Marbrume


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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Senteur.   Senteur. EmptyLun 13 Nov 2017 - 22:22
L’attente, c’est le meilleur moment. C’est le meilleur moment dans tout, je vous jure. C’est ça le truc, le petit détail que personne veut admettre, qu’on refuse de croire. L’attente c’est de la frustration, ça te bouffe d’impatience... Mais c’est le meilleur moment. C’est le meilleur moment à la chasse, quand tu affûtes l’oreille alors que les limiers aboient en meute. C’est le meilleur moment dans le tournoi, quand tu es dans ta tente à enfiler tout ton matériel militaire pour protéger ton corps, avec les cris de la foule au loin qui bourdonnent dans tes oreilles. C’est la meilleure attente au clair de lune, quand t’es sous le porche d’un manoir citadin, à attendre que ta demoiselle sorte discrètement de sa soirée pour que tu te jettes dessus et lui vole un baiser. Ce moment d’attente, où tu ronges ton frein, où tu serres les poings, tu t’imagines tout ce qui va se passer ensuite, toute la peur ou tout le bonheur qui va te submerger. T’as le temps d’évaluer la situation, de t’inventer huit mille scénarios, d’échec ou de réussite, d’assouvissement ou d’insatisfaction. Mais c’est le moment le plus vivant, paradoxalement celui où tu ne fais rien. Celui où les dès sont pas encore jetés, où les cartes sont pas encore retournées, et où les Dieux de là-haut peuvent encore de terrifier ou te faire miroiter ton destin avec leurs sourires moqueurs et enjôleurs, car qu’ils te punissent ou te récompensent, les Trois observent gaiement comment tu seras damné ou sauvé.

Ma vie c’est l’attente.

Et encore une fois, j’attends, sous une nuit de lune en croissant, et sous un porche. Mais pas d’une maison bourgeoise à colombage. J’attends sous une charpente gagnée par la pourriture et les insectes, devant une vieille porte en bois qui a été marquée d’une croix blanche : Ses habitants ont dû être tombés malades, et placés en quarantaine pour éviter que Marbrume, dernier bastion de la cité, ne s’infecte. Ça doit dater du début de la fin, si vous voyez ce que je veux dire. Je sens la pourriture de l’intérieur, et je devine que la famille doit être sous formes de squelettes là.
Mais j’attends ma demoiselle.

Bon. Est-ce que je dois vous décrire toute l’histoire ?
Toute l’histoire ?

Attendez, je vais pas encore vous répéter, pour la dixième fois, qui c’est que je suis. Lucain d’Agrance quoi, le type qui a couché avec Jade de Mirail, la sœur d’Ambre de Ventfroid. Le gars qui a bataillé dans des dizaines de tournois. Puis la pauvre tâche qui a été bannie pour avoir transpercé un noble. C’est des choses qui arrivent. Vous devez être habitué à moi à présent, à ma tête de méchant garçon, à mes quelques cicatrices sur mon visage sale et à la barbe fournie, à mon gros manteau un peu boueux tout en bas, sous lequel je cache un coutelas plus grand qu’un poignard mais plus petit qu’une épée. Vous savez déjà pour mon nez cassé, mes gants en cuir qui craquellent quand je les serre, et mes cheveux gras coupés courts pour éviter les poux. Vous ignorez pas que j’ai les dents très blanches parce que je fais des bains de bouche à l’urine, que j’ai une lèvre un peu fendue parce qu’une fois je me suis pris une branche, que j’ai les cuisses arquées à cause d’une vie passée à cheval, que je suis musclé mais qu’on voit mes côtes parce que je mange pas à ma faim.
Votre vraie question ça doit être en rapport avec la demoiselle.

Non je me suis pas trouvé une copine. Vous pensez pas que je peux ? Je suis sûr j’ai pas encore perdu de mon charme. Enfin je crois. Ça fait un moment que je me suis pas regardé dans un miroir, je sais juste que j’ai des grosses cernes, le nez pété et que je suis sale. Mais tout de même !
On m’envoie chasser quelqu’un.

Vous voulez que je vous raconte toute l’histoire ?

