Marbrume


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 Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!

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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyMer 16 Aoû 2017 - 14:36
Le passeur ne doit pas en être à sa première fois. Il a parfaitement choisi son moment pour accomplir sa mission ; Il semblerait que Ferrand Degrelle, riche chef d’entreprise, patrice de Marbrume, et vipère bourré d’ambitions politiciennes, connaisse très bien les capacités de ses employés pour ne s’entourer que de ceux avec certaines qualités. Ou bien peut-être que mon jugement est faussé par le fait que moi-même, homme devenu appauvri et indigent, n’a pas pu compter sur une aide aussi experte lors de mon arrivée clandestine dans la ville maudite. Mon premier passeur, il n’était rien de plus qu’un dégénéré consanguin, avec de la morve qui lui coulait du nez, et c’est un miracle qu’il ait réussi à nous faire naviguer dans les égouts jusqu’à un endroit sûr. D’ailleurs, son manque de discrétion explique pourquoi moi et Malachite nous nous trouvons aujourd’hui dans cette situation, puisque ce sale enfoiré ne sait pas tenir sa langue, et je n’ai pas oublié de passer par le temple pour remercier Anür que ce sale enculé de roturier crasseux nous a balancé auprès d’un notable qui connaît Degrelle, plutôt qu’à un homme de loi qui se serait empressé de faire sonner les cloches et de faire aboyer les limiers pour retrouver deux immondes bannis qui avaient violé le seul interdit qu’on leur avait imposé : Celui de ne pas revenir à Marbrume.

Le problème, c’est que si vous ne suivez pas nos histoires formidables, à moi et Malachite, vous devez être un peu en retard. Alors il faut que nous vous fassions un rappel rapide : Le vent il est en train de tourner. Certes, certes, nous avons trouvé un village qui accepte notre travail et notre présence, qui nous nourrit et nous soigne, mais c’est parce que nous rendons d’importants services pour eux ; On fait partie des derniers fous furieux assez tarés pour errer au milieu des marais, avec les fangeux. Même les brigands et les rapaces osent de moins en moins y aller, et ils préfèrent bâtir des « châteaux » adultérins faits de tas de bois et de merde, ou en occupant des ruines abandonnées et à peine explosées par les anciennes autorités ducales, qui visiblement n’avaient rien à foutre de l’arrière-pays marbrumois vu que ces crétins n’ont jamais pensé à assécher le marais et à faire une coupe claire des bois. Il ne faut pas s’étonner que le Morguestanc soit rempli d’attardés mentaux, de paresseux ingrats, et de rats dévoyés, et je n’ai d’ailleurs pas oublié d’aller sur un autel remercier Serus de ne pas être né dans la région de Marbrume, comme Malachite peut être heureux que sa mère l’ait couché à des lieues et des lieues d’ici. Il n’empêche, plus le temps passe, et moins les bannis semblent tolérés près des coins où l’autorité revient, et l’autorité, elle commence à revenir. Depuis que des bannières ont été plantées sur le plateau du Labret, les routes commencent à nouveau à être parcourues par des armures de fer rouge-noir, qui pleurent le cri de guerre de Molle-Épée (Surnom joyeux de son altesse Sigfroi) sitôt qu’ils aperçoivent deux ou trois démons qui sortent des fougères ou de l’eau croupie, les lèvres alléchées par la viande ferme et juteuse de guerriers moites de sueur causée par leur frousse.
Moi et Malachite avons bien souvent un mauvais contact avec les brigands et routiers qui font leur existence dans les marais ; Ils sont violents, ils frappent fort, ils couvrent leurs petits cerveaux de grands casques, ils en veulent à nos maigres possessions, et heureusement ni moi ni Malachite sommes des femmes sinon ils en voudraient également à nos orifices – encore que selon les réflexions de certains, comme quoi je suis mignon et Malachite bien constitué, l’absence de trou devant ne leur empêchent pas d’en vouloir à l’entrée et la sortie de nos appareils digestifs. Le problème, c’est que les gars d’en face, ceux qui ont les couleurs de la ville de Marbrume, ou de leurs vieilles maisons nobles décadentes abâtardies, dont je suis un des représentants d’ailleurs comble de l’ironie, eh bien ils ne valent pas mieux que les brigands des marais. Par certains égards, ils sont peut-être même pire. Malachite m’a très vite fait comprendre, en étant tout de même restreint dans le partage de ses souvenirs, qu’il valait mieux ne pas badiner avec les abrutis qui servent de sergents dans l’ost ducal.
Du coup, rester dans les marais, c’est un peu la mort. Il y a la Mort avec une majuscule, je ne les présente plus, vous les connaissez très bien. Mais les fangeux n’ont pas l’apanage de ce qui peut causer notre perte, et dans un certain sens, affronter les fangeux et parfois plus facile que d’affronter les humains qui n’ont pas encore tourné, peut-être parce que les fangeux sont plus raisonnables : Ils tuent par instinct et devoir naturel, certainement pas pour nous causer des sévices ou nous torturer. Ils sont d’excellents chasseurs en revanche, et sacrément forts. À la limite, avec mon armure et mon épée, je peux bien lutter et tuer l’un d’entre eux qui me course, peut-être même deux si je suis encouragé par la poussée d’adrénaline et la nécessité de survie. Mais les fangeux sont surtout forts parce qu’ils attaquent de façon nombreuse, et parce qu’ils ont un étrange instinct de chasseurs qui leur permettent d’apprendre à traquer et à attaquer lorsqu’on ne les voit pas, en surgissant d’une cachette. Et lorsqu’ils ne tombent pas dans votre dos pour vous égorger, ils tombent sur vous à plusieurs, en horde, hurlant si fort que même le plus brave des guerriers souillera ses chausses de peur, je vous avoue moi-même avoir déjà sali l’arrière de mes culottes en en voyant un de près. Un homme intelligent aura depuis longtemps appris à éviter le combat face aux fangeux, à moins d’agir en groupe, et avec des chevaux pour pouvoir faciliter la fuite. Mais la Mort est universelle, et la Mort risque aussi bien de frapper moi qu’elle risque de frapper les brigands ou les miliciens qui osent encore se balader dans ces marais, à la recherche de gibier, ou de ruines qui doivent être remplies d’objets de valeur, de trésors, de richesses autrefois fermées et gardées dans de gros cloîtres ou des maisons bastionnées, et aujourd’hui qu’on peut forcer pour se remplir les fouilles. La concurrence est donc rude, notamment rude à cause de la menace Mortelle. On pourrait croire que l’arrivée des fangeux fasse que les humains se soudent ensemble, et, en fait, c’est vrai à un certain degré, la preuve puisque moi et Mala on est capables de dormir et de se laver dans des villages où on nous accueille plus-ou-moins temporairement, et où même les miliciens locaux acceptent de fermer l’œil sur notre présence puisqu’on peut leur servir de guide ou de chair à fangeux si leur besoin se fait sentir. Mais en règle général, loin de l’organisation calme et pieuse d’un petit village, loin de l’ombre de son clocher en pierre où l’on dit encore la messe trinitaire, c’est l’anarchie la plus complète. Parfois on noue des amitiés et des relations, mais qui se révèlent d’une durée atrocement courte, puisque tout le monde s’enfuit dans le sens qu’il veut quand on entend grogner et hurler.

Tout ça vous n’êtes pas censé l’ignorer, à moins de faire partie de ces peignes-culs et ces gros gueux qui ne quittent jamais la sécurité des murs de Marbrume. Vous devez être ou bien un sale fils de noble ou bien un sale fils de pute, mais dans tous les cas vous êtes dans le même panier à mes yeux. Que vous soyez natif ou réfugié, aristocrate ou roturier, indigent ou aisé, puissant ou dérogé, je n’en ai que foutre. Vous êtes un planqué. Et alors que vous êtes tel un chat apeuré, réfugié sous le lit après avoir ouï la meute, moi je suis dehors. Dehors avec les armures de fer et les violeurs qui démangent du vit. Et j’ai pas envie de continuer à rester au milieu de la Mort quand on aura décidé qu’il faut pendre tous les gens un peu criminels qu’on peut rencontrer. J’ai envie de pouvoir passer une nuit où je ferme véritablement mes deux oreilles. J’ai donc décidé de faire la seule chose qui me semble logique dans ce genre de situation : Je veux aller pleurer chez tonton.
Après notre arrivée à Marbrume, Malachite et moi, nous avons rempli une mission pour Ferrand Degrelle. Celui-ci nous a employé pour s’occuper de quelques problèmes qui le concernait, le genre de basse œuvre que seuls des coupes-jarrets peuvent faire. Malgré ma noblesse, je dois vous avouer que ça fait bien longtemps que je n’ai plus cure de l’honneur et que j’ai appris à utiliser mes talents avec ma lame autre part que sur les lices d’un tournoi. Malachite, lui, est sacrément doué au couteau, mais surtout pour apprendre à traquer des bâtards insoupçonneux. Alors que je me charge de supprimer les sbires, c’est Malachite qui s’occupe des grosses œuvres qui incluent l’escalade, le crochetage de portes, ou l’art spectral de prendre l’apparence des ombres. Je me demande d’ailleurs si Malachite n’est pas un sorcier, une pensée qui me met légèrement mal à l’aise, même si je suis ravi de savoir que l’homme capable de devenir invisible par une incantation est de mon côté.

Notre récompense donnée par Ferrand Degrelle, c’est de nous faire passer sur l’Esplanade. Et quelle n’a pas été ma surprise quand il nous a demandé de quitter la ville. Quitter les murs d’enceinte, s’éloigner des faubourgs, pour aller tout au nord, près du littoral, au milieu de cabanes de pêcheurs. Mais Degrelle est fort pour nous convaincre de faire des trucs. Il exerce tout un art pour convaincre, parfois de force, les ouailles qui viennent à lui. S’il n’avait été marchand, sans doute aurait-il été prêtre.
Nous avons donc obéi. Et voilà qu’emportant notre maigre baluchon, moi et Malachite sommes allés jusqu’à ces cabanes. Quitter Marbrume s’est révélé bien plus simple que d’y entrer. Il a suffi de revêtir nos grands manteaux et d’accompagner une des rares caravanes qui fait le trajet entre le Labret et la cité, de manière à passer outre les gardes qui ne nous fouillaient pas à la recherche de contrebande ou de criminels ; Généralement, c’est plutôt dans le sens des arrivées que ça inquiète. Les fangeux s’occupent bien suffisamment d’eux-mêmes pour punir ceux qui ne respectent pas la douane. Une fois dehors, à voir à nouveau les arbres et à sentir à nouveau la frousse, nous avons quitté la caravane au bout d’une demi-heure de marche pour partir vers le nord, et comme à nos habitudes, moi et Mala avons marché, et marché, tout en parlant tout seul alors qu’on se partageait une belle pomme rouge, croquant chacun son tour dedans.
Après avoir bien usé nos chaussures, nous sommes arrivés à destination. Un tas de bicoques construites sur la terre, entourée d’une maigre palissade très basse par-dessus laquelle un fangeux pouvait sauter, des bateaux de pêche affalés sur la plage à marée basse. Il n’y avait ici que trois familles qui habitaient chacune les trois maisons assez minuscules et peu isolées de cet amas. « Famille » serait de plus exagéré comme terme, car il n’y avait ici pas un seul jeune homme, mais uniquement des femmes, quelques enfants et vieillards. Lorsque nous sommes arrivés, nous avons été accueillis par une troupe famélique de vauriens en haillons, qui tenaient des bâtons. Nous avons dit que nous voulions voir un certain « Rogier », et ils se sont calmés, même s’ils ont baragouiné dans leur patois outre-marbrumois.
On nous a ouvert la porte, on nous a servi un potage immonde fait de poisson cuit avec des légumes, et nous nous sommes restaurés. C’est alors que nous avons beaucoup parlé avec Rogier, qui vivait dans une de ces bicoques construites en souches de bois pourries, avec un toit trop bas, des vrillettes dans la charpente et le froid comme compagnon. Il expliquait qu’il n’occupait cet endroit que durant l’été, et qu’il pêchait du poisson qu’un marchand venait chercher tous les jours pour ramener à Marbrume. Il me disait ne pas croiser de fangeux, chose qui m’a étonnée vu qu’on était en plein air, mais ce n’était peut-être pas si impossible que ça vu qu’on était tout proche de la cité de Marbrume et qu’on ne devait pas manquer de patrouilles de sergents à cheval, d’autant plus qu’on était dans un endroit totalement dégagé, sans arbres ou marais puants, et qu’ainsi les fangeux devaient être très faciles à déceler et à tuer ; Imaginez un instant à quel point nous survirerions plus facilement si ces abrutis de duc avaient investi leur argent dans l’assainissement de l’Obliance plutôt que dans des banquets ! En même temps j’ai pas le droit de me plaindre, j’ai vécu toute ma vie dans la décadence sexuelle et alcoolisée des orgies aristocrates.
Finalement, Rogier est venu droit au but avec nous quand on lui a dit qu’on était envoyés pour aller sur l’Esplanade. Il ne nous a demandé aucun détail ; Ni nos noms, ni ce qu’on voulait faire sur l’Esplanade, ni même si nous étions bannis, un détail dont il n’était pas au courant, et c’était préférable. Il a préféré aller droit au but, en grognant à moitié dans sa barbe tandis qu’il était en train d’ouvrir un crabe qu’il avait fait bouillir dans un casque de soldat rempli d’eau salée.

