Marbrume


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 [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]

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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptyLun 31 Déc 2018 - 0:49

- 1ère semaine de Janvier 1166 -

[Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] Sans_t14

Il était très tôt ce matin-là, Estelle s’était levée avant que les premiers rayons de l’astre lumineux ne viennent éclairer le ciel, comme souvent. Elle était sortie de sa chambre, sans prendre le temps d’enfiler autre chose que sa robe de chambre en tissu léger. Descendant les marches la rousse n’avait pas tardé à entrer dans la cuisine de la chope sucrée pour mettre de l’eau à chauffer, essuyant un frisson elle c’était frotté les avant-bras en attendant que le liquide terminer de bouillir. Ceci fait, elle s’était servi une tasse, déversant quelques feuilles de menthe dans le récipient. Impatiente, celle à la chevelure de feu avait toujours l’habitude de se brûler la langue pour débuter sa journée, avalant une longue gorgée de l’infusion. Rien de tel pour bien se réveiller, les yeux plus en face des trous, elle avait ensuite fait un point sur les besoins de l’établissement pour les préparations du jour, ce n’était pas une tâche évidente, il fallait faire un pari sur le nombre de clients qui allaient venir consommer. Oh bien sur, Estelle avait ses habitués, ceux qui ne louperait pour rien au monde l’ouverture de la chope sucrée, ceux qui étaient toujours là aux mêmes heures, pour manger, prendre un verre, faire une pause dans une journée un peu trop chargée. Le soir, c’était souvent des miliciens, le midi plutôt des hommes qui ne savent pas réellement comment dire à leurs épouses que leurs cuisines, ce n’est vraiment pas ça. Ça avait toujours eu le don de faire rire la Chautauvent, un peu moins maintenant, quand certains clients lui faisaient penser à son défunt mari.

Lâchant un bref soupir, la tenancière avait fini par terminer sa liste mentale, il lui fallait du poisson, sa prochaine livraison n’arrivant que dans trois jours, il lui fallait absolument de quoi agrémenter ses plats, rendre l’ensemble un peu plus consistant. Estelle n’appréciait pas beaucoup l’hiver, déjà parce que ce n’était pas bon pour son commerce, puis ensuite, parce que c’était la période de l’année qui lui rappelait à quel point elle était seule. Intérieurement, elle c’était promis de rapidement organiser un événement, cela lui occupait suffisamment l’esprit pour oublier la perde de son compagnon de vie. Fait plutôt étrange, son frère n’avait pas boité le bout de son nez, n’avait pas tambouriné à la porte pour savoir si elle allait bien, avait-il dû avoir une nuit compliquée avec son nouveau-né. Remontant les marches, tasse en main, elle avait délaissé sa robe de chambre sur le lit qu’elle venait de faire, abandonnant tout autant sa tasse sur le petit meuble en bois qui se trouvait à côté de sa couche. La poussière avait commencé à s’installer et elle n’avait pas pu s’empêcher de se faire cette étrange promesse de faire le ménage en rentrant, promesse qu’elle se faisait chaque jour depuis trop longtemps. Contrairement au reste de l’établissement, dont la propreté était impeccable, sa chambre était un peu délaissée, elle devait sans aucun doute lui rappeler trop son ancienne vie. Celle où elle vivait à deux.

Une fois habillée de sa tenue habituelle, sa chemise blanche, son corset dans les tons marron ses jupons bleutés multicouches et ses bas, ainsi que ses bottes légèrement surélevées, elle avait terminé son infusion. L’abandonnant par la suite avec les autres tasses des jours précédents, sur son bureau. De bonne humeur, ou presque, la gérante de la chope sucrée avait de nouveau descendu les marches, attrapant au passage le panier qui se trouvait sur le comptoir. Attrapant son manteau qui se trouvait juste derrière la porte, elle s’emmitoufla soigneusement dedans, entoura son cou d’une légère écharpe avant de sortir. Sortant les clés, la rouquine avait ouvert la porte avant de la refermer sagement derrière elle. Une fois dehors, elle n’avait pas manqué de frissonner, frottant ses avant-bras et soufflant légèrement sur ses doigts. Brbrbr, l’hiver s’était définitivement bien installé, heureusement que les flocons ne tenaient jamais ici. C’était ce qu’elle c’était dit et répéter de nombreuses fois depuis que le froid était là.

Ses pas s’étaient faits beaucoup plus rapides, n’avait-elle pas dans l’idée de traîner, surtout avec cette obscurité commençant à peine à se lever. Estelle avait pris la direction du port, convaincue de trouver des poissons frais à cette heure-ci. La rouquine appréciait le marché, elle aimait l’odeur de la mer, la vision des bateaux et l’ambiance qui y régnait, tous s’affairaient toujours. Ce qui lui plaisait le plus était sans aucun doute le côté négociation, avec les pêcheurs, les marchands, les quelques paysans ayant fait le déplacement des villages alentour comme Menerbes ou encore Conques. C’était rare, surtout en cette période de l’année, mais cela arrivait et visiblement en ce jour, elle était chanceuse.

