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 Apprendre pour grandir [Louise]

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MessageSujet: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyVen 21 Juil 2017 - 11:27
Octobre 1165

En ce jour, il aurait pu partir à la recherche d'Iris, mais il n'en fit rien, ce jeu de séduction l'amusait autant que cela lui plaisait. Il fallait alors manier l'attente avec soin. Alors il passait ces quelques heures de repos pour se balader.
Alfonso se plongeait dans de nombreuses réflexions: Etait-ce raisonnable que ce badinage avec une catin ? La cadette de Brasey verrait certainement cela d'un mauvais oeil, ce qui pourrait nuire à l'entreprise qu'il s'était donné de convaincre la Vicomtesse de Restellis de l'engager définitivement. Avait-il assez d'inspiration pour permettre la cohabitation de son métier et de son coeur ?

Il le fallait bien ! Clamait-il intérieurement. Il devait répondre à l'appel de son coeur, tout en sachant qu'il souffrirait par la faute du métier qu'exerçait Iris. Mais il s'en moquait pour l'instant se sentant capable de confondre cette vive douleur. Comme souvent, il tombait dans le piège classique d'être incapable de mesurer la rudesse des sentiments.

Les mains dans ses poches, il marchait. Observant le monde, les boutiques sans réellement s'y intéresser. Cette pause lui permettait de retrouver un peu de calme, loin du trouble qui touchaient la plupart des domestiques dans les hautes sphères du monde. Il n'avait pas imaginer que l'exigence puisse être si extrême. Heureusement l'ambiance était bonne et permettait d'atténuer un peu tout cela.
Le jeune homme se décida alors de s'approcher de la bibliothèque en disant qu'il y trouverait fortune afin de travailler sur ses bonnes manières et son niveau de culture.
Alfonso entra donc dans la bibliothèque dans laquelle régnait une ambiance studieuse qui le changeait du brouhaha de la cuisine du Manoir de Restellis.
Heureusement il possédait une certaine apparence qui pouvait faire croire qu'il était un habitué, ou du moins qu'il était assez élevé dans la société pour être là.

Ce qui évidemment n'était pas forcement le cas, alors, il marchait le long des allées, balayant du regard les ouvrages, ses quelques notions de lecture lui permettait de comprendre une majorité de titre.
Soudain, il trouva un livre intitulé: " Les bonnes manières pour plaire ". Le domestique s'empara du livre, et respectant le silence, il vit dans le sommaire qu'il y avait différents chapitres dont un qui faisait référence à son métier et la façon de plaire à ses employeurs.
Alfonso s'était installé à une table, sur laquelle il y avait en face une jeune femme en train de travailler.
Le jeune homme n'osait pas la déranger et se contenta alors de lire et parfois de déchiffrer lentement.
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyDim 23 Juil 2017 - 17:29
C’était la première fois que l’érudite lisait une chose pareille.

Le vieux livre avait été posé là pendant la nuit. Du moins, elle ne l’avait jamais vu avant. Le parchemin ancien bavassait une langue qui n’était pas la sienne. Un vieux dialecte du Sud qu’elle avait reconnu péniblement. L’ouvrage devait être un original parce de nombreuses ratures de fondaient entre des croquis qui allaient à l’essentiel. De l’anatomie. En tout cas, les dessins mettaient en évidence des pathologies étranges…

Intriguée, la jeune femme avait attrapé les livres de la grande Bibliothèque qui l’aideraient à traduire correctement l’étonnant parchemin. Dès le début de journée, elle s’était attelé au travail. Et notamment à un passage où le propriétaire de la reliure avait esquissé le visage d’un bambin. La peau du petit crayonné avait des tâches qui ressemblait étrangement à celles de l’enfant. Installée sur une table un peu à l’écart, elle tournait prudemment les pages, à l’écart du monde.

Lorsque quelqu’un s’assit non loin d’elle, elle était sur un passage passablement compliqué. Une phrase complète ne cédait pas à ses tentatives de traduction. Malgré ses grandes capacités en langues étrangères, le cerveau sous-alimenté de la savante réfugiée bloquait. Dans son monde, elle lâcha un long soupire et leva enfin les yeux. Tout ce qui n’était pas de papier reprenait vie et le monde autours qui était sorti de sa conscience y reprit de la place.

