Marbrume


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 Race inhumaine

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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyJeu 15 Juin 2017 - 13:33
Au milieu de la flotte puante mélangée aux immondices, un cadavre flotte. Face dans l’eau, il schlingue tellement que je répugne à l’idée de voir comment sa peau s’est décomposée. Et pourtant, ils s’y mettent à trois pour tenter de le ramener près du bord. En voyant se démener le passeur, Pierrick et Simonet qui brandissent des perches et tendent les bras pour le récupérer, je ne peux pas m’empêcher de faire trois grands pas qui résonnent dans un écho désagréable tout le long de l’égout, et de crier à voix basse, dans un mélange de hargne et de chuchotement qui est assez étrange.

« Vous faites exprès ?! Bande de malades, on a pas de temps à perdre !
– Il a une aumônière sur lui
, me répond le passeur sans même tourner la tête pour me regarder.
– Vous savez qu’il y a des gens qui habitent les égouts. On peut risquer de tomber sur des condés à tout instant !
– Calmez-vous, « sire ». C’est moi qui navigue dans les souterrains, non ? Je sais faire mon boulot, alors chut. »


Je serre les molaires de côté, et on entend le crépitement du cuir alors que je ferme mon poing. Je pourrais le balancer dans la flotte. Il y a tellement d’étrons et de saletés dans ces eaux puantes, que je suis sûr qu’il en sortirait fangeux, pestiféré, hurlant et jetant ses mains en l’air dans tous les sens. Me faire rabaisser par un gueux ! Le détournement des valeurs et des normes sociales est ce que je regrette le plus de mon bannissement. Et voilà que je me mets à grommeler dans ma barbe, dans des invectives et des vociférations à l’encontre de la roture, et de comment je pourrais tous les trancher avec une main dans le dos et mon épée dans l’autre.

« Pschit ! Ferme ta gueule, « sire » !
Se met à rouspéter Simonet, confrère de bannissement.
– Du nerf ! Je l’ai presque saisi ! Répète le passeur en plein effort, étendant son bras pour se saisir d’un pan du manteau du cadavre. »

Et Simonet tire de son grand bâton, et enfin, le corps se retrouve à flotter et à frapper le bord. Le passeur ne prend pas trop de risque ; Il tire uniquement le manteau. Simonet et Pierrick eux y vont à agripper les membres pour le sortir de la flotte. Ils le renversent, dégoulinant, sur le bord, et je suis obligé de tirer un mouchoir pour me couvrir la bouche et le nez, réprimant l’envie de vomir qui s’empare de moi.
Le cadavre est immonde. Rongé de partout. Le passage dans l’eau a sûrement dû accélérer sa décomposition, et il ressemble à un fangeux. De peur, Pierrick lui balance à la gueule du sel contenu dans un petit sachet qu’il garde autour du cou. Les cristaux se retrouvent dans ses yeux caves, et dans sa bouche ouverte d’où sort des effluves de mort.
Déjà, des rats arrivent en criaillant, impatients à l’idée de se repaître de viande froide.

« Merci pour rien, enculé de noble. Même balancés dans la rue vous continuez de rien foutre, raille Simonet en s’éloignant de dégoût.
– Vous pouvez lui détrousser ce que vous voulez, je m’en tamponne. Le mec pourrait avoir la clé du paradis d’Anür que je le toucherai pas, je réponds avec le mouchoir sur le nez.
– Il n’a pas de ça... Mais une bourse bien pleine. »

Le passeur se lève en faisant sautiller l’aumônière dans la paume de sa main. Je fronce les sourcils. Le fait qu’un homme soit mort et jeté aux égouts sans avoir été volé est un très mauvais signe. Il n’est pas une simple victime de larcin, il est probablement mort d’un meurtre commandité et important. Peut-être que cette charogne puante, c’est un échevin, un centenier, un aristocrate du conseil ducal. Peut-être qu’il est disparu, du jour au lendemain, et qu’on a accusé les fangeux. Le passeur dit qu’il garde la bourse malgré les protestations, mais Simonet et Pierrick ne luttent pas trop et s’octroient plutôt le droit de rapiner le reste ; Ils se battent pour arracher les bagues qui se trouvent sur les doigts calleux et boudinés du corps. Ils lui récupèrent même sa ceinture, ce qui est une très mauvaise idée, car le ventre du corps est gonflé, l’abdomen rempli de liquide, et qu’il est sur le point d’exploser et de répandre sa bile

C’est ça la magie des cadavres. Jetez un animal mort dans la nature, et vous aurez des nécrophages qui arriveront lui bouffer sa chair, ses os et sa peau. Jetez un homme, et même ses parures, ses souvenirs et ses vêtements disparaîtront. Il y a des races d’hommes qui sont inférieures. Il y a des hommes qui naissent naturellement mauvais, immondes, et hirsutes. Je n’en fais pas partie. Je fais tout pour ne pas en faire partie. Parce que dans mes veines, j’ai le sang de la noble famille d’Agrance. Parce que je suis né sous un blason héraldique, qu’un ange m’a bercé, et qu’une femme chaste et pure m’a mis au monde. Les hommes ne naissent pas libres et égaux, il y en a qui grandissent naturellement supérieurs aux autres, parce qu’ils ont le devoir de diriger et de protéger les immondes gueux, même lorsqu’il faut les protéger d’eux-mêmes en les chargeant à dos de cheval. Depuis mon expulsion de Marbrume, la vie est devenue une lutte constante pour garder ma dignité, mon honneur, et ma santé. Vous vous doutez bien que c’est plus compliqué qu’on ne le croit... Non, au bout d’un moment, on baigne dans sa merde, on pue la sueur, et on adopte un langage rustre et mauvais. Petit à petit, je deviens méconnaissable, et je ressemble à Simonet et Pierrick, ces gens laids et méchants, aux nez cassés, aux dents manquantes, aux lames maculées de sang. Ma superbe armure, elle a son surcot arraché de partout, si bien qu’on ne parvient plus à distinguer la maison noble à laquelle je suis censé appartenir. C’est sûrement un mal pour un bien, car je déshonore la famille d’Agrance en la portant.
J’ai besoin que vous compreniez ceci. Et la raison pour laquelle je me retrouve à traverser illégalement les égouts pour parvenir à rentrer dans Marbrume. Je veux retrouver ma dignité. Au moins pour quelques jours.

En quittant les égouts, j’ai été obligé de payer le passeur. Il nous a fait moins payer que je ne pensais, mais là encore, j’ignorais qu’est-ce que c’était les prix pour entrer dans Marbrume. Peut-être que depuis l’interdiction du bannissement il y a moins de raisons de traîner dans les souterrains, donc moins de clientèle, moins de profit, donc baisse de prix. En réalité, je pense que c’est surtout parce que je lui ai promis non seulement d’entrer dans Marbrume, mais également d’en partir. Et l’Esplanade, ça manque pas de bijoux, de dorures, de trucs que l’on peut vendre. Il me suffira de chaparder un chandelier ou une chevalière, tant que j’y serai.
Oui, vous m’avez bien entendu. Je vais sur l’Esplanade.

