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 Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]

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Flavien de BrumeboisComte
Flavien de Brumebois



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MessageSujet: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyVen 21 Déc 2018 - 17:18
La froideur de l'air ne manquait pas de me saisir à chaque fois que je quittais une demeure. Celle du noble avec qui je m'étais entretenu était bien chauffée et la froideur mordante de l'air extérieur me rappelait que nous étions en plein cœur de l'hiver. Réajustant mon lourd manteau doublé, c'est d'un pas assuré que je décidai de rentrer dans ma propre demeure, à l'autre bout du quartier noble.

Pour fréquenter parfois les quartiers plus en contrebas, je ne pouvais pas me plaindre de ma condition. Ici, l'air était ... comment dire .... respirable et un sentiment de sécurité pouvait presque s'en dégager. Le fait que les maisons étaient bien entretenues, tout comme les jardins bordés de haies bien taillées, aux rues peuplés de gens éduqués favorisait ce climat de privilège auxquels nous nobles avons droit. Cela ne m'empêchait pas de me soucier pour la survie globale de notre cité mais je devais reconnaître que réfléchir dans un environnement pareil était plus aisé que si j'avais eu à le faire dans la bourbe et le labeur crasseux des gens du peuple. J'avais une chance qu'il était inconvenant de laisser flétrir dans l'oisiveté.

Accompagné de la seule buée qui s'échappait de mes lippes, mes pas résonnaient sur les pavés dans un rythme militaire. Je songeais malgré mon jeune âge à faire l'acquisition d'un bâton de marche, bien utile en pareille saison quand ma cuisse me faisait souffrir comme à cet instant. Je me demandais si une guérisseuse ne pourrait pas faire quelque chose pour soulager ce mal récurrent. Un bâton était un signe de faiblesse et je ne pouvais pas me le permettre. Entre nobles, les apparences avaient autant d'importance que les compétences. C'était bien malheureux mais il fallait vivre avec.

J'étais à mi-parcours de mon point de chute, fixant un point imaginaire devant moi à moitié perdu dans mes pensées quand je détectais un élément qui tranchait avec le reste du décor. Comme une tache d'encre sur un vélin immaculé, une vulgarité au milieu d'un poème romantique, bref un intrus. Son comportement était étrange, nerveux, suspect à longer ce mur comme si sa vie en dépendait. Il tenait un seau qui semblait rempli sans que je ne sache de quoi vu la distance qui nous séparait encore lui et moi. Venant dans ma direction, une jeune femme bien habillée et faisant partie de la noblesse comme moi s'avançait seule d'un pas léger, que certains diraient insouciants. Insouciance aussi par l'impossibilité pour elle de voir le sinistre individu dont l'attitude laissait sous entendre un mauvais coup. Je hâtais alors le pas, grimaçant alors que ma cuisse me lança une décharge de douleur devant cette soudaine accélération, décalant mes pas pour me mettre non pas à côté de la jeune femme mais exactement face à elle, de sorte qu'en continuant ainsi chacun de notre côté, nous ne pouvions que nous télescoper. L'homme en guenilles finit par me voir et s'avança dans la rue principale, tenant toujours son seau en main. Baissant fugacement le regard, je crus y détecter une sorte de bourbe noirâtre, aussi me mis-je sur mes gardes en posant ma main sur la garde de mon épée qui pendait contre mon flanc.

L'individu fit un mouvement de recul, courbant l'échine de façon si exagérée que cela en devenait ridicule. Qui es-tu et que fais-tu ici ? Parle. Le ton de ma voix était autoritaire, cet être me dérangeait et j'aimais autant savoir ses réelles intentions. Dévoilant un sourire édenté, l'homme parla d'une voix mielleuse qui, si j'avais été plus proche de lui, puerait probablement plus les relents de vinasse qu'il avait dû ingurgiter tout au long de sa vie. Une addiction des plus déplorables. Oh, rien, rien Messire. Je ne suis qu'un pauvre prêcheur, qu'un pauvre pêcheur qui tente d'expier ses fautes. J'haussai les sourcils, un prêcheur pêcheur ? Par la Sainte Trinité comment un individu pareil se retrouvait ici ? La femme avait ralenti son allure, surprise de voir un gueux armé d'un seau dans le quartier noble. Si tu n'es pas au service d'un noble, comment as-tu fait pour venir jusqu'ici ?

Voyant l'arrivée de la noble, l'homme se décala pour faire face aux deux grands de la Cité. Comme je suis comblé, deux nobles individus pour un malheureux comme moi. D'un revers de la main, je balayais d'un ton cassant ce genre d'inepties. Nous ne sommes pas là pour toi, tu nous fais perdre notre temps surtout.

Le pouilleux glissa son regard dans ma direction, avant de m'adresser un nouveau sourire, bien moins joyeux cette fois. Oh, veuillez me pardonner, Messire, de polluer votre air si pur par ma simple présence. La Sainte Trinité guide pourtant mes pas et m'a demandé de venir ici et ramener les soit disant élus à la triste réalité. Cet homme était fou et le problème avec les fous c'était leur propension à faire n'importe quoi en considérant que tout est normal. Je regardais la dame que je reconnus enfin comme étant la baronne de Nerra, Adélaïde de Rougesoleil. Éloignez-vous Baronne, cet homme n'a plus toute sa tête. Voyez si la milice intérieure n'est pas loin et mandez les ici.

Le gueux réagit à mes propos, sans que je ne sache s'il accusait le coup de mon insulte ou s'il craignait la milice. Toujours est-il qu'il partit dans une diatribe à renfort de grands gestes qui firent renverser une partie de sa boue fumante sur le sol. Était-ce du fumier ?... Il cria alors à la face du monde comme un prédicateur avant un conflit sanglant Voyez, voyez tous, voyez ceux qui profitent de la Fange pour écraser un peu plus ceux qui chaque jour luttent pour survivre, ces infidèles qui se complaisent dans l'opulence sans avoir goûté à la boue dans laquelle nos cendres finiront toutes par se rejoindre. Repentez-vous, repentez-vous ou subissez le courroux divin ! De sa main libre il attrapa le fond du seau, prêt à lancer le contenu aussi aveuglément que son intelligence était limitée.
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Adelaïde de RougelacComtesse
Adelaïde de Rougelac



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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyVen 21 Déc 2018 - 23:39
La journée était magnifique. Le soleil brillait bien haut dans le ciel, et ce même si la morsure du froid ne laissait pas sa place. La baronne remonta doucement sa capeline en laine sur ses épaules en ayant un léger frisson. Sa longue robe grise en taffetas était magnifique et mettait joliment en valeur la taille de guêpe de la jeune femme tout en dévoilant juste assez de courbe pour attirer le regard. Certes, la robe en soi était légèrement provocante, mais recouverte de la capeline, et des gants noirs, les autres personnes ne verraient que la grâce de la jeune femme. «Vous auriez dû mettre une autre robe, votre Honneur.» Adelaïde se tourna vers la petite blonde qui l’accompagnait en haussant les épaules. «Et pourquoi cela, Bathilde?» La dame de compagnie baissa le regard en souriant; «Oh vous savez, un tissu aussi fin dans cette poussière… cela ne fera qu’abimer la traîne de votre robe.» Adelaïde haussa les épaules, ce genre de commentaire l’importait peu. Elle adorait la mode, et sa garde-robe regorgeait de tenue les plus luxueuse des unes des autres. Certes, la Fange avait coupé légèrement ses moyens, mais cela ne changeait pas le fait qu’elle continuerait toujours à se vêtir dignement. Les deux femmes continuèrent leur promenade hivernale lorsqu’un spectacle hors de l’ordinaire attira l’attention de la baronne. Elle remarqua le Comte de Brumebois qui parlait à un gueux. La façon que les deux hommes se regardaient ne donnait pas un bon pressentiment à la baronne, surtout que le Comte avait la main sur le pommeau de son épée. Non définitivement, quelque chose clochait…

«Va avertir la milice. Cet homme ne me dit qui vaille.» murmura t’elle a sa dame de compagnie. «Mais vous être sûr, votre… » La jeune blonde se tue soudainement, alors qu’elle croisa le regard froid de la Baronne et tourna rapidement les talons pour aller trouver les miliciens. Adelaïde ralentit soudainement le pas en regardant la scène qui se passait, se demandant intérieurement si elle devait intervenir. Non pas que le Comte semblait avoir les choses en mains, mais tout de même, de ce qu’elle se souvenait de leur brève rencontre s’était qu’il lui avait laissé l’impression d’être un homme d’action. Fier et droit, ce dernier ne semblait pas apprécier les mondanités ou les pertes de temps. Elle pourrait certainement apporter une autre approche pour le contrôle de cette âme qui semblait en détresse. Une fois arrêter à la hauteur des hommes, la Baronne porta son regard azuré sur le personnage haut en couleur qui parlait à Flavien. Le pauvre avait une bouche édentée, et les rides sur son visage ne laissaient rien au hasard, le temps n’avait pas été clément avec ce dernier. Ses vêtements en lambeaux ne semblaient aucunement le protéger du froid, ce qui devait sans doute expliquer les nombreux frissonnements qui semblaient le perturber. Elle n’avait même pas eu le temps d’ouvrir la bouche que le Comte lui lança l’ordre de s’éloigner et d’aller chercher la milice. Bien que ce dernier fût de rang supérieur au sien, cela ne voulait pas dire qu’elle allait nécessairement respecter tout sans discuter. Non, mais? La politesse il connaissait? De toute façon il y avait toujours une façon de demander les choses… Mais bon, ce n’était pas le moment de se lancer sur une guerre de mot. Elle regarda autour d’elle pour voir si sa dame de compagnie arrivait avec les miliciens qu’elle avait déjà demandés, mais avant qu’elle n’ait pu répondre quoi que ce soit au Comte, le gueux se mit face aux deux nobles et se mit à cracher;

«Voyez, voyez tous, voyez ceux qui profitent de la Fange pour écraser un peu plus ceux qui chaque jour luttent pour survivre, ces infidèles qui se complaisent dans l'opulence sans avoir goûté à la boue dans laquelle nos cendres finiront toutes par se rejoindre. Repentez-vous, repentez-vous ou subissez le courroux divin !» hurla-t’il a un public invisible. Adelaïde fronça les sourcils, ce dernier avait réellement un problème et la réplique du Comte n’avait qu’empiré la chose. Lorsque l’homme releva le sceau, prêt à leur lancer son contenue, le temps lui sembla soudainement au ralenti. Elle vit le mouvement de l’homme grisonnant qui balançait le contenu de son sceau sur les deux Nobles, et elle ne put que réagir. Sans penser à la bienséance ou à savoir comment le Comte verrait ses actions, Adelaïde amorça son mouvement; elle agrippa rapidement le poignet du Comte et recula rapidement en entrainant ce dernier vers elle. Le mouvement, un peu tantinet violent, résultat en une étreinte non désirée, Adelaïde s’écrasa contre le torse du Comte, mais ne lui jeta pas le moindre regard. Si le mouvement empêcha au moins les deux nobles de recevoir la matière noirâtre aux visages, cela n’empêcha malheureusement pas les quelques éclaboussures qui tombèrent sur les bottes parfaitement cirées du Comte.