Pour se changer les idées, elle détailla un instant l’homme qui était en face d’elle, les bras croisés sur la table avec résignation. Elle le regardait presque pour se distraire. Ses traits fins et ses mains soignées trahissait un certain train de vie. Juvénile comme un ange et à la fois sombre comme l’orage. Son habit était sans nul doute bien plus propre et soigné que sa robe aux coutures fatiguées. Du fil d’or et de la soie. Des matières bien trop onéreuse pour un valet, alors elle crut à une sorte de conseillé ou un garçon de bonne famille. Seule la copie qu’il étudiait détonnait : Les bonnes manières pour plaire.

D’abord, l’érudite s’amusa. Qui avait encore le courage de vouloir séduire dans un monde pareil ? Elle pensa à son teint cireux, à ses mains trop maigres, et la fatigue qui bouffait ses traits. Amusée, un sourire lui échappa. Et c’est gênée qu’elle croisa le regard sombre de l’inconnu qui lui faisait face. La petite souris aurait préféré se réfugier dans un trou promptement. Ses joues pâles rougirent un peu. Elle se râcla la gorge et se remit à sa difficile lecture.
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyDim 23 Juil 2017 - 18:19
A son rythme, un peu las, il regardait les feuilles comme ça. Il avait un peu lu, et il trouvait tout cela fade, sans intérêt, en se disant: " Comment ceci peut-il marcher ?". Au fond, il ne savait pas ce qu'il faisait là, perdre du temps, se donner bon genre ? Ce silence lui donner un étrange vertige alors que prit d'un soudain sursaut il se mit à le lecture d'une page comme pour se convaincre qu'il trouverait là de quoi s'armer contre les pensées qui nuisaient à son existence.
D'ailleurs il se demandait ce qu'il pourrait trouver ici qui pourrait lui permettre de gagner quelques précieuses faveurs auprès de la Vicomtesse de Restellis avant qu'elle ne décide de son sort.

Puis, un rire, discret, timide, perturba sa "concentration". Il relevait sa tête, et il vit chez la jeune femme en face de lui ce sentiment de gêne. Elle avait les gestes qui faisaient d'elle la parfaite coupable. Il regardait rapidement autour de lui, et son impression se confirma. Elle avait baissé sa tête, croisée ses bras, et se replongea dans ses ouvrages.
Le domestique observa la personne, une allure juste honnête, des traits fins et une jolie allure malgré un habit qui montrait qu'elle avait quelques souffrances pour vivre.

Mais au lieu de s'intéresser à son état, le jeune homme planta son attention sur ce qu'il y avait devant elle. Des livres, qu'il ne pouvait déchiffrer. Ses pupilles des secondes durant se baladaient entre les ouvrages et le visage de la dame.
-" Excusez-moi Madame." Murmurait-il dans le ton classique usé dans un centre de lecture en reposant le livre devant lui.
Dans son esprit, il se disait que cette femme au vu de sa lecture devait posséder des compétences pouvant peut-être l'aider dans son entreprise.
-" Ne craignez-rien, votre rire ne m'a point blessé, ni vexé. Je ne dois qu'à mon destin de ne posséder une connaissance me permettant d'avoir une lecture un peu plus élevé." Poursuivit-il avec le même air, tout en esquissant un petit rictus aimable et charmant.

Etait-ce une femme de lettres ? Une savante ? Elle avait sur la figure cet air qui chantait qu'elle portait en elle une éducation, et des connaissances certainement hors d'atteinte pour la plupart de la population et peut-être même pour une grande partie des sangs bleus, pensait-il avec curiosité.
Elle dégageait aussi une humilité touchante et bienveillante...
-" Je me nomme Alfonso Oncero, à vous voir ainsi, vous devez être une habituée des lieux n'est-ce pas ? " Demandait-il la mine exprimant une certaine honte de la déranger.
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyDim 13 Aoû 2017 - 20:31
Une ombre glissa dans le dos de l’érudite alors qu’elle se replongeait dans son ardue lecture. L’homme avait changé de place et quand il lui adressa la parole, elle sursauta presque. La peau pâle de ses pommettes s’empourpra promptement. D’aucune manière elle n’aurait souhaité qu’il la remarque. Nulle moquerie ne lui avait effleurée l’esprit et elle n’avait guère voulu le vexer. Brusquement, de peur qu’il jette un œil à l’ouvrage sûrement prohibé par les Trois, elle referma brusquement l’ouvrage poussiéreux qu’elle consultait jusque-là.

C’est avec très aimablement et avec un ton charmant qu’il s’adressa à elle :

Ne craignez-rien, votre rire ne m'a point blessé, ni vexé. Je ne dois qu'à mon destin de ne posséder une connaissance me permettant d'avoir une lecture un peu plus élevée.