Pierrick et Simonet ne sont pas mes potes. Ils sont des collègues d’existence. Malgré le fait qu’on s’insulte tout le temps, qu’on serre les poings et les dents en se regardant, et qu’on a rien en commun, nous avons appris à instaurer quelques règles entre nous. La plus importante étant de ne pas se tirer dans les pattes. Mine de rien, le décret qui dit que l’on doit tuer les bannis a instauré une sacré solidarité de groupe. Il y a quelques mois, moi et les deux couillons nous serions entre-tués, et nous serions en ce moment même en train de pourrir sur une route d’Obliance. Mais rien n’unit plus les hommes que la crainte d’être buté par d’autres hommes. Je me demande même si c’est pas ce qui est à l’origine de la civilisation, il faudrait que j’en discute plus avec des prêtres. C’est d’ailleurs grâce à ça que j’ai pu partir l’esprit tranquille, en laissant mon superbe cheval dans un petit campement du littoral. Bien sûr, je prie pour qu’ils ne se barrent pas avec, même si je connais les villages et les noms, même s’il s’agit de la famille de Pierrick qui l’a accompagné en exil.

« Bon. Mon bon sire, dit Simonet en étant bien ironique sur l’utilisation du mot « sire ». Nous on va faire nos affaires. Toi c’est le Cercle que tu dois aller voir.
– Même si franchement c’est une mauvaise idée
, continue Pierrick. Y va tellement te buter. Surtout si tu lui parles comme tu nous parles à nous.
– Soit un minimum respectueux et fait gaffe à pas lui faire perdre son temps. N’essaye pas de crever parce qu’on a besoin de toi pour payer le passeur au retour.
– Vous pourriez au moins m’encourager les gars
, je me plains en m’accrochant à l’échelle.
– Trousse bien ta pute. »

Tous les quatre, nous soulevons l’écoutille. Et nous nous retrouvons dehors, en plein Labourg. On verse les pièces de cuivre et d’argent au passeur, et nous nous éloignons chacun dans un coin, en tirant de nos besaces de gros manteaux qui nous recouvrent partout.
Et qui recouvrent surtout nos bras.

Au départ la peur m’assaille. Je baisse les yeux. Je me retrouve dans la rue en baissant les yeux. Mon cœur bat, il bat tellement vite... Je prie pour qu’un milicien ne m’arrête pas, me crie de derrière de me stopper.
Pourtant rien de tout ça. Tout naturellement, je me retrouve dans les rues, au milieu des paysans qui labourent la terre, de quelques mendiants qui réclament l’aumône, et des gens qui passent dans un sens ou l’autre d’une grande avenue, sans véritablement se soucier de moi.
Je disparais dans le décor.
En un instant, je ne suis plus banni. Je suis devenu un habitant de Marbrume.

Je suis pas sûr que le changement de statut soit en quelque manière que ce soit avantageux. Il y a certes moins de fangeux ici, mais il y a un autre ennemi bien plus horrible. Il y a des marbrumois. La populace la plus gueuse, rustre, et immonde de la vie.

Suivant les conseils de Pierrick et de Simonet, je me retrouve à errer près du port. C’est le moment de la journée où les pêcheurs sont partis, et la rade est envahie de mouettes et de hérons.
Et je n’ai que quelques mots à dire. À un gamin qui jette des cailloux dans l’eau, en essayant de faire des ricochets.

« Je veux parler à Razar Harvel. »
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Razarh Harvel
Razarh Harvel



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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyVen 16 Juin 2017 - 22:44
    Race de morts.

    Voilà ce que se disait Razarh en regardant la plèbe grouiller et s’ébattre sur le port en contrebas de sa fenêtre crasseuse. Ces cafards puants se terraient derrière leurs hautes murailles, trouvant en l’apocalypse un nouveau prétexte pour ne rien branler de leurs vies inutiles et misérables. Et ils se plaignaient les bougres, bien contents d’être dirigés par une caste de baltringues énucléées, bien à l’abri dans leurs beaux châteaux. Ce qu’il reste de l’humanité a besoin d’hommes forts, de vrais tortionnaires, pas cette bande de pucelles emblasonnées aux manières de gonzesses.

    Encore une nouvelle bâtisse, si les biens du Cercle étaient à l’abri, ses membres et son chef eux changeaient régulièrement d’endroit. Appelez ça une précaution là où certains verraient de la paranoïa, et puis même si la milice savait ce qui se tramait sur le vieux port, personne n’osait et n’oserait parler. Mais avec ces fumiers du Goulot qui venaient s’en prendre à son empire on était jamais trop prudent.

    Le goulot. Encore un trou à rats, cloaque puant d’une humanité consanguine et décadente, une insulte à la face du monde. Et ils venaient s’en prendre à lui? Avec quoi? Leurs cerveaux? Pas un de ces cafards n’avait ne serait-ce qu’une once, une lueur, de vivacité, d’intelligence. Il les écraserait comme il avait anéanti les arsouilles qui tenaient le port avant son arrivée. Cette engeance dégénérée ne perdait rien pour attendre, il en ferait un exemple. On ne s’attaque pas à La Montagne sans risquer un éboulement, et dans leur cas, il allait tout raser.

    D’humeur massacrante, Razarh s’émeuvait de ces gueux qui rampaient comme des rats, se complaisant dans leur misère et leur stupidité crasse. Des moins que rien, du vomi. Et pourtant il avait besoin de ces idiots, que serait un seigneur sans laquets si ce n’est un homme seul et vulnérable? La peur les tenait, c’est la seule chose qui fonctionnait avec ces pourceaux.

    Le voilà debout devant sa fenêtre la main sur la garde de sa hache, au moins une chose qui ne sourcillait pas et se contentait de faire ce pour quoi on l’avait conçue, quand un coup à la porte l’arracha à ses obscures rêveries.

    Mhh?”

    o se tenait dans l’encadrement de la porte, le visage encore tuméfié de la dernière branlée qu’il avait reçue d’un tavernier mécontent, visiblement au fait de l’humeur de son patron et pas à l’aise du tout. Il dansait d’un pied sur l’autre comme un gamin qui se retiendrait de pisser et regardait tantôt Razarh tantôt ses pieds.

    “Chef, un banni à demandé vous parler, il a pas dit pourquoi chef mais il voulait parler qu’à vous, même que ça avait l’air important.”

    Un banni. Paria parmi les parias. Ce que cette nappe d’humanité consanguine pouvait vomir de pire, ceux que même les plus ignobles raclures des bas fonds ne voulaient plus voir, à tel point qu’ils ne leur offraient même pas le luxe de crever la gueule ouverte. Une insulte, un affront, les premiers hommes devaient se retourner dans leurs tombes. Quand on voit ce qu’est devenu le monde, les Dieux doivent bien se marrer. Rampez, rampez chiens, et reprenez un peu d’apocalypse. Putain, un banni.

    Tuez le.”

    Un banni en ville? Il manquait pas d’air celui-là, il pouvait pas crever dans les marais comme les autres rampants de sa pseudo espèce, misérable et seul? Encore un innocent en puissance, qui n’a rien fait et veut retrouver son ancienne vie en échange de. En échange de quoi? C’est pas comme s’il leur restait des choses à marchander. “Je danserai sur les cendres de ta dignité avant même qu’elles ne soient froides.” Voilà ce qu’avait dit le Scarificateur au premier banni de l’histoire de Marbrume. Enfin il parait.

    Chien galeux. C’était pire que le pire des pires prolos qui venait quémander des faveurs larmoyantes, des délais de paiements ou encore mieux, sa vie. Celui-ci avait au moins le cran de s’être présenté directement, restait à savoir pourquoi et ce qu’il avait dans le ventre. Et puis s’il s’avérait faiblard ou inutile, il découvrirait véritablement ce qu’il avait dans le ventre.

