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| Occulterie Malavisée [Astrid] | |
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Mederich de CorburgComte
| Sujet: Occulterie Malavisée [Astrid] Dim 17 Sep 2017 - 15:55 | | | 16 Septembre 1165 Quartier du Labourg, Marbrume Fin du jour
Ce quartier puirait la bouillasse à plein nez. Un vicieux vent d'automne c'était levé en cette fin de journée, charriant avec lui les effluves de misère qui parcourait le Labourg en tout temps. L'air était sec et chargé de poussière, le froid pénétrait sans mal sous les cuirasses . Mederich renâcla bruyamment sous son casque de fer, lançant de rapides et sévères regards à la gueusaille qui s'écartaient en amont. Il était accompagné d'une demi douzaine de ses Hardis Roukiers, une tripotée de nobliaux d'épées à la mine patibulaire s'organisant en colonne dans son sillage. Chevauchant de lourds destriers harnachés, la procession ne passait pas inaperçu dans ce quartier malfamé de la cité. On pouvait entendre au loin les cris des margoulins remballant leurs échoppes à la hâte avant leur arrivée. Le Vieux Rab le savait, dans les venelles sombres, les plus avides des coupes bourses s'organisaient déjà, mettant en place d'utopiques plans afin de remplir leurs poches afin de la tomber de la nuit. Qu'ils essayent donc - songea mal-sainement le comte, il n'avait que de l'acier à leur offrir.
Ils tournèrent à droite, puis deux fois à gauche avant de continuer sur un quart de lieue en avant. Exactement comme l'avait expliqué le brave Lurio d'Ebron. S'il ne pouvait pas le qualifier d'amis à proprement dit, Mederich appréciait cet homme pour ce qu'il valait. Loin d'être un mondain, les deux hommes partageaient un penchant commun pour les spiritueux de qualités et les railleries prononcés sur leurs homologues ouatés. Ce dernier lui avait avoué fréquenter la couche d'une affriolante gourgandine. Il ne fût pas avare de détails, mais le comte ne dressa réellement l'oreille que quand le discours de son aviné compagnon s'attarda sur les capacités de diseuse de la ribaude. Lurio affirma avec ferveur que ses dons étaient réels et qu'il avait réussit juteuse entreprise après avoir suivit ses conseils avisés. Mederich n'avait jamais était un grand adepte des oracles, mais son géniteur lui possédait un thaumaturge du nom de Jaffrin parmi ses éminences. Le monde avait changé, et le comte de Corburg commençait à s'ennuyer dans son manoir de l'Esplanade, il avait donc prit la décision de rendre visite à cette Astrid surnommé la Douce. Peut être réussirait t'elle à percer les augures et à lui en dire plus sur ses projets. Dans le cas contraire, il aurait toujours loisir de venir reprendre son dût.
« Monseygneur, l'enseigne du Lion d'Or au devant. » marmonna son proche suiveur. Une pancarte de bois vermoulu représentant une figure léonine dressée se présentait à leur gauche. La fameuse auberge était entrain de se remplir, l'on pouvait entendre les voix des premiers arrivants venus se sustenter après une dure journée de labeur. Ils devraient attendre. Les hommes mirent pied à terre, deux chevaliers restèrent à l'extérieur tandis que le reste de l'escorte pénétrait dans le bouge. Un des reîtres s'enquit de la présence de la jeune femme. La tavernier, un homme qui pour les chevaliers étaient tout aussi miséreux que sa clientèle, affirma qu'elle se trouvait à l'étage. Mederich sans un mot fit un signe de la caboche et ses hommes commencèrent à chasser les premiers poivrots sous la mine désabusé du tenancier. Le bonhomme comprit que protester ne servirait qu'à lui amener des ennuis mais on pouvait sentir sa colère sous-jacente. Le Vieux Rab toujours silencieux déposa deux pistoles d'argent sur le rade, trouant dans l’œuf les messes basses qui auraient fusé après le départ des Hardis Roukiers. Il emprunta en suite l'escalier menant à l'étage, le bois protestant sous le poids du harnois. Ne prenant pas la peine de frapper, il pénétra dans la loge de la jeune femme le pas lourd, dégageant dans son sillage l'odeur de sueur qui le caractérisait. « Astrid dit la Douce. On ma fait étalage de vos talents. Seriez vous disposée à officier pour moi ? » La question n'en était pas réellement une, la voix de rocaille du comte résonant tandis qu'il prenait place dans la pièce, un chevalier refermant la porte derrière lui.
Dernière édition par Mederich de Corburg le Dim 17 Sep 2017 - 19:02, édité 1 fois |
| | | Astrid la DouceCartomancienne
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Dim 17 Sep 2017 - 18:07 | | | Journée banale. Astrid était bien contente de retrouver le maigre confort de sa chambre à la fin de sa journée, durement payée grâce à ses différentes activités. Elle rêvait parfois à une vie oisive comme elle imaginait celle des nobles, simplement occupée par l'idée de trouver un mari et de lui faire un enfant. Qu'est-ce qu'une femme de haute naissance pouvait bien faire d'autre de ses journées ? Elle n'en avait aucune idée. A vrai dire elle ne cherchait pas non plus à lever le voile sur ce mystère. Ne pas savoir rendait le rêve plus agréable encore. En tout cas, elles ne devaient pas se saigner à la tâche ! C'était la seule différence qui comptait. Passer son temps à lire l'avenir toute la journée n'avait rien de passionnant. Elle faisait simplement ce qu'elle savait faire, ce qu'on lui avait appris à faire. Si son métier avait été différent, elle aurait peut-être ressenti la curiosité qui poussait ses clients à entrer la voir. Ce n'était pas son cas. Mais c'était ainsi de toutes les professions de toute façon, celui qui voyait les mécanismes de son œuvre la trouvait toujours moins mystérieuse que ceux qui n'en voyaient que le mouvement et le résultat. En plus de faire la même chose à chaque fois qu'un être humain passait l'entrée de sa tente, il fallait supporter leurs airs ébahis, leurs regards distraits sur la décoration, leurs doutes qu'ils exposaient simplement pour l'entendre leur certifier qu'elle ne mentait pas. Ça pouvait vite devenir épuisant. Astrid n'avait pas le droit d'abandonner cependant. La cartomancie était le seul rempart qui l'empêchait encore de faire de la prostitution son activité principale, et elle ne mourait pas d'envie de se glisser dans plus de lits que ceux qu'elle fréquentait déjà. Enfin, la journée était terminée. La demoiselle se repassait en mémoire les quelques prédictions marquantes du jour. Généralement il ne se passait rien de très intéressant, sauf un ou deux éléments qui lui donnaient envie de connaître véritablement le fin mot de l'histoire. Elle ne savait pas si elle avait toujours raison, elle en doutait, mais il lui semblait que la plupart de ses prédictions finissaient par se réaliser, même si c'était parfois de manière tout à fait inattendue. De fil en aiguille elle finit par penser à tout autre chose, et assise sur son lit avec sa brosse dans les mains, ses yeux se perdirent dans le vague alors qu'elle soignait sa chevelure. La porte s'ouvrit brusquement, sans que personne ne se soit annoncé. La pauvre fille paniqua bien vite, elle était d'un naturel peureux, et avant même d'avoir pu observer le visage de son invité surprise elle avait déjà lâché ce qu'elle tenait entre ses doigts pour attraper la petite dague qui trônait sur sa table de chevet, le tout avec un petit cri de suprise. Elle la tenait d'une main tremblante, sans même oser la lever pour menacer l'homme qu'elle regardait à présent. Il aussi laid qu'Astrid était jolie. Mais il était impressionnant. Astrid n'aurait pas su dire pourquoi exactement, peut-être sa stature, son âge... Un je-ne-sais-quoi qui lui fit bien vite lâcher sa petite arme dont elle ne savait pas se servir. Elle n'était pas sûre d'avoir envie qu'il se croie menacé. Mais vu la surprise qu'il lui causait, il allait bien comprendre le geste, non ?
« Astrid dit la Douce. On ma fait étalage de vos talents. Seriez vous disposer à officier pour moi ? »
La demoiselle avait l'impression d'être réquisitionnée, et que ce n'était clairement pas une question. Elle ne savait pas quoi répondre, la première chose qui lui venait à l'esprit était « bonsoir » mais elle sentait bien que ce serait aussi ridicule qu'impoli. Donc, inapproprié. Abandonnant définitivement la dague, elle eut le réflexe de se recroqueviller sur elle-même sans bouger de son lit. Ses talents, avait-il dit ? Lesquels ? Que lui voulait-il ? Pourquoi entrer de cette manière ? Elle leva timidement ses charmants yeux bleus jusqu'au visage de son interlocuteur. Il ne s'était même pas présenté. Il avait l'air de savoir très bien à qui il s'adressait mais ce n'était pas le cas de la prostituée.