Faisant fi du problème vestimentaire du Comte et de leurs proximités des plus, disons, déconcertantes. Elle se retourna vers l’humain grisonnant, ce dernier était dans un état épouvantable. Il baragouinait qu’ils étaient une bande de pêcheurs et il se pencha pour ramasser la boue à pleine main. Adelaïde ne demanda pas son reste fit un pas rapide avant d’arrêter le gueux en lui saisissant rapidement le poignet. L’homme, pris par surprise, cessa soudainement de parler et leva son regard pour le planter dans celui de la baronne, alors que cette dernière s’accroupissait à ses côtés. «Vous nous avez mal compris, mon ami.» Sa voix était douce, rassurante, comme si elle tentait de rassurer un enfant en pleurs. «J’ai goûté à cette boue, à cette peur qui vous tenaille.» L’homme plissa les yeux, l’air méfiant et dévisagea la jeune Baronne. Adelaïde avait l’impression que sous cette méfiance, se cachait une peine beaucoup plus profonde. Elle pouvait voir les larmes lui monter aux yeux. Elle le tenait, ne restait qu’à l’amener où elle voulait. La milice arriverait bientôt et elle pourrait retourner à sa promenade. Elle baissa son regard azuré au sol, et prit un air triste avant de lever le regard vers le gueux. «Je les ai vus tuer ma famille devant mes yeux. Je les ai vus apporter ma sœur adorée et la dévorer.» Dit-elle d’une voix tremblante pendant que l’homme lâchait doucement la boue entre ces doigts. «Et cette boue comme vous le dites, je la ressens à chaque minute qui passe. Je me dévoue au Duc, je suis sa vassale, je veux protéger les gens comme vous et je tente de le faire à chaque jour. » Le gueux se mit à trembler, pendant que les larmes lui montaient aux yeux. «Vous mentez!» Hurla-t-il en étouffant un sanglot et en baissant les yeux. Adelaïde relâcha son poignet, et enleva doucement son gant de cuir avant de remonter doucement le menton de l’homme avec son index. «Non, je ne mens pas. Demandez au Comte derrière moi, il vous confirmera mes dires.» La baronne laissa un silence s’installer entre le trio, pendant quelques secondes, mais ne lâcha pas son regard du sien, comme si elle tentait de l’hypnotiser. «Comment vous appelez vous? »

«Fredwil»

«Et qui avait vous perdu, Fredwil? » C’est à ce moment que l’homme éclata en sanglots. Il lâcha immédiatement son projectile boueux et se saisit de la main de la Baronne en pleurant. Il amena la main de la baronne contre son front, comme si ce dernier tentait de cacher sa douleur. Ses épaules tremblaient, pendant qu’il laissait couler les larmes sur ses joues crasseuses. Adelaïde ne réagissait pas lorsque ce dernier la saisit et mit de la boue partout sur sa main. Au contraire, elle le laissa faire. Le pauvre était clairement en détresse, il semblait avoir vécu des événements horribles et il voulait se venger sur le premier noble qui passait. Adelaïde était à peu près sûre que la rancœur de l’homme n’était pas contre elle personnellement, mais les répliques du Comte ne semblaient pas avoir calmé ce dernier. Il pouvait être un danger pour lui-même et pour les autres, qui sait ce qu’il aurait pu faire d’autres après avoir les avoir aspergés de boue? Au bout de quelques longues secondes, la baronne leva les yeux pour la première fois depuis le début de cette conversation et put apercevoir les miliciens qui arrivaient d’un pas rapide. Elle retira doucement la main avant de se relever doucement pour se reculer, laissant l’homme en larme sur le sol. Elle jeta un coup d’œil au Comte pour avoir son approbation, et ce dernier, le visage fermé ne lâchait pas des yeux le malheureux. Adelaïde ne pouvait pas lui en vouloir pour sa méfiance, après tout, on n’était jamais trop prudent avec ce genre d’individu. Il pourrait très bien redevenir violent en un moment lorsqu’il apercevrait les miliciens qui arrivaient.
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Flavien de BrumeboisComte
Flavien de Brumebois



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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyMar 25 Déc 2018 - 3:17
Chacun avait une utilité dans la société. Chacun d'entre nous. Les faibles comme les puissants.

Si la naissance jouait pour beaucoup dans la destinée que chacun avait, il était nécessaire que tous restent à leur place afin que l'ordre et de sécurité soient assurés.
Dans le cas contraire, notre civilisation sombrerait dans l'anarchie et plus personne ne serait en sûreté. Quand je voyais cet individu, à l'esprit dérangé, porteur de nouvelles aussi rafraîchissantes que le seau de boue qu'il tenait dans la main, je ne comprenais pas son intérêt, son utilité. Pensait-il qu'on lui accorderait du crédit ? Impossible.
Si ce seau avait été remplacé par une arme, l'aurait-il été ? Non, simplement une menace à abattre avant de passer à autre chose. Or j'avais fort à faire, une longue liste de missions à accomplir pour faire tourner ma maisonnée, les gens sous ma protection mais aussi cette cité. Comment par la Sainte Trinité croyait-il changer les choses en menaçant des nobles avec un seau de bourbe ?... Il n'agissait que par égoïsme, à moins qu'il ne s'agisse d'un illuminé qui interprète les écrits saints de la façon qui l'arrangeait le mieux pour justifier des actions totalement stupides et improductives.

Aussi quand j'aperçus la Baronne approcher du "malheureux", je me fis un devoir de la prévenir. Ce prêcheur pêcheur comme il se faisait appeler avait peut-être une arme dans sa manche ou voulait-il faire un dernier coup d'éclat dans les ruelles du quartier noble.
Pourtant, malgré mes recommandations, la Baronne se sépara de sa chaperonne, en tout cas était-ce ainsi que je voyais sa servante, mais surtout s'approcha du bougre en faisant fi du danger.
Quand celui-ci lança le seau après une tirade ridicule, la dame se jeta sur moi, faisant se rencontrer nos corps d'une façon que la bienséance n'aurait guère toléré, moins encore dans un espace public, mais nous faisant éviter le gros du contenu du seau. Seules mes bottes semblaient avoir été touché me concernant, j'ignorais si la Baronne en avait été aspergé ou pas.

Je pestais déjà car la situation allait de mal en pis. Tournant la tête de chaque côté, je n'aperçus aucun milicien aux alentours, laissant la possibilité au fou de faire de la baronne une otage de luxe. Oui car pétrie d'intentions aussi louables que douteuses, elle se dirigea vers son agresseur pour lui retenir le poignet alors qu'il délirait en tentant de ramasser la boue qu'il avait lui même jetée. Mais que ... furent les seuls mots que je pus dire avant de m'arrêter, jugeant inutile de lui demander ce qu'elle faisait tant sa réponse allait autant me déconcerter que l'action dont j'étais le témoin. Que diable pensait-elle faire ? Se sentait-elle pousser les ailes de la miséricorde en prenant soin de lui ? Ne comprenait-elle pas qu'elle l'incitait au final à poursuivre ce genre d'actions stupides, à persévérer dans l'absurdité dont il se complaisait jusqu'alors ?

Secouant la tête, je restais en retrait alors qu'elle expliquait son passé, ses souffrances, ses secrets à un parfait inconnu. Je savais que si le dégénéré voulait l'attaquer, l'agresser voire pire la tuer subitement, je n'aurai jamais le temps de l'arrêter, pas alors qu'elle venait de se jeter dans la gueule du loup, pas après qu'elle se soit mise dans une position aussi vulnérable. Je m'avançais simplement d'un pas ou deux, écoutant ce que les deux s'avouaient mutuellement. Quand la Baronne voulut m'inclure dans cette scène mélodramatique, je secouai la tête, répondant froidement : Ne m'incluez pas dans cette mascarade, vous n'êtes pas consciente de ce que vous faites Baronne.

Le seul point positif dans toute cette histoire fut que l'on connaissait le prénom du gueux. Fredwil. Mon pauvre Fredwil, tu aurais mieux de faire ce que la Trinité te chargeait chaque jour de faire ici bas au lieu de jouer les héros de boue pour ensuite pleurer dans les jupes d'une noble. Quand enfin apparut la milice en haut de la ruelle, je levai la main pour faire un signe dans leur direction, leur indiquant que le problème se trouvait ici. Ceux-ci arrivèrent au pas de course alors qu'enfin la Baronne s'écarta de l'agresseur. Préférant ignorer cette dernière pour le moment, il s'adressa au chef d'escouade.