    Léo n’avait pas bougé, s’il connaissait les humeurs de Razarh il savait aussi qu’un meurtre gratuit serait mauvais pour les affaires. Malgré l’omerta, malgré tout ça, les gens parlaient, les gens savaient. On se passait bien de ce genre de retour de bâton.

    Amenez-le. Et l’amochez pas trop.”

    Il avait parlé sans se retourner, rien dans cette journée maudite ne méritait qu’il porte son regard dessus. Dans un sens Léo était soulagé, soulagé de ne pas avoir à soutenir ce regard froid et impassible, et il s’était éclipsé aussi vite qu’il était arrivé.

    Et puis un banni pouvait être utile, tout du moins corvéable et sacrifiable à merci. C’est pas comme s’il éprouvait ou témoignait du respect à d’autres que ses hommes, les petites gens, le personnel, ça s’use et ça dégage, comme ça ils apprennent à pas s’attacher. Comme ça tout va pour le mieux, les uns tremblent et se taisent de peur de finir à la baille avec un cercle gravé sur le front, et les autres amassent leur fortune et contemplent d’en haut l’empire qu’ils ont tissé.

    Des bruits de pas, des pieds qui traînent et cette même porte qui s’ouvre pour laisser entrer Léo et Lenny. Et rouler un homme en haillons, sale et émacié. Les gars y avaient été doucement, il avait pas dû en prendre plus d’une ou deux. Mais ça encore c’est pour la forme, question de protocole, peut-être un peu pour s’amuser aussi.

    Razarh s’était retourné et avait remis sa hache à sa ceinture tandis que l’homme se relevait tant bien que mal. Il l’avait fixé froidement, de ce regard qui se bouge pas d’un iota et qui semble sonder jusqu’aux tréfonds de son âme et avait fait un pas en avant, juste un. Juste ce qu’il faut pour que le banni n’ait dans son champ de vision qu’une montagne de muscles, de barbe et de tatouages.

    Qu’est-ce que tu me veux?”


Dernière édition par Razarh Harvel le Dim 25 Juin 2017 - 22:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptySam 17 Juin 2017 - 19:02
Est-ce que c’est vraiment utile de raconter une histoire dont on connaît déjà la fin ? Non parce que les histoires d’amour, tout ce qui compte, c’est la conquête et la rupture, tout le reste n’étant qu’un remplissage mielleux et ennuyant que je réduis au maximum, que je compresse en terminant une relation qui vient d’à peine débuter. Pourtant ça n’empêche pas les histoires les plus populaires d’êtres celles où la morale finale est essentielle, et où tout le récit ne sert qu’à construire une situation qui est balayée en un revers de main. Tout le monde sait qu’à la fin de l’histoire, Saint-Vespate est noyé vivant pour avoir prêché le culte d’Anür auprès des légionnaires païens. Personne n’ignore que l’Empereur Thaddeus meurt tué par une flèche probablement tirée par ses propres hommes, au milieu des montagnes de l’Aärpick. Et maintenant, cher lecteur, vous n’ignorez pas où je me tiens en ce moment, balancé sur le sol devant un roturier puant et immonde et doté de problèmes de maîtrise de soi.
Raconter tout le chemin entre le port et cet endroit puant, dans cette pièce d’une sorte d’entrepôt réquisitionné manu militari par les bandits. Mais à quoi ça va vous servir ? À voir ma déchéance ? À vous moquer de moi ? C’est ça hein, vous voulez vous moquer de sire Lucain, bande de vils pourceaux ! Ha, je vous vois là, avec vos gros sabots crottés et à renifler, bouffeurs de pain gris, vous jouissez en me voyant souffrir, probablement pour accomplir votre fantasme de voir un garçon infiniment supérieur à vous qui s’en prend à votre peau.

Alors je vais vous faire la version courte, pour vous plaire, et je vous promets de pas trop déformer le récit.

Pourquoi avoir demandé le nom d’un criminel notoire à un gamin du port ? C’est que nous sommes à l’heure où les pêcheurs sont en mer, et généralement, les enfants de douze ou treize ans sont avec eux sur le pont. Les trop jeunes, ils restent avec maman à aider à la maison, mais l’enfant en question avait une tête de pré-adolescent, avec son duvet au-dessus des lèvres et sa longue chevelure un peu sale. Pour qu’un gamin de ce type reste sur le port, il y a une explication toute simple. Il n’a pas de père. Papa est peut-être mort en mer, ou alors maman a fricoté avec un vagabond, un gros marchand, un type qui l’a charmée pour un soir, qui lui a promis la lune, le château, la vie heureuse, avant de se barrer quand son ventre devint rond. Quand j’ai vu ce gamin lever ses yeux vers mois, je me suis demandé, l’espace d’un instant, combien de petits bâtards de sa trempe j’ai pu engendrer dans ma vie.
Les gamins orphelins, ils ont deux routes tracées dans la vie. Il y a ceux qui sont avalés par le temple, qui sont choyés par des bonnes sœurs dans un orphelinat, et qui vont devenir diacres ou curés, ou peut-être rejoindre l’Ordre du Saint-Cippe et aller se battre en Terre-Sainte face à l’infidèle. Et puis il y a ceux avalés par la rue, et qui deviennent des criminels, des filous, de petits espions, des faux-mendiants qui rendent de menus services à un patron, en rabattant des clients, en volant des bourses, en servant comme guetteur pour prévenir les autres qu’il faut décamper si les miliciens pointent leur nez. L’on m’a dit que le Cercle opérait au Port en ce moment, parce que les jeux de groupuscules criminels sont aussi difficiles à suivre que les intrigues de châteaux perdus et repris au fur et à mesure des guerres privées de nobles. Alors je savais que ce gamin devait savoir où je pouvais parler à monsieur Harvel.
Peut-être qu’on aurait dû me faire annoncer par un héraut, au son du cor. Mais on m’a juste accompagné dans un vieux tripot pourri où tout le monde m’a plus-ou-moins ignoré. Peu de chances que je sois un milicien, car un enquêteur ne serait pas débarqué tout seul, au moins avec une demi-douzaine de sergents armés de gourdins. Pourtant il y a bien eut un moment où j’ai haussé la voix, où j’ai demandé si je pouvais parler à leurs chefs. Y a eut un ricanement. Y a eut un gars qui m’a fait un sourire carnassier, comme un loup devant un joli mouton. Y a eut les questions, le fameux « qu’est-ce que tu lui veux au chef ? ». Je l’ai un peu trop ramenée. J’ai pris un gars par le col. J’ai reçu une claque derrière la tête. Y a eut un petit peu de baston, et, je vous passe les détails, j’ai perdu un peu plus vite que je ne l’aurais voulu.

Du coup on m’a traîné jusqu’au chef, enfin, et je n’avais pas tellement fière allure. Par chance les gars ne m’avaient pas boxé la tête, ils ne m’ont donc pas trop enlaidi, mais mon ventre me faisait souffrir, mes vêtements avaient été froissés de partout, mes cheveux étaient en bataille, et une douleur me lançait partout dans le corps. En me levant, j’avais ouvert la bouche pour hurler des menaces, mais les gros yeux du truand, et sa voix lourde m’ont très vite fait froid dans le dos. J’ai déglutis. J’étais encore un peu dans les vapes, des mouches devant les yeux, mais j’arrivais à prononcer assez bien quelques mots. En fait, j’arrivais même à prononcer quelques phrases, que je débitais très rapidement, sur un ton poli, mais tout de même autoritaire, comme si je n’avais pas du tout était tabassé par deux truands qui pouvaient m’égorger à tout moment, mais plutôt comme si j’entrais dans une boulangerie et que je voulais un massepain.

