Marbrume



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 [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]

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Constance HilairePrêtresse responsable
Constance Hilaire



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MessageSujet: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyMar 16 Oct 2018 - 22:30

~ Mi décembre ~

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L’hiver déjà, lui et sa fraîcheur, lui et sa température bien plus fraîche, celui-là même retardant le transport et la culture des denrées. Ce jour n’échappait pas à la règle, une fine pluie dégringolait du ciel, accompagnée d’une fidèle alliée, une brume légère, mais présente. Constance détaillait les gouttelettes se figer sur les vitres du temple, puis glisser jusqu’en bas, avant de se perdre dans le décor de la bâtisse. Fatiguée, la blonde ne semblait guère avoir envie de quoi que ce soit, son retour à Marbrume s’était avéré beaucoup plus douloureux que ce qu’elle avait imaginé, regrettait-elle un peu sans aucun doute d’être revenue. Les souvenirs de Theodren étaient partout, omniprésents, si bien qu’elle avait fini par ressentir le besoin d’aller là où jamais l’un et l’autre n’avaient été. Après tout, était-il mort, fallait-il avancer et non rester dans cet état de semi-conscience, semi-réalité. Constance avait donc daigné se lever, s’habiller, justifiant son comportement par la fatigue du voyage, qui aurait pu remettre sa parole en doute, elle qui revenait à peine du domaine de Ventfroid, elle qui avait traversé sans trop savoir pourquoi, ce froid, ce danger, pour retrouver un foyer qui n’existait finalement plus. Adieu le temple pour la journée, avait-elle eu ce besoin de changement, ou peut-être de retrouver un semblant de souvenir aussi douloureux soit-il. Nostalgique, amère vis-à-vis de sa faiblesse envers l’acceptation de la volonté des droits, elle avait fini par fuir la protection de son lieu de vie pour emprunter un chemin qu’elle avait bien trop fait, celui des bas quartiers, celui de la demeure de Theodren, sans nullement savoir ce qu’elle espérait y trouver.

Les odeurs, le bruit de ses pas sur l’humidité du sol, rien ne semblaient avoir changé et pourtant, tout avait cruellement changé. Quand la porte de la demeure s’était ouverte, quand la voix de la jeune fille venant d’y emménager lui avait demandé ce qu’elle pouvait faire pour une prêtresse, Constance n’avait guère su quoi lui répondre, secouant doucement la tête avant de s’excuser et reprendre sa route. Avait-elle espéré une minuscule seconde le revoir lui, imaginer volontiers que tout ceci n’était que le fruit de son imagination, que malgré le mois qui s’était écoulé tout était encore identique. Si seulement. Fuir, encore, l’unique solution viable sur l’instant pour ne plus y penser et tout en s’engouffrant dans la ruelle adjacente, la blonde n’avait guère dû percevoir que celle-ci était un peu trop animée. Passant une main dans sa chevelure soigneusement tressée, Constance tente de retirer les fines gouttelettes d’eau qui imbibent petit à petit le moindre de ses cheveux, tout comme sa robe et le long manteau épais qu’elle porte sur les épaules. Insouciance, elle ne fait pas attention aux voix qui s’élèvent plus loin devant-elle, non, la prêtre ne relève les yeux que lorsque cet homme s’écroule sur le sol, une main sur son abdomen, que lorsque le couinement de surprise s’extirpe de la gorge de son interlocutrice. Elle, elle est encore debout, droite, observant sagement ce que la représentante des trois perçoit sur l’instant pour une victime. L’inconnue ne semble pas l’avoir remarqué, les pas de la clerc ce sont d’ailleurs stoppés, la peur sans doute, la méfiance, ou simplement la surprise d’un événement qu’elle n’avait guère prévu durant cette matinée.

Ses lèvres se pincèrent alors que son bas ventre se tortillait, qu’un murmure ne cessait de lui dire de partir, de ne pas rester là, mais Constance n’écoute pas, parce que certaines choses ne changent pas. Elle s’élance finalement, en abandonne presque sa cape chaude, sur le sol derrière elle, sous la précipitation de ses gestes.


- « Je suis prêtresse » s’exclama-t-elle comme-ci, miraculeusement, ce simple mot la protégerait de tous les maux.

Elle était arrivée finalement à la hauteur des deux protagonistes, lui avait dû tirer son dernier soupir, la responsable de tout ceci n’ayant pas bougé. Que pouvait-elle lui dire, que pouvait-elle faire ? A cette distance pouvait-elle au moins réagir, pouvait-elle au moins s’apercevoir qu’elle n’était pas responsable cette inconnue. N’était-ce point une arme au corps à corps qui était responsable de la mort de la victime, mais une petite fléchette ayant perforé la jugulaire. Relevant le regard vers celle qui était encore là, Constance ne put que dévoiler une légère surprise, une légère grimace, lorsqu’une autre petite tueuse se planta sur le sol entre elle et cette inconnue.

- « Il ne faut pas rester là » ordonna presque la blonde

L’évidence n’était le fruit que d’une réflexion logique, que même un enfant de trois ans aurait pu avoir. Pourtant, comme dans le doute de voir une lueur de compréhension dans les prunelles de celle dont elle ne connaissait rien et qui était possiblement responsable de la mort de cet homme gisant sur le sol, elle lui agrippa l’avant-bras, l’entraînant avec elle davantage au fond de la ruelle, jusqu’à la forcer à rentrer dans un semblant de taverne. L’entrée dynamisée par l’élan de la blonde fut canalisée par un semblant de sourire, alors que tous semblaient s’étonner de la présence d’une prêtresse ici.

- « Installons-nous au fond » souffla un brin difficilement la clerc « Vous allez bien ? Vous êtes blessée ? »

L’établissement lui avait fait silence, le temps pour les deux nouvelles arrivantes de s’installer, le temps que la surprise d’une représentante des trois s’estompe. Ici, n’y avait-il aucun souvenir de Theodren, ici n’y avait-il aucun risque, aucun danger, du moins l’imaginait-elle. Tirant une chaise, Constance était désormais dans cette étrange attente, celle de l’incertitude, celle dans l’attente d’explication, de besoin, ou de consolation. Qui était cette étrange inconnue ?

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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyMer 17 Oct 2018 - 21:06
Une brume épaisse s'était levée sur Marbrume, balayant d'un seul coup les souvenirs d'un été chaud déjà achevé. Une odeur de pluie planait au dessus de la ville, et tout semblait soudain immobile. Les rues d'ordinaire animées se retrouvaient comme dépeuplés, les gens préférant certainement se terrer dans leur trou, au chaud, au sec, en sécurité... On eut dit une ville fantôme sur laquelle planait une certaine forme de menace. Il faisait froid, humide et on y voyait pas plus loin qu'à deux pieds...
Mais cela convenait parfaitement à Lyanna, qui attendait calmement son client, adossée à un mur de pierres glacées. La brume avait pour avantage de la masquée de la vue des autres. Elle était une excellente alliée, pour les personnes de son espèce. Elle se plaisait dans cette ambiance suspendue et calme. Les moindres pas, les moindres murmures, ses oreilles exercées les entendaient avec netteté et l'alertaient si nécessaire.
Même si la météo ne permettrait à personne de deviner du premier coup son identité, la jeune femme avait enfilé une cape de voyage fatiguée, munie d'un capuchon. Son visage était à moitié dissimulé dans un tour-cou, ne laissant apparaître que ses grands yeux de biche azurés. Ses cheveux, quant à eux, avaient soigneusement étés ramassés et dissimulé dans ses vêtements pour qu'aucun élément ne puisse la trahir d'une identité à une autre : on n'était jamais trop prudent.
Et d'ordinaire, Lyanna redoublait de prudence. Mais étrangement, pour cette affaire, un doute planait. En effet, il y avait trois jours de cela, un homme était venu à la taverne du port s'entretenir avec elle - enfin, plutôt avec Rubis, son pseudonyme de voleuse - et avait sollicité son aide. L'affaire était particulière, et la jeune femme avait envisagé de refuser. Parce que si elle était une voleuse, elle savait pertinemment qu'il était bien imprudent de s'en prendre à une bande organisée quand on agissait en solitaire à son compte. Disons que par principe, on ne tire pas dans les pattes de ceux qui jouent dans la cour des grands. Mais peut être était-ce par vanité? Peut être avait elle attrapé la grosse tête avec les bons coups qu'elle avait réussi avec brio au cours des derniers mois ? Ou peut être, plus simplement, avait elle été aveuglée par l'éclat flamboyant de l'or dans la bourse que lui tendait le commanditaire du contrat ? Quoi qu'il en soit, Lyanna accepta.
La mission, comme dit plus tôt, n'était pas très ordinaire. En fait, l'homme en question était un marchant à la réputation douteuse, qui dénichait par des moyens plus ou moins controversés des objets insolites pour des clients bien particuliers. Et là, pour le coup, il s'agissait d'un livre rare, qui avait une très grande valeur marchande. Le hic, c'était qu'alors qu'il séjournait dans une auberge de Marbrume, une bande organisée et assez réputée de voleurs s'étaient emparés de l'ouvrage. Le marchant, lui, bien embêté, avait déjà promis le livre à son client. Il lui fallait donc récupéré son bien dans les plus brefs délais, sans quoi il risquait de subir le courroux de son acheteur. Et c'est là que Rubis était rentrée en scène.
Le titre du livre, elle ne l'avait pas retenu. De toute manière, elle ne savait pas lire. Le contenu de l'ouvrage ne l'intéressait pas un tant soit peu : celui de la bourse, en revanche...
Bizarrement, la jeune femme n'eut pas de mal à trouver la planque de ses opposants. Pas de problème non plus à s'emparer du gros livre à la couverture en cuir rougeâtre. Et pas plus en s'éclipsant de la cachette et à regagner la sienne. Fière d'elle, elle se disait qu'elle venait de réussir à se faire pas mal d'argent facile... Et par le même coup, à annoncer aux voleurs qu'une autre pointure œuvrait dans l'ombre à Marbrume. Sans doute aurait elle dû se méfier.
Pourtant, Lyanna se sentait détendue, même si elle frissonnait dans le froid depuis de longues minutes déjà. Bientôt, son client arriva, la mine soucieuse. Il semblait impatient de récupérer l'objet de cette aventure. La conversation fut courte, et l'homme ne chercha pas à revenir sur le prix dès qu'elle lui eut remis le gros livre rouge. Il farfouillait à sa ceinture pour détachait sa bourse, quand...
Une expression de terreur mêlée de douleur transparu sur son visage. Lyanna n'eut pas le temps de réagir que l'homme s'écroulait déjà raid mort à ses pieds. La jeune femme resta figée de stupéfaction devant la scène sur réaliste qui se passait sous ses yeux.


