Marbrume


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 [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]

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Isabelle Palandin
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MessageSujet: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyJeu 22 Juin 2017 - 12:46
La bistre populace de Marbrume grouillait dans la boue du marché aux animaux. L’automne avec ses marre de brumes et son manteaux couvert bourbe était de retours. Et les négociations se faisaient en se frottant les mitaines à chaque fois que la froidure gelait l’haleine des marchands.

Avant que l’hiver soit là, la fille Palandin descendait du Labret pour vendre les chevaux dont elle estimait le dressage suffisamment poussé Landroval , un bel hongre gris et porteur, avec un poitrail large comme l’envergure d’un homme et Asphodèle, une belle petite jument racée, avec de très confortables allures de pur-sang, noire comme l’ébène, et idéale pour la compagnie d’un noble, étaient tous deux les élus de l’année.

La route jusqu’à Marbrume avait été longue et semée d’embûches. Choisir de le faire avec Bòr La Truffe, maître-chien reconnu de Usson, avait été une de ses meilleures décisions : ils s’étaient soutenus et était arrivé miraculeusement à bon port et en un morceau. Lui venait rendre des dogues à leur maître. Pendant qu’il devait être au chaud à tenir palabre avec les sangs bleus, elle demeurait au milieu de cette place cernées par des immeubles gris et triste, brinqueballant et mornes. Ici plus que nulle part ailleurs, ainsi entournée par les ânes, les bœuf et les carnes, elle se sentait bloquée, piégée, prise au piège à attendre qu’on daigne s’intéresser à son travail.

De nombreux badauds et bouchers étaient venus tâter le hongre, impressionnant par son gabarit, pour estimer son gras. La famine était là et quand les estomacs crient famines, il n’y a plus de règles. Il suffisait à la dresseuse de donner son prix pour qu’ils arrêtent de mousser comme des chiens enragés.

A la mi-journée, lorsque le soleil fut haut et peinait à se frayer un chemin dans la grisaille, pas un seul représentant de sa clientèle habituelle ne l’avait approché. Les nobles devaient être terrés dans leur beaux manoirs et la milice trop occupé à finir les vieilles rosses qui leur servait de destriers pour rechercher du sang neuf. Isabelle peinait à se réchauffer et serrait dans ses doigts le lait chaud qu’un éleveur de chèvre lui avait gracieusement offert. Petit à petit, elle perdait patience, elle qui n’avait rien d’une épicière. Pour se rassurait, elle brossait encore et encore la robe d’Asphodèle pour donner plus de profondeur à son poil d’ébène. Sous la crinière de Landroval, elle approchait ses doigts comme on approche ses mains d’un foyer lorsque l’hiver donne les pires gelures. L’automne pouvait être si beau et aujourd’hui il avait décidé d’être si froid…

Combien pour le gris ? lui demanda-t-on une énième fois.

Elle se retourna pour dévisager un petit homme, gras comme un porcelet, avec un tablier maculé de sang autours des hanches. Encore un boucher, nom des Trois !

Bouffe ton propre gras, lâcha-t-elle finalement, dure et sèche.

Vu sa carrure, il aurait très bien pu lui en coller une et elle ne l’aurait pas volé. Cependant le dépeceur passa son chemin, découvrant une jeune femme déjà à bout de nerfs. Ses terres et pâturages lui manquait. Le bruit des marchandages que l’on beuglait, des sabots ferrés qui tintaient sur le sol, des rires qui s’élevaient des tavernes où on avait commencé à sa saouler beaucoup trop tôt et ce nombre de putains qui gloussaient, venant harponner le client parmi les gens de terres… Tout lui donnait envie de fuir. Vite. Plus tôt elle aurait perçu son dû, plus tôt elle pourrait retrouver Bòr et préparer le voyage retour.

Alors qu’elle avait le nez dans son lait de chèvre, un homme s’approcha de la belle Asphodèle. Depuis le matin, il était le premier à s’intéresser à la jolie jument. Isabelle remarqua le manteau de bonne facture et l'attention particulière. Un connaisseur. Il se souciait des points stratégiques. Il vérifia les dents, le dos, chacun des membres et le passage de sangle. Un sang bleu. Un de ceux qu’il ne faut pas brusquer et pousser à la vente. Sans le lâcher des yeux, la jeune femme observa l’intéressé du coin de l’œil, sans broncher. Il n’avait qu’à lever le regard pour chercher le propriétaire et tomber directement sur elle.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyJeu 22 Juin 2017 - 15:42
Ca n'est pas la première fois qu'il vient à ce qu'il nomme la Foire aux bestiaux et à chaque fois il est reparti sans rien acheter. Une vache, il l'a envisagé, mais ça implique au moins un taureau aussi et il ne dispose pas dans sa maison actuelle d'un espace de pâturage assez grand pour y faire cohabiter des chevaux et d'autres animaux. Et sa priorité, c'est le cheval, qui est indispensable à sa nouvelle condition de noble chevalier. Sauf qu'il n'a trouvé jusqu'à présent que des carnes. Les bons chevaux, débourrés, sont en fin de course et peuvent espérer plaire à un propriétaire qu'un an avant d'être en fin de course. Les autres sont à peine dignes pour un attelage; et encore. Les propriétaires ont fait de leur mieux mais sans le talent nécessaire. Ce sont des chevaux à soldats, qui comme les femmes à soldat ont leur utilité, peuvent servir mais ont trop de défauts. Ils ne peuvent réellement être efficients que dans les mains de cavaliers émérites, et s'il s'y connait en chevaux, sa maîtrise de l'animal est loin d'en faire un excellent cavalier. Ce sont des chevaux pour la milice, dont l'espérance de vie ne dépasse pas celle de leurs cavaliers, s'il faut être honnête. Donc il n'est pas vraiment utile d'avoir un maître des chevaux pour les préparer, comme les miliciens, ils apprennent sur le terrain et les plus malins s'en sortent.

C'est un luxe qu'il ne peut s'offrir. Pour améliorer sa chevauchée, il lui faut un cheval intelligent, obéissant, qui panique peu et cette denrée est rare, en plus d'être chère. Il ne se faisait guère d'illusions quant à ses chances de trouver son bonheur et songeait déjà à partir dans les villages voisins pour négocier le cheval qui lui aura taper dans l'oeil. Puis les bons éleveurs sont rares, il faut qu'ils soient capables de nouer ce lien particulier avec l'animal. A la Milice, il n'en a croisé qu'un qui avait visiblement ce don, un tout jeune milicien, massif, qui avait un loup et se plaisait à faire les corvées avec les chevaux de l'écurie. Il l'aurait bien enrôlé quand il a reçu sa promotion, puis la vie en a voulu autrement. Il n'a pas eu le temps d'en parler à sa courtilière qu'il recevait l'ordre de rejoindre son paternel de Comte pour devenir l'héritier. Le destin est parfois capricieux.

