Marbrume


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 [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)

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Aaron ClayPrêtre
Aaron Clay



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MessageSujet: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyMar 13 Nov 2018 - 20:35
5 janvier 1166

On le voit de moins en moins à la Bibliothèque ou même au Temple, le Père Aaron. C'est qu'il a fait quelques rencontres intéressantes. D'abord "Mère Parfaite", alias Constance, une dévote avec qui il a commencé à nouer contact. Alors qu'il s'en méfie, comme tous les cul bénis oui oui du temple, elle a su s'attirer sa sympathie. Elle n'est pas du tout son type, trop blonde et trop maigre à son goût, mais elle témoigne d'un intérêt pour les recherches qui pourrait les rapprocher. Car Aaron respecte ceux qui ont l'esprit scientifique, qui aiment les recherches, et la dévote est aussi soigneuse. Mais ce n'est pas elle qui occupe son temps. Il y a d'abord celle chez qui il a son chantier, une coutilière du nom de Sydonnie d'Algrange, chez qui il passe régulièrement, souvent en son absence, pour réparer sa masure. Puis la petite aveugle du nom d'Ombeline, prostituée de son état, croisée dans des circonstances particulières dans Bourg Levant.

Cela fait une semaine tout juste mais il n'a oublié ni le son de sa voix, ni son débit de parole, ni la rondeur de ce sein qu'il n'a qu'effleurer, ni tout ce qu'elle lui a inspiré. Elle n'en sans doute vu en lui qu'un muet, mais elle lui a témoigné de respect et il a eu envie de découvrir la femme plus que la prostituée. Aussi, s'il marche vers la Hanse et la maison close où elle travaille, la Balsamine, ce n'est pas pour s'offrir un moment dans son lit. Non, s'il y va aujourd'hui, c'est parce que ça fait une semaine tout juste qu'il l'a vue et que ce jour est son jour de congé hebdomadaire, à Ombeline. Alors, lorsqu'il a quitté le Temple, vêtu de sa tenue de prêtre, Aaron n'a-t-il subi aucun interrogatoire, les autres l'imaginant partir travailler sur le chantier d'Algrange.

Aaron, qui a pour but de séduire Ombeline, ne vient pas les mains vides, même s'il ne porte que sa besace. Oh, bien sûr, il espère que la prostituée aveugle sera ravie de passer un moment avec lui, bien sûr il compte que cette présence pousse la donzelle dans ses bras, mais il espère surtout lui offrir un meilleur confort de vie. C'est qu'il a bossé sur sa création, trouvé des idées pour la rendre fonctionnelle sans être encombrante. Il doute, quand même. Il est bricoleur, il est architecte, mais c'est sa première "invention". Lui qui est confiant d'ordinaire doute un peu en posant ses pas dans la maison close.

L'accueil n'est pas des plus chaleureux. Il est tôt, la clientèle n'est pas encore là, mais le personnel l'est. Et voir un Prêtre, ça pousse la clientèle à revenir plus tard. Les visages des employés ne sont pas chaleureux, mais il s'agit d'un Prêtre. Aussi ne dit-on rien. Aaron jette un oeil, ne voit pas sa "protégée" et il soupire, regarde les employés puis se cache les yeux.

Ombeline aura-t-elle parlé du prêtre muet ? Il faut croire, car une des prostituées crie vers l'étage :

Ombeline, tu as de la visite !

Et notre Prêtre de sourire et de jeter un oeil vers l'étage, dans l'espoir de voir la donzelle apparaître.



Dernière édition par Aaron Clay le Mar 20 Nov 2018 - 14:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyMar 13 Nov 2018 - 21:43
Son jour de repos, elle le passait à moitié dans sa chambre à faire la grasse matinée et l’autre moitié à se promener au port lorsqu’elle n’avait pas de courses à faire. Malgré tout ce que sa famille avait fait ou n’avait pas fait pour elle, c’était dans cette partie de la ville qu’elle se sentait attachée, là-bas qu’elle avait ses souvenirs d’enfance. Parfois elle rêvassait en écoutant les conversations des marins et le clapotis de l’eau sous les quais, se rappelant de son père ou du peu de souvenirs qu’il avait laissé, justement. Si elle était restée là-bas, peut-être aurait-elle épousé un marin pêcheur depuis longtemps. Ils sentaient le poisson et l’eau salée, avaient les mains très abimées à cause du travail manuel, de la mer et du froid, mais c’était ce qui lui plaisait. Elle n’était pas assez insouciante pour croire que ce serait un prince qui l’enlèverait à son berceau de misère et elle n’était pas certaine d’en avoir vraiment envie, de toute façon. Un homme qui savait quoi faire de ses bras et qui gagnait honnêtement sa vie, voilà qui lui semblait plus à sa portée et amplement suffisant. De temps en temps elle se disait qu’un filou sachant tirer son épingle du jeu aurait aussi un peu de piquant. Ça la changerait des miliciens et de leur sentiment de puissance juste parce qu’ils étaient certains de veiller sur la population mais aussi d’y faire la loi. Et puis l’oiselle revenait sur terre et poursuivait sa route jusqu’à ce qu’elle se fatigue et ne rentre.