« On va y aller un jour où qu’il fera bien sombre, faut pas que la lune illumine l’eau... On va monter dans ma barque de pêcheur et j’vais vous amener à marée haute, près d’un vieux rocher construit tout juste sous les murs de l’Esplanade. J’vais vous accompagner le long de la roche, faudra faire attention parce que les vagues lèchent par-là, mais j’vais pas vous faire escalader les murailles. Y a un endroit dans l’enceinte, qui date de la vieille ville, l’époque où tout Marbrume se résumait à cette Esplanade... C’est moins épais et on peut y entrer grâce à une sape que des contrebandiers ont fait et que les miliciens ont pas encore repérée.
– Mais... Il n’y a pas de risques de croiser des gardes ?
Je demandais, peu convaincu.
– Bien sûr qu’il y a des gardes ! Mais beaucoup moins qu’avant ! Vous croyez quoi ? Y a plus aucun navire qui arpente les côtes, ni des flottes étrangères, ni des bateaux de marchands. Qu’est-ce que vous croyez que les gars craignent le plus ? Une invasion étrangère ou des démons qui essayent de sauter les murailles de la basse ville ? Les miliciens, y doivent garder les puits, les bastions du sud, les entrepôts où se cache le blé, les bâtiments publics. Les gars qui sont chargés de garder les ouvrages défensifs de la côte, y sont beaucoup moins nombreux. »

Je supposais que ça avait une certaine logique, même si j’avais du mal à m’en rendre compte. Marbrume est un roc, ses tours sont hautes et trapues, elles ont été construites pour résister à la bombarde et à des boulets de pierres énormes ; Ce serait une ironie ô combien poétique que deux peureux avec des petits bras et de petites jambes arrivent à franchir ce dispositif qui peut résister à des galères géantes.
Alors, il a fallu attendre une nuit sans lune. Nous avons passé deux jours en compagnie des pêcheurs. Deux jours où Rogier nous a forcé, par méchanceté, à prendre part au travail manuel de sa mesnie, soi-disant pour mériter notre logis et notre croûte dont il nous nourrissait à peine. J’ai protesté que je refusais de travailler, et c’est assez logique car mes mains de nobles n’ont jamais été faites pour réparer des filets, ramener des moules, ou nettoyer une charpente. Ma race n’est pas faite pour travailler, elle est censée être dans l’indolence en se reposant sur le travail de gueux comme Rogier. Mais il a protesté que j’étais plus jeune et plus fort que lui, et qu’il y avait aucune raison pour que je me salisse pas autant, sinon plus que lui. De mauvaise foi, j’ai donc décidé de me mettre au travail, malgré ses réprimandes constantes, notamment sur le fait que je passe mon temps à plaisanter et à rire avec Malachite plutôt que de faire ce qu’on me demande.
J’ai essayé, en contrepartie, de courtiser la jolie petite-fille de Rogier. Une gamine de dix-sept ans, très mince, le visage plein de boutons de jeunesse, les cheveux secs et frisés, et une petite poitrine osseuse. Pas tellement mon genre, mais faute de grives on se contente de merles. J’ai réussi à la faire sourire, j’ai réussi à la faire voir mon torse-nu pendant que je travaillais – même s’il faisait froid et que je n’avais pas réellement de raisons d’enlever ma chemise – et j’ai même réussi à l’embobiner un peu sur mon passé, pour me donner un air de beau ténébreux tragique. Malheureusement, cette sale gaupe ne faisait que m’allumer. Sitôt que j’ai essayé de la peloter un peu, elle s’est mise à se débattre, à me dire qu’elle était déjà promise à quelqu’un, à dire qu’elle se réservait pour son mari. Je me suis dis qu’elle cherchait simplement à faire celle qui se défend, pour pouvoir être mieux conquise, mais dès que je l'aie agrippée de ma serre entre ses jambes, elle s’est mise à hurler et à se débattre, et quand j’ai glissé mes doigts sous ses frusques, elle m'a accusé de viol et m’a giflé ! Fort heureusement, cette putain n’en a pas parlé à papy, et Rogier ne s’est douté de rien quand enfin la nuit tant attendue est arrivée, que nous avons embarqué nos affaires et que nous nous sommes retrouvés à devoir pousser une barque jusqu’à la mer.


Dernière édition par Lucain d'Agrance le Sam 2 Sep 2017 - 11:02, édité 1 fois
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MalachiteMiséreux
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptySam 26 Aoû 2017 - 9:36
J'admire le panorama depuis la barque pendant que Lucain discute avec le vieux en train de ramer. J'aime le laisser s'occuper des conversations. On a croisé beaucoup de gens pas très gentils ces temps ci. Des bandits ou des bannis, on ne sait même plus. Ca me met toujours dans des états de nerf pas possible. Du coup je suis bêtement Lucain dans l'espoir qu'il me protège. Quand il est pas là je reste dans un coin en évitant le regard des messieurs qui vivent dans les marais. Et quand je peux vraiment pas faire autrement, je gère les civilités moi même. Je repense souvent à un cinglé que j'ai vu un jour qui arrêtait pas de se croire attaqué par des soldats de je sais plus où, et je comprends ce qu'il ressent. Des fois je fixe les gens en me disant "bon sang, qui je vais tuer pour faire diminuer le niveau de menace ?", puis je me rappelle en cours de route que j'ai pas forcément besoin de tuer tout le monde tout le temps.

Au bout d'une heure à galérer contre les vagues, la petite embarcation s'échoue sur la bande de sable au pied des rochers. Ici, on dirait que des géants ont joué à la pétanques au pied des murailles et ont oublié les boules après la partie. J'ai jamais vu la ville sous cet angle. On voit les restes de tout ce que les gens balancent par dessus bord pour s'en débarrasser.
Ca fait belle lurette que je suis transi de froid. Entre les vagues de bord et les embruns, je suis pas resté sec plus de deux minutes dans cette foutue barque. Mais l'escalade jusqu'au trou des contrebandiers est un excellent exercice pour se réchauffer. Le vieux passeur se balade là dedans avec une agilité surnaturelle, probablement par habitude. Moi je sautille comme un écureuil entre les cailloux glissants et je fais des détours pour manger les divers trucs comestibles qu'on peut trouver. Le vieux fronce le nez en me voyant gober des petits crabes et des déchets alimentaires tombés du haut de la muraille, mais je sais sélectionner ce que je vais pouvoir digérer. Il y connait rien !
Lucain, qui n'a pas grandit sur une montagne au bord de la mer et qui n'est pas passeur, galère un peu plus. Au début du trajet il se gaufre sur des algues humides de façon spectaculaire. Après avoir ramassé un tel gadin, il devient très précautionneux et traîne à derrière, en se prenant toutes les vagues que la mer veut bien lui envoyer. Il avait l'air super proche de nous ce trou dans la muraille, mais le commun des mortels doit faire des tours et des détours pour l'atteindre. Tout est glissant et plein d'à-pic. Moi j'ai eu le temps de faire trois aller-et-retour et de manger plein de machins qui traînent. Lucain, livide, me dit d'arrêter de le narguer quand je lui apporte des oeufs de mouettes tel un petit singe tout craspouille. Mais finalement on arrive à destination.

Donc le passeur nous dit qu'il est temps de payer, merci bien, et je laisse l'ex-chevalier s'occuper de ça pendant que je fais le poirier devant les vagues qui s'écrasent sur les rochers. OK je le nargue un peu là.

La suite du chemin - j'ai déjà oublié le passeur et tout ça - c'est une cheminée de deux mètres de haut environs qu'il faut escalader. Comme un petit trou de fourmi dans la muraille. Ca vient d'un vieux système de défense - élargi par les contrebandiers - pour balancer des trucs à la gueule des envahisseurs qui pourraient passer par la mer. Je passe devant. Personne à la sortie. Je tends le bras à Lucain pour qu'il se grouille le cul de me rejoindre tant que ça dure.

Nous voilà en ville, sur l'Esplanade. Première fois de ma vie que j'y fous les pieds. C'est à l'ex-chevalier de passer devant, vu qu'il sait où on va. Moi je commence à bouder pendant qu'il est tout content d'aller voir tonton. Ca fait suite à de précédentes discussions. Quand j'ai réalisé que j'allais suivre Lucain chez des nobles, j'ai protesté en imaginant les réaction à base de "quelle est cette chose en train de salir le tapis du hall d'entrée ?". Comme j'aime pas qu'on me traite de chose ça me fait pas plaisir. C'est trop d'effort pour passer quelques nuits à dormir dans l'écurie du tonton et attendre mon copain. Là dessus mon copain banni m'a répondu que si ça me plaisait pas, j'avais qu'à rester avec les autres et lui foutre la paix. Mais je voulais pas non plus.
Y a un bandit une fois qui m'a proposé une bouteille de pif si il pouvait me regarder faire des choses à Lucain. J'lui ai répondu d'un ton acide que c'était à lui que j'allais faire des choses si il fermait pas sa gueule, et il a eu peur et il s'est barré. Mais voilà c'est pour dire le niveau. Donc voilà, je suis baisé : j'ai la trouille de tout tel une petite pucelle.

Donc je fais chier Lucain avec ce que j'imagine être les dangers du coin. Faut imaginer que je n'ai vécu que dans des maisons à une seule pièce. Chez mes parents, la majorité du bâtiment était dédié aux chèvres et à leur entretien. Tout le bordel pour fabriquer le fromage, stocker le foin, le lait... et ils étaient pas spécialement miséreux. A Marbrume aussi il m'a semblé que la majorité des familles vivent dans une seule pièce. Et je me suis fait une idée assez terrifiante de la maison du tonton. Si je passe l'étape de l'écurie et qu'on m'invite à l'intérieur, je vais être perdu entre l'immense cuisine qui ne fait que cuisine et une chambre gigantesque où je serais tout seul avec un "lit". Lucain m'a expliqué qu'il dormait dans un meuble de la largeur d'une charrette, je m'en suis fait tout un truc. Et le pipi ? Il m'a expliqué qu'on pouvait pas le faire par la fenêtre, et que c'est très mal vu de le faire dans la cheminée aussi. Mais où alors ? Et comment on pose poliment la question ?

Là dessus on croise dans le noir un horrible animal, un espèce d'oiseau immense avec une queue monstrueuse, bleu en dépit du bon sens et avec une petite crête. Il a l'air vieux et décrépit, mais c'est peut être l'état naturel de la bête. Je pousse un cri de surprise et je me cache derrière Lucain. Il soupire et me dit :

C'est un paon Malachite. Il y a eu une mode pendant un moment, des gens les ont fait venir de l'Est.

Il rajoute rien, comme si l'explication suffisait à elle même. Ce "paon" range sa queue derrière lui et s'enfuit en courant. Il se réfugie dans une espèce de niche. On continue notre route. Je le fixe du coin de l'oeil en restant près de l'ex-chevalier au cas où ça voudrait nous tuer.
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Lucain d'AgranceBanni
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptySam 26 Aoû 2017 - 16:14
Fut un temps où Marbrume se limitait à l’Esplanade. Le Labourg, le Goulot, tous les endroits où s’entassent les pauvres qui s’entre-tuent ? Il y a quelques siècles, ce n’était rien de plus que des champs tout ça, même pas des faubourgs. Les marbrumois étaient beaucoup moins nombreux, et peut-être, appartenaient-ils à un monde plus innocent que le nôtre.
C’est pour ça qu’après nous êtes glissés sous l’un des murs épais de la côte, on s’est très vite retrouvés à battre le pavé. Ce vieux pavé que je marchais encore librement et assuré il y a quelques mois. Pas de chemins de terre boueux et salis par la merde vidée des pots de chambres balancés par la fenêtre. La voirie est dégagée, on pourrait bouffer par terre, si ce n’était pas pour du crottin de cheval qui s’affiche quelques fois entre les interstices du dallage. Nos semelles à nous deux, les bannis, tapent le sol et résonne dans un écho désagréable le long des allées de magnifiques manoirs, de demeures larges et bien espacées entre elles, séparées de jardins, de squares, et même de cours où deux cavaliers peuvent s’affronter sur une lice improvisée. En voyant tout cet urbanisme luxueux, un profond sentiment de jalousie et de dégoût se réveille en moi. Tout ça c’est censé être mon monde.

Enfin non. Pas vraiment. Je ne suis pas né à Marbrume. J’ai toujours détesté cette ville et les gens qui y habitent. Mais tout de même. Cet endroit est plus respectable que les marais puants où j’ai l’habitude d’errer, au milieu des fangeux et des morts.

Pour éviter les rues et les éventuelles rondes de sentinelles, Mala et moi avons coupé par des parcs. Il y a que ça, des parcs. C’est à se demander pourquoi le duc envoie des gens mourir au plateau du Labret plutôt que de transformer tout ça en champs à cultiver ; Mais la raison est bien simple, c’est juste qu’il veut se débarrasser de réfugiés trop nombreux et d’une aristocratie turbulente. Au fond, Sigfroi ne veut pas résoudre la famine, car elle le sert directement. Elle sert à l’asseoir et à l’auréoler d’une autorité dont il n’a jamais pu bénéficier par le passé, sûrement à cause de son habitude de comploter contre tout le monde. C’est avec une fascination formidable que Malachite croise un paon, se mettant à crier alors que je lui avais dis de se taire. Et voilà que nous nous retrouvons à marcher frileux autour des fontaines, des labyrinthes de haies, de statues de marbre blanc magnifiques qui représentent des corps d’éphèbes et de femmes rondes absolument nus et qui s’embrassent ; Un style d’art choquant qui n’a rien à voir avec les pieuses représentations de saints et de chevaliers croisés aux regards de pierre qui vous sidèrent d’autorité.
Fut un temps où j’amenais ici des jeunes filles, à l’écart de leurs familles, comme on sépare une proie du troupeau. Fut un temps où, camouflé derrière un bosquet ou un grand arbre, je me mettais à la faire rougir avec des compliments, avec le cadeau d’une broche ou d’une rose, avant de lui voler un baiser, la condition pour qu’elle puisse se libérer et retourner à ses pairs sans se faire remarquer, ce qui lui vaudrait d’être rossée. Je connais ces jardins non parce que j’y ai vécu, mais parce que j’ai chassé et couru la gaupe. Cette belle époque où mon zizi n’avait pas du fromage sur la couronne, où je n’avais pas de champignons entre les doigts de pieds, ni les cheveux longs et gras qui me tombaient sur les épaules. Comment je vais pouvoir draguer à nouveau si je suis encore dans cet horrible état ?

En tout cas, Malachite me semble un peu choqué. Trouver de l’eau propre dans les marais c’est tout un art. Et ici, on voit une eau pure et cristalline qui ne sert qu’à arroser des plantes depuis une statue d’un enfant qui fait pipi de l’eau. Il en profite pour remplir sa gourde, alors que je continue mon chemin un peu en avant. Je sais comment arriver jusqu’à chez moi.
Maintenant va falloir que j’entre chez moi.