Le marché était calme, à cette heure-ci il n’y avait pas grand monde, seuls les commerçants, ou les habitués, ceux qui ont encore les moyens de s’offrir quelques denrées, quelques domestiques voulant faire plaisir à leurs employeurs sans doute aussi. Esquivant quelques personnes, elle avait rapidement jeté toute son attention sur le commerce de poissons, après tout était-elle là pour ça. La rouquine avait fait preuve d’une négociation intense, puisqu’elle avait réussi à obtenir une douzaine de poissons pour six sous. À côté, une paysanne vendant des œufs l’avait interpellé habillement :


- « Venez, venez belle dame à la chevelure des flammes… Regardez mes marchandises, j’ai des œufs, frais de ce matin, huit sous la douzaine, c’est un bon prix. »
- « Six. »
- « Sept »
- « Allons, bon, simplement pour encourager votre courage de traverser ce froid… »

La marchande s’était mise à rire, tendant un à un les différents œufs que la rouquine s’appliquait à faire rentrer dans son panier, là où se trouvait déjà la multitude de poissons. L’odeur ne semblait pas la déranger comme souvent ni même le mélange, tout serait préparé une fois rentré à la chope. Se retournant, elle avait remercié la paysanne dans un large sourire, faisant un bref signe de la main avant de pivoter pour revenir sur ses pas. Elle allait finir par être en retard et aucun doute que son frère se ferait encore du souci. Un peu précipitamment, elle avait descendu le ponton où se trouvait la marcheuse, sa cheville avait dû se tordre légèrement plus qu’elle avait affiché une légère grimace sur son visage. Presque au même moment, un pêcheur un peu bougon lui était rentré dedans, provoquant sa chute et le déversement de ses attaches sur le sol, pas tous, fort heureusement.

- « Merde, c’n’est pas vrai » grogna-t-elle la mâchoire contractée « Vous ne pouvez pas faire attention ! » continua-t-elle à pester avant d’abandonner.

Difficilement, elle avait fini par se redresser, dépoussiérèrent sa robe et son haut, avant d’entamer le ramassage des aliments encore viable. Si les poissons n’étaient guère un problème, les œufs avaient souffert, la moitié avait dû se briser sur les pavés de la ruelle. Une jolie omelette absolument plus utilisable, de l’argent de perdu, tout ça à cause d’un maladroit. Le pêcheur était reparti, la laissant seule devant son désarroi et le ramassage de ses achats.

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Ascelin GrisregardDomestique
Ascelin Grisregard



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MessageSujet: Re: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptySam 19 Jan 2019 - 21:24
La nuit avait été difficile. Une fois encore, Ascelin avait fait de terribles cauchemars, et leurs souvenirs persistaient comme une ombre dans la clarté matinale. Malgré la fatigue, il s’était réveillé plusieurs fois en sursaut, étouffé par des pressentiments horribles, secoué par la violence des images de mort qui revenaient le hanter, comme les répliques inéluctables d’un tremblement de terre.
Isabel l’avait pris dans ses bras, doucement, comme un enfant, dans le vain espoir de l’apaiser. Impuissante face à la détresse de son époux, elle avait fini par lui apporter un grand verre d’eau et quelques plantes, qui avaient accordé au vieil homme deux longues heures de repos, comme il en avait peu connu ces dernières semaines.
Le réveil fut sans doute aussi pénible que son sommeil. Tout son corps lui faisait mal, comme s’il avait été roué de coups par quelques marchands qu’il aurait dépouillé de leurs denrées. En se levant, Ascelin en était venu à se demander combien de temps il tiendrait ainsi. Rongé par une tenace terreur, il n’était pas sûr de pouvoir tenir le coup nerveusement. En attendant un insoupçonné miracle au drame qui déroulait au sein même de sa maison, la fraîcheur des ruelles de la Cité suffirait peut être à apaiser un peu ses tourments.

Une fraîcheur matinale bienvenue, saisissante, presque revigorante, qui ne manqua pas de secouer la torpeur du vieux domestique. Le froid vif, giflait les visages rougis des quelques courageux citadins qui se hâtaient, non sans mal, de rejoindre le petit marché du port. C’était l’heure idéale pour faire ses emplettes ou s’empresser d’y aller. Les rues étaient encore calmes et obscures, les rideaux tirés aux fenêtres des maisons et les feux de cheminée éteints. Ascelin ne se déplaçait pas comme une ombre silencieuse : il en devenait une. Allant de la ruelle à la rue, de la rue au marché du port, sans plus troubler le calme ambiant qu’un souffle de vent nocturne.
Bientôt, il sera trop tard. Les rues seront animés par le claquement des sabots des chevaux, les aboiements des chiens toujours en alerte ici, les chantiers interminables, les femmes piaillardes et l’odeur nauséabonde des eaux sales, de l’urine et du crottin.

- Vous ne pouvez pas faire attention !

Tout était calme. Presque trop calme.
Jusqu’à ce qu’elle crie.

C’était un joli petit bout de femme, comme on en voit peu à Marbrume. Elle était vraiment ravissante, avec ses grands yeux bleus, son teint légèrement rosé et ses longs cheveux roux qui volaient au vent comme la flamme d’une chandelle. Suite à sa chute malheureuse, de jolies petites rides s’étaient formées sur son front, signes coquets, presque cocasses, de son exaspération grandissante. Elle était un peu comme une marmite que l’on aurait laissé un peu trop longtemps sur le feu : fumante, bouillante, et prête à déverser tout son contenu dans l’âtre.

- Laissez-moi vous aider, souffla le vieux domestique en ramassant un grand poisson. Cet homme est ce qu’on appelle, un rustre, un maroufle. Ils prolifèrent à Marbrume, une véritable invasion. A défaut de vous venir en aide, il aurait au moins vous offrir ses plus plates excuses.

Ascelin ramassa un à un les poissons épars, très vite repérés par les chats errants et les oiseaux de proie qui occupaient le marché nuit et jour, espérant profiter un jour d’une telle opportunité de se remplir la panse. Puis il rassembla les oeufs, le plus calmement possible, avec douceur. Nombre d’entres eux s’étaient brisés sur les pavés du port et serviront à nourrir les animaux à défaut de nourrir les Hommes. Une situation qui ne manqua pas d’agacer le vieux domestique.