Ce jour-là, elle avait eu bien trop froid pour mettre un orteil hors du lit avant qu’il ne soit au moins midi et ce fut finalement la voix de Clothilde qui la tira de sa chambre avec un soupir. Quoi, de la visite ? Expressément pour elle ? Et pendant son jour de repos en plus ? Elle se sentait fatiguée par avance. Ça devait être un client qui ne connaissait pas son emploi du temps ou qui essayait de lui conter fleurette sur son temps libre. Depuis le jeune homme qui avait tout bonnement disparu, elle n’avait plus le cœur à se laisser avoir par quelques mots doux et des promesses bien emballées.
Uniquement vêtue d’une chemise de nuit au décolleté bien trop profond, mais qu’elle ne voyait évidemment pas, elle quitta sa chambre avec un soupir plein de mauvaise volonté pour aller s’accouder à la rambarde qui donnait sur la grande salle au rez-de-chaussée. Inutile de dire que « quelqu’un » était une indication bien trop vague pour qu’elle puisse deviner l’identité de son visiteur. L’espace d’un instant elle espéra qu’il s’agissait de Sydonnie.

Et puis-je savoir à qui j’ai l’honneur ? demanda-t-elle avec une pointe de sarcasme
Je crois que c’est le prêtre de la dernière fois… avança la brune, un étage plus bas, tout en dévisageant le bonhomme du coin de l’œil.

Elle ne devait pas s’attendre à ce qu’il ait l’air si vieux que ça et une petite voix au fond d’elle rechignait à laisser sa cadette voire ce type qui n’avait clairement pas le même âge. Non pas qu’à la Balsamine on fasse les difficiles sur l’âge des clients, mais les filles entre elles avaient ce sentiment de fratrie qui poussait les plus âgées à protéger les plus jeunes lorsqu’elles le pouvaient.
De son côté, Ombeline haussa les sourcils avec une franche surprise. Elle ne s’attendait certainement pas à voir le prêtre débarquer ici, ni aussi rapidement, son invitation de la semaine précédente tenant plus de la formalité et de l’habitude que d’une réelle volonté de le faire payer pour de la galante compagnie.

Père Aaron Clay. Alors ça c’est plutôt pas banal comme visite. C’est bon Cloclo, il peut monter. Mais ne vous attendez pas à me trouver dans une tenue décente, mon Père, je n’attendais aucune visite aujourd’hui, le prévint la jeune femme en s’écartant de la rampe en bois pour retourner dans sa chambre, dont elle laissa la porte ouverte.

La fraîcheur de la saison et de la pièce où elle dormait la poussèrent tout de même à s’enrouler dans la belle couverture rouge qu’elle avait acheté justement une semaine auparavant.
La petite chambre n’était pas des plus originales : un lit très simple dans le coin de mur face à la porte, un coffre large et solide au pied du lit, fermé par un cadenas, pour tous les objets de valeur de la jeune femme, une coiffeuse et une chaise accompagné de quelques fioles ouvragées, parfois vides et pour finir une grande armoire dans le fond de la pièce. Ce n’était pas bien grand mais l’oiselle avait aménagé son nid pour lui donner une étrange atmosphère douillette malgré le manque de luxe. À la fenêtre se trouvait un rideau certes fatigué mais d’une belle couleur verte avec des broderies jaunes tout le long, au plafond près du lit pendait un mobile fait de morceaux de verre aux couleurs translucides, un coussin fatigué reposait sur la chaise devant la coiffeuse et on avait pris soin de garder l’endroit propre. Une vague odeur d’un parfum épicé flottait dans l’air et avait sans doute imprégné chaque mur.
La voix de Clothilde retentit à nouveau alors qu’Ombeline s’asseyait sur son lit.

Line ? Il me fait signe que non. Je crois qu’il préfère que tu sortes. Oui c’est ça, il veut aller dehors.
Mais il fait un froid de canard dehors ! se plaignit la jeune femme en maudissant tout à coup les envies de promenade du prêtre.

Qu’est-ce qu’il pouvait lui vouloir à la fin ? En ronchonnant sans chercher à être discrète, la donzelle enfila une robe simple à manches longues et un surcot avant de se brosser les cheveux pour en faire une natte simple qui se balançait entre ses épaules. Un châle sur ses épaules puis ses chaussures et la voilà qui était prête à affronter le froid.
Agile lorsqu’il s’agissait de se déplacer dans l’établissement où elle travaillait, elle descendit d’un pas léger l’escalier et identifia la forme floue grise claire à côté de la forme floue noire comme étant Aaron à côté de Clothilde. En guise de bonjour elle lui tira la langue pour lui signifier son mécontentement de devoir mettre le nez dehors et se hissa sur la pointe des pieds pour faire la bise à sa camarade.

Allons-y, puisque sa seigneurie a décidé que je devrais me geler les fesses dehors plutôt que de rester bien au chaud, maugréa-t-elle en lui prenant d’office le bras pour le tirer à l’extérieur.

Au moins comme ça on se sentirait plus obligé de retenir son souffle parmi les habitants de la Balsamine. Quant au mauvais caractère d’Ombeline, les autres la connaissaient assez pour savoir que c’était plus un état d’humeur passager dû à la contrariété qu’un réel manque de respect envers les autorités religieuses.
L’air vif à l’extérieur lui piqua immédiatement les joues.

Vous avez intérêt à avoir une bonne excuse pour m’obliger à vadrouiller dehors aujourd’hui. Je ne travaille pas et j’avais déjà les doigts gelés.