« Je suis prêtresse »

Lyanna leva les yeux sur la blondinette qui les avait rejoint. Elle avait une mine horrifiée et son regard allait du mort à la voleuse encapuchonnée.
Une petite flèche les manqua tout deux de peu et alla rebondir contre les pavés de la ruelle.


« Il ne faut pas rester là »

Coup d'adrénaline. Réveil de Lyanna.
D'un mouvement vif, la jeune femme ramassa le livre et le glissa sous son capuchon, sans oublier d'arracher au passage la bourse de son défunt client pour la fourrer elle aussi dans ses poches. Elle n'eut le temps de rien d'autre, car déjà, la "prêtresse" l'agrippait par le bras et l’entraînait avec elle jusque dans une taverne assez pittoresque et pourtant étonnement peuplée. Lyanna se laissa faire sans broncher. De toute manière, l'inconnue avait raison, il fallait se mettre à l'abris. Même si elle se garderait d'en parler à son acolyte, il ne faisait aucun doute pour Lyanna que le meurtrier était à la poursuite du livre... Et donc de Rubis... Et donc de elle.
La blondinette la fit asseoir au fond de la taverne, loin de la porte.


« Vous allez bien ? Vous êtes blessée ? »

Lyanna retira en hâte sa cape couverte de gouttelettes et son tour-cou, dévoilant son teint blafard et ses lèvres rouges, avant de dissimulé les vêtements sous la chaise, pour être sûr que personne ne la reconnaîtrait au premier coup d’œil. Ensuite seulement, elle planta ses yeux dans ceux de la jeune femme.

- Je vais bien. Qu'est-ce qui vous a prit de vous en mêler et de m'entraîner avec vous ici? Vous vous mettez bêtement en danger !

Il n'y avait pas de colère ni de méchanceté dans sa voix. Elle parlait doucement, à voix basse pour ne pas attirer l'attention.

- Vous avez bien conscience que vous risquez d'avoir des problèmes s'ils ont réussi à voir votre visage ?

Le barman s'approcha de leur table et les toisa d'un regard réprobateur. Oui, deux femmes toutes seules dans une taverne... Mais Lyanna ne se démonta pas et lui adressa un joli faux sourire, comme si la situation dans laquelle elles étaient était des plus normale.

- Apportez nous deux vins chauds, tavernier.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyJeu 18 Oct 2018 - 22:07


Constance avait entraîné dans ses gestes l’étrange jeune femme, l’attirant dans le fond de l’établissement, à une table ronde, plutôt petite, située suffisamment loin de toute fenêtre. Si elle ne comprenait toujours pas ce qu’il s’était passé, si l’état de choc n’était toujours pas présent dans son esprit ou dans ses traits, la prêtresse avait en revanche parfaitement conscience que quelque chose clochait. C’est avec une bienveillance naturelle qu’elle s’était enquit de l’état de santé de son interlocutrice, non pas sans jeter un dernier coup d’œil vers la porte d’entrée du lieu. Celle-ci restait bien fermée, ne laissant entrevoir aucune ombre, aucun individu, aucun risque. Pinçant les lèvres, la blonde attendait sagement une réponse, un début d’explication, le commencement d’une once de compréhension sans grand succès. Ne se voyait-elle pas insister, pas encore, pas maintenant, pas tout de suite. Coulant un regard vers celle qui avait retiré sa cape, les deux prunelles claires détaillèrent la silhouette féminine, sans dénoter le moindre détail intéressant. Un teint pâle, des lèvres rouges, une chevelure presque pourpre, l’inconnue dégageait un petit je ne sais quoi, que Constance ne parvenait pas à clairement identifier.

La première phrase tira un sourire à la prêtresse, qui dû penser un peu trop fort qu’on n’avait de cesse de lui répéter ce genre de chose. C’est tout naturellement, avec cette spontanéité qui lui était propre qu’elle y répondit d’ailleurs.


- « Aider son prochain n’est jamais une manière bête de se mettre en danger. » Souffla-t-elle simplement en roulant des épaules. « Je suis constance, prêtresse du temple de Marbrume. » Conclut-elle comme-ci son statut pouvait tout justifier, tout autoriser.

Constance n’avait jamais réellement compris la surprise qu’elle lisait parfois dans les yeux des individus à qui elle venait en aide, que ce soit des gens du bas peuple, ou des plus nobles. Il y avait toujours cette curiosité inexplicable de comprendre la source, comme-ci il était inconcevable qu’un humain apprécie sincèrement d’aider l’autre sans rien attendre en retour, sans contrepartie.

- « En effet » répondit une nouvelle fois Constance, sans crainte « Je ne me voyais pas de ne pas réagir » poursuivit-elle « vous auriez sans aucun doute fait la même chose » termina la blonde.

Délaissant son attention de la jeune femme pour se concentrer sur le tavernier qui venait tout juste d’arriver, la clerc se sentit obligée de justifier qu’elle souhaitait plutôt une infusion, bien chaude. Constance ne buvait pas d’alcool ou très rarement, habitude qui ne changeait pas, malgré le décès de son futur époux. Attendant sagement que l’homme retourne derrière son comptoir, la blonde reprit par la suite la parole, sagement :

- « Est-ce que vous le connaissiez ? La victime, nous devrions sans aucun doute prévenir la milice, surtout si vous pensez être toujours en danger… »

Elle fit une pause, comme-ci l’évidence de la réponse de son interlocutrice était un peu trop importante. Se pinçant la lèvre inférieure, elle se contenta de faire silence, laissant le tavernier qui venait de revenir avec le vin chaud et l’infusion. Déposant le tout sur la table, il ne resta guère plus longtemps qu’une demi-minute avant de disparaître de nouveau derrière son comptoir, servant d’autres tables, là où l’ambiance semblait plus légère, ou un peu plus brutale. Après tout n’était-il pas rare de trouver des bagarres dans ce genre d’établissement.

- « ]Je ne juge pas » reprit la clerc « Ne vous sentez pas obligé de me parler, mais il me semble que de nous deux, celle courant le plus de risque ce n’est pas moi » souffla-t-elle avec un peu de maladresse « Je ne suis pas convaincue d’être la plus à même de vous aider, mais maintenant que nous sommes sur le même bateau, n’est-ce pas, autant échanger ? »

Prenant une légère inspiration, la blonde se contenta de faire silence, encerclant de ses doigts la tasse chaude et encore fumante, avisant les quelques plantes flottant à la surface du liquide transparent. Constance attendait, attendait d’en savoir, attendait d’avoir un prénom, un nom, un indice, un moyen de se rendre utile simplement.


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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyMar 23 Oct 2018 - 18:48
C'était avec un mélange de surprise et d'incompréhension que Lyanna écoutait son interlocutrice, Constance, se justifier sur ses raisons de lui être venu en aide. Pour une fille de la rue, comme elle, avec un métier tel que le sien, et une sombre histoire comme la sienne, ce genre de discours semblait tout droit sortie d'une autre dimension. Il n'y avait aucune logique à ce genre de raisonnement, car d'expérience, Lyanna avait apprit qu'on était toujours seul en ce monde, et qu'il valait mieux le rester pour continuer à vivre... Ou être libre.
La jeune femme se mit donc dos contre sa chaise en poussant un long soupire, où se mêlait lassitude et agacement. Elle ne prononça pas un mot, attendant patiemment qu'on les serve avant toute chose. L'humidité au-dehors et la chaleur de la taverne avait créer un gros contraste, et elle rêvait d'avaler quelque chose de chaud pour se remettre de ses émotions. Finalement, on leur apporta leur boissons : pour Lyanna un vin chaud, et pour Constance une infusion. Une infusion? Vraiment? Elle venait de voir un homme se faire assassiner à longue distance juste sous ses yeux, entraînée une possible coupable ou bien victime avec elle pour s'asseoir dans une taverne qui lui était sans nul doute tout aussi inconnue, et elle, elle cherchait à faire la causette en siroptant une tasse de thé? Lyanna la regarda prendre une première petite gorgée avec un regard quelque peu réprobateur.
Elle devait être inconsciente, cette prêtresse. Lyanna lui trouvait un air candide, une beauté enfantine. Elle souriait et lui parlait avec tant de douceur... Mais elle ne savait rien d'elle. Et tout ces beaux discours ne convainquaient pas le moins du monde la très suspicieuse voleuse. Il ne fallait pas le voir comme quelque chose de personnel... Lyanna ne faisait confiance à personne. Mais autre chose que son habituel vigilance retenait la rouquine à déballer son sac. Au fond d'elle, elle se disait que la douce sauveuse au beau sourire, celle qui se promettait de l'aider sans la juger, celle qui buvait à petites gorgées délicate son chaud brevage, eh bien... Elle n'était pas en mesure de comprendre quoi que ce soit de ce qu'elle faisait et de ce qu'elle avait vécu pour en arriver là.
Oui, Lyanna, elle, était du genre à juger du premier regard. Elle était cruelle et catégorique. Et pour elle, la prêtresse était loin de connaître l'horreur de ce monde.
Elle attrapa son vin chaud et en prit une grande gorgée. Elle savoura le goût des épices, si réconfortant, qui lui brûlait au passage la gorge et lui redonnait un peu de contenance. Puis avec un nouveau soupire, fixant l'intérieur de son verre, elle reprit à son tour la parole.


- Dans la vie, il vaut mieux se mêler de ce qui nous regarde, Constance, et laisser le soin à chacun de régler ses propres affaires.

Elle releva le regard vers la blondinette et lui adressa un faible sourire.

