Prénom : Roland.
Âge : 41 ans.
Sexe : Masculin.
Rang : Peuple – Étranger (Banni?).
Carrière envisagée : Carrière du Briscard (+1 FOR, +1 ATT, +10 PV).
Compétences : Anticipation, Coriace, Intimidation, Volonté de Fer.
Objets choisis : Claymore, Veste de cuir, Gants en cuir usés, Jambière de cuir, Corde (avec une demoiselle au bout).

Il émane de Roland une aura de danger, le sentiment d'une menace contenue qui ne laisse présager rien de bon. Dans son sillage il suscite soit la crainte, soit la suspicion, rarement la bienveillance. Négligé, vêtu de haillons laissant apparaître par endroits un corps parcouru de cicatrices, on lui donne sans seconde pensée un passé violent qui, à défaut de l'avoir brisé, a fait de lui une bête sauvage qui n'a plus sa place parmi les hommes. Pour ne rien arranger, le fait que son avant-bras droit soit entièrement brûlé laisse planer au-dessus de lui le spectre d'un éventuel bannissement. À y regarder de plus près, on distingue néanmoins chez lui les vestiges d'un charisme qui aurait pu faire de lui un meneur d'hommes émérite par le passé. Ses yeux gris acier, encadrés par une tignasse de cheveux noirs et soulignés par une large cicatrice, brillent d'une intelligence qui ne saurait laisser se fourvoyer celui qui parvient à croiser son regard.

Roland est un homme de peu de mots, peu enclin à se livrer aux autres. Il s’accommode sans mal de la crainte qu'il inspire, préférant le silence aux vaines paroles. La vie en dehors des murs de Marbrume lui a appris que parler signifiait attirer la Fange et que la seule utilité avérée d'une bouche était de mordre à pleine dents lorsque les autres armes venaient à manquer. Son monde semble aujourd'hui tourner autour de la femme emboîtant de force son pas. La relation qui les unit reste un mystère, mais il s'occupe de la pauvrette comme un père pourrait le faire, et ce malgré l'ingratitude que la folie induit parfois. La tendresse et le soin dont il sait faire preuve se limitent néanmoins à cette seule âme, n'accordant qu'indifférence et cynisme à ceux qui croisent sa route.

Kristof n'avait jamais apprécié monter la garde sur ces maudits remparts ... et l'humidité glaciale du mois de novembre, laissant anticiper les premières neiges de l'année, n'aidait pas à lui faire changer d'avis sur la question. Il parvenait à se consoler en se répétant qu'au moins il n'avait pas à battre les pavés, ou plutôt la boue craquelante qui serpentait parmi les ruelles interminables des bas-quartiers de Marbrume. Lui n'avait qu'à rester confortablement assis, même si son confort se résumait à un rebord de pierre qui commençait à meurtrir son arrière-train et à une torche qui brûlait sa face droite en laissant la gauche transie de froid. Depuis des heures il fixait le mur de brouillard qui s'étendait autour de la cité, parvenant à présent à distinguer la myriade de fines gouttelettes qui le constituaient. Cette vision avait quelque chose d'hypnotique, et seule la crispation qu'il ressentait au creux de sa nuque l'empêchait de s'endormir tout à fait.

Une ombre transpira lentement sur le rideau grisâtre, formant peu à peu ce qui ressemblait à deux silhouettes. Le guetteur se traîna vers le créneau le plus proche, émettant un bref sifflement dans lequel on pouvait malgré tout noter toute la lassitude et le mépris que lui inspirait sa tâche. Lorsqu'il releva les yeux vers l'horizon, il aperçut un homme de haute stature, tirant derrière lui une femme dont il avait entravé les mains par une corde.

« On va s'arrêter là tu veux l'étranger, tu es assez près pour que je puisse voir ta sale gueule, et assez loin pour me garder de tout geste suspect, clama une voix en contre-bas. »

Kristof ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, quand bien même cette mimique toute théâtrale ne devait jamais connaître d'auditoire. Vik allait encore y aller à l’esbroufe ... si l'on pouvait effectivement considérer comme tel provoquer un inconnu derrière une grille de cinq mètres de haut.

« D'où tu viens comme ça ?
- De loin. »

Le timbre grave de la deuxième voix piqua sa curiosité, le poussant à se pencher davantage pour tenter de grappiller quelques miettes de la scène. L'étranger était planté devant le pont levis, stoïque, tandis que sa compagne hésitait visiblement entre craindre les menaces la guettant parmi les fourrés et redouter celui qui la tenait par la bride telle une vulgaire jument.

« Sarrant ? Balazuc ?
- Plus loin.
- … Estaing ? »

Son supérieur s'engageait dans un jeu de chaud et froid pour tenter d'estimer si l'homme provenait du trou à rats qui servait de refuge aux bannis. Il ne doutait pas que les paris avaient déjà été lancés comme de coutume étant donné l'allure du client.

« Plus loin. »

La réponse se heurta à un silence incrédule. Une année entière s'était écoulée depuis le début de l'infestation. Le scepticisme était donc de rigueur lorsque quelqu'un prétendait avoir survécu à pareil enfer.

« Ton bras … Montre ton bras droit, finit par s'impatienter le chef de garde. »

L'inconnu découvrit un bras à la peau tannée par le feu, presque noircie par endroits, sur laquelle il était impossible d'identifier la marque que tous cherchaient à apercevoir.

« Et elle ? Pourquoi elle est attachée ?
- Pour sa sécurité. »

L'homme enroula la corde autour de son poing, forçant la femme à s'approcher de lui. D'un geste vif il découvrit le bras délicat de sa captive, vierge de toute marque, avant que celle-ci ne le retire brusquement. Vik laissa échapper un rire gras.

« Pour toi ça ne va pas être possible mon grand. Par contre on peut se charger de sa sécurité à elle, si tu veux ... »

Le guetteur devinait sans mal les regards égrillards lancés par ses camarades tandis que les rires résonnaient dans la cour du châtelet. Sans ajouter un mot, l'étranger s'éloigna de la porte, offrant à ses interlocuteurs le spectacle de la redoutable claymore accrochée à son dos. La soudaine réalisation qu'ils ne devaient peut être leur salut qu'à la herse qui les séparaient du guerrier leur imposa aussitôt le silence. Avant que le couple n'atteigne une nouvelle fois la brume, la jeune femme se retourna une dernière fois en direction des remparts, croisant sans le savoir le regard du milicien. Celui-ci sentit son cœur s'affaisser tandis qu'il reprenait sa place sur son banc de pierre. Alors que les autres retournaient à leur partie de dés, il se mit à penser malgré lui à toutes ces âmes livrées à elles-mêmes, quelque part à l'extérieur, tandis que des Vik jouaient les petits rois sous le couvert des épaisses murailles. Il tenta de balayer ce sentiment ridicule de révolte d'un haussement d'épaules. Bientôt le froid serait de nouveau sa seule préoccupation.

Kristof n'avait jamais apprécié monter la garde sur ces maudits remparts ...

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