Il était une fois un monsieur riche qui vit dans une demeure bourgeoise. Un monsieur très riche, du nom de Ferrand Degrelle. Échevin de la cité de Marbrume. Il était riche avant l’arrivée des fangeux, mais, et c’est là que c’est important, il a continué à être riche après. Et c’est là que c’est pas normal. Normalement, avec la fin des voies commerciales, puis la fin de l’arrivée des matières premières, et bien sûr la fin des clients, bah il y a plus de raison pour que les marchands restent riches. Mais Ferrand lui c’est pas pareil. Il a encore du capital. Il organise encore des banquets. Il donne de l’argent à l’Église pour faire des soupes populaires. Il sait encore obtenir de l’influence, notamment au Conseil municipal et auprès du parlement ducal.
Pour qu’un mec reste riche et important, il faut ou bien que ce soit un type violent, ou bien qu’il fasse des choses illégales. Notez que les deux sont bien à distinguer : Son altesse Sigfroi de Marbrume, duc du Morguestanc, est quelqu’un de foncièrement violent ; Mais il fait jamais rien d’illégal. Degrelle lui il fait les deux. Et le côté violent ça passe, le côté illégal ça passe moins.

Faut comprendre qui est Ferrand Degrelle. Quinquagénaire, flegmatique, élégant, pieux mais sans être un dévot obsessionnel, bon père de famille, politicien qui fait des belles promesses. Il est parfois un peu narquois. Arrogant à ses heures. Il peut terrifier, avec ses grands yeux gris, quand il fait des menaces – des menaces toujours bien voilées et débitées poliment, mais des menaces quand même. Alors autant vous dire que quand Ferrand Degrelle m’a fait appeler, et que je l’ai découvert avec des cernes, la face rouge, et complètement excité, je me suis inquiété. Pour que quelque chose dérange Ferrand Degrelle, y faut que ce soit du lourd.
Du lourd, en l’occurrence, c’est des papiers. Et attendez, écoutez bien le scénario : Ferrand Degrelle vit dans une demeure bourgeoise dans un quartier tranquille où les miliciens patrouillent. Une maison qui, si elle est élégante aux étages, a son rez-de-chaussée et son premier bastionnés avec de la pierre et des grillages aux fenêtres. Une maison, qui est gardée par quelques spadassins en armes qui veillent la nuit. Les papiers sont gardés dans un coffre, scellés, qui est lui-même protégé dans une pièce, fermée à clé. Et pourtant, il a été volé ! Bordel de merde vous imaginez un peu le truc ! Le type qui a volé Ferrand a réussi à éviter les miliciens, à grimper les murs de la maison, à ouvrir la fenêtre, à pas faire de bruit, à crocheter la serrure de la porte, et à entrer dans la chambre. Le coffre ça a été différent ; Le voleur a utilisé une sorte de potion un peu bizarre, acide, qui a fondu le métal du cadenas. Mais ça a fait du boucan et les gardes sont arrivés en courant. Tous ont vu le voleur foncer comme un chat enragé dans le couloir, et à glisser sous une table, avant de se jeter à travers la fenêtre pour tomber en contre-bas. Et malgré la chute qui aurait dû lui casser les jambes, et malgré le verre dans la peau, il a réussit à se volatiliser. Pouf.
Je peux vous dire que le centenier de la milice qui était dans le manoir il était blanc, blanc comme un linge. Parce que Ferrand l’a menacé, lui a dit qu’il allait être muté dans les compagnies qui partent à l’extérieur de la ville s’il trouvait pas rapidement une piste. Mais le problème, c’est que Ferrand a pas véritablement envie que la milice retrouve le voleur.
Parce que le voleur a volé quelque chose d’important. Les papiers.

Me demandez pas c’est quoi les papiers. J’ai bien assez appris qu’il fallait pas poser des questions comme ça. La curiosité ça brûle, et pas que les doigts. Ferrand est bien assez gentil pour me payer et surtout pour pas me dénoncer, vu que je suis banni. Moi ça m’a suffit. Ça m’a suffit pour me mettre à essayer de retrouver la trace du voleur.
Du voleur qui a un poignard avec un rubis dans le pommeau.