Elle ronchonnait mais son expression boudeuse trahissait l’effort qu’elle mettait dans toute cette mauvaise volonté. Au fond, elle était plutôt contente qu’on vienne la voir.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyMer 14 Nov 2018 - 8:16
Les regards posés sur lui expriment un mélange de surprise, d'incompréhension et de suspicion aussi. La surprise, c'est de voir un Prêtre dans un bordel. Que certains s'y rendent, cela ne surprend pas, mais pas forcément en tenue officielle. Si un Prêtre souhaite se dévergonder, il aura l'intelligence de le faire en tenue civile, pour ne pas être identifié. Que les bordels existent, c'est connu, et ils sont tolérés, mais de là à ce qu'un Prêtre s'y rende, il y a un monde. Oh, la tenancière et le personnel du bordel seraient discrets, faute de quoi il y aurait perte de clients, mais les clients, eux, n'hésiteraient pas à en parler, d'un "Faites ce que je dis, pas ce que je fais" à la volonté de nuire à un homme qui ne respecte pas les préceptes qu'il est censé défendre. L'incompréhension est liée à la différence d'âge, Aaron est plus vieux qu'Ombeline, il pourrait être son père. Et il paraît plus vieux qu'il ne l'est en réalité, avec ses cheveux plus sels. que poivres. Puis, quel intérêt peut bien trouver un muet à une aveugle, sinon peut-être le plaisir de l'écouter ? Et la suspicion... Bon, qu'un Prêtre vienne voir une prostituée, à la limite, mais qu'en prime il refuse de la rejoindre dans sa chambre, alors là...

Il faut comprendre Aaron aussi, on l'invite dans une chambre de prostituée alors qu'elle signale qu'elle est dans une tenue indécente, et lui n'est pas aveugle. Une prostituée peut avoir besoin de se confesser, c'est même hautement conseillé, mais dans la chambre d'une donzelle dévêtue... Soit il la reluque et s'éloigne de son rôle, soit il ne la reluque pas... et on lui prêtera des moeurs dissolues. C'est pour cela que quand elle l'invite à monter, Aaron indique clairement que non et qu'il préfère sortir. Le non est facile à signer, il suffit d'un signe de tête. Et sortir, il suffit de montrer la porte. Mais Aaron est ravi, non seulement "Line" a parlé de lui à ses collègues, signe qu'il l'a marquée, mais en prime ces dernières font l'effort de traduire pour lui.

Il patiente le temps qu'elle s'apprête, inquiet un peu pour le commerce dans lequel elle travaille. C'est que oui, un Prêtre aurait tendance à faire fuir le client. Il faudra sortir vite, car les employés vont finir par s'impatienter, et c'est normal. Lui aussi n'aime pas être dérangé durant le travail, et chacun doit bien vivre. Puis, mais ça il le gardera pour lui, ces maisons rendent de grands services à la population. L'argent circule, c'est bon pour le commerces, les miliciens s'y détendent et ça évite une insurrection militaire et les gens déviants peuvent y faire leurs "choses", évitant qu'ils attaquent la population et y créent un fort sentiment d'insécurité, nuisible tant au Temple, car ils recevraient les plaintes et seraient obligés de sévir et les autorités, qui seraient jugées incapables de régler la situation. C'est clair, s'il devait ouvrir une ville, la première chose qu'il ferait serait d'y installer un bordel. Après, il y installerait les militaires et les paysans, puis seulement les artisans. Et pour finir les religieux. Là est le vrai ordre du monde. Mais jamais il ne le dira ou ne l'écrira. Il serait pendu manu militari.

Il voit Ombeline apparaître dans sa tenue chaude, cheveux noués. Oh oui, elle est toujours aussi belle, mais ce qu'il admire, c'est l'agilité avec laquelle elle se déplace, bien moins gauche dans un univers connu que dans la rue. Il présume que ses collègues sont attentifs à remettre chaises, tables et autres obstacles au même endroit. Plus surprenant, elle le repère. Oh, il se souvient qu'elle tentait de voir ses dessins sur le parchemin, elle y voit encore un minimum. Sans doute que sa tenue reste visible pour elle. Et elle lui tire la langue, en plus ? Bon, elle aussi communique par signe. Le geste est tellement enfantin qu'il fait une grimace amusée. Quand elle vient vers lui, il lui tend le bras pour lui signifier qu'il veut l'emmener en balade, mais c'est elle qui l'attire et le tire vers l'extérieur, d'une démarche trahissant de la colère. Cela donne à Aaron l'impression d'être chassé. Se serait-il trompé ? Sa présence ne lui plairait donc pas ? L'éloigne-t-elle pour le bien du commerce ? Une fois dehors, elle l'appelle "sa seigneurie". Oh, il n'aime pas ça, et le taquet le démange. Mais vu l'humeur de la donzelle, elle rentrerait dans la maison close, lui ferait fermer l'accès et tout serait fini. Et ça, c'est hors de question. Il a trop bossé que pour la perdre ainsi. Mais c'est mal parti. Dans le doute, il avance un peu, Line à son bras, afin de ne pas déranger les clients qui voudraient entrer, et plonge sa main libre dans sa besace, en sortant son cadeau et le dépose sur la paume de la main d'Ombeline et la laisse l'examiner.

Au toucher, elle pourra sentir que c'est un objet en bois étrange, comme de fins rouleaux de bois liés les uns aux autres. Si l'objet existait déjà à Marbrume, mais ça n'est pas le cas, elle pourrait songer à une flûte de pan, à la différence près que chaque tube est de taille identique. Elle remarquera aussi, au toucher, quelques vis qui semblent polies pour éviter de s'y blesser les doigts, sur un des sommets du tube une coupe droite, alors que les tubes sont ronds, et au bout d'un tube une lanière bouclée en cuir. L'objet est étrange, à n'en point douter, mais a nécessité des heures de travail.