Après avoir longé le petit parc, nous nous retrouvons à nouveau devant un manoir. Et c’est très marrant, parce que la plupart des manoirs ont des rez-de-chaussée bâtis comme des châteaux-forts. C’est le cas de celui de mon oncle. Là, au-delà de l’avenue pavée, on voit de grosses fondations en pierre, avec des portes en bois très épaisses qui peuvent résister au bélier, et des meurtrières qui crèvent l’édifice pour passer des arbalètes et tuer les intrus potentiels. Les étages supérieurs, eux, sont au contraire construits en magnifique colombage, propre, avec de nombreuses fenêtres qui ont des grillages de fer pour qu’on ne puisse pas s’y faufiler. Les balcons de la maison sont fleuris de partout, et il y a des tapisseries qui ont été placées sur le devant. J’indique à Malachite les différentes demeures nobles qui s’étalent ici :

« Là c’est Samuel Montoya qui y habite. Il a une fille, un petit morceau qui serait agréable à croquer. Plus loin, tout au bout de l’avenue, c’est Blaise de Tourres qui y vit. Le frère de l’évêque qui s’est fait ouvrir comme un porc.
Et là, tu vois, dans le noir ? C’est là que vit Jourdain IV de Sylens, dit le Brave, comte de Sylens, baron de Hautluc, seigneur de Castran et co-seigneur de Guerland. Mon oncle maternel. Tonton. »


Alors que Malachite se penchait pour observer, je le tire en arrière et lui met une main sur la bouche pour l’empêcher de parler. On entend des pas qui frappent en écho et en rythme, avec un cliquetis métallique. Devant nous, juste devant nous, défilent six miliciens répartis en double-colonne de trois rangs. Et là on peut vite remarquer, lui et moi, dans l’instant où ils patrouillent au pas, descendant la rue pour suivre le chemin pavé, combien ils sont bien vêtus. Les miliciens qu’on croise dans les marais ont souvent une mauvaise dégaine, et sont tous vêtus de fers, avec les gros casques qui protègent leurs minuscules cerveaux. Mais ceux-là, les gardes de l’Esplanade, ils ont l’air sérieux. Leur uniforme est propre et à leur taille, leurs haubergeons ne sont ni éraflés, ni un peu rouillés, ni avec des anneaux manquants. Leurs casques, un peu dorés d’ailleurs, sont bien sanglés et uniformes. Quant à leurs bottes, elles sont propres et couinent tant elles sont neuves, ce qui me donne fortement envie de sauter dans la rue pour embrocher toute la demi-douzaine et m’échapper avec leurs godasses entre les mains.

Quand ils sont partis, je lâche Malachite et lui parle à nouveau.

« Les gardes de l’Esplanade sont pires que tous les autres miliciens que t’aie pu rencontrer. Tu sais pourquoi ?
Parce que ces enfoirés sont les seuls à prendre leur boulot au sérieux. Ils acceptent pas les pots-de-vins. Ils sont pas distraits. Ils ne boivent pas pendant leurs rondes. En plus ils sont à l’affût, et ils ont des chiens. »

Je vais dans la rue maintenant dégagée. Pour arriver jusqu’à mon manoir, il va peut-être falloir risquer d’autres patrouilles de ce genre.

« Faut qu’on trouve un moyen de s’approcher des résidences des sales nobles. T’as une idée ? »
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyMer 30 Aoû 2017 - 9:48
Mais je sais même pas où on va !

Je fixe Lucain effaré et il me répond bêtement "bah par là". Même en passant par les jardins et les parcs on a toujours des putain d'avenues pour géant à traverser ! Des avenues toutes vides, à cette heure. Y a pas de vie nocturne dans le coin visiblement, juste des patrouilles de connards. Pour cette rue là du moins je le chope par le bras puis on la traverse en courant. Personne ne nous voit.
Pour celles d'après bah je fais le guet depuis un buisson puis à mon signal on court à découvert. Je vois pas pourquoi cette tâche me revient, Lucain a une vision nocturne aussi bonne que la mienne, mais il a visiblement l'air d'appréhender. Je peux pas comprendre sa situation alors je le laisse mariner dedans.

Je le vois s'immobiliser et écarquiller les yeux d'émotion, je comprends qu'on est arrivé devant chez tonton. C'est un manoir dans le même style que les autres. Conçu pour arrêter une armée, mais sans oublier l'élégance. Lucain marmonne à propos du fait que ça serait mieux de passer par la porte de service. On se dirige sur le coté du bâtiment. Seule concession au pragmatisme : le jardin d'ornement a visiblement été défoncé à la bêche pour faire un potager à la place.
On pénètre dans une cuisine immense. Pas aussi grande que celle à Traquemont, mais mieux équipée et plus joli. Il y a des sculpture sur le linteau au dessus de l'âtre, les casseroles sont en cuivre et tout est très propre. Et personne n'a foutu des cagettes de légume en merde dans un coin de plan de travail. Il y a beaucoup d'objets dont j'ignore l'usage et que j'ai très très envie de tripoter. Genre une minuscule cruche en argent - oui je sais reconnaître l'argent - toute sculptée de petits animaux. Pourquoi faire une cruche aussi petite ? Elle est posée à vingt centimètres de moi, et on serait pas chez un parents de mon copain banni je l'aurais déjà piqué.

Mais pendant qu'on est tous saisi d'émotion en regardant la cuisine, une femme entre. D'un certain âge, avec un tablier et un fichu qui l'identifient comme cuisinière. Ce qui la particularise le plus, c'est l'expression de colère sur son visage et le fait qu'elle est armée d'une énorme pompe à lavement en métal.

Avec une vélocité incroyable pour son poids, elle me fonce dessus en levant son arme au dessus de sa tête. Elle a les bras d'une dame qui passe une heure tout les matin à barater du beurre pour le petit déjeuner de son maître, je me jette sur le coté pour esquiver. Je rampe à reculons sur les fesses pour garder dans mon champ de vision le monstre qui est en train de m'attaquer. J'ai pas le temps de manoeuvrer pour me relever de toute façon, je suis trop occupé à rouler partout pour pas me prendre un coup. Finalement je me réfugie sous un énorme vaisselier qui occupe tout un mur de la pièce. Une oeuvre de maître, beaucoup d'arbre sont morts pour construire ce meuble massif. La dame arrive même pas à y faufiler son poignet d'obèse quand moi j'ai réussi à y rentrer tout entier. Mais c'est pas grave ça lui laisse le champ libre pour tuer Lucain.

Lucain qui a enfin la présence d'esprit de parler, d'une voix un peu émue :

Bérénice ? C'est moi !

Seigneur Lucain ? ... vous ? ...Par la queue d'Anür c'est vraiment vous ! Quelle mise vous avez ! Et vous venez avec un barbare du Sud ! Que... comment ? Qu'est ce que je dois dire à messire votre oncle ?

Ca doit pas être une situation courante pour une domestique de devoir gérer un criminel de la famille de son maître. Je sors mon couteau au cas où quelqu'un voudrait déloger le barbare du Sud de sous le vaisselier.
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyVen 1 Sep 2017 - 17:13
« Chut ! Parle pas trop fort ! » Je me mets à récrier les sourcils obliques, en agitant les paumes de mes mains, ma tête s’agitant telle une poule ; De gauche à droite, de droite à gauche, observant tour à tour Mala qui est caché sous l’armoire, et Bérénice qui écarquille les yeux, sa poire à lavement en main, prête à se battre. Une folie, quand je sais à quel point Malachite risquerait de lui trancher la gorge, même par pur accident.

« Je t’en supplie, Nini ! Ne parle pas trop fort ! Je ne voulais pas te faire peur ! Pourquoi tu ne dors pas ? »

Je fais un pas en avant, la main en avant. Bérénice, par pur instinct, fais un pas en arrière, et je fais aussitôt halte. C’est comme approcher un chien apeuré, et qui, dans sa terreur, se met à montrer les crocs. Mais bon, ça pourrait être pire. Elle m’a reconnu. Elle m’a reconnu malgré mes années de plus, ma barbe crasse, mes joues creuses, mes cheveux longs, mes guêtres de pouilleux trempées par l’eau salée, mes bottes couvertes de sable. Je peux voir dans ses yeux la crainte que je la tue, sûrement à cause de mon épée à ma ceinture. Je n’ai pas d’autre choix.
Je force un sourire.

« Luc... Enfin, je veux dire, messire... Qu’est-ce que vous faites là ? Où est la milice ? Comment êtes-vous entré ? Qui est cet homme ? Vous avez l’air tellement mal au point ! Que s’est-il passé ? Vous avez saigné ? Vous devez-
– Nini, chut...
Est-ce que... Est-ce que tu peux me faire à manger s’il te plaît ? »


Et c’est ainsi qu’on s’est retrouvés à trois, assis sur une table, devant un plat de chaussons aux pommes sortis du four. Bérénice n’a même pas eu le temps d’ouvrir la porte du four que moi et Malachite nous sommes rués dessus. Elle nous a pourtant prévenu – à raison – que la compote à l’intérieur était brûlante, mais nous étions fatigués et affamés. Fatigués et affamés par les derniers jours chez les pêcheurs, à bouffer du crabe et de la mauvaise soupe de morue cuit à l’eau de la mer. Fatigués et affamés par l’escalade de la nuit, et par la trouille de tomber sur des miliciens – la peur ça faut suer, hein. Fatigués et affamés, également, par tout ce qui a amené ces chaussons aux pommes.
Après avoir sorti Malachite de sa cachette, et l’avoir laissé se dépoussiérer d’à peine quelques miettes, car Bérénice travaille toujours dans une cuisine absolument propre jusqu’au bout de la maniaquerie, j’ai dû le présenter à la dame. Pour commencer, il a fallu les désarmer, à la manière des prévôts de justice qui rencontrent deux nobles attardés mentaux qui refusent de donner leurs épées parce que « l’épée c’est un signe de noblesse », d’accord mais ça explique pas pourquoi le type il se ramène avec une dizaine d’arbalétriers ! Enfin bref, j’ai réussi à prendre la poire à lavement de l’un, l’opinel de l’autre, et ma voix un peu bredouillante, cherchant quoi dire pour calmer le zbeul, je les ai présentés rapidement.
Envers Bérénice, j’ai insisté sur le fait que Malachite était un jeune garçon, qui m’a sauvé la vie, et qui n’était pas un païen car il était converti à la trinité ; Ce n’était pas vrai, même si pourtant le gars a traîné avec Philippe de Tourres puis le père Gilles – qui est toujours recherché par les flics d’ailleurs – mais je trouve que les gens sont toujours plus charitables et accueillants envers ceux qui ont une religion qui ne pratique pas les sacrifices humains. Quant à Malachite, je lui ai expliqué que Bérénice était une femme gentille, qu’elle ne lui ferait pas mal, et qu’elle faisait de très bonnes sucreries, et je trouve que Malachite réagit très vite quand il s’agit de bouffer des choses sucrées. Il m’a vite redonné le couteau après que j’aie désarmée Bérénice en premier, et il s’est mit à s’excuser de façon un peu rude, d’une manière que seul Malachite peut faire.
Alors ensuite, on a fait la chose la plus logique au monde, alors que nous avons traversé les fangeux, l’enfer, les patrouilles de la milice, les chevaliers du Saint-Cippe, les flagellants voulant purger le monde, les murailles destinées à briser des armadas, les jardins obscurcis de statues de héros.
On a aidé Bérénice à allumer le four et à faire la pâte feuilletée.

La cuisine est silencieuse. Elle n’est certainement pas sombre, car le bois chauffe encore derrière, et s’échappe des bûches une agréable chaleur qui nous réchauffe, dans nos vêtements trempés. Bérénice nous regarde en souriant. Comme des gorets, nous mâchons dans nos pâtisseries, et seules nos mastications peuvent être entendues. La bouche pleine, Malachite essaye de détendre la méfiance de la cuisinière en disant un truc :

« Elles sont trop chouettes vos pâtisseries ! »

Elle dit merci en forçant un sourire. Et pourtant je vois toujours de la crainte dans ses yeux, de beaux yeux grisâtres entourés de paupières ridées. Nini a vieilli. Elle a grossi aussi. C’est bien de voir des gens qui grossissent, quand on sait qu’il y a la famine dans le bas-quartier. Et pourtant elle n’a pas tellement changé à mes yeux. C’est toujours elle, la gentille femme qui préparait mes goûters quand je revenais de mes aventures de petite terreur au fond des forêts. Éloigné de ma mère pour aller servir de page auprès de mon oncle, mon univers était peuplé de filles ; Mais enfin, une femme c’est pas la même chose qu’une fille. Et si je ne manquais absolument pas de jeunes gamines à embêter en tirant les couettes quand j’étais gosse, puis de courtisanes prêtes à se vendre pour s’attirer indirectement les faveurs de tonton une fois que j’eus du poil sur la face, Bérénice m’apportait un minimum de gentillesse et de douceur quand je rentrais comme un chien blessé, couvert de boue et d’éraflures, trempé de boue ou d’eau. Je n’irais pas jusqu’à dire que Bérénice était une confidente, ou une mère de substitution. Il n’empêche ; C’est une personne de mon intimité. Une dans laquelle Malachite vient d’entrer par la petite porte et sans prévenir, comme je suis entré dans la sienne en découvrant ses enfants et sa petite amie il y a quelques jours.

Après avoir terminé le chausson, on en reprend un deuxième, qu’on dévore presque aussitôt. Y a eut un petit moment de battement où on a attendu qu’elle se serve, mais elle a juste fait un petit rire en disant que c’était tout pour nous. Au final ne restait dans l’assiette que des petites miettes de pâte qu’on a attrapé avec le bout du doigt. Enfin, assez repus, on s’est mis à regarder la cuisinière, qui restait tout aussi inquiète.
Quand enfin elle estima que le moment était le bon, comme elle avait toujours su qu’il ne fallait me poser des questions intimes lorsque j’avais le ventre plein et la peau plus sèche, elle se mit à nous reposer les questions avec lesquelles elle m’avait assailli.