Oh la pauvre demoiselle. Il faut pas faire ce genre de choses ! Je pourrais vous dire tous les détails excitants de comment j’ai dû payer un vieux clodo avec un bras en moins pour m’aider à remonter la piste. Qu’il a fallu que j’écume des tavernes et que j’écoute aux portes. Que j’ai dû poser des questions sur quel alchimiste pouvait fabriquer une potion capable de griller du métal. Deux semaines d’enquête ! Et j’ai été plus bath que la milice, moi ! Mais vous vous en fichez de ça. Hein, bande de glands. C’est du détail, et de toute façon je vous vends mon conte en plusieurs histoires, c’est comme ça que j’arrive à me faire payer des verres de bière. Moi je suis admiratif de la demoiselle. Admiratif, oui, je vous jure. Ce niveau de culot. Arriver à faire quelque chose d’aussi débile et suicidaire pour de l’argent. C’est tout simplement...
On dirait moi en femme ! J’avais très hâte de découvrir mon alter-ego. Pour ça que l’attente me travaillait l’esprit et me rendait aussi remuant qu’une petite puce. Même si bien sûr, pour ce rendez-vous galant sous la lune en croissant, eh bien j’avais dû amener mon couteau plus grand qu’un poignard et plus petit qu’une épée.

Ça va faire un moment que j’attends dehors. Mais tout à l’heure j’étais dans la taverne. J’ai bu, un peu. Pas trop, juste de quoi me griser, j’ai pas envie de perdre mes moyens, mais ça change de l’alcool pourri qui rend aveugle. J’ai attendu de voir la demoiselle, de dos, parler avec un client. Je suis sorti. Et ça doit faire un moment qu’ils piaillent parce qu’ils sont pas repartis.
J’ai choisi la position stratégique, hein, allez pas croire que je suis un bleu et que si ça se trouve elle a prit la porte de derrière. Non non non. Ça m’est déjà arrivé ça une fois. Vous imaginez ? Bon sang, la boulette de filature. Je suis nouveau à ce jeu. Pendant des années j’étais chevalier, la filature je l’ai apprise sur le tas, grâce à un pote Malachite. Mais là, je vais pas faire la même erreur.
Je reconnais le vêtement de la dame, ou du moins sa figure et sa morphologie, à défaut de reconnaître sa bouille ou la couleur de ses frusques dans le noir et avec l’éloignement. Y me faut un moment, d’ailleurs, pour bien vérifier que c’est elle. Je la laisse remonter la rue, alors que je me tapis dans l’ombre, sous le porche de la baraque abandonnée. À cette heure là, faut pas croire, y a du monde dans les rues : Machin qui tire un âne avec une charrette, quelques poivrots qui vont à la maison close, rarement un duo de miliciens à la recherche de quelqu’un qu’il faut défoncer, des mendiants sur le bas côté. J’attends que la demoiselle ait remonté la rue, de pas mal quand même, avant de quitter ma petite cachette et de remonter, les mains dans les poches, pour suivre sa trace.

Faut que je trouve jusqu’où elle va aller. En espérant qu’elle essaye pas de s’enfuir, je suis moyennement d’humeur à faire une course poursuite.
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Lyanna DesrosesVoleuse
Lyanna Desroses



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MessageSujet: Re: Senteur.   Senteur. EmptyMer 15 Nov 2017 - 22:28
La lame dansait entre ses doigts, faisant miroiter les éclats du rubis de sa garde en des tâches rouges sur la table. Lyanna, alias Rubis, jouait de façon dépitée avec son petit poignard, assise seule au fond de la taverne. Mais son humeur, nul ne pouvait la deviner, ainsi camouflée sous une cape de voyage qui dissimulait et son beau visage, et sa longue chevelure rousse. A vrai dire, ce n'était pas tant son humeur que son état de fatigue et de stress. Bien qu'invisible aux indésirables, son regard bleu océan restait aux aguets, cherchant le moindre signe de danger aux alentours. Mais comme cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas eu une vraie nuit de sommeil, elle ne se sentait pas des plus concentrée, ni des plus efficaces. Son don de détection, jugé sans égal d'après la petite réputation de Rubis, n'était pas au beau fixe.