Il en aurait bien souri dans sa barbe s'il était du genre expansif, quand son regard fut attiré par un magnifique cheval de guerre, digne d'un sergent de la Milice ou d'un noble de haute lignée. Mais il a pleinement conscience qu'un tel cheval monté par un cavalier comme lui serait du gâchis. Seulement, il s'est surpris à espérer. Certes, même un mauvais palefrenier peut tomber sur un bon cheval, mais l'entretien de celui-ci et tout simplement la qualité de ses sangles le laisse espérer qu'il est enfin tombé sur un bon éleveur et qu'il est peut-être venu avec un autre cheval de qualité, une jument à la robe noire avec une étoile blanche sur le front. L'animal a le même morphotype que lui, l'oeil vif, une énergie que se dégage de lui, le muscle sec et saillant. Il sait déjà qu'il est plus rapide que la moyenne et qu'il ira aussi vite avec lui sur son dos qu'un cheval normal monté par un cavalier émérite. Et ça n'est pas pour lui déplaire, il est important d'être rapide en présence de fangeux. Puis une fois qu'il aura acquis le savoir pour être cavalier émérite, ce cheval sera l'un des meilleurs de Marbrume. Cette jument, pour être plus précis. Mais il lui faut voir si leurs caractères s'accordent.

Il avance d'un pas franc vers la jument, pour voir si elle est impressionnable et la fixe dans les yeux. Elle le remarque mais ne bronche pas, ce qui est plutôt bon signe. Il s'arrête à un bon mètre et ils se jaugent. Il aime l'étincelle dans son œil, visiblement la bête s'ennuie, c'est parfait. Il lui flatte le col puis l'inspecte, attentivement. Son premier coup d’œil était le bon. L'animal n'a pas été battu, est débourré comme il le faut, mieux, il l'admet volontiers, qu'à l'époque où il était le page de son père. Cela ne l'arrange pas des masses, son vendeur doit en connaître le prix et ne le bradera pas. Mais quand on veut la qualité, il faut savoir aussi en mettre le prix. Bon, Aalicia va grogner, mais il négociera. Et puisqu'il va de toute manière devoir s'engueuler avec sa bourgeoise, autant y aller franco. Il lève les yeux et réalise de suite que l'éleveur l'a repéré, et que c'est une éleveuse. Une fleur des trottoirs tente de l'alpaguer alors qu'il allait entamer les négociations.


- Non merci, j'ai c'qui faut, et gratuitement, à la maison !

Simple, franc, direct, il n'a pas quitté Isabelle des yeux.

- Visiblement, vous n'avez amené que deux chevaux, c'est dommage. Vous avez fait un superbe travail avec ces deux-là et ils n'ont pas l'air d'être des fins de stock, plutôt les premiers qui sont vendables, pas vrai ? Il me faudra un étalon en plus, au moins, pour la fin du printemps. Sans doute plus si je trouve le pâturage qui convient à mes ambitions.

Il regarde le cheval de guerre gris et la jument noire et revient vers Isabelle

- Combien pour les deux ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyJeu 22 Juin 2017 - 17:34
Visiblement, Isabelle n’était pas la seule à avoir estimé le montant de la bourse de l’intéressé. Une putain, douce colombe tâchée vint l’aborder. Et il la rejeta un brin durement. Preuve qu’il était bel et bien là pour les bêtes et non pour le plus beau des sourires. Voilà qui arrangeait bien la cavalière : on ne lui connaissait pas une courtoisie et une délicatesse démesurée.

Non content d’avoir scruté pendant un moment la petite jument, il annonça que les deux animaux l’intéressaient. Les deux. D’un coup. Et qu’il aurait sûrement besoin d’un étalon qui irait avec. C’était beaucoup d’informations d’un seul tenant pour la dresseuse. Alors oui, il était bien sûr possible d’acquérir les deux animaux ; et même ceci la délesterait d’un immense poids. Cependant, jamais elle n’avait pensé qu’aucune bourse ne soit assez garnie pour s’offrir de front deux de ses protégés.

Si elle n'amenait que deux animaux, c'est qu'elle était sûre d'eux, de leur compétences, de leurs qualités et de leurs moindres défauts. Ses produits avaient une prestance. Une forme de luxe qui se faisait rare par ici.

Combien pour les deux ?
Les deux !? Alors euh… bégaya-t-elle.

Si fait, elle avait bien une idée de combien elle voulait en tirer. Et la somme paraissait si exorbitante qu’elle trouvait presque malsain le fait de le dire d’un coup. Alors, elle eut besoin de s’expliquer un peu avant de donner le chiffre :

La petite jument s’appelle Asphodèle, commença-t-elle en décrivant de ce qu’elle connaissait le mieux : Sept ans, pleine d’énergie. Un rien frileuse, elle a du nerf mais je suis sûre que ça n’effraiera pas quelqu’un comme vous. Son père a un frère qui a appartenu au Duc.

Ça s’était pour la lignée. Pour les nobles, cela avait de l’importance. Mais elle ne faisait pas la même ségrégation entre les bêtes qu’entre les hommes : chez elle, tout le monde avait été élevé selon la même rigueur. Et elle se tourna vers Landroval pour détailler ses qualités, à son tours :

Et lui, c’est Landroval. Tout juste six ans. Je vous le recommande d’avantage si vous avez besoin de confort et de puissance. C’est une brave bête. Très fidèle. Froid dans son travail. Si messire se plait en arme, ce sera une monture idéale, vous avez ma parole.

Et elle, de nature discrète et réservée s’aperçut qu’elle avait bien trop bavasser. Elle osa frôler le regard de son acheteur qui n’avait guère bronché et lui donna ce qu’il attendait patiemment :

Deux cent écus pour le hongre. Trois cent cinquante pour la jument.

Voilà qui était dit. Et la jeune femme baissa les yeux. Au total, ces cinq cent cinquante écus permettraient à elle et à son oncle de passer l’hiver. Elle ne braderait pas les bêtes et toutes les heures passées à la longe, à la selle et à l'écurie. Chaque équidé était un morceau de sa vie au fond.

Presque avec un sentiment de culpabilité, elle ajouta rapidement :

Pour l’étalon supplémentaire, on pourra s’arranger pour tirer les prix vers le bas, si vous désirez travailler avec moi.