« Vous allez bien sire ?
– Je vais bien comme quelqu’un qui revient de marais remplis de démons.
Me dit pas des platitudes. Tu connais la situation. J’ai pas le droit de cité. Mais qu’est-ce que j’étais censé faire d’autre, hein ? Mourir ? C’est pas comme si j’avais un truc à perdre, j’ai déjà tout perdu.
– Mais comment sire Jourdain peut t’aider ?
– Sire Jourdain a toujours eut des idées. Il saura quoi faire.
– Mais pourquoi il t’aiderait ? »


Voilà ! Enfin ! LA question importante à laquelle il faut répondre ! Parce qu’au fond, jusqu’ici, c’est surtout des questions secondaires auxquelles j’ai répondu. Non pas qu’elles ne soient pas nécessaires, mais elles sont secondaires. Il a fallu que je réponde à la question « comment entrer à Marbrume ? » puis « comment obtenir l’aide de Ferrand Degrelle ? », et ensuite « comment franchir l’Esplanade ? ». Comment éviter les autorités, comment éviter la corde, comment obtenir des alliés, comment obtenir de l’équipement, comment protéger mon cheval, tout ça, tout ça, toutes ces considérations techniques, toutes ces semaines passées à comploter et à rendre des faveurs à des gens plus ou moins recommandables pour se retrouver là, dans la cuisine de Bérénice, à bouffer un chausson aux pommes. Et tout ça, tout ça risque à tout moment de s’effondrer et disparaître, si seulement je ne réponds pas à une question plus importante que toutes les autres.
Pourquoi Jourdain m’aiderait ? Pourquoi il le ferait ? Parce qu’il est mon oncle, et de mon sang ? Parce qu’il a été mon mentor, à l’époque où je n’étais qu’un enfant à la voix aiguë et à la peau lisse qui a tout appris à ses côtés ?
Ce serait oublier notre dernière rencontre. Huit ans c’est long. Mais huit ans. Huit ans depuis le jour où, fraîchement adoubé, je suis retourné auprès de mon père, mon père dont je n’avais qu’une vague idée, un père qui n’a pas été l’homme qui m’a éduqué et aimé comme mon oncle. Et lorsque mon père a levé l’oriflamme et a ordonné de partir dans les terres de Jourdain de Sylens pour punir des fauteurs de troubles, je n’ai pas hésité une seule seconde à accompagner mon géniteur contre mon éducateur.

« Je saurai convaincre Jourdain.
– Il risque de hurler ! Ta simple présence ici le met en danger, ainsi que sa famille !
– Et je mets également toi en danger, Bérénice. Mais nous n’avons pas été suivis. Il n’y a pas de miliciens qui nous cherchent. Il vaut au contraire mieux pour lui que je reste caché ici, plutôt que je vadrouille dehors.
– Et s’il te vendait ? »


Je pince mes lèvres, et mes sourcils prennent une forme oblique.

« Il me hait... Je confie. Mais il ne me hait pas à ce point... Pas pour des vaches que j’ai volées il y a huit ans...
– Ce n’est pas une question de vache, c’est une question de principe. Il se sent trahit. Et tu sais, au fur et à mesure, il s’est mit à broyer sa frustration, qui est devenue de la rancœur, et sa rancœur est très tenace. Et toi, tu n’arranges pas des choses ; Toujours aussi fier et imbu de toi-même. Quand deux loups se rencontrent, ils se battent pour que l’un plie devant l’autre.
Alors je t’en supplie Lucain. Pense à moi, ou à tes cousins ; Ne fais pas l’idiot ! ».


Je ne lui réponds pas oralement ; Mais je lui fais un lent mouvement de la tête pour acquiescer.

« Comment comptes-tu t’y prendre ?
– Je pense qu’il faut le faire se réveiller. Je vais aller voir Armand, et il ira m’annoncer à sire Jourdain. Ensuite, eh bien... Nous verrons. »


***

Armand a bondit quand j’ai ouvert la porte. S’il n’était pas nu, il aurait probablement hurlé, ou sorti une arme pour m’en menacer. Lui et moi ne sommes ni amis, ni ennemis, mais l’honnête valet d’arme s’est récrié en me voyant, moi et Malachite en guise d’ombre. J’ai tenté de le calmer, de le rassurer, de lui dire que je souhaitais parler à l’oncle. Je crois que c’était également son idée, de m’y amener, afin que celui-ci puisse directement ordonner à son serviteur de me plaquer au sol. C’est peut-être pour ça que, lorsque nous lui avons laissé une minute pour s’habiller, le premier vêtement qu’il a décidé de revêtir fut sa ceinture avec l’épée accrochée.
Et alors nous nous sommes retrouvés dans le grand hall du manoir, et nous avons monté un grand escalier qui se sépare en deux autres face à face, et en marchant à pas de loups afin de ne pas réveiller toute la maisonnée de ses serviteurs, de ses courtisanes et de ses invités, escortés par Armand qui tenait un grand chandelier qui illuminait un couloir au tapis rouge mais où les murs étaient vierges de toute décoration, les tapisseries ou les autres décorations ayant été probablement vendues dans une tentative désespérée de continuer à financer les beuveries et les orgies de tonton. Et voilà que nous avons fait halte, et que Armand a lourdement toqué. Sans réponse.

« Vous attendez là. »

Il se mit à ouvrir la porte et à la fermer devant lui. Moi et Malachite nous étions maintenant dans les ténèbres tout entiers. Mes pupilles cherchèrent celles de mon compagnon.

« Tonton est spécial, je me mis à chuchoter. Essaye de... Essaye de pas tout dire sur toi. Enfin invente quelque chose qui pourrait convenir je sais pas. Je sais pas quoi... »

La porte se rouvrit avant que Malachite ne puisse me répondre. Armand fit dépasser sa patte de l’entre-bâillement, et voilà que nous entrions dans la chambre du seigneur.

Il faisait froid. Ça sentait fort le parfum. Il faisait noir. Au milieu de la pièce, étrangement vide de meubles et d’armoires, mais pleine de tissus et de vêtements qui pendaient sur des tables ou des cordages, se tenait un grand lit aux couvertures défaites. Et une ombre se tenait sur une fenêtre en vêtements de nuit, avec le bonnet sur la tête et un grand manteau sous lequel il devait être tout nu. L’exhibitionniste se tourna lentement. Armand attrapa un briquet et se pencha dans la cheminée pour tenter de faire un feu. L’homme s’approcha. Je souris en voyant que je suis pas le seul à avoir changé physiquement. Tonton doit approcher de la cinquantaine, et pourtant il a déjà pas mal de cheveux blancs au milieu de sa crinière noire comme la mienne. Son nez est toujours cassé, son œil droit toujours manquant, et il n’a pas encore placé le cache-oeil qui permet de cacher son immonde cicatrice d’ordinaire. Il est ridé, il est devenu grassouillet, il a la main droite osseuse qui tremble un peu, les lèvres un peu gercées, des poches sous les yeux. On l’a tiré de son sommeil, mais ça n’explique pas tout. Sa surconsommation d’alcool, sa dépendance envers l’opium, sa sexualité débridée qui a dû lui filer des mycoses ou des boutons que je ne souhaite pas découvrir, tout ça lui donne une mort lente, mais une mort de riche, contrairement à la mort de pauvre que moi et Mala sommes en train de vivre.
Et pourtant, sa voix est toujours aussi impérieuse. De sa gorge sortent des mots calmes et autoritaires. C’est bien lui. C’est pas un gros lard alcoolique. Ce n’est pas une épave. C’est l’un des plus grands seigneurs langrois.

« Lucain. Tu as mauvaise mine.
– Et vous de même, sire. »

Le briquet allume finalement un feu. Et dans ses yeux, il y a une étrange lueur qui scintille.
Ses mirettes se tournent vers mon compagnon. Sur un ton de persiflage, plein de dédain, il lui parle directement.

« Qui es-tu, toi ? Comment êtes-vous entrés ici ? Pourquoi ai-je été réveillé calmement et non comme s’il s’agissait d’une infraction ?
– Nous-
– Je parlais à ton compagnon
, me lance-t-il beaucoup plus froidement, avant de regarder Malachite à nouveau. C’est un grave danger que tu as couru pour venir ici. C’est une grave punition que tu encours toujours.
Veux-tu boire quelque chose ? »
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyVen 1 Sep 2017 - 20:38
Bin euh... Lucain il a dit que je pouvais...

Ca a pas l'air de la bonne chose à dire. Le tonton tout nu fronce les sourcils. Je me mets à regarder mes pieds pour éviter de faire face. C'est la première fois que je rentre par effraction chez un noble, et que je le regarde droit dans le zizi.

Moi j'voulais pas... 'fin il avait besoin de moi pour venir jusqu'ici et... j'viens rien faire du tout !

Tu ne m'as pas dit ce que tu voulais boire. Et on dit "Seigneur Jourdain".

Seigneur Jourdain !

On le dit à la fin des phrases ! Pour être poli Bon tu bois quoi ?

Je me suis noyé dans des marmonnements à base de "comme messire désire, moi j'm'en fiche, j'veux pas gêner messire". A ce stade je suis à deux doigts de lui cirer une paire de chaussure et de lui tailler une pipe. J'aurais probablement pas à le faire. Il est pieds nus et y a plein de madames toutes nues en peinture sur les murs. Des madame en train de faire des choses. Des choses étranges et inconnues. Pour l'instant c'est plus perturbant qu'autre chose mais je revisiterai cette imagerie plus tard au calme.

Le tonton se tourne vers ce que je vais appeler - faute de terme adéquat - un minibar. Un meuble facilement accessible pour ranger l'alcool quoi. Il me verse un verre de je sais pas quoi de brun. Il me le tend. Je dis "merci messire" et je bois tellement vite que je me mets à tousser. Au moins le tonton est rassuré sur ma dangerosité.

C'est un drôle d'écuyer que tu as là.

Lucain hausse des épaules parce qu'il y a pas grande chose à répondre à ça. Moi j'aime pas quand on parle d'écuyer devant moi. Ca me fait penser à une petite pédale avec des coupes de cheveux merdiques, en train de porter les affaires de son maître. L'ex-chevalier, je l'ai vu dans trop de situations médiocres pour l'estimer légitime à m'infliger des trucs pareils.

Bon, mon cher neveu, qu'est ce que tu es venu foutre ici ? Me réclamer un quignon de pain et des effets de seconde main ?

Le mec sirote son alcool en regardant dans le vide.

Je ne sais pas quoi dire... vu ta situation, ça serait mesquin de te malmener. Je vais tâcher de ne pas rire à tes dépends.

Il part vers la porte, fait signe à un mec dans le couloir - je sais pas qui je vois pas à travers les murs. Moi j'essaye de boire le plus vite que je peux pour me débarrasser du verre. Il est en cristal et je veux pas qu'on m'accuse de vol. Un valet costaud rentre dans la pièce.

Le métèque a fait du chantage pour t'amener ici ? Tu veux que je t'en débarrasse ?
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Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptySam 2 Sep 2017 - 11:42
Malachite a l’air légèrement impressionné par mon oncle, il en perd ses moyens. Pourtant le gars n’a franchement pas l’air très inquiétant, surtout lorsqu’il est nu sous son manteau, gras et tiré du lit, surtout parce qu’on a des couteaux et que c’est certainement pas Armand, tout musclé et tout armuré qu’il est, qui va nous empêcher de les égorger et de repeindre les murs de la pièce avec leur sang. Pour autant, je ne pense pas que ce serait une bonne idée ; Si nous pouvons effectivement éliminer tous les gens de la maisonnée et y rester planqués quelques jours, ce n’est pas pour ça que nous avons fait tout ce chemin. Disons que c’est le plan B, si rien ne se passe comme prévu et qu’on doit penser à se casser, en n’oubliant pas de récupérer du menu pillage qui nous servirait à survivre dans les marais.

« Observe ce métèque, mon oncle ; Tu as vraiment l’impression que ce genre de personne peut me faire du chantage ? C’est un écuyer, comme tu dis ; Il m’a sauvé la peau mainte fois dans les marais. »

Tonton s’approche de Malachite, le verre toujours à la main. Les lèvres pincées, les sourcils arqués au-dessus de ses yeux scintillants, il observe le banni avec la même sagacité qu’un chien devant un petit écureuil. De la tête aux pieds, il le détaille, il le pénètre, il cherche à le décrypter mentalement, une chose que je n’aie jamais compris chez les soi-disant puissants ; Comme si arriver à voir qu’il y a un trou à la ceinture ou une bague au doigt leur permet de se renseigner sur la totalité de la vie et des motifs de leur interlocuteur. Ça me fait un peu soupirer, et je décide de gêner mon oncle qui est devenu soudainement silencieux en reprenant.

« Tu me sembles pas vraiment choqué de mon arrivée.
– Choqué ? Et pourquoi je le serais ? Ce n’est pas vraiment de la surprise que je ressens. Plutôt une grande fatigue d’esprit.
Pourquoi est-ce que tu as décidé de me broyer les couilles autant ? Je veux dire ; C’est devenu une habitude chez toi. M’attirer des emmerdes. Mais ma théorie est que tu es un être humain qui fonctionne ainsi. Tous les gens devant qui tu t’approches attirent immédiatement la poisse. Il faudrait établir des considérations théologiques ou métaphysiques pour comprendre. Peut-être est-ce la malédiction d’une sorcière, ou bien la position des astres, ou une force énergétique qui s’échappe des pulsations de ton âme ? Mais le résultat est toujours le même : Tu n’es pas qu’un simple emmerdeur. Tu es l’emmerdeur originel. Un vrai fils de pute.
– T’es mon oncle maternel.
– C’est ce que je dis. Un fils de pute. »


Il en veut à sa sœur de m’avoir mis au monde. Il lui en veut surtout d’avoir épousé le seigneur d’Agrance, d’être passée auprès de l’ennemi, d’avoir fait en sorte que des soldats portant notre bannière se mettent à tirer au trébuchet sur ses murs à lui. Huit ans, c’est long pour broyer du noir.
Il soupire lui aussi, avant de s’éloigner à nouveau près de la fenêtre.

« Je suppose que, abruti comme tu es, tu as laissé dans ton sillage de nombreux témoins qui connaissent tes motivations.
– Le passeur ignore notre nom. Il pense que nous sommes de simples voleurs de tombe.
– Et tu as payé le passeur avec quel argent ?
– De l’argent que nous avons gagné à Marbrume en travaillant pour un homme.
– Et cet homme connaît ton nom ?
– Oui. »


Tonton ne réagit pas. Il se contente de lever une main pour frotter sa tempe, l’autre continuant de faire bouger le liquide au fond du verre.
Et puis, soudain, il se tourne vers Armand, avec un grand sourire.