« Mon nom c’est Lucain d’Agrance. Je suis un chevalier Langrois.
On m’a dit que vous pouvez aider des gens. J’ai besoin d’aller sur l’Esplanade pour une journée, puis repartir. C’est quoi vos honoraires ? »
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Razarh Harvel
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyDim 18 Juin 2017 - 21:39
   Le banni avait cet aplomb d’ordinaire typique des sang-bleus, le genre de type qui pouvait chier sur un enfant qui mendiait en s’attendant à ce qu’on le remercie, et s’indignait de la réaction des petites gens. Typique vraiment, même après quelques mandales bien assaisonnées il conservait une part de fierté et de courage et s’attendait à ce qu’on lui déroule le tapis rouge. Si Razarh respectait une part de ce courage et était resté impassible tandis que l’homme se relevait et tentait de plaider sa cause, la fin de sa tirade lui arracha un rire gras immédiatement repris par ses hommes.

    Dis moi chevalier, t’aurais pas un peu perdu de ta superbe?”

    C’était donc ça, un nobliau anciennement imbu de lui-même, qui déboulait en fanfare et s’attendait à ce qu’on exauce ses prières. Si les choses étaient aussi simples et bien Razarh serait Duc et la fange danserait en tutu sur les remparts de la ville. Mais pour qui il se prenait? Léo et Lenny riaient comme des bossus pendant que Lucain leur jetait des regards inquiets. Si leur chef était notoirement intelligent ce n’était pas leur cas, et ils pouvaient très bien l’occire simplement pour s’amuser, même s’ils le regretteraient ensuite.

    Avant de voir ce qu’on peut faire pour toi, comment est-ce que tu comptes payer? Banni.”

    Banni. Prends ça, un chevalier en exil ne vaut pas mieux qu’un forgeron manchot. Ce qu’il était autrefois n’avait plus d’importance, ni à ses yeux, ni à ceux du reste du monde. Pour ce que ça importait aux siens et aux autres il n’était plus que l’ombre de lui-même, un mort en sursis, la plupart devait se l’imaginer se baladant dans l’estomac d’une demi-douzaine de fangeux. Alors aussi triste que cela puisse être les titres n’avaient plus  de valeur, et le seigneur d’un jour se retrouvait désormais impuissant et dépossédé.

    Un tour sur l’Esplanade. Le Montagne s’était toujours tenue à l’écart des grands de ce monde lors de sa conquête de celui des gueux, s’attaquer à la plèbe et l’asservir était une chose quand une bonne moitié de ces gens était incapable d’aligner trois mots sans éternuer. Les nobles, la milice, c’en était une autre. Oh bien sûr il graissait quelques pattes, on s’assure de sa tranquillité comme on peut, mais pour ces gens les maux qui affectaient le petit peuple n’avaient aucune importance tant que les charognes ne venaient pas puer sous leurs fenêtres. Alors oui l’affaire risquait de poser quelques problèmes, en revanche égorger ce corniaud n’en poserait aucun si jamais l’éventualité devait se présenter.

    Et qu’est-ce que tu veux y faire sur l’Esplanade? Je vais pas risquer ma vie et celle de mes hommes pour tes beaux yeux.”

    Dans le fond, il aimerait voir la tête de ces nobles lorsqu’ils verraient l’un d’entre eux revenir d’entre les morts, sale et édenté, avec de la haine dans les yeux et une bonne vengeance dans sa besace. Ouais, l’idée avait au moins le mérite d’être drôle, et le type qui l’avait eue soit complètement fou soit incroyablement couillu. Une bonne dose de folie alimentée par des mois d’errance solitaire dans ces marais puants, à bouffer des rats et fuir les fangeux. Y avait de quoi avoir la haine. Mais connaissant les nobles et leur paranoïa, il se demandait bien comment une telle entreprise était possible.
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Lucain d'AgranceBanni
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyDim 18 Juin 2017 - 23:40
C’est la tête légèrement penchée de côté que je regardais le gueux. Il avait ce langage simple des rustres, mais il ne me faisait nullement peur ; Malgré sa montagne de muscle, je devinais son intellect bien inférieur au mien, son manque d’esprit de corps et de discipline qui me permettrait d’aisément le corriger s’il lui prenait de ne pas me parler avec tous les égards qui échoient à mon rang.

Pourquoi je l’ai pas fais ? Heu... Pourquoi tu demandes ? Tu mettrais en doute mon courage ?! Je t’assure que ce Harvel n’était pas aussi grand et fort qu’on aime le dire, ce ne sont que des légendes et des fabulations, mais voyez-vous, eh bien, heu, disons qu’ils étaient trois, et qu’ils m’avaient subtilisé ma lame que je gardais sur moi pour me défendre, et que je n’avais donc pas véritablement de moyen de me battre désarmé face à un ennemi en surnombre, quand bien même je suis sûr que j’aurais pu en emporter un ou deux avec moi jusqu’à la Déesse...
Tu comprends pourquoi je ne l’ai pas fais ? Ce n’était pas de la lâcheté, c’était du bon sens. Maintenant ne m’interromps plus.

« Je comprends que vous ne vouliez pas accomplir une œuvre par gratuité, bon frère. »

Oui, j’ai bien utilisé ce terme, bon frère. Quel autre étais-je censé utiliser ? Je viens d’un monde, mon cher ami, où on parle avec des conventions, où les mots ont un sens, et généralement, les roturiers, on ne s’adresse pas à eux avec des politesses. Mais à cet instant, je dois avouer que j’étais encore dans la douleur, que ma voix était légèrement enrouée, et que je suais en sachant que les deux énergumènes dans mon dos pouvaient à tout moment abréger ma pénitence. J’avais donc cherché un terme approprié, qui néanmoins me permettrait de caresser le truand dans le sens du poil. Et étant donné que nous sommes tous les enfants de Serus, nous sommes tous des frères.

« Il faut que j’aille sur l’Esplanade pour quelques affaires. J’ai toujours des amis, et, malheureusement, quelques ennemis. Il est vrai que l’ennemi en question est plus puissant que mes amis, sinon je ne serais pas marqué au bras... Mais disons que j’aime bien régler mes comptes.
Alors je vais vous la faire le plus simplement possible. Il y a un luxueux manoir rempli de choses de valeur sur l’Esplanade. Bien gardé, bien patrouillé. Dedans, il y a des bijoux et de l’or. Et une personne à l’intérieur de ce manoir va m’ouvrir. »


Malgré le propos, je ne fanfaronnais point. J’ai tout déballé avec un ton calme, monotone, en essayant de réprimer ce tic de persiflage que je sors à chaque fois d’instinct. Pourtant j’avais pas baissé les yeux. Non pas par défi, hein, je ne suis pas idiot. Mais Harvel est un bélier. Vous avez déjà été face à un bélier ? Il faut jamais leur tourner le dos, le seul moyen d’avoir une relation de confiance avec un bélier, c’est de montrer qu’on va pas plier devant la menace de ses cornes.
Encore que... Non, le bélier c’est un mauvais exemple. Ces animaux sont exceptionnellement cons. Ils chargent tout de toute manière.
Je me mis à déglutir avant de continuer de piailler.