- En ce qui concerne notre "victime", on ne peut plus rien pour lui. Il est mort. Laissons les gardes se charger de sa dépouille, ainsi que de ses bourreaux. La dernière chose dont j'ai envie, c'est d'être mêlée à sa mort ou de me faire remarquer.

Elle fixait la jeune fille, comme si elle cherchait à percé ses défenses et à lui faire comprendre de quel monde cruelle elle venait elle même. Lyanna n'était pas du genre à épargner les sentiments des gens.
Elle reprit après un court silence.


- Je ne le connaissais pas personnellement. Seulement pour des affaires, qui ne vous regardent pas. En fait, on en avait terminé alors il m'importe peu qui lui soit arriver quelque chose. Et vous devriez en éprouvé autant. Remerciez les dieux que la deuxième flèche ne se soit pas plantée dans votre gorge, sans quoi nous ne dégusterions pas nos breuvages toutes deux à cette table.

La jeune fille eut un petit rire.
En vérité, Lyanna ne se sentait pas très à l'aise. Sous sa chaise, dissimulé dans la cape, il y avait le livre qui attirait la convoitise des assassins de tout à l'heure. Pourvu qu'ils ne retrouvent pas leur trace, sans quoi Lyanna, Rubis et même Constance se trouvaient en grand danger.
Mais personne ne passait la porte de la taverne et même s'il n'y avait aucune autre porte apparente Lyanna savait parfaitement qu'elle trouverait une autre échappatoire lui permettant de filer. Mais qu'en serait il alors pour Constance?
La jeune femme bu de nouveau son vin chaud, mais pour ne pas laisser le temps à Constance de répliquer, ni laisser un silence pesant s'installer, elle reprit rapidement la parole.


- Puisqu'on est dans le même bateau, comme vous dites, tachons de nous faire confiance et de nous supporter mutuellement. Je m'appelle Lyanna.

Bon, il fallait avoué que Lyanna n'était pas très doué pour la sociabilisation... Les inconvénients de la vie en solitaire ! A part à ses clients, il ne lui arrivait que rarement de faire un brin de causette... Et la situation était plutôt embarrassante.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyMer 24 Oct 2018 - 14:37


Constance semblait un peu perdue, un peu ailleurs. Si la jeune femme ne démontrait aucun état de choc, ou de surprise, elle n’en restait pas moins légèrement perturbée par la situation. Si un temps, ses visites régulières dans les bas quartiers l’avaient habituée à ce genre d’événement, à cette violence, si lorsqu’elle était devenue soigneuse d’un meurtrier, elle avait pris conscience que tout n’était pas tout noir ou tout blanc, cette fois-ci, la blonde doutait. Se pinçant les lèvres, la tasse d’infusion entre les doigts, la prêtresse prenait le temps de réfléchir, d’analyser, tout en évoquant sa constitution profonde, sa gentillesse et sa bienveillance. Jamais, elle ne jugeait, jamais elle ne se permettait de mettre une personne en dessous d’une autre, à ses yeux nobles ou membres du peuple tous étaient égaux. La première phrase presque grognée –du moins, c’est l’impression qu’elle lui donna- fut étrangement sourire celle qui n’en avait plus l’habitude. Elle eut presque envie de rire, nerveusement certainement. Constance avait passé la plupart de sa vie à dévouer son existence aux autres pire, elle avait toujours eu cette fâcheuse habitude de se retrouver dans des situations délicates qui ne la concernait normalement pas.

- « Je suis prêtresse » souffla simplement la blonde, comme un petit rappel « Ma vie tourne autour des problématiques des autres. »

Peut-être un peu moins dernièrement, depuis que Theodren ne faisait plus partie de sa vie, depuis qu’elle avait appris sa mort et surtout depuis que son ventre s’était très légèrement arrondi sans que son alimentation n’augmente, signe qui l’inquiétait profondément. Ses deux prunelles claires croisèrent le regard de son interlocutrice, ce qui lui tira un soupir. Elle n’était pas désagréable aux yeux de la blondinette, juste un peu renfrogné peut-être surprise de recevoir de l’aide d’une parfaite inconnue. La suite de la conversation ne surprit guère la clerc, qui n’imaginait pas réellement une autre phrase sortir des lèvres de son interlocutrice. Aucune pitié, aucun sentiment de tristesse ne semblait l’animer, bien au contraire.

- « Vous êtes déjà mêlé à sa mort. » Répondit naturellement la représentante du culte de la trinité « Avez-vous peur d’être suspectée ou ne souhaitez-vous simplement pas que votre visage soit connu de la milice ? »

Pertinente, Constance n’avait pas pour habitude de faire preuve d’une quelconque délicatesse, du moins pas au niveau de la conversation. Le brouhaha autour de la table était si important que personne ne devait pouvoir entendre le moindre mot prononcé par les jeunes femmes, chose qui lui offrait une multitude de possibilités, mais surtout qui lui permettait d’aborder les sujets les plus délicats, sans ne se soucier de rien. Abandonnant sa tasse, elle était venue déposer une main sur son ventre, habitude qu’elle prenait depuis peu, sans que quoi que ce soit ne soit particulièrement visible, d’autant plus avec les robes plutôt larges qu’elle portait. Le rire de la rouquine la fit sourire, la parole n’était pas délicate, ni même pleine de positivité, mais elle n’avait pas tort, si la flèche s’était plantée ailleurs que sur le sol, l’une ou l’autre n’aurait pas été là pour savourer l’instant présent. Roulant simplement des épaules, Constance ne préféra pas relever. Glissant un sourire poli sur ses lèvres, sourire qui n’avait pas tardé à disparaître. La situation était étrange, et cette prise de risque lui donnait l’impression d’être en vie, pleinement, elle qui avait cru être morte intérieurement se retrouvait de nouveau avec petite étincelle, cette envie de vivre, de poursuivre, sans qu’elle n’identifie clairement pourquoi. Mollement, Constance avait haussé les épaules, comme pour signifier que cela ne lui importait pas réellement de vivre ou de mourir, elle faisait confiance en la clairvoyance des trois et était convaincue que tout chemin était tout tracé, ou presque du moins. Si la trinité jugeait qu’il était temps pour elle de s’éteindre, alors qui était-elle pour aller à son encontre ?

Un silence avait fini par s’installer, léger, furtif, avant que la voix de l’inconnue qui ne s’était toujours pas identifiée ne se fasse encore une fois entendre. Elle avait fini par se présenter : Lyanna. Elle avait cette manière bien à elle de s’exprimer et d’être sociable, sans que Constance n’y trouve rien à redire. Cela ne ressemblait de toute façon guère à la prêtresse de juger.

- « Enchantée Lyanna » souffle-t-elle « Vous lui avez volé quoi au mort qui ne vous intéresse pas ? »

La dernière question avait dû sonner étrangement, peut-être un brin violemment. Ce n’était pas le but recherché, mais Constance avait eu ce besoin de signifier qu’elle n’était pas aveugle et que son métier lui avait appris à être plutôt observatrice. Entourant de nouveau sa tasse de ses doigts fins, elle coula un regard vers la porte d’entrée qui venait de s’ouvrir. Des hommes haletants s’exclamaient sur la découverte d’un nouveau corps, à quelques rues de là à peine. Le gérant qui semblait revenir vers les deux jeunes femmes avait un sourire sur les lèvres. L’homme était plutôt large, imposant, une fois à la hauteur de la table il reprit la parole :

- « Vous prendrez bien un p’tit truc à grignoter, des charmantes dames comme vous ? D’ailleurs vous avez entendu y a eu un corps de retrouver pas loin, pas trop de sang il paraît, vous avez eu de la chance, vous n’avez rien vu vous ? »
- « On n’a pas dû venir du même chemin » se contente-t-elle de répondre « Vous n’avez cas nous ramener un petit quelque chose en plus, de votre choix. »

Coulant un regard vers Lyanna, cherchant certainement à avoir son approbation, Constance attendait sagement que la jeune femme confirme. Le tenancier en fit de même, cherchant à avoir plus de précision, semblait-il même un peu déçu.

- « Vous n’avez rien entendu, rien vu alors ? »
- « Vous êtes sacrément curieux… Vous devriez devenir prêtre » plaisanta-t-elle, du moins essaya-t-elle

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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyJeu 22 Nov 2018 - 23:55
Il y avait quelque chose de quelque peu déstabilisant chez Constance. Lyanna, qui d'ordinaire lisait clairement au travers les gens, ne savait pas bien sur quel pied danser, et ses sentiments envers la jeune fille à la chevelure d'or ne cessaient de changer et de rechanger, comme les vagues allaient, se brisaient et se retiraient du récifs, avant de repartir soudainement à l'assaut. Cela faisait quoi? Une dizaine de minutes qu'elles s'étaient rencontrées, et déjà Lyanna était passée de l'indifférence à une sorte de curiosité étrange. Elle l'avait jugé, au premier abord, très fragile, frivole, étourdie, voir même peut être stupide. Puis d'un coup, la voyant sourire à ses paroles brutes, répondre avec calme et assurance, comme si rien en Lyanna ne la perturbait vraiment et pas plus en la scène à laquelle elle avait assistée, la voleuse avait vu ses a priori renversés. Elle paraissait d'un coup expérimentée, patiente et surtout très forte. Lyanna avait la sensation de deviner quelques pénibles épisodes dans l'histoire de la candide prêtresse.
Puis d'un coup, un nouveau revers de manche. Elle étai justement prêtresse. C'était quelque chose qui dérangeait un petit peu la jeune femme, qui pensait que s'en remettre à la seule volonté des dieux étaient un peu... Facile. Il était facile d'expliqué les malheurs de tout à chacun comme des épreuves imposées par les trois. D'autant plus que tout le monde n'avait pas à affronter les mêmes caprices de la vie. Il était facile de baisser les bras et d'imaginer que le destin de tous était déjà tout tracé. Qu'il en était ainsi... Que rien n'y ferait. Lyanna en revenait à son idée première. Elle ne souhaitait pas se confier à une personne qui avait ce genre de croyances. Comment comprendrait elle, elle qui voyait la vie à travers un joli voile de soie rose brodé aux effigies des trois, que pour Lyanna, être une voleuse de la renommée de Rubis, c'était avoir fait une ascension prodigieuse dans le monde? Un miracle fabuleux que tant des petites gens du bas peuple enviaient secrètement tout les soirs, emmitouflés dans des draps crasseux, crevant de faim et de désespoir, de la maladie et de l'injustice créer tout justement par ces dieux si bienveillants? Non, cette fille ne pouvait pas comprendre. Cette fille ne comprenait rien à rien.
Et à nouveau, un renversement. Avec assurance, Constance tailla dans le vif. Elle lui annonça la couleur avec la même douceur que pour le reste, sans changement de ton ni d'attitude, elle demandait simplement si qui effrayait Lyanna : être suspectée ou simplement être connue de la milice.
Lyanna ne changea pas d'attitude elle-même. Elle regardait sans sourciller, sans baisser la tête ou le regard. Une pointe de défi dans ses yeux bleus azur. Un petit sourire se dessina aux coins de ses lèvres.
C'était amusant. A présent, elle trouvait intéressante la petite enquiquineuse qu'elle avait à ses côtés. Constance ne manquait pas d'assurance, en vue des circonstances, et il était rare qu'on ait le toupet d'insister quand Lyanna remettait à leur place les petits curieux. En fait, la première vertu, la seule et l'unique qui valait aux yeux de la jeune femme, c'était le courage. Et la blondinette ne semblait pas en manquer. Si vous aviez été spectateur de leur petite discussion en connaissant toutes les pièces du puzzle, vous auriez pu y voir une certaine ressemblance au jeu du chat et de la souris.
Mais d'un coup : coup de théâtre !