Une réduction était possible s’il trouvait l’animal aujourd’hui sur le marché, qu’il l’achetait avec l’expertise de la fille du Labret et s’il acceptait de venir chercher l’animal après son dressage à Usson. Elle ne faisait pas cet effort pour tout le monde : elle attendait de pouvoir estimer le sérieux de son client.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyJeu 22 Juin 2017 - 21:31
Il écoute calmement la présentation faite par l'éleveuse, mais quand elle parle de l'oncle de la jument qu'il compte acheter, il réplique

- Pourquoi ? Le Duc s'y connaît en chevaux ? C'est lui qui l'a acheté ? Pas que la bête ne vale rien, loin de là, mais ça n'en fait pas sa valeur pour moi. Mais Asphodèle est un nom magnifique.

L'explication pour Landroval lui convient bien mieux.

- Un cheval fait pour les nobles en armure, c'est un peu l'image que j'en avais. Et effectivement, il a l'air aussi solide que docile. C'est un animal magnifique, je pense qu'il plaira.

Puis elle annonce la douloureuse, 550 écus pour les deux. Et là il marque un temps d'arrêt. Elle lui propose un prix pour son futur achat, c'est qu'elle a conscience que le prix demandé est élevé. Pas forcément injustifié, mais élevé.

- Pour les prix en cours, on en serait à 400 écus pour les deux.

Il s'attend à une protestation et lève la main, signifiant qu'il n'a pas fini

- Mais le boulot a été fait et bien fait, et ça se paie aussi. L'offre pour le futur étalon est généreuse, seulement, la différence entre le prix du marché et votre prix équivaut à un bon cheval de guerre. C'est 150 écus de plus. J'étais prêt à accepter 475 écus.

Il a gardé la main en l'air, signifiant qu'il était toujours en train de réfléchir.

- Vos chevaux sont les meilleurs qu'on peut trouver par ici et ça, c'est tant mieux pour vous et tant pis pour moi. J'arrondis mon offre à 500 écus, avec une promesse d'achat au printemps, vers fin mai pour un cheval de guerre de bonne facture lui aussi et un étalon racé, également pour 500 écus. Et si les choses ont bien évolué de mon côté, nos affaires ne s'arrêteront pas là. Par contre, suivant où vous vivez, possible que j'passe voir l'évolution des chevaux et que j'y reste une nuit. J'apporterai de la viande que j'aurai chassée moi-même. En hiver, ça peut toujours servir et ça vous fera des frais en moins. J'serai ravi de débourrer un ch'val en compagnie d'une personne qui s'y connait. Ca ne sera pas perdu pour moi non plus.

Il la regarde

- Vous êtes de quel coin ?

Il espère que le deal va pouvoir se faire. 100 écus au dessus du prix, ça sera déjà pas simple à négocier avec la bourgeoise. Et une perte de 50 pas simple à accepter pour la vendeuse. Mais il a une vraie offre pour la suite.

- Il faudra que vous m'accompagnez au Manoir que j'occupe temporairement, le temps que le mariage se fasse, ce qui ne saurait tarder. Si vous n'avez pas encore fait connaître votre nom, ça pourrait être un bon coup publicitaire d'être présente. Mais ça, c'est vous qui voyez.

Il a tout dit, la décision appartient désormais à... Tiens, quel est son nom ?

Je suis Aymeric, nouvel héritier du Comte de Beauharnais, en instance d'épousailles. Vous êtes ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyJeu 22 Juin 2017 - 22:46
Vous êtes ?
Palandin. Juste Isabelle Palandin, souffla-t-elle impressionnée comme le sont les petites gens devant ces nobliaux à la prestance des princes.

Pas de lettres de noblesse. Même pas un signe de bourgeoisie. Juste le nom qu’avait porté son père et le père de son père avant lui.

Et on crut que la jeune femme s’affaissa un peu devant lui. Le poids de sa docilité qu’ont les serfs face à leur seigneur l’écrasait quelque peu. Tout ce qu’elle pouvait dire c’est que la contre-offre de celui qui se présentait comme Aymeric de Beauharnais n’avait rien de ridicule. Ce n’était que cinquante pièces de moins qu’estimé. D’un côté, l’affaire semblait belle et intéressante. De l’autre, le manque à gagner représentait presque un mois de fourrage. Il faudrait se serrer la ceinture un hiver de plus si le refuge ne parvenait pas à se remplir.

Cinq cent dix et ils sont à vous, donna-t-elle en dernier prix un brin sèche, faisant là une concession énorme, avant de rajouter : Et pas à crédit.

Non pas qu’elle n’ait guère confiance, mais il aurait pu arriver qu’elle ait affaire avec un escrocs de premier ordre. Il fallait se méfier de tout. Les entourloupes devaient être courantes par ici. A elle, on ne lui faisait pas.

Et comme elle se rendait compte que ce n’était pas ainsi qu’on parlait à un héritier de comte, ou qu’importe comment il s’était pompeusement nommé, elle lui tendit la main afin de sceller le pacte avec une douceur qui tranchait avec son débit de paroles cahoteux. Loin d'elle l'idée d'offenser quelqu'un de la haute sphère, bien sûr. Elle rajouta sur un ton moins acéré :

Et, si messire a du temps à y consacrer, je connais un moyen de vous obtenir un des plus beaux étalons du royaume, si votre avis penche comme le miens pour les bêtes sans un sang prestigieux. Vous en aurez pour votre argent, je vous assure.

Elle n’expliqua pas tout mais se tenait prête à détailler tout ce dont il aurait besoin et elle esquissa un sourire pour essayer de se donner de la contenance. Cela ressemblait bien plus à un rictus de désarroi pourtant…

Bien sûr, votre altesse, pourra se rendre à la poste à chevaux de Usson afin de suivre l’évolution de son destrier.

Le mot « destrier » sonnait bizarrement dans la bouche d’Isabelle. Elle n’avait pas l’habitude d’employer ce mot. Il sonnait comme un trop beau mot pour son museau de palefrenière.

Pour le mariage, elle ne savait que répondre. Jusque-là, on ne lui avait jamais demander de faire de la figuration où que ce soit : il faut croire qu’elle était de ses gens pas assez beaux pour qu’on daigne les montrer. Travailler dans l’ombre lui plaisait. Et rien ne lui serrait plus le cœur que quand on lui disait qu’un voyageur avait reconnu l’un de ses protégés lors d’une procession en l’honneur de son glorieux propriétaire.