La mine désolée et déconfite figeait son museau de rat de bibliothèque. Sa bouche s’ouvrit, mais aucune palabre franchis ses lèvres. Qui était-il cet homme qui semblait prendre garde aux apparats de la noblesse et à l’humilité des braves du peuple ?

Je me nomme Alfonso Oncero, se présenta-t-il. A vous voir ainsi, vous devez être une habituée des lieux n'est-ce pas ?

Un peu sottement, la réfugiée hocha la tête. Poussant les ouvrages qui l’aidaient à traduire, elle fit de la place pour que l’homme s’asseye à ses côtés. Sans bouger de sa place, elle lâcha dans un souffle, en lui tendant sa frêle main pleine de doigts longs et osseux :

Louise.

Juste Louise. Le nom n’importait plus. Il s’était perdue sur la longue route grise qu’elle avait prise pour se perdre dans le dernier rempart de l’humanité.

Sa main froide desserra sa prise avec douceur.

Je… Je viens de temps à autre, il est vrai, bégaya-t-elle, un rien intimidée.

Et un sourire gêné s’étira sur ses lèvres. Réparer son incorrection était la moindre des choses. Du bout des doigts, elle fit signe au jeune domestique aux traits candides de lui montrer sa lecture. Si les années ne les séparaient pas beaucoup, elle se sentait presque vieille à côté de cet homme à la jeunesse de poupée de porcelaine…

Je peux voir ? elle demanda.

Et cela sonnait comme une proposition d’aide douce et bienveillante.
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyMer 16 Aoû 2017 - 18:45
Je m'emparais avec délicatesse de sa main, une main maigrichonne, à peine avais-je serré que je sentais déjà les os de ses doigts. Je n'osais pas accomplir un baise-main, alors je recouvrais sa main en y ajoutant ma seconde tendrement et chaleureusement.
-" Enchanté Louise ! " Soufflais-je après qu'elle ait donné son nom. Bizarrement elle était gênée, surprise. Je ne savais pas pourquoi.
Alors je divaguais, en pensant qu'elle devait passer son temps dans le noir, une bougie sur le bureau et des livres à perte de vue qu'elle scrutait en prenant des notes. Et qu'elle s'endormait comme ça, sur une page.

Soigneusement elle avait regroupé les ouvrages devant elle pour me céder une petite place que je pris volontiers en m'installant juste à côté. Elle était intimidée, là aussi, je ne savais pas pourquoi. C'était bien là l'une des rares fois où je me trouvais dans cette situation. Elle bégayait même. Et comme j'étais incapable de la rassurer je ne disais rien.
Je souriais, simplement, avec candeur et les yeux pétillants. Sans doute songeait-elle à son rire, et qu'elle en faisait encore une mauvaise interprétation malgré mes paroles.

Elle me souriait, mais c'était un sourire timide, frêle qui avait quelques épreuves à gravir avant d'être franc et net sur ses lèvres charmantes. D'un geste de la main, elle désigna le livre que je tenais, et me demanda de lui montrer. Ce fut à mon tour de me sentir plus ou moins honteux. Qu'allait-elle penser de moi ?
Je lisais un simple livre, qui parlait simplement de comment se comporter chez les sang-bleus en tant que serviteur.
Son; je peux voir; sonna à mes oreilles comme une proposition, comme si elle avait remarqué dans mes mimiques ma peine pour tout assimiler. Je haussais simplement les épaule en déposant le livre devant elle.

Un instant mes yeux se posèrent sur ce qu'elle faisait. Ce sentiment d'ignorance était affreux, et me donnait l'impression d'être ridicule, et simplement un petit enfant en train de chercher du réconfort auprès de sa nourrice.
-" Vous allez me trouver stupide n'est-ce pas ? " Je jouais le pari de la compassion et de l'amusement, le ton de ma voix était ainsi faite. J'avais bien conscience que Louise posséder une grande lumière. Lire était un trésor, j'en avais quelques bribes, rien de plus.

Je posais mes mains à plat sur la table.
-" Vous avez sans doute remarquer mes lacunes. J'aimerai me complaire dans l'idée que je ne suis pas seul dans ce cas, mais j'estime que même le domestique que je suis doit savoir lire, et écrire correctement. "
Une petite pause, un soupir, malgré tout, je n'étais pas là pour me rabaisser.
-" Je ne veux pas vous déranger ? Si vous avez plus important à faire, je comprendrai." Terminais-je, en souriant en poussant un peu le livre en direction de la jeune femme.
Après tout, j'avais du temps, et je serais fou de refuser une aide comme celle-ci. Je pouvais trouver fortune, et surtout des compétences pouvant m'aider à l'avenir. Même si dans le fond, je le faisais surtout pour moi, pour me venger de ma misérable enfance.