Aaron passe la boucle au poignet de la donzelle, ce qui pourrait laisser penser à un mariage, même si les unions se font avec les tissus et les mains des mariés liés, puis il lui fait tenir le tube où la lanière est attachée entre ses doigts. Il libère sa main droite de Line et prend l'autre, la gauche forcément, pour lui faire prendre le dernier tube, et lui fait écarter les bras. L'objet se déplie pour devenir bâton.

Le bâton est utilisé par les aveugles, cela, Aaron le sait. Et il sait qu'Ombeline perd de plus en plus la vue, elle en a fait le constat devant lui chez Sydonnie. Mais un bâton, c'est encombrant, lourd, peu pratique, avec des échardes souvent et pas toujours adapté à la taille de la personne. Alors il a créé le premier bâton téléscopique pliable. Le système est ingénieux, le bois est léger, relativement fin mais solide. Il est poncé pour ne pas avoir d'échardes et plié, il prend peu de place. Il peut se glisser à une ceinture, dans le pli ou la poche d'une robe, ou dans son petit panier de courses, même si là elle ne l'a pas. Mais il ignore si elle s'est déjà servie d'un bâton, alors il lui montre l'intérêt de la chose, prenant le poignet droit de son amie pour lui expliquer le fonctionnement.

Il lui fait taper du bâton sur le sol, un coup à gauche, un coup à droite et un coup là où un pavé est manquant. Ainsi, elle peut repérer un obstacle ou un danger. Il la fait tourner un peu et fait de nouveau taper le bâton, là où il y a un mur. A nouveau, cela peut lui indiquer un obstacle. Puis il lâche la main et la laisse tester seule. Ce qu'il lui offre, ce sont des yeux qui voient plus loin et qui pourront lui permettre de se déplacer en sécurité, ou à tout le moins avec plus de sécurité si sa vue baisse encore, ou s'éteint. Il a mis dans sa création tout son savoir-faire et toute son ingéniosité. Ce n'est pas un cadeau ordinaire, surtout si on veut plaire. Là, ce serait des fleurs, mais la saison ne s'y prête pas, un vêtement ou un bijou. Mais c'est un cadeau qui ressemble à Aaron.

Elle peut très bien détester ce présent, dire qu'elle n'en a pas besoin. Ou l'apprécier. Il sait qu'il a pris un risque. Et c'est nerveux qu'il attend le verdict.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyVen 16 Nov 2018 - 14:40
Il y avait, dans le fait de n’avoir aucune réponse immédiate et claire, de quoi être frustrée. Ombeline n’avait rien pour deviner l’humeur ou l’intention du prêtre, ni expression ni exclamation, elle ne pouvait s’en remettre qu’aux gestes qu’il ferait, à la condition qu’il les partage avec elle. Mais c’était une frustration qui savait se rendre agréable. Cette petite part de mystère, ce jeu presque ridicule de devinettes auquel ils se livraient à chaque fois pour communiquer, quelque part elle devait aimer ça. De plus Aaron s’était montré aimable et plutôt enthousiaste jusqu’à présent, une attitude qu’elle ne pouvait pas condamner.

Après seulement quelques pas, le Père Clay se mit à fouiller ses affaires pour lui mettre en main un objet bien singulier. Les doigts de la donzelle eurent beau en faire le tour, elle n’avait aucune idée de ce que ça pouvait bien être, sinon un assemblage de morceaux de bois légers et travaillés. Après ce qui fut une expression de franche perplexité, elle sentit les mains caleuses du prêtre lui passer la boucle de cuir qui pendait de l’objet à son poignet et la faire tirer sur les deux extrémités de l’étrange invention. Il y eut un petit claquement lorsque les tubes de bois se déplièrent tout à fait et l’instant suivant, elle tenait en main une longue canne.
Impressionnée par l’ingéniosité du travail et cette « magie » mécanique qu’elle avait senti se déployer si aisément, Ombeline émit un sifflement admiratif à l’attention du créateur de l’objet. Plein de bonnes intentions, ce dernier lui montre l’usage qu’elle doit faire de ce cadeau plutôt hors normes. Bien qu’il ne lui soit pas nécessaire d’utiliser une canne pour situer les murs ou même les gens, il pouvait être bien pratique de savoir dans quoi l’on mettait les pieds. Les flaques de boue ou les trous dans le pavé étaient les pires ennemis de la jeune femme et sans doute qu’avec une telle canne elle pourrait les repérer plus facilement.

La vérité, c’était qu’Ombeline détestait dépendre d’un objet pour s’orienter. Elle aimait encore mieux devoir prendre le bras de quelqu’un ou se prendre les pieds dans un tabouret plutôt que de tâtonner pathétiquement devant elle ou user d’une canne, même lorsque c’était utile. Sa fierté ne pouvait pas s’abaisser à ça, quand bien même on pourrait lui demander où elle plaçait sa fierté étant donné son métier. Par bonheur personne n’avait encore été assez stupide pour lui demander cela en face. Il aurait été regrettable que la demoiselle la lui endommage, sa face, en guise de réponse à une telle question.
Malgré cela, l’attention du prêtre la touchait et elle prit même à deux mains le cadeau pour en refaire le tour du bout des doigts, le sourire aux lèvres. Tout avait été bien pensé, bien calculé et bien travaillé pour qu’elle ne se blesse pas sur une arête coupante ou un coin mal dégrossit.