Même si la cicatrice qui barrait le visage de son digne client lui donnait un air de bandit, elle trouvait quelque chose de sincère et plein d’estime lorsqu’elle effleurait de loin le regard de l’homme. Il dégageait cette prestance de chevalier qu’on n’ose toucher. Comme si elle serait sentie sale ensuite. Comme si elle était trop impure pour cela. Comme si ce geste aurait été le descendant d’un crime.

Au fond, elle s’en voulait de camper sur ses positions mais, sans être mère, elle avait tout de même une petite famille quadrupèdes à nourrir.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyJeu 22 Juin 2017 - 23:35
Il a décidé de faire un effort, un double effort même, mais la bougresse est coriace. Pourquoi faut-il qu'il tombe à chaque fois sur des nanas aussi tendres qu'une harpie qui aurait ses règles. Il ne vrille pas.

- Cinq cents, et c'est mon dernier prix. C'est pas qu'une question de principe, je respecte votre travail et je pense être honnête. Que vous ayez besoin de 510 pour être tranquille, je peux le concevoir, mais dans l'absolu, ce n'est pas mon problème. Vous, vous ne trouverez pas 10 acheteurs sur Marbrume qui sachent reconnaître la qualité de votre travail ET qui ont les moyens de payer un prix 25% supérieur à la cote du marché. Cinq cent et deux chevaux en moins à nourrir, là de suite, ou vous tentez le coup toute seule, en espérant trouver un autre acheteur, enfin autre qu'un boucher, pour un prix meilleur. Cinq cent, je ne vous arnaque pas, loin de là, et vous n'y perdez pas non plus.

Il soupire, mais déjà 500, il ignore comment il va faire passer ça. Si Aalicia a des moyens importants, elle sait compter, aussi, et comme premier achat, il aurait moins de mal à négocier une maison bourgeoise de bonne qualité que ces deux chevaux. Qu'est-ce que sa bourgeoise y entend en chevaux ?

- Messire ou Altesse, t'es gentille mais tu oublies. Ca ne me flatte pas du tout et ça a même tendance à me hérisser le poil. Comme je t'ai dit, je suis le nouvel héritier. J'avais quitté la Comté et ma famille pour m'engager ici, comme simple soldat. J'ai passé plus de temps comme milicien que comme noble, et encore j'compte dedans toutes les années où j'savais pas que j'étais bien né. J'me sens plus proche du troufion que de l'altesse. Milicien externe que j'étais. Héritier, j'le suis depuis quelques semaines à peine. Par contre, un bon étalon, même sans sang, c'est clair que ça me va. Ca pourrait même calmer la bourgeoise, enfin ma fiancée. Vu que c'est elle qui a le sou, et moi qui vends mon titre.

Il la fixe un court instant

- La poste à chevaux à Usson. J'y suis passé quelquefois du temps de la Milice, mais j'avoue qu'j'y ai jamais trop fait attention. Au moins, j'connais le chemin. On ramène les chevaux à l'esplanade, je vous paie 500 comptant après m'être engueulé avec la bourgeoise et pour les 10 écus manquants, bah... j'vous nourris ce soir, j'apporte de quoi bouffer lors de mes visites à Usson et j'évite d'être trop radin ou de discuter le coût du nouvel étalon dont le sang moins noble ferait baisser le prix aux yeux des autres. Possible que s'il me plait, je confie Asphodèle à mon épouse, et elle poulinera.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptySam 24 Juin 2017 - 12:08
Le temps que le nobliau pointe son erreur dans ses appellations et raconte par la même occasion un bout de son existence, la boiteuse baissa les yeux et ne broncha point. Il ne voulait pas qu'on lui donne du messire, mais clairement, avec ça façon d'imposer son autorité, elle ne pouvait clairement pas lui donner du monsieur. Ça s'était pour les autres, les marchands, les gens de terre et de fer. Par ailleurs, son passé militaire n'étonna guère Isabelle : l'impatience dont il faisait preuve lors de la négociation en était la typique démonstration.

Cinq cent écus. Pour la cavalière, la somme semblait déjà venir d'un autre monde ; là où la fange n'existait guère et où l'hiver ne venait pas dans son manteau plus givré que l'année passée. Dix de plus, dix de moins, au fond s'était une poignée d'orge sur la balance aux plateaux d'or. Que l'argent vienne de lui ou de sa bourgeoise, elle n'y accordait aucune importance. L'offre était généreuse et elle finit par y céder :

Va pour cinq cent...

Pour les dix manquant, l'accord était tout trouvé : si le noble ramenait de la venaison à chaque visite au Labret, Sébaste, l'oncle, ne trouverait probablement rien à redire à sa jeune nièce. Restait la question de l'étalon. Elle eut un pincement au cœur quand il évoqua la possibilité de faire pouliner la jolie Asphodèle. Cela pourrait changer ses formes et son caractère. Un beau gâchis en perspective qu'elle passa sous silence : elle se doutait qu'un homme qui lui quémandait un mâle et une femelle en âge de se reproduire voulait obtenir rapidement le fruit de ses dépenses. Il oubliait peut-être qu'il faudrait onze mois à une jument avant de mettre bas. Cependant, ce n'était guère son problème. Tentant de garder une distance émotionnelle raisonnable avec ses animaux, elle se disait qu'il n'était plus de son ressors d'apporter un avis. Son travail était achevé.

Et elle boita jusqu'aux longes qui tenaient les animaux attachés, comme encré à ce port remplis d'animaux passant de mains en mains. Elle détacha le nœud complexe usité par les chevaliers et, après avoir discrètement caresser les naseaux de ses animaux, elle tendit les longes vers le comte de Beauharnais, le cœur aussi serré qu'un certain soulagement la berçait désormais. Voilà qui était fait. Le long voyage de Usson jusqu'à Marbrume n'avait pas été vains.

Même si cela me déplaît, je dois refuser votre invitation ce soir, lâcha-t-elle après lui avoir remit les rênes, scellant leur accord. Il me faut retrouver un ami.

Nullement elle ne voulait paraître rude ou impoli devant un futur héritier. C'était la plus stricte vérité : avec La Truffe, ils s'étaient donnés rendez-vous au Temple pour regagner leur auberge et les bêtes qu'ils avaient confiées au tenancier.

Par contre, si vous n'avez pas d'autre activités aujourd'hui, nous pouvons aller chercher votre futur étalon.

Quelque part, elle se doutait que les gens comme lui n'avaient guère de temps à lui accorder. Pourtant elle avait ouï dire qu'un ami de la famille des Palandin, Eric Chagrinier, un revendeur qui tenait un véritable élevage à quelques lieux au Nord de Marbrume, avait de vrais beaux poulains prêts au débourrage. Par habitude, l'homme ne castrait jamais ses animaux malgré le prix plus élevé des hongres.

