ de l'intéressé pour répondre.

- Il l'utilisait lors de ses voyages pour son travail, mais je crois ne pas l'avoir vu l'utiliser depuis une éternité. Vous l'avez pris au dépourvu je dois dire.

Elle semblait se retenir de rire un peu, sans méchanceté, trouvant touchante cette réaction de son père prêt à défendre les siens face à des inconnus martelant la porte de leur demeure. L'échange de regard entre les deux hommes d'arme l'avait également amusée, mais voir leurs mines passablement éprouvées lui rappela, malgré ceux qui montaient déjà la garde aux angles de la pièce, qu'ils avaient traversés les marais pour arriver jusqu'à la cité. Elle se jura de faire le tour de la place forte une fois arrivée sitôt qu'on le lui permettrait, afin de se rendre compte par elle-même de la situation dans laquelle vivaient tous ces gens, loin là-bas. Elle n'avait pu voir que le Labret à ses débuts, mais un véritable fort luttant corps et âme contre l'ennemi, c'était certainement tout autre chose. Peut-être eut-elle l'air passablement soucieuse ou trop songeuse, car le dénommé Martial sembla se sentir obligé d'apporter quelques précisions à leur échange.

« M'ouais, bon... Vous devriez peut-être prévoir quelques tenues mais sinon, on trouvera ce dont vous avez besoin sur place. C'est un peu rustique mais c'est un coin très convenable, vous verrez ! »

- Je n'en doute pas et je saurais m'adapter selon les besoins de la vie là-bas. Et puis je suis couturière de métier, je suis sûre que je pourrais apporter mon aide aux habitants de Traquemont d'une façon ou d'une autre.

C'était un peu comme si elle s'était inconsciemment préparée à tout cela ces dernières années, à reprendre les vêtements des pauvres et à faire de guenilles des habits de tous les jours avec les dons fait au Temple, à accepter tout client qui se présentait, quand bien même celui-ci serait désargenté. Il y avait eu ces blessés au Plateau qu'elle avait recousu, ces cadavres également au sein de la cité, décapités, dont il avait fallu rattacher la tête au corps pour des funérailles, Eadwin lui-même qui avait été blessé et qu'elle avait recousu à vif... Aelys porta sur les quatre hommes un regard vert brillant d'intensité et de détermination, alors qu'un sourire confiant et bienveillant éclairait son expression tournée vers eux. Sa servante redescendit les escaliers d'un petit pas rapide, adressa un bref coup d’œil au dénommé Edouard, puis se tourna vers sa maitresse.

- Madame votre Mère est en haut et dit qu'ils peuvent demeurer ici tant qu'ils ôtent leurs chausses. Elle dit qu'elle se joindra à vous pour le repas et a demandé à ce qu'on prépare de quoi nourrir tout le monde.

- Père est avec elle ?

Laura hocha vivement la tête, ayant un regard que la blonde connaissait bien et qui la fit sourire doucement, sachant pertinemment que sa mère devait être en train d'encaisser la nouvelle de son départ de son mieux. Reportant son attention sur les hommes d'arme, elle sourit avec plus d'entrain et de bonne humeur.

- Vous êtes désormais nos invités messieurs. Laura va vous montrer les chambres où vous pourrez vous rafraichir et les vêtements que vous pourrez passer pour le repas.

La servante aux cheveux bruns hocha la tête, un pas en retrait de la Couturière, les parcourant d'un regard à mi-chemin entre curiosité et défiance, avec l'air de dire "Si vous faites des vôtres, vous aurez affaire à moi" ce qui venant d'un petit bout de femme encore jeune pouvait paraitre assez amusant, voir attendrissant.
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MessageSujet: Re: Audience auprès d'une couturière [Aelys]   Audience auprès d'une couturière [Aelys] EmptyMer 31 Mai 2017 - 9:38
Les hommes d'armes se concertèrent rapidement au travers d'un échange de regards dubitatifs. Ils durent parvenir à un accord, puisqu'ils confièrent prudemment leurs bottes boueuses à la servante mais refusèrent (avec plus ou moins de diplomatie) d'ôter leurs frusques noires, ne consentant qu'à se séparer de leurs broignes dans un concert de cliquetis de métal et de grincements de cuir. Il fallait croire qu'ils prirent l'expression de se rafraîchir au pied de la lettre, puisqu'en guise de préparation au repas les trublions se lavèrent les mains et se peignèrent grossièrement, ce qui se résumait surtout à aplanir leurs crinières en bataille à grand renfort de doigts mouillés et de soupirs résignés. C'est donc dans leurs épaisses chaussettes de laine, reprisées avec des points souvent maladroits qu'ils se joignirent au dîner - sur l'initiative de Martial les spadassins avaient eu la décence de retrousser le bas plein de terre de leurs braies, évitant d'en éparpiller partout par la même occasion.