C’est très gentil de votre part, Père Clay. Je ne m’attendais pas vraiment à vous revoir, et encore moins pour ça, avoua-t-elle.

Avec précaution, elle replia la canne pour se familiariser avec le mécanisme.

Vous avez de l’ingéniosité à revendre, j’ai l’impression. J’espère que le Temple emploie correctement vos talents.

Une bourrasque lui plaqua les jupes contre les jambes et la fit grelotter, aussi la voilà qui croisait les bras et tentait de s’enfoncer un peu plus sous son châle, moineau frileux qui gonflait ses plumes pour se réchauffer.
Elle était bien embêtée maintenant, elle s’était montrée un peu brusque alors qu’on était venu spécialement pour lui remettre un cadeau unique en son genre. Ombeline n’était pas une ingrate, elle ne se voyait pas tourner les talons pour rentrer avec un simple « merci » comme retour. Mais que pouvait-elle bien apporter comme reconnaissance à un prêtre qui devait déjà avoir tout ce qu’il lui fallait ? Elle dut admettre son embarras.

Me voilà bien maintenant, à vous avoir houspillé alors que vous n’aviez que de bonnes intentions. Je vous demande pardon, j’ai le froid en horreur et c’est mon jour de repos, j’ai laissé le caractère parler avant les bonnes manières. Dites-moi comment je pourrais vous rendre votre amabilité, j’y tiens.

Elle ne nota pas qu’il était plutôt mal venu de demander à un muet de lui dire ce qui lui ferait plaisir, habituée qu’elle était à ce qu’on lui demande de regarder ou de voir alors qu’elle en était souvent incapable.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyVen 16 Nov 2018 - 15:52
Bon sang que c'est long quand quelqu'un étudie une invention, surtout que cette dernière est aveugle, mais le sifflement admiratif quand le bâton se déplie le rassure un peu, et sa perplexité face à l'objet l'avait fait sourire. Il avait bien senti que la colère était retombée et qu'il avait accroché son attention. Oh, il a bien vu qu'elle n'en usait pas, enfin d'un bâton normal et il peut comprendre qu'elle ressente une certaine fierté à ne pas en user, mais il y a des circonstances où ça pourra s'avérer utile, comme lors de leur première rencontre. Accessoirement, le bâton peut aussi servir d'arme. Un coup de cette chose dans les bijoux de famille mettrait n'importe quel gaillard au tapis, mais ça, il prend soin de ne pas lui dire, pour peu qu'elle veuille le tester sur lui. C'est que la donzelle a du tempérament.

Et finalement, elle lui exprime sa surprise de le revoir et en semble touchée, d'autant plus qu'il y a là une petite attention. Quand elle parle de son ingéniosité, il sourit et quand elle dit espérer que le Temple emploie correctement ses talents, il tapote deux fois sur son épaule. Non, le Temple n'use pas correctement de ses talents, loin de là. Lui s'y rend utile, mais il estime que le Temple ne le lui rend pas. C'est un érudit, un cerveau qui pourrait débattre de questions de morale et de théologie, qui pourrait faire progresser les études sur pas mal de plans, il en est convaincu, en permettant l'expérimentation. Mais les dogmes et les préceptes l'interdisent et on ne le laisse pas déployer ses idées sur l'évolution de la société, les recherches médicales ou l'analyse des textes théologiques. On le limite à la réfection du bâtiment et on l'envoie en extérieur pour qu'il y fasse des travaux en échange de dons. Il aime le faire, ça n'est pas ça le souci. Mais il pourrait faire tellement plus. Alors il se crée ses propres défis, pour se sentir exister. Mais ça, comment l'exprimer par geste. Un "non" est suffisant pour qu'elle comprenne qu'il vit là une sorte de frustration. Enfin, une frustration certaine.

Elle grelotte, et vivement il lui frotte le dos pour la réchauffer. Oui, l'hiver n'est pas la meilleure période pour être dehors, et la donzelle semble avoir du mal à résister au froid. Il faudrait qu'ils se mettent à l'abri, mais dans la Balsamine, ça n'est pas possible. Pendant qu'elle s'excuse, il trouve une idée. Il aurait dû y songer avant. Et quand elle lui demande comment elle pourrait lui rendre son amabilité, il sourit.

Il lui prend la main, la pose sur lui, puis sur elle, puis sur lui, puis sur elle. Ce geste, il l'a déjà fait. Ensuite, il lui serre légèrement le poing, ce geste-là aussi, il l'a fait, quand il lui a expliqué que coucher avec, il n'était pas contre, mais qu'il ne paierait pas. Mais là, il ne glisse plus le doigt entre les siens pour mimer une pénétration, mais il remonte la main vers la bouche, puis fait mine de nettoyer une assiette avec ce qu'elle tient dans la main pour le porter à la bouche. Visiblement, Aaron mangerait volontiers quelque chose. La donzelle n'est pas idiote, elle a froid, elle devrait proposer un lieu fermé avec un bon feu de cheminée. Aie, ça lui fait penser à autre chose. Aaron fouille ses poches et en sort une petite bourse, qu'il place dans la main d'Ombeline, avant de la reprendre et de tapoter sur lui. Il l'invite et espère qu'elle l'a compris.