- - « Enchantée Lyanna » souffle-t-elle « Vous lui avez volé quoi au mort qui ne vous intéresse pas ? »

Lyanna perdu tout sourire et le souffle lui en fut coupé. Elle ne put dissimulée sa stupéfaction, le soupçon de peur qui lui vrilla d'un seul coup le coeur, et peut être aussi l'irritation qu'elle avait de constater si violemment que, dans l'histoire, ce n'était pas elle le chat... Abasourdit, elle regardait la prêtresse avec consternation et un étonnement bien évident, bien encré sur son visage pâle. Elle ne savait que dire, et si sa bouche s'ouvrit un instant pour répliquer quelque chose, aucun son n'en sortit.
Elle n'était pas au bout de ses frayeurs, car dans les secondes qui suivirent, la porte s'ouvrit à volé et des hommes entrèrent dans la hâte annoncé qu'on avait trouvé un cadavre plus loin dans la rue. La descente aux enfers... Lyanna ne leur accorda qu'un bref regard avant de fixer à nouveau son interlocutrice, pas bien sur d'où venait le danger dans l'immédiat. L'idée que la jeune femme ne la dénonce comme étant impliquée lui effleura l'esprit, et son coeur qui s'était arrêté quelques instants plus tôt se mit à battre en catastrophe. Ca n'allait pas... Vraiment pas. Et elle se sentait prise au piège.
Le tavernier s'avança alors pour leur proposant de manger quelque chose et pour pêcher quelques informations. Revoyant à toute vitesse la scène dans sa tête, Lyanna se dit que deux femmes arrivant en hâte dans une taverne des bas-quartiers peu avant qu'on ne découvre un mort, ça avait en effet quelque chose de louche. Lyanna n'accorda pas un regard à l'homme. A quoi bon? En voyant son expression affolée, il aurait tout de suite pensé, à raison, qu'elle avait quelque chose à voir dans cette macabre coincidence. Et de toute manière, même si elle l'avait voulu, la rouquine ne pouvait décrocher son regard de Constance tant elle était sous le choc d'avoir ainsi été percée à jour, après tant d'année de travaux dans l'ombre. Son sort était à présent dans les mains de la prêtresse.
Mais Constance, elle, calme et solide, ne vacilla pas d'un cil. Regardant l'homme avec assurance, et éluda ses questions et le pria d'emmener ce qu'il souhaitait pour qu'elles puissent se restaurer.
Lyanna en restait bouche bée. Certes, une certaine forme de soulagement avait délié son estomac et les traits de son visage, mais son coeur battait toujours la chamade et son teint demeurait livide. Constance jeta vers elle un regard en quête de soutien, et Lyanna ne put que confirmer d'un bref hochement de tête. Le tavernier revint à la charge. Constance ironisa, avec brio, et l'homme s'éloigna finalement, en grommelant dans sa barbe.
C'était l'heure de tomber le masque. L'heure de jouer carte sur table. Lyanna attendit d'être sur qu'on ne s'intéressait plus à elle pour prendre à son tour la parole, la voix quelque peu secouée, moins assurée qu'auparavant, et surtout beaucoup plus basse.


- Comment... Qu'est-ce que vous cherchez à faire? Qu'est-ce que vous voulez?

Des éclats de voix à l'autre bout de la salle empêchèrent alors toute échange de conversation possible, et lorsque les joyeux convives eurent baissé d'un ton, le tavernier revenait déjà avec un bout de pain, une petite corbeille de fruits, et un plateau avec quelques fromages.

- Voilà Mesdames ! Si je puis me permettre une petite question comme ça, qu'est-ce que font deux jolies jeunes femmes de votre genre dans le coin?

L'interrogatoire mal dissimulé et interruption constante de l'homme commençait à sérieusement agacer Lyanna qui perdait patience.

- Nous souhaitions juste nous réchauffer avec une boisson chaude et prendre une collation pour affronter à nouveaux ce brouillard qui nous glace les os. Et, bien sur, pouvoir converser tranquillement et en paix.

Elle jeta un regard persuasif au tavernier pour bien lui faire comprendre que ses questions étaient devenus irritantes, voir insultantes. Il sembla quelque peu penaud, regardant l'une comme l'autre, partagé entre l'envie de poursuivre et celle de s'éloigner rapidement de la rouquine qui semblait particulièrement mal luné et plus du genre à mordre qu'à faire des politesses. Finalement, il tourna les talons, non sans grommeler à nouveau.
Immédiatement, la jeune femme reporta à nouveau son intention sur la prêtresse. Si elle était inquiète et vexée, Lyanna avait un soupçon de colère et de tristesse dans le regard. Pourtant, elle avait bien conscience à présent que Constance ne lui voulait pas du mal... La jeune fille lâcha un soupire consterné.


- Je n'ai rien volé à ce gars. Pas à lui. Je suis allé lui récupéré quelque chose qu'on lui avait volé. Je ne suis pas vraiment sûr que ce soit du vol, pour le coup... Sauf que c'était dans le repaire d'une bande organisée de voleurs que je devais le reprendre. Je pensais que j'y étais parvenu sans encombre et que c'était de l'argent facile. Visiblement... je me suis trompée.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyVen 23 Nov 2018 - 13:11


Si Constance avait voulu mettre les cartes sur la table, elle n’avait en rien souhaité mettre mal à l’aise son interlocutrice. Celle-ci s’était presque immédiatement fermée alors que la blonde lui avait posé la fameuse question peut-être un brin trop brutalement. Tout chez Lyanna avait démontré son choc, ses lèvres s’étaient ouvertes puis immédiatement refermés, ses muscles avaient semblé se contracter. La représentante de la trinité n’avait pas bougé d’un cil, à la fois satisfaite, mais aussi désolée de mettre ainsi mal à l’aise son interlocutrice. Avait-elle eu cette envie de la rassurer, de lui rappeler qu’elle était prêtresse et qu’elle n’était certainement pas là pour condamner. Pas de chance pour la balafrée, le tenancier avait une nouvelle fois fait son apparition, faisant preuve d’une curiosité à peine voilée. Toujours aussi calme, Constance n’avait pas trahi sa gêne, avait-elle fait preuve de réponses convenables et toutes logiques. On lui avait dit un jour que la clé d’un mensonge était toujours de rester aussi proche de la réalité possible et même si la prêtresse n’était guère une adepte reconnue de cette pratique, elle savait néanmoins l’impliquer lorsque cela était nécessaire. L’homme n’avait néanmoins pas semblé se suffire de la dernière petite plaisanterie, restant à sa position, attendant.

Ce fut Lyanna qui prit le relais cette fois, de cette voix maladroite, avec moins d’assurance, elle le questionna sur la raison principale de cet interrogatoire. La blonde n’en dit rien, laissant volontiers la prise de relais chez son interlocutrice. Armé du petit récipient de pain, de fruits et de fromage, l’homme n’en démordait pas. La réponse fut néanmoins un brin agressive, un brin recadrante, était-ce peut-être suspect à moins que l’homme ne comprenne enfin que son intrusion devenait réellement désagréable. Après un dernier regard, le tenancier avait fini par s’éclipser non pas sans souhaiter une bonne consommation aux deux jeunes femmes. Constance n’avait pu retenir un petit soupir de soulagement. Ce fut un léger silence et des yeux pleins de tristesse voir de colère qui s’adressèrent à la balafrée. Lyanna avait fini par reprendre la parole, s’exprimant enfin sincèrement –du moins, c’est l’impression qu’en avait Constance-. La blonde n’offrit aucune réponse sur l’instant, écoutant attentivement, réalisant dans quoi elle s’était glissée malgré elle. Une bande organisée, dangereuse, pas dangereuse ? Au vu du souvenir de la flèche se plantant dans le sol, le doute était plus que largement permis.


- « Je vois » souffla délicatement Constance, un peu perdue « Il ne serait guère bon de rester trop longtemps ici en ce cas. Vous parviendrez à vous protéger et éviter ce groupe par la suite ? »

Parce que tuer n’est pas quelque chose d’envisageable et que de toute façon, si Constance en était incapable psychologiquement, c’était également le cas physiquement. Si une confrontation devait avoir lieu, la prêtresse ne serait d’aucune utilité. Il était moins évident de se positionner maintenant que ses doutes étaient confirmés que la prêtresse faisait face à une voleuse et non un membre du peuple ayant agi maladroitement, comment devait-elle se comporter maintenant ? Attrapant quelques fruits, épluchant ou coupant si nécessaire pour glisser un moreau à ses lèvres, la balafrée prenait le temps de réfléchir, d’anticiper les choses. Mastiquant, elle avait fini par reprendre la parole une fois sa bouchée complètement avalée.