- Il s'agit d'un individu qui n'a rien à faire ici et qui se permet outre de nous invectiver, de nous jeter de la boue et nous reprocher diverses choses sans queue ni tête. Il faudra m'expliquer comment cet homme a pu passer la sécurité et se retrouver ici en toute impunité. Le milicien me regarda un instant, se confondant brièvement en excuses avant de saisir sans ménagement l'intrus. Celui-ci, saisi par les aisselles, passa vite des larmes à la colère, se débattant comme un beau diable en criant comme s'il était marqué de l'insigne des bannis sur l'avant bras au fer rouge. Ne voulant pas créer un nouvel incident avec un tel comportement, l'un des miliciens l'assomma de la garde de son épée sur l'arrière du crâne. Faites en sorte qu'il parle s'il ne veut pas croupir dans vos geôles. Il se fait appeler Fredwil, peut-être a-t-il de la famille dans les quartiers pauvres. Tenez moi au courant.

Les miliciens emmenèrent le corps inerte tel un tas de chiffes en le tenant sous les aisselles, seuls ses pieds traînant au sol. Alors qu'ils avaient franchi plusieurs dizaines de mètres, rapetissant de notre champ de vision chaque seconde qui passait, je me tournai de nouveau vers la Baronne alors qu'au loin, de l'autre côté de la ruelle, sa servante revenait d'un pas pressé. Pouvez-vous me dire ce que vous avez fait, à l'instant ? Pensez-vous que le prendre en pitié était la meilleure solution, vu son état délirant et la méconnaissance totale sur sa dangerosité. Je pivotais mon corps pour me mettre face à elle, me rappelant de nouveau l'état de mes bottes désormais crottés de je ne savais quelle merde puante. S'il avait égorgé comme un porc à abattre, juste parce qu'il exècre le sang noble qui coule dans vos veines, auriez-vous considéré votre mort comme honorable, utile, pertinente ? Je secouais la tête, visiblement incrédule par ce qui venait de se dérouler. Dites moi, qu'avez-vous appris de lui qui méritait de risquer votre vie ? Vous avez un rôle à jouer, comme nous tous ici, mais je doute que ce soit de venir en aide à ceux qui n'ont plus toute leur tête, vous ne croyez pas ?

Je savais qu'elle ne serait pas d'accord avec ma vision pragmatique et froide des choses. C'était une femme et les femmes souffraient de bien trop d'empathie pour ce qui ne le méritait pas forcément. C'était leur force mais aussi leur plus grande faiblesse. Cependant, connaître un peu plus celle que je ne voyais que trop peu souvent me permettrait d'affiner l'opinion que je me ferais de cette femme.
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Adelaïde de RougelacComtesse
Adelaïde de Rougelac



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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyMer 26 Déc 2018 - 13:09
La douleur physique n’était rien contre la douleur de l’âme. Chose que le Comte ne semblait pas avoir réalisée devant son air incrédule pendant qu’Adelaïde s’occupait du malheureux prêcheur. C’était évident que ce dernier avait des problèmes, et aussi évident que ce dernier n’était pas armé. Sinon ce ne serait pas avec un sceau empli de boue qui les aurait attaqués avec, mais avec le fer. Adelaïde ignora les remarques du Comte durant tout son discours. Était-il à ce point aveugle? Elle le tenait, elle l’avait maîtrisé, et ce dernier ne semblait que vouloir attiser la colère du pauvre bougre… S’il voulait avoir un saut de bout à la figure, il pouvait bien le prendre tout seul… Adelaïde, au moins, échapperait à ce châtiment soi-disant divin. Elle releva finalement la tête lorsqu’elle entendit les pas des miliciens, et se sépara doucement de Fredwill alors que ces derniers arrivèrent. La baronne se recula de quelques pas pour se mettre derrière le comte et sortit un mouchoir d’une poche de sa capeline pour essuyer sa main couverte de boue et de larmes. La jeune femme posa ensuite son regard azuré vers le prêcheur alors que la réaction de ce dernier changea drastiquement. Passant de la tristesse à la colère, ce dernier se fit encadrer rapidement par les miliciens qui le saisirent sans ménagement. Le malheureux se mit à gesticuler et à hurler des insanités au Comte. Preuve que ce dernier l’avait définitivement froissé. Un des miliciens le fit taire en lui donnant un coup au crâne, ce qui le mit complètement hors état de nuire. Adelaïde n’eut aucune réaction, qu’un visage froid alors que le Comte de Brumebois donnait des ordres stricts aux miliciens qui se confondaient en excuse. Puis, semblant craindre le courroux du Noble si ces derniers ne s’exécutaient pas, ils entrainèrent l’homme loin d’eux.


Adelaïde commença alors à s’essuyer lentement sa main tachée de boue et de larmes que le pauvre homme avait malgré lui imbibée à l’aide de son mouchoir. Elle baissa le regard et se concentra à sa tâche, non sans tendre une oreille attentive sur les reproches du Comte de Brumebois. Son attitude exaspérait la jeune femme, mais elle n’en laissa pas paraître. Il la prenait de haut c’était clair. Il lui parlait comme on parle à une gamine qui avait fait un mauvais coup. Ce genre de comportement ennuyait profondément la Baronne. La prenait-il de haut, car il s’imaginait qu’elle n’était qu’une pauvre femme et que ce fameux devoir dont il parlait était de se marier et de faire des héritiers? Du coin de l’œil, Adelaïde put voir Bathilde qui restait en retrait, non sans écouter le moindre reproche que Flavien faisait à sa maîtresse. Une fois son nettoyage terminé, elle redonna le mouchoir à sa dame de compagnie, qui le reprit rapidement, avant de s’éloigner des deux Nobles. Elle connaissait assez la baronne pour savoir que cette dernière ne se laisserait pas marcher sur les pieds. Flavien avait beau être Comte, cela ne lui donnait pas tous les pouvoirs… Adelaïde remit doucement son gant et replaça sa capeline avant de lever les yeux vers son interlocuteur qui avait terminé son interminable charade. Flavien s’était pivoté pour lui faire face, et son regard incrédule ne laissait aucune place à l’imagination. Il ne la comprenait pas et le pauvre ne la comprendrait probablement jamais. Adelaïde eut un léger sourire aux lèvres avant de rétorquer; « Ce que j’ai fait? Mais c’est très clair. Je nous ai épargné une douche malodorante et j’ai maîtrisé une personne qui était en crise. Votre méthode n’a pas fonctionné. La mienne si. » Adelaïde baissa les yeux vers le pommeau de l’épée de Flavien avant de la désigné de désigner l’arme d’un léger mouvement de main; « Je suppose que c’était votre prochaine réplique? Sachez que maitriser une arme n’est pas la seule façon de se défendre.» Dit-elle en faisant référence à la façon qu’elle avait manipulé l’homme pour le calmer. Croyait-il vraiment qu’elle avait de la pitié pour quelqu’un comme cet individu? Non elle l’avait fait pour s’épargner une humiliation et pour lui épargner la même chose.


Adelaïde s’approcha d’un pas avant de planter son regard dans celui de Flavien. «Quant à votre remarque sur la mort, vous et moi savions que cet homme n’était pas bien. S’il avait voulu nous tuer, il nous aurait menacés à l’aide d’une épée et pas avec un sceau au contenu malodorant.» La baronne savait pertinemment que défier le Comte ainsi n’était pas l’idée du siècle, mais elle se sentait particulièrement insultée par ce dernier. Un simple merci aurait suffi, mais non, ce dernier avait décidé de jouer une autre carte. Elle ne lâcha pas le regard violacé du Duc et devant le silence de ce dernier, elle continua; «Je vous ai donné son nom et je l’ai contrôlé. Ne croyez-vous pas que c’était assez? Ou aurais-je dû vous laisser débrouiller, Votre Grandeur? » L’emphase qu’elle avait mise sur les derniers mots était évidente. Le Comte avait insulté la baronne, peut-être sans s’en rendre compte, mais qu’importe, jouer la carte de l’homme surprotecteur envers la pauvre femme n’avait jamais marché pour Adelaïde. Il faut dire que les deux Nobles ne se connaissaient aucunement, et n’avaient eu que de simple discussion frôlant plus la politesse qu’un quelconque intérêt envers l’un ou l’autre. Certes, Flavien était bel homme, mais il avait toujours paru froid et désintéressé par elle, ainsi elle n’avait jamais tenté de se rapprocher de ce dernier plus qu’il ne fallait. Sa dame de compagnie se racla soudainement la gorge ce qui fit retourner la tête d’Adelaïde. Elle lui fit un discret signe comme quoi, elle devrait peut-être lâché le morceau. Aussi entêtée qu’elle fût, le Comte n’allait définitivement pas la remercier de quelconque façon. La jeune femme comprit rapidement le signe silencieux de sa dame de compagnie et acquiesça avant de reculer d’un pas. «Puisque notre présence vous est si dérangeante, nous vous demandons aimablement de nous retirer. À moins que vous n’ayez d’autre question sur nos récentes actions. » Ou de nous remercier pensa-t-elle, en se mordillant légèrement la lèvre.


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Flavien de BrumeboisComte
Flavien de Brumebois



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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyLun 31 Déc 2018 - 18:58
Je ne savais pas trop quoi penser. Réellement. Je savais qu'au sein de la noblesse, je n'étais guère perçu comme un boute-en-train, un joyeux luron prenant les choses à légère. Certains profitaient de leur rang pour profiter de leur vie de la façon la plus luxueuse qui soit, alors que je profitais du mien pour tenter de faire avancer les choses, même quand il s'agissait de nager à contre courant.
Aussi m'étais-je astreint à une rigueur, rigidité diront les mauvaises langues dans mon quotidien. Cela ne m'empêchait pas de profiter des plaisirs de la vie, certaines filles de la Balsamine ne me contrediront pas, mais je devais reconnaître que les mondanités et les niaiseries de la Cour m'ennuyaient plus qu'autre chose.