-Que puis-je faire pour vous, monsieur ? Demanda-t-elle timidement, ne sachant plus où se mettre alors qu'elle était pourtant chez elle. |
| | | Mederich de CorburgComte
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Dim 17 Sep 2017 - 19:04 | | |
Le comte ne se formalisa pas outre-mesure du surin abandonnant la pogne de la donzelle, au contraire, le Labourg était un endroit dangereux et il aurait put être bien mauvais bougre avec bien mauvaise intention. Un instant de silence latent permis à Mederich de poser ses yeux vitreux sur la jeune femme, elle était effectivement fort belle pour une femme de basse naissance. Nombreuses seraient les courtisanes de la cour du Duc à rougir devant son fin minois et elle surpassait de loin les traits abjectes de ses deux sœurs et de sa propre compagne. Mais le Vieux Rab n'avait point feu aux reins, loin de la. La chaise qui avait accueillit son noble joufflu semblait à deux doigts de la rupture, craquant sourdement tandis que le comte retirait ses lentement ses gants de cuir. Machinalement, il se mit à jouer avec un éventail replié, le soulevant sans but autre que celui d'imposer son aura dans la pièce. Des cartes étaient étalées non loin, il ne c'était pas trompé de lieu. « Monseygneur. » corrigea t'il enfin le ton neutre, brisant le silence pesant. « Mon nom est Mederich, comte de Corburg. J'en viens à vous aujourd'hui sous les dires d'une connaissance commune, le dénommé Lurio d'Ebron. Ce vil luron n'est point avare de compliment quand il parle de vous, croyez moi jeune donze, une nuit entière ne suffirait pas à le faire taire.»
La porte s'entrouvrit au même moment. Un chevalier pénétra dans la pièce, il portait une bouteille de vin poussiéreuse et noirâtre dans une main, deux coupes dans l'autre. L'homme ne dit mot, se contentant de poser le tout sur la table avant de repartir faire le guet devant la porte. Mederich put observer dans l’entrebâillement, le faciès repoussant du tavernier. Ce dernier devait sûrement se demander comment se portait la jeune femme et pourquoi un noble venu de l'Esplanade faisait halte dans sa bicoque. Mais ses questions ne trouveraient pas de réponses et ils devraient se contenter de la joie fugace d'avoir réussit à écouler un de ses meilleurs crus reposant en cave. Le comte, dans une série de gestes lents, servit les deux coupes. Il en poussa une a son opposé, invitant de ce fait la moiselle à venir le rejoindre. Prenant un instant pour humer les effluves du vin, il sût d'instinct que ce dernier serait loin d'égaler ses attentes. Qu'importe, il n'y avait pas mieux ici. Lampant deux gorgées rapidement, le Vieux Rab grimaça. « Grands Dieux. Pissoite de piquette. Mais cela suffira...Bien. Si Lurio vante vos atouts, je ne suis ici que pour un et bien précis. Ce sont vos aptitudes occultes qui m’amène. J'ai nombres projets et je souhaiterai consulter les augures. Vos augures. Êtes vous donc apte à me les partager ? » La voix du comte était d'une neutralité froide, presque sans vie. On pouvait y déceler une certaine répulsion néanmoins. Mederich attendait donc d'être surprit, favorablement ou non. Dans un dernier geste, il sortit une petite bourse qu'il posa sur la table, promettant ainsi rétribution pour les services de la cartomancienne.
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| | | Astrid la DouceCartomancienne
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Dim 17 Sep 2017 - 20:07 | | | L'homme s'était assis sans rien demander, et jouait tranquillement avec l'éventail d'Astrid. La demoiselle détestait qu'on touche à ses affaires, elle était tout à fait maniaque et ne supportait pas qu'on les repose n'importe où et n'importe comment après les avoir tripotées sans respect. En plus, l'homme était à quelques centimètre à peine de ses cartes, son bien le plus précieux, et s'il les touchait il allait fausser toutes les prédictions pendant un long moment et elle passerait des heures à les apprivoiser à nouveau. Décidément elle se sentait mal à l'aise. En plus il ne disait rien, et ils restaient les deux à se regarder. Lui au moins savait ce qu'il faisait là et ce qu'il voulait à la pauvre demoiselle. Elle, elle n'en avait pas la moindre idée, et l'angoisse commençait à l'envahir doucement.
« Monseygneur. »
Oh. En fait c'était peut-être mieux quand il ne disait rien. Surprise par cette mise au point, la cartomancienne n'en oublia tout de même pas les quelques règles de survie face à mieux né que soi. Elle baissa tout de suite ses yeux qu'elle avait hasardés jusqu'à ceux de son interlocuteur, et s'il n'avait pas repris la parole elle lui aurait probablement demandé de l'excuser. Voilà au moins qui expliquait pourquoi il s'était permis d'entrer sans même se dire qu'il serait poli de frapper. Pourquoi être poli envers ses inférieurs ?
« Mon nom est Mederich, comte de Corburg. J'en viens à vous aujourd'hui sous les dires d'une connaissance commune, le dénommé Lurio d'Ebron. Ce vil luron n'est point avare de compliment quand il parle de vous, croyez moi jeune donze, une nuit entière ne suffirait pas à le faire taire.»
Ah ça... Elle voulait bien le croire. Ce type était bavard dans toutes les circonstances et Astrid aurait pourtant bien aimé qu'il sache se taire dans certaines d'entre elles. Astrid n'eut pas le temps de se dire qu'elle n'avait aucune envie de prodiguer les mêmes services à monsieur Mederich, pardon, Monseygneur Mederich, parce que la porte s'ouvrit encore une fois sans aucune annonce. La prostituée sursauta une nouvelle fois, lançant presque sans le vouloir un regard à moitié désolé et à moitié noir en direction du chevalier. Elle détestait les chevaliers. Avoir un comte dans sa chambre était la chose la plus bizarre qui lui était arrivée depuis longtemps, depuis le baron de Sombrebois en fait, et elle se sentait encore plus mal à l'aise de savoir qu'il n'était pas seul. Quel service pouvait-il attendre d'elle ? Pourquoi venir la trouver et ne pas la faire venir à lui ?... Pourquoi venir acompagné ? Les yeux de la cartomancienne suivirent la bouteille jusqu'à la table. Le chevalier repartit comme il était venu : sans dire un mot, et dans ce sans là ce n'était pas plus mal. Quoique, la présence du comte était aussi impressionnante que désagréable. Côtoyer les nobles était difficile, en particulier pour quelqu'un de si bas qu'il n'avait même pas de nom de famille, comme Astrid. Chaque mot pouvait les offenser même quand on les prononçait avec le plus grand respect, et chaque offense était sévèrement punie. Autant dire qu'elle avait toutes les raisons du monde de craindre ce dangereux entretien. Le comte ne s'en souciait évidemment pas, il servit tranquillement le vin dans deux coupes comme s'il tout ceci était normal. Comprenant au geste de Monseygneur de Corburg qu'elle n'était pas censée rester vautrée sur son lit, Astrid finit par se rapprocher doucement et venir s'installer plus près. Elle n'en avait pourtant aucune envie. La cartomancienne n'osait pas relever la tête. Elle vit à peine qu'il soulevait son verre, mais ne vit pas s'il en buvait ou s'il ne faisait que le sentir pour s'en faire une idée. De toute façon ça ne changeait rien à la situation pour elle. Et qui sait ? Si elle levait trop les yeux il dirait qu'elle était effrontée et elle aurait bien d'autres ennuis.
« Grands Dieux. Pissoite de piquette. Mais cela suffira...Bien. Si Lurio vante vos atouts, je ne suis ici que pour un et bien précis. Ce sont vos aptitudes occultes qui m’amène. J'ai nombres projets et je souhaiterai consulter les augures. Vos augures. Êtes vous donc apte à me les partager ? »
Aptitudes occultes. Astrid n'aimait pas beaucoup la tournure que prenait la conversation. La voix du comte était froide, mais la demoiselle avait l'habitude d'entendre les gens parler, de les observer, de comprendre leurs intentions. La répulsion qu'elle lui inspirait était évidente, et la demoiselle s'étonnait presque qu'il ne soit pas venu la chercher pour la brûler sur un bûcher au lieu de demander son aide. Elle ne fit pas un seul geste en direction de la coupe. Même si le comte trouvait le vin décevant, il devrait sans doute paraître bon pour Astrid. Mais elle n'aimait pas vraiment cette boisson et savait surtout qu'elle tenait bien mal l'alcool. Boire un verre pouvait suffire à la rendre trop joyeuse pour ce genre d'entretien, puisque visiblement le comte ne comptait pas explorer tous ses différents talents. La cartomancie se passait d'ivresse. La bourse qu'il posa sur la table ne convainquit pas Astrid. L'homme lui faisait si peur, et était d'un rang si élevé, qu'elle n'aurait pas osé refuser ses services même sans être payée. Seulement elle n'en dirait rien. Être dédommagée était toujours un plaisir. Elle espérait seulement que les choses tourneraient à son avantage.
-Bien sûr monsi...Monseygneur.
Il était évident qu'elle n'y mettait pas de la mauvaise volonté, elle était juste timide à cause des circonstances. Elle espérait que ça ne lui porterait pas préjudice. Se rendant vraiment compte de ce qu'il attendait d'elle, la cartomancienne eut un mouvement précipité pour récupérer ses cartes étalées sur la table. S'il en touchait une seule, il allait tout fausser ! Elle les récupéra le plus vite qu'elle put, presque un peu tremblante, pour en former un joli paquet qu'elle garda tout près d'elle, hors de portée des mains du comte. Voudrait-il les voir ? Après le tirage alors. Elle ne pourrait sans doute pas l'empêcher de prendre de force ce qu'il voudrait, autant simplement lui demander un délai utile en lui expliquant pourquoi. Mais vu le dégoût que sa discipline semblait lui inspirer, ce serait presque étonnant qu'il ose toucher à quoi que ce soit d'ésotérique.