- « Votre mission ne s’est pas passé si bien passée… Vous êtes certaines que ce n’était pas un piège ? »

Parce que d’un bon de vue extérieur, c’est ce qui lui semblait le plus logique, comment aurait-elle réellement pu entrer dans un repère d’une bande organisée, sans croiser quiconque ? Ressortir toujours sans aucune difficulté aucune ? Non, c’était trop louche, trop suspect.

- « Vous avez des ennemis ? »

Quelle voleuse n’avait pas d’ennemis, enfin entre se mettre des personnes à dos et avoir tout un groupe d’individu qui monte un plan pour l’attraper et la tuer, il y a deux mondes. Plus la jeune clerc réfléchissait, plus la situation lui semblait sans le moindre sens, le moindre soupçon de cohérence. Prenant une légère inspiration, elle avisa la salle qui se remplissait petit à petit, les habitués avaient déjà un coup dans le nez et les premiers jeux d’argents avaient commencé à s’installer. Difficile de savoir combien de temps elle passerait encore inaperçue.

- « Nous devrions nous déplacer, puis nous séparer. Je suis prêtresse, je ne condamne pas, seule la trinité est juge à mes yeux, je ne suis pas une menace, vous savez… » souffle-t-elle

Constance avait déjà prouvé sa neutralité à nombreuse reprise, notamment en apportant des soins à un assassin, sans que cela ne soit pour autant dans le cadre du clergé. A ses yeux, rien n’était jamais tout blanc ou tout noir bien au contraire, la vie était faite d’un nuancé de couleurs multiples et variées.

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Lyanna DesrosesVoleuse
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyMar 18 Déc 2018 - 22:19
Lyanna se sentait emplit de doutes, elle qui était toujours si sûre d'elle. Elle regardait Constance, sans plus savoir comment la considérée : une sauveuse? une victime? une alliée? une ennemie? ou peut être quelque chose d'autre? Mal à l'aise face à cette incertitude, la jeune femme toisait la prêtresse d'un regard consterné et suspicieux.
La blondinette, pourtant, ne se montra pas plus hostile ou familière suite à la confirmation de ses doutes. Elle resta de marbre, sans réaction apparente, avec ce même petit air angélique dont elle la gratifiait depuis le début de leur entretien. Reprenant la parole après une courte pose, elle s'enquit de savoir si Lyanna serait à même de se protéger dès qu'elles auraient réussi à s'enfuir de leur "cachette improvisée". Elle ne semblait pas plus étonnée ou sous le choc que cela. Pour preuve : Constance se servit dans la corbeille et commença à déguster quelques fruits.
Lyanna aurait sans doute fait de même. En fait, elle était morte de faim jusque là. La vie dans les bas-fond n'est pas des plus évidentes, et se procurer à manger n'est pas une mince affaire. Autant que possible, elle essayait d'économiser la recette de ses larcins dans le but d'accomplir un jour son rêve, et la pitance qu'elle réussissait à se procurer n'avait rien d'un réel repas : une miche de pain, quelques fruits, une pâtisserie... Parfois, elle réussissait à voler un morceau de viande ou une tarte oubliée sur une fenêtre... Mais l'hiver rendait plus compliquées ses affaires, et plus pressant le besoin de nourriture. L'énergie qu'il lui fallait pour affronter le froid mordant de fin d'année était si considérable que son ventre ne cessait d'ordinaire de crier famine. Pourtant, les événements de la soirée lui avaient tout simplement coupé l'appétit, et l'avaient rendu quelques peu nauséeuse.
Constance enchaîna en lui demandant si elle était certaine qu'il ne s'agissait pas d'un piège et si elle avait des ennemis connus. Lyanna eut un rire ironique et un léger sourire en coin. Parlant à voix basse, elle répondit :


- Si vous saviez qui je suis dans mon milieu, vous comprendriez pourquoi votre question est si risible... Mais je ne m'inquiète pas à ce sujet, car, justement, personne ne sait qui je suis.

Lyanna l'avait dit avec une note de fierté dans la voix. Pourtant, cette petite remarque amusante ne suffisait pas à dissiper ses doutes. Aussi, elle sentit le poids de la crainte s'alléger un peu lorsque Constance reprit :

- « Nous devrions nous déplacer, puis nous séparer. Je suis prêtresse, je ne condamne pas, seule la trinité est juge à mes yeux, je ne suis pas une menace, vous savez… »

Si elle n'avait aucune preuve de sa réelle innocence au sujet de son sort, Lyanna décida de s'en tenir à la première règle qu'elles s'étaient imposée au départ de cette conversation : tâcher de se faire confiance.
Pourtant, la solution n'était pas si simple que l'exposait la prêtresse. Lyanna poussa un nouveau soupire et décolla son regard suspicieux de sur la jeune femme. Elle balaya la salle et ramena ses cheveux en arrière d'un geste de main soucieux. Puis elle finit son godet de vin chaud - qui ne l'était plus tant - d'une traite. Pour finir, elle exposa ses doutes et son raisonnement à Constance, en prenant soin de n'être surprise par personne dans leur conversation :


- Je crois... Je pense que ça ne serait pas une bonne idée. Les personnes qui sont à l'origine de ce meurtre ne sont de toute évidence pas des simples voleurs. Ca ressemble plus à des grosses pointures, des genres de mercenaires de l'ombre. Ils ne vont pas abandonné leur traque tant qu'ils n'auront pas récupérer ce qu'ils veulent. Et ce qu'ils veulent...

Lyanna se pencha et ramassa avec précaution sa cape, avant de débarrasser son contenu d'un léger pan de voile, tout en s'assurant que personne ne pouvait voir quoi que ce soit de cet échange.

- Eh bien... C'est moi qui l'ait.

La rouquine laissa un moment à Constance pour assimiler l'information, qui était plus lourde que ce qu'on pouvait croire. Ca signifiait en fait, qu'une fois de plus, Lyanna venait de la mettre en danger. Ca signifiait qu'elles n'avaient pas seulement été témoin d'un meurtre ou victime d'un avertissement entre gang de voleurs. Non... Elles étaient une proie... A cause de ce livre que Lyanna tenait entre ses mains.
Au bout de quelques secondes, elle recouvrit le livre en totalité de sa cape, pour être sûr de ne pas les mettre davantage en danger.


- Je n'ai pas réfléchi quand je l'ai ramasser. Je me suis simplement dit qu'il devait valoir une vraie fortune si tout le monde se donnait une pareille peine pour s'en emparer... Mais maintenant, je me dis que ce n'était vraiment pas nécessaire... Mon commanditaire s'est fait assassiner, et je ne sais même pas ce que c'est, ce bouquin...

Lyanna, comme beaucoup de ces compères des bas-quartiers et des mal-nés, ne savait pas lire. Elle se rendait seulement compte qu'elle n'aurait jamais pu trouver seule comment en tirer un prix correct, étant donné qu'elle n'était pas capable de vendre cet article sans une aire tiers. Or, Rubis travaillait toujours seule, l'absence de confiance était une seconde nature pour elle. Et puis, qui sait? Il se pouvait que ce livre soit un écrit interdit. Et quel comble ça serait, pour une voleuse de sa catégorie, de se faire enfermer pour possession d'ouvrage illégal !
Incapable de ravaler davantage sa fierté pour lui présenter des excuses, Lyanna lança un bref mais sincère regard désolé à Constance, avant de reprendre.


- Voila ce que je crois :
Si nous sortons ensemble, ils nous tueront avant qu'on ait eu le temps de se rendre compte de quoi que ce soit, nous fouilleront, et repartiront avec leur précieux livre.
Si nous sortons séparément, ils vous attraperont à la première occasion, et vous feront cracher de votre gré ou par la force tout ce que vous savez sur moi. Ils vous tueront et finiront par me retrouver. Je pourrais bien sûr quitter la ville durant le laps de temps que m'offrirait votre torture, mais, de un, ça n'arrangerait pas mes petites affaires, de deux, ça n'a pas vraiment l'air beaucoup plus accueillant ce qui m'attendrait dehors, et de trois... Je ne suis pas sûr que ce plan vous plaise beaucoup...


Elle adressa un sourire qui se voulait complice à la prêtresse.

- Je vois deux solutions... Et j'ignore si l'une comme l'autre ont une quelconque chance de réussite. Mais peut être pourrez vous me donner votre avis ou m'aider à en trouver une meilleure... Après tout, comme je l'ai dit plus tôt, nous sommes dans le même bateau. Tâchons de nous entraider jusqu'à ce qu'on soit hors de danger, et on avisera ensuite.

Lyanna se sentait toujours désemparée par la situation. C'était de l'inédit, du jamais vu. Voila qu'elle demandait son avis, son aide, sa coopération à quelqu'un... Et une prêtresse en plus ! Voila qu'elle se trouvait quelque part perdue entre l'abnégation et une sorte de complicité de circonstance. Des sentiments nouveaux, pour l'infortunée et solitaire jeune femme qu'elle avait toujours été...
Chassant ses inquiétudes, s'évertuant à garder la tête froide et les idées claires, elle reprit pour présenter enfin ses hypothétiques plans de secours :


- La première serait de laisser le livre ici, sur cette table, bien en vu. Puis de sortir de la taverne toutes deux en essayant de faire comprendre à nos poursuivants que nous leur avons céder le livre. Mais je doute franchement qu'ils nous croient et nous laissent nous en sortir si facilement... Et ils exigeront sans doute de voir mon visage... Et je n'y tiens vraiment pas. Ils savent surement tout de mon identité... Je veux dire... Celle que j'utilise pour mes travaux... Je ne tiens pas à ce qu'ils fassent le rapprochement avec moi, Lyanna, auquel cas... Ma tête serait mise à prix dans l'heure... Enfin, cette partie-là, vous vous en fichez sans doute. Ce qui est important de retenir, c'est que je doute sincèrement qu'ils vous laissent partir en toute impunité.

Lyanna marqua une pause pour laisser le temps à son interlocutrice de comprendre et de réfléchir à cette idée.