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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyMer 16 Aoû 2017 - 19:54
A bien les regarder, on n’aurait su dire qui du domestique ou de l’érudite avait l’air le plus gêné.

Vous allez me trouver stupide n'est-ce pas ? lâcha-t-il dans une moquerie qui n’en était pas une.

Il poussa le manuscrit en sa possession devant elle. Par habitude, ses longs doigts maigrelets se mirent à parcourir le cuir de la couverture. Ce n’était pas là un livre de jeune prince qu’elle aurait pu soupçonné devant la coquetterie de l’étranger : la couverture était travaillée sobrement au fer et la feuille d’or utilisée pour faire reluire le titre était trop mince pour plaire aux sangs bleus. Tout au plus, il s’agissait d’un livre de bourgeois. Ainsi, elle ne fut pas surprise lorsqu’il dévoila son métier. Ils étaient nombreux ceux qui sans le titre voulait se mettre à la magie des lettres pour devenir un de ces valets précieux, capable de lire une correspondance et écrire de subtiles missives. Déjà, l’érudite avait croisé le chemin d’un autre serviteur dont le dessein était le même.

Devant sa tirade pleine de dénigrement, elle souffla tout bas :

Vous êtes moins idiot que n’importe quel imposteur qui dit savoir sans jamais avoir appris.

C’était doux comme pour le rassurer, qu’il n’ait pas peur de lui dire, d’avancer ses questions l’une derrière l’autre comme une horde qu’il fallait abattre.

Elle ouvrit le livre et murmura comme l’on parle au Temple :

Où en étiez-vous ?

Plaçant le livre entre eux deux, elle l’invita à se rapprocher d’elle pour suivre sa lecture. Lorsqu’il se pencha sur la première page, l’érudite nota son parfum. Un peu de finesse qu’elle ne connaissait plus. Le beau linge, les eaux de toilettes, et l’étiquettes flottaient dans sa mémoire comme des fantômes d’autrefois. Un jour, elle avait eu des domestiques. Pour jouer avec elle, pour lui apprendre la couture et les lois de la physique. Ce qu’elle savait elle l’avait appris d’un homme que ses parents payaient pour cela.

Au moins, si le livre était trop succinct, elle pourrait compléter avec d’avantage de précisions.

Du doigt, ils survolaient un passage évoquant ce qu’il était courant d’appeler le petit et le grand couvert. Quelques chapitres plus loin se trouvaient les signes bien sentis de subordination. Mais elle ignorait tout de cet homme et de son ambition.



Dernière édition par Louise Ochaison le Dim 27 Aoû 2017 - 11:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyJeu 17 Aoû 2017 - 19:00
Un sourire, un mouvement de la tête, et un sourire pour répondre à son bon mot qui cherchait à m'encourager. Surement, n'avait-elle pas tord, j'avais tout pour jouer la comédie, et au lieu de m'en contenter, je cherchais la sincérité.
Sa phrase m'offrit au moins un peu d'assurance. Mon sourire fut plus grand. J'observais les doigts de l'érudite qui glissait le long de l'ouvrage.
Je trouvais ça étrange, et banal à la fois, j'avais la sensation qu'elle cherchait à tisser un lien avec le livre, comme si elle voulait y trouver de la force.
Je me disais qu'elle devait lire souvent, et que le temps lui donnait cette attache que l'on prête à un cavalier avec son cheval, ou un chevalier avec son arme.
-" Certainement, et il n'y a rien de pire que de vivre dans le mensonge." Soufflais-je, une banalité, comme ça, pour renforcer cette envie d'apprendre.

Elle ouvrit ensuite le livre, dans un geste ample et délicat. Puis elle me demanda où j'en étais en m'invitant à me rapprocher. En confiance, j'y voyais là, l'opportunité de penser à autre chose qu'à mes soucis, que ce soit au manoir, avec Azhim, et Madame et la Baronne de Brasey, ou ceux du coeur avec Iris.
Bref, je posais mon regard, un instant sur mon interlocutrice, puis sur le livre ouvert. J'étais incapable de savoir où j'en étais, puisque je lisais sans vraiment d'attention.
Alors au hasard, je l'arrêtais quand son doigt survola le chapitre des signes de subordinations.
-" Ici ! " Clamais-je en pointant mon index à l'endroit précis.

