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 [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]   [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick] - Page 2 EmptyVen 22 Fév 2019 - 23:55
À répétition, trois coups de poing avaient terminé leur course sur le visage de Merrick Lorren. Pour autant, cette ''rixe'' ne lui apporta aucun point dans le jeu auquel il jouait avec Estelle de Chantauvent. C'était même plutôt le contraire, tandis qu'il pensait avoir bien agi, mais que la réaction de la tenancière lui prouva le contraire. Étendu sur le sol, flirtant avec l'inconscience, Lorren s'agrippa vaille que vaille à la réalité pour ne pas chuter dans le précipice et le ravin qu'était le coma. Sonné et quasiment assommé, le milicien fut tout de même heureux de ne plus sentir le regard colérique de la rouquine, mais plutôt son étreinte, alors qu'elle était venue le rejoindre au sol. Or, bien que soustraits à ce regard qui lançait des éclairs, les mots avaient encore la possibilité de se frayer un chemin jusqu'à son esprit léthargique et comateux. Ainsi, Merrick était un idiot et il méritait une nouvelle salve de violence pour ses agissements.

Était-ce parce que son esprit n'était pas encore complètement arrimé à la réalité qu'il ne comprit pas ces menaces, les causes de cet émoi et de la perfidie de ces mots ? Ne sachant que dire, ne sachant que faire, chose qui semblait devenir une habitude de plus en plus prononcée avec la jeune femme, le milicien resta silencieux. Un silence qui pouvait en dire long, alors que celui qui avait si facilement mordu la poussière n'avait même pas arrêté de déblatérer alors que son nez et sa bouche recrachaient un flot de sang. La violence et les blessures ne l'avaient pas fait se taire, les maux qui découlaient des mots de la Chantauvent venaient de le rendre muet.

Acceptant avec le plus grand des plaisirs -et des besoins- l'aide d'Estelle pour se relever, Lorren prit le temps de méditer les paroles de sa tenancière, au lieu de les critiquer tout de suite. Était-ce une sorte d'inquiétude, plutôt que de la colère ? Peut-être. C'était possible aussi parce qu'il lui était venu en aide, tandis qu'elle n’en avait point ressenti le besoin ? Peut-être. Au final, il ne le savait pas, n'avais pas encore compris que c'était d'une part parce qu'il l'avait fait passer pour ce qu'elle n'était pas. Ainsi, se fourvoyant sur la cause et les tenants et aboutissants des raisons de la brusquerie verbale de sa partenaire, il resta muet. Merrick aurait préféré des remerciements, une récompense, ou quoi que ce soit d'autre. Pour autant, il n'avait pas agi seulement pour cela. Et puis, honteux qu'il était de s'être fait maîtriser aussi facilement, le milicien n'avait pas envie de surenchérir sur le sujet.

-''Merci.'' Dit-il d'une voix toujours pâteuse, pour l'aide qu'elle lui offrait. Une petite part de sa conscience trouva cela cocasse qu'il soit le premier à s'épancher dans les remerciements. Par la Trinité, ne venait-il pas de se faire malmener pour sa protection ? Qu'importe. Un détail insignifiant de plus, un élément à rajouter à une longue liste de superflus et d'inutile, il semblerait... Ne se faisant aucunement forcer à s'appuyer sur Estelle, Merrick profita de cette ''béquille'' pour se mouvoir. Les pas encore mal assurés à cause d'un mal de tête lui vrillant les tempes, il ne pouvait faire autrement.

La laissant s'épancher dans le silence et œuvrer pour effacer les traces de sang de son visage, Merrick n'arrêta pas de la regarder, sans pour autant rompre cette morne période de non-bruit et de non-dit entre eux. Il avait assez donné. Si elle voulait parler, elle parlerait. Car, à mesure que son esprit retrouvait en clarté, une perfide et vile rancœur venait se faufiler chez lui. Pour le moment, Lorren la repoussait mollement, se disant qu'elle n'avait lieu d'être, qu'il n'avait pas à attendre de la reconnaissance pour sa faiblesse. Car après tout, c'était à lui de ne pas succomber aux premiers coups de l'opposant, de ne pas être une simple victime. C'est ainsi qu'ils se mirent en mouvement, à son rythme, conservant cet étrange mutisme entre eux. Puis enfin, ce fut comme s’il recevait une seconde attaque, violente et puissante, alors qu'Estelle de Chantauvent livrait enfin le fond de sa pensée.