- Vous devriez faire plus attention la prochaine fois. Ces oeufs auraient pu nourrir une famille entière.

Prenant conscience de la sévérité de ses paroles, Ascelin s’empressa d’ajouter :

- Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ?


Dernière édition par Ascelin Grisregard le Lun 25 Fév 2019 - 18:11, édité 1 fois
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Estelle LorrenAubergiste
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MessageSujet: Re: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptyDim 20 Jan 2019 - 1:58


Estelle n’avait eu d’autre choix que de se mettre genoux à terre, à même le sol humide des pavés du temple. La rouquine ne semble pas particulièrement enjouée, son regard est sombre, plutôt sévère même. La tenancière ne peut s’empêcher de jurer dans des murmures, un tel gâchis ne pouvait que l’écœurer, elle n’était pas de celle qui jetait non, jamais, préférait-elle donner aux plus pauvres les restants lorsque reste il y avait dans son établissement. Ses mains venaient agripper les poissons pour enfourner le tout dans son poignet, laissant sur la paume de sa main cette sensation légèrement gluante et pas particulièrement agréable. Elle ne pouvait d’ailleurs pas s’empêcher d’essuyer ses mains sur le tissu de sa jupe, qui s’imbibait elle aussi de l’odeur de la rumeur, du port. S’appliquant à récupérer ses biens, évitant de justesse le rythme des passants qui ne s’arrêtait guère pour l’aider, Estelle n’en était que davantage révoltée par ce manque de bienveillance. Jamais son époux n’aurait permis ça, jamais. Ses actions avaient néanmoins fini par se stopper, alors que son regard bleu tirant vers le gris remontait le long de la silhouette masculine qui s’était arrêtée devant elle. L’homme avait une carrure plutôt large et imposante, celle qui inspire immédiatement la confiance, la barbe n’était pas particulièrement bien taillé son nez plutôt gros et ses lèvres particulièrement dessinées. La fatigue était visible sur les traits de son visage, tout comme les cernes sous ses yeux. Les rides de son front trahissaient un âge plus avancé que celui de la tenancière et rien que pour ça, celle-ci ne pouvait que lui montrer un respect tout à fait convenable.

- « Oh merci monsieur, merci beaucoup… Je suis navrée de vous embêter de la sorte en vous obligeant à me venir en aide… Rares sont les hommes comme vous de nos jours » fit-elle simplement sincèrement heureuse d’avoir un peu d’aide. « Je ne puis que vous donnez raison, mais je ne peux cependant pas lui en vouloir, nous sommes devenus un peu égoïste avec les derniers événements n’est-ce pas ? »

La rouquine lui avait offert un sourire bienveillant et particulier reconnaissant, elle avait détaché ses deux prunelles claires de son interlocuteur pour se dépêcher de réunir ses biens. Alors qu’elle ramassait le dernier poisson, tendant son panier pour permettre à son interlocuteur d’y remettre ses trouvailles. Droite, elle ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux aux paroles du vieil homme, elle espérait que cela soit un trait d’humour, mais le regard froid et le visage tout aussi fermé de son interlocuteur ne put que lui indiquer que non. Pensait-il sincèrement que cela lui faisait plaisir ce gâchis ? Mh ? La rousse avait légèrement froncé ses sourcils et comme à chaque fois que la colère la prenait, ses joues s’étaient légèrement empourprées de rose, faisant ressortir de cette manière particulièrement visible ses nombreuses taches de rousseurs.

- « C’est de l’humour n’est-ce pas ? » piqua-t-elle le regard plus dur « Vous venez m’aider, pour ensuite me reprocher les dégâts ? Vous pensez que cela me réjouit d’avoir jeté mon argent par la fenêtre dans des achats, vous pensez que cela m’amuse de tomber en plein milieu du marché parce qu’un rustre ne sait pas regarder convenablement devant lui , mh ? »

Elle lissa le tissu de sa jupe de sa main libre, un peu nerveusement, sa cheville était douloureuse ce qui ne l’aidait pas à prendre du recul sur la situation et à tolérer de telle parole. Elle prit une grande inspiration, abandonnant sur place l’homme pour retourner voir la marchande, boitillant et dévoilant ainsi la réponse à la question qui n’avait pas connu de réponse. Nul doute que l’homme n’avait pas dû percevoir l’échange entre les deux jeunes femmes, toujours était-il qu’elle était revenue avec deux boîtes de quatre œufs, l’une qu’elle enfourna dans son panier, l’autre qu’elle tendit à celui qui n’avait semble-t-il pas bougé.

- « Tenez, c’est pour vous remercier de votre assistance, malgré votre maladresse vous semblez être un homme avec encore quelques valeurs, c’est rare de nos jours. » Ses lèvres s’étirèrent néanmoins dans un sourire malicieux « Néanmoins, attention à ne pas les perdre en vous faisant bousculer, on risquerait de vous accuser de gâcher les aliments, non pas ? »

Elle lui avait offert un autre sourire, plus sincère, moins provocateur, moins culpabilisant aussi. Peut-être même s’en voulait-elle d’être aussi dure avec la seule personne qui lui était venue en aide. Prenant une légère inspiration, elle s’autorisa une proposition qui n’avait que pour unique de rattraper sa maladresse.

- « Veuillez m’excuser, je crois que ma cheville, le fait d’être tombée et d’avoir perdu les œufs m’a quelque peu irrité cela ne me ressemble pas… Acceptez mes excuses… Peut-être pourrais-je pousser sur votre gentillesse et que vous acceptez de me raccompagner à la chope sucrée ? En échange je peux vous préparer un bon repas pour déjeuner… Qu’est-ce que vous en pensez ? »

La rouquine avait attendu sagement, proposant son bras, c’était à lui de choisir. Elle était aussi en mesure de rentrer en boitant, elle serait plus lente, mais pourrait néanmoins arriver à destination.