Je fronçais les sourcils pour essayer de déchiffrer les lettres. Je m'approchais un peu plus, tranquillement, et je penchais ma tête un peu pour mieux y voir. En somme je ne cachais pas vraiment mon incompétence en ce qui concernait la lecture.
Je passai ma main sur mon menton, en silence. Et je savais que mon interlocutrice devait quant à elle être capable de lire totalement à son aise. Je posais mes coudes sur la table, et je soupirai, encore et encore.
-" Seriez-vous prête à me servir d'interprète ?" Demandais-je à voix basse en glissant ma main sur le bois.
Mon regard faisait toujours ce passage entre le livre, et la jeune femme. C'était fascinant de se retrouver ainsi, en compagnie d'une érudite.
Je m'amusais même à regarder au dessus de sa tête s'il y avait pas une espèce d'étincelle lumineuse.

-" Voyez-vous, je viens d'entrer au service dans une maison noble, alors j'essaye de trouver les armes pour satisfaire mon employeur, sachant que pour l'instant je suis à l'essai. Apprendre à bien lire, puis connaître quelques astuces ne seront pas de trop pour plaire. Qu'en pensez-vous ?" Demandais-je pour argumenter et annoncer clairement ce que je recherchais ici, et avec cet ouvrage.

Et il était évident que son aide, serait comme avancer plus vite, et par conséquent avoir une bien meilleure préparation.
Je l'observais comme un écolier observe son professeur, je posais quelques coups d'oeil sur la page pour déchiffrer quelques mots, et j'attendais son intervention avec angoisse et impatience.
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyMer 6 Sep 2017 - 17:48
Il voulait qu’elle l’aide à déchiffrer ce livre plein de règles et de non-sens. Le domestique semblait chercher dans les livres une faculté supplémentaire pour servir sa nouvelle maison. Il voulait apprendre à lire comme on se dote d’une parure. Au fond, l’étrangère le trouvait fort étrange. Mais elle qui n’avait rien ne pouvait se refuser de donner un peu de son temps et de sa science dans cette ville où tout ce qui tenait de l’esprit avait été avalé par la peur.

Il n’était pas midi et jusqu’au soir, l’érudite prit le temps de déchiffrer péniblement le passage désigné par le domestique, revenant sur ses erreurs, prenant le temps de faire des pauses afin de revenir sur des points formels, pour lui montrer toutes les subtiles différences entre les lettres, les p, les q et les b dont la subtile symétrie pouvait engendrer bien des erreurs, tous ces nombreux cas où les lettres devenaient muettes et les dangereuses combinaisons de consonnes qui menaient à des sons faciles à la bouche et pourtant si compliquées à déchiffrer…

Elle ne se faisait point d’illusion : en la quittant l’homme aurait tout autant de mal à lire les mots, lui qui avait déjà du mal à reconnaître les lettres mais elle voyait toute la volonté qu’il mettait. Il se donnait du mal. Et lorsque son attention baissait, elle reprenait la main et lisait pour lui, murmurant comme il est d’usage, avec une voix si douce que même le dur sujet de lecture passait pour un doux conte. Une jolie petite histoire.

Le soleil glissait derrière les vitraux teintés du Temple quand elle arriva au passage suivant :

« Celui qui jure fidélité à son seigneur doit toujours avoir six mots suivant présents à la mémoire : sain et sauf, sûr, honnête, utile, facile, possible. Sain et sauf afin qu’il ne cause pas quelques dommages au corps du seigneur. Sûr afin qu’il ne nuise pas à son seigneur en livrant son secret ou ses bastilles qui garantissent sa sécurité. Honnête afin qu’il ne porte pas atteinte de justice de son seigneur et aux prérogatives intéressant l’honneur auquel il peut prétendre. Utile, afin qu’il ne fasse pas de tort aux possessions de son seigneur. Facile et possible afin qu’il ne rende pas difficile à son seigneur le bien que celui-ci pourrait facilement faire et enfin ne rende pas impossible ce qui eut été possible à son seigneur. C’est justice que le domestique s’abstienne de nuire à son seigneur ainsi. Mais ce n’est pas ainsi qu’il mérite son dû car il ne suffit pas de s’abstenir de faire le mal, mais il faut aussi faire le bien. Il importe donc que sous les six aspects qui viennent d’être indiqués, il fournisse fidèlement à son seigneur le conseil et l’aide, s’il veut paraître digne de son bénéfice et s’acquitter de la fidélité qu’il a jurée. Le seigneur aussi doit, dans tous ces domaines rendre la pareille à celui qui a juré fidélité. S’il ne le faisait pas, il serait à bon droit de taxé de mauvaise foi, de même que le domestique serait surpris manquant à ses devoirs, par action ou pas simple consentement, serait coupable de perfidie et de parjure »