-Il suffit que vous posiez votre question... Une seule à la fois... Monseygneur.
Elle n'était pas sûre de devoir rappeler son titre à chaque fois qu'elle lui parlait. Elle n'était même pas sûre théoriquement d'avoir le droit de lui parler tant qu'il ne lui posait de question. Habituellement, les nobles qu'elle connaissait se montraient bien moins froids, et peu disposés à respecter le protocole. Ils ne réclamaient pas souvent le même genre de service, il fallait bien l'avouer. Regarder la table en bois avec autant d'application commençait à lui faire mal au cou, d'ailleurs, mais elle ne savait pas vraiment où poser ses yeux sans risquer d'incident diplomatique. Elle en voulait tellement à Lurio d'avoir été se vanter. Comme toujours il n'avait pas dû penser à mal, et la visite d'un comte était un grand honneur, mais Astrid aurait préféré que sa journée reste banale. Elle passa une main dans ses cheveux déjà parfaitement coiffés en attendant d'être fixée sur son sort. |
| | | Mederich de CorburgComte
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Dim 17 Sep 2017 - 21:26 | | |
Manifestement, la thaumaturgienne aux yeux cieux ressentait une certaine gêne vis à vis de la situation. Mederich en conclut qu'il n'était pas banal pour elle de côtoyer des sangs-bleus, surtout si ces derniers débarquaient en grande pompe, privatisant une auberge entière pour s'assurer du calme des lieux. Parfait, absolument parfait, pensa le comte à cette déduction rapide. Il avait espéré que ça soit le cas, les catins parlaient bien trop entres elles, mais Astrid ne semblait pas être de celle à flâner entres les jambages de bois des maisons de passes du Labourg. Sûrement était ce dut à son double labeur quotidien : les augures n'étaient jamais bien vu par les cultes de la Trinité, surtout depuis la Fange, la discrétion était un réel atout. Bien conscient de l'effet qu'il distillait sur la ribaude, le Vieux Rab s'en amusait intérieurement mais ne laissait rien paraître. Le peuple avait cet effet bénéfique de ne pas faire de réel distinction entres nobles, cherchant souvent à se plier aux moindres désirent des gens de l'Esplanade plutôt que de subir leurs foudres. Une ambiance que Mederich appréciait, car dans son monde, il était le pauvre, il était celui que l'on regardait en coin et que l'on jugeait à son apparence repoussante. Véritable corbeau croissent dans une forêt de loup hurlant à la lune et cherchant à récolter les restes du tout-puissant Sylvrurlion. De la même voix de rocaille, le comte désigna la coupe servit à la jeune femme. « Allons doucereuse enfant, respirez donc et relevez des mires, nous sommes dans un cadre informel et vous ne craignez de faire aucunes fautes vous condamnant.» Le ton c'était adoucit un instant. « Mais par les Dieux, buvez, il serait malpoli de refuser ainsi un verre déjà remplit.» Avant de reprendre sa froideur particulière. Semblable au vent d'automne qui soufflait toujours, Mederich appréciait réellement de dispenser ainsi chaud et froid, ne pouvant qu'imaginer avec une délectation malsaine le duel qui se jouait à l'intérieur de la jeune femme.
Lui, vida sa coupe et s'en resservit une seconde qu'il entama presque de bonne moitié. Habitué à l'alcool, il ne craignait ses effets et il faudrait bien plus qu'une pisse-de-chat comme celle ci pour venir à bout de sa résilience légendaire. Lançant un regard fuyant comme s'il craignait un instant d'être entendu, les traits du comte se durçirent. « Une question à la fois. Bien. Mais avant, il me faudra vous avertir. Qu'importe vos futurs révélations, ceux qui sera dit en cette chambre, restera en cette chambre. Je serai fort peiné d'apprendre par la rumeur, que mes interrogations nocturne se voient ébruités dans les ruelles de la cité. Si l'on vous questionne sur ma présence, comptez donc fadaiserie commune de votre choix sur les préférences lubriques d'un vieil homme. Il me sera bien plus préférable de savoir que l'on parle de moi dans votre lit que devant vos cartes.»Sous sa tirade, on pouvait clairement entendre la menace, bien réel cette fois ci. Avant de s'égosiller une nouvelle fois, il s'humidifie le glissoir d'une nouvelle lampée.
« J'ai pour projet de rendre hommage à la déesse Rikni lors de la Nuit des Serpents qui se tiendra bientôt. Mes hommes et moi partirons à la chasse au Fangards une fois la nuit tombé. Une entreprise dangereuse s'il en est, mais qui fera reluire le blasons des gens de Corburg à la cour du Duc tout en honorant la déesse. Ma question est donc la suivante, notre entreprise trouvera t'elle succès ? » Simple demande avant que la coupe ne se retrouve une nouvelle fois vide.
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| | | Astrid la DouceCartomancienne
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Dim 17 Sep 2017 - 22:26 | | | « Allons doucereuse enfant, respirez donc et relevez des mires, nous sommes dans un cadre informel et vous ne craignez de faire aucunes fautes vous condamnant.»
Ça ne lui disait rien qui vaille. Elle savait bien que « doucereux » n'était pas vraiment un compliment. Astrid ne savait pas lire ni écrire mais sa vie de saltimbanque avant la Fange lui avait forgé une grande de connaissance de fables, de poèmes, de chants, ce qui expliquait qu'elle parlait toujours si bien et avait un vocabulaire plus que correct en particulier pour quelqu'un de son état. Elle prit néanmoins une grande inspiration et releva un peu les yeux, mais pas plus haut que la barbe mal taillée du comte. Il disait qu'elle n'avait rien à craindre mais ils disaient tous ça, jusqu'au moment où ils décidaient sans prévenir que ce n'était plus valable. Mais il avait tout de même eut un ton plus doux, alors peut-être. Peut-être qu'il se rendait compte qu'il lui faisait peur et que ce n'était pas ce qu'il voulait. Elle était perdue. Elle voulait qu'il parte et que rien de tout cela n'ait eu lieu.
« Mais par les Dieux, buvez, il serait malpoli de refuser ainsi un verre déjà remplit.»
Il avait repris le ton froid qui la mettait si mal à l'aise. Faire remarquer à quelqu'un qu'il était impoli était le summum de l'impolitesse mais le comte ne semblait pas s'en soucier. Il avait le droit d'être aussi vulgaire et familier qu'il l'aurait voulu avec Astrid de toute façon, l'important était le contraire : la réaction de la cartomancienne qui ne devait pas le décevoir. Elle n'avait ni soif ni envie de boire, et pourtant elle attrapa maladroitement la coupe de sa main droite.
-Merci de votre indulgence Monseygneur, murmura-t-elle doucement sans trop savoir si elle aurait plutôt dû le remercier pour le vin, ou pour encore autre chose dont elle n'avait pas idée.
C'était la grande force des nobles, ils finissaient toujours par vous rendre reconnaissant pour tout et n'importe quoi tant leur influence semblait leur permettre les plus grandes extravagances en bien comme en mal. Il valait mieux toujours de trouver du bon côté. Mais la cartomancienne trempa à peine les lèvres dans le liquide, elle le goûta seulement, et reposa le verre. Il fallait qu'elle se garde les idées claires. Comment le comte faisait-il pour boire si vite ? Pour lui le vin semblait être de l'eau, et il se resservit avec aplomb un deuxième verre. La cartomancienne ne regarda pas de quelle manière il l'entama tout de suite, elle avait d'autres préoccupations.
« Une question à la fois. Bien. Mais avant, il me faudra vous avertir. Qu'importe vos futurs révélations, ceux qui sera dit en cette chambre, restera en cette chambre. Je serai fort peiné d'apprendre par la rumeur, que mes interrogations nocturne se voient ébruités dans les ruelles de la cité. Si l'on vous questionne sur ma présence, comptez donc fadaiserie commune de votre choix sur les préférences lubriques d'un vieil homme. Il me sera bien plus préférable de savoir que l'on parle de moi dans votre lit que devant vos cartes.»
Astrid n'avait jamais eu pour habitude de trahir le secret qui entourait ses prédictions. La peur que lui infligeait Monseygneur Mederich lui empêchait même s'imaginer simplement cette idée. Elle n'avait pas spécialement envie de devoir prétendre avoir partagé son lit avec lui, parce qu'il était fort laid il fallait être honnête, mais le sous-entendu était si clair que c'était comme s'il venait de la menacer. Astrid n'avait même pas envie de savoir ce qu'il envisageait exactement si la prédiction qu'elle lui destinait venait à se savoir. Elle risquerait d'avoir si peur qu'elle n'oserait rien lui prédire du tout. Et si elle avait dit non ? Si elle avait prétendu ne pas pouvoir le satisfaire ? Peut-être qu'il serait parti. Ou alors il l'aurait faite frapper pour lui avoir menti, et elle préférait encore ne pas le savoir non plus.