A vrai dire, elle aurait peut être mieux fait de passé son tour ce soir et ne pas prendre le risque de se pointer à la taverne à la recherche de nouveaux contrats. Mais elle s'était offert quelques jours sabbatiques récemment, et il lui fallait bien gagner sa croûte à présent. D'autant plus qu'elle ne risquait pas de réaliser son rêve si elle se contentait de flâner en attendant d'aller mieux ou en espérant que l'argent allait tomber du ciel... Non. Il lui fallait plus de butin.
Remarquez, la précédente mission qu'elle avait mené à bien lui avait rapporter un bon paquet. Il fallait dire que la réussite avait été complexe. Lyanna avait dû redoubler de vigilance, de discrétion, d'habilité et d'intelligence. Elle n'était pas peut fière de sa prouesse, et le commanditaire du contrat avait été très satisfait. Il l'avait remercié avec un petit bonus qui n'était pas prévu à la base. Mais si elle avait gagner un gros pactole avec cette mission, elle y avait perdu beaucoup sur bien des points...
Déjà, Lyanna s'était blessée en s'évadant. En effet, il y avait eu un petit bémol, qui d'après son client était plus ou moins inévitable : elle avait été repérée lors de l'étape finale de son plan. Contrainte à se jeter au travers d'une fenêtre, elle avait fait une chute des moins agréables. Bien qu'elle avait réussi à s'enfuir à temps pour ne pas être capturer par les gardes de la maison et les miliciens qui arpentaient les rues, elle avait plusieurs jours à soigner ses blessures : éclats de verres plantés dans sa chair, entailles profondes comme superficielles, entorse à la cheville, foulure au poignet... Ca n'avait pas vraiment été la joie, et à vrai dire elle ne s'était pas encore réellement remise physiquement de ces dégâts plus ou moins sérieux. Durant ce temps, elle n'avait pu bien sur accepter aucun contrat quels qu'ils furent, et s'était contenter de se terrer dans son grenier, a attendre que les marques les plus visibles disparaissent et les douleurs les plus intenses ne se calment. Pas des plus agréables, surtout vu la précarité de son foyer improvisé...
L'autre gros point négatif, celui qui l'empêchait de passer des nuits corrects depuis environ deux semaines, était aussi le plus grave : elle était à présent recherchée. Bon, bien sur, personne n'avait vu son visage. Personne ne connaissait ni son vrai nom, ni son pseudonyme de voleuse. Et même si c'était le cas, cette piste ne les aurait pas mené bien loin : elle était une enfant illégitime qui s'était elle même nommée après avoir brisé ses chaînes. En somme : elle n'était personne. Mais malgré tout, les gardes et miliciens savaient que le voleur était en vérité une voleuse, et ils savaient aussi que cette femme, au vue de sa spectaculaire chute était sans l'ombre d'un doute blessée. Donc : elle était exposée, une potentielle suspecte aux yeux de tout hommes de loi croisant sa route. Et ça, c'était le genre de chose qu'elle ne pouvait pas supporté : mettre son identité en danger.
En plus, cette histoire avait fait un certain raffut. Lyanna ignorait ce que contenaient les papiers qu'elle avait dérober dans cette maison l'autre jour, mais visiblement c'était d'y importance capitale. Qu'importe, elle avait reçu son paiement, c'était tout ce qui lui importait. A présent, elle n'avait plus qu'à attendre que les choses se tassent, en essayant de n'accepter que des missions qui soient à sa porter physiquement et qui ne la mette pas trop sous le feu des projecteurs.
Bref... Une soirée de plus à écumer la taverne, en attendant une potentielle nouvelle entrée d'argent...