L'invitation est faite, il lui faut attendre sa réponse, et comme elle connait le quartier bien mieux que lui, donc probablement aussi les bonnes adresses, il lui laissera le choix du lieu. Mais il lui a signifié ce qui lui ferait plaisir : passer du temps avec elle.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyDim 18 Nov 2018 - 17:41
Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre ce que lui demande le prêtre. Aller manger quelque chose ensemble, c’était ça qu’il voulait comme rétribution ? La jeune femme avait un peu de mal à croire que sa compagnie puisse être si agréable qu’on en veuille même sans payer, mais puisqu’il suffisait de cela pour contenter son bienfaiteur, elle n’allait pas se faire prier. Surtout s’il l’invitait aimablement. Elle se fendit d’un sourire amusé.

Allons-y alors, j’ai une adresse qui pourrait vous plaire. Ce n’est peut-être pas très coquet, mais je prête rarement attention à la décoration d’un endroit, fit-elle en lui prenant le bras pour se réchauffer à son contact et pour le guider.

Le quartier de la Hanse était celui qu’elle connaissait le mieux, avec celui du port. Elle y déambulait depuis qu’elle était enfant, c’était bien normal. Chaque bruit, chaque relief de façade lui était assez familier pour que, de jour comme de nuit, elle puisse s’y repérer. Elle commençait même à se souvenir des ornières dans le pavé, ce qui lui évitait de trébucher bêtement lorsqu’elle allait se promener.
Ce fut donc d’un pas plutôt assuré qu’elle entraîna le prêtre vers l’ouest du quartier, en direction du port.

Vous aimez le poisson j’espère ? Il y a une petite auberge tout près des quais qui fait le meilleur poisson grillé de cette partie de la ville. Et leurs prix sont raisonnables. Il y a pas mal de marins qui poussent jusque là-bas, mais puisque vous êtes avec moi, on ne risque pas de se faire ennuyer.

Le froid chassait beaucoup de badauds, mais les rues du quartier commerçant restaient souvent pleines et actives. Même de nuit il n’était pas rare de trouver des charrettes en train de se rendre à leur point de livraison ou des artisans en train de travailler dans leur atelier, la lumière d’une lampe à suif trahissant leur présence. Ombeline aimait cette activité, le bruit rassurant des gens en train de faire leur vie. Il lui arrivait de rester à la fenêtre de sa chambre, celle qui donnait sur la petite cour derrière la Balsamine, et de simplement écouter la rumeur ambiante de l’autre côté des toits. Tout ce bruit lui semblait bien plus agréable que le silence ponctué de hurlements terrifié qu’elle avait connu lorsque les fangeux avaient attaqué.
Ils ne mirent pas longtemps à arriver à l’établissement en question, la Balsamine se trouvant déjà relativement proche du port. L’auberge était effectivement un petit bâtiment qui ne payait pas de mine mais dont l’enseigne était régulièrement nettoyée et repeinte. Sans grande surprise, le nom avait rapport à l’activité portuaire de la ville. Ce fut donc dans le ventre chaud et déjà bien peuple de La Poissonnière qu’Ombeline entraîna le prêtre. L’endroit n’avait rien de bien luxueux mais tout comme l’enseigne, il était entretenu et l’éclairage y était suffisant. Deux femmes faisaient le service, visiblement mère et fille, tandis que le père se tenait derrière le comptoir.

Je vous laisse choisir une table, j’ai toujours un peu de mal à voir où sont les places libres lorsqu’il y a du monde, avoua-t-elle avec un sourire sans lui lâcher le bras.

Au moins, cette petite marche l’avait réchauffée et elle avait même les mains bien tièdes à force de les garder dans les replis de la robe du prêtre.

Je m’occupe de la commande. Ils ont un hydromel très sucré mais ça accompagne le poisson comme rien d’autre. Un plat et une chope ne vous coûteront qu’une pistole.
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Aaron ClayPrêtre
Aaron Clay



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyDim 18 Nov 2018 - 19:42
Ils se comprennent de mieux en mieux et cela réjouit Aaron et il ne fait aucune difficulté quand elle l'entraîne. Bon, à première vue, on pourrait penser que le Prêtre aide une aveugle à se déplacer, mais dans les faits, c'est l'aveugle qui guide le Prêtre. Ce monde est tellement bien fait. Elle se colle à lui, se réchauffe les mains. Il bénit les Trois d'avoir créé les frimas de l'hiver et la providence de lui avoir fait rencontrer Ombeline à cette période de l'année. il tapote une fois quand elle lui demande s'il aime le poisson. De toute façon, Aaron n'a jamais été difficile sur la nourriture, il aime tout. Le sentiment de sécurité qu'elle a en étant en sa présence le flatte et il n'a pas à cœur de la contredire. Des confrères et des consœurs ont connu des agressions, mais effectivement, moins que des gens du peuple.

Une fois arrivé sur place, il observe les lieux puis pose deux doigts sur la commissure des lèvres d'Ombeline et les redresse, la faisant ainsi sourire. Elle comprendra sans doute qu'il est heureux de son choix, donc que le lieu lui plait. Il l'emmène dans une table sur un coin et l'installe prudemment, lui indiquant la chaise, avant de s'asseoir à ses côtés. Et quand elle parle de passer commande, il lui tapote une fois sur l'épaule, pour lui signifier son accord sur son choix.