« Armand. Amenez Bérénice dans mon bureau. Je souhaite lui parler.
– Tu vas t’en prendre à une femme innocente parce qu’elle m’a préparé des chaussons aux pommes ?
– Pierre, vous allez préparer un lit et de nouveaux vêtements pour nos invités. Qu’ils dorment. Mais ils ont interdiction de quitter ce manoir.
– Qu’est-ce que tu veux nous faire ?
– Je ne sais pas ce que je veux faire avec vous !
Se met soudain à hurler Jourdain, avec une petite veine sur son front. Et je n’ai certainement pas envie de parler de souvenirs de famille ou de complots contre le duc à minuit alors que je dormais !
Comment se prénomme le garçon qui t’accompagne ?
– Malachite.
– « Malachite »... Eh bien, Malachite. Qu’est-ce que tu attends de moi ? Hm ? Qu’est-ce que Lucain t’as promis ? Du fric ? De la bouffe ? Pourquoi tu as traîné tes vilaines pattes jusqu’ici ? »
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptySam 2 Sep 2017 - 18:16
Bin je... j'ai une femme et des enfants en ville et Lucain m'a dit que... 'fin y a toujours besoin de personnel dans une maison de cette taille et...

SILENCE !

Le tonton fait un grand geste théâtrale de la main, et se casse un peu la gueule. Il s'avance vers moi. C'est là que je remarque ses yeux rouges, son odeur d'alcool, et le fait qu'il a un petit ruban noué à la base du pénis. Un petit ruban rouge. Avec un noeud. Je m'efforce de détourner le regard de ce détail. Il me relève le menton, et ses doigts puent la chatte. Oh bordel.

Voilà un faciès intéressant...

Je jette un coup d'oeil en coin à Lucain, qui se cache le visage avec la main, visiblement consterné. Comme la situation n'a pas l'air menaçante je laisse faire. Si jamais ça me faisait gagner des points. Je reste donc le menton en l'air, à regarder dans les yeux le tonton bourré. Il est tellement près que je vois ses poils de nez et les veines explosées sur son nez.

Cette cicatrice là, au dessus du sourcil... c'est clairement un coup de surin que tu t'es pris hein ? Je reconnais la marque de l'armement de la vermine. Alors ?

Bin euh... oui p'tète je me souviens plus...

Non en fait celle là c'est quand je me suis mangé l'échelle sur le front, à la ferme de mes parents. Ca pissait le sang et mamie m'a fait un gâteau pour me consoler. Mais je veux pas le contredire.

Si tu étais un animal, lequel correspondrait le plus à ta personnalité ?

Euh... bin... je sais pas... un petit cafard ?

Et ta couleur préférée ?

Le jaune ?

Hmmmm...

Le tonton recule d'un pas pour me regarder de haut en bas. Je sais plus où me mettre alors je me mets à me triturer les doigts.

Nous jouions à ce jeu quand j'étais enfant. On peut en apprendre beaucoup sur les gens par des questions détournées... si ce jeune bandit avait cité un animal noble, comme le loup, le cheval ou le faucon, j'aurais totalement révisé mon opinion sur sa nature mais... et le jaune ! Par les Trois le jaune ! Sais tu qu'il existe des gens qui prennent plaisir au... contact de l'urine ? J'en ai vu. Ils croient que ça ne se voit pas, mais moi je sais les reconnaître ! Je déteste l'hypocrisie. Si on adore la pisse il faut le dire bon sang !

Il m'a chopé par le bras en commençant à parler d'urine, les yeux fous, puis il s'est rendu compte de son erreur et s'est essuyé la main sur son peignoir.

Et ce nez ! ce nez étroit et long de traître ! On dirait celui de... de ce connard de Roland ! Regarde Lucain on dirait pas ? C'est un de ses bâtards ! T'as vingt trois ans hein espèce de petit salopard ? La campagne à Uruk ! Je devine toujours !

Cette dernière réplique, il me l'a hurlé à trois centimètres du visage. Et là, à ma grande horreur, je me suis mis à sangloter. Je m'y attendais pas. C'était probablement par manque de répartie face à un délire pareil. A ce moment là un mec qui portait du linge propre est rentré en s'inclinant.

Eloigne moi ces petits cons !
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptySam 2 Sep 2017 - 23:52
L’homme, est, au naturel, la créature la plus faible, la plus vicieuse et la plus dégoûtante de la nature. L’homme au naturel, sans éducation ou pression sociale, ne mérite pas de vivre. L’homme est constamment menacé, par les autres et surtout par lui-même. Il est traître, lâche, prêt à vendre le pucelage de sa fille pour de l’argent, martyrisant à souhait tous ceux plus faibles que lui, mais s’écrasant et appelant à la pitié et à la mesure dès que l’on se met à le menacer lui. Je reste persuadé qu’à la Création, les Dieux ont raté les êtres humains ; Et c’est pour les corriger que, dans leur grande sagesse, et leur éternelle sagacité, ils ont créé une classe d’êtres supérieurs pour les guider et les protéger.
Mais que deviennent les moutons quand le berger se transforme en loup ?

La famille de Sylens, dans son arbre généalogique tortueux et consanguin, a quelques ancêtres illustres, dont les visages nous sont connus par des descriptions physiques de chroniqueurs et quelques gravures réalisées par des artistes de l’Église. Je pourrais vous parler de Jourdain, le tout premier, qui a sauvé la vie du Roi Baligant. Je pourrais aussi citer l’exemple de Waguenaud, arrière-grand-oncle qui a maté la rébellion jalonne au Ve siècle. Et pourquoi pas Arnaud, un évêque qui a utilisé la masse pour convertir les païens du Septentrion ?
Mais vous savez pourquoi on raconte aux jeunes nobles toute l’historique magnifiée et prestigieuse de leurs aïeux ? Peut-être pour leur donner un modèle ; Mais je pense que c’est surtout pour légitimer leur pouvoir, qui n’a depuis longtemps plus rien de légitime. Le noble moyen n’est pas du tout un preux guerrier combattant. Et mon oncle, qui se met à faire pleurer le pauvre Malachite en lui hurlant dessus, représente à lui seul tout le pauvre état de l’aristocratie langroise. Quand on est très riche et très puissant, si bien que l’on peut obtenir tout ce qu’on veut d’absolument tout le monde, et qu’on n’a plus aucun danger qui nous guette ; Eh bien, ce genre d’état rend fou. La théorie selon laquelle la Fange est une punition divine a une forte assise, mais je pense que dans tous les cas son effet est ressenti et réel ; Plus il y a de nobles qui meurent dans les marais, mieux le monde se porte.

Le pire c’est que, contrairement à lui, je ne ressens aucune haine envers mon oncle. Aucune. Ma « trahison » était en fait absolument légitime. Si mon père est entré en guerre contre son beau-frère, ce n’est pas par appât du gain ou opportunisme. La guerre lui a coûté très cher, surtout vu qu’il a tenu à assurer des réparations envers des villages et des paroisses. S’il a levé sa bannière, c’est bien pour corriger une injuste et mettre fin à des brigandages chez lui. Il me hait parce que j’ai fais mon devoir. Il me hait parce qu’il aurait préféré que je reste dans son camp ; Et si ça avait été le cas, dans quel état je serai ? Peut-être pas mieux que lui, pour être honnête. Je dois vous l’avouer ; Je suis tout aussi déviant que lui. Les trois-quart des putains de l’Esplanade reconnaissent ma tête, et j’ai fais pas mal de trucs de zizi qui sont franchement pas trinitaires. Les bisous et les caresses ça marche un temps, mais au bout d’un moment, par ennui, on se met à tenter des choses bizarres. Et on est incapable de bander si la meuf est pas suspendue à un mètre du sol saucissonnée par des cordes de partout dans un capharnaüm incompréhensible.

Haine n’est peut-être pas le bon mot alors. Tonton n’a pas les idées claires. Et nous quittons sa chambre sans couteau sous la gorge, sans longue discussion sur les velléités de familles. J’ai eu le temps de m’imaginer ce moment cent fois dans ma tête depuis que je fomente d’arriver sur l’esplanade, et pourtant je m’attendais pas à ça. J’ai prévu le pire et le meilleur, les questions et les meilleures réponses que je pouvais sortir, tout un tas de considérations qui finalement ne me sont absolument pas utile... Vu que Jourdain nous envoie faire dodo.
Armand nous sort. Pierre reste à l’intérieur, probablement pour refaire le lit du maître ainsi que de lui servir de quoi dormir ; Pavot ou opium, selon la disponibilité. Et voilà que nous déambulons à nouveau dans les couloirs froids, sombres et vides, au milieu de ce manoir qui me reste secret ; Je n’y suis jamais entré, et pourtant je connais tout le personnel de la maisonnée. Preuve de l’exode hâtif qui a gagné la maison de Sylens.
Et pourtant, il y a une question très importante à laquelle tonton n’a pas répondu. Une très importante pourtant, qui me brûlait les lèvres. Mais j’y reviendrai plus tard. Ça déroulera mieux dans ma narration, vous verrez.

Moi et Mala avons été amené dans l’une des nombreuses chambres du manoir. J’ai rapidement discuté avec Armand, de choses absolument pas importantes. Le valet d’armes, très gêné, à a peine bredouillé des réponses, préférant me parler de literie et de linge propre que nous pouvons revêtir, d’où se trouvait le pot-de-chambre, de l’eau propre... Lorsque je l’ai enfin, à contre-coeur, congédié, il s’est presque enfui en crabe en claquant la porte derrière lui. J’ai dis bonne nuit à Mala, et je me suis mis tout nu, car mes vêtements étaient trempés. Je me suis faufilé sous les draps, au fond d’un lit douillet au matelas rempli de plumes d’oiseau, et aux grosses couvertures qui tiennent chaud. Soudain, je me suis écrasé comme une masse, sans rêve, sans véritables souvenirs de mes éventuels réveils et de ce que j’ai bien pu dire entre deux lourds comas. Quand je me suis réveillé, Malachite était dans le même lit que moi. J’ai pas su pourquoi, mais je ne m’en suis pas trop formalisé. Lui et moi n’avons plus vraiment beaucoup de pudeur l’un envers l’autre.

Et nous nous sommes habillés. J’ai aidé Malachite à mettre les frusques que Armand nous avait prêtées. Mala a pas arrêté de pleurer et de crier que ça le grattait. Pourtant les vêtements étaient parfaitement à sa taille, un truc impressionnant ! Je crois que c’est des fringues d’enfant d’ailleurs. Je lui ai mis le mantel sur son épaule et je lui ai dis comment il fallait pincer une broche contre le torse pour ne pas le faire traîner par terre, puis je lui ai demandé de choisir un chapeau et une plume pour le feutrer. Il n’a qu’à peine réagit, et il m’a demandé comment des piafs pouvaient avoir autant de couleurs différentes et flippantes.
Puis, transformés en petit courtisans, nous avons enfin pu décider d’aller à la suite de notre plan. Voir mon oncle pour lui parler à tête reposée, maintenant qu’il n’était plus ivre et qu’il avait eut toute une nuit de folie droguée pour réfléchir était un bon plan. Mais Malachite a préféré aller voir Bérénice tout de suite. Il m’a dit que c’était pour voir si notre oncle avait décidé de lui faire du mal. Je crois que c’était plutôt parce qu’il voulait à manger. Je doute effectivement que tonton ait décidé de punir la pauvre cuisinière ; Non pas par mansuétude, mais juste de manière pragmatique. Il manque trop de personnel et mon arrivée doit rester trop secrète pour oser attirer l’attention par un licenciement, ou pire, un meurtre.

Alors, sans attendre Armand pour nous escorter, et comme si nous étions chez nous – après tout on s’était déjà permis d’entrer – nous sommes retournés dans le hall, que vous devez commencer à connaître, pour claquer nos semelles le long d’un petit couloir de marbre qui donnait vers la salle à manger.
Et voilà la personne dont je devais m’enquérir. Petite sœur chérie.

Les manoirs sur l’Esplanade sont construits étrangement. Les étages supérieurs rivalisent de moyens pour afficher le luxe et la richesse, avec des balcons, des façades et des lierres entre de grandes fenêtres propres. Mais le rez-de-chaussée est bâti en grosse pierre, avec des barreaux aux fenêtres, des sas constitués de grosses portes en bois où il y a un judas et des meurtrières pour y tirer avec une arbalète. C’est fait pour éviter les sièges et les meurtres, mais ça a aussi l’avantage de cacher ce qui se passe à l’intérieur des murs. Et là je comprends pourquoi.
À l’abri de tous les regards, il y a, dans une sorte de cloître au milieu de la bâtisse, un petit jardin. Avec des haies, des fontaines, et des animaux en liberté ; En l’occurrence, une grosse hermine qui sautille vers Malachite pour réclamer des caresses. Mais c’est surtout un spectacle navrant qui s’étale devant nous. Des poufs, des canapés, des tables placées un peu partout. Des choppes de bière et des godets par terre. Et cinq ou six jeunes hommes, endormis, avachis les uns contre les autres dans ce bordel, dans cette cuve de soirée qu’on a pas pu remarquer hier, probablement car le tonton et la cuisine sont dans l’aile nord-est, qu’on a dormi dans l’aile sud-ouest, et qu’on a eu le malheur d’inverser le chemin qu’Armand nous avait initialement présenté dans son escorte.
Et là ma petite sœur chérie est là. Elle me ressemble beaucoup, mais en meuf, c’est à dire avec des lolos, des sourcils plus fins, pas de poils sur sa jolie tête aux joues rondelettes, et des boutons normaux pour son adolescence un peu crasse. Elle porte une magnifique robe, une magnifique robe que je hais, qui me fait bouillir de colère en me rendant compte de celle qui la porte ; C’est une robe trop échancrée, qui montre ses tétés écrasés contre elle par la fabrique. Et le pire du pire ? Ma soeurette dort comme un ange contre quelqu’un, avec un sourire béat, les lèvres reposées vers la nuque d’une autre personne...
...Une femme.

« Émeline ! Bordel ! »

Elle se réveille en sursaut. Les autres, au sommeil plus lourd, ne font que prendre une grande inspiration, comme des fangeux qui viennent juste d’être alertés. Je suis en colère. Si ma sœur était dans les bras d’un garçon, il me serait facile de sortir l’épée pour le menacer ; Mais là c’est une madame ! Une saphiste ! Une goudou ! La corruption de mon oncle gagne tout ; Même la petite gamine qui rêvait de rentrer dans le clergé.