Aussi, quand elle justifia ses actions inconsidérées sur le simple fait de nous avoir évité un seau de boue - ce dont je la remerciais intérieurement force était de l'admettre - je restais un instant coi.
Je tâchais de comprendre de façon cartésienne son cheminement de pensée mais force était de constater qu'il était à l'opposé du mien. Soit elle était dotée d'une qualité intrinsèque pour sonder sans se tromper l'âme des gens au premier regard, soit elle avait une bravoure ou plutôt inconscience aveugle à risquer sa vie en espérant que la suite se déroule au mieux.

Je .... hmm ... Merci pour nous avoir évité une "douche maladorante" certes, c'est bien la seule chose positive que je vois dans ce qui vient de se passer. Quand elle dévia son regard plus bas sur ma personne, je suivis du mien celui-ci pour constater que ma main tenait toujours la garde de mon épée. Je n'ai pas votre qualité innée pour minauder afin d'obtenir ce que vous souhaitez je le concède mais que je sache, mon épée est toujours dans mon fourreau.

Ce qui était le plus improbable à mes yeux était que sa logique verbale était cohérente quand ses actions à la suite venaient en totale contradiction. Abus de jeunesse, elle se permettait un ton empli de fiel qui me déplaisait fortement à l'oreille. Je ne lui avais pas manqué de respect, tout au plus bousculé ses acquis en lui faisant prendre conscience en vain de la folie de ses actes, mais la façon dont elle venait de me nommer me fit grimacer. Plusieurs choses, Baronne fis-je du même ton pour lui rappeler l'évidence de certaines choses, j'ose espérer que vous attachiez un peu plus d'importance à votre vie que pour soutirer un nom et éviter des habits couverts de boue. Vous concédez volontiers que cet homme était fou, mais considérez en même temps pour acquis que sa seule arme puisse être un seau rempli. Partant de ce postulat, vous vous mettez à sa disposition, toute proche de lui, pour être frappée, étranglée, estropiée, poignardée, bref tout ce qu'un fou peut faire sans raison valable vu qu'il est justement fou, pour me reprocher par dessus le marché ma prudence ? Alors oui je vous réponds, la prochaine fois, laissez moi me débrouiller, le résultat aurait été le même d'ici que la milice n'intervienne.

Je ne pensais pas la convaincre car fort de son succès, elle était certaine d'avoir agi de la meilleure façon qui soit. Elle ne semblait pas comprendre qu'en cette période de troubles, où les Fangeux décimaient l'extérieur et la famine l'intérieur de la Cité, tout était absolument possible, que le plausible n'était plus la seule issue logique. Il ne lui semblait être venue à l'esprit qu'un fou, ayant pu s'introduire dans le quartier des nobles, puisse avoir d'autres desseins que simplement jeter un seau de merde au premier noble qu'il croiserait. Non, visiblement, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Laissons les fous se faire charmer par des mots suaves, cela marcherait à tous les coups.

Quand la dame de compagnie certes peu discrètement témoigna à sa maîtresse qu'il était temps de calmer le jeu, la Baronne lança une dernière pique sous couvert de bienséance. Je n'en avais cure, je partageais au moins un point commun avec elle : j'avais mieux à faire. Une fois encore vous tirez hâtivement des conclusions sur ce que je peux penser. C'est navrant. Pour autant, je vous souhaite quand même de passer une agréable fin de journée. Inclinant brièvement la tête, j'allais me mettre en route pour retourner dans mes pénates quand un milicien arriva au pas de course, faisant cliqueter l'armure qu'il portait.

- Monsieur le Compte, Madame la Baronne, le Sergent en charge de l'individu qui s'est introduit ici souhaite vous parler et vous poser quelques questions sur cette affaire. S'il vous plait de me suivre je vous prie, je vous conduis jusqu'à lui. Je fermai les yeux un instant, contenant mon exaspération de perdre un peu plus encore mon précieux temps pour une affaire aussi insignifiante. Bien sûr soldat, je vous suis.

J'espérais sincèrement que le Sergent se contenterait de nous demander notre version des faits et pas de devoir faire un rapport circonstancié des événements vu la faible ampleur de l'affaire. Je suivis d'un pas que je tâchais d'être le plus normal possible, malgré ma douleur qui pulsait jusqu'à mon genou droit et qui rendait le tout un peu raide.
Une fois devant la tour de garde, le milicien ouvrit la lourde porte en bois avant de se décaler pour nous faire entrer. Au bout de la pièce, un bureau éclairé de multiples bougies trônait. Un homme à la carrure imposante et l'air bourru semblait être plongé dans un registre avant qu'il ne lève le nez, sa moustache légèrement grisonnante masquant presque toute sa bouche quand elle était fermée.

- Je vous remercie d'être venus Comte de Brumebois, Baronne de Nerra. Je pensais intérieurement que son remerciement cachait une injonction d'avoir à se présenter. Tâchons de régler ça rapidement mais comme vous êtes les principaux témoins de ce fâcheux incident, j'ai besoin de votre rapport pour mon dossier, afin qu'il puisse être jugé. J'opinais de la tête, avant de regarder alternativement le Sergent puis la Baronne. Honneur aux Dames dans ce cas. Il paraît que je ne suis guère doué pour la parole. Croisant les bras, j'attendis patiemment qu'elle donne sa version héroïque des faits.


Dernière édition par Flavien de Brumebois le Lun 31 Déc 2018 - 23:57, édité 1 fois
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Adelaïde de Rougelac



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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyLun 31 Déc 2018 - 23:32
Minauder pour avoir ce qu’elle voulait? Avait-elle bien compris? Adelaïde se renfrogna avant de croiser les bras sur sa poitrine. Non, mais! Il avait du culot le Comte! Parfait! S’il souhaitait se faire arroser de boue la prochaine fois ou se retrouver dans un combat sans fin, elle le laisserait certainement se débrouiller. Alors qu’ils s’apprêtaient à se séparer, les cliquetis d’un milicien vint interrompre leurs actions. Un jeune milicien aux cheveux blonds et aux yeux verts s’arrêta à un pas du couple de Nobles; «Monsieur le Comte, Madame la Baronne, le Sergent en charge de l'individu qui s'est introduit ici souhaite vous parler et vous poser quelques questions sur cette affaire. S'il vous plait de me suivre, je vous prie, je vous conduis jusqu'à lui.» Adelaïde roula les yeux aux ciels. Décidément les dieux s’amusaient avec eux… Encore prise pour passer du temps avec le Comte de Brumebois… Adelaïde acquiesça et marcha derrière le Comte en observant discrètement sa façon de marcher. Ce dernier semblait raide, comme si une douleur lui lanciner la jambe. Ils arrivèrent finalement à une tour de garde, et le milicien ouvrit la lourde porte de bois pour laisser entrer les deux nobles à l’intérieur, pendant que Bathilde resta à l’extérieur. Un grand homme grisonnant était assis à l’autre bout de la pièce, il se redressa légèrement sur sa chaise avant de prendre la parole.


«Je vous remercie d'être venus Comte de Brumebois, Baronne de Nerra. Tâchons de régler ça rapidement, mais comme vous êtes les principaux témoins de ce fâcheux incident, j'ai besoin de votre rapport pour mon dossier, afin qu'il puisse être jugé.» Adelaïde, qui était resté derrière le Comte ne s’attendait pas à ce que ce dernier se retourne vers elle, bras croisé pour lui lancer une réplique aussi haineuse. Le sergent, légèrement surpris, ne dit rien, mais on pouvait lire l’interrogation dans son regard. Adelaïde s’avança de quelques pas, sans regarder Flavien, puis commença son récit; «Moi et ma dame de compagnie profitions de cette magnifique journée pour prendre l’air. Au bout de quelques minutes, nous avons aperçu le Comte qui parlait avec cet individu. Pour être honnête, j’ai vu tout de suite que quelques choses clochaient, et c’est pourquoi j’ai envoyé ma dame de compagnie chercher des miliciens, pendant que j’allais assister le Comte. » Le sergent haussa un sourcil avant de lever son regard vers le sien. «Assister le Comte? » La jeune femme fit un rapide signe d’approbation de la tête avant que le sergent ne lui fît signe de continuer. «L’individu était clairement en détresse, il menaçait le Comte avec un sceau de boue quelconque. » Elle évita soigneusement « l’incident » qu’elle avait provoqué en agrippant le Comte, bien consciente que ce geste serait mal vu si cela s’ébruitait, puis continua; «Après avoir évité le contenue du sceau, je me suis approché de lui pour tenter de le raisonner. Comme je l’ai mentionné, ce dernier était clairement en détresse, et j’ai cru que des mots seraient plus utiles que l’épée pour le calmer. Vos gardes sont arrivées quelques instants plus tard. » Le milicien releva la tête avant de se mettre à caresser la moustache en fixant la Baronne. «Saviez-vous s’il était armé?» Adelaïde fit un rapide non de la tête. Le sergent se releva rapidement de sa chaise, son expression était différente, les sourcils légèrement froncés, les yeux brillants. Comme s’il s’apprêtait à faire un discours des plus agressifs; « C’était une action insouciante et extrêmement dangereuse, votre Honneur. »


Avait-elle bien entendu? Un autre qui ne comprenait pas sa façon de faire? Adelaïde fronça les sourcils avant de rétorquer; « Je vous demande pardon? » Le sergent se leva pour contourner son bureau et s’arrêta tout près de la Baronne; «Ne recommencez plus ce genre d’acte, Madame la Baronne.» Adelaïde ouvrit la bouche comme pour rétorquer, mais le sergent l’interrompit. «Si vous voulez bien nous excuser, moi et le Comte devons discuter.» Adelaïde referma immédiatement la bouche avant de se renfrogner. Mais quel rustre! Elle baissa doucement la tête en respect, avant d’éviter le regard de Flavien, peut-être avait-il raison? Peut-être avait-elle été imprudente? Elle le savait au plus profond d’elle-même qu’elle aurait pu être blessée, mais elle savait aussi pertinemment qu’elle avait bien fait d’agir comme elle l’avait fait. Cet homme avait besoin d’aide, il avait mal, elle l’avait vu dans ces yeux, elle l’avait su au premier regard. Adelaïde sortit finalement de la salle pour laisser les deux hommes discuter, et Bathilde l’attendait patiemment dans le couloir. Cette dernière se leva rapidement alors qu’elle aperçut sa maîtresse sortir de la pièce et sut rapidement que quelques choses clochaient. «Que s’est-il passé? » Adelaïde ne perdit pas une seconde et lui raconta les paroles du Sergent. La réaction de Bathilde la laissa quelque peu patoise; « Il a raison, c’était très imprudent de votre part. Vous avez une famille à vous occuper. Que deviendrais votre frère et votre sœur s’il vous perdait? » Adelaïde frissonna à la pensée de laisser sa famille derrière. Ils avaient tellement perdu, ils ne méritaient pas une autre perte futile. La baronne resta silencieuse pendant quelques moments, puis ouvrit finalement la bouche; «Bathilde, retourne à la Résidence Terresang. Je t’y rejoindrais plus tard.»