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Ascelin GrisregardDomestique
Ascelin Grisregard



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MessageSujet: Re: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptyLun 25 Fév 2019 - 22:28
Certaines femmes, à Marbrume, ont une particularité commune : celle d’être des femmes de caractères, des personnages hors du commun. On peut tout dire d’elles, sauf qu’elles sont fades ou effacées. D’une certaine manière, elles sont invulnérables. Fortes et courageuses, elles protègent leur famille contre vents et marées. Bien sûr, elles se montrent fermes souvent, dures parfois, mais c’est bien parce que la vie ne leur fait pas de cadeau. Il faut faire attention à boucler les fins de mois, à nourrir mari et marmaille, mais jamais elles ne se plaignent, bien au contraire. Elles montrent, plus que quiconque au sein de cette misérable cité, qu’en travaillant, qu’en ayant la foi, on arrive toujours à quelque chose.

- Vous n’avez rien à vous faire pardonner, ma dame. C’est plutôt à moi de vous présenter mes plus plates excuses. J’ai fait preuve de plus de maladresse que je ne saurais jamais vous en reprocher.

Il n’était pas idiot, mais s’était comporté comme un idiot, incapable de contrôler cette haine, cette peur terrible à l’origine de sa discrète morosité. Un temps, il aurait voulu être furieux contre elle, à l’image de l’adolescent fébrile qu’il avait longtemps été, mais il était désormais trop fatigué pour cela.

Il devait se faire pardonner. Lui faire oublier.
C’est donc sans la moindre hésitation que le vieil homme glissa son bras sous celui de sa jeune hôte. Il aurait été particulièrement impoli et mal vu de refuser son invitation. De plus, elle ne semblait pas être sortie totalement indemne de sa chute. Rien de tel que le bras d’un vieux briscard pour soulager une cheville un peu douloureuse.

- Si vous n’êtes pas effrayée à l’idée d’être vue en compagnie d’un vieux ronchon comme moi, souffla le domestique en saisissant le panier de vivres des mains de son hôte, alors je m’appliquerai volontiers à être meilleur invité, partenaire ou ami que je ne l’ai été jusqu’à présent.

Avec douceur, il l’accompagna vers les ruelles désormais plus animées de la cité, se laissant guider, non sans un certain effroi, vers les quartiers de la milice. La Choppe Sucrée. Cet établissement, de mémoire, se trouvait non loin de la Place des pendus. Ascelin se souvenait y avoir passé l’une des plus mémorables soirées qu’il lui eut été donné de vivre. Il y avait volé une dizaine de petits pains chauds sous le nez et la barbe des employés et participé à un folâtre concours de création de boissons. Il se souvenait surtout avoir partagé une danse avec la propriétaire de l’établissement : une femme charmante, ravissante, à la longue chevelure rousse. En y réfléchissant, il ne se souvenait pas d’avoir jamais dansé de cette manière avec qui que ce fût, pas même Isabel. De toute façon, elle détestait les bals autant qu’il est possible de les détester.

Alors qu’au loin, on pouvait enfin apercevoir l’écriteau de la Choppe Sucrée qui se balançait inlassablement sous les assauts d’une brise glaciale et perforante, le domestique s’arrêta, freinant de ce fait l’avancée maladroite de sa jeune amie.

- Vous travaillez à la Choppe Sucrée ? interrogea le vieil homme, qui semblait déjà connaître la réponse à cette question. Vous êtes sa tenancière, n’est-ce pas ? J’ai la vague impression de vous connaître.

Son regard se perdit un instant dans le vide et se chargea d’une douce chaleur.

- Oh, mais vous devez en voir passer des visages au sein de votre établissement, souffla-t-il, avant de reprendre la marche. Un vieux loup comme moi, a peu de chances d’avoir marqué votre esprit.


Dernière édition par Ascelin Grisregard le Sam 23 Mar 2019 - 14:48, édité 1 fois
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Estelle LorrenAubergiste
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MessageSujet: Re: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptyMer 27 Fév 2019 - 20:44


Estelle restait droite, immobile au milieu de cette petite ruelle passante du marché, son panier parfaitement tissé et visiblement ancien retrouvant le confort de supporter le poids de quelques œufs. Ses deux prunelles vertes ne pouvaient s’empêcher de survoler la silhouette de son interlocuteur, un homme visiblement bien conservé pour son âge à la mine et à l’expression du visage néanmoins marqué par une vie certainement rude. Comment pouvait-il en être autrement ? La fange, l’accumulation de personne dans la ville, la famine et la violence augmentant même entre les murs protecteurs de la cité survivante. Un instant, sa colère sembla s’évaporer alors qu’elle c’était jusque-là appliqué à dévoiler son petit moment de contrariété, à appuyer là où elle avait été, semble-t-il, blessé. L’homme à la barbe néanmoins bien entretenue, s’excusant de cette manière qu’elle jugeait sincère. D’un mouvement large de la main, la rouquine avait balayé l’air autour d’elle, comme pour dire qu’il était grand temps d’oublier, de passer à autre chose, après tout, n’était-il pas celui qui avait provoqué sa chute.


S
a cheville toujours douloureuse, elle ne fut que plus ravie de sentir le bras de son interlocuteur se glisser sous le sien. Hésitante, elle ne s’était néanmoins pas appuyée plus que de raison, juste de quoi la soulager un peu, lui éviter de faire davantage enfler celle qui semblait un peu trop imposante actuellement. L’homme semblait définitivement particulièrement bien éduqué, extirpant de ses doigts le précieux panier pour le porter, si d’abord, celle à la chevelure de feu avait laissé apercevoir sa surprise, elle réajusta rapidement le tout dans un large sourire compatissant, rassurant et agréable. Tout en réalisant ce geste, il lui avait soufflé qu’elle devait accepter d’être vue en compagnie d’un vieux ronchon ce qui lui tira un petit rire spontané.