Puis il lui prend la main et entrelace les doigts, mais sans communiquer. Visiblement, il avait envie de lui prendre la main, tout court. Son autre main se pose sur sa bouche, qu'il fait bouger comme une bouche s'anime quand on parle. Et il pose cette main sur son épaule à elle. Il veut qu'elle parle d'elle. Sur son bras à elle, il pose deux doigts, qu'il écarte deux fois. Petit, grand, petit, grand. Il aura effectivement du mal à lui faire la conversation, mais il aime bien l'entendre, visiblement. Et il semble vouloir la connaître un peu plus. Il lui serre tendrement la main et attend. Nul doute qu'il la libérera quand le repas arrivera, mais ça prendra quand même quelques minutes, assez pour qu'Ombeline lui conte un peu son histoire.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyDim 18 Nov 2018 - 21:31
La prévenance du prêtre était assez touchante quoi que la jeune femme fût parfaitement capable de prendre place d’elle-même. Être aveugle poussait souvent à plus de prudence de la part des gens autour d’elle pour qu’elle ne se cogne pas que si elle avait eu un autre handicap. Elle ne pouvait pas leur en vouloir, bien que parfois elle se sente excédée par ce surplus d’attention.
Une fois assise, elle sentit Aaron lui prendre la main et cru un instant qu’il voulait lui faire deviner quelque chose, mais il ne fit qu’entrecroiser leurs doigts avant d’user de son autre main pour lui mimer ce qu’il attendait d’elle. Un peu perplexe quant à cette tendresse soudaine qu’il lui manifestait et qui allait au-delà de la bienveillance que l’on pouvait attendre d’un prêtre envers une infirme, elle le laissa tout de même faire, plus intriguée qu’offensée. Il lui fallu un instant de plus pour comprendre ce qu’il voulait vraiment, mais une fois la lumière faite, elle prit la parole.

Je n’ai pas une vie trépidante. Mais j’imagine qu’il y a bien quelques petites choses notables dans mon histoire, fit-elle avec un sourire en coin un peu ironique. J’ai grandi sur le port. Mon père était pêcheur et j’avais deux frères plus âgés. Ça fait tellement longtemps, je ne me souviens pas d’eux en détails… Je me rappelle que mon père avait une barbe très noire mais qu’elle blanchissait à cause du sel quand il ne se la rinçait pas assez souvent. Il était plutôt silencieux, mais il me prenait beaucoup dans ses bras ou sur ses genoux pendant qu’il refaisait les nœuds des filets. Je pouvais même l’aider parfois. Mais j’ai perdu la vue trop vite pour lui être vraiment utile.

Une silhouette s’approcha et Ombeline tourna la tête vers elle, certaine d’avoir affaire à l’une des deux serveuses. Cette dernière s’enquit de la commande des deux arrivants et la belle-de-nuit demanda deux poissons grillés aux herbes et au sel, accompagnés de deux chopes d’hydromel fleurit. La jeune fille acquiesça avec un sourire et s’en retourna aux cuisines pour préparer la commande. La brunette la connaissait, au moins d’allure et de voix, et ne doutait pas qu’on l’eut reconnue elle aussi. C’est qu’elle venait régulièrement dans l’établissement pour manger à sa faim lorsqu’elle avait une petite avance sur sa paie. Elle reprit son récit calmement.

Il est mort quand j’avais 7 ou 8 ans. Emporté par une vague trop grosse pour son navire, à ce qu’il paraît. Ça a posé un sacré problème à ma famille, on s’est retrouvé sans le sou et avec l’hiver qui approchait. Mon frère aîné a décidé que j’étais un poids beaucoup trop lourd pour ma famille, avec ma vue déclinante, et il m’a vendu à la Balsamine contre une bourse qui leur permettrait à tous de manger correctement le temps que lui et mon autre frère trouvent un travail. Madame m’a toujours très bien traité, même si je n’étais qu’une domestique les premières années. Plus affectueuse et protectrice que ma propre mère, c’est vous dire. Et quand l’âge est arrivé, j’ai rejoint les rangs des faiseuses d’insomnies. Voilà tout.

Elle haussa les épaules, l’air de s’excuser d’en avoir si peu à dire. Elle n’était ni très originale, ni très passionnante, mais puisqu’il avait demandé, elle avait répondu. D’ailleurs, elle aurait aimé lui rendre la politesse mais quelque chose lui disait qu’il resterait plutôt silencieux à ce propos. Elle se mit donc à poser des questions qui pouvaient avoir « oui » ou « non » comme réponse. Le chantier avance-t-il ? La cérémonie de la semaine précédente s’était-elle bien passée ? Arrivait-il à travailler malgré le froid ? Avait-il l’habitude de fabriquer des objets insolites ?
Finalement ce n’était pas si difficile de faire la conversation, elle pouvait déduire d’un oui et de quelques gestes toute une réponse, ce qui entraînait de nouvelles questions. L’habitude s’installait rapidement. Ce furent les deux assiettes qu’on leur proposa qu’il mît fin à l’échange. Une odeur délicieuse s’en échappait et la couleur dorée de l’hydromel était un appel à la boisson. Ombeline se contentait du savant mélange des odeurs pour avoir l’eau à la bouche.
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Aaron Clay



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MessageSujet: Re: [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline)   [Terminé] Le coup du bâton (PV Ombeline) EmptyLun 19 Nov 2018 - 20:47
Si on se place d'un point de vue extérieur, ça se passe bien pour Aaron. Elle n'a pas rejeté sa main, une conversation s'est installée et elle l'interroge même sur sa vie. Ils mangent un bon repas et échangent. La jolie prostituée et le prêtre muet s'entendent, c'est évident et Aaron serait même tenté de croire qu'Ombeline apprécie sa présence, et pourtant... Aaron s'assombrit. Son objectif de découvrir la femme derrière la prostituée s'efface peu à peu, et les indices sont nombreux.