«Mais… Ce n’est guère bien vu, vous devez au moins avoir un cha… » Adelaïde leva la main pour la faire taire. «Un chaperon, Bathilde? Vraiment? Je suis veuve, pas une jeune fille toute fraîche. Laissez-moi maintenant.» Ces vieilles règles l’exaspéraient au plus haut point. Les femmes devenaient miliciennes, combattaient aux côtés des hommes, mais pourtant, elle, devrait avoir un chaperon. La baronne soupira, et sa dame de compagnie quitta rapidement la tour de garde. Adelaïde ignorait pendant combien de temps Flavien serait pris dans cet entretien, mais il avait raison et elle devait rectifier les choses. Elle s’assit sur un banc dans le couloir et attendit. Les minutes lui semblaient longues. Puis soudainement la porte s’ouvrit rapidement, ce qui fit sursauter la baronne qui était complètement perdue dans ses pensées. La jeune femme se releva rapidement et observa le Comte qui sortit du bureau du sergent, l’air raide et le visage exaspérer. Était-ce de l’exaspération qu’elle voyait sur son visage? Ou était-ce simplement le visage normal du Comte? Elle s’approcha doucement de ce dernier pendant que ce dernier fermait rapidement la porte derrière lui.


«Monsieur le Comte, m’accorderiez-vous une seconde avant de retourner à vos occupations.» Devant l’hésitation de ce dernier, elle fit un pas vers ce dernier en ajoutant; «Je vous promets que cela ne prendrait qu’une seconde.» Elle baissa les yeux pendant une seconde, laissant un léger silence s’installer entre les deux nobles puis releva doucement ses prunelles azurées vers le Comte. «Veuillez excusez mon attitude ainsi que de ma réaction d’un peu plus tôt. Je suis consciente de ma négligence et j’aurais dû suivre vos ordres. Sachez que mon intention était seulement de vous aider à sortir de cette situation quelque peu délicate. » Elle soupira avant de baisser une nouvelle fois le regard, on aurait dit que sa fougue, que la défiance dont elle avait fait preuve un peu plus tôt l’avait quitté. Ses mots étaient sincères, son ton de voix était doux, mais ferme. Elle voulait que l’honnêteté soit détectable, être le plus transparente possible; «Vous faites tellement pour notre ville, je ne souhaitais qu’à vous aider. » Adelaïde prit finalement son courage à deux mains et releva doucement les yeux vers Flavien pour croiser une nouvelle fois son regard froid. «Permettez-moi de me faire pardonner et de vous inviter à dîner. Si le moment vous convient bien entendu.» Peut-être son offre était totalement inacceptable pour le Comte, peut-être que cela le choquerait plus qu’autre chose. Mais c’était la moindre des choses qu’elle pouvait faire. Elle expira doucement, la baronne avait l’impression d’avoir un énorme poids sur ses épaules, que le temps s’était arrêté. Peut-être avait-elle fait quelques choses de mal... Peut-être que non, mais elle avait le devoir de réparer cette situation.

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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyMar 8 Jan 2019 - 19:16
Je n'étais pas d'humeur à palabrer, pas plus qu'à me rendre dans une caserne à discuter du sort d'un pouilleux qui m'avait déjà suffisamment perdre mon temps. Je n'avais rien contre les pauvres mais s'ils pouvaient, comme nous tous, se rendre un plus utiles qu'en hurlant à la mort avec un seau de boue dans les mains.
Comme je n'avais pour le moment pas envie de m'expliquer et de subir les regards atterrés de la Baronne face à mon inhumanité, j'avais décidé de la laisser parler, ce qu'elle ne put refuser alors que le Sergent faisait mine d'attendre.
Croisant les bras, j'écoutai la version des faits avancée par la seule demoiselle présente. Je tentai de réprimer toute émotion afin de rester le plus objectif possible, même si la réaction du Sergent m'arracha presque un fin sourire. Oui, m'assister, rien de moins que cela....
Je ne pouvais lui enlever le mérite de ne pas romancer les faits, allant même à l'essentiel même si je ne partageais toujours pas ses agissements. Point de sauvetage héroïque, simplement des faits énoncés selon sa vision décalée des choses. Sans compter que même avec des avis divergents, il ne m'apparaissait pas opportun de montrer une discorde entre nobles devant un non noble. Nous avions un sens de l'étiquette qui à mon sens prévalait sur la satisfaction personnelle d'avoir raison. Nous étions déjà assez loups entre nous pour rajouter d'autres prédateurs dans la meute.

Je fus soulagé d'entendre le Sergent abonder dans mon sens. La rapport risque / gain plaidait totalement en défaveur de la Baronne et un homme d'armes comme ce dernier l'avait vite remarqué. En ces périodes troubles, le moindre accès de folie pouvait se révéler désastreux. Seul le respect de l'ordre nous éviterait de sombrer dans le chaos si propice aux fangeux.

Je le vis alors faire le tour de son bureau, sermonnant ni plus ni moins la jeune femme sur ses agissements inconsidérés. Si la réprimande était justifiée, la forme elle était un peu plus surprenante. Plus encore lorsqu'il lui demanda de quitter son bureau , signe qu'il voulait s'ouvrir de cette affaire avec moi uniquement. Une conversation plus virile qui sait, ce Sergent ne portait peut-être pas les femmes et leurs compétences autres que ménagères dans son cœur. Toujours silencieux, je regardai la Baronne se diriger vers la porte et la refermer derrière elle.

Quand je me retrouvai face au Sergent, celui-ci me détailla quelques secondes alors que je soutenais son regard, sans animosité ni sympathie. La version de la Baronne est-elle exacte Comte ? Je ne pris guère de temps avant de répondre, sachant déjà quoi dire à cette question. Dans l'ensemble oui, si ce n'est que je n'avais pas besoin d'aide. Je l'avais au contraire enjoint de faire attention et de rester hors d'atteinte de ce déluré mais elle vous a raconté la suite. Je ne voulais pas enfoncer le couteau dans la plaie de la jeune femme car je lui avais déjà dit personnellement le fond de ma pensée. Que ce soit par chance, inconscience ou par une vision plus empathique des choses, elle a su maîtriser cette homme et vous permettre de l'appréhender sans heurts. Je n'aurai pas agi ainsi, vous nous plus j'en suis sûr mais vous pourrez faire votre travail à l'encontre de cet individu n'est ce pas ? Une fois encore, nos regards se croisèrent avant que le Sergent fasse mine de regarder son registre. Effectivement, je vais consigner mon rapport avec vos deux témoignages et nous verrons ce que nous ferons de lui ensuite. J'opinai silencieusement même s'il ne requérait pas l'assentiment que je lui donnais pourtant. Vu ce qui s passe tout autour de nous, je doute que vous ayez encore besoin de la Baronne ou de moi pour une affaire si peu importante. Aussi, si vous voulez bien m'excuser, achevais-je d'un signe de tête formel, presque militaire, avant de m'éloigner à mon tour vers la sortie.

Pensant pouvoir enfin retourner dans mes pénates, pestant intérieurement de toute cette mascarade m'ayant fait perdre temps et énergie, ce fut avec surprise que je tombai nez à nez avec la Baronne qui loin d'être rentrée chez elle, semblait au contraire m'attendre. Fronçant les sourcils, je lui fis part de mon étonnement. Je ne pense pas que le Sergent requiert encore nos services. Si pour une malheureuse arrestation il faut que deux nobles consacre leur temps précieux, cette cité irait droit à sa perte.

Au lieu de cela, elle souhaitait s'entretenir avec moi plutôt qu'avec le gens d'armes. Je stoppai mon pas, pivotant d'un quart de cercle pour me mettre face à elle. Étonnamment, elle faisait amende honorable par rapport à son comportement tout à l'heure. En présentant ses excuses, elle semblait réaliser l'inconscience de ses actions. Bien que tardivement, reconnaître ses erreurs était un signe d'intelligence. Resté buté quand tout démontrait que l'on se trompait était pire encore que la stupidité faute d'éducation, ou simplement de jugeote.