- « Allons, allons, n’allez pas vous vieillir davantage, vous ne me semblez pas encore avoir l’âge de perdre vos dents ou de vous appuyer avec une quelconque canne. » elle fit une pause, coulant un regard vers lui « Soyez donc un parfait partenaire de marche, autant que vous êtes un agréable sauveur de cheville et partenaire de discussion. »

Naturellement, elle l’avait aiguillé vers le quartier de la milice, sans aucune hésitation. Connaissait-elle le chemin si bien qu’elle aurait pu lui indiquer le chemin à emprunter les yeux fermés. Avec sa spontanéité qui lui était propre, la rouquine avait fini par lui révéler qu’elle allait à la chope sucrée, qu’elle était prête à lui préparer un repas pour le remercier, d’autant qu’elle avait de quoi préparer de délicieuse petite chose dans son panier, enfin dans le panier que son sauveur de fortune avait entre les doigts. Plutôt lentement, le duo évoluait à travers les rues qui commençaient à se gorger de monde, c’était agréable cette observation de l’animation qui prend vie. L’ouverture des volets en bois, les premiers murmures des discussions, l’aération des habitations au travers des portes ouvertes, les premières salutations des voisins entre eux. Oui, ce petit moment de vie n’était qu’aux oreilles d’Estelle de Chantauvent que particulièrement agréable, très agréable. La progression se faisait d’un pas régulier, lent, mais suffisamment rapidement pour ne pas provoquer un gros retard dans l’organisation de la tenancière.

A sa surprise, l’homme avait semblé soudainement freiner la progression, alors qu’au loin se balançait le petit panneau de son établissement. Coulant un regard à celui qui l’aidait à marcher, elle lui accorda un intérêt nouveau alors qu’il la questionnait sur son rôle au niveau de la chope. Naïvement, Estelle avait cru avoir été suffisamment explicite pour qu’il le comprenne sans qu’elle ne l’officialise. Elle étira une nouvelle fois ses lèvres, dans un doux sourire, alors qu’elle se contentait à opiner. Il était naturel pour elle d’entendre cette sensation de déjà vu, son établissement n’avait certes pas une très grande réputation, mais néanmoins une réputation présente pour que la rousseur de sa chevelure permettait généralement d’affilier presque immédiatement à la chope. Était-il un client ? Pas régulier en tout cas, Estelle retenait les visages, si ce n’est pas systématiquement les noms et prénoms, était-il un participant de son dernier événement possiblement, mais la soirée avait été si animé qu’elle ne gardait pas un très grand souvenir des différents visages.
L’évocation d’un loup sembla néanmoins trouver un écho, un semblant de souvenir dans sa mémoire et si ses lèvres se pincèrent légèrement dans un petit sourire malicieux, elle n’en dit rien immédiatement. Il n’était jamais bon d’admettre à un homme qu’une seule et unique rencontre avait suffi pour marquer son esprit, faisant mine de réfléchir, elle répondu néanmoins à sa première interrogation.

- « C’est juste, je suis Estelle de Chautauvent, la tenancière de la chope sucrée, d’ailleurs, il me semble qu’il est déjà possible de voir son enseigne se faire malmener par le vent froid. » fit-elle « Je suis navrée, il est vrai que j’ai énormément de clients, suis-je confuse… Vous étiez à la dernière soirée à thème, n’est-ce pas ? »

D’un petit mouvement, elle avait repris la marche, de ce même rythme boitillant, plutôt lent pour ceux qui n’avaient aucune douleur à la cheville. Pour autant, elle n’en restait pas moins de cette humeur un peu joueuse, laissant planer le doute vis-à-vis de son non-souvenir, alors qu’elle parvenait déjà à se remémorer cette danse ou elle avait dû lui créer des cloques aux pieds tant elle lui avait marché dessus, la conversation à l’époque avait déjà piqué sa curiosité, était-ce étrange que la trinité remette cet homme sur ce chemin. Devant l’établissement, elle glissa la clé dans la serrure déverrouillant l’ensemble avant de l’inviter à entrer d’un bref geste de la main, prenant la parole au même moment :

- « Mais oui, je me souviens, la danse n’est-ce pas ? Je crois me remémorer que je n’avais pas épargné le moindre de vos orteils… Suis-je davantage confuse, voyez, je ne peux que compatir désormais avec cette vilaine cheville. » s’écartant de la porte elle ajouta « Allez-y je vous en prie, allez directement au fond dans la cuisine. »

Une fois l’homme à l’intérieur, elle avait refermé la porte, boitillant jusqu’à son comptoir, elle avait glissé la clé sous le comptoir, avant de le rejoindre dans la cuisine, affichant une petite moue un brin enfantine.

- « Suis-je navrée, puis-je abuser encore un peu de votre éducation parfaite ? Peut-être pourriez-vous faire chauffer un peu d’eau pour partager une infusion en ma compagnie ? Le feu doit encore crépiter dans la pièce principale, la marmite est juste là et le puits derrière en passant la porte à votre gauche. » elle l’avisa attendant sagement une réponse « Peut-être même accepteriez de partager un repas, ou au moins emporter celui que je peux faire pour vous remercier ? » puis curieuse, elle ne put s’empêcher d’ajouter « Que faites- vous dans la vie monsieur mon sauveur ? »

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Ascelin GrisregardDomestique
Ascelin Grisregard



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MessageSujet: Re: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptyDim 24 Mar 2019 - 13:58
- La danse, en effet, souffla le vieil homme.