- La deuxième demande également d'abandonner l'ouvrage ici. Mais la suite et tout à fait différente. Il faudrait pour ça s'enfuir en douce, trouver une issus autre que la porte d'entrée de la taverne. S'ils finissent par passer la porte lorsqu'ils auront perdu patience de nous attendre, ils trouveront le livre et n'ayant plus de trace de nous, peut-être - je dis bien PEUT-ETRE - renonceront ils à nous retrouver. Mais là encore, il y a plusieurs complication. Imaginons qu'ils connaissent toutes les issus possibles à cet endroit et qu'ils nous attendent devant chacune d'elles. Nous nous ferions tuer de la même manière que vue plus tôt. De plus, j'ignore ce que vous êtes capable de faire, je veux dire sur le plan physique. Pouvez vous courir vite? Vous déplacez sans être entendu ou vu? Tant de paramètres hasardeux... Mais le problème majeur, vous devez sans doute l'avoir déjà remarqué...

Lyanna lança à nouveau regard sur la salle.

- Je ne vois aucune autre issu, dans l'immédiat...

Cela faisait peut être beaucoup... Et Lyanna craignait en l'inévitable troisième option qu'avait Constance et qu'elle s'était bien gardé de mentionner... Constance pouvait tout simplement la dénoncer et la jeté en pâture au lion pour s'en sortir indemne... La voleuse espérait de tout son corps que Constance était une de ces fidèles qui suivaient le principes de la trinité et qui aidaient son prochain sans plus se soucier de sa propre personne... Tout le contraire d'elle-même.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyMer 19 Déc 2018 - 22:22


La peur était un sentiment étrange, mélange de résignation, d’amertume, de dépit aussi, cocktail bien négatif qui ne laisse que peu de place à l’espoir, ou à quoi que ce soit de positif. L’émotion semblait nouvelle pour la blonde, qui, jusque là, n’avait jamais réellement dû y faire face, ou alors, il y a bien longtemps, trop longtemps. Pour autant, son visage s’en souvenait encore, laissant entrevoir cette longue et intense cicatrice partant de son œil gauche pour arriver à la naissance de sa pommette. Son esprit avait encore en mémoire la douleur d’une lame qui s’insère sous votre peau, qui déchire, découpe comme un vulgaire morceau de viande prêt à être dévoré. Ici, la situation était un brin différent, il n’y avait nulle arme blanche pour menacer, nulle tension quelconque dans la pièce, nul motif de laisser son cœur tambouriner à toute hâte dans sa poitrine. Il y avait bien ce petit frisson désagréable, celui indiquant un danger, sous-entendant la méfiance, à force de faire confiance à n’importe qui, ne finissait-on par se perdre, par s’abandonner dans un désespoir si important que nul ne peut plus jamais vous venir en aide.

La balafrée détaillait de ce regard presque las son interlocutrice, à la fois heureuse de ressentir enfin autre chose que cet énorme gouffre au fond de sa poitrine et à la fois attristée de ne pas parvenir à trouver une solution miracle. Depuis la fange, les miracles n’existaient de toute façon plus, les trois eux même devaient être à court de solutions pour laisser ainsi l’humanité sombrer petit à petit. Lyanna de son petit nom n’était guère avenante, guère rassurante, usant de cette méfiance naturelle, de cette menace non prononcée qui pourrait en faire sourire plus d’un, ou en angoisser bien des autres. Constance ne semblait pas très réceptive à cette notion de danger, cette mort imminente qu’elle ne percevait même pas. Qu’avait-elle encore à perdre après tout ? Plus grand-chose. Son interlocutrice dégageait cette aura de sérénité, d’excès confiance, ce sentiment d’être intouchable presque surhumaine, un peu trop naïve, Constance n’osa pas la mettre en garde : seuls les trois étaient au-dessus de tout, seuls eux de commettaient jamais d’erreur.

Sans relever, la représente de la trinité avait dû sembler un peu dubitative, encore une fois, sans pour autant ôter de ses lèvres son sourire, ou le quelque pétillement encore visible dans le fond de son regard. Constance était bien trop bienveillante, bien trop humaine pour admettre être dans une situation délicate, la jeune femme semblait bien loin d’envisager simplement la voie de la raison : balancer les agissements de la rouquine et reprendre son rythme de vie, comme-ci rien ne s’était jamais passé. Et puis, la situation ne pouvait pas être pire après tout ? Survivre à une agression dans une ruelle, terminer dans une taverne des bas quartiers avec une parfaite inconnue trempant visiblement dans des affaires plus que louches ? Non, difficile de faire pire et pourtant. La belle voleuse ne s’était pas arrêtée là dans les révélations, dans les formulations piquantes un brin maladroites, avait-elle cru bon d’admettre et de montrer la raison de toute cette succession d’événement dramatique : un livre. C’était une plaisanterie, une vaste plaisanterie, cela ne pouvait être que ça.

Se laissant retomber contre sa chaise, la blondinette n’avait pas pu retenir sa bouche qui s’était entrouverte sous la surprise, son regard émeraude détaillant avec un brin de sévérité celle qui ne semblait guère comprendre, percevoir de quoi il retournait. Lâchant un soupir qui ne tenait en rien du soulagement, la balafrée ne put se retenir de secouer la tête, de passer une main dans sa longue chevelure qui commençait à ne plus tenir en place, ses doigts finissant dans les pans de sa tenue de prêtresse, étirant, malaxant le tissu qui se froissait sous la pression. Cette fois-ci, la situation ne pouvait pas être pire, elle faisait face à une voleuse, ayant emprunté volontairement pour une tierce personne un recueil de sorcellerie –parce que la couverture ne trompait guère, cela ne pouvait appartenir qu’à des individus de la secte des marais-, pour finalement voir mourir sous ses yeux le commanditaire, pour revoler le fameux ouvrage, sans jamais même se dire qu’en entraînant la prêtresse dans tout ça elle risquait non plus seulement sa vie, mais également celle de la clerc ? Le tout en prime pour un bouquin dont elle ne connaissait ni l’origine ni le contenu ? C’était risible, même si cela ne faisait absolument pas rire la prêtresse.

Toujours dans cette douceur caractéristique de bon nombre des représentants du culte, Constance ne sembla pas la juger, ni même encore une fois s’inquiéter de sa propre survie. Ses premières pensées étaient destinées à cette femme, qui, d’après elle, s’était mise dans une belle bouse de vache bien fraîche. Mais là encore, ce qui semblait être le fond du fond, du gouffre se transforma lentement en le sommet de quelque chose de bien plus grave, la terre qui recouvre le piège, la lame qui se glisse juste sous une jugulaire. Une nouvelle fois, les lèvres de Constance s’étirèrent dans un sourire qui n’était là que pour faire bonne figure, pour camoufler l’angoisse soudaine qui s’emparait de son bas ventre.

Les solutions ne lui donnèrent que l’impression d’avoir le choix entre être tué par la fange, ou mourir d’agonie après une morsure d’un fangeux. L’un comme l’autre amenait inévitablement à la même fin : la mort. Non, Constance n’avait pas encore dans l’idée de terminer ses jours dans une ruelle des bas quartiers, elle n’avait pas l’impression que ce soit dans les projets des trois la concernant, ayant toute confiance en ses divinités, ne pouvait-elle-même pas entrevoir une fraction de seconde cette possibilité. L’idée numéro deux avait quelque chose de presque irréaliste, abandonner le livre, s’échapper par une fenêtre, la cave, les toits ou on ne sait trop quel autre endroit, comme un voleur en fuite, comme un personne sans scrupule pourrait le faire après avoir commis son méfait. La seconde avait quelque chose de plus fantastique de plus surréaliste même, laisser le livre, sortir, faire un brin de causette avec ceux qui ne souhaitent qu’une chose récupérer le tout en laissant le moins de témoins possible. Et après ? C’était tout, rien que deux idées, donc la finalité restait très fortement d’être la même. Si Constance n’était pas une professionnelle de la manipulation, du vol, ou même encore des manigances des bas quartiers, elle savait néanmoins une chose : ici, les règles n’étaient pas les mêmes que dans le reste de Marbrume. Spontanément elle eut cette idée un peu étrange, qui risquerait de surprendre celle qui se prétendait, ou tout du moins, sous-entendait avoir une certaine influence.


- « Je me fais souvent chaparder des choses dans ce quartier, lorsque je passe pour officier… C’est étrange, mais les gens pensent toujours que les représentants du clergé ont des objets de valeurs… » elle étira ses lèvres en un sourire « Il suffit juste de le sous-entendre suffisamment fort pour voir notre petit problème tomber dans d’autre main… »

L’idée était basique en réalité, s’arranger pour que tout le monde soit au courant de la présence d’un objet de la valeur, le laisser se faire prendre sans rien dire pour ensuite bêtement et officiellement admettre avoir perdu ledit livre. Les rumeurs allaient tellement vite, que si en plus cela pouvait être quelque chose de relativement visuel et marquant pour ceux entourant les jeunes femmes, le tour serait joué.

- « Le problème des femmes, c’est que très souvent elles sont faibles » fit-elle avec ce petit regard en coin « Arrange-toi pour laisser le tout dans mon sac, d’accord ? » murmura-t-elle « Je m’occupe du reste. Tu vas voir, j’ai un don pour m’attirer des problèmes, mais je suis convaincue que cela ne t’étonne pas, n’est-ce pas ? »

Aussitôt, aussitôt faite, la blonde s’était relevée, s’approchant du comptoir là où se trouvaient bon nombre de personnes, l’avisant de cette manière étrange. La prêtresse laissa ses doigts jouer sur le comptoir, tout en douceur.