« Alors c’est pour ça que tu rêvais de devenir bonne sœur, hein ?! Enfin je comprends ! Enfin cela explique ton obsession à finir cloîtrée avec des meufs !
– Que... L... Lucain ?
– Ah, au moins elle me reconnaît ! Petite sotte, va ! Je sais pas si je dois te gifler ou rire ! Je sais pas si je dois t’embrasser ou te bouder ! »


Je crache par terre pour conjurer le mauvais sort de goudouiserie ; ça commence comme ça, et bientôt Émeline portera les cheveux crêpus ou rasés sur la moitié de son crâne, et alors elle voudra jouer de la luth, fumer du pavot, et tirer au cranequin. Insupportable !
D’un autre côté, le saphisme est peut-être une nouvelle moins grave que d’apprendre que c’est une dévergondée avec les messieurs. Il y a pas de risques de devenir enceinte. Et puis, le lesbianisme c’est pas vraiment de l’amour, ça doit protéger l’hymen.
Mais si elle n’est pas goudou, mais qu’elle joue dans les deux camps ?! Après tout, moi aussi j’ai bien fais des cochonneries avec des garçons, mais ça fait pas de moi un inverti ou un dégénéré pour autant, ce n’est qu’une bêtise occasionnelles. Mais alors, ce serait horrible ! Combien de garçons je vais devoir égorger ?! Pourquoi l’oncle n’a rien fait pour protéger ma sœur chérie !

« Malachite ! Ramène l’ordre là-dedans ! Je vais parler à mon oncle ! »
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyMar 5 Sep 2017 - 18:46
Mais je comprends pas. Elles font quoi ?

Et je fixe Lucain d'un air con. Je ne comprends vraiment pas. Je n'ai jamais vu d'orgie ni de trucs comme ça. Aucune raison de fréquenter des goudous. D'ailleurs pour moi des goudous c'est des femmes qui se comportent en homme, mais je fais pas le lien avec ce que j'ai sous le nez. De toute façon je suis trop fatigué et effrayé pour faire preuve de vivacité d'esprit. J'ai pas dormi, tellement perturbé d'être seul dans une grande chambre avec plein de choses qu'on pouvait m'accuser de voler ou de casser. J'avais rejoint Lucain dans son pieu en essayant de le réveiller, mais il ronflait comme une masse. Et puis il y a eu les vêtements ridicules. Trop serrés à l'entrejambe et qui grattent. J'arrête pas de tirer sur le tissus pour me laisser la place. Et les gens autour ils se moquent ! Ils font « oh regardez, on dirait un vrai petit marbrumois ! » comme si j'étais pas là ! Comme si je comprenais pas !
J'ai toujours été très indulgent avec le racisme local. Chez moi aussi on aime pas les étrangers. On aurait vu un mec blond brailler à propos des Trois à l'entrée du village, on y aurait mis bon ordre le plus vite possible. De toute façon la plupart des problèmes s'aplanissent d'eux mêmes si on parle la même langue. Mais jamais les gens ont fait des remarques sur mon passage comme si j'étais un animal rigolo.

De quoi ? C'est quoi ça?

Je dis ça en réponse à Lucain qui me lâche un « c'est des goudous ! » d'un ton colérique. Il me met un tape à l'arrière du crâne, de frustration, et je suis trop crevé pour me vexer.

Mais ça veut dire quoi ?

Ca veut dire qu'elles... qu'elles se lèchent.

Qu'elles quoi ?! Mais pourquoi ?!

Bah pour... mais comme avec les messieurs ! Mais pourquoi tu es con comme ça!

Je fais une mine horrifié. Ça ne me paraît pas excitant mais plutôt dégueu comme de l'inceste ou des gens qui seraient excités par l'urine.

Mais comment elles font pour...

Ta gueule Malachite ! On parle de ma sœur putain !

La seconde goudou qui n'est la sœur de personne se lève, elle semble terrifiée. Je lui mets un coup de poing dans le ventre pour lui rappeler de pas fuir ses responsabilités et je lui ai mis quelques mandales une fois à terre. J'ai jamais frappé une gonzesse comme ça, mais découvrir l'existence d'horreurs pareilles ça m'a mis très en colère. Elle s'est recroquevillée comme un chiot et elle bouge plus. La sœur est blanche de terreur et crie un truc genre « laisse pas ton métèque m'approcher » mais je fais pas un pas dans sa direction. Je vais pas frapper une noble quand même. Mais maintenant je comprends mieux certaines blagues, certaines remarques à propos des filles qui me passaient par dessus la tête jusque là.
Et je considère aussi d'un autre œil les monsieur tout débraillés en train de dormir sur des poufs ou des espèces de divan en arrière plan, visiblement beurrés. Je déduis beaucoup de chose maintenant que je sais ce que je suis en train de regarder. Je me sens pas bien du tout. Je recule de quelques pas et détourne le regard pour fixer une des colonnes du cloître. La taille de pierre est d'excellente qualité ici. Je suis en train de faire des efforts visibles pour m'empêcher de pleurer.

Lucain faut qu'on parte d'ici !

L'ex-chevalier semble heureux de ma réaction émotive, qu'il attribue au choc de découvrir que sa sœur est goudou. Il m'ébouriffe le crâne en disant un truc du style « tu vois, t'as bouleversé le métèque tellement t'es dégueulasse ». Mais moi je ressens des trucs compliqués et j'arrive pas à bien transmettre ça en mot. Je cherche ce qui synthétiserais le plus mon état d'esprit :

M-m-mais Lucain re-re-regarde ! Y en a un qui s'est endormi... avec un l-l-légume dans le cul.
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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyMer 6 Sep 2017 - 23:24
Pauvre petit fils de marquis. Enguerrand de Saint-Justin-sur-Creux le troisième, chevalier de l’ordre de la Louison et frère lai de l’abbaye des silentiens est en ce moment même avachi sur mon canapé, le trou des fesses obstrué par une aubergine. J’attrape Malachite par l’épaule et je l’approche du pauvre fiston tout en l’engueulant.

« Tu ne sais donc pas qui est Enguerrand de Saint-Justin-sur-Creux ?! Son grand-père est tout de même vice-connétable et voyer de la Route du Sol auprès du Prince de Lyrie ! Ce n’est pas n’importe qui ! Un peu de respect envers cet homme ! »

Après avoir fait les présentations un peu correctes, je me retourne pour observer le reste de la petite assemblée. En plaçant mon bras autour du coup de Mala, je continue de parler pour qu’il ait une idée du beau gratin qui est en présence ici.

« Tu vois le monsieur qui a un masque de carnaval autour du pénis ? C’est Ogier de Fallant ; Et là, la dame qui a des pinces à linge sur les tétons ? C’est la petite-nièce du sénéchal Gaston de Hort, elle s’appelle Francine. Et là, le barbu qui est en train de renifler une culotte de femme ? C’est ni plus ni moins que Renaud le Croisé, vétéran des guerres saintes ! »


Le petit monde est en plein éveil, et nous pouvons voir des petites paires d’yeux émerveillés qui battent des cils. Ils se retrouvent à les écarquiller, leurs yeux, en découvrant au beau milieu du jardin un gars bien habillé qui a ordonné à son molosse de tabasser une pauvre jeune femme qui crache du sang par terre. Et ils me reconnaissent ; Comment ne pas me reconnaître ?
Tous ces gens-là je les connais parce que ce sont d’anciens potes. Et si je me souviens d’eux d’un regard, comment eux ne peuvent pas le faire en retour ?

« Lucain ?! C’est toi ?!
– Oui.
– Mais tu es banni ! Se met à crier ma sœur, encore sous le choc, et incapable de dire quelque chose de plus intelligent.
– C’est vrai, et ce que vous ne voyez n’est rien de plus qu’une apparition spectrale, car je suis mort, et je suis revenu vous punir pour vos péchés.
– C’est vrai ?! »


Francine de Hort flippe. Elle a toujours été un peu sotte, mais les nombreuses drogues qui sont dans ses veines doivent également y être pour quelque chose.

« Dans un sens métaphorique c’est en effet vrai, bande de cons ; Maintenant, silence et gare à vous, car comme vous pouvez l’observer, j’ai ramené un molosse qui est en colère. »

Ayant dit cela, je donne un coup de coude dans les côtes de Malachite, qui réagit en se tordant et en montrant les crocs. Cela fait bondir Renaud de Châlus, dit « le Croisé », et sans doute est-ce qu’il serait plus intimidant s’il était en armure et avec son poids de jeune guerrier, et non avec le gros ventre et entièrement nu, son petit zizi pendouillant tout mou sous son amas légèrement adipeux.

« Des comme lui j’en ai tué assez pour que le sang me monte jusqu’aux genoux !
– Et lui il a tué tellement de fangeux qu’il a pu faire une palissade avec leurs cadavres, du mortier avec leurs biles, des portails avec leurs crânes ; Lui et moi on a fait une expédition au milieu de l’enfer. Vous croyez vraiment que c’est des murs et quelques routiers qui allaient m’arrêter ? Bordel, et pendant que j’étais en train de massacrer des monstres par centaines, me dites pas que vous avez passé tout votre temps à rester planqués là ! »


Je m’approche de Renaud et lui tend ma main. Il l’attrape aussitôt, la claquant fort, avant de me tirer contre lui. On se fait une accolade assez virile, avant qu’il ne m’embarque sur le canapé, tout en indiquant à Malachite de s’asseoir à côté de lui en tapotant un pouf qui lui est réservé.
Au sol, la pauvre goudou qu’il vient de tabasser est toujours en train de trembler et de tousser très fort en se tenant le ventre, sous les yeux mortifiés de ma sœur qui est assise, sa main couvrant sa bouche. La scène fait très rire tout le monde. Francine, Ogier, Renaud, et même moi, nous nous mettons à rire de plus belle, ainsi que les quelques autres invités présents, que je ne reconnais pas ; Car il ne s’agit que de petits courtisans, d’émigrés, ou de roturiers qui ont grimpé les échelons de la société grâce à leur fric ou leurs talents, certainement pas grâce à leur sang.
Seul Enguerrand est toujours endormi, avachi la tête sur un coussin, les fesses à l’air, en train de baver abondamment sur le tissus.

« Allons ma sœur ! Qu’est-ce que c’est que ces manières ? Tu es triste parce que mon ami a levé la main sur ta chatte ? Tu n’as qu’à fréquenter de la compagnie un peu plus virile ! Encore que, je suis heureux que tes fréquentations t’empêchent de te retrouver avec du pain dans le four !
– Ferme ta gueule Lucain !
– Parle-moi encore une fois de cette manière et tu vas bouffer une salade de phalanges. Mais où est donc le putain de valet pour débarrasser le plancher ? »


Ogier claque des doigts et immédiatement, un boy arrive en toute hâte, habillé comme Malachite, dans un machin coloré et qui serre la peau. Il s’approche de la goudou et la soulève doucement, sans aucune violence, avant de l’accompagner au loin en la tenant très fort contre lui, la laissant pleurer alors qu’elle s’éloigne, ce qui provoque l’hilarité chez sire Ogier.
Finalement il m’a même pas fallu une minute pour me replonger dans mes anciens torts.

« Putain de merde Lucain ! Mais... T’as vu ta tête ? T’as vu ton visage ? C’est quoi ce bordel ? T’es couvert de cicatrices !
– Attends donc que je me foute à poil, Og’ ; Tu verras le bordel que c’est. Mais, eh, t’inquiète pas Francine ; J’suis encore armé comme il faut. »


Renaud attrape deux godets en se penchant vers une table basse. Il les retourne pour en vider le fond qui reste, puis il en met un dans ma main, un autre dans celle de Malachite, puis il claque des doigts et voilà qu’un second valet débarque, silencieusement, sans attendre la moindre considération de personne, pour servir de l’excellent vin à nous deux.

« Putain mais j’ai encore du mal à m’en rendre compte...
Balbutie Ogier. Sérieux c’est quoi ça ? Tout le monde ici t’imaginais mort !
– Je peux pas mourir ; J’ai bien trop la trouille pour crever. Mais heu... Je vois que vous êtes quand même en comité pas très réduit. C’est qui tous ces gens ?
– Je vais faire les présentations ! Att’ ! »


Et voilà que Ogier bondit en l’air, le masque de carnaval lui servant de pagne, et il met ses doigts à sa bouche pour siffler. « Votre attention tout le monde ! » qu’il crie avant de rapidement me présenter, et se mettre à dire des noms de toutes ces jeunes femmes et hommes avec qui il a l’air d’avoir fait une bringue monstrueuse hier soir ; Et même depuis des mois, sans arrêt, sans aucune cessation, vivant tranquillement dans le luxe et la luxure, dans une décadence crasse et un excès dévergondé. Et comment lui en vouloir ? Ogier de Fallant est un chevalier du Royaume. Il a passé des mois à lutter contre la Fange. Il a vu ses amis mourir et il s’est retrouvé nez-à-nez avec des monstres. Quand on a vu ça, le remède logique, c’est se niquer le cerveau.
Mais ça m’intéresse pas trop. Moi ce qui m’intéresse c’est plutôt le pauvre Enguerrand. Il se met à un peu trembloter, se réveillant apparemment difficilement. Je me lève à moitié et parcoure les cinq pas qui me séparent de lui. Je pose ma main sur son épaule et le secoue vivement, et voilà qu’il ouvre les yeux pour me les montrer tout gros et rond.

« Saint Serus, Enguerrand ! T’as l’air d’avoir passé une bonne soirée.
– C’est ma faute, j’ai voulu tester des trucs !
Hurle Francine, que j’observe du coin de l’œil en train de venir poser son petit cul de fille pré-parturiente sur les genoux de Mala, tout en passant ses doigts sur son entre-jambe. Ton chien il a un nom ? »
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Malachite



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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyDim 10 Sep 2017 - 8:56
Lucain !

Arrête de faire la tata ! Elle est pas gentille Francine ?

Non elle est pas gentille, elle me tripote l'entrejambe et comme elle pèse comme un âne mort j'arrive pas à la virer. Elle s'extasie sur la texture de mes cheveux, sur les traits de mon visage qui sont pas du coin. J'ose pas la bousculer trop fort parce que je pourrais finir pendu pour un truc comme ça – surtout que Lucain a pas l'air parti pour me défendre. Les baleines de sa robe me rentrent dans le ventre et mes jambes ont complètement disparu sous les jupons. Mais elle a quand même les seins à l'air. Curieux vêtement. Au moins elle e bouche la vue et je vois plus Enguerrand, qui vu les bruits a l'air de passer un sale réveil.