« Du coup, dans l’idéal, il me faudrait franchir la muraille de l’Esplanade, arriver à ce manoir, y entrer par la petite porte, faire ce que j’ai à faire... Et je n’oublierai pas de partir avec des choses qui auront de la valeur. Alors. Quels sont vos honoraires. »

Je servais une histoire simplifiée à l’extrême. En même temps, est-ce qu’il avait vraiment besoin de savoir toutes ces histoires de noble ? J’en avais un peu honte, et puis, si je lui racontais tout, j’étais pas sûr qu’il accepte...
C’était une chose de faire le passeur. M’approcher d’un manoir aussi. Mais c’était une autre de se retrouver mêlé à une intrigue familiale, surtout qu’il y a encore des gens qui portent le nom « d’Agrance » sur l’Esplanade.
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Razarh Harvel
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyLun 19 Juin 2017 - 23:26
   Pour quelqu’un qui attachait tant d’importance à la retenue qu’il affichait en tout temps, se faire appeler bon frère par un noble périmé passait mal, très mal. Tant et si bien que la réplique lui arracha un toussotement effaré. Même dépossédé de ses biens, déchu de ses titres et de son honneur, ce corniaud continuait de jouer les pédants et tentait d’impressionner la galerie. Mauvais plan, c’était le genre de connard prêt à se jeter dans un bain de flammes pour prouver aux gueux qu’il valait mieux qu’eux, et tant pis si pour cela il devait emporter d’autres que lui dans la mort. C’était le genre de narcissique qui se délectait de son propre reflet, et pour qui les gens n’étaient que du bétail à asservir ou anéantir.

    Une bonne leçon d’humilité lui ferait le plus grand bien, et si l’homme s’aventurait un peu plus avant sur le chemin de la familiarité, une lame en travers de la gorge lui remettrait les idées en place. Finalement lui et Razarh n’étaient pas si différents, outre leur ascendance ils possédaient tous deux un profond dégoût pour cette race infâme qu’était l’homme, et avaient de par leur intelligence entrepris de dompter et utiliser à leur fin ces misérables créatures. Qui ne demandaient d’ailleurs qu’à être dominés, si possible par la force. Car il n’est pas d’espèce plus vile que l’humain, le fangeux lui n’est qu’un sous-produit malade d’un autre sous-produit déjà fortement dégénéré, qui n’obéit qu’au fouet et à la dure loi des hommes de fer. Offrez leur un peu de liberté et ils s’empresseront de ne rien en faire, pire ils finiront par s’en plaindre et se soulever, achevant de ce fait l’avènement d’un nouveau tyran qui perpétuera ce cycle éternel de dégénérescence putride et consanguine.

    Mais entre deux hommes du même acabit il n’y aurait point d’entente, pas de statu quo ni de franche camaraderie. Lucain était l’opprimé ici, et il allait recevoir une piqûre de rappel. Razarh n’avait pas bougé tandis que l’homme parlait, et avait fixé ses yeux sombres sur lui. S’il bouillait intérieurement, il avait besoin de connaître les détails de cette mission insensée qui assurément pouvait leur rapporter gros.

    Quand il eut terminé, La Montagne s’avança vers lui et le frappa violemment à l’estomac, et tandis que le banni se penchait, tordu de douleur, Razarh s’approcha de son oreille et murmura calmement.

    Je ne suis pas ton frère, banni."

    Léo et Lenny s’étaient rapidement emparés de ses bras, lui coupant toute retraite et possibilité de riposter. Lucain toussait et crachait et eut-il été capable de jeter des flammes avec ses yeux que la ville entière aurait brûlée en quelques heures à peine. La voilà la leçon d’humilité, l’ancien maître n’est plus, et un esclave n’est jamais rien de plus que ce qu’il est n’est-ce pas? Ce qu’il était autrefois n’avait plus d’importance, son temps était révolu. Il devait maintenant s’agenouiller et servir de nouveaux maîtres, bien plus cruels que les précédents. Razarh s’était tourné vers ses hommes qui attendaient leurs ordres et leur avait parlé calmement, comme si tout ce qui venait de se produire était tout à fait trivial.

    Pendez-le par les pieds pour la nuit, ça lui remettra les idées en place.”

    Ici chef?”

    Mais non pas ici espèce d’abruti, tu crois que j’ai envie de l’entendre hurler toute la nuit? Ou tu voudras mais pas ici.”

    Des idiots, des singes, des ânes. Ils avaient le mérite d’être loyaux, et le second mérite d’être assez stupides pour suivre aveuglément un chef plus vif et charismatique qu’eux. Peut-être qu’un jour il aurait besoin d’un bras droit, un homme rusé et intelligent qui saurait agir avec efficacité tout en restant à la place qui serait la sienne. Car il était hors de question de partager son empire, il l’avait bâti lui-même et ne laisserait personne le convoiter. Jamais.

    Le banni hurlant était traîné dehors et les hommes s'arrêtèrent sur un raclement de gorge de leur chef, après tout il leur avait dit que pour l’instant, mais pas ensuite. Est-ce qu’ils devraient le tuer? Peu probable, sinon autant de liquider tout de suite et épargner à un garde le supplice de l’entendre beugler comme un veau une nuit durant. Mais qui étaient-ils pour penser hein? C’était le rôle du chef, d’ailleurs c’était bien pour ça que c’était le chef, pour penser et ce genre de trucs. Eux se tracassaient pas avec ça, des histoires de gonzesses qu’ils disaient.

    Tu vas avoir la nuit pour réfléchir, ensuite tu me diras tout, absolument tout sur cette petite expédition. Pourquoi et de qui tu cherches à te venger, et ce qui nous attend réellement là-bas.”

    Et ils étaient sortis, ignorant ses protestations. Au moins Razarh ne leur avait pas dit de le cogner, mais pour ça ils n’avaient pas besoin d’ordres, c’était leur affaire que de taper. Oh ils savaient pas vraiment pourquoi, c’était juste leur truc, ça évitait de parler et ceux qui survivaient était tout doux ensuite. Vraiment on sous estime souvent les bienfaits d’une bonne rossée. Mais puisque le chef avait rien dit ils verraient, ça dépendrait du banni et de ses humeurs.


Dernière édition par Razarh Harvel le Dim 25 Juin 2017 - 22:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyMer 21 Juin 2017 - 13:41
Ils m’ont tiré, chacun me monopolisant un bras. Ils commencèrent à me tirer, hors de la vue du truand. Un sentiment de peur panique s’empara de mon âme ; Je n’étais pas sûr de la connaissance médicale de monsieur Harvel, mais je savais surtout que j’avais mes propres obligations, et des gens qui tenaient à moi. Pas par amour ou affection, je veux dire, Pierrick et Simonet qui étaient en train de faire leurs affaires, et qui comptaient sur moi pour leur payer le retour.
Il fallait vite que je m’explique, plus clairement, sous peine d’être suspendu comme un jambon pour le plaisir dégénéré de ce malade mental. Quitte à ce qu’il s’exécute, autant négocier ma sortie. Les gars me traînaient en arrière sur le sol, quand soudain, j’écrasais mes semelles sur le parquet aussi fort que possible, et me mettais à me dandiner dans tous les sens, comme une anguille enserrée par les mains du pêcheur. L’un d’eux leva son poing et le ferma pour tenter de m’assommer en cognant ma mâchoire ; Je débattais mon bras pour tenter de lui donner un coup de coude, mais soudain, c’est son autre collègue, le second abruti, qui me sécha en me donna un coup dans le ventre.

Tout mon corps fut secoué d’un spasme, et ma respiration fut coupée. Alors qu’on m’amena vers le pas de la porte, je me mettais à continuer à crier comme un bœuf qui se rendait compte du piège de l’abattoir, à l’attention du chef de bande.

« Tu veux que je réfléchisse à quoi ?! Je me mettais à beugler, oubliant toutes les conventions et les jolis vouvoiements. La pendule joue contre moi, si tu m’enfermes une nuit entière ça voudra dire qu’on pourra pas agir avant la suivante !
– C’pas comme s’il te laissait entre de mauvaises mains
, mit à ricaner le truand à qui j’ai donné un coup de coude. On va bien s’occuper de toi.
– Par Anür toute puissante, épargnez le coup de la torture pour établir votre dominance ! Vous vous êtes cru au théâtre ?! Si t’as des questions plus précises, tu peux les poser sans avoir à me retourner dans une cave ! »
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyDim 25 Juin 2017 - 22:49
   Finalement le banni avait été très gentil avec les deux sbires et il avait eu droit à sa petite cognée. Pas grand chose hein, juste quelques pichenettes bien placées, un avant goût de la nuit à venir qui s’annonçait… Spéciale. Et puis à quoi il s’attendait? C’est pas comme si en couinant un peu il allait regagner sa liberté avec une tape dans le dos et une petite chopine. Razarh ne supportait pas l’irrespect, alors quand le type se montrait carrément familier et usait de sobriquets ridicules. Il méritait une correction, et si d’ordinaire les poings étaient efficaces il existait d’autres moyens de faire passer un message, certains plus plaisants que d’autres.

    Il l’avait écouté stoïquement, insensible à ses suppliques désespérées, comme on se tait devant le calvaire du bétail que l’on égorge. Celui-ci ne serait pas suspendu la gorge ouverte au dessus d’une bassine, mais sur le moment Razarh ne ressentait pas plus de pitié pour lui que pour un quelconque agneau ou cochon de lait, la seule idée qui lui traversait l’esprit était que l’asticot faisait autant voir plus de bruit que l’animal qui a vu le couteau et connaît parfaitement la suite de l’histoire. Tout ça pour ça, alors qu’il lui aurait suffit de se montrer respectueux, de courber l’échine avec le respect dû à son rang inférieur.

    Appelons un chat un chat, un noble fut-il déchu sera toujours persuadé que l’humanité a des comptes à lui rendre. Foutus arrogants égocentriques, comme si leur ascension dans la société les avait amenés si près du royaume des Dieux qu’ils pouvaient régner sur le monde en seigneurs omnipotents. C’était peut-être le cas sur l’Esplanade, avec un blason bien doré et une épée rutilante à la ceinture. Ce n’était pas le cas ici bas, et ce n’était plus le cas nulle part pour lui.

    Alors tu vas te calmer et agir avec respect.”

    Sinon c’est pas autour des pieds que tu l’auras la corde, pas vrai patron?”

    Fallait qu’il la ramène celui-là, même s’il avait raison et avait pour une fois bien cerné ce que La Montagne avait en tête. Aux regards que son patron lançaient il s’était tû et avait envoyé une dernière mandale au banni, histoire de se donner une contenance, peut-être aussi pour le pousser à la faute et faire passer sa connerie à l’as derrière un coup d’éclat. Mais c’est de Léo que vint la punition, lui aussi avait bien saisi les intentions de leur boss et avait retourné une magnifique claque à son collègue

    On t’a d’ja dit d’la boucler quand l’patron parle abruti. Allez viens on s’en va avant qu’c’est toi qu’on pend par les pieds.”

    Ils étaient sortis en se chamaillant comme deux gosses, avec un qui tapait sur l’autre en voulant l’aider, un peu pour le plaisir aussi, mais juste un peu. Laissant Razarh et Lucain seuls, dans ce silence que ne perturbaient pas les ricanements de ces deux idiots.

    Parce qu’un bandit est quand même humain, il lui avait indiqué d’une main la table et le pichet d’eau qui trônait dessus et s’était assis sans le quitter des yeux. Quand le banni eut repris ses esprits et fait le deuil de la nuit qu’il aurait du passer dans le vide, Razarh posa ses deux mains à plat sur la table et parla sans embages.

    Maintenant tu vas tout m’expliquer, et fais attention à tes manières, chevalier.”
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyLun 26 Juin 2017 - 16:16
Sans les deux crétins, je peux enfin respirer, rassuré. Pas seulement parce qu’ils sont débiles et qu’ils passent donc leur temps à me boxer, ce qui me fait mal et provoque chez moi des râles et des gémissements. C’est aussi parce que je sens que, enfin, je vais pouvoir parler à leur chef sans risquer de me faire égorger ou écarteler sans raison.
Non pas que je pense faire le malin devant Razarh. Non pas même que je vais essayer de le tuer : Parce que je suis désarmé, que je lui arrive à la poitrine et qu’il a des bras qui font la taille de mes cuisses, et qu’en plus j’ai mangé cher, et je doute donc véritablement de ma capacité à pouvoir le battre dans un quelconque scénario de pugilat. Non, je me sens plus rassuré, parce que je sais pourquoi Razarh a voulu me torturer. Être insulté devant un banni minable comme moi, ça passe encore. Mais se sentir rabaissé devant ses hommes sans réagir, c’est courir à sa perte, c’est planter les graines de la sédition, ça marche tout autant chez les nobles que chez les truands.
C’est pour ça que je m’assois calmement devant la table. C’est pour ça que je me sers dans l’eau qu’il m’offre, comme si c’était une vieille tradition d’hospitalité, et que je n’oublie surtout pas de dire « merci » comme ma maman m’a appris à le faire. Je peux me dégager la gorge et attendre que les mouches arrêtent de danser devant mes yeux, pour commencer mon histoire.

« Fut un temps, où j’étais beau. »

J’avais dit ça en levant mes yeux caves, pochés par les coups de poing, et couverts de cernes à cause de mon manque de sommeil causé par les nuits froides au fond des marais, à entendre les démons qui marchent.

« Oh oui j’étais beau, vous savez, une espèce de damoiseau aux joues creuses qui fait tourner les têtes des gamines écervelées. Les jeunes femmes, il faut le dire, ne savent pas toujours ce qui est bon pour elles...
Et il y a une gamine, une adolescente, nubile et vierge, qui s’est mise à s’enticher de moi. Vous savez, du temps où je vivais encore sur l’Esplanade, entouré d’amis qui me servaient à boire, et de bons messieurs qui enlevaient leurs chapeaux pour me saluer. La gamine elle m’intéressait pas trop pour tout vous dire, C’était une... Je sais pas si vous avez déjà vu ce genre de fille. Vous savez, les petites idiotes qui rigolent en groupe, qui passent leur temps à s’acheter des robes et à se donner des conseils pour des parfums. Des niaises, des niaises qui ont pas de vrais problèmes comme travailler aux champs ou se trouver un mari.
J’ai pas touché à la fille. Je l’ai pas touchée, parce que sa famille c’était des gros bonnets. Des vassaux directs du duc, avec castel, argent, et bijoux. Ils ont plusieurs manoirs sur l’Esplanade, et ils ont même des mandataires qui gèrent des affaires pour eux dans Marbrume, ou tout du moins qui les géraient du temps où il y avait encore du pognon à se faire ici. Je suis pas homme qui va vous apprendre que depuis que les fangeux sont arrivés, y a moins de commerce et moins de richesses...
Il n’empêche que cette idiote a pas pu s’empêcher de m’envoyer des lettres d’amour. Roh putain, quand j’y repense... Son frère les a trouvées. Il a pris son épée, il est descendu dans la rue, et il est venu, avec ses valets, hurler sous ma fenêtre et m’insulter.
J’aurais pu lui dire d’aller se faire voir. J’aurais pu lui dire de calmer sa sœur au lieu de me chercher des poux. Mais j’ai été trop fier, c’est ça mon défaut, je suis pas capable de fermer ma gueule et de baisser la queue quand il le faut, un vilain défaut qui explique pourquoi j’arrive devant vous couvert de bleus et en train de signer de la bouche.
Il m’a insulté, il a insulté ma famille, alors j’ai tiré ma propre épée et on est allés se cogner sur la gueule dans mon jardin. On portait pas d’armure, on a même pas eu le temps de prendre nos cottes de maille et nos plastrons de plate, et peut-être que si on avait pris une quinzaine de minutes pour le faire, je serai pas assis sur cette chaise. Mon épée a glissé sur la sienne, elle s’est enfoncée sous son nombril. Il était encore vivant, mais il arrivait plus à bouger le bas du corps...
J’avais reçu une interdiction de faire des duels, signée en personne par le bailli de la ville. Je venais de rendre handicapé un gamin d’une famille beaucoup plus riche et puissante que la mienne. La suite vous la devinez. »


Je lève ma main pour lui montrer le magnifique « B » gravé dans ma peau.

« J’aime régler mes comptes. Ce type m’a fait être banni pour rien, alors j’ai envie de lui filer une vraie raison de me haïr.
C’est son manoir dans lequel je veux entrer. Je vais coucher avec sa sœur, je vais la déflorer avant que son mari puisse l’épouser. Je vais lui voler ses bijoux, et tout ce qui a de la valeur chez lui.
J’ai pas choisi ce jour au hasard, c’est pour ça que j’ai hurlé quand vous avez voulu me faire pendre une nuit entière. J’ai encore des contacts avec ma famille, parce que la famille chez moi c’est sacré, on m’en a pas détourné du jour au lendemain. Je sais pertinemment que ce soir, le type que j’ai foutu handicapé, il a rendez-vous avec d’autres nobles pour discuter du mariage de sa petite sœur. Elle sera quasiment toute seule, à part pour la domesticité de la mesnie, et si j’arrive à faire culpabiliser cette idiote avec des mots doux, elle va m’ouvrir et faire tout ce que je veux.
Le seul problème c’est arriver à l’atteindre, ce putain de manoir. C’est pour ça que j’ai besoin de votre aide. C’est pour ça, que je vous demande humblement de me soutenir... Et que je vous promet un joli profit. Moi tout ce qu’il me faut, c’est de quoi payer un passeur et de la nourriture pour des amis. Je m’en fiche au fond de lui subtiliser des bijoux et des bagues, l’important, c’est juste de lui cracher à la gueule, pas de devenir le plus riche des bannis. Vous en pensez quoi ? »
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyMar 27 Juin 2017 - 19:10
.    “Fut un temps, où j’étais beau.”

    Tout bandit qu’il était, il ne pouvait pas passer à côté de l’amertume et la nostalgie qui émanaient des paroles du banni, le regard perdu au fond de son verre d’eau. Malgré toute sa pédance il s’était présenté à lui afin d’obtenir un semblant de justice, une réparation à un préjudice qui lui coûtait tant. Il avait fait fi de son ancien statut et s’était résolu à s’adresser à ceux qu’il méprisait il y avait encore peu.

    C’était couillu, désespéré, mais sacrément couillu. Et les bandits comme Razarh raisonnaient souvent en ce sens, et respectaient toujours le courage de celui qui n’avait plus que ça pour tenir. Alors c’était peut-être con, et ça lui coûterait peut-être cher, mais l’idée du noble découvrant son manoir pillé et sa soeur pleine de foutre lui plaisait bien, même plutôt bien. Restait à tout préparer, et faire en sorte que ce crime, puisque c’en serait un, resterait impuni.

    Il pouvait fournir les hommes, les armes, et de quoi se cacher le temps que le chaos qu’ils allaient soulever retombe. Mais il n’avait pas la plus petite idée de la manière dont ils pouvaient s’introduire sur l’Esplanade, son domaine à lui c’était les bas-fonds, le port, pas les terres des nobles. C’était dangereux, et dans un sens complètement stupide, mais peut-être que rongé par la honte et le déshonneur le frère bafoué tairait cet affront et se murrait dans un silence qui le rongerait jusqu’à la fin de ses jours.

    C’était ça leur espoir, qu’une fois vaincu le nobliau n’ait pas de moyen de se venger qui ne lui coûte plus que ce qu’il allait déjà payer. Une soeur salie que personne ne voudrait jamais épouser, un nom et un honneur bafoués, qui pourrait supporter ça? Il comprenait maintenant, pourquoi Lucain désirait tant se venger. Tout ce qu’ils avaient à faire était de tourner la situation à leur avantage, et l’homme se tairait de lui-même, peut-être qu’il s’ôterait carrément la vie, qui sait?

    Et comment tu comptes t’y prendre? Et surtout comment tu comptes t’y prendre pour que tout ça ne nous retombe pas dessus?”

    Le tout était de s’assurer de pouvoir entrer et sortir sans heurts, et qu’une fois leur forfait accompli chacun puisse s’en retourner à sa vie sans avoir à regarder sans cesse par dessus son épaule. Quand il y pensait, ça avait quand même de la gueule, et puis qui sait ce que pouvaient renfermer les coffres de la noblesse? Pas que l’or ait autant de valeur qu’avant mais tout de même, elle offrait un certain confort que le sang et la peur ne permettaient pas toujours d’acheter.

    Par contre, on ne pille pas. On va faire passer ça pour un drame familial, donc à part quelques pièces d’or on ne prend rien. Compris?”

    Il avait durci le ton et le regard un instant, hors de question de finir à la potence pour la cupidité d’un homme, sa vengeance était suffisante, et elle devrait le rester. Quelques pièces manquant à l’appel n’éveilleraient pas beaucoup de soupçons, il faudrait se contenter de ça.

    Tu vas devoir tuer ta dulcinée. C’est simple, son frère la découvre en pleine culbute et de rage la tue, son Jules disparaît dans la nature et le nobliau se pend à une balustrade. Personne se posera de question en découvrant la petiote remplie jusqu’aux oreilles et le frangin étranglé. Ça te convient?”
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyDim 2 Juil 2017 - 16:47
« Je... Je ne suis vraiment pas sûr de comprendre ce que vous voulez dire. »

Après avoir exposé mon plan, Razarh Harvel c’était mis à en imaginer un tout autre. Un dans lequel je me retrouvais à devoir faire un meurtre. Et pas n’importe lequel, puisqu’il me demandait de tuer une femme, noble, sœur et fille de gros bonnets de l’Esplanade, amis personnels du duc Sigfroi. Une seule de ces conditions réunies m’aurait déjà refroidi à l’idée de sortir ma dague, mais les toutes ensembles me faisaient bien comprendre que c’était une idée particulièrement grotesque ; Ce que pouvait me faire Razarh n’était rien comparé à ce que Sigfroi pouvait exercer, car derrière ses airs de beau prince bien vêtu, le duc de Marbrume était sans hésiter l’un des hommes les plus dangereux du monde.

Mais le plus incroyable dans cette histoire, c’est que je comprenais pas quel était l’intérêt ! Pourquoi vouloir m’accompagner jusqu’à la demeure d’un noble pour au final ne rien voler ? Pourquoi vouloir transformer une intrusion en meurtre ? Même si son plan « de génie » fonctionnait, c’était se donner du mal pour carrément rien. Trop de risques pour au final ne rien prendre ? Et il l’accepterait sérieusement ? Moi j’ai rien pour le payer, en fait le casse est censée être une condition pour que je puisse quitter la ville.

Tout ceci me laissait donc pantois, en plus d’avoir mal et de subir le contrecoup de la fatigue déjà subie au fond des marais. Si seulement mon ventre ne me lançait pas des arcs de douleur, j’aurai probablement cherché à me montrer un peu menaçant. Mais c’est d’une façon toute diplomate que j’essayais de faire marche arrière.

« Je conviens parfaitement que mon plan a des risques, des risques de se faire pincer, mais soyons sérieux... C’est toujours moins risqué que de maquiller toute une scène de crime pour imaginer un meurtre-suicide. Surtout pour au final ne rien voler qui aie de la valeur. Vous craignez que cette affaire vous retombe dessus ; Mais vous préférez être poursuivi pour une affaire de vol avec effraction ou pour une affaire de double-meurtre prémédité ?
Surtout que j’ai pas envie de tuer la belle. Si c’est son témoignage qui vous inquiète, il n’en est rien ; Elle ne vous connaît pas, ni même vos sbires ou vos sicaires, c’est uniquement moi qui le sais. Et franchement, avec ma marque à mon avant-bras, je suis plus tellement dans la catégorie des gens auxquels la justice va demander de l’aide...
Et puis, tout votre plan ne prend pas en compte la domesticité. Le sire a un valet, un page, un garde du corps, une cuisinière, une servante, une ménagère... Et il y a sa famille, et les courtisans, et leur propre clientèle. Vous pensez pas que c’est beaucoup de mal pour faire croire qu’il a tué sa petite sœur ? Vous croyez pas qu’un enquêteur va s’interroger sur le bien-fondé d’un tel crime ? Et même, le gars est handicapé, il peut pas utiliser ses jambes ! Comment va-t-on croire qu’il a pu se pendre à une balustrade ?!
Non, non... Je veux juste culbuter la dame et voler des bijoux à sa baraque. Peut-être que la gaupe, une fois interrogée, lâchera mon nom, et j’y compte bien. Mais c’est le votre que vous craignez, pas vrai ? Mais au fond, qu’est-ce que vous en avez à fiche qu’on apprenne que Razarh Harvel a mis les pieds sur l’Esplanade ? Vous avez peur ? Vous craignez quoi ? Vous pensez qu’il va porter plainte, histoire de crier au monde que j’ai défloré sa sœur ? Il n’oserait pas, il s’en mordrait les doigts, il serait ulcéré ! Peut-être qu’il enverra des assassins à vos trousses, qu’on chuchotera votre nom dans les couloirs des manoirs aussi bien que dans les coupe-gorges des ruelles sombres de la basse-ville, mais est-ce que ça vous empêcherait de dormir la nuit, en toute honnêteté ? Ou est-ce que cela ne servirait pas à bâtir votre réputation ? À vous attirer... Des clients ? »
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MessageSujet: Re: Race inhumaine   Race inhumaine EmptyVen 7 Juil 2017 - 23:54
   Il s’était imaginé la vengeance du noble comme nulle autre, que le bougre une fois délesté se lancerait avec toute la puissance de son rang aux trousses du Cercle. Mais finalement le banni avait peut-être raison, dans toute la condescendance de son sang bleu, il serait trop profondément touché, humilié pour oser clamer sur tous les toits qu’un bandit des bas fonds s’était introduit chez lui pour le détrousser. Quant à sa soeur, c’était pas comme si la parole des femmes avait une quelconque valeur pour ces gens là, et puis une fois la princesse désacralisée elle ne vaudrait plus rien et devrait se contenter de vider des pots de chambre pour survivre.

    Douce mélodie que le sifflement de la lame effilée de la justice des gueux, le bras armé de ceux qui n’ont rien s’abattant sur ceux qui pensent être tout. C’était peut-être ça plus que l’or ou les bijoux qui le motivait, et le chevalier ayant dissipé quelques doutes l’opération serait bien plus simple sans avoir à éliminer un manoir entier. Même si ça aurait eu son charme.

    Peut-être que le nobliau enverrait quelques assassins écumer les ruelles du port, mais rien qui ne soit pas gérable et qui sorte de l’ordinaire. Et s’il fallait se résoudre à lui répondre de la même manière, les bas quartiers de Marbrume étaient remplis d’assassins en devenir. Tout ce qu’il voulait était tenir la milice à l’écart. L’on pouvait graisser quelques pattes, offrir des putes et faire ouvrir des tavernes pour les plantons, mais impossible de laisser une armée entière dans l’ombre.

    Très bien, puisque tu sembles connaître les lieux, expose moi ton plan.”

    Restait à s’introduire sur l’Esplanade, difficile de rester discret pour un colosse d’une centaine de kilos mais les gardes devraient être assez facile à soudoyer, quel homme ne l’est pas? Le reste devrait être assez simple, il espérait juste que le banni ait assez de bagout et les burnes assez pleines pour réussir à allonger la donzelle et décharger dans la minute. Il était là pour l’outrage et juste l’outrage, et il ferait bien de s’en souvenir.

    Par contre, pas de confidences sur l’oreiller, je tiens pas à t’attendre deux heures pendant que tu te videra dans sa seigneurie.”

    Une fois que le chevalier aurait exposé son ébauche de plan ils se mettraient en route, Léo et Lenny n’étaient pas les plus intelligents des sbires mais ils étaient loyaux et savaient se tenir quand il le fallait. Peut-être que les deux oiseaux voudraient goûter à la noble? Non ces idiots étaient capable de l’égorger après avoir fait leur petite affaire, ils étaient meilleurs voleurs qu’amants, et puis peu de chances qu’ils tentent des folies en présence de leur chef.

    De sa vengeance il imaginait maintenant la tête du noble, blessé dans sa chair et incapable de se lever pour disputer un ultime duel. Pas étonnant que le Duché ait aboli la peine de bannissement, les supposés morts revenaient un peu trop souvent emmerder les - plus ou moins - honnêtes gens. Déjà que les vrais morts avaient tendance à revenir grignoter les vivants, si le bas de la chaîne alimentaire s’y mettait aussi.

    Race de morts. À l’époque on pendait les criminels, on en faisait pas une race de clochards des marais qui s’entretue pour un morceau de pain moisi et humide. Saloperies, chair à fangeux, les vrais hommes mourraient dignement en ce temps, la corde au cou et les yeux qui sortent des orbites, pas ce ramassis de tafioles supposément innocentes. Le fait que celui-ci semblait avoir été victime d’un piège le rassurait un peu, il l’aurait probablement tué lui-même si le type avait appartenu à ces nuisibles qui hantaient les faubourgs.

    La nuit allait bientôt tomber, il serait bientôt temps de saigner un riche pourceau de toutes façons bien trop riche pour son propre bien. Et comme disait le banni, peut-être que tout cela finirait par lui ouvrir d’autres opportunités.
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