- « Excusez-moi… Je suis un peu confuse » fit-elle de cette voix douce « J’ai cru comprendre qu’il y avait eu une agression… Avec mon amie, on n’ose pas réellement sortir… Et je possède un ouvrage du temple que je dois absolument ramener ce soir…. Vous comprenez, les registres du temple sont précieux, cela ne doit pas tomber entre de mauvaises mains… »
- « Allons, allons ma mère, ne parlez pas trop fort, il n’est jamais bon de dire des choses comme ça ici, vous êtes dans les bas quartiers tout de même, faites attention… Écoutez, j’vais voir si je peux vous faire sortir par l’arrière, j’demande au patron. »
- « Oooh, merci… »

Attendant sagement, elle finit par reprendre la direction de la table ou devait toujours l’attendre Lyanna, ne restait-il plus qu’à voir si un client allait mordre à l’hameçon, une fois le livre de « volé » par un tiers, le tout d’une manière certainement très visiblement, les commanditaires seraient bien obligé de courir derrière le nouveau détenteur, non ? Il n’avait pas fallu beaucoup de temps pour qu’un homme d’une trentaine d’années, le visage déformé par une grimace mauvaise ne s’approche des deux jeunes femmes, armées d’une dague de mauvaise qualité.

- « Bah alors, ma mère, on a un objet un peu trop lourd pour vos p’tits mains ? Donnez-moi ça, j’devrais en tirer un bon prix… Donnez-moi ça et j’vous fais pas de mal, promis ! Toi là rouquine, passe-moi le sac et tes affaires et ensuite j’vous laisse partir. »

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Lyanna Desroses



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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyJeu 20 Déc 2018 - 17:11
Si Lyanna semblait si sûre d'elle, si elle ne craignait pas le danger et le bravait avec tant de dédain, c'était parce qu'elle n'avait rien à perdre. Rien, à part sa vie. Et quelle vie direz vous? Une existence triste et douloureuse, meurtrie, solitaire... Personne ne s'inquiétait de ne pas la voir rentrer la nuit tombée. Personne ne s’enquérait de sa santé, de son bien être. Personne n'aurait eut de la peine à ne jamais plus la voir ou à la savoir morte... Aux yeux de Lyanna, c'était le prix de la liberté. Mais en soit... Cela signifiait aussi qu'elle n'était personne, qu'elle n'était rien. Personne ne l'aimerait jamais. Personne ne pleurerait sur sa tombe... Aussi, était elle partie du principe que son passage sur cette terre serait aussi fabuleux qu'elle pourrait le rendre et qu'elle vivrait pleinement et comme elle l'entendait chaque instant de sa vie depuis qu'elle avait brisé ses chaînes. Qu'importait si son histoire devait se finir subitement et de manière prématurée. C'était la vie qu'elle s'était choisis, celle qu'on lui avait donné et dont elle s'était arrangé au mieux. Et ce genre de situations périlleuses, ce genre d'imprévus terrifiants, c'était ce qui la faisait se sentir vivante, c'était ce qui la faisait se sentir maître de son destin, c'était ce qui lui permettait de répondre aux dieux par la même ironie avec laquelle ils l'avaient envoyé de cette pitoyable manière dans le monde. Elle ressentait l'adrénaline mêlée à la peur. Et à la fin, elle se sentait comme invulnérable, intouchable, plus forte que tout. Elle se sentait libre. Elle même. Et c'était ce qu'il y avait de plus important à ses yeux.
La clerc, elle, ne semblait pas du genre aventureuse. Si elle demeurait calme, elle avait une mine soucieuse, et Lyanna avait remarqué une sorte d'ombre planée au-dessus d'elle depuis le début de leur entrevu. Mais bon, c'était chose courante de nos jours. Personne ne vivait dans la joie et l'opulence, sans aucun mouron à se faire. Chacun avait sa part de problème et de difficulté, la blondinette ne devait pas faire exception. Lyanna se gardait bien de s’emmêler des problèmes des autres : déjà, parce que c'était indiscret et que ça risquait de faire plus de mal que de bien; ensuite, parce que ça conduisait à des situations inconfortables comme celle de se retrouver prisonnière d'une taverne du faubourg, avec des assassins aux trousses, et une voleuse de renom en guise de partenaire.
Lorsqu'elle découvrit le livre, Constance changea de comportement. Elle qui avait été si douce, calme et un tantinet compréhensive envers la voleuse, se trouvait subitement à lui jeté un regard sévère, un mélange de surprise et de consternation affiché sur sa mine soucieuse qui avait demeuré jusque là pourtant souriante. Lyanna ne comprenait ce changement. Etait il dû à l'objet elle-même ou à la situation qu'avait engendré le dit-objet ? Le livre était il effectivement une pièce rarissime, dont la convoitise était bien connue de tous ? Un peu dubitative, Lyanna jeta un nouveau regard à l'ouvrage sans réussir à en déchiffrer les arabesques et les motifs dorés... Ca ne lui disait rien. Elle n'y comprenait rien. La clerc savait elle quelque chose que Lyanna ignora ? Qu'importait... Il semblait évident qu'elles ne s'en tireraient jamais sauves à moins de se débarrasser de ce maudit objet. Et puis, elle n'aurait rien perdu dans l'affaire... Elle s'était bien gardé de dire à Constance qu'elle avait également fauché sa bourse au mort lorsqu'elles s'étaient enfuis.
Malgré tout, le regard inquisiteur de son interlocutrice la piqua au vif, et elle eut subitement envie de lui crier ses quatre vérités à la figure. Après tout, c'était elle qui s'était fourré dans ce bourbier ! Lyanna ne lui avait pas demandé son aide. C'était elle qui avait prétendu servir les trois sans juger son prochain ! Elle qui l'avait invité à se montrer franche et honnête ! Si c'était pour réagir de pareille manière, à quoi bon ?! Elle avait beau affirmer le contraire, Constance la jugeait, elle lui reprochait ses actes, elle désapprouvait ses choix et ce qu'elle était. Si le silence de la blonde s'était prolongé un peu plus, nul doute que Lyanna se serait allé à lui faire remarquer qu'elle ne savait rien de ce qui l'avait amené à cela. Qu'elle ne savait pas que sa naissance, son histoire, ne lui avait laissé que très peu de choix sur la voie à suivre. Oui, peut être n'aurait elle pas été obligée de devenir une voleuse. Peut être aurait elle pu choisir une autre manière de survivre et de s'en sortir. Elle aurait pu devenir une prostituée, par exemple, et suivre la voie de sa mère. Elle aurait pu passer sa vie dans la rue, à mendier sa pitance, même s'il ne faisait aucun doute qu'elle n'aurait jamais survécu très longtemps de cette manière. Ou elle aurait pu se vendre à un homme, l'épouser et vivre à ses crochets, lui donner des enfants et mené une vie de femme-esclave dans le seul but de sa survie. Peut être que ces solutions auraient ravi les Trois, peut être auraient ils eu le mérite d'être légal. Mais une vie pareille, une vie de dépendance et d'esclavage, aurait elle valut le coup d'être vécu? Aurait elle valut le coup de se salir les mains du sang de son ravisseur dans l'unique but de regagner sa liberté? Lyanna n'avait jamais eu aucun doute de ses décisions, ce n'était pas aujourd'hui, et pas face à cette femme, qu'elle remettrait en cause les choix qu'elle avait fait.
Mais la rouquine n'en eut pas l'occasion, car bientôt Constance retrouvait un peu de sa contenance et de son expression d'origine avant de prendre à son tour la parole :


- « Je me fais souvent chaparder des choses dans ce quartier, lorsque je passe pour officier… C’est étrange, mais les gens pensent toujours que les représentants du clergé ont des objets de valeurs… » elle étira ses lèvres en un sourire « Il suffit juste de le sous-entendre suffisamment fort pour voir notre petit problème tomber dans d’autre main… »

Si Lyanna ne comprit pas immédiatement où voulait en venir la clerc avec sa petite histoire, quant elle réalisa le plan qu'elle lui déroulait, elle ne pu retenir une expression de surprise et de respect. (Notez bien que le RESPECT ne faisait pas vraiment partie des choses que Lyanna avait pour habitude de ressentir pour quelqu'un. Constance l'ignorait peut être, mais elle venait de recevoir une très haute distinction de la part de la voleuse.) La rouquine était stupéfaite, et sincèrement impressionnée de ce qu'elle venait d'entendre. Elle eut un moment de silence, où elle resta figée à regarder la blondinette avec un sentiment très étrange et nouveau, sur lequel elle n'aurait su mettre un nom. Finalement, d'une voix plus amicale et avenante, elle lâcha simplement :

- C'est une idée brillante.

Pour dire vrai, Lyanna n'était pas surprise de ne pas y avoir pensé elle même. Comment voulez vous qu'une voleuse de son grade élabore un plan qui consistait à se faire voler volontairement quelque chose? Mais elle était forcé que peu aurait eu une idée aussi tordue et pourtant aussi facile.
Il fallait avouer que, pour le coup, Constance ne manquait pas de cran et de toupet !
Lyanna baissa sa garde, pour la toute première fois depuis bien des années, et adressa un sourire entendu à la prêtresse qui se levait déjà de sa chaise. Finalement, elle était bien une alliée. Lyanna glissa avec hâte, mais précaution, l'ouvrage dans le sac de son amie de fortune qui mettait alors en oeuvre son plan d'attaque. Lyanna l'entendait depuis leur table. Il n'y avait pas d'accroc dans son discours, elle parlait d'une voix assurée, avec une crainte feinte à la perfection. Si Lyanna n'avait pas été au courant du subterfuge et qu'elle ne s'était pas trouvé en la compagnie de clerc, elle aurait elle-même sans doute mordue à l'hameçon. En plus de cela, elle fit coup double : un client allait en plus de cela leur négocier une sortie par la porte des artistes, leur permettant de fuir sans prendre davantage de risque.
Constance regagna la table et Lyanna n'osa pas la féliciter de la prouesse dont elle venait de faire preuve, de peur d'alerter un potentiel "ravisseur" de la petite entourloupe dans laquelle il était sur le point de tomber, mais le regard azuré de la jeune femme en disait loin sur ce qu'elle pensait.
Il ne fallut pas longtemps à leur pigeon pour venir leur voler dans les plumes. Déjà, un homme à l'expression dangereuse s'était posté devant leur table, les menaçant avec discrétion de sa dague émoussée. Lyanna jugea d'un seul coup d'oeil le danger arrivant. Sa lame était loin d'être d'aussi bonne facture que celle qu'elle cachait dans sa botte, et elle était sans aucun doute plus rapide et maligne que le malfrat qui leur faisait face. Mais là, le plan consistait à être des pauvres femmes, victimes d'un odieux voleurs. Aussi, Lyanna feint elle l'horreur, jetant des regards suplicateurs autour d'elle en quête qu'un sauveur. Sans discuter pourtant, elle fit ce qu'elle pouvait pour faire croire à leur agresseur que c'était d'une main tremblante qu'elle lui remettait le sac de Constance, ainsi que sa cape de voyage usée. En son fort, elle maudissait cette perte... Cette cape était la seule chose qui lui aurait tenu un peu chaud dans l'hiver froid et humide qui s'installait. D'une voix juste assez forte pour que leur plus proches voisins de table en soit alertés, elle supplia :


- Pitié, nous n'avons rien de plus sur nous...