Je bois mon verre en tenant en équilibre sur le pouf et en essayant de faire semblant qu'une fille est pas en train de me tripoter. Pendant ce temps les hommes font un concours de « qui c'est qui a tué le plus de Fangeux ? ». C'est moi évidemment mais on me demande pas mon avis. J'ai l'impression de pas connaître Lucain. Il parle et se comportement comme si il avait quitté la pièce dix minutes. Il demande des nouvelles de gens et de lieux que je ne connais pas. La réponse, la plupart du temps, c'est « bah il est parti en expédition dans les marais on l'a pas revu ». Des jeunes nobles en quête de haut-fait sont partis tuer l'armée des morts avant de se rendre compte que c'est sans fin, alors ils sont rentrés chez eux se mettre des aubergines dans le cul. C'est l'histoire que j'entends.

Francine applaudit et piaille de joie quand, enfin, elle arrive à me provoquer une semi-molle. Elle vante ses charmes et son habilité à plaire aux hommes. Je détourne la tête, dégoûté. Au bout d'un moment, mécaniquement, quand tu malaxes les parties génitales de quelqu'un, il est bien obligé de se passer quelque chose. Lucain me félicite pour ma chance et ma vigueur et les autres admirent Francine pour son courage à peloter un métèque. Elle s'enhardit et me fait mal. Je la frappe du dos de la main, la bonne claque humiliante qui la déloge enfin de mes genoux.
Plus personne ne rigole.

Un numéro démarre, celui de « je suis chez moi et je protège mes gonzesses ». Les artistes sont au nombre de trois, les plus vif à se lever. J'ai déjà vu ce spectacle, j'ai même déjà été dedans, avant les Fangeux. Je sais reconnaître des gros merdeux qui s'emmerdent et qui s'inventent une vie. Ça a beau être des nobles, ils sont proches en âge de moi. Je montre les dents, je vais les défoncer ces connards. Il me braille du respect de la femme et de la xénophobie ordinaire à la gueule, ça va partir en couille, mais finalement c'est Francine qui me sauve. Elle dit que je peux pas savoir, je suis pas d'ici, et elle demande à Lucain si je parle la langue. Toujours, quand elle parle, elle se tortille et prend une voix trop aigue. Il répond « oui mais pas très bien ». Francine retourne s'asseoir, mais pas sur moi, les autres font pareil et je respire mieux.

Je participe pas vraiment à la conversation, je m'en sens pas capable et personne me le demande, mais de temps en temps on me demande de confirmer les propos de Lucain ou de donner des détails sur ma vie de métèque fou. Je réponds par courtes phrases, et je bois beaucoup. J'hésite pas à vanter les mérites de Lucain et comment il fait des exploits de fou dans les marais. A un moment Francine me demande de dire un truc « en étranger ». Je balbutie la recette du vermifuge des chèvres, qu'on m'a fait apprendre par cœur quand j'étais petit. De base c'est une comptine pour apprendre aux enfants leur futur métier, mais je la chante pas c'est déjà assez gênant comme ça. Ces sonorités nouvelles font beaucoup sensation. Même Lucain m'a jamais tellement entendu dire des trucs en étranger, parce que j'ai aucune raison de le faire. On me comprend pas et c'est bête. Bref, tous ces sons à base de sifflements, de grognements et de h aspirés ont beaucoup plu à l'assistance. En plus ça rimait.
J'ai dit que je parlais pas et que je buvais beaucoup ?

Enfin voilà, en fait ils sont en train de reprendre leur soirée d'hier. En fait ils ont pas quitté la fête depuis plusieurs semaines. D'où le bordel. Les hommes parlent à Lucain de leurs petites combines pour gagner de l'argent quand y en a plus. Des trucs à base de trafics d'êtres humains, de détournements de fonds ou de vol pur et simple. En plus massif et ambitieux que du vol à l'étalage. On est vraiment dans un autre monde.
Francine revient à la charge, j'ai une défense plus calme parce que j'ai vraiment peur de finir pendu à un arbre du jardin, près du gros oiseau bleu. Et que j'ai un peu la tête qui tourne avec tous les alcools forts et sucrés qu'on m'a fait boire. Je vais me cacher assis aux pieds de Lucain comme un toutou impressionnable en société. Ça l'énerve.

Et je sais pas comment c'est arrivé, je saurais pas expliquer, mais on se met à négocier à trois parce qu'elle veut voir mon zizi. Lucain a l'air agacé par ces bêtises et me dit « mais montre lui et t'en seras débarrassé, je m'en fous ! ». Moi je sais pas quoi faire parce que je peux pas lui foutre une beigne en disant « calme ta joie espèce de salope », et c'est le seul argument que j'ai en stock. Je finis par lui montrer juste pour qu'elle me foute la paix, là comme ça assis en tailleur au milieu d'un tas de connards, le dos appuyé contre le divan de Lucain. Celui ci rigole et me traite d'exhibitionniste. Tout le monde fait des commentaires sur la couleur, la texture, la taille. Pire honte de ma vie. De l'éternité.

Mais c'est toi qui m'a dit de le faire ! Dis je les larmes aux yeux.

Et depuis quand tu fais ce que je te dis ? T'es vraiment con !

Je pars bouder hors de portée de vue de Lucain avec une bouteille, vu que c'est un sale connard qui me défend jamais. Sale suce-boules. Enculé de noble de merde. Si il est pas là j'aurais moins d'ennuis.

*
**

Je pousse la porte de la cuisine en pleurant. Me voilà dans le jardin, mais l'oiseau bleu me préoccupe plus du tout. Il fait super froid, mais c'est normal vu que j'ai qu'une tunique sur le dos. J'ai pas trouvé de pantalon. Je titube vers la rue pour m'enfuir. On me chope par le bras. C'est un valet.

Tu crois aller où sale petit con ?!

Je commence à me débattre.

Tu crois que ça va arranger nos affaires si un banni cul nu se fait choper à la sortie d'ici ? Puis tu vas pas savoir fermer ta gueule, évidemment. Viens là.

Il me traîne à l'intérieur en me broyant le biceps. Je résiste bien malgré le fait que je sois saoul perdu. Le mec me jette à l'intérieur, ferme la porte à clef et la cuisinière me jette un pantalon à la gueule. Elle a l'air fatigué.

Je m'en occupe.

La dame me pose un bout de brioche sous le nez, ne me hurle pas dessus et s'assoit. L'autre connard se casse. Ça me laisse plus disposé à négocier, puis j'ai besoin d'un truc pour chasser le sale goût que j'ai en bouche. J'essaye de reprendre le contrôle de mes nerfs et de me rendre un peu plus présentable. N'importe quoi pour sortir d'ici. La cuisinière lance une bourse avec des pièces sur la table. Je ramasse ça vite. Je sais pas pourquoi c'est arrivé mais je vais pas prendre le temps de poser la queestion.

D'habitude on donne ça aux invités des maîtres pour qu'ils restent discrets. C'est pas comme si t'allais raconter ça en société, mais les bourses sont déjà préparées tellement ça arrive souvent et on va dire que tu l'as mérité. T'aime bien avoir des pièces toutes brillantes ? Tu sais comment t'en servir ?

Je réponds rien à ça parce qu'il y a vraiment rien à répondre.

J'en ai vraiment plein le cul.

J'ai aucun commentaire à faire là dessus.

Bon tu vas rester dans le coin le temps qu'on trouve comment vous renvoyer discrètement dehors. Et tu fous pas la merde. Sinon on va utiliser l'alternative de t'enterrer dans un coin du jardin. Va te coucher. Tu te souviens où c'est ta chambre?

Je fais oui de la tête et je m'enfuis devant cette terrifiante bonne femme. J'ai déjà testé les portes du rez-de-chaussée pendant ma fuite, elles sont toutes fermées. Je vais dans la chambre de Lucain, vu que c'est le seul trajet dont je me souviens, et il est pas là. Les fenêtres ont des barreaux. J'avais pas vu. Je décide de me cacher dans une armoire, parce que je me sens pas en sécurité dans le lit. Je pose des chemises de nuit mangés aux mites au fond pour me faire un matelas, et je referme la porte derrière moi. Je sais pas comment je vais faire. Je cherche une position qui fasse pas trop mal. Le meuble est tellement grand que j'ai la place de m'allonger de tout mon long. C'est le genre de pièce de maître à l'ancienne qui va se coller au plafond trois mètres plus haut, avec des sculptures partout. Je sais pas comment je fais mais je m'endors.
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Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyDim 10 Sep 2017 - 14:54
C’est trop facile de dire qu’on a changé.

Dans les marais, combien de fois j’ai demandé pardon eux Dieux pour mes péchés ? Prostré dans une maison glaciale, avec les fangeux qui grattent à la porte, combien de fois ai-je sangloté des prières, pouvant à peine parler à cause de mon souffle qui s’emballe ? Combien de fois ai-je dis regretter l’homme que j’étais avant mon bannissement ? J’ai tout regretté. Les jeunes femmes que j’ai engrossées avant de fuir pour échapper à ma responsabilité parentale. Les garçons que j’ai humiliés lors de duels. Les beuveries immondes et les orgies auxquelles j’ai participé. Les petits paysans que j’ai ordonnés qu’on fasse pendre pour m’avoir volé un quignon de pain alors que je sortais d’un festin si énorme que j’ai dû me faire vomir trois fois pour continuer à me goinfrer. Je pensais qu’être confronté aux fangeux m’avait rendu humble. Je pensais que voir la punition des Dieux m’avait transformé en croyant, et immédiatement, j’avais tout reconsidéré, ma vie entière, sous un autre angle. En quelques mois, j’aurais pu tolérer l’idée de devenir moine, chaste, tempéré et affable, cloîtré entre les murs sombres d’un monastère, pour le restant de mes jours. En un sens, j’étais prêt à remercier les gens qui m’avaient marqué à mort, parce qu’ils m’avaient purifié.
Et pourtant, il m’a même pas fallu dix minutes, et tomber par tout hasard sur ma sœur et d’anciens amis, pour replonger à bras le corps dans mes anciens travers ; Jusqu’à complètement oublier la disparition de Malachite. En fait, je me suis même joint aux hurlements de rires quand on l’a vu partir en pleurant. C’était trop marrant.

Alors, je suis redevenu le Lucain que j’ai toujours été. Je suis redevenu l’enfant terrible de la chevalerie. Si bien que j’ai complètement oublié l’échelle du temps qui s’est écoulée. C’est comme si j’avais quitté le monde terrestre, le vrai monde, où on a de vraies préoccupations, et où absolument tout est une peine – même de devoir allumer le four pour qu’on me fasse cuire une bonne brioche fondante – pour accéder à un monde à part, une sorte de paradis terrestre illusoire, où l’on est servi et où l’on a aucun soucis.

Je me suis fait de nouveaux « amis ». Mais qui en réalité ne sont pas des amis, car je ne sais rien d’eux, contrairement à Malachite dont je connais les vrais secrets. Un gars qui s’appelle Oswine, fils de gros marchand, a jeté du cannabis sur la table. Une petite fille de noble, qui s’appelle Hannah, et qui est une amie d’Émeline (Mais pas la goudou qu’on a évacuée et qui doit être en train de pleurer pendant qu’un valet lui met du sopalin dans les narines pour éviter le saignement) a elle payé un tonneau de bière que deux petits roturiers ont fait rouler jusque dans la cour. Et voilà que la putain de fête a commencé, avec la drogue, la bouffe, l’alcool. Les filles bien sûr. Pas des putes mais tout comme : De jeunes filles de sang-bleu, mais dont les pères et les frères ont été tués par les fangeux et qui depuis n’ont absolument plus rien, et papillonnent de soirée en soirée, se faisant offrir le gîte, le couvert, et de jolies robes en échange, forcément, de leurs agréments corporels.
J’ignore s’il s’est écoulé trente minute ou deux heures. Mais au bout d’un moment où mon cerveau s’est mit à tout supprimer, je me suis retrouvé avec ma ceinture retirée, et une main qui se baladait entre mes jambes, pendant que ma bouche était occupée par une demoiselle. Une qui s’appelle Sybelle, si vous voulez tout savoir, et qui m’a parlé de son chat et de son parfum, sans que je n’accède à de meilleurs détails.

Tout le monde s’amusait, en fait. On me malaxait les bourses et bientôt la bouche qui faisait danser sa langue contre la mienne allait s’approcher de ma bite. Nul doute que tirer ma crampe allait probablement m’aider. En plus, j’avais la change de pouvoir assister à de chaleureuses retrouvailles. Renaud était en train de faire chier une domestique de la mesnie de mon oncle ; Elle était venue resservir des hommes en bière, et voilà qu’il lui avait attrapé le bras et qu’il se permettait de la peloter, malgré le fait qu’elle se débattait. La scène me faisait rire. Je pouvais aussi voir qu’Émeline, du coin de l’œil, avait déjà oublié sa petite chatte puisqu’elle était en train de rougir devant une autre jeune fille qui riait aux éclats. Elle projeta son regard vers moi ; Un clin d’œil de ma part la rassura, et elle se permit de prendre la menotte de la courtisane.
Des garçons et des filles, qui se mélangent et qui s’emboîtent comme des legos. On a même droit à de la musique ; Dans un coin du jardin, trois gars jouent un rythme effréné de luth, et Renaud se met à chanter alors même que c’est déconseillé de sa part. Tout le monde ici a dû s’endormir comme des masses, et à peine les ai-je réveillés qu’ils recommencent depuis le début.
Le pire c’est que cette orgie décadente est organisée. Merveilleusement bien organisée même. Le vin continue de couler. Les courtisanes se relayent. On sait où pisser. La maison travaille pour entretenir cette fête permanente. Et je sais pourquoi.
Je sais que, à l’étage, depuis sa fenêtre, mon oncle surveille. Lui n’a pas dormi dans son vomi en plein air. Même s’il est tout aussi décadent que ceux qui se mettent des aubergines dans le cul, il a au moins un grand talent, celui d’être habitué à ce genre d’épreuves. C’est le genre d’homme qui est capable de prendre des décisions raisonnées et intelligentes alors même qu’il a 10 grammes d’éthanol dans le sang. Tout ça, ça coûte de l’argent, mais il sait que tous les nobliauds réunis ici sont des gamins de gens influents. Eux-mêmes sont devenus des déchets, mais papa, maman, tonton, tata, tout ça ce sont des feudataires puissants, trop puissants même ; Je n’ai aucun doute que mon tonton à moi profite de ces largesses comme d’un cadeau politique, et que son altesse le duc ignore royalement ces excès, car il vaut mieux avoir une aristocratie turbulente en train de se réduire le cerveau en miette plutôt qu’en armes, à gagner la liesse du peuple, à devenir populaires dans les bas-quartiers, à se constituer des milices en dehors des murs de Marbrume, comme peuvent le faire les seigneurs de Traquemont, Sombrebois, ou Ventfroid. Il vaut mieux avoir des alliés débiles mentaux que des ennemis intelligents, vous voyez le raisonnement ?