Pour autant, sa flatterie était tellement aux antipodes du fiel craché peu de temps avant que je doutais de sa sincérité. Sa servante lui aurait-elle martelé son erreur de jugement, à moins que les fugaces paroles du Sergent ont eu l'autorité nécessaire de celui rompu à ce genre d'événement ? En tout cas, j'étais presque persuadé que je n'étais pas l'origine de ce revirement. Devais-je balayer d'un revers de la main celle qu'elle me tendait en guise de paix ?... Non, ce n'était ni recommandé ni courtois. Regardant ce petit bout de femme au caractère pourtant bien trempé, je tentai, tant bien que mal, d'adoucir les traits de mon visage, reprenant un air un tant soit peu plus détendu.
Hmm, Baronne. Nos méthodes divergeaient mais le but recherché était le même. Cet homme a été appréhendé et le calme est revenu dans les quartiers nobles. Quant à votre proposition de dîner ... Il serait inconvenant que j'accepte votre invitation. Je laissais quelques secondes s'écouler, avant de reprendre. Aussi veuillez accepter d'être mon invitée et ainsi partager ce même dîner dans ma résidence. Nous pourrons ainsi faire plus ample connaissance.

Je préférai largement évoluer en terrain connu pour un premier tête à tête et la bienséance me commandait d'être celui qui invitait en tant qu'homme et Comte. L'heure du dîner n'arrivant pas avant plusieurs heures, je pourrai m'organiser auprès de mes gens pour un couvert supplémentaire. Serez-vous accompagnée d'ailleurs ? Ne l'ayant vue qu'en compagnie d'une chaperonne, peut-être en serait-il de même ce soir. Je n'aimais pas les surprises, les mauvaises plus encore. Je vous dis à plus tard, avant que le soleil ne se couche Baronne ? Au plaisir de vous accueillir dans ma demeure. Inclinant la tête poliment, je lui fis signe de me précéder avant de lui emboîter le bas, direction ma résidence où j'avais un repas diplomatique à préparer. Heureusement que mon côté prévoyant me faisait conserver toujours des aliments de qualité pour ces moments-là. Je n'aimais pas les imprévus mais je ne pouvais pas tous les éviter.
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Adelaïde de Rougelac



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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyJeu 10 Jan 2019 - 18:22
Si ses excuses étaient sincères, le Comte n’avait pas l’air de vraiment la croire. Sa réaction ne changea que lorsqu’elle l’invita finalement à dîner. Un acte qui pouvait paraître surprenant pour ce dernier. Adelaïde eut un sourire triste avant de baisser la tête lorsque Flavien refusa son invitation. Avant de vite la relever alors qu’il l’invitait dans sa résidence en lui demandant si elle serait accompagnée. La baronne eut l’impression que son visage s’était légèrement adouci, comme s’il tentait de faire un quelconque effort. « Non, je ne serais pas accompagnée. Je vous dis a ce soir, Votre Grandeur. » Elle fit un pas avant de s’arrêter net. « Et merci. Merci de me donner cette deuxième chance. » Adelaïde lui fit un léger sourire avant de se remettre en marche pour se rendre à la résidence Terresang.



***


Quelques heures plus tard...



Bathilde replaça doucement la boucle sur l’épaule de la Baronna avant d’avoir un sourire satisfait. « Sa y’est! Vous êtes prête! » Adelaïde releva doucement son regard vers la glace avant de lui lancer un sourire en remerciement. « Décidément mon amie, tu es fort douée! » La dame de compagnie lui lança un sourire avant de tenter le terrain; « Vous n’êtes pas trop nerveuse de vous retrouver dans un terrain inconnu? » Adelaïde n’avait même pas besoin de répondre, elle pouvait le lire sur son visage. C’était fou à quel point les deux femmes étaient devenues complices au cours de ses dernières années. Bathilde fit quelques pas vers l’arrière pour laisser Adelaïde se relever du tabouret. Le taffetas grisâtre de sa robe mettait joliment ses cheveux ainsi que ses yeux en valeur. Tandis que la robe, elle, avait définitivement été conçue pour mettre en valeur les atours de la Baronne. Le col bateau mettait ses épaules en valeur, tandis que le corset soulignait gracieusement la taille menue de la baronne. Un décolleté discret pouvait se faire apercevoir, mais rien qui n’aurait pu choquer le Comte, ou du moins l’espérait-elle. Bathilde alla chercher la capeline qu’elle mit rapidement sur ses épaules avant de lui tendre ses gants. « J’ai demandé à un de nos domestiques de vous accompagner. Il viendra vous chercher après le dîner. » Adelaïde hocha doucement la tête en mettant doucement les gants noirs. Puis releva son regard dans celui de son amie qui avait un sourire encourageant. « Cessez de vous inquiéter, tout se passera bien. Il vous pardonnera votre éclat de colère et vous allez pouvoir continuer votre vie comme avant. » Comme avant… Avait-elle vraiment envie de vivre comme avant? Prise dans des faux-espoirs et des faux semblants? Adelaïde secoua rapidement la tête pour reprendre ses esprits. Ce n’était pas le moment de penser à cela.


Elle remercia Bathilde et sortit de ses appartements pour finalement rejoindre le domestique qui l’attendait dans le hall. Ce dernier lui ouvrit la porte avant de la suivre alors qu’elle s’engageait dans le froid en direction de la résidence du Comte. Le trajet se fit dans un silence total. La baronne tentait tant bien que mal de trouver une façon d’attaquer la situation et tentait de calmer ses nerfs. Ce n’était qu’un dîner après tout. Que pourrait-il se passer de mal? Au bout de quelques minutes de marche, ils arrivèrent finalement à la demeure du Comte. Son domestique frappa à la porte, et cela ne prit que quelques secondes avant que la lourde porte en bois s’ouvre devant eux, dévoilant un domestique élégamment habillé. « Ah! Votre Honneur! Entrez, je vous en pris! » dit-il avant se pousser pour laisser entrer la Baronne. Adelaïde fit un léger sourire à son serviteur qui baissa la tête avant de tourner les talons pour retourner à la résidence Terresang. La baronne expira doucement, comme pour tenter de contenir sa nervosité et entra dans la demeure de Flavien. Le domestique se dépêcha de fermer la porte, avant de se mettre face à Adelaïde. « Je vais allez prévenir le Comte que vous êtes arrivés. Puis-je prendre votre capeline? » Adelaïde fit un sourire gêné au serviteur, et se retourna afin que ce dernier puisse l’aider à enlever sa capeline. Dévoilant ainsi sa tenue, qui ne sembla pas déranger le serviteur pour le moindre du monde. Cette attitude rassura légèrement la Baronne, dont la nervosité était à son comble. Dans quoi s’était-elle embarquée? La voilà dans la résidence du Comte de Brumebois, seule. Tout cela alors qu’elle tentait seulement de se faire pardonner pour son caractère – disons bouillant. L’homme lui fit signe de la main vers une porte grande ouverte. « Vous pouvez attendre son Excellence dans le salon. Il ne devrait pas tarder. » La baronne fit un léger signe de tête avant de finalement entrer dans le soi-disant salon. Elle ne put s’empêcher de s’arrêter net lorsqu’elle arriva dans la pièce richement décorée. Tout était si beau! Si parfait. Adelaïde connaissait la réputation du Comte, et les rumeurs étaient vraies; le Comte était bien loin d’être à la rue! Le salon était orné d’un luxueux tapis, le mobilier était recouvert d’une étoffe aussi douce que la soie et un feu crépitait doucement dans la grande cheminée finement décorée. Adelaïde s’approcha doucement de ce dernier, et laissa entre temps sa main caresser doucement l’étoffe du luxueux fauteuil avant de s’arrêter devant la cheminée. Elle mit ses mains près des flammes, laissant ainsi la chaleur lécher ses mains qui étaient glacées après cette marche dans le froid.


Elle ne se sentait pas à sa place, et pourtant, elle-même n’était pas à la rue. Elle replaça rapidement une boucle de ses cheveux et releva doucement la tête vers un portrait qui trônait fièrement au-dessus de la cheminée. Elle fit quelques pas de reculons et observa silencieusement le portrait. Une femme d’un certain âge et un homme se tenaient debout, au centre de huit petits garçons aux airs étrangement similaire. Définitivement le portrait de la famille Brumebois. Des pas firent sursauter la baronne qui était perdue dans l’admiration des traits de pinceaux de l’artiste et elle se retourna, comme une voleuse prise au fait, pour faire face au Comte. Ce dernier n’avait toujours pas changé d’expression. Il avait toujours l’air aussi enthousiaste. Voulait-il vraiment voir la baronne dans sa demeure? Où l’avait-il simplement invité par politesse? Adelaïde fit une révérence avant d’incliner la tête en fuyant le regard du Comte. Elle avait la vague impression que ce dernier la dévorait du regard. « Votre Grandeur » commença-t-elle avant de redresser le regard vers le Comte. « Je vous remercie de m’accueillir dans votre demeure. » Elle fit un pas en direction du Comte avant de s’arrêter soudainement pour ensuite lever son regard azuré vers son hôte. « J’ose espérer que les événements de la matinée n’ont pas trop dérangé votre journée » La jeune femme tentait tant bien que mal de ne pas montrer sa gêne et surtout le fait qu’elle n’était aucunement confortable dans cette situation. Elle qui généralement menait le jeu, elle se sentait totalement déstabilisée et en terrain inconnu. La jeune femme désigna rapidement le portrait d’un léger mouvement de tête. « Votre famille? » demanda-t-elle candidement. La curiosité l’avait emportée. Elle savait le Comte veuf, mais ignorait si ce dernier tenait en haute estime son ex-femme ou non. Après tout, ne l’avait-il pas invité pour mieux faire connaissance?
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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyDim 13 Jan 2019 - 14:13
J'avais préféré ne pas répondre à cette presque supplique quant à la deuxième chance que je lui accordais. Premièrement car je ne pensais pas que cette phrase attendait une réponse mais surtout parce que je ne considérais pas cela comme une seconde chance. Diplomatie entre nobles, hache de guerre à enterrer, quelle importance après tout.
Aussi est-ce d'un pas déterminé que je rentrais dans mes pénates, direction les cuisines.