D’une certaine manière, Estelle ressemblait à l’une de ses filles aînées. Elle était admirable ; épanouie dans sa féminité, elle reflétait la fille qui attire et trouble d’un simple regard. Elle était bien plus petite que la moyenne mais pourtant visible dans une foule, y compris au sein d’une auberge bondée de clients euphoriques. Il y avait beaucoup de grâce dans ses gestes et dans sa démarche, d’assurance dans ses pas dansants, comme pour mieux rouler ses mots, posés sur une houle délicate et légère, ou comme une enfant qui serait gênée par ce qu’elle fait. Elle dégageait de la pudeur malgré son regard vif et inquisiteur posé sur son vieil interlocuteur.

Estelle devait être souvent l’objet de bien des attentions, et en particulier de celles des hommes ; on compatissait à chacun de ses mots, on la convoitait. Elle savait écouter sans interrompre, comprendre, suivre et répondre tel un homme sûr. Elle était digne de rentrer dans une grande famille, une famille de renom, et il était certain que la conquérir devait être une belle victoire qui se racontait pendant longtemps. Elle était une étoile qui brillait comme un soleil, elle épanouissait le plus petit des bonheurs. Cette fille était une chance pour toute une famille, une chance pour l’homme qui partageait sa vie.

- Votre humble sauveur ne serait pas contre un bon repas chaud, ma dame, acquiesça Ascelin. Mais je vous en prie, laissez-moi vous aider à le préparer. Je suis plutôt bon cuisiner, et vous devez reposer votre cheville. Vos clients auront besoin de vous aujourd’hui.

Le pas sûr, mais l’esprit encore embrumé par le charme de son hôte, le domestique emprunta la porte à gauche et gagna le puits.
Il y avait aussi un vieux puits au Goulot, à quelques ruelles à peine de sa maisonnette. Les joints s’effritaient à certains endroits. Une affreuse odeur de vase remontait des sombres profondeurs, suggérant que ce puits était presque à sec, ou ne s’était jamais vraiment rempli d’une eau claire et potable. Elle avait un goût infâme, amer, même après avoir été bouillie pendant des heures dans la marmite. Le lierre, le lichen et la mousse s’étaient infiltrés partout, comme si ce vieux tas de cailloux était le vestige d’un village depuis bien longtemps abandonné par ses habitants.

Ascelin rapporta du puits une eau claire et alléchante. Déposant le seau au pied du foyer, il ajouta quelques bûches au feu pour le raviver et mit l’eau à bouillir dans une petite marmite, avant de rejoindre son hôte à la cusine. Soucieux de faire bonne impression après la déconvenue du port, il saisit le gros panier de vivres et rangea poissons et oeufs à leur juste place, guidé par la voix chantante d’Estelle.

- Je ne suis qu’un simple domestique, ma dame, avoua le vieil homme, en réponse à la curiosité de son hôte. Je suis depuis quelques mois au service du Seigneur d’Auvray. C’est un homme bon, d’une grande générosité, comme on en voit peu de nos jours. Grâce à lui, grâce à sa famille, ma femme et mes enfants sont désormais en sécurité. Bien que je peine à la tâche, bien que j’ai toujours en mémoire ces dures années de labeur, je ne changerais d’allégeance pour rien au monde.

Le regard un instant vide, il détourna en un instant la conversation sur un sujet plus neutre.

- Votre cheville, elle vous fait moins mal ?
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MessageSujet: Re: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptyDim 24 Mar 2019 - 20:34


- « A deux nous allons parfaitement efficace en ce cas » souffle-t-elle dans un très large sourire.

Estelle conservait une bonne apparence, faisait bonne figure malgré les relents de sa cheville qui n’avait de cesse de lui rappeler qu’elle s’était blessée. Stupidement en plus. Inquiète, la rouquine devait l’être un peu, comprenant à chacun de ses mouvements que la douleur n’était pas prête de s’émanciper. Lâchant un bref soupir, elle s’arma presque immédiatement d’un large sourire, détaillant l’homme dans la force de l’âge se mouvoir dans son établissement. Allait-elle très certainement devoir fermée exceptionnellement la chope sucrée, avec cette blessure, impossible d’assurer le service, à moins que son frère ne lui vienne en aide, ou qu’elle demande à une petite serveuse. Peut-être. L’idée resta en suspens dans son esprit, alors que ses deux prunelles grises/bleutées s’abandonnaient à l’observation plus minutieuse de son interlocuteur. Accoudée à son comptoir, la cheville légèrement surélevée pour ne pas s’offrir une vague de décharge désagréable, elle le regarde se déplacer, sortir, revenir avec de l’eau, mettre des bûches dans la cheminée et la marmite dessus. C’est agréable d’avoir un peu d’aide, elle ne peut guère le nier.

L’homme avait pris les devants, questionnant la rousse sur l’emplacement de l’ensemble, avant de ranger à sa place, sous le regard presque un peu gêné de la gérante qui ne savait pas comment se positionner face à lui. L’avait-il aidé jusqu’ici et maintenant, ne pouvait-elle pas le remercier à sa juste valeur, parce qu’elle était diminuée à cause d’une stupide maladresse. Elle prit une inspiration, boitilla sagement jusqu’à l’arrière-salle afin de l’aider à ranger et surtout ne pas couper le contact visuel permettant la poursuite de la discussion. Il se présenta comme un simple domestique, ce qui tira un nouveau sourire à la rousse. Son interlocuteur semblait être discret, toujours à se cacher derrière des faits, ne cherchant aucunement à se mettre en avant, c’était le contraire complet de feu son mari, ou de son frère. Le genre de personne agréable, qui reste agréable et qui n’ose jamais vraiment s’aventurer dans des terrains inconnus.