Après que son nouveau client eut quitté la table - une affaire banale de paris qui avait mal tourné - Lyanna décida qu'il était temps pour elle de retourner dans son petit chez elle, aussi inconfortable soit il. La fatigue commençait à sérieusement l'écraser. Elle se leva donc et quitta la taverne, prenant soin bien évidemment de laisser un petit quelque chose au patron de l'établissement en passant, pour s'assurer qu'il garderait le silence sur ses activités.
La demoiselle remonta la rue à pas lents. Ce n'était plus ce pas si doux et enjôleur qui lui était propre, plus ce pas de chat silencieux et gracieux dont elle était habituée. Elle marchait lentement car elle avait mal. Sa cheville restait douloureuse, et chaque pas étaient lui arrachaient une grimace imperceptible. Tout en longeant l'allée, elle laissa son regard se baladé sur l'horizon bleuté de la mer. Elle avait toujours aimé regarder cette grande étendue d'eau une fois la nuit tombée. Ca lui rappelait de drôles de souvenirs... Terribles... Mais si décisifs et libérateurs. Elle revivait volonté ces émotions contradictoires qui lui rappelaient qui elle était et pourquoi elle faisait tout ça.
Arrivée à un coin de rue, Lyanna détourna son regard des vagues et des bateaux pour finalement s'engouffrer dans une ruelle étroite et sombre. Comme d'habitude, personne à l'horizon. Elle jeta pourtant un dernier coup d'oeil pour s'assurer que personne ne l'observait dans un recoin. Non. Elle était tranquille. La jeune femme repoussa donc le capuchon de sa cape, découvrant ainsi un visage pâle, des lèvres rouges et sensuelles, de beaux yeux bleus profonds et une longue chevelure rousse coiffée en une tresse négligée. Lyanna s'approcha du mur et entreprit de l'escalader à même la façade, comme elle l'avait fait mainte et mainte fois au part avant. Sa cachette se trouvait dans un grenier abandonné tout en haut de cette battisse. C'était le moyen le plus sûr de s'y rendre sans se faire repérer. Et puis la jeune femme était vraiment très douée pour l'escalade, les cascades et autres choses relatives au domaine de l'acrobatie, essentielle dans sa vie de voleuse. Alors Lyanna se lança dans son ascension...
Mais à peine avait-elle posé son pied droit sur la première prise qu'une vive douleur l'envahit, si forte qu'elle lâcha prise. Elle tomba en arrière sur un amas de poubelle dans un petit cri étouffé.


- Aïe !
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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Re: Senteur.   Senteur. EmptyVen 17 Nov 2017 - 23:17
Le roquet que je suis a donc commencé sa chasse. Long manteau qui virevolte, mains le long du corps recouverts du corps, air patibulaire bien dirigé vers elle, les yeux ancrés vers son derrière qui remonte la rue. Une bonne distance nous sépare, c’est important de pas la coller pour pas qu’elle me remarque, mais le défaut c'est qu'elle peut à tout moment s’enfuir en courant. J’ai de la chance qu’elle se soit amusée à faire le chat, alors qu’elle sait pas retomber sur les pattes ; Elle titube et ça risque de calmer ses éventuelles ardeurs de folle furieuse.
En somme, jusqu’ici tout va bien. Jusqu’ici tout va bien. Jusqu’ici tout va bien.

Sur le bas côté, des mendiants tendent leurs mains pour réclamer une pièce. Je les ignores royalement, tête haute sans leur daigner un regard, alors que mon pas accéléré me permet de dépasser une charrette tractée par un âne et guidée par un gamin de treize-quatorze piges qui me lance un œil mauvais. Lui aussi je l’ignore comme le plouc qu’il est et continue de remonter l’avenue sous ma jolie lune en croissant. Elle se dirige le long du port. Très vite, je me retrouve à descendre au milieu de ce quartier pourri et immonde où toute la plèbe marbrumoise se presse. Ça pue le sel et la poiscaille, et maintenant je suis obligé de supporter, ce qui me fait retrousser une lèvre, le spectacle des putains moches et ou trop âgées, ou très jeunes pour leur occupation qui se mettent à me alpaguer comme les marchands qui veulent que j’achète leur pitance. Parce que j’ai longtemps appris comment ça marche, je ne change pas ma tactique : J’ignore. Ignorer c’est tellement plus simple ! Et pas ignorer en baissant la tête ou en rasant les murs, bande de faibles. Ignorer en restant preux, et en quelques fois grimaçant face à celui qui trouve à redire. C’est comme ça que les duels commencent.