La fraîcheur de la donzelle, si présente quand elle ignorait son rang était éreintante, mais c'était elle. Et encore, plus tard, quand elle jouait aux devinettes, ou même quand elle râlait qu'il veuille la sortir, bizarrement, plutôt des moments négatifs. Mais dès qu'il a un geste ou une action qui sort du cadre amical, il sent la professionnelle et plus la femme. Et la professionnelle est docile. Quand il lui a effleuré un sein, elle ne s'est pas offusquée, quand il lui a parlé de sexe non plus. Et ici, alors qu'il lui entrelace les doigts, un geste bien trop amoureux que pour être innocent, elle ne retire pas sa main, mais ne la serre pas non plus. Il peut, ses clients en font de même, et même bien plus. Elle laisse faire, ça ne signifie pas qu'elle accepte. Cela manque de vérité. Et même quand elle lui parle d'elle, elle survole, énonce des faits, évite de faire pleurer dans les chaumières. Elle est sympathique, mais vide.

Oh, Aaron a bien tenté de rebondir, de lui parler un peu de lui. Son chantier avance, oui. Bon, il le fait traîner pour voir la propriétaire de la maison autant que possible, vu leurs horaires respectifs. Il lui a dit son abandon au Temple parce qu'il était muet, faisant écho à sa vente à la Balsamine parce qu'elle était aveugle. Il a fait comprendre la mort de son frère, qu'il place sur le même plan que la mort du père d'Ombeline. Mais cela reste une conversation "sympathique" et fort superficielle.

Alors, quand le repas arrive et semble la mettre en joie, il retrouve son sourire, ayant l'impression de voir la femme, un court instant. Mais il sait déjà que ça ne suffira pas. Il a compris qu'il ne percera pas la carapace et le mystère, si mystère il y avait. Il passe un agréable moment, ce n'est pas du temps perdu, mais sait à cet instant qu'il n'ira pas plus loin. Cette petite lui fait du bien mais l'éloigne de ses objectifs et il n'est pas homme à courir un objectif en pure perte. Puis il a appris, que vouloir séduire une prostituée était inutile. Il ne regrette pas le temps perdu pour lui faire son bâton, ni l'argent dépensé pour ce repas, mais intérieurement il enrage, car il pense qu'il aurait appris énormément d'elle, s'il était plus doué pour séduire. D'autant qu'il avait un bon sujet de comparaison. Mais il faut croire qu'étudier deux sujets en même temps sera trop compliqué. C'est que trouver deux femmes si proches et si opposées, ça n'arrive pas tous les jours.

Quand le repas se termine, Aaron le paie de bonne grâce, car il était délicieux. Ombeline l'a emmené dans un lieu où la cuisine en vaut la peine. C'est pas un fin gastronome, il mange de tout sans difficulté, mais là, le goût y était et c'était roboratif. Il lui propose son bras pour sortir et fait le chemin du retour vers la Balsamine, sans presser le pas. Il apprécie toujours sa présence. Mais il a un pincement au cœur. Quelque part, que chacun ait un handicap lui a laissé croire qu'ils pourraient se comprendre et qu'il attiserait sa curiosité, qu'elle l'envisagerait, lui, l'homme, derrière sa robe de Prêtre. Et que c'était peut-être là qu'il fallait chercher son envie de l'étudier, elle, plutôt qu'une autre. Et cela le renvoie à ses différences, non, pas sa mutité, mais son cerveau, cette insupportable machine qui ne s'arrête jamais, même quand il baise, il y a toujours ce besoin d'apprendre, de savoir plus, de percer d'autres mystères et rien ne le ralentit. C'est insupportable, ça lui ferme tellement de portes. Il a du mal à être surpris et elle aurait pu le surprendre, et l'apaiser.

C'est sa carapace à lui qui se fend, un espoir de plus de perdu. Alors qu'il ne faut plus que tourner à droite pour apercevoir la Balsamine, Aaron se stoppe net. La ruelle où ils sont est relativement discrète, et Ombeline sait où ils sont. Alors il récupère son bras, prend le visage de la prostituée entre ses mains et l'embrasse sur le front, comme pour lui souhaiter bonne chance. Et il dépose un autre baiser, à la commissure des lèvres. La symbolique échappera peut-être à Ombeline, mais tant pis. Plus qu'un ami, pas un amant, pas un client. Il n'a pas trouvé sa place. Ou elle ne lui en a pas ouvert le chemin. Une larme a perlé chez lui, c'est rare. Elle ne peut la voir. Alors il s'en saisit, la pose sur la joue d'Ombeline et part en direction du Temple. Le chemin lui prendra du temps. Il sait déjà qu'il ne la reverra sans doute plus. Pas à son initiative à lui, en tout cas. Il ne lui fermera pas la porte pour la cause, mais elle a une vie, ici, à la Hanse, lui au Temple. Les choses sont ainsi, elle a sans doute mieux à faire que d'aller le voir, lui.
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