Après la première salve de rancune de la tenancière, il ne put s'empêcher de rire. Aucune trace de plaisir ne venait se glisser dans cet acte, alors qu'il tentait simplement de masquer sa colère, le fait qu'il était vexé. Or, impossible. Impossible de dresser un masque devant ses émotions. Il en avait assez. Jetant au sol le morceau de tissu qui lui avait été abandonné, il se passa avec humeur une main dans les cheveux. La brusquerie du geste eut pour conséquence de le décoiffer plutôt que d'aplanir sa chevelure.

-'' Je suis un imbécile, hein ? Un idiot, un salopard, un être stupide et naïf. C'est ça si j'ai bonne mémoire, non ?'' Et, Merrick Lorren avait une bonne mémoire, réactualisant simplement et tout bonnement les dires fâcheux et blessant qui avaient voltigé à son encontre en cette soirée. À mesure qu'il lui répondait, son débit de parole s'accélérait, sans que son discours ne perde en clarté. '' C'est moi, Merrick Lorren, le monstre qui te fait passer pour une catin de bas étage. Car oui, il aurait probablement été plus simple et facile de lui dire la vérité ? De lui dire que nous n'avions rien à faire là, que j'étais un milicien et toi une aubergiste, hein ? Penses-tu qu'il n'aurait rien tenté, qu'il n'aurait pas profité de son titre et de sa noblesse pour se jeter sur toi ? Au final, cela aurait été la parole d'un noble proche du Duc contre la nôtre. Qui penses-tu aurait eu raison devant la justice ? '' Dit-il avec un amusement tinté d'amertume, secouant la tête de gauche à droite en se demandant comment elle pouvait se voiler la face ainsi. Et puis, il n'en dit pas plus. À quoi bon, après tout ? Merrick aurait pu enchaîner en mettant en évidence qu'un acte de violence physique envers l'inconnu aurait peut-être eu des répercussions drastiques sur le duo. Violenter les privilégiées pouvait s'avérer très dangereux pour les petites gens. Même si ceux-ci étaient dans leur bon droit, agissant pour se défendre.

-''Alors oui, j'ai osé te faire passer pour ce que tu n'étais pas. Oui, c'était une image avilissante et dégradante. Mais c'est la seule façon que j'ai trouvé de te protéger, malheureusement. Je ne suis pas vraiment capable d'agir comme un preux chevalier alors que je ne suis qu'un beau salopard.'' Puis d'un mouvement de la main qui démontrait qu'il trouvait superflue la suite. '' Je n'en ai rien à faire que ce sang bleu me prenne pour un serviteur, pour un bouseux ou un être insipide et stupide.'' Puis au bout de quelques secondes, il termina ses dires. '' L'important c'est comment toi tu me perçois toi, pas lui.'' Avait-il besoin d'ajouter que pour le moment, cette vision ne semblait guère glorieuse ?

-''Faire ça maintenant, là et ici ? C'est la deuxième fois que tu me proposes ça. J'en ai d'ailleurs de moins en moins envie.'' Il parlait avec le soupçon de colère lancinante qui le vrillait à l'intérieur. Ses dires pouvaient être blessants, mais ceux d'Estelle l'étaient aussi pour lui. Pour autant, Merrick Lorren ne semblait pas agressif. ''...Bon, peut-être que je n'en ai pas moins envie, mais là n'est pas l'important.'' Faiblesse ? Il n'avait pu lui mentir réellement.

Le milicien avait dit tout ce qui lui semblait important à titre de réponse. Calmé, retrouvant une certaine quiétude après s'être livré, il n'en ressentait pas moins toujours une petite pointe de douleur. N'avait-elle vraiment pas compris le but de ses agissements et de ses paroles dans les jardins ? Pour autant, si la situation se représentait, le jeune homme savait qu'il agirait probablement de la même manière. Estelle avait le temps de répondre à tout cela si elle le souhaitait. Lui en avait terminé.