-Bien sûr Monseygneur. Elle gardait une main sur le verre, l'autre sur les cartes, et ses yeux sur la barbe du comte avec autant d'attention que s'il s'était agi de ses yeux. Elle le vit boire et elle ne l'imita pas.
« J'ai pour projet de rendre hommage à la déesse Rikni lors de la Nuit des Serpents qui se tiendra bientôt. Mes hommes et moi partirons à la chasse au Fangards une fois la nuit tombé. Une entreprise dangereuse s'il en est, mais qui fera reluire le blasons des gens de Corburg à la cour du Duc tout en honorant la déesse. Ma question est donc la suivante, notre entreprise trouvera t'elle succès ? »
Elle hocha la tête en guise de réponse, avant de se rappeler que ce n'était pas poli. S'excuser ? Répondre à nouveau de manière plus convenable ? Si ça continuait ainsi, elle allait finir par mourir étouffée à force de retenir sa respiration dans les moments les plus gênants. Enfin, la question n'était pas trop difficile, elle devrait bien trouver une réponse satisfaisante. La cartomancienne repoussa doucement le verre encore bien plein : le tirage lui donnait au moins l'occasion de ne rien boire. Elle prit entre ses doigts son paquet de cartes et commença à le mélanger avec application. Le mélange était une étape cruciale. Johanne lui expliquait souvent, à l'époque où elle la formait, que c'était le moment où la cartomancienne communiait le plus avec son outil et que la véracité de la prédiction en dépendait entièrement. Astrid aurait voulu mélanger ses cartes longtemps encore, pour être sûre. Mais elle craignait par dessus tout que le comte s'impatiente et ne lui fasse des reproches. Elle n'avait aucune envie de devoir supporter une seule parole désobligeante, parce qu'elle savait que le moindre mot négatif l'angoisserait profondément venant de lui. Le silence était gênant, il n'y avait que le bruit des cartes qui se frottaient alors qu'elle les bougeait entre ses doigts. Pourquoi diable personne n'avait pu lui apprendre la poterie ou le tissage ? Elle ne serait pas là à boire du vin sans en avoir envie et à tripoter des cartes prétendument à moitié hérétiques pour un comte aussi désagréable qu'effrayant. Au bout d'un moment, quand la demoiselle ne supporta plus la situation, elle tira quatre cartes et les posa face retournée contre la table. Elle délaissa le paquet, qui se retrouva à sa gauche et auquel elle ne lança plus un regard pour le moment. La prostituée retourna les cartes une à une, prenant toujours le temps de bien observer le dessin qui ornait chacune d'elle pour en retrouver la signification. C'était un jeu de cartes magnifique, unique, les dessins étaient des œuvres d'art. Astrid l'avait hérité de Johanne, c'était son bien le plus précieux et il impressionnait toujours beaucoup ses clients. Le comte en ferait-il partie ? Ou l'art lui même ne pourrait l'émouvoir ? La première carte représentait la mort, avec un homme en capuche noire armé d'une faux, symbole classique. Mais la mort d'un homme uniquement, pas celle d'un animal ni d'un Fangeux. Astrid en avait d'autres pour ça. Bon. La chasse semblait déconseillée. Que diraient les autres ? La deuxième compliquait déjà le sens. On y voyait un beau chevalier en armure qui se tenait droit, et qui représentait aussi bien la justice que l'honneur. La suivante était la carte des dieux, ou de la vertu en fonction des cas. La dernière carte était toute blanche, mais traversée par une simple ligne noire parfaitement droite. Voilà qui signifiait à la cartomancienne que la prédiction était inflexible et se réaliserait coûte que coûte. Elle releva un peu les yeux. Habituellement elle aurait cherché à croiser le regard de son client mais là, elle préférait l'éviter. Il était trop... Froid ? Astrid savait qu'il méprisait son art, elle avait le sentiment de se ridiculiser devant lui alors qu'il ne croirait pas un mot de ce qu'elle allait lui raconter. Mais tant pis, c'était trop tard. Et il attendait sans doute qu'elle lui révèle ce qu'elle voyait dans ses cartes.
-Eh bien, vous honorerez les dieux effectivement, mais quelqu'un y trouvera la mort. Je veux dire... L'un d'entre vous.
Il valait mieux préciser, parce que sinon il se moquerait bien d'elle ! Évidemment des Fangeux mourraient, mais ce n'était pas ce dont parlaient les cartes.
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| | | Mederich de CorburgComte
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Mar 19 Sep 2017 - 13:44 | | |
« L'un d'entre nous, trouvera donc la mort.» Siffla machinalement le comte à l'annonce de la cartomancienne. S'étant resservit une troisième coupelle de ce vin liquoreux si outrageusement chargé en tanins qu'il en attaquait directement les chicots. La douleur qui lui tiraillait la bouche attendrait, le Vieux Rab étant bien trop absorbé par la situation pour s'en soucier. Il était resté tout du long impassible, son visage plus fermé qu'une crypte un jour de pluie. Mais en Mederich se jouait aussi un duel qu'il ne savait expliquer. Tout du long du procédé de la thaumaturge, il avait retenu son souffle, comme si la moindre brise avait une chance d'attirer le courroux des Dieux. Jamais au grand jamais il n'aurait imaginé brise le rituel, loin de lui aussi l'idée simple que de poser une main sur ses cartes chargés d'occultisme. Leurs finissions étaient d'ailleurs d'une qualité irréprochable, allant jusqu'à le faire ce questionner sur le comment et le pourquoi, une prostituée auguriste du Labourg pouvait en posséder de tels.
Ce n'était pas la première fois qu'il assistait à un tirage de carte, mais la première fois par contre que celles ci étaient tirées pour sa personne. Le magister de son père pratiqué un art similaire, utilisant une série de runes ésotériques gravées sur des plaquettes de bois. Du Chêne des marais, se souvint t'il enfantinement. Il abhorrait ces dernières, un jour le vieux sorcier l'avait corrigé avec sévérité pour avoir toucher la bourse contenant les runes et son père, n'avait pas émis la moindre objection. Peut être était cet événement qui avait creusé en Mederich un fossé avec les pratiques de son père sur le plan des choses de l'occulte. Ainsi, aujourd'hui, en cette soirée d'automne, il fut prit d'un frisson malsaint de l'échine quand la carte aux aspects de mort se dévoila à lui. Ses brousailleux sourcils s'arquèrent, les rides de son faciès se creusèrent et pour seul symbole de sa nervosité lantente, le comte vida d'une traite la verre qu'il venait de se servir. Noble guerrier, il n'avait jamais eut peur de mourir, mais c'était l'inconnu, le fait de ne pas connaitre l'heure de celle ci qui grisait cette vie au fil de l'épée. Sans autres mots, il enchaîna à la question suivante.
« Ainsi la déesse sera honorée. Intéressante situation qui ravirait mon âme de vieux corbeau, croyez moi jeune Astrid. Louée soit t'elle.» Signant du symbole de Rikni, il continua, les yeux dans le vide. « Suis-je celui qui trouvera sa fin dans les bois au jour de la Nuit des Serpents ? » Le comte ne regardait plus la jeune femme, se resservant une coupelle.
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| | | Astrid la DouceCartomancienne
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Mar 19 Sep 2017 - 20:35 | | | « L'un d'entre nous, trouvera donc la mort.»
Il y avait des petits mots qui pouvaient tout changer dans une phrase. Là par exemple, la présence du petit « donc » laissait croire qu'il s'agissait d'une conséquence logique acceptée par son émetteur. Astrid trouvait le comte bien sombre, et ce qu'il venait de dire ressemblait vraiment à une sentence. S'il venait de condamner quelqu'un à mort il n'aurait peut-être pas dit quelque chose de si différent. La cartomancienne ne l'avait pas particulièrement observé, ses cartes constituaient un refuge bien pratique pour éviter tout contact visuel, mais elle n'avait rien « senti ». Apparemment Monseygneur Mederich n'était pas du genre démonstratif : pas de mouvement de cuisse impatient, pas de doigts tapotant la table, pas de soupir à l'annonce de la prédiction... Cet homme avait-il un cœur enfoui quelque part ? Astrid le vit lever une nouvelle fois sa coupe. Au bout de combien serait-il ivre ? Elle avait bien vu qu'il n'avait pas été enchanté tout à fait par la qualité de la boisson mais visiblement ce n'était pas un frein suffisant à la consommation. Elle n'oserait cependant jamais lui en faire la remarque. La seule chose qu'elle craignait était que le vin ne finisse par le rendre encore moins aimable, voire violent comme ça arrivait parfois à certains. La pauvre demoiselle n'aurait pas vraiment de moyen de défense : ses capacités martiales frôlaient le néant et elle n'aurait jamais la légitimité de lever la main sur un comte de toute façon. L'idée de subir sa colère sans rien pouvoir y faire lui glaçait le sang par avance, et au final ce fut elle qui commença à s'agiter en silence, encore un peu plus anxieuse. Elle jeta un regard en direction de la porte, comme si elle cherchait à s'enfuir par là ou comme si elle attendait que quelqu'un entre soudainement : comme si son salut viendrait de toute façon de cette direction. Mais personne ne vint cette fois, et le comte but encore.