- Phébalde, nous aurons une invitée ce soir. La Baronne de Nerra. Prépare pour deux un repas digne de son rang. Pas plus, pas moins. Ici, point d'irrespect car il s'agissait d'une consœur, si je pouvais m'exprimer ainsi. Cela dit, elle était Baronne, aussi point de faste inutile comme on en donnerait lors d'un banquet. L'argenterie serait sortie, la qualité de la nourriture évidemment irréprochable - j'avais confiance en Phébalde pour cela - mais point trop n'en faut.

Une fois ma toilette faite, j'ouvrai la lourde armoire en chêne massif où paressaient la plupart de mes tenues. Pliées à la perfection, triées par couleur et par type de vêtement, je tapotais ma lèvre inférieure du bout de l'index en songeant à ce que j'allais bien pouvoir mettre. J'allais opter pour du classique même si elle serait plus adaptée pour l'intérieur que celle que je portais le matin même. J'optais pour une tenue en velours bleu, qui selon mes domestiques faisaient ressortir mes yeux. À la bonne heure. Une chemise blanche à manches longues, s'évasant légèrement au niveau des poignets et une ceinture sombre pour marquer la taille et rendre le tout présentable.

Laissant mes domestiques se charger du reste, j'irai vérifier la table afin que chaque couvert soit bien à sa place, parallèles entre eux et alignés en fonction de l'assiette et des différents verres. Les apparences donnaient souvent le ton sur la qualité de l'hôte.
Assis sur un fauteuil rembourré à l'assise basse, je feuilletais tranquillement un livre sur l'histoire de la région, ouvrage que j'avais bien dû lire des dizaines de fois. Il fallait dire que depuis l'attaque des Fangeux, il est quasi impossible de se renouveler en ouvrages de qualité et intéressant à lire. À l'heure prévue, j'entendis la cloche de la porte d'entrée tinter et sut que mon invitée était arrivée. Aussi me levais-je pour faire une inspection de dernière minute dans la salle à manger ainsi que dans les cuisines.

Phébalde s'affairait, remuant lentement dans une casserole en fonte ce qui allait nous servir d'entrée : une soupe de légumes agrémentée de quelques aromates de notre jardin, pour relever un minimum le goût. Je la fixai du regard, n'ayant pas besoin de lui indiquer la raison de ma visite pour attendre d'elle une réponse. Tout sera prêt en temps et en heure Seigneur. fit-elle, ne s'accordant que le temps de prononcer ces quelques mots pour me regarder avant de reprendre la peaufinage de son plat. Hochant la tête, je quittai les cuisines afin que les odeurs de cuisson n'imprègnent mes vêtements. J'avais donné comme instructions de conduire la Baronne dans le salon, adjacent à la salle à manger. Le domestique me trouva et me confirma qu'elle attendait à l'endroit souhaité.
Faisant le tour pour arriver par la même porte qu'elle, je savais qu'en procédant ainsi, je la trouverai de dos, gagnant ainsi quelques instants à la regarder sans être vu. D'un pas feutré, je stoppai dans l'encadrement de la porte, la regardant admirer le tableau familial. Une ombre passa sur mon visage, avant que je ne la chasse pour reprendre un sourire de circonstance. Mes pas reprirent et se firent plus bruyants, assez pour signaler mon arrivée. Celle-ci se retourna et me salua avec grâce et politesse tandis que je lui rendais la pareille. Baronne. Je vous remercie d'avoir accepté mon invitation à partager ce repas avec moi. Avançant de quelques pas encore, je me trouvai à quelques mètres d'elle désormais. Alors qu'elle tournait la tête pour fixer le tableau, je me permis de la détailler et vit qu'elle n'avait pas choisi sa tenue par hasard. La robe était féminine sans être outrancière, échancrée sans être grossière, suggestive sans être vulgaire. Quand de surcroît vous possédiez un corps jeune et élégant comme le sien, je ne doutais pas un instant qu'elle sache très bien utiliser ses charmes féminins pour parvenir à ses fins. Nous autres hommes étions si faibles face à un doux visage en détresse ou un sourire attendrissant. Allais-je devoir me méfier d'elle, ou venait-elle sans arme proposer une paix plausible. Une bien charmante paix à regarder en tout cas.

- Vous ne dérangez nullement non, j'ai simplement dû écourter mon entraînement à l'épée mais c'est plus ce fou qui en est la cause que vous. Quant à ce tableau, il s'agit en effet de ma famille. Mes parents, ainsi que mes frères. Derrière il s'agit de notre domaine. Du moins ... du temps où nous étions tous en vie. La Fange avait décimé nos rangs et outre la mort de mes parents, cinq de mes sept frères y avaient laissé leur vie. Une hécatombe. Pensant trouver le paradis à Marbrume en trouvant un intérêt à mon mariage arrangé, ce fut un enfer d'ennui avant que la cité ne devienne le salut de l'humanité. Salut qui fut à l'origine de ma survie, contrairement à mon épouse. Au risque de paraître inhumain, je ne l'avais jamais pleuré. La Fange nous a tous pris quelqu'un ou quelque chose. Je sais que comme moi, vous avez perdu votre conjoint. Rappelez-moi, avez-vous des frères et sœurs ? Je m'en voulais intérieurement de ne pas avoir poussé mes recherches avant ce rendez-vous, il était toujours fort appréciable d'en savoir le plus sur celui ou celle qu'on invitait et d'éviter de commettre un impair.

- Si vous le voulez bien, pensons à des choses plus .... joyeuses, en tout cas moins sinistres. Désirez-vous un verre d'alcool, un rafraîchissement, un verre d'eau ?
Je me dirigeais vers une petite table où se trouvait une clochette, afin de la secouer pour en faire sortir un tintement aiguë. Quelques secondes à peine se passèrent avant qu'un domestique ne surgit de la porte, attendant l'ordre qui allait lui être donné. - Va nous chercher la collation. Pour moi ce sera un verre de vin et pour la Baronne ... Je me tournais vers cette dernière, attendant sa réponse pour la répéter à mon domestique qui s'inclina avec déférence et s'éclipsa aussitôt.

- Je vous propose de nous asseoir si vous le voulez bien, lui désignant de la main le canapé ainsi que les fauteuils qui trônaient au milieu de la pièce. L'invitant à choisir, je pourrai ainsi savoir quel trait de caractère prédominera dans ce début de soirée. Je ne ferai que m'adapter, m'asseyant dans le canapé à côté d'elle ou dans le fauteuil face au sien.

Une fois installés, le domestique revint avec un plateau d'argent chargé de petits plats colorés et de deux verres remplis. Je le laissai se charger du service, réajustant mon assiette, trop éloignée du bord de la table par rapport à celle d'Adélaïde. Levant mon verre dans sa direction, afin de trinquer, je lui gratifiai d'un sourire avant de prendre la parole : À notre première véritable rencontre Baronne. L'occasion de m'en dire un peu plus sur vous et votre caractère volcanique. Continuant de sourire, je bus une gorgée avant de poser lentement mon verre sur le napperon prévu à cet effet. J'avais hâte de voir comment allait se dérouler cette soirée intimiste.
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Adelaïde de RougelacComtesse
Adelaïde de Rougelac



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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyDim 20 Jan 2019 - 9:19
Adelaïde pouvait sentir le regard de son hôte. Elle savait pertinemment qu’il la détaillait, mais devant le manque de réaction, elle se dit que sa tenue devait être à son goût, ou du moins lui convenir. « Mon mari est mort bien avant la Fange, Votre Grandeur. Nous avons été mariés que deux mois avant qu’un accident ne l’emporte dans la mort. » Dit-elle sans émotion. Après tout, elle ne ressentait rien que du dégout pour cet homme qui l’avait marié et qui s’était servi d’elle alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Puis son expression changea lorsqu’elle entendit sa question. Un voile vint recouvrir son visage, alors qu’elle baissa son regard au sol. « Si, deux sœurs et un frère. » Elle reprit rapidement le contrôle et se tourna légèrement vers le Comte. « Ma sœur Alice, la Vicomtesse de Terresang est décédée, il y a quelques mois de cela, alors qu’elle tentait de rejoindre la ville. Elle était accompagnée de mes parents. » Il était inutile de continuer. Le Comte n’avait pas besoin de savoir la relation entre l’ainée et sa jeune sœur, ce lien si spécial qui avait fait d’elle la femme qu’elle était aujourd’hui. « Mon jeune frère et ma sœur sont toujours en vie. Trop jeune pour participer activement à la vie de la cour. Ils résident dans la résidence de Nerra. » Valait mieux terminer sur une note légèrement plus joyeuse. Le Comte ne se gêna pas pour briser la proximité pour aller secouer une légère clochette. Cela ne prit que quelques secondes avant qu’un serviteur se présente devant les deux Nobles.


«Va nous chercher la collation. Pour moi ce sera un verre de vin et pour la Baronne ...»