On pouvait les sentir mal à l'aise, de prime abord, dans ce décor cossu auxquels ils étaient étrangers. L'arrivée de la dame des lieux souleva un concert de raclements de chaises et de saluts quelque peu embarrassés ; un observateur attentif eût remarqué qu'ils jetaient régulièrement un coup d’œil vers Aelys, comme pour jauger à l'aune de ses réactions s'ils faisaient à peu près ce qu'il fallait.
Toutefois, lentement, doucement, le quatuor de soldats finit par se détendre. Alors qu'ils attaquaient le souper avec un peu plus d'aplomb, ils finirent par animer les discussions en parlant de plus en plus d'eux-mêmes, de leurs amis, livrant des anecdotes amusantes, quelquefois grossières, souvent bon enfant. Martial le premier, ils se débarrassaient progressivement de leur apparence taciturne pour se révéler, au bout du compte, pas moins agréables que n'importe qui, loin de l'image des traqueurs sinistres qu'ils aimaient à donner.

Leurs hôtes purent ainsi apprendre qu'Edouard était un invétéré joueur de cartes, aussi têtu qu'il était malchanceux, et susceptible avec ça - mais il l'admettait finalement de bon cœur. Lagier et Conrad, visiblement frères d'armes depuis longtemps, avaient une réputation de sérieux qui les mettait systématiquement à l'abri des accusations de mauvais tours et farces qu'ils ne manquaient pas de jouer à leurs amis, répondant aux questions d'un haussement de sourcil particulièrement convaincant dont ils firent la démonstration dans un parfait ensemble ; quant à Martial, surnommé Modèle par les autres à cause de son exemplarité, et bien qu'il fût le plus jeune, se plaignait constamment d'avoir le sentiment de gérer une bande de gamins turbulents lorsqu'on lui attribuait la responsabilité de ce genre de missions. C'était à n'en pas douter, aimait-il grogner, pourquoi il avait ses premiers cheveux blancs à vingt-sept ans.

Bien qu'ils fussent enthousiastes à manger, on pouvait remarquer qu'ils ne se goinfraient pas. Ce n'était pas une question de convenance ou de bien se tenir : mais ils étaient soldats avant tout, et on leur avait appris à ne pas se nourrir plus que de raison. D'ailleurs, au fil des conversations, la famille de Beauval eut l'occasion de comprendre qu'hormis Martial ils avaient tous fait partie de la garde de Corbeval, le fief natal d'Yseult, et qu'elle-même avait été leur capitaine ; et à la façon dont ils en parlaient, ç'avait été une terre régie par la poigne de fer d'un châtelain belliqueux. Lorsqu'ils l'évoquaient, brièvement toujours, c'était avec quelque chose de hanté dans le regard, où se mêlaient les reliquats d'une admiration tenace et des doutes nouveaux quant à ce passé ; mais c'était une expression fugitive qu'ils se hâtaient d'effacer. Ces trois-là paraissaient quelquefois sur le point d'ajouter un détail, de préciser une chose sur leur ancien maître, puis se ravisaient et changeaient maladroitement de sujet.

Vint alors le moment où il apparut plus sage de conclure la soirée s'ils voulaient partir tôt le lendemain ; les reîtres prirent congé avec chaleur et gagnèrent sans faire d'histoire les lits qu'on leur attribua - ils se seraient contentés d'un bout de tapis, à vrai dire, la demeure ne paraissant pas se prêter aux courants d'air.

Ils furent debout avant le soleil. Un hôte matinal les aurait trouvé attablés au même endroit que la veille, échangeant à voix basse sur l'itinéraire et quelques autres précautions où il était notamment question d'orientation et de diversion. Leur humeur sombre les avait repris, à moins qu'il ne s'agisse d'une allure qu'ils se donnaient lorsque les impératifs du service revenaient sur le devant de la scène : ils attendirent que chacun quitta son lit, remercièrent leurs hôtes, les assurèrent non sans gravité que tout se passerait bien - avec leurs mines inquiétantes, ce n'était pas forcément très rassurant - et attendirent dans la rue afin de laisser un peu d'intimité à la famille pour ces moments d'adieux.

Puis, encadrant Aelys, ils se frayèrent un chemin à travers Marbrume. Dans le calme, contrairement à la veille ; ils récupérèrent leurs armes auprès de la milice, aux portes de la ville - deux longues hallebardes pour Lagier et Conrad, une arbalète pour Edouard, et une hache au lourd fer incurvé pour Martial. Ainsi parés, le petit groupe délaissa la cité ducale et ses abords pour gagner les premiers étangs saumâtres des marais.