- « Pourquoi ne viendrez-vous pas manger ici, un soir ? Avec votre seigneur, sa femme, votre famille ? Je vous préparerai un repas, c’est la moindre des choses après tout, cela vous ferez une sortie » elle attrapa son avant-bras, certaine qu’il allait dire non « Oh, ne refusez pas, ça me ferait plaisir et puis vous n’aurez cas m’aider en cuisine si cela vous gêne réellement, non ? »

Elle sortit plusieurs œufs, de quoi réaliser une bonne omelette, attrapa des champignons qui était là, pour couper le tout en petit morceau. Elle évitait la question de sa cheville, ne souhaitant guère inquiétait plus que de raison le domestique.


- « Je ne crois pas qu’il y a de sous-métier, vous savez. » fit-elle en coupant « Il faut être une belle personne pour ainsi dévouer sa vie à une autre famille que la sienne. » elle étira ses lèvres « Tenez, attraper les œufs et un récipient, vous n’avez cas commencer à les battre. Une omelette au champignon avec une soupe de poisson cela vous convient ? »

Lentement, la rouquine avait terminé de couper les champignons, toujours de la même manière, toujours dans une régularité peut-être un peu trop parfaite. Sa cheville était légèrement surélevée alors qu’elle glissait le tout dans une casserole.

- « L’eau pour notre infusion va être prête, l’omelette sera rapidement cuite aussi… Nous allons pouvoir nous reposer un peu auprès d’un bon petit plat. Peut-être pourriez-vous m’en dire plus sur vous et votre famille ? Vous avez l’air d’être un homme passionné par votre métier, c’est rare de nos jours. »

Elle attrapa des assiettes des couverts, tendant simplement la casserole pour qu’il y rajoute ses œufs afin de déposer le tout sur le fait et de récupérer la marmite. Elle glissa dans tasses des plantes, avant de retourner dans la salle principale en boitillant.

- « Oh et ne vous inquiétez pas pour ma cheville, je suis convaincue qu’elle va rapide se remettre, ce n’est qu’une broutille. »

Elle tira une chaise s’y installa simplement, en douceur, osant déposer son pied sur une autre chaise qui se trouvait sur le côté. Sa cheville était bleutée, légèrement enflé signe que ce n’était pas une si petite broutille, mais pour la tenancière il était hors de questions de s’attarder sur la question.

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MessageSujet: Re: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptyMer 27 Mar 2019 - 11:09
- Laissez-moi jeter un coup d’oeil à cette cheville, murmura le vieil homme, d’une voix étonnamment prévenante. Restez tranquille, je ne vais vous faire aucun mal.

Avec d’infinies précautions, Ascelin examina la cheville enflée de sa jeune amie, la faisant tourner lentement dans le creux de ses mains, dans un sens, puis dans l’autre. Tout lui semblait soudain si familier. Tout semblait se répéter, une fois de plus. Même la crainte qu’il éprouvait en examinant Estelle était la même qu’autrefois. Tenace. Douloureuse. Le cœur battant d’une angoisse manifeste, immodérée, il palpa du bout de ses doigts calleux cet hématome qui ne cessait de grandir.

- Votre pied bouge bien. Mais vous allez avoir besoin d’aide pendant quelques jours.

En tout cas, qu’elle l’ait voulu ou non, Estelle avait réussi à le mettre à ses pieds, songea-t-il. Il garda bien entendu cette pensée pour lui ; elle souffrait manifestement trop pour apprécier ce trait d’humour, même venant de sa part.

Maintenant partagé entre la compassion et un semblant d’agacement, né d’une tendre inquiétude, Ascelin s’éclipsa de la salle principale pour rejoindre les cuisines. Il en ramena un vieux linge humide, qu’il avait pris soin de plonger longuement dans l’eau glaciale qu’il avait extraite du puits quelques instants plus tôt. Saisissant délicatement la jambe de son hôte, il pressa le tissu contre sa cheville meurtrie.

- Cela me semble un peu absurde de raconter ma vie, elle n’a rien d’intéressant. Et si je voulais vraiment aller au fond des choses me concernant, je risquerais de me retrouver plus mal en point que je ne le suis, ma dame.

Ascelin semblait de nouveau porter le masque du loup. Impénétrable. Sauvage. Pourtant, l’affection que portait le vieil homme à cette femme le poussa à la confidence.

- Je crois bien être au service de la noblesse depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Avant de servir le banneret Zéphyr d’Auvray, j’étais au service de la famille du Baron Ulrich de Rombley. Un homme brillant, un guerrier remarquable, mais aussi un homme particulièrement strict, prompt à juger, à condamner. Jamais il n’eut le don de son frère Hugues pour se faire aisément amis et alliés, et après qu’il l’eût tué - par accident, certes -, son impitoyable sévérité s’accrut encore. Pour diverses raisons, sa famille a progressivement sombrée dans l’oubli, et leurs domestiques ont un à un été chassés. C’est dans leurs cuisines, que j’ai rencontré ma femme, Isabel. Une femme qu'il ne vaut mieux pas contrarier.
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MessageSujet: Re: [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin]   [Pause/Abandonné] Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît [Ascelin] EmptySam 30 Mar 2019 - 11:21