« La même chose que vous. » Déclara telle le plus simplement possible. Puis il lui proposa de s’asseoir. Ce qu’elle fit sans réfléchir, en choisissant le canapé plutôt que les fauteuils qui ne convenait aucunement au type de robe qu’elle portait. Quelle ne fut pas sa surprise d’apercevoir son hôte s’installer à ses côtés. Tentait-il un quelconque rapprochement? Avait-il une idée derrière la tête? Adelaïde resta silencieuse, tentant discrètement de discerner ce que son hôte attendait d’elle. Pour peu, la nervosité qu’elle ressentait un peu plus tôt s’était rapidement dissipée. Puis revint le serviteur qui vint déposer leur breuvage ainsi que de nombreux petits plats sur la table tout près d’eux. Elle le remercia d’un sourire, tout en cherchant à éviter le regard de Flavien. Puis elle n’eut pas le choix de lui redonner son attention lorsqu’il l’invita à trinquer. Fait surprenant, le Comte de Brumebois affichait un premier sourire aux lèvres, ce auquel elle répondit avant de lever à son tour sa coupe. Elle but une légère gorgée du liquide avant de finalement reprendre la parole;


« Étant donné le cadre assez intimiste de ce dîner, puis-je vous demander de m’appeler Adelaïde? » Peut-être poussait-elle un peu loin, mais faire tomber le mur de la bienséance pourrait rendre ce dîner des plus amical et amusant. Car soyons honnête, la jeune femme n’avait aucune idée en tête pour ce dîner. Elle souhaitait simplement que le Comte la comprenne, et lui pardonne par la même occasion son écartade de la journée. Elle déposa doucement le verre de cristal sur la table, puis retourna son regard azuré dans celui de son hôte. « Quant à votre remarque sur mon caractère, disons volcanique. Je crois que je préfère le terme déterminé. » Elle sourit avant de dévier son regard sur les motifs du canapé, l’air légèrement innocent. « Oui déterminée à accomplir ce que les autres sont déterminés à ne pas faire. » Elle savait que sa remarque toucherait le Comte. Après tout, tout le monde savait à quel point il luttait pour prendre le contrôle des défenses de la ville. Apparemment qu’il pourrait faire un meilleur travail? Adelaïde ne connaissait pas assez ce sujet pour y avoir une opinion arrêtée. Elle aimait les gens comme elle, qui se battait pour une cause. Si celle de Flavien semblait assez compliquée, la sienne se rapprochait de l’impossible. Si la condition des femmes était bien loin d’être parfaite. Après tout n’y avait-il pas de force plus puissante qu’une femme déterminée à prendre du pouvoir? Adelaïde prit un canapé, avant de le porter doucement à ses lèvres, bien conscientes que chacun de ses mouvements était observé, analysé. Une fois qu’elle eut terminé sa bouchère, elle posa finalement son regard vers Flavien. « Je suis tout aussi curieuse que vous. Peut-être pourriez-vous m’apprendre des choses que j’ignore à votre sujet? » Dit-elle le plus innocemment possible en reprenant le verre qu’elle avait déposé sur la table un peu plus tôt. « D’ailleurs, permettez-moi de saluer le talent de vos serviteurs. Ces plats sont tout simplement délicieux. » Finissa-t-elle avant de porter le verre de vin à ses lèvres.

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Flavien de Brumebois



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MessageSujet: Re: Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien]   Divertissez-vous des folies des autres, mais n'y prenez point de part [Adelaïde & Flavien] EmptyMer 23 Jan 2019 - 13:59
Avec tout ce qui se passait à l'extérieur des murs, on en oubliait presque la réalité normale de nos existences : Il arrivait que nous mourrions tout bêtement, de vieillesse, de maladie ou d'un simple accident. Voire même, avant que la Fange ne se soit déclaré. En calquant ma propre expérience sur la Baronne, j'avais précipitamment déduit que son veuvage avait été causé par notre ennemi commun. Or en l'espèce, cela faisait plusieurs années où son mari l'avait quittée, un peu comme moi mais pour différentes raisons. J'ignorais par contre si elle devait feindre une quelconque tristesse d'avoir perdu sa .... moitié ou si cette mort l'avait réellement affecté. Toujours est-il que veuve au bout de deux mois limitait fortement l'amour fou et inconditionnel, ne croyant guère aux coups de foudre entre individus. Les nobles avaient la fâcheuse réputation de se marier par intérêt, histoire de sauvegarder un nom ou embellir celui de la femme en se liant à un noble plus aisé. L'alliance chez les nobles ne se portaient pas autour du doigt, mais autour de la ceinture, bien garnie d'or et de terres.

Quand elle évoqua sa fratrie, une fois encore elle fut touchée par le deuil. Sa sœur avait également quitté ce monde et comme moi il lui restait deux êtres de sa famille. Mes sincères condoléances Baronne et veuillez pardonner cette question. Maintenant que vous le dites, je me rappelle avoir été informé par le décès de l'épouse de votre suzerain, le Vicomte de Terresang. Idiot que j'étais, voilà un sujet délicat dont j'aurai pu nous faire grâce. Que votre frère et sœur soient trop jeunes n'est pas un mal selon moi. Qu'ils profitent un minimum de leur jeunesse loin de toutes ces intrigues. Nous avons déjà fort à faire avec la Fange et pourtant bon nombre s'évertue à se poignarder dans le dos moyennant une futile récompense vite oubliée. Haussant les épaules, je jugeai bon d'aller sonner la clochette histoire que nous ne mourrions pas de soif. Une fois mon serviteur reparti, je laissai le choix à la Baronne de s'installer selon ses convenances, agréablement surpris qu'elle choisisse le canapé, plus confortable et informel, pour m'asseoir à côté d'elle, patientant sagement le temps que notre commande n'arrive. Nous ne dûmes pas attendre longtemps - j'avais veillé à ce que tout soit prêt quelle que soit la réponse de la Baronne, tout comme les petits plats que Phébalde s'était échinée à concocter l'après midi durant.

Réajustant mon assise, histoire de me tenir droit dans le moelleux canapé, je fixais pendant quelques secondes la demoiselle assise à côté de moi avant d'hocher légèrement la tête. Vu le côté impromptu de ce repas et son cadre intimiste, je crois que nous pouvons nous permettre de nous appeler par nos prénoms, effectivement. Cela n'engageait en rien mais me permettrai d'en savoir plus sur mon invitée. Les convenances poussées à l'extrême avait de pénible qu'elles éliminaient toute confidence. Le seul inconvénient de s'affranchir de telles règles étaient que je me risquais à la même sanction : donner à mon interlocutrice des informations que je n'aurai jamais données en temps normal.

Je doutais cependant que pour un premier repas de la sorte, nous en venions à nous épancher sur nos secrets les plus intimes. Aussi, alors que j'enlevai de mes lèvres le bord du verre de vin que je tenais en main, son regard vint capter le mien tandis qu'elle précisait d'un terme mieux choisi le tempérament de son caractère. Déterminée ? J'appréciais ce trait de caractère quand il était utilisé pour de justes causes. On pouvait être déterminé à persister dans l'erreur, ça ne le rendait pas plus intéressant pour autant. Quand elle regarda le sol, plongée dans les motifs travaillés du tapis sur lesquels nos pieds reposaient, le ton de sa voix avait changé et je ne suis dire s'il s'agissait là d'un aveu ou d'une lassitude à ne point y parvenir. Vous ne devriez pas regarder le sol quand vous parlez de détermination. Si vous estimez votre cause juste et noble, portez la fièrement, comme il se doit des gens de notre rang. Je savais que je bataillais à contre courant afin de faire prendre conscience des failles de notre défense contre un ennemi plus nombreux, plus puissant et plus sanguinaire. Il en allait de la survie de notre race, la demi-mesure n'était pas de mise. Quel est le combat que vous menez, Adélaïde ? Celui qui vous vaut peut-être le fait de vous retrouver ici à partager un temps en ma compagnie ? Aider la population en détresse pouvait être une noble entreprise bien que non prioritaire à mes yeux. Les maintenir dans une situation suffisamment convenable pour éviter le chaos et se focaliser sur d'autres priorités. Mais peut-être faisais-je fausse route, aussi avais-je envie d'en savoir plus sur ses desseins.

Piquant ça et là divers amuse-bouches prévus à cet effet, la conversation bien que toujours un peu formelle avait au moins le mérite de se faire entre gens civilisés. Rien qu'en repensant à cet énergumène qui croyait bon menacer d'injures, de prédications et de boue pour se faire entendre, une grimace apparut sur mon visage avant que je ne chasse cette désagréable pensée.
Me rendant la pareille, Adélaïde voulut en savoir plus sur mon compte. C'était de bonne guerre, à la différence près que je ne voyais guère quoi lui dire. Vous apprendre des choses que vous ignorez à mon sujet ? Étonnante question vu que j'ignore ce que vous savez sur mon compte. Lui souriant, l'air amusé, mon regard plongé dans le sien comme pour sonder son esprit et en retirer les informations collectées me concernant, je bus une nouvelle gorgée de vin d'un verre qui se vidait plus vite que je ne l'aurai cru. Au besoin la carafe n'était pas loin mais loin de moi l'idée de m'enivrer à en perdre toute raison.

J'ai ouïe dire que certains nobles s'adonnaient au jeu des confidences au travers de questions dont l'autre était tenu de répondre, toutes proportions gardées selon la gravité de la question ou l'intimité de la personne avec qui ce jeu est joué. Chacun dispose d'un passe-droit, lui permettant de ne pas répondre à l'interrogation. Vous adonnez-vous à ce jeu Adélaïde ?

Je finis par hocher la tête quand elle complimenta la qualité des mets de mes serviteurs. Nous disposons de moins de denrées et un choix plus limité qu'avant la Fange, mais d'une certaine façon, nous revenons à des produits plus essentiels qu'il convient alors de sublimer. Je pris l'une des petites entrées, consistant finalement à une pomme de terre avec du persil et d'autres aromates que le climat local permettait de faire pousser, qu'un soupçon d'huile liait sur un morceau de pain. Je féliciterait de votre part mes serviteurs, si le reste du repas est également à la hauteur. Voyez-vous .... j'avalais d'une traite l'entrée que je tenais délicatement entre les doigts, mâchant lentement avant d'avaler le tout, pour reprendre ensuite. je déteste la médiocrité. Je ne dis pas qu'il faut être parfait en tout, pour tout et tout le temps ce ne serait qu'être présomptueux et particulièrement imbu. Mais se contenter du minimum quand l'apprentissage, l'expérience, l'entraînement permet de tant progresser a le don de particulièrement m'agacer, plus encore avec ce qui nous arrive. Voilà pourquoi j'ai agi ainsi face à ce fou ce matin. Il m'a fait perdre mon temps pour un motif qui ne le méritait même pas.

Elle voulait connaître quelque chose qu'elle ignorait à mon sujet. En voilà un exemple.

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