Jusqu’ici tout va bien.

La garce a disparu, mais elle s’est pas volatilisée. Elle a juste gagné son avance. Je remonte la rue avec le même pas, même si je suis ralenti par les imbéciles qui pensent sur la voirie leur appartient, par les putains qui pensent que j’ai envie de tirer mon coup, et par les mendiants qui s’imaginent un seul instant que j’ai une âme charitable – Trinitaire je suis, mais y a des limites, je suis pas Saint-Lazare coupant son manteau pour couvrir les pauvres. Toute cette masse humaine me gêne pour atteindre mon objectif, surtout que le port a des entrepôts et des maisons pourries où même une demoiselle blessée et pas alertée peut vite se retrouver à se planquer. Je crains un moment l’avoir perdue, quand, je découvre quelque chose bouger dans les poubelles.

Jusqu’ici tout va bien.

Je m’approche en plusieurs pas. La dame est en train de se relever quand je me place devant elle, à la regarder haut comme un piquet, et tout droit. Avec un petit sourire en coin, je détaille rapidement son visage. Elle est plutôt pas mal. Mon genre en fait. Ça rend les choses plus intéressantes.

« Faut faire attention où tu marches ma sœur. À moins que tu sois en train de fouiller pour ta pitance ? »

Mon sourire s’agrandit pour montrer mes dents blanches acérées comme des rasoirs. Être relou c’est la première étape pour la drague, comme quand on nargue le chevalier d’en face avant le combat. C’est pas parce qu’on est un connard qu’on peut pas avoir ce qu’on veut au final, c’est même plutôt l’inverse. Un contact violent et pas courtois, ça reste un contact intensif.

« Appelle-moi Luc.
C’est quoi ton nom ? »
Que je fais en lui tendant ma main pour qu’elle puisse se relever.
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Lyanna DesrosesVoleuse
Lyanna Desroses



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MessageSujet: Re: Senteur.   Senteur. EmptyLun 15 Oct 2018 - 22:07
Lyanna pesta intérieurement de sa maladresse. Enfin, ce n'en était pas vraiment une. Elle n'était pas vraiment remise de ses remarquables cabrioles survenues lors de son dernier contrat. Couchée sur le tas d'ordure, elle se sentit soudain misérable, affaiblie, comme si elle était vulnérable et à la porter de n'importe quel milicien passant dans la ruelle, prêt à la cueillir et l'emmener faire face au sort qu'on réserve aux voleurs de son genre. Sa cheville était chaude, douloureuse au moindre micro-mouvements. Cela faisait nul doute que sa nouvelle chute n'arrangerait pas son état. L'ascension risquait d'être pénible, voir impossible pour ce soir... Enfin, peut être qu'en prenant son temps elle y parviendrait. La nuit était tombée et un croissant de lune lumineux éclairait la jetée du port, mais préservait la ruelle où elle était terrée. Elle était à priori hors de danger. Mais en vue de la situation dans laquelle elle se trouvait, avec un avis de recherche la concernant circulant dans Marbrume, on ne pouvait pas réellement considérée qu'elle était en sécurité, où qu'elle fut.
Aussi, péniblement, et non s'en afficher une grimace de douleur bien moins discrète, elle se releva. Elle s'était concentrée pour faire face à sa douleur et avait par conséquent était bien moins alerte durant quelques brefs secondes. Fatale erreur qu'elle regretta dès l'instant même où elle se fut redressée.
Face à elle, un homme se tenait, la dominant de toute sa grandeur. Lyanna ne put empêcher une réaction de surprise et de mécontentement passer dans ses yeux et sur son visage, le tout empreint d'un soupçon de peur mal dissimulé. D'un oeil expert, elle évalua le danger.
Un visage dur marqué par la vie, l'homme avait le nez cassé et une cicatrice à la lèvre. On devinait immédiatement un passé - et peut être même encore un présent - de bagarreur. Il était grand et large, et Lyanna semblait bien frêle à côté de lui. Mais elle fut rassurée de constater très rapidement que ce ne devait pas être un milicien. Sa tenue n'était pas celle officielle et l'individu était sale, crasseux, les cheveux gras et huileux. Une odeur de transpiration et de saleté planait autour de lui, laissant deviné qu'il ne s'était pas lavé depuis un moment. Il souriait à la jeune fille - de belles dents blanches acérées, surprenant de la part de quelqu'un qui manquait de toute évidence d'hygiène -. Lyanna ne le trouvait pas déplaisant au regard malgré les marques qui durcissait son visage, mais elle lui trouvait quelque chose de menaçant... De malveillant. Quelque chose qui lui criait de resté le plus éloigné possible de cet individu qui se tenait devant elle, barrant sa route, rendant toute fuite impossible, et qui semblait de toute évidence en condition physique de la rattraper et de la briser d'une main au moindre mouvement brusque.
La situation était pas jojo'... Mais pas impossible. En plus de ses facultés en matière de discrétion et d'agilité, les dieux lui avaient présent d'un corps aux attraits charmeurs, généreux et luxurieux qui ne laissait généralement pas indifférent la gente masculine. Elle savait user de son charme pour se tirer de situation délicate et était une assez bonne menteuse. Mais Lyanna partait peu confiante, car de toute évidence, l'homme n'était pas là par hasard et ne se laisserait peut être pas embobinée par ses belles promesses en l'air.
Bref, prise au dépourvue, la jeune fille ne pipa pas devant l'homme qui prit presque aussitôt la parole.