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MessageSujet: Re: Audience auprès d'une couturière [Aelys]   Audience auprès d'une couturière [Aelys] EmptyJeu 1 Juin 2017 - 9:48
Si Aelys avait déjà entendu sa Mère ordonner que des invités changent de chausses, elle fut cependant assez surprise quand, voyant les hommes se concerter du regard, ils ôtèrent sous ses yeux étonnés leurs bottes et broignes, relevant le bas de leurs chausses boueuses tandis que Laura elle-même en rougissait de gêne. La blonde eut un sourire, mais elle compris qu'ils ne désiraient pas se séparer de leurs possessions quand un peu plus tard ils redescendirent de l'étage sans avoir changé de chausses. Qu'à cela ne tienne, si Catherine fut pour le moins interloquée, André lui avait sourit de bon cœur avec sa fille, tentant ainsi de mettre tout un chacun aussi à l'aise que possible. La Couturière ne manqua pas de remarquer à plusieurs reprises les regards qui lui étaient adressés et elle hochait ainsi régulièrement la tête, discrètement et avec un léger sourire en coin, comme pour assurer ainsi aux hommes d'arme que tout allait pour le mieux malgré le côté singulier de cette situation. La soirée fut au final pleine de bonnes surprises et les anecdotes parfois déplacées firent rire le maitre des lieux qui semblait beaucoup plus à l'aise dans ce genre d'ambiance un peu bon enfant que s'il s'était agit d'un repas plus officiel. La famille de Beauval, dans l'ensemble et la Mère exceptée qui semblait plus guindée, aimait les choses simples et apprécia grandement la compagnie des quatre envoyés de Traquemont, au point que l'on vit même Laura s'attarder à plusieurs reprises près de la chaise de Edouard avec qui elle échangea plusieurs fois à voix basse.

Les quelques rares moments de gravité qui purent se faire sentir durant le repas ne donnèrent lieu à aucune question indiscrète, chacun respectant la volonté d'autrui de ne pas vouloir en dire davantage et si Aelys supposa bien des choses, elle se garda de confier sa pensée à qui que ce soit, sachant pertinemment pour en avoir entendu de vagues rumeurs combien l'ancien maitre de Corbeval avait pu être terrifiant, y compris pour ses propres gens. Chacun mangea à sa faim ce soir-là, sans abus d'un côté comme de l'autre, puis vint l'heure de prendre congé afin que tous puissent se reposer à souhait. En descendant de l'étage au lever du jour, Laura et Aelys trouvèrent le groupe déjà levé et apprêté, discutant à voix basse sur l'itinéraire à emprunter. On s'assura qu'ils aient mangés, puis on fit lever les parents de la Couturière tandis que celle-ci allait se préparer. Les quatre hommes de Traquemont virent redescendre la jeune femme non plus vêtue d'une robe, mais de bottes et de braies noires, surmontées d'une tunique qu'on devinait plus confortable et pratique qu'autre chose. Ses longs cheveux blonds avaient été noués en un chignon serré et elle tenait sur son épaule un sac de toile épaisse contenant ses effets réduits au strict minimum. Les adieux avec ses parents se firent dans la plus stricte intimité, personne ne sachant ce qui avait pu se dire alors, puis la fille de Beauval quitta le domicile familial.

Ce fut un singulier cortège que l'on vit passer dans la Hanse dont les habitants étaient de grands matinaux. Nombreux étaient ceux qui connaissaient "la petite couturière" qui vivait là depuis toujours et qui était réputée pour son talent et sa gentillesse. Ainsi Martial, Conrad, Edouard et Lagier purent-ils entendre des murmures agités et sentir peser sur eux de nombreux regards tout le long de leur chemin menant jusqu'à la Milice aux portes de la ville -où on haussa et fronça plus d'une paire de sourcils et où l'on alla même jusqu'à demander à Aelys si tout allait bien, des fois que ces voyous des marais feraient encore des leurs. N'était-ce pas celle qui confectionnait des vêtements pour les Nobles de l'Esplanade ? Celle qui reprisait les vêtements des pauvres au Temple ? Qu'était-ce donc que ces hommes de Traquemont et où l'emmenait-elle ? Malgré tout ces questionnements, personne ne s'interposa ni n'osa les arrêter dans leur déplacement, si bien qu'une fois les hautes portes de la cité passées, ils étaient désormais seuls avec eux-mêmes, seuls face à la Fange et aux marais qui s'étendaient à perte de vue avec les bois alentours. L'heure de la grande aventure.

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