Toujours est-il que tout au long de l'échange qui avait bercé le duo, Merrick n'avait pas tenté de s'éloigner physiquement de la promiscuité de sa tenancière. De toute façon, il ne l'aurait guère put, retenu comme il était. Par ailleurs, il ne voulait guère s'éloigner. Lâcheté ? Peut-être, alors que cette conversation houleuse s'agençait bien mal avec leur proximité. Après, il fallait aussi dire que Lorren avait besoin d'un support et d'un appui pour ne pas chuter. Par ailleurs, dans la brusquerie du moment, comme sa tenancière, le milicien avait troqué le vouvoiement pour le tutoiement. Il semblait que leur affrontement verbal était terminé. La conversation devint plus douce, plus appréciable.

-''Désolé, Estelle.'' Il l'était. Pour lui avoir fait peur, pour avoir été aussi faible et pour ses dernières paroles qui pouvaient potentiellement être blessantes. Doucement, il se passa une main dans les cheveux, replaçant les mèches qu'il avait dressées par brusquerie. Merrick se permit lui aussi de se perdre dans les yeux bleus de sa partenaire. ''Une chance qu'une femme comme vous existe pour un homme comme moi.'' Dit-il avec un sourire joueur retrouvé. ''Peu de prétendantes auraient apprécié de voir leur milicien mordre la poussière aussi facilement.'' Termina-t-il avec une grimace, encore un peu heurté dans son amour-propre.

-''Vous apprendre à vous défendre, Brigitte n'est pas suffisante ? Je ne suis pas certain d'aimer l'idée. Je vous trouve déjà assez difficile à conquérir. Ne risqueriez-vous pas d'être encore plus difficile à atteindre, si je vous offre des armes à même de me repousser ?'' Puis un peu plus sérieusement. ''Si c'est ce que vous voulez, je peux me renseigner...'' Lorren aurait en effet besoin d'un coup de main, d'un léger apprentissage pour pouvoir partager son savoir autour de l'autodéfense. De règle générale, ses entraînements avec la milice consistaient en des passes d'armes plutôt qu'en des pugilats. Et puis, il n'était pas vraiment l'''élève'' le plus assidu de sa coutelerie, c'était évident.

Sa réflexion sur la question se perdit dans les méandres de son esprit lorsqu'un doigt de la dame de Chantauvent vint effleurer son visage, puis que sa main termina sa course sur sa joue dans une douce caresse. Il ne se fit pas prier pour attraper ces doigts qui trônait non loin de son nez sanguinolent, les portants à ses lèvres et déposant un léger baiser dessus. '' Très bien, madame.'' Dit-il, se pliant bon gré mal gré aux ''ordres'' d'Estelle.

Finissant le chemin menant à la Chope Sucrée, le duo entra par cette petite porte arrière que le milicien se promit de ne pas oublier. Cela pouvait toujours être utile, non ? Débouchant dans la salle principale, tout juste au bord de l'escalier leur permettant de se rendre au second étage, Merrick coula un regard sur les occupants. Pas un ne semblait avoir réellement aperçu l'apparition de la tenancière et du milicien. La soirée était déjà avancée et l'alcool coulait à flots. Or, en aussi bon tenancier que frère, Adrien vit l'apparition de sa sœur et de l'homme qui l'avait convié à un rendez-vous. La jeune femme le rassura d'un hochement de tête, avant de prendre la direction de l'étage, traînant avec elle le milicien vacillant. Juste avant de monter, Lorren croisa le regard du frère de Chantauvent. Il avait probablement rêvé, mais derrière le froncement de sourcil intrigué de ce dernier, n'avait-il pas vu une petite satisfaction devant son faciès amoché ? Après, Estelle l'avait mis en garde contre son frère qui pouvait être surprotecteur. Peut-être qu'il ne devrait pas le sous-estimer...?

Gravissant difficilement les marches, le jeune homme fut surpris que sa partenaire le guide jusqu'à sa propre chambre. Il n'allait pas s'en plaindre, mais il croyait qu'elle l'installerait dans une chambre vide de la Chope. Parfois, il semblerait qu'il y avait du bon à se faire littéralement battre ! Découvrant l'intérieur des lieux pour la première fois, l'ivrogne fut amusé de voir le désordre qui régnait. Ce détail allait somme tout de pair avec le caractère bien trempé d'Estelle. Après tout, si quelqu'un lui demandait de décrire celle-ci, il la qualifierait dorénavant comme une tornade, passant du calme à la tempête en un instant. Dès lors, ce sens dessus dessous était un peu logique, non ?