« Faut faire attention où tu marches ma sœur. À moins que tu sois en train de fouiller pour ta pitance ? »

Lyanna se sentit piquée à vif. Bon certes, il fallait le dire, elle faisait partie du bas peuple, et si elle n'avait pas été une voleuse de talent, elle aurait eu recourt à ces méthodes pour gagner sa pitance. A moins qu'elle n'ait mendier ou ne se soit prostituée... Mais dans son cas, elle n'avait jamais eu à trouver son repas dans les ordures. Ce qu'elle mangeait, elle le payait... Ou le volait...
Mais à part un regard courroucé, la rouquine ne se risqua pas à une quelconque réplique. Il était plus ou moins sûr que ses arguments n'auraient pas été très bien vu...


« Appelle-moi Luc.
C’est quoi ton nom ? »


L'homme lui tendit un main serviable pour l'aider à se redresser. Lyanna marqua un temps d'hésitation, juchant du regard son opposant. Elle en était certaine à présent l'individu n'avait pas que des galantes idées en tête. Cherchait il à la détrousser ou espérait il s'accorder quelconque faveur par la douceur comme par la force? Dans tout les cas, elle ne masqua pas son expression suspicieuse. Elle n'était peut être pas en grande forme, mais elle était soudainement très confiante en ses capacités. Ce devait être encore l'un de ces idiots de mec désespéré. Elle en croisait dix par jour des comme lui, et ils n'étaient généralement pas très dur à mater.
La jeune femme ne repoussa pas la main qui lui était tendu, mais opta pour se dresser sur ses pieds elle même, agissant avec lenteur, comme à l'accoutumée quand elle use de charme. Puis elle planta son regard bleu dans celui de l'homme, un soupçon de défi sur le visage.


- Qu'est-ce qu'il vous apporterait de le savoir, Monsieur? Et qu'est-ce qu'il m'apporte de connaître le votre?

Sa voix était lente et suave, presque grave. Elle ponctuait ses mots, battant parfois des cils. Sa tactique n'était pas encore bien établis, mais elle se préparait à tout instant à se baisser pour tirer Rubis de sa botte et l'enfoncer dans le vente de son assaillant. Elle ne laissa pour autant rien transparaître de ses desseins.
Elle reprit.


- Que faites vous dans cette ruelle à cette heure tardive? N'avez vous pas meilleur temps de vous terrer dans une taverne en bonne compagnie?

Sans ciller, Lyanna restait face à l'homme.
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Senteur.
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