L’érudite lâcha un long soupire. L’air perdu de ses pupilles claires lui donnait un air désabusé. Une moue froissa les angles de son visage maigre. Sans prévenir, ses longs doigts refermèrent lentement l’ouvrage que tenait l’inconnu qu’elle voulait aider. Et ce n’était pas en lui inculquant ce ramassis de foutaises qu’elle l’aiderait probablement.

Tout ça, ce n’est que du vent, si vous le permettez, elle souffla.

Ce n’était pas le choix de l’ouvrage était mauvais : il traduisait dans la plus grande intégralité toutes les exigences de ceux qui affirmaient détenir du personnel comme possède une étable de bovins. L’érudite qui avait un jour vécu dans une belle maison avec une nourrice, un précepteur et tous ces hommes et ses femmes avec qui elle avait aimé grandir ne pouvait supporter cette longue d’amendements qui dépeignait le bon serviteur.

Elle chercha le regard de celui qui avait passé la journée penché sur ce travail. Elle n’avait pas vu passer la journée. Et son esprit fatigué laissait percé moins de retenue désormais.

Je… bégaya-t-elle, cherchant ses mots. Vous ne devriez pas vous attarder sur ce genre de points. Vous êtes quelqu’un d’intelligent. Je peux le dire. Votre fidélité, votre loyauté et votre civilité surpassent probablement tout ce que peut bien rechercher une bonne maison.

Elle ne se voulait pas flatteuse. Comme toujours ses paroles étaient sciemment mesurées.

Elle sourit à l’homme, en baissant les yeux et se leva de sa chaise pour s’étirer. Il se faisait tard. Comme souvent, elle trouvait dans son corps toutes les tensions qui lui rappelaient qu’elle avait passé trop de temps sur une chaise. Son ventre avait faim. L’enfant qui l’attendait dans le Goulot devait sentir son ventre peser comme une pierre. Bientôt, elle devrait rentrer et avec cette curieuse rencontre, elle en avait oublié de travailler pour gagner son pain.
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyMer 6 Sep 2017 - 21:45
Les minutes s'écoulaient à une vitesse folle, et pourtant, ni elle ni moi ne nous en étions rendus compte. J'étais plongé dans cette frénétique envie d'apprendre, et elle, elle me donnait l'impression d'être comme investie d'une mission, celle d'abattre mon ignorance, où du moins quelques lacunes.
Nous lisions le livre en suivant le rythme de ma lassitude, venait avant de laisser place à une grande motivation, comme si la lassitude me montrait l'image de celle que je voulais oublier et que je fuyais en reprenant une grande inspiration en reprenant tant bien que mal la lecture.

Les rayons du soleil s'apaisaient, doucement, magnifiquement. Alors qu'un moment de fatigue me gagnait, que la paume d'une de mes mains soutenait ma figure, Louise reprit la lecture, j'essayais de suivre. Je faisais un effort en me souvenant des petites astuces et des petites subtilités dont elle m'avait fait part. Je devais reconnaître que je ne savais pas si demain je m'en souviendrais encore, mais là, à cette heure-ci, je me sentais bien, je sentais que je parvenais déjà à mieux déchiffrer les mots, et les phrases toute entière.
L'érudite se lança dans une longue tirade, de sa voix basse et douce, avec une diction remarquable, j'avais honte de l'obliger à cela. Je ne savais pas comme je pourrais la remercier. Bref, je commençais à me perdre lentement, les mots que j'entamais, elle les avait déjà lu depuis un moment. Ce qui rendait la compréhension compliqué, alors, j'arrêtais, préférant juste l'écouter tout en conservant mon regard en direction de la page.

Le dernier mot du paragraphe quitta les lèvres de la jeune femme qui soupira ensuite. Et, elle referma le livre. Je posai alors mes yeux sur elle, et j'y vis une moue curieuse. Je n'osais rien dire, même pas un pourquoi, après tout, il commençait à se faire tard, et je ne pouvais pas lui reprocher de ne pas aller jusqu'au bout.
Du vent ? Répétais-je dans ma tête en reportant mon attention sur la couverture. Que voulait-elle dire par là ? Que le livre mentait ? Qu'il inculquait simplement la vision idyllique des choses selon l'unique point de vu des puissants ?
Son regard cherchait le mien, et lorsqu'ils se croisèrent, elle prit la parole pour m'expliquer le choix de ce point final qu'elle venait de mettre à la lecture.