Estelle s’était retrouvée dans cette position un peu particulière, un peu gênante. Un homme à ses pieds –ce n’était pas une première, fallait-il bien l’avouer-, un homme qu’elle tolérait à ses pieds, sa cheville en main, là était une tout autre histoire. Ses sourcils se froncèrent légèrement, une grimace avait pris naissance sur ses lèvres, alors que le domestique s’amusait à tourner légèrement habilement l’articulation. Possiblement douillette elle aurait pu faire entendre un petit couinement pour signifier que la douleur était bien présente, mais n’en fit rien, avisant celui qui semblait inquiet un peu trop sincèrement à son goût. Chaque approche se résolvait généralement par une rencontre avec Brigitte, du moins lors des services, l’homme d’un âge certain n’aurait visiblement pas cette chance, puisque redéposant son pied au sol, la rouquine se contenta de balayer l’air de sa main droite. Aurait-elle pu rouler des yeux, dévoilait la stupidité du propos, se retenant de justesse. La dame de Chantauvent tenait une auberge qui ne se désemplissait jamais de l’ouverture à la fermeture, elle n’allait certainement pas fermer, encore moins supplier son frère de venir l’aider. Cheville en moins ou pas, elle allait devoir faire avec et assumer l’entièreté des services, la réalité était bien là.

- « Ne soyez pas stupides » souffla-t-elle en terminant sa découpe de champignon «Je ne peux pas me permettre ni de ralentir le rythme ni d’obtenir l’aide de qui que ce soit. Je n’ai plus mon mari pour m’aider et cet état de fait n’est pas près de changer. Malade ou non, vous devez assurer votre travail auprès de votre seigneur, mon seigneur à moi c’est la chope sucrée et ses nombreux clients. »

Déposant ses prunelles bleutées sur la silhouette masculine qui venait de disparaître pour revenir quelques minutes avec un linge humide entre les mains, elle se pinça les lèvres. Estelle n’était pas femme à se laisser faire, que le geste soit issu d’une bonne intention ou non, trouvait-elle peut-être un peu déplacé ce comportement protecteur, ou cette approche et ce regard qui se portait sur son mal, sur le bas de sa jambe qui nécessitait de relever ses nombreux jupons.

- « Ne vous a-t-on jamais appris qu’il fallait demander l’autorisation de la dame avant de soulever ses jupons ? » le questionna-t-elle sous le ton de la plaisanterie, une pointe de réalité néanmoins au fond de la voix « Vous êtes un étrange homme, vous refusez de vous dévoiler, mais vous acceptez de rentrer dans la bulle intime des autres ? » fit-elle d’une douceur non négligeable.

Refusait-il de se dévoiler, tout en acceptant, cherchant une proximité physique, sous couvert d’un quelconque comportement bienveillant. Posant une nouvelle fois son pied parfaitement emballé dans le tissu humide –signe d’une quelconque habitude chez le domestique-, elle s’appliqua à casser les œufs avec délicatesse, mélanger l’ensemble avec quelques herbes, avant de boitiller jusqu’à le mettre dans une poêle sans nom –non, ce n’était pas Brigitte pour une fois-, l’omelette serait rapidement prête et la soupe de poisson n’avait qu’à juste être réchauffé, ce qui fallait-il l’admettre avait le don de l’arranger. L’homme au masque de loup invisible, mais présent dans sa manière de se comporter avait néanmoins repris la parole, évoquant quelques éléments de sa vie.

- « Vous avez un don pour éviter de parler de vous » conclut-elle dans un sourire, assiette en main « Vous me parlez de vos maîtres, de votre femme, qui doit être charmante, je n’en doute pas, mais toujours aucun élément à votre sujet. Êtes-vous heureux, monsieur ? »

Elle était passée dans la pièce principale l’invitant à faire de même alors qu’elle déposait les deux assiettes sur une table, deux verres et des couverts. Boitillant jusqu’à derrière son comptoir, elle sortit une bonne bouteille de vin pour déverser le précieux liquide dans deux récipients. L’infusion attendrait, il n’y avait rien de plus agréable qu’une gorgée de vin. Estelle avait conscience que sa curiosité et sa manière de toujours analyser pouvaient parfois mettre mal à l’aise ses interlocuteurs. La rouquine était une bonne vivante, pleine de vie –en apparence tout du moins-, un sourire toujours sur les lèvres et un entrain qui ne semblait ne connaître nulle limite. Déposant l’ensemble sur la table, elle l’invita d’un geste de la main à s’installer, récupérant les deux assiettes pour repartir dans la cuisine, s’arrêtant néanmoins juste avant de passer la porte.

- « Installez-vous donc cela vous changera d’être servis, c’est toujours bon de chambouler les habitudes. »

Un bref clin d’œil et la boiteuse s’était retrouvée en cuisine, déversant l’omelette en deux parts particulièrement copieuses. Seule, elle s’autorisa une légère prise d’inspiration, une nouvelle grimace alors qu’elle tentait de bouger cette cheville de plus en plus douloureuse. Fallait-il que cette sensation passe et vite, le service de ce soir s’annonçait chargé, comme chaque soir dans le fond et il n’était pas dans l’esprit de celle à la crinière de feu d’y renoncer. Réapparaissant tout sourire dans la salle principale, elle déposa l’assiette devant le domestique, puis l’autre à la place qui lui était destinée avant de s’installer. Large sourire sur les lèvres, encore, elle reprit la parole.

- « Je suis désolée si je vous parais désagréablement curieuse, c’est une déformation professionnelle » tenta-t-elle de plaisanter « Je n’ai plus la chance d’avoir mon époux à mon côté, c’était lui qui me faisait comprendre quand je dépassais certaine limite » elle était mélancolique, mais conservait une apparence bonne vivante « Bien, si je ne puis parler de votre métier ni de votre vie privée… Puis-je au moins vos occupations en dehors de tout ça ? Qu’aimez-vous faire ? Avez-vous des passions ? Hormis votre talent pour les bandages évidemment, j’ai eu la chance de pouvoir le constater de mes propres yeux. »


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