En une après midi, il était totalement possible de faire l'aller-retour avec le comte afin d'acheter le futur étalon de son client. Comme à l'habitude, elle achèterait le produit brut et ce serait le travail dont elle était capable qui donnerait à l'animal d'avantage de muscles, de prestance et surtout une éducation à la main et à la monte. Après tout, peut-être qu'il n'y avait pas d'idées plus idiotes que celle-ci : peut-être n'avait-il l’œil équestre, comme le sien, afin de différencier un beau poulain qui deviendra une carne d'un poulain nonchalant qui se fera monture superbe et enviée.

Pour le moment, il faudrait emmener les chevaux à la demeure du comte. Elle serait ainsi rassurée de voir les futures conditions de vie de ses protégés. S'il prenait la décision de se rendre à l'élevage d'Eric Chagrinier, il aurait tout le loisir de profiter de sa première chevauchée pour vérifier la qualité de ses achats. Une sorte de ballade utile et sans grand enjeux s'ils parvenaient à rentrer avant le couvre feu.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptySam 24 Juin 2017 - 13:16
- Vous avez un cheval pour vous rendre à l'esplanade puis chez votre ami éleveur ?

Il a remarqué qu'elle boitait, évidemment et n'a pas eu le mauvais goût de le signaler directement. Aussi lui propose-t-il de faire le trajet à cheval. Après tout, tant qu'il ne les a pas payés, ils sont encore à elle. Il choisit de monter sur le cheval de guerre, plus docile et de laisser la dresseuse avec la jument pour faire le trajet, au pas. Isabelle pourra remarquer qu'il n'est pas un cavalier émérite mais qu'il sait diriger un cheval quand même et qu'il est respectueux de sa monture

- Vous avez eu un léger tic quand j'ai parlé de faire pouliner Asphodèle. Cela pourrait lui nuire ? Ma future a deux chevaux d'attelage et on a de la place pour quelques autres chevaux, le palefrenier de la maison entretient bien les lieux. Vous pensez qu'il faudrait que je songe à faire pouliner une autre, qu'Asphodèle y perdrait ? Et accessoirement, combien me coûtera l'étalon, sans prendre en compte le coût du dressage, évidemment. Espérons qu'Aalicia ne soit pas exigeante sur sa robe, mais comme ça sera pour elle, ça sera plus simple à négocier.

Il est heureux de l'acquisition et perd un peu le fil de ses idées. L'héritier est détendu, ce qui est plutôt rare chez lui, alors qu'il sait que la négociation va être âpre. Et il n'a pas cette fierté déplacée de vouloir faire prétendre qu'il maîtrise des sujets qu'il ne maîtrise pas. Il a une spécialiste, il l'interroge. Arrivé aux portes de l'Esplanade, il se présente aux gardes, sans sembler s'offusquer qu'on ne le connaisse pas encore.

- Non, Aymeric DE Beauharnais, héritier de la maison Beauharnais. Oui, je sais, je ne m'y suis pas fait non plus. Cette dame m'accompagne et ne posera aucun problème. Messieurs !

Un vrai salut militaire, son passé n'est visiblement pas effacé et ils se dirigent vers le Manoir qui leur a été confié par le Duc. Pas le plus admirable, loin de là, mais rien du côté de l'Esplanade ne fait "pauvre", juste, pour le coin, c'est pas l'une des maisons riches.

- La famille n'est pas d'ici, mais du Comté de Beauharnais, rayé de la carte aujourd'hui. Les quelques gens de maison sont à mon père, mais j'ai bossé avec le maître archer et le palefrenier quand j'étais petit, je ne connais pas les autres et n'ai pas de domestique, par choix. J'en prendrai probablement une fois en fonds, car ça permet de nourrir des familles. Ma future épouse est aimable mais peut être sujette à des sautes d'humeur, c'est la grossesse qui veut ça, ne vous en offusquez pas si vous deviez la rencontrer. J'ai rejoint Marbrume à l'adolescence pour faire milicien, mais comme j'étais en externe, je ne connais que peu les quartiers de la ville, sinon le Temple et les bars à soldats. Et la Caserne, forcément, puisque j'y vivais quand je n'étais pas dehors.

Il se dirige vers ce qui sert de haras et y est accueilli par Jacques, qu'Isabelle pourra aisément définir comme étant le palefrenier. L'homme, robuste et dans la cinquantaine, vient de terminer le nettoyage des box où deux chevaux d'attelage de bonne facture paissent tranquillement. Le sifflement admiratif quand il voit les deux montures fait chaud au coeur de l'héritier, qui descend de sa monture pour serrer une franche main.

- Et oui, j'ai eu de la chance. Cette dame est dresseuse du côté d'Usson et avait deux merveilles à vendre. Je te laisse lui présenter les lieux, lui montrer qu'ici ces chevaux seront respectés et bien traîtés. J'vais négocier avec madame pour confirmer l'achat et un supplément pour un étalon pour elle, puis je partirai avec dame Palandin pour choisir un étalon pour madame, qu'elle débourrera pour qu'on l'ait au printemps. On n'a pas encore l'espace pour faire ce boulot ici. Si t'es pas en pause, sinon on peut attendre.

Jacques indique qu'il n'y a pas de souci. Aumeric inspire profondément, comme pour prendre son courage à deux mains et entre dans le manoir, prêt à en découdre avec sa "bourgeoise"
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Isabelle Palandin
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyMer 19 Juil 2017 - 16:04
Vous avez un cheval pour vous rendre à l’esplanade ?

Avant d’avancer en réponse que son propre cheval, Parreloup, avait passé la nuit dans l’écurie un brin miteuse d’une auberge des alentours, Isabelle se retrouva avec les rênes d’Asphodèle dans la paume. Parfois l’infirmité avait des avantages que seuls reconnaissaient les dernières brides de bonté au milieu d’une humanité en perdition…

Une fois à cheval, il lui demanda pourquoi l’idée de saillir la jolie jument lui paraissait fort triste. Brièvement et sans baver une longue argumentation marquée de sa propre expérience, elle dépeint qu’en plus de changer de physionomie, une poulinière pouvait modifier son caractère. Certaines ne voulaient plus se plier au travail après avoir goûté aux joies du pré jusqu’au sevrage. En soit, il est bien plus avantageux de passer des journées à brouter que trimer, porter des bonhommes parfois capricieux. N’importe quel cheval d’attelage feraient sûrement l’affaire. Par leurs carrures, ils restaient d’habitudes immuablement dociles.