Je me mis timidement à rougir, il y avait fort longtemps que mon esprit n'avait pas reçu de sucrerie. Je souriais un peu. Puis je baissai un peu les yeux pour montrer que je me sentais gêné par les compliments. Même si au fond cela me faisait un bien fond.
J'allais même jusqu'à par orgueil, penser qu'au final j'avais un esprit incapable d'être compris par l'ordinaire.
Elle se leva, je gardai le silence, repoussant l'ouvrage puis en croisant les bras. La jeune femmes s'étira; je devais avouer que nous étions restés assis ici des heures.
Je m'amusais un petit instant à penser qu'elle devait avoir l'habitude... Je relevais ma tête ensuite...
-" Ainsi vous pensez que mes valeurs valent plus qu'un cadre peint par les nobles dans lequel il faut se placer ? " Demandais-je à voix basse. Bien-sûr j'aimerai avoir une meilleure vie, bien sûre que Mademoiselle Victoire m'inspirait un profond dégoût par son air hautain, et son mépris qu'elle exprimait souvent, mais pour réussir je croyais à cela, au fait de garder en tête certaines leçons.
Je me relevais à tour avec une vive douleur au bas du dos. Il fallait dire que moi, je n'avais pas l'habitude de ça. Je passais plus mes journées à courir partout, à rester debout, et à marcher.
-" Je suis navré, le temps nous a filé entre les doigts si rapidement que vous avez perdu une bonne partie de la journée par ma faute. En plus, je suis incapable de vous remercier... " Dis-je en esquissant une moue de peine en soufflant.
-" Avant de partir, comment pouvez-vous savoir que je suis quelqu'un d'intelligent, de fidèle, de loyale, avec une bonne civilité ? " Achevais-je par curiosité en commençant à refermer les boutons de ma livrée.
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyDim 10 Sep 2017 - 3:55
Il n’avait pas besoin de la remercier : elle n’avait pas fait ça pour s’accorder la quelconque faveur du domestique. Partager ce qu’elle savait, c’était tout ce qu’il lui restait. Une petite richesse qui ne pesait rien avant la fin du monde.

Elle fit signe que ce n’était rien, et lui sourit à sa manière à elle. Pudique et délicatement effacée. Et l’érudite commença rapidement à amasser ses recherches, nombre de parchemins qu’elle empila les uns sur les autres, qu’elle entassa jusqu’à que le papier se cale entre sa poitrine et ses bras qui auraient pu plié, si maigres chargé par cette masse de reliures lourdes de sciences. Elle allait partir quand il la retint encore un instant :

Avant de partir, comment pouvez-vous savoir que je suis quelqu'un d'intelligent, de fidèle, de loyale, avec une bonne civilité ? lui lança-il à la figure.

Quelque chose dans la voix du domestique semblait la défier. Elle se retourna vers lui, posa ses livres sur l’immense table de noyer. Elle prit son inspiration, car, pour une fois, sa réponse serait longue.

Quelqu’un d’intelligent car je connais peu de gens de votre métier qui se rend, sans les armes et sans alliés, dans un endroit plein d’ennemis de papier. Vous avez du courage, monsieur. Un courage que tous les fous n’ont pas. Quelqu’un qui se doute que sa condition le fait passer à côté d’une autre grandeur et qui se préoccupe encore des lettres, de l’étiquette et de la courtoisie parce qu’ils sont le vestige d’une humanité qui a tout à perdre. Et vous vous avez encore tant à gagner. Les broderies sur vos vêtements sont d’un bel ouvrage : vous connaissez les codes, les coutumes et les traditions, bien mieux que ceux qui les ont inventées. Avec cette touche d’originalité qui fait de vous quelqu’un d’authentique. De différent et entier. Quelqu’un de fidèle et loyal par votre métier, votre condition et peut-être votre cœur.

Après avoir abattu cette longue liste de compliment aussi facilement que s’ils avaient été des insultes, ses lèvres se pincèrent. Elle s’en voulait d’être encore là. D’être une des dernières personnes à voir encore dans le cœur des gens. Et de se sentir si seule, elle qui connaissait tous les secrets des hommes, des dieux et des étoiles, à chercher encore la solution à sa propre fortune.