Tout le monde est heureux. Pour de faux. Vous savez, si on fait ce genre de bordel, si on danse à moitié à poil, si on pelote des roturiers, si on fait des conneries comme s’attacher, se mordre, se fouetter, c’est pas parce que ça nous fait plaisir. Ça c’est le mensonge qu’on sert aux autres ; Comme quoi on vaut mieux qu’eux parce qu’on est aventureux et sans scrupules. Comme si s’enfoncer des aubergines dans le cul c’est tout changer au niveau de la sexualité, c’est découvrir nos corps et nous rendre maîtres de nous-même. Mais c’est les prêtres qui ont raison. L’homosexualité est véritablement sale, le sado-masochisme est véritablement un crime blasphématoire ; Et c’est pas étonnant que les gens comme nous se retrouvent remplis de microbes, de champignons, de maladies sexuellement transmissibles. Combien d’avortements a déjà subis la femme qui est en train de me sucer ? Combien de petits anges a-t-elle tués ?

Tout le monde s’amuse pour de faux. Du moins, tout le monde, sauf trois personnes. Enguerrand, déjà, avec qui je suis en train de plaisanter. On lui a retiré l’aubergine, mais maintenant il est avachi, sur le côté, à moitié en train de souffrir. Il arrive à faire des blagues sur lui-même, d’auto-dérision, mais il douille le pauvre ; Avachi sur son canapé, un valet lui fait venir de la glace et des remontants. C’est marrant tous ces valets et ces domestiques. On les ignore. On regarde pas leurs têtes. On a l’impression qu’ils sont des milliers, à faire des allers-retours, pour changer nos vêtements couverts de chiasse ou de vomi, pour ramener de l’alcool et sortir les verres vides, pour éponger les liqueurs qu’on fait tomber sur le sol, pour soulever ceux d’entre-nous qui sont en coma éthylique. Ils sont omniprésents, et pourtant ils existent pas. Ils existent pas parce qu’on connaît ni leurs noms, ni leurs visages. Si ça se trouve, y en a qu’un ou deux ; Mais ils sont tellement partout à la fois qu’on dirait qu’il y en a un régiment.
Mais bref. Trois personnes j’ai dis. Les deux autres, c’est Ogier et Francine. Les deux époux. Jeunes mariés depuis la fange, scellant l’union formidable de deux grandes familles grandes alliées du duc (Salibert de Fallant et Gaston de Horst font partie du conseil restreint du duc après tout), ils ne sont même pas en train de se peloter. Ils ont plutôt l’air agacés. Pourtant la fête bat son plein depuis un long moment. Mais ils n’ont qu’un mot à la bouche.

« Il s’appelle comment ton métèque, Lucain ? »

Je soupire.

« Il s’appelle Malachite. Mais vous ne parlez que de lui depuis quoi, deux heures ?! Foutez-lui la paix, là ! »

Surtout que j’aime pas qu’on me parle pendant qu’on me suce. J’essaye d’être captivé par les yeux de celle qui m’avale. C’est tout de même bien plus intéressant.

« Où il est parti ? Il faut que je le retrouve.
– Bordel ! Tu vas pas me faire suer parce qu’il a giflé ton épouse ! Il n’a pas fait exprès !
– Non t’y es pas du tout.
Je veux le voir baiser ma femme. »


C’est vrai que c’est l’un des goûts les plus bizarres d’Ogier, un que j’ai jamais compris. Combien de fois ai-je été obligé de coucher avec Francine pendant qu’il regardait ? Ce n’était absolument pas mon idée. Y a que lui pour avoir des idées pareilles.

« Il a pas envie.
– Comment ça ? Pas envie de ma femme ?
– Il... Il est pas... ‘fin... Il est bizarre ! C’est bon ! Fous-moi la paix !
– Lucain je t’imaginais que tu serais plus un pote que ça.
– TA GUEULE ! »


Du coup maintenant lui et Francine s’y mettent. Ils font les victimes. Ils font les gars que c’est jamais de leur faute et qu’ils sont tristes. Et vexés. Et moi j’aime pas l’auto-pitié, ça marche trop sur moi. Au bout d’un moment je renvoie la courtisane en lui tirant les cheveux. Elle se retire de monsieur zizi avec un filet de bave qui coule des lèvres. Absolument répugnant. Je lui tapote le dessus de la tête pour lui dire que c’est du bon travail, et je lui chuchote à l’oreille qu’elle finira le travail plus tard pendant que je la mangerai. La promesse semble la faire rougir, mais je crois que le haschisch qu’elle fume en boucle doit y être également pour quelque chose.

« Bon ! Ok ! Venez avec moi, je vais vous le trouver mon Malachite. »
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MalachiteMiséreux
Malachite



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MessageSujet: Re: Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!!   Lucain et Malachite se rendent sur l'Esplanade. Ce qui va arriver ensuite va vous étonner !!! EmptyMer 13 Sep 2017 - 13:19
Lucain m'a secoué pour me réveiller.

Mala ! Y a mon pote Ogier qui veut te demander un truc.

Je me suis faufilé hors de l'armoire, avec la tête qui tourne. Ça doit pas faire très longtemps que je dors, je suis encore très bourré. Un type débraillé avec le visage tout rouge me regarde comme si j'étais en or massif. Lucain aussi a l'air d'avoir eu une nuit agitée. Je les fixe avec horreur, je ne fuis pas parce que je ne sais pas où aller pour esquiver ces fous. Le fameux Ogier dit :

T'étais bien caché dis donc ! C'est douillet là dedans hein ? Bon bref, là on se fait chier et j'voudrais te regarder baiser ma femme.

Hein ? Mais je fais pas ça !

Bon oui OK mais si je donne... j'ai une bourse là.... faut que je la retrouve... Tiens Lucain attrape ! Ça vaut bien dix minutes du temps de sa bite ce qu'il y a là dedans hein ?

Lucain trifouille à l'intérieur avec ses doigts - je vois pas plus d'où je suis - puis il hoche la tête d'un air appréciateur. Je suis pas très bien réveillé mais je sais que gagner des pièces c'est une bonne chose. On m'en a déjà donné pour avoir perdu mon pantalon dans le salon. Mais j'ai peur. Lucain insiste :

Mais ça vaut le coup Mala' ! Puis ça va, c'est pas une corvée non plus. Fais pas ton chiant, si cet abruti veut te donner de l'oseille pour baiser sa femme, tu serais vraiment con de refuser.

J'ose pas dire non à un si excellent argumentaire, alors je hoche la tête et je suis les deux hommes pour sortir de la pièce. Y a des gens qui déambulent dans les couloirs en gueulant mon nom et en rigolant, Lucain hurle « c'est bon on l'a trouvé » et j'arrive pas à déglutir parce que ma bouche est trop sèche. J'ai peur comme si on allait me faire une opération horrible pour m'enlever un organe vital. Un truc tout rouge, plein de tuyaux et de petits morceaux luisants. Le temps d'arriver jusqu'à Francine et je suis tout blanc et en sueur. Une sueur acide qui rend mes mains moites et qui me coule dans le dos et sur le ventre.

Bref, la petite comédie a attiré du monde, et ce monde veut aussi me voir besogner la femme de l'autre con. On se retrouve de nouveau dans le cloître, tout le monde s'installer confortablement et Francine enlève certaines parties de son costume, « pour pas les abîmer ». Elle s'inquiète de la violence de mes assauts, que je déchire de la dentelle en soie irremplaçable ou je sais pas quoi. En vrai je me suis mis dos à un mur et je reste les bras croisés à espérer qu'on m'oublie. Mes organes génitaux plus ont l'air de vouloir rentrer à l'intérieur de moi que l'inverse. Bordel y a au moins dix personnes. J'ai pas du tout envie de bander. Je suis pas un animal, c'est pas parce que je vois des madame pas très habillées qu'automatiquement je deviens un bonobo. Non là la réalité c'est que je me sens très mal à l'aise, très seul et très con. Je suis fatigué et bourré. Ma libido a été abattue en plein vol y a bien deux heures de ça.

Ogier s'impatiente, m'interpelle mais je ne réponds pas parce que j'ai rien à dire. C'est Lucain qui vient me voir, et je lui chuchote « j'vais pas y arriver ». Il me donne des conseils de merde genre « pense à un truc qui t'excite », mais le HMS Libido de Malachite s'est échoué sur une plage, y a du sable partout dedans, l'équipage se fait bouffer par des busards et les voiles ont été lardées au couteau. C'est plombé mort foutu.

Tu veux qu'on demande à une autre fille de t'ambiancer ?

Non ! Je veux rien avoir à faire avec ces conneries !

Là si je pense à des nichons j'en vois que des tout flasques avec des grosses veines bleues, comme du fromage oublié depuis très longtemps. Des seins de Fangeux. J'en vois souvent.
Ogier s'énerve de me voir me cacher dans un coin alors que sa femme est comme une conne à m'attendre, et vient me gueuler dessus. Mon public me réclame.

Tu vas t'remuer le cul espèce de gros puceau ?!

Non ! Ta femme elle pue la merde et, et, et... c'est une pute ! Une pute et une grosse salope ! J'vais attraper des maladies de la bite dessus !

Dis je en gueulant assez fort pour être entendu de tout le monde. La réaction à base de « tu dis quoi sur ma femme ?! » s'est pas fait attendre. Je m'en fous si je me fais pendre mais je vais le buter ce sale connard. Je vais nettoyer le monde et faire disparaître tous ces sales tarés. Ogier doit lire le meurtre dans mes yeux, et c'est pour ça qu'il s'approche pas assez pour me foutre des mandales. Il a l'air furieux et pris au dépourvu. Il a pas l'habitude qu'un merdeux lui parle comme ça. Même Lucain a l'air choqué. Ça serait le bon moment pour s'enfuir. J'vais arracher les portes avec mes ongles, défoncer les barreaux aux fenêtres je sais pas, mais j'y foutrai le feu quoiqu'il arrive. Tout purifier. Ces sales connards.

Je redescends de ma bouffée de rage quand j'observe les gars dans la pièce qui m'approchent doucement. C'est des gros bourrés et des pédales, mais aussi des mecs qui ont fait la guerre, des duels. Ils sont surtout plus nombreux. Je pars en courant, mais je me fait choper au vol. Je bourre le visage du mec de coup, il me lâche mais ça a laissé le temps à un second de m'attraper par les jambes. Lui aussi je le bourre de coups de poing, et une fois que j'ai libéré une de mes jambes je lui casse le nez avec le talon. Mais là je me fais submerger par le nombre.

C'est comme une chèvre qui se serait fait choper par des boas constrictor. Je me défends bien parce que pour moi c'est une question de vie ou de mort. Même à quatre mecs et une meuf bourrée ils arrivent pas à m'immobiliser. C'est une lutte lente et silencieuse. Tout le monde garde son énergie pour le plus important. Même en appuyant à deux mains sur mon poignet, j'arrive à me libérer et à foutre une mandale à quelqu'un. Je force plusieurs minutes comme un bœuf. Si c'est une jambe, tout le monde me tombe dessus comme des rochers pour m'empêcher de tuer à coup de pied. Et ça dure longtemps. Les boas piègent lentement mes membres, et je fatigue. Même l'énergie du désespoir à ses limites.

Lucain ? Bah il sert à rien. Il a marmonné un truc genre « pas cool les gars » et il dit des conneries genre « me l'abîmez pas j'en ai besoin ». Visiblement la situation est partie en couille très très vite, et il sait pas quoi faire. Ils sont plus nombreux et ils se moquent de leur ancien copain devenu banni.

Et je lutte longtemps pour essayer de me relever, de partir, de m'enfuir. On roule par terre à travers la pièce, je reprends la main de temps en temps et je traîne mes boas sur un mètre ou deux. Mais ces pédales connaissent pas le fair play, ils sont trop nombreux. Ça a peut être duré des heures, je sais pas. Je suis ruisselant de sueur, je me suis un peu bavé dessus et je respire comme un cheval qui fait un coup de sang. Mais ça sert à rien. J'ai plus l'énergie.
Du coup se pose la question de quoi faire d'un mec une fois qu'on l'a foutu à terre et réduit à l'état de sous-merde. Lui enlever son froc s'impose comme une évidence, dans le contexte. Des petites mains de femme, qui sont pas occupées à me maintenir à terre, viennent trifouiller de ce coté là. Je me mets à pleurer en mode sale.

Genre en mode sanglots d'enfant. Sans retenue. Je braille. C'est super sale. Genre le visage tout rouge, tout congestionné, un océan de morve, des filets de bave qui relient mes dents du haut à celles du bas. Tu te souviens comment ça fait de pleurer quand t'es gamin ? J'arrive pas à reprendre mon souffle tellement je hurle, alors ça fait des bruits d'accordéon percé, avec un petit supplément glaire.
Bref, je suis foutu.

*
**

Je crois que la petite souris est morte, je la sens plus.

C'était un hamster Malachite, ça vient de l'Est très loin ces bêtes là. C'est... plus petit. Vachement petit. Hein ? Une vraie souris ça serait horrible.

Elle sort quand ?

Euh... bah la prochaine fois que tu iras... 'fin ça se fera tout seul. Tu peux te lever ?

Une ellipse plus tard, Lucain me parle d'une voix très douce. Je suis amorphe dans un coin. Les connards sont partis se coucher, après un petit déjeuner tardif et l'épuisement des distractions disponibles. J'irais bien me suicider si je pouvais rester immobile pour le faire. J'ai très mal partout. Mon copain banni me parle comme si c'était pas grave, mais son visage dit le contraire. Il s'est vraiment passé plein de trucs cette nuit.
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