Ensemble, la jeune boiteuse et le bon héritier se rendirent à l’Esplanade où seuls sangs bleus et haute bourgeoisie se renfermaient sur avoirs et titres. Ne pouvant s’en empêcher, la cavalière se permit d’observer son honorable acheteur. Sa posture n’était pas intuitive. L’assiette médiocre ne lui enlevait toutefois pas une certaine stature : il avait cette silhouette de militaire, droit dans ses bottes, dressé comme une flèche de cathédrale et presque trop raide. Les bases y étaient, mais manquait l’entraînement qui devrait pénétrer le corps jusqu’à ce que les hanches ses creuses. La pratique avec quelqu’un de qualifié pour ensuite se frotter à des montures plus exigeantes. Là, dans cette ville où même les animaux perdaient leurs repères, la petite jument ébène tressautait à chaque croisement de rue, à la fois curieuse et terrifiée. Et pas un écart. Asphodèle savait que ce n’était pas chose que sa dresseuse tolérait. Avec un cavalier moins prudent, fut une époque, la bête aurait tout aussi bien fuit en piétinant les passants.

Les miliciens qui les inspectèrent à l’entrée de l’écrin de fer destiné à une poignée d’argentés semblaient reconnaître son bienfaiteur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ils ne firent aucune difficulté à laisser une gueuse sur un si beau cheval entrer. Isabelle avait l’impression d’être un épouvantail dans un carrosse de vermeil. Tant respectueuse que silencieuse, Isabelle écouta bien le comte lorsqu’il donna une explication sur sa famille. Le presque propriétaire d’un bout de la carte des Langres qu’on avait tôt rayé de la carte. Un futur époux et un père en devenir. Un milicien modeste que le destin avait forcé à rejoindre des privilégiés parmi les mieux favorisés. Et tout ceci n’avait guère d’importance pour la chagrinière. D’aucune manière elle n’enviait ni ne dénigrait son sort. Qu’importe qui il était. Tout ce qu’il voulait c’était des poulains qui avaient grandi dans la meilleure des maisons et tout ce qu’elle désirait s’était le sous qu’elle méritait.

La demeure qu’il lui indiqua lui parut d’un triste et pâle luxe. Un petit et maudit manoir en plein centre de la ville des damnés. Les portes s’ouvrirent sur une cour où l’écurie occupait le rez-de-chaussée adjacent. Derrière le comte de Beauharnais elle mit pieds à terre non sans une grimace de douleur. Monter et descendre était ce qu’il y avait de pire pour son moignon.

A l’intérieur, nombre de stabules organisées dans ce bel espace étaient libre. Seul deux étaient occupées pas deux immenses animaux. Le doublon accordé de chevaux d’attelage avait de quoi impressionner. Au milieu, un homme siffla en les voyants arrivé. Un homme dont les tempes poivre et sel trahissaient un bon demi-siècle de servitude. Le comte de Beauharnais alla lui serrer la pince. Plus réservée, la boiteuse se tenait un peu en retrait. Avec une gentillesse de seigneur, il demande au palefrenier de faire faire le tour des lieux à la jeune femme et quitte la paille d’un pas décidé. Sûrement une affaire pressante à régler.

A son tour, Isabelle tend la main :

Isabelle, préfère-t-elle se présenter.
Jaques, lui répond l’autre avec un bon sourire pincé et chaleureux à la fois.

Il lui prend la menotte, un brin bourru mais très aimable. Un temps, ils s’observent, se reconnaissant l’un dans l’autre. Une vie faite de labeur, dédiée aux montures des autres. Tout ça, ils le voient dans leurs mains polies par le cuir, par la couleur de leur peau, tannée par l’ancien soleil, par un corps qui parait sec et par leur dos qui n’a jamais cessé d’être rigide. Si Jaques la dépasse bien d’une tête, Isabelle le dévisage avec la même gentillesse qu’elle adresse à ceux qu’elle connaît bien.

Alors ils attachent Asphodèle et Landroval avec foin et eau à disposition. Sans les seller, toutefois : il faudra sûrement repartir. Et ils vont à la rencontre des chevaux de trait. Un long moment, ils discutent harnachement, embouchures, grains, rationnement, foin, paille et agencement des lieux trouvant beaucoup de qualités dans tout cela.

A un moment, des voix s’élèvent avec un grain d’irascibilité. Aucun des deux palefreniers n’y prête attention. Ils sont trop absorbés par prédire lequel de l’orge ou de la luzerne viendra à manquer en premier dans cette ville rongée par la nécessité sous toutes ses formes. Elle n’a même plus l’impression d’attendre et propose même de l’aide à son semblable pour terminer la tâche qu’il entreprenait avant son arrivée.

Les petites gens sans le sous n’ont pas les mêmes préoccupations des honorables riches. Sans argents, il y a moins de tracas à avoir concernant les dépenses. L’or n’amène que l’insomnie et les longues disputes.  
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyVen 21 Juil 2017 - 15:16
La négociation, comme il s'y attendait, n'a pas été de tout repos. Il a une part de la fortune de sa future prévue pour après le mariage car oui, c'est elle qui fournit la dot. Et découvrir que son futur mari, un homme pourtant posé, dépense une centaine de pièces d'or en plus pour ce qui semble être une lubie, ça dépasse l'entendement. Cela se calme quelque peu quand Aymeric apprend à Aalicia que le cheval le plus cher est la nièce du cheval préféré du Duc. Cet argument, dont Aymeric n'avait rien à faire, fait tilt chez Aalicia. Pour le prestige, c'est pas si mal et le prestige, elle, elle y tient. Quand il ajoute qu'en prime il compte prendre un cheval pour elle, racé, à bon prix, qu'il va être débourré et qu'il pourrait même envisagé de lui laisser le cheval de prestige si le futur cheval, qu'ils auront au printemps, lui plaît à lui, la cause semble gagnée. Bon, évidemment, les frais seront déduits de sa dot, mais cela, il s'y attendait et s'en contrefout aussi. Mais sa future impose une autre exigence, comme dirait Aymeric "digne d'une femme enceinte". Elle exige qu'il lui ramène de la viande pour ce soir. Il accepte la condition sans rechigner. Aalicia a le sentiment d'avoir gagné la négociation et ça n'ennuie pas Aymeric, qui lui a ses chevaux. Bref, une négociation bien menée, du point de vue de l'ex-milicien, qui ressort avec les sous, de quoi acheter le cheval à débourrer et un peu d'argent de poche. Un peu, du point de vue d'une riche bourgeoise, pour lui, ça vaut plusieurs soldes de son époque de milicien. Vraiment un autre monde...