D’un coup son visage se renferma. Elle fuit les yeux de l’homme en belle livrée. Et se repentit presque en lâchant dans un souffle :

Je ne vous connais guère, monsieur. Oubliez tout ceci si je vous ai offusqué. Je suis fatiguée.

Elle tourna les talons sans demander son reste. Elle regrettait déjà d’avoir tenu des paroles aussi monovalentes et déraisonnable. Ses pas la portèrent vite vers l’entrée du Temple. Il pleuvait dehors. Alors elle serra contre son cœur la tonne de papier fragile et enroula sa cape autour pour protéger ces brides de savoirs qui disparaitraient lorsqu’on aurait besoin de se chauffer dans les grandes maisonnées.

En rentrant dans la petite mansarde qui lui servait d’habitation, elle était trempée comme un sous neuf. L’eau ruisselait le long de sa clavicule squelettique, mouillait son col qui se plaquait autour de ses vertèbres saillantes. Il n’y avait plus que des côtes sur elle, et l’os des hanches ressortait au-dessus de ses jambes épaisses comme des brindilles. Une fois de plus, elle n’avait rien à donner pour nourrir l’enfant. Mais le petit n’était pas exigeant : tout ce qu’il avait attendu c’était un nouveau livre pour remplir son âme.

Le ventre attendrait bien une journée ou deux.
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MessageSujet: Re: Apprendre pour grandir [Louise]   Apprendre pour grandir [Louise] EmptyLun 11 Sep 2017 - 15:29
J'attendais avec une certaine appréhension sa réponse. En effet, comment pouvait-elle le deviner ? Moi-même n'avais pas la certitude d'être une si bonne personne que cela. Elle ne tarda pas à répondre, alors je l'écoutais, simplement, avec un regard attentif et sérieux.
J'analysais les mots; c'était une harangue intéressante et plaisante à la fois, rarement même je n'avais senti ainsi mon orgueil être flatté.

Recevoir ce genre de compliments ne m'était jamais arrivé auparavant, alors j'étais incapable de savoir comment je devais réagir, mes joues se tintèrent un peu de rouge. C'était une sensation étrange. Rare.
Secrètement, j'attendais peut-être un jour recevoir ce genre de parole. Alors c'était une sorte d'objectif atteint. Et maintenant ? Que devais-je répondre ? Le silence un instant se positionna entre elle et moi.

Je n'osai le briser, elle le fit alors en s'excusant, en me demandant d'oublier, affirmant qu'elle se sentait trop épuisée pour penser.
Voilà qui rabaissait un peu l'ivresse qui s'était posé sur ma cervelle. Je refusais, peut-être à tord, d'y croire, je préférais penser qu'elle avait parler avec sa pleine conscience, et non le contraire.
Etrangement, je n'arrivais pas à parler, je ne savais pas quoi lui répondre. Et cela même quand elle se retournait pour quitter l'endroit. Ma mine exprimait une certaine surprise, ainsi qu'une incompréhension contre laquelle je luttais.

Je me frottais le front, puis le menton en l'observant s'éloigner. Je me disais qu'elle avait eu, une réaction propre à sa condition. Ou peut-être simplement se disait-elle que je n'avais pas assez d'esprit pour débattre avec le sien qui était forcement plus élevé.
Je ne savais pas. Je me sentais un peu honteux de ne même pas avoir pu lui dire au revoir, et encore plus de ne pas avoir été capable de répondre à son monologue.
Au moins j'avais appris des choses, et je me disais que si j'avais le temps je reviendrai ici, peut-être aurais-je la chance de la retrouver.

Maintenant, il ne me restait plus qu'à reprendre mon rôle, celui de simple valet. D'ailleurs en remarquant l'heure je me rendais compte que j'allais être en retard, ma maîtresse m'avait donné la journée, mais il fallait que je rentre pour la soirée.
Je jetai un coup d'oeil nostalgique sur la table, et dans mon esprit toute l'après-midi repassait. Une esquisse de sourire sur le visage; un soupir, les mains dans les poches et je pris la route de la sortie.

Sur le chemin vers le Manoir de la Vicomtesse je m'amusais à imaginer la vie de Louise. Que faisait-elle ? Comment avait-elle appris à lire et à avoir une telle culture ? Puis après un temps, l'image de la prostitué qui dominait mon coeur reprit sa place dominante dans mes pensées. Alors je soufflais, vite, il fallait que je me plonge dans le travail ! Me dis-je en précipitant ma marche.
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