« Ainsi la déesse sera honorée. Intéressante situation qui ravirait mon âme de vieux corbeau, croyez moi jeune Astrid. Louée soit t'elle.»
Pourquoi prendre la peine de préciser qu'il sera heureux que la déesse soit honorée ? Astrid avait bien une idée. Il devait tenir sa piété en faible estime et s'imaginer qu'elle ne croyait pas ou pas assez. Il lui indiquait probablement par là son mépris sans en avoir trop l'air. Ou alors, comme beaucoup de clients, le comte ne parvenait pas à se persuader tout à fait qu'il agissait convenablement. S'il disait à voix haute à une prostituée qu'il serait ravi de contenter Rikni, c'était peut-être parce qu'il craignait qu'elle le trouve impie. Ou parce qu'il pensait l'être en venant la trouver pour connaître l'avenir. Une forme d'auto-persuasion en somme, et il fit même le signe de la déesse.
« Suis-je celui qui trouvera sa fin dans les bois au jour de la Nuit des Serpents ? »
Il ne la regardait pas, elle le savait. Elle ne se sentait plus observée comme elle avait pu l'être, et il fallait avouer qu'elle savoura pendant quelques secondes le soulagement qu'elle ressentait. Il y eut un court instant où elle sentit comme un poids quitter son dos, elle releva les yeux un peu plus haut qu'avant et... Les redescendit dés qu'il devint évident qu'elle allait croiser ceux du comte. Au travail. La prostituée ramassa d'un geste empreint d'habitude les cartes qui traînaient sur la table et recommença à les mélanger avec soin. Combien de questions allait-il poser ? Autant qu'il le voudrait, c'était une évidence. Mais jusqu'où irait sa curiosité... Elle recommença exactement le même rituel, toujours avec quatre cartes. Elle les retourna une à une, observa leurs dessins et donna ensuite sa conclusion. C'était d'une simplicité sans nom pour elle, il fallait dire qu'elle avait bien plus de dix ans d'expérience dans ce domaine.
-Non. Ce sera un guerrier, dit-elle en indiquant la première carte qui représentait effectivement des armes. Il est jeune, ses doigts passèrent sur la carte juste à côté où on pouvait voir un visage enfantin aux grosses joues, et en pleine santé, continua-t-elle en suivant toujours la même logique : indiquer chaque carte au moment où elle apparaissait dans l'explication. Apparemment ce sera un accident, mais vous ne pourrez pas l'éviter si vous partez à la chasse.
Elle repensa à la ligne noire. Elle se demandait si le comte partirait chasser. Y aller ce serait sacrifier un homme. Mais puisqu'il était assuré d'y survivre, ferait-il ce sacrifice ? Comment considérait-il ses hommes ? Y aller, ce serait aussi une manière de vérifier ses dires. Si l'homme indiqué mourait vraiment, Astrid savait qu'elle reverrait son noble interlocuteur un jour. Les yeux d'Astrid glissèrent à nouveau vers la porte. Elle aurait bien voulu se tirer les cartes pour savoir quand ce calvaire prendrait fin. Mais au lieu de ça, elle saisit du bout des doigts sa coupe encore presque remplie et fit l'effort d'en boire une petite gorgée. La cartomancienne craignait trop de s'attirer le courroux du vieil homme.
-Avez-vous d'autres questions, Monseygneur ?
Elle risqua un regard jusqu'à son visage. Ses beaux yeux bleus qui lui avalaient tant de compliments remontèrent, dépassèrent la hauteur de la barbe du comte, et se plongèrent dans les siens. Elle essayait de se donner une contenance, mais craignait au fond que le comte confonde cette tentative avec une assurance insolente...
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| | | Mederich de CorburgComte
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Sam 23 Sep 2017 - 14:24 | | |
Un volet claqua violemment à l'extérieur, rabattu par une bourrasque farouche. Le comte avait laissé le silence s'installer à nouveau après la dernière révélation de la cartomancienne. Il ne pouvait l'avouer, mais les paroles de la Douce retirèrent un lourd poids de ses épaules. Comme tout homme, il ne souhaitait pas mourir, considérant que son chemin ne pouvait s'arrêter ainsi, brutalement. Pourtant le Vieux Rab avait déjà bien vécut, plus que bons nombres de gens venus des champs et qui rejoignaient leurs dernières demeures avant l'aube de leurs quarantièmes hivers. C'était donc un sentiment profond de soulagement qui l'empoignait, un gage d'invulnérabilité que lui offrait la jeune augure. Rien sur son visage glacial ne laissait transparaître cela tant le comte se sentait tiraillé entre ses croyances profondes et la possibilité que les desseins des dieux puissent être deviné à l'avance. Malgré tout, Mederich était apaisé. « Triste sort qui attend donc un des nôtres. Mais la déesse possède ses propres raisons que les hommes se doivent de respecter.» Commenta t'il enfin rhétoriquement. Tenant d'une main la coupelle, son geste semblait figé. Une pensée fugace s'envola en direction de ses hommes. Il connaissait chacun des survivants de son fief et dans leur rang, bien peu de jeunot. Un dénommé Reinart porté la place de cadet. C'était un simple d'esprit. S'il n'était pas originaire d'une noble lignée, son existence se serait résumé à celle d'un casseur de noix, caché au yeux du monde dans un cagibi lui servant de lieu de couche. Mais il en fût autrement, on lui avait enseigné l'art de la lame et il avait fait preuve d'une persévérance insoupçonné. Cet homme ne saurait jamais lire ni écrire, mais son bras se révélait sûr une fois que l'heure de trancher des membres était arrivé. Pourtant, l'annonce de sa prochaine disparition ne fit pas ciller le comte d'un sourcil, au contraire. Il placerait une attention toute particulière à son sort, emprunt de curiosité malsaine. Si le récit de la jeune femme se révélait exacte, le comte se jura intérieurement de placer plus grande foi dans les dires des thaumaturges et particulièrement, dans ceux celle qui se tenait à ses cotés. Mederich avala une nouvelle lampée de son vin ayant finit de décanter. Son regard capta celui de son hôte, ses yeux vitreux la dévisageant à nouveau. Béni beautée que celle de la jeunesse, songea le comte. Bien qu'il ne fût jamais lui même très agréable à regarder.
« Il me reste une dernière interrogation à satisfaire jeune fille. Une question qui ne serait se poser en dehors de cette chambret, car en découlerait avec elle, des conséquences bien trop lourde à supporter. » Mederich fit une nouvelle pause, assez longue pour vider d'un trait son verre. Une flamme mauvaise naissant dans ses lucarnes ridées. « Verrais-je de mon vivant la fin de l'hégémonie des Sylvrur dans ce qu'il reste du Royaume de Langre ? » Une question qui dans de mal intentionné esgourde pourrait le conduire à la Fange ou à la potence.
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| | | Astrid la DouceCartomancienne
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Sam 23 Sep 2017 - 20:50 | | | « Triste sort qui attend donc un des nôtres. Mais la déesse possède ses propres raisons que les hommes se doivent de respecter.»
Alors le comte était ce genre d'hommes. Astrid avait l'habitude de placer ses clients dans deux catégories : ceux qui se pliaient aveuglément à la volonté divine exprimée par le tirage et ceux qui comptaient tout faire pour l'éviter. Monseygneur Mederich n'était peut-être pas convaincu, ça arrivait souvent, mais il ne semblait pas assez inquiet par la mort d'un des siens pour décaler ou annuler sa chasse. Puisque Rikni sera honorée, pourquoi changer de plan ? Astrid comprenait, mais cette version de la piété ne lui plaisait guère. Pourquoi ne demandait-il pas s'il pouvait changer la date ? Elle ne dit rien. Elle n'était pas là pour s'attirer des ennuis. Mais le comte, au fur et à mesure de la "discussion", lui apparaissait de plus en plus comme un être froid et cruel. Elle connaissait Viktor et Hector, elle savait que tous les nobles n'étaient pas ainsi, mais pour ceux qui ne connaissaient que Monseygneur de Corburg ils devaient avoir une bien triste image. Au moins il n'avait rien dit quand elle avait osé le regarder dans les yeux. Y avait-il seulement fait attention ? Astrid n'en savait rien. Elle n'osait pas prolonger le contact visuel trop longtemps. Vivement qu'il s'en aille, lui et ses hommes en armure ! Le comte but encore, et finit alors par plonger des yeux vitreux dans ceux de la demoiselle. Ce fut ce qui lui fit tourner la tête vers la droite pour éviter de devoir soutenir ce regard qu'elle sentait inquisiteur.