L'homme sembla hésité un instant, et les toisa toute deux d'un regard méfiant. Mais finalement, il rangea sa dague après lui avoir sifflé de tenir leur langues à voix basse, et prit la porte de la taverne avant de détaller.
Les hommes assis à côté d'elles ne se firent pas attendre :


- Est-ce que vous allez bien, Mesdames ? Ce malotru ne vous à pas fait de mal ?

Lyanna prit un air scandalisé et sous le choc avant de lui faire un mouvement de tête pour signifier que non.

- Il nous a tout prit... Le sac de mon amie et même ma cape ! Oh, par les dieux, faites quelques choses !

Se prenant sans doute pour le nouveau chevalier servant de ses dames, il bomba le torse et leur assura que la garde se chargerait de ce voleur et que leurs biens leur seraient rendu. Les autres clients de la taverne avaient à présent tous le regard tourné vers les deux jeunes femmes. Pour le coup, il y avait des témoins... Pas de soucis à se faire à ce sujet.
L'homme qui s'était enquit de leur état se hâta jusqu'à la porte et s'égosilla au voleur pour prévenir la garde qu'un méfait venait de se produire.
Profitant de la courte diversion, Lyanna adressa un petit sourire amusée à Constance, avant de ré-adoptée sa posture de victime.
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Constance HilairePrêtresse responsable
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyJeu 20 Déc 2018 - 20:51


Rapide devait être le mot parfait pour définir le moment présent. Constance venait à peine de regagner sa chaise, s’installant comme-ci de rien n’était, récupérant un nouveau fruit pour le porter à ses lèvres avec plaisir, à peine avait-elle relevé ses yeux vers la silhouette féminine qui lui faisait face, que déjà, le premier acteur de l’affaire prenait place sans le savoir de la piège parfaitement dressé. Un coup d’œil à Lyanna avait permis à la balafrée de comprendre qu’elle était prête à réaliser le plan exactement comme elle l’avait imaginé. Naturellement la prêtresse s’était relevée brusquement, détaillant l’arme avec un regard passable outrée, il fallait l’admettre, la blondinette n’était pas une très bonne actrice, mais l’expression et la crainte sincère qu’elle avait ressentie en présence de l’arme ne pouvait que l’aider à rendre le tout parfaitement réaliste. Fort heureusement, son acolyte d’un soir avait pris les devants, jouant de sa voix féminine pour implorer, supplier et ainsi rentrer parfaitement dans ledit jeu. Levant les mains, la balafrée tâchait de montrer qu’elle n’avait absolument rien hormis le sac qui se trouvait au pied de l’homme.

- « Nous allions juste réaliser une cérémonie… Je… Je n’ai rien… Je suis prêtresse. »

Parce que le grade inspirait toujours un peu de culpabilité, parce que même les moins croyants finissaient par craindre une quelconque punition divine. Lyanna lui avait remis sa cape. Le voleur avait fini par embarquer le tout avant de disparaître d’un pas rapide, se précipitant à l’extérieur de l’établissement pour emprunter des petites ruelles. Aussitôt sorti, aussitôt sa disparition provoquait l’apparition des sauveurs, se souhaitant sauver les deux jeunes femmes du cruel traumatisme. Chacun questionnait sur la santé des deux femmes, autant psychologique que physique. Encore une fois, Constance laissa la rouquine répondre, faisant mine de vérifier son état. À peine son acolyte avait-elle souligné qu’elle n’avait plus de cape, que l’un des braves et charmants jeunes hommes lui en avait déposé une sur les épaules, tout en précisant qu’elle pouvait bien évidemment la garder. Un autre c’était précipité à la porte, hurlant à qui voulait l’entendre au vol, roulant des épaules, se frottant les bras, la blonde prit cette mine dépitée :

- « Attaquer une prêtresse, c’est de pire en pire, moi qui ne fais qu’aider… Je n’en reviens pas… »
- « Allons, allons ma mère… Tout va s’arranger. »
- « Je…Je veux rentrer au temple, je dois prier, seule la prière pourra m’apaiser. » fit-elle la voix nouée.

Hésitant, l’homme finit par conduire les deux jeunes femmes jusqu’à la petite porte de sortie extérieure, les laissant s’échapper, se sentant visiblement coupable des événements, il n’avait de cesse s’excuser, exprimant espérer que la trinité pardonne son manque de vigilance. Presque simplement, elle avait déposé une main sur son épaule, le rassurant, avant de disparaître dans un rythme de marche rapide accompagnée de sa binôme de fortune. Coulant un regard vers la rouquine, Constance ne savait guère ce qui allait se passer maintenant, toujours était-il que le plan avait parfaitement fonctionné. L’heure devait être à la séparation, chacune allait retrouver sa petite vie.

- « Marchons vers le temple avant de nous séparer. » Proposa simplement la blonde dans un murmure. « Promets-moi de faire attention à toi, puis, tu pourras passer me voir au temple, si l’idée de te confesser t’intéresse. Les trois protègent tout le monde tu sais, pas uniquement ceux qui pensent bien faire. »

Poursuivant sa marche toujours aussi rapidement, la prêtresse avait fini par s’arrêter à un carrefour, détaillant son interlocutrice, visiblement un peu hésitante, s’approchant, elle fit mine de la prendre dans ses bras afin de lui murmurer à l’oreille :

- « Ton ouvrage, il devait appartenir à des adorateurs de la secte des marais, tu dois vraiment faire attention, ils sont sans limites et particulièrement dangereux. N’essaie pas de le récupérer, il n’apportera que du malheur dans ta vie. »

La relâchant tout en s’éloignant, elle inclina poliment la tête avant de la remercier plus ou moins pour cette légère aventure. Constance avait eu l’occasion grâce à elle d’avoir l’impression d’être bien en vie, de ne pas juste subir, mais aussi de parvenir à décider.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna]   [Terminé] Tomber sur un méfait pour oublier [Lyanna] EmptyJeu 20 Déc 2018 - 22:19
Lyanna et Constance n'avait plus qu'à laisser leur mise en scène porter ses fruits. Bientôt, on vit les torches des gardes flamboyé dans la rue, des voix résonner, criant des ordres, et des bruits de pas précipités, allant dans toutes les directions possibles. On cherchait le voleur. Et pas seulement sur le plancher des vaches.
La ruse qu'avait inventé Constance avait été parfaite, dans ses moindres détails. Simple, rapide, efficace... Lyanna en restait toujours bouche-bée.
Les hommes de la taverne les escortèrent jusqu'à l'entrée de l'établissement, et l'un d'entre eux offrit à Lyanna sa cape.


- Je vous remercie, mon bon Monsieur. Vous êtes trop aimable.

Elle était sincère alors qu'elle s'enroulait dans la cape de l'étranger pour se protéger du froid de la nuit d'hiver. Elle était presque neuve. En bien meilleur état et bien plus belle que celle qu'elle venait de perdre.
Finalement, elle reprirent la route en direction du temple. La moindre des choses que pouvait faire Lyanna, s'était d'accompagner la prêtresse jusqu'à sa demeure. Le trajet se fit en silence. Toutes deux restaient soucieuse de voir ou sentir à un moment ou un autre une petite fléchette se planter dans leur gorge ou leur poitrine. Mais Lyanna avait un sentiment de relative sécurité... Et elle eut raison, car elles arrivèrent au temple sans encombre.
C'est là, qu'elles devaient se quitter.
Mais au lieu d'en resté là, Constance lui fit promettre qu'elle ferait attention à ce qu'elle ferait à l'avenir, et de venir la voir si l'envie de se confesser lui prenait. Bien que Lyanna douta de tenir la première promesse et d'avoir un jour la nécessité de la deuxième, elle acquiesa d'un signe de tête. Il n'y avait plus rien de farouche chez elle. Elle était soulagée, et ne voyait plus Constance comme une menace... Mais plutôt comme une femme qu'on gagnait à avoir en allié.
Puis, la prêtresse se pencha vers elle, feignant une étreinte. Lyanna en fut surprise et se raidit comme un piquet. Les contacts physique, ce n'était vraiment pas son truc... Puis elle lui murmura :


- « Ton ouvrage, il devait appartenir à des adorateurs de la secte des marais, tu dois vraiment faire attention, ils sont sans limites et particulièrement dangereux. N’essaie pas de le récupérer, il n’apportera que du malheur dans ta vie. »

Lyanna ne put contenir une expression de surprise. Elle ne s'était pas douté une seule seconde de la gravité de la situation dans laquelle elle les avait fourré ce soir-là. Si elle l'avait su, elle n'aurait pas accepter sa mission dès le départ. Il était connu qu'il valait mieux se tenir éloigné de la secte des marais... C'était une mission hautement plus périlleuse que ce que lui avait présenté le défunt commanditaire de son contrat. Elle pouvait remercier Constance de son intervention... Elle lui avait sans nul doute sauver la vie, ce soir.
Un peu sous l'émotion, Lyanna salua sa compagne d'aventure d'une voix douce et calme.


- Nous nous reverrons, Constance. Un jour, en de meilleurs circonstances.

Puis, elle se détourna, alors que la prêtresse faisait de même.
La jeune femme était fatiguée... Elle rêvait de regagner son lit. Et grâce à Constance, ce soir, elle pourrait dormir sur ses deux oreilles.
Tout en marchant en direction du port, Lyanna sorti de son decolté la bourse pleine d'or qu'elle avait soutiré à la victime de ce début de soirée.
Finalement, ça n'avait pas été une si mauvaise journée.



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