-''Charmante tanière ! J'aurais aimé la découvrir en pleine possession de mes moyens...'' Dit-il en lui offrant un clin d'œil amusé. ''Cela ne saigne plus. Merci.'' Répondit-il à l'invitation de s'installer. Encore debout, quittant le support physique qu'elle lui offrait, Merrick fit difficilement passer sa chemise par-dessus sa tête, se retrouvant torse nu sans la moindre gêne. ''Serait-il possible d'emprunter une chemise ? Histoire de ne pas tacher tes draps.'' Poursuivit-il, amusé, pourtant avec le teint blême.

Le milicien avait décidé de passer complètement au tutoiement sans l'annoncer. Après tout, ils étaient assez ''proches'' pour cela, non ? Et puis, il serait choquant de rester cloisonné au vouvoiement, alors qu'ils se tutoient lorsque les esprits s'échauffaient... Souriant avec douceur devant sa surprotection et la possible inquiétude de la dame de Chantauvent, Lorren se permit de glisser ses doigts entre ceux de la tenancière. '' Ça va aller, je n'ai pas besoin d'un prêtre. Seulement de toi'' Cette répartie était facile, mais pas complètement fausse. Toujours est-il qu'il n'en menait toujours pas large, son crâne l'élançait douloureusement, mais il allait s'en sortir. ''Par contre, si tu décides de partir en quête d'une tunique pour me vêtir, tu pourrais ramener une petite bouteille d'alcool ? Pour le soin, évidemment !'' Finit-il avec amusement.

Au bout d'un moment, Estelle de Chantauvent devait probablement être partie pour aller chercher quelque chose, ou pour une autre raison. De nouveau seul, Merrick regarda le grand lit qui trônait derrière lui. Elle l'avait invité à s'installer, non ? Alors, c'est ce qu'il fit. S'installant confortablement, le milicien perdit son regard vers le plafond et sonda les blessures de son visage à l'aide de ses doigts. Sa pommette était enflée et ouverte. Son nez n'était pas cassé et il ne saignait plus et sa lèvre inférieure était ouverte. Au final, le tout était beaucoup plus impressionnant que grave. Soupirant, il attendit patiemment le retour de la propriétaire des lieux.

-''J'espère ne pas être du mauvais côté !'' Dit-il lorsqu'elle revint dans la pièce, faisant référence au côté du lit où il s'était installé et où il avait pris ses aises. Après tout, Estelle devait avoir l'habitude de s'installer à un même endroit à chaque fois qu'elle dormait... À moins qu'elle soit ce genre de ''créature'' qui s'accapare l'ensemble du matelas ?! Tendant la main il l'invita à la rejoindre. ''Allez, je t'invite à me rejoindre dans ton propre lit. Tu ne devrais pas avoir trop d'inquiétude, je ne suis pas vraiment en état de te sauter dessus en ce moment...''

Pour l'heure, Merrick n'était pas réellement en quête de l'épanchement de son désir charnel pour la rouquine. Essayait-il de lui faire comprendre qu'il serait ''sage'' dans ce domaine. Du moins, s'il n'était pas tenté trop âprement par celle qui arrivait à jouer avec ses émotions comme un chef d'orchestre. Qu'elle le rejoigne ou non, il continua à parler '' Merci pour cette magnifique soirée, Estelle. J'aurais peut-être voulu terminer cela sur une meilleure note, mais...'' Puis, déposant ses yeux dans ceux de la dame de Chantauvent. ''Mais, tout n'est pas encore fini non ? Peut-être que la finalité pourrait-être un peu plus... plaisante ? '' Entre la plaisanterie et le sérieux, Lorren laissa ses yeux descendre vers les lèvres de la jeune femme.

Même s'il l'avait voulu, Merrick n'aurait pu se retenir de sombrer et chavirer dans le sommeil beaucoup plus longtemps. Peut-être que la conversation avait survécu durant quelques instants, mais le mal de tête et la fatigue finirent de le consumer et de le livrer aux bras de Morphée, ou à ceux d'Estelle de Chantauvent, aller savoir... Par ailleurs, possiblement qu'il n'était pas invité à s'endormir ici. Pourtant, c'est quasiment naturellement que cela s'