« Il me reste une dernière interrogation à satisfaire jeune fille. Une question qui ne serait se poser en dehors de cette chambret, car en découlerait avec elle, des conséquences bien trop lourde à supporter. »
Astrid avait l'habitude. Si elle ne tenait pas tant au secret professionnel, et si ça n'avait pas envoyé un mauvais signal au comte, elle aurait pu parler de ces gens qui venaient lui demander si leur meurtre serait un jour découvert. Si leur vol leur vaudrait la potence. Aucun milicien n'avait encore pris conscience de la mine d'informations qu'elle pouvait représenter pour eux, et de toute façon elle feindrait toujours de ne rien savoir. Sauf peut-être sous la torture. Mais sans preuve, ils n'iraient jamais jusque là n'est-ce pas ? Elle hocha la tête. Il n'y avait rien d'autre à faire que se taire et acquiescer en silence, le noble guerrier poserait sa question de toute façon. Il n'avait fait qu'énoncer ses conditions et les consignes du tirage. Quand il jugea la pause assez longue, ou l'approbation de la cartomancienne assea appuyé, il reprit avec la même voix neutre que plutôt. Celle qui intriguait et effrayait Astrid tant elle semblait prouver que son interlocuteur n'avait ni coeur ni sentiments.
« Verrais-je de mon vivant la fin de l'hégémonie des Sylvrur dans ce qu'il reste du Royaume de Langre ? »
Comment pouvait-il penser à ça? Tout le monde ne pensait plus qu'à la Fange, sauf les nobles apparemment. Tant qu'ils pourraient vivre bien à l'abris de leurs murs sur l'Esplanade, ils se sentiraient dans doute en sécurité! Mais Astrid comprenait bien tout ce que cette question pouvait coûter au comte si on venait à apprendre qu'il l'avait posée. Elle n'était pas concernée par quoi que ce soit de politique, mais elle avait écumé assez de lits nobles pour comprendre de nombreuses choses et de nombreux enjeux. Elle avait tout à fait conscience de ce que soulevait cette interrogation. Monseygneur Mederich pourrait être reconnu coupable de complot, de tentative de conspiration, de traîtrise ou de quelque chose comme ça. En tout cas il pourrait s'attirer les foudres de personnes mieux placées que lui sur l'échiquier et il serait difficile de s'en sortir indemne. La prostituée ne dit rien et recommença son manège. Mélange. Tirage. Elle retourna doucement les cartes une par une, encore une fois, espérant que la réponse serait aussi claire que les deux précédentes. Ce tirage était important, hors de question que les cartes n'aient aucun sens ! La première carte retournée fut encore celle de la mort. Astrid avait toujours détesté cette carte. La tirer une fois était mauvais signe mais alors deux fois sur trois questions ! Et n première position ! Elle lança un regard effrayé en direction du comte. Elle n'avait aucune envie de continuer. Visiblement il n'était pas chanceux - et elle ne parlait pas de son physique. Mais c'était sans doute la question posée, les questions posées, qui appelaient ces réponses si funestes. N'est-ce pas ? La deuxième carte représentait un magnifique château en pierre, entouré des symboles des quatre saisons. La pérennité. Celle des Sylvrur, sans aucun doute. Voilà quelque chose de bien moins négatif mais qui ne plairait sans doute pas à son client du jour. Comment le lui annoncer ? Elle serait franche. Après tout ce n'était pas elle qui choisissait. Elle retourna la troisième carte. On pouvait y voir un escalier en parfait état au début mais dont les marches s'effritaient au fur et à mesure, jusqu'à disparaître avant la fin de la carte. Une des nombreuses cartes du début de la décadence ou du chemin vers la mort. Les choses prenaient une tournure difficile à interpréter et ça ne lui plaisait pas trop. Mais elle avait de l'expérience, et contrairement à la peur qui l'avait tenue en voyant encore la carte de la mort elle ne laissa cette fois rien paraître. Elle trouverait quoi dire, elle avait l'habitude. Et il restait une carte. La brume. L'indécision. Une jolie forêt dont le chemin disparaissait à moitié dans l'ombre et à moitié dans le brouillard. La cartomancienne prit une grande inspiration qui fit presque le bruit d'un soupir. Elle regarda ses cartes quelques secondes en silence avant de dire quelque chose.
- Non. Vous mourrez en voyant cette famille pérenne. Mais apparemment il est possible que vous enclenchiez tout de même un mouvement qui provoquera leur chute à l'avenir. Mais si cela fonctionne, vous ne le verrez pas.
Elle avait bien insisté sur le possible parce que la brume ne mentait pas : ce n'était absolument la certain ni nécessaire. La carte s'opposait parfaitement à celle de la ligne noire inflexible. Astrid se demanda s'il avait des enfants susceptibles de voir cette suite mais elle ne posa la question. Elle n'en avait pas le droit. Au lieu de ça elle sursauta en entendant un énorme bruit provenant du couloir. Reculant brusquement autant qu'elle le put, elle donna par inadvertance un coup dans la table qui bougea et fit tomber son verre encore bien rempli. Il se renversa et le vin se répandit sur la table à toute vitesse. Mais la cartomancienne ne s'en inquièta pas. Le bruit avait été trop fort pour être anodin. Quelqu'un avait-il été frappé dans le couloir ? Ou était-ce autre chose ? Quelqu'un qui tomberait en faisant un malaise ?
- Qu'est-ce que c'était? ! Demanda-t-elle sans même essayer de cacher la panique qui l'étreignait.
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| | | Mederich de CorburgComte
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Mer 27 Sep 2017 - 0:04 | | |
Ce fût le premier. Le premier des tirages qu'il scruta avec attention. Ses yeux de verres détaillèrent chacune des cartes, leurs traits et leurs réalisations, leurs dessins et leurs contours. Un trésor sans aucuns doutes pour la jeune femme, un outil de travail qui perdurerait bien après que sa beauté ne se soit fanée sous la roue du temps. Un outil prompt à dispenser malheur et bonheur aux gens désireux de trouver des réponses à leurs plus intimes questions. Mederich frissonna l'espace d'un instant, l'esprit toujours flanchant entre sa profonde piété et l'acte qu'il commettait en ce jour. Le comte sentait se trahir lui même et pourtant, une voix intérieur, profonde et enfoui, lui criait qu'il était dans son bon droit. Peut être était ce la, la sonnante de son paternel trépassé, un pan entier de son héritage habitué à côtoyer l'occulte et à s'en servir à outrance. Tant de questions, si peut de réponses.
Et pourtant. La Douce avait abattu son couperet de franchise, déclarant mauvaises augures sans ciller. Les cartes avaient parlé. Ou peut être cherche t'elle à m'effrayer ? Se questionna fugacement le comte avant de se raviser. Il ne possédait pas le pouvoir nécessaire à ébranler le Duc en place à Marbrume et aurait put de lui même affirmer qu'il trépasserait avant d’entrapercevoir la lumière au bout du tunnel. Point encore du moins.
« Que cela reste une possibilité pour mes descendants, me convient avec suffisance.» Une réponse rhétorique à nouveau et surtout, un mensonge. Mederich ne possédait pas de fils, pas de fille et aucuns bâtards qu'il ne connusse réellement. Cela aussi pouvait encore changer, mais il en doutait fort. Ainsi la dernière révélation de la voyante ne l'ébranla que peu bien qu'il se surprit à imaginer déjà moult scénario futur. J'irai visiter la couche de ma gueuse, se promit t'il avant de vider sa coupelle et de se resservir enfin.
Mederich s'apprêta alors à se séparer de la thaumaturge. Il poussa la bourse se trouvant toujours sur la table. Celle ci contenait l'équivalent d'un mois de salaire, prêt de quarante pistole, une somme imposante, mais qu'il considérait comme nécessaire pour ne point froisser les dieux. S'apprêtant à prendre congé d'une tirade, un bruit sourd résonna au dehors et le vin d'une coupe pleine s'étala sur la table, goutteletant sur ses jambières.
« Foutr...» Le chevalier gardien pénétra dans la pièce en grand fracas, épée au clair, taché de vermeille. Il avait la mine sévère des sombres jours. « Monseygneur, de la racaille enhardi au dehors. Urson, Lothar, morts. Sigmund, Corfan et Morsh ferraillent toujours et tentent de barricader la porte. » « Combien ? » Grogna le comte. « Une douzaine, peut être plus à venir.»
Dans le couloir gisait le corps étalé d'un homme, on ne distinguait que ses bottes faites d'un cuir rapiécé. Mederich pesta moult juron et se releva lourdement. Tirant son épée, il ne lança point de regards en arrière mais s'adressait bien à la cartomancienne.
« Il semblerait que notre entretient soit voit écourter par le destin jeune femme. L'auriez vous auguré à tout hasard sans m'en faire part? » Un sourire sardonique naquit sur ses lèvres parcheminés. « Rangez votre bourse et n'ayez crainte, nous veillerons sur vous.» Mon épouse devra attendre.
Dernière édition par Mederich de Corburg le Sam 30 Sep 2017 - 13:29, édité 1 fois |
| | | Astrid la DouceCartomancienne
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Mer 27 Sep 2017 - 23:07 | | | « Foutr...»
Même la crainte du comte ne parvint pas à détourner Astrid du bruit qu'elle avait entendu. Elle aurait pourtant eu raison de s'inquiéter : il ne lui disait rien qui vaille et l'énerver ou simplement l'agacer pourrait sans doute être particulièrement regrettable. Elle avait fait bien attention à se comporter du mieux possible, à parler du mieux qu'elle le pouvait, dans l'espoir presque vain qu'il ait un signe de sympathie envers elle. Rien. C'était à peine s'il semblait consentir à son existence. Un homme armé rentra dans la chambre, la demoiselle se crispa instantanément. C'était dingue, le pouvoir d'une armure ! Ou alors c'était le bruit. Ou alors, c'était le sang qui gouttait le long de son épée. Astrid devint livide. Elle n'était pas une femme violente et même si elle possédait une dague elle ne savait pas et ne voulait pas se battre. Voir du sang la mettait mal à l'aise, elle se souvenait d'ailleurs qu'elle avait failli tourner de l'oeil quand elle avait dû recoudre le bras de Viktor.