Quand il ressort, il voit Isabelle et son palefrenier en excellente entente et décide de les laisser un peu à deux. Jacques a rarement l'occasion d'échanger avec quelqu'un qui a le même amour du métier que lui et le fait qu'ils s'entendent bien lui réchauffe le coeur. Il attend quelques minutes, le temps que Jacques le remarque, puis les rejoint, comme s'il venait de sortir de sa négociation.


- Mes apprentissages font effet, il semblerait. J'arrive à négocier avec une femme et à obtenir gain de cause sans cris ni pleurs.

Il l'a dit sans sourire, malgré que la remarque se veuille humoristique. C'est plus le genre de confidence d'un milicien que d'un héritier. Ce dont il ne s'inquiète visiblement nullement. Il poursuit à l'intention de son palefrenier.

- Avec dame Isabelle, nous allons acheter un cheval qu'elle va débourrer cet hiver et au printemps. Je passerai voir de temps à autre l'évolution du cheval, mais avec mes obligations, la future naissance et toutes ces choses que j'ignore encore, je n'aurai pas toujours le temps de me rendre du côté d'Usson, ma présence risque d'être requise ici. Donc, je me demandais s'il te plairait dans les prochains mois de faire un détour du côté de chez madame pour voir l'avancée du cheval et passer une journée ou deux à travailler à ses côtés. Je pourrai te suppléer ici pour nos chevaux. Je n'ai certes pas ton talent, mais, je l'ai fait plus petit et je suis loin d'avoir tout oublié.

Au sourire ravi de Jacques, Aymeric voit qu'il a fait mouche avec son idée, mais visage impassible il n'en montre rien.

- Si cela ne vous ennuie pas, dame Isabelle, évidemment. Nous pouvons aller chercher mon futur cheval, si cela vous convient, à moins que vous ne préfériez attendre demain ? L'un dans l'autre, je vous suis.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptySam 22 Juil 2017 - 20:51
Derrière eux, de Beauharnais les écoutait, et un sourire satisfait aurait pu le trahir. L’homme de main fut le premier à le remarquer et ils se rapprochèrent, attiré par la sentence du maître : le contrat tenait toujours. La palefrenière n’avait pas boité jusqu’à Marbrume pour rien. Ses protégés resteraient ici, dans une bonne maison, et elle empocherait la promesse du nobliau.

Pour Asphodèle et Landroval, l’affaire était conclue. Restait toutefois l’histoire de l’étalon supplémentaire. Pour cela, la fille du sieur Palandin avait bien une idée derrière la tête. Non loin de Marbrume existait un élevage. Il fallait sortir de l’enceinte et s’aventurer au sud en longeant les falaises. En se dépêchant un peu, ils avaient une chance de rentrer avant le couvre-feu. Le propriétaire de cette petite ferme était un ami de la famille. Un vieux monsieur sans descendance, le sieur Béceros, continuait à produire et à vendre des animaux que l’âge le privait de débourrer en toute prudence. Dans la profession, l’écurie de Crochemat était un secret que les connaisseurs n’ébruitaient guère. Et c’était là qu’elle voulait emmener son acheteur.

Nous pouvons aller chercher mon futur cheval, si cela vous convient, à moins que vous ne préfériez attendre demain ? demanda-t-il. L'un dans l'autre, je vous suis.
On part maintenant, lâcha-t-elle rudement.

Du Labret à Marbrume, la petite jument ébène et le bel hongre gris pommelé avaient parcourus de sacrées distances en peu de temps, mais la ballade était facile et permettrait au sire de Beauharnais de profiter de ses fraîches acquisitions. Le plus long seraient de passer la garde pour franchir dans les deux sens les portes de la cité.

Avec Jacques, ils dessellèrent les chevaux pour mette le matériel d’une meilleure qualité du noble. La boiteuse choisit les selles qui convenaient au mieux à la morphologie des animaux et posa son équipement dans un coin de l’écurie. Le moment venu, elle récupérerait les harnachements pour rentrer au Labret. Pendant que les hommes vérifiaient les fers, elle adapta les mors sur de jolies brides. Les deux chevaux avaient été éduqués avec l’embouchure qui convenait le mieux. Pour le prix qu’elle en voulait, un morceau de fer, c’était la moindre des attentions.

Tout ce qu’il avait à savoir, la jeune femme l’expliqua posément à l’ancien militaire. La route à prendre. Et les rumeurs à propos d’un poulain exceptionnel qui devait aujourd’hui être en âge d’être monté.

Une fois les chevaux prêts, elle se tint devant lui, attendant ses ordres. Allait-il tenter de chevaucher la belle Asphodèle ? Quelque part, cela l’aurait arrangé : à la campagne, monter chevaucher le prestige passait inaperçu, ici, elle avait l’impression d’attirer tous les regards sur cet animal qui avait les courbes et les angles de la majesté. Qu’on tourne la tête pour la voir clopiner avec pitié ne l’effleurait même plus, mais elle ne voulait pas qu’on la prenne pour ce qu’elle n’avait jamais été : une privilégiée. Voilà pourquoi l’histoire de son hôte l’étonnait tant : comment pouvait-on passer de l’acier à l’argent si promptement ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyVen 28 Juil 2017 - 13:57
Il aime bien la palefrenière, ou est-elle éleveuse de chevaux ? Qu'importe, il aime bien Isabelle et l'envie quelque peu. Elle a une vie dans la nature, avec des animaux qu'elle aime, aucune contrainte liée à la naissance et fait le métier qu'elle aime. Lui a plutôt subi sa vie et a tenté d'en tirer le meilleur parti. Il n'a pas demandé à naître noble et a fui sa condition avant qu'elle ne lui revienne en pleine figure comme un boomerang. Mais bon, s'il ne l'admettra pas, il n'est pas malheureux, d'autres sont plus mal lotis que lui.

Aymeric prend ses armes, son arc, ses flèches puis Asphodèle, qu'il est pressé de tester dans la nature. Oh, il sait qu'il n'a rien d'un cavalier émérite, mais ce cheval peut compenser ses manques. Puis cette jument respire l'intelligence, ce qui n'est pas pour lui déplaire. Il se place aux côtés d'Isabelle et l'attend. Avant de réaliser qu'elle semble l'attendre aussi. Il grimace, entendant ses explications sur le chemin à prendre avec attention. Savoir si Aymeric est attentif est fort simple, quand il écoute, il fixe son interlocuteur dans les yeux et il ne l'a pas lâchée du regard. Et pourtant, il ne donne pas d'ordre, puis explique.


- Ici, les rangs ne comptent pas. C'est vous la professionnelle, vous connaissez les lieux, le chemin, les chevaux. C'est moi qui vous suis. Chacun ses domaines de compétence. Je suis archer, vous êtes cavalière et le monde fonctionne très bien ainsi.

Il lui fait un signe de tête pour la laisser prendre les commandes du duo et si son visage reste inexpressif, on peut sentir que cela lui convient parfaitement et quand enfin ils se lancent, il se laisse aller à quelques confidences.

- J'crois que je ne me ferai pas à cette vie de noble, j'essaie de fuir mes fonctions et la ville dès que je le peux. Moi j'aime la forêt et la solitude. J'arrivais à trouver les deux comme milicien externe, je pouvais jouer au pisteur, traquer les braconniers en étant furtif. Il ne m'était pas permis de chasser avant la Fange, mais j'aimais traquer les animaux quand même. C'est devenu plus dangereux depuis, évidemment, mais bon. Quand le Duc donne l'ordre de rejoindre les nobles, on ne peut qu'obéir. J'envie assez votre indépendance.

Il a beaucoup parlé, sans remords et aux portes de la ville, il a un premier sourire et flatte l'encolure d'Asphodèle. Il semble disposer à la tester et jette un regard vers Isabelle. Il espère qu'Isabelle acceptera un vrai galop, même avec un moins bon cavalier qu'elle.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais]   [Terminé] Des protégés à la négociation [Aymeric de Beauharnais] EmptyDim 13 Aoû 2017 - 12:26
Elle aime bien ce noble, ou bien n’est-il qu’un nouveau riche au cœur de milicien baroudeur ? Sa façon de parler simplement, sans grande affaire de dans quelle oreille tombent ses confidences. Elle n’envie pas sa condition plus que la sienne. Aucun d’eux n’a voulu un jour se trouver dans leur condition. La vie attribue les rôles. La vie en somme. Et rien n’a jamais autant émerveillé la cavalière que la façon qu’ont les hommes de s’accommoder de toutes les situations que le destin sème sur leur route.

Aymeric de Beauharnais a pris les armes. Il a choisi la belle Asphodèle. Et il lui a laissé sa confiance et la tête de l’opération. « Et le monde fonctionne très bien ainsi ».

Ils prennent la route. Landroval est confortable, robuste, grande bête dont la puissance force une certaine sérénité. Son bassin glisse dans la selle au rythme de son pas. Alors qu’ils s’avancent vers les portes de la cité, l’ancien milicien s’épanche en quelques bavarderies. Lui qui essaye dès qu’il le peut de se soustraire à ses activités devrait apprécier la balade qu’elle lui propose. Un brin de pays sous la brise. Et si la solitude lui manquait elle saurait se montrer aussi discrète que la tombe. Loin d’une pie jacassante, on ne lui connaissait pas une grande palabre. Isabelle n’aimait pas parler pour ne rien dire et dire pour rien parler.

Lui disait qu’il jalousait son indépendance. Mais quelles libertés lui enviait-il ? Celle de l’impôt qui tombait toutes les saisons ? Celle des saisons qui pouvait réduire à néant son travail à la moindre colère ? Etait-ce sa liberté de travailler avec des bêtes aussi somptueuses que capricieuse ? D’autant qu’elle en savait elle n’avait jamais vraiment eu le choix. Son père élevait des chevaux, elle en a fait de même. Et la passion s’était glissée dans son cœur presque par miracle. La boiteuse faisait ce pourquoi elle avait été conçue pour faire le mieux. Et encore, le passé lui avait arraché une jambe dont avait besoin pour construire un avenir dans ce monde au bord de l’apocalypse. La chance l’avait larguée dans une maison où elle n’aurait plus besoin de courir jusqu’à ce que ses montures ne puissent plus galoper.

Si vous saviez tout ce dont je suis à la botte, monsieur… souffla-t-elle en lui souriant presque amicalement.

Plus le temps passerait, moins se montrerait-elle rude. Arrivés à la porte Sud de la ville, elle laissa le chevalier se dépêtrer avec la milice. Elle pensa à son ami Bòr et se demanda où il était dans cette grande ville sombre où fourmillait les horreurs. Leur refuge était à l’Est et quand les portes s’ouvrirent, Asphodèle sursauta, et pourtant quelque chose dans les entrailles de la boiteuse se dénoua et elle se sentit plus légère. L’extérieur avait d’autres senteurs, d’autres règles et d’autres espoirs.

Marchant bottes à bottes, elle donna des conseils à son bon samaritain pour améliorer sa posture. Baisser les mains et les talons. Relâcher le bassin et ne pas serrer les genoux. Prendre moins de contact sur le mors. Rien de catastrophique. Le noble avait l’allure, le dos droit, la connaissance de son corps et l’instinct pour accompagner le mouvement. S’il se prenait pour un piètre cavalier, il faisait fausse route : même si des choses étaient perfectibles, il avait beaucoup d’instinct pour cela. Et même si elle resterait prudente, elle n’hésiterait pas à avancer comme elle l’aurait fait avec La Truffe ou un autre compagnon de route. Et comme la route est enclin à entendre bavasser, Isabelle se permit d’à son tour lui donner son sentiment.

Vous savez, je n’envie pas bien votre rang non plus, monsieur. Il y a tant de chose qui me feraient peur à être enfermé dans de beaux murs. S’il me faut rendre des comptes de bien des choses, je n’ose imaginer ce qu’il vous tient de faire avec toutes ses politesses et l’étiquette adéquate. J’espère ne pas vous paraître rude si je vous dis que je préfère la raillerie campagnarde, aussi grasse soit-elle, à la moquerie perfide des bourgeois.

Sûre d’elle, elle les guida sur une route en mauvais état et préféra marcher sur les bords pour préserver les chevaux.

Et puis vous m’avez parler de votre épouse et de l’enfant qui se prépare. Tant de responsabilités à gérer de front… Trouvez-vous assez de temps pour vous ?

Du temps pour elle, elle n’en avait jamais. Mais, si sa liste de labeurs s’allongeait tous les jours, elle n’avait pas à craindre de supporter la charge d’une famille.

Prendre l’air, il en aurait l’occasion au moins pendant cette courte excursion. Il était midi et elle sortit de sa sacoche de la viande séchée qu’elle tandis à son acheteur et en mâcha un bout en s’éloignant au pas de Marbrume. On verrait les remparts de la ville tout du long de l’excursion.
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