« Monseygneur, de la racaille enhardi au dehors. Urson, Lothar, Nervo, morts. Sigmund, Corfan et Morsh ferraillent toujours et tentent de barricader la porte. »
Quoi ? Astrid se demandait la raison de toute cette agitation. Le comte avait si mauvaise réputation auprès du peuple que les pauvres gens venaient l'attaquer quand il descendait ici ? Au point de... Tuer certains de ses hommes ? Qu'allait-il lui arriver, à elle, pauvre fille, s'ils se rendaient compte qu'il était venu la voir ? … Ou plutôt « quand » il s'en rendraient compte. Ils allaient bien finir par le savoir.
« Combien ? »
La voix de Monseygneur Mederich ressemblait plus à un genre d’aboiement qu'à autre chose. Il devait être terrifiant quand il s'énervait, songeait la cartomancienne. Ou peut-être qu'être calme, froid, même dans les pires circonstances, était encore plus effrayant que l'énervement visible et la colère furieuse. Elle n'avait pas envie de l'énerver pour vérifier ses hypothèses.
« Une douzaine, peut être plus à venir.»
Le comte se releva et ça semblait être une véritable annonce de fin du monde. Il tira son épée, Astrid avait envie de fuir le plus loin possible de la lame. Elle peinait pour rester immobile, et pour ne pas se ridiculiser en montrant sa trop grande sensibilité à ce genre de choses. Elle entendit à peine tous les jurons lâchés par Monseygneur Mederich, comme s'ils venaient de loin.
« Il semblerait que notre entretient soit voit écourter par le destin jeune femme. L'auriez vous auguré à tout hasard sans m'en faire part? »
Elle n'osa pas répondre, ça ne pouvait pas être une vraie question. Même dans son état d'alerte elle remarquait encore quand on se moquait d'elle. Elle aurait pu répondre qu'elle ne se tirait pas les cartes à elle-même mais ça aurait été mentir. Astrid ne trouvait pas judicieux de mentir à un comte alors que ça ne changerait rien à sa vie. Autant se taire.
« Rangez votre bourse et n'ayez crainte, nous veillerons sur vous.»
Mensonge. Il ne venait pas d'elle mais de lui ! Il ne la défendrait de rien ! Une pauvre prostituée avec ses cartes impies, quel respect pouvait-elle attendre de lui ? Il serait trop heureux qu'elle meure et emporte avec elle son secret, elle en était persuadée. Ses doigts serrèrent doucement la bourse sans en vérifier le contenu et elle partit la cacher quelque part. Sous son lit. Elle ne la rangeait jamais là d'habitude mais il ne lui semblait pas opportun de ranger véritablement son argent sous les yeux de personnes en qui elle n'avait aucune confiance. La cartomancienne saisit sa dague, dont elle ne savait pas se servir. Elle était terrifiée. Ce fut d'ailleurs à ce moment qu'elle remarqua les bottes d'un homme qui dépassaient de l'encadrement de la porte. Un homme au sol. Un homme... Mort ? Il y avait un homme probablement mort juste devant sa porte et elle devait rester calme ? Impossible. Ses mains tremblaient en tenant le manche de son arme de manière tout à fait ridicule. Elle sentait son cœur et sa respiration s'emballer tout à la fois. C'était un peu comme si elle songeait qu'elle allait mourir, alors que ce n'était pas encore l'heure.
-Qu'est-ce qu'ils veulent ? Sa voix tremblait autant que ses bras. Elle lisait l'avenir, pas le présent.
Elle approcha de la porte, comme si elle allait leur poser directement la question. Elle aperçut le cadavre. Ses mains lâchèrent brusquement l'arme, sans qu'elle parvienne à resserrer les doigts pour éviter ça. Elle avait beau réfléchir, elle n'avait jamais vu de cadavre avant. Des blessures oui. Des hommes morts non. Du sang se répandait autour de lui. La demoiselle devenait aussi pâle que s'il lui arrivait la même chose. Elle s'appuya contre le mur. Si le comte voulait lui trouver des faiblesses, il avait de la chance : elle en faisait toute une démonstration. Elle n'y pouvait rien. Elle n'était pas un soldat, pas un milicien, pas un garde, pas un chevalier. Elle n'avait rien d'une guerrière. Quelques larmes coulèrent en silence sur ses joues sans même qu'elle y fasse trop attention, alors qu'elle faisait quelques pas chancelants pour retourner vers l'intérieur de sa chambre. Le paysage tanguait, elle ne se sentait pas très bien. Le comte lui paraissait soudainement... Flou. Manque d'oxygène dû à sa respiration haletante, conséquence de son angoisse ? Ou choc de la vue du cadavre, du sang partout sur le sol, et sur l'épée du chevalier ? Astrid était à deux doigts de s'effondrer. Son lit lui semblait trop loin pour qu'elle l'atteigne un jour. Son regard perdu était un appel à l'aide, mais si elle avait eu un peu plus de lucidité elle n'aurait pas attendu de secours de la part du comte.
-Je... Vais... M'asseoir. Dit-elle d'une voix étranglée.
Et le trou noir.
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| | | Mederich de CorburgComte
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Sam 30 Sep 2017 - 13:50 | | |
Milles questions lui vinrent à l'esprit. Mederich analysa rapidement la situation. L'auberge du Lion d'Or ne disposait que d'une seule entrée, du moins visiblement. Nombreux étaient les bouges à disposer d'un sous terrain menant à la cave et donnant sur les égouts de la ville, mais il doutait fortement que les malandrins prennent le risque d'y pénétrer tant les dangers y étaient nombreux. Les fenêtres en verre de bouteille étaient suffisamment large mais point suffisamment nombreuses pour représenter un véritable chemin d'accès. Les truands devraient donc forcer le passage par les portes et c'étaient la un bon point, ils pourraient les contenir et cela même en plus faibles nombres. On pouvait entendre des cris dans la venelle, sans aucuns doutes ceux de la racailles entrain de s'organiser. Au rez de chaussé, les combats avaient prit fin et les survivants de sa suite s'affairaient déjà frénétiquement, bougeant meubles et tables afin de se préparer.
Mederich en avait presque oublié la Douce, mais elle se rappela vite à son jugé. La jeune femme s’affairait en tout sens, on pouvait clairement lire la peur sur ses traits et elle rappela au comte, une souris cherchant à fuir les griffes d'une meute de chat en maraude. Dans ses mains se trouvaient à nouveau la dague qu'elle avait brandit à son arrivé dans la pièce. Courageuse, se dit Mederich. Sans mots, il suivit son manège tandis qu'elle s'approchait de la porte pour observer le manant qui gisait mort au devant dans une flaque de sang. Quand elle revint dans sa direction, son visage était devenu livide et il y distingua les sillons des perles aqueuses qui avaient coulé de ses yeux. S'apprêtant à la questionner, car peut être avait t'elle reconnut le cadavre, il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, que Astrid s’étalait de tout son long sur le parquet massif.
« Mordiable...» Soupira t'il d'un air las. Comment pouvait t'elle survivre en ces lieux si la vue du sang lui brouillait ainsi l'esprit ? Une question auquel il ne trouva point réponse. Le Chevalier Nervo, garde de la porte, reprit position dans la pièce et leva un sourcil, surprit. Il semblait interroger le comte du regard quand à la situation. « Ne me toise donc pas ainsi, la ribaude est tombée toute seule. Ou est le tavernier ? » grommela le comte, épée toujours brandit. S'ébrouant, le chevalier reprit son faciès de marbre. « Il est dans la cave, priant les Dieux en enlaçant ses bouteilles.» « Qui sont ses hommes ? » « Simple truandaille boursemolle Monseygneur, ils ont tués les chevaliers à l'entrée par surprise , mais nous les tenons maintenant en respect. Trois se terrent dans le bâtiment à coté et possèdent des arbalestres. Si nous restons loins des ouvertures, ils ne serviront à rien.» « Bien, nous allons leurs faire passer le goût de l'or par celui de l'acier Nervo. Le bâtiment est t'il raccordé à la rue d'en face ? » « Je...Je ne serai dire Monseygneur, voila bien première fois que je m'arrête en ces lieux.» Mederich hocha sombrement de la caboche avant de reprendre. « Rejoins les autres, poussez les armoires contre les lucarnes et restez prêt de la porte. S'ils tentent une percée, tranchez membres à vue.» Le chevalier ne se fit pas prier et partit en vitesse, dévalant l'escalier.
Le Vieux Rab s'approcha alors de la jeune femme toujours étendue. Jurant à de nombreuses reprises, il la retourna délicatement - du moins aussi délicatement que possible. « Réveillez vous jeune femme. » L'harangua t'il fortement. Point de réponse. Soupir. Mederich commença alors à lui assener de délicate petite gifflade, jusqu'à que celle ci reprenne conscience. « Vous aurez tout le temps de vous reposer douce Astrid, mais nous avons besoin de vous maintenant. Ce bâtiment dispose t'il d'un raccord, avec les suivants ? D'une arche traversant la venelle ? Restez avec moi ! Répondez ! » Il ne lui laissa pas vraiment le temps de reprendre ses esprits et la colère perçait sa voix de rocaille, mais le temps pressait.
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| | | Astrid la DouceCartomancienne
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Sam 30 Sep 2017 - 14:55 | | | Quand elle ouvrit les yeux, tout d'abord elle ne vit rien. Ce ne fut qu'un bref soulèvement de paupières avant de retourner à l'obscurité. La lumière faisait mal, le monde tournait autour d'elle, sa tête lui paraissait avoir développé une conscience autonome qui s'amusait à la frapper de toutes ses forces. En vérité elle s'était écrasée au sol sans pouvoir mettre les mains en avant, et avoir mal n'était donc qu'une conséquence logique. Sentant qu'on lui frappait la joue elle dut néanmoins renoncer à son envie de disparaître et ouvrir à nouveau les yeux. Elle se serait bien passé du spectacle qui s'offrait à elle, à savoir un homme plutôt laid penché sur elle, et qui était visiblement à l'origine de la tape qu'elle avait sentie. Il n'avait pas l'air vraiment inquiet, d'après ce qu'elle arrivait à décrypter de ses traits dans son état encore engourdi et douloureux. Pourquoi les sols étaient-il en bois plutôt qu'en... Oreiller ?
« Vous aurez tout le temps de vous reposer douce Astrid, mais nous avons besoin de vous maintenant. Ce bâtiment dispose t'il d'un raccord, avec les suivants ? D'une arche traversant la venelle ? Restez avec moi ! Répondez ! »
Il parlait fort, il parlait trop vite. La cartomancienne avait fait ce qu'elle pouvait pour se concentrer sur la phrase mais la fin sonnait à ses oreilles comme une agression et ne lui tira qu'une espèce de gémissement, comme s'il venait de lui frapper la joue à nouveau. Ses yeux s'étaient refermés, à défaut de pouvoir fermer ses oreilles pour se protéger de la colère qu'elle avait sentie. Elle finit par passer une main sur son visage. Elle n'était pas sûre d'avoir bien compris la question, mais elle avait bien remarqué qu'elle ferait mieux de ne pas se taire trop longtemps. Astrid commença à hocher la tête mais elle se rendit vite compte que c'était l'idée la plus idiote qu'elle ait eu depuis au moins deux minutes.
-Oui, murmura-t-elle. Le mot résonna longtemps dans son crâne. Le...
Grenier. C'était de ça qu'elle voulait parler. Mireille, une des serveuses, lui avait fait visiter le grenier qui pouvait permettre de passer au bâtiment d'à côté. Elle avait eu besoin d'Astrid pour y monter de vieilles caisses vides sans y passer la journée. Ça ne changeait pas que le passage existait. Et qu'elle ferait mieux de terminer ce qu'elle avait commencé à dire avant que le Comte ne soit trop agacé et décide de l'assommer véritablement lui-même. Mais elle ne retrouvait pas le mot.
-A l'étage. Au dessus.
Elle devrait lui expliquer pour l'échelle, la trappe dans le couloir, la clef du minuscule cadenas gardée par le tavernier. Au lieu de ça, elle voulut se redresser en s'appuyant sur son coude. Son bras se mit à trembler quand elle fit sa tentative, et tout lui sembla tourner plus vite encore. Par réflexe elle serra ses doigts sur la première chose qu'elle eut sous la main : l'avant-bras de Monseygneur Mederich. Elle avait plus mal à cause de la chute qu'à cause de l'évanouissement en lui-même, et la présence d'un homme mort devant sa porte n'effleurait même plus son esprit. Elle devrait être contente d'avoir lâché sa dague sans se faire mal dans sa chute, déjà, mais elle n'y pensait pas non plus.
-Pourriez-vous m'aider..., s'il vous plaît ?
Elle parlait lentement et tout bas. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle voulait, mais au moins ne pas rester allongée par terre au milieu de sa chambre. Le Comte n'était pas si cruel, n'est-ce pas ? Il n'allait pas la laisser là pour fuir par l'autre bâtiment laissant des gens en colère attaquer l'auberge sans qu'Astrid ne sache même pourquoi ? Elle regrettait déjà de lui avoir posé cette question. Elle n'était pas en droit de lui demander quoi que ce soit dans des circonstances normales. Il n'avait pas l'air d'être spécialement compatissant non plus. Astrid allait sans doute devoir se faire à l'idée de ne pas recevoir d'aide, mais il restait tout de même une chance. Le Comte n'avait pas encore répondu. |
| | | Mederich de CorburgComte
| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] Lun 2 Oct 2017 - 15:35 | | |
Mederich semblait en tout point identique à un de ses limiers : grognant en continu à une fréquence basse, de la bave dégoulinant des commissures de ces lèvres, empestant avec force et le tout, devant un bout de viande fraîche. La jeune femme avait retrouvé la lumière, sortant des limbes après quelques - longues, trop longues, secondes d’évanouissement. Néanmoins avait t'elle répondu et voila tout ce qui comptait pour le comte. Une issue existait belle et bien dans ce bouge transformé en coupe-gorge provisoire. D'autres questions lui vinrent à l'esprit, à nouveau nombreuses, elles concernaient les raccords, les personnes se trouvant dans la bâtisse adjacente, leurs loyautés et leurs mœurs et aussi le taux de confiance accordable en ces gueux qui recevraient bientôt une visite surprise. Au rez de chaussé, des cris résonnèrent et une voix lourde s'éleva.
« Monseygneur ! Ils ont un bout-de-jonc ! »
La phrase du Chevalier Nervo fût ponctué par un «boum» brut, sonore. Au dehors, les malandrins frappaient la porte avec un bélier improvisé, un madrier de bois rustique, cerclé de fer. Le comte fût l'espace d'un instant impressionné par les moyens déployés par la canaille, l'appel du profit faisait redoubler d'ingéniosité les charognards du Labourg. L'idée même de laisser à leurs mains les cadavres de ses hommes morts lui était insoutenable, ses fiers guerriers Corbien seraient dépouillés de leurs autours jusqu'aux derniers fils de lins. Peut être couperaient t'ils même leurs bourses pour en faire de la poudre afin de la revendre à curieux alchymistes ! Cette pensée le répugna au plus au point, raffermissant sa colère, attisant sa haine. Il en avait presque oublié la jeune femme.
« Guidez nous. » Souffla froidement le comte à Astrid. Afin de ne pas perdre de temps, il la souleva d'une main ferme, se pencha à trois-quart et la chargea sans douceur sur son épaule, tel un sac de betteraves. Sous l'effort, le comte grogna mais tint bon, le corps fluet de la cartomancienne ne représentait pas plus lourde charge que celle d'un bouclier en acier. La Douce put alors sans doutes fleurer l'odeur acre que dégageait le comte, un mélange de sueur, d'alcool et d'huile servant à graisser les armures. Saveurs détonantes dénotant un sérieux manque d'hygiène. Medercih sortit de la chambre à grand pas, tenant son épée dans sa main valide. Il hurla à ses hommes.
« Calfeutrez ferme ! Nous prenons l'escampette par le haut. » Le Vieux Rab cracha de mépris sur le cadavre de l'homme a ses pieds avant de suivre les instructions de la jeune femme. Cette dernière ne semblait pas vraiment présente, mais il ne pouvait prendre plus de temps pour s'occuper de son cas. A vrai dire, il regretta presque de l'avoir prise avec lui, elle représentait un poids mort handicapant, mais il ne pouvait courir le risque de la laisser à l'estourbe des gens du Labourg. Mederich avait toujours en tête les récentes prévisions et il souhaitait la voir en vie une fois celles-ci réalisaient ou non.
Le chemin du grenier fût pénible, il évita à deux reprises de fracasser le crâne de Astrid contre une mauvaise latte de bois, mais il ne put esquiver un coin du mur qui rencontra sa cuisse un peu trop rapidement. Sans excuses, le comte continuait sa route en pestant. L'échelle représenta un obstacle certain, la trappe encore moins car il fallut la défoncer à grand coups. Mais ils finirent par atteindre leurs buts, rejoins peu de temps après par les chevaliers survivants.
« Sigmund est resté à la porte, il occupera ce ramassis de coqueberts le temps qu'il faudra.» Affirma le dit Nervo avec stoïcisme avant de lancer un nouveau regard interloqué aux fesses de la ribaude qui se trouvait sur l'épaule du comte. Mederich reposa Astrid avec la plus de délicatesse possible. « Jeune femme, nous allons maintenant aux devants d'une bonne ferraille. Sang, merde et tripaille, voila ce qui nous attend. Si l'air poussiéreux et le noir du grenier point ne vous effraie, restez ici. Dans le cas contraire, suivez nous, mais restez derrière. » Il lui laissait la le choix de son futur proche, sans cartes et sans augures. Mederich en tira une satisfaction fugace.
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| Sujet: Re: Occulterie Malavisée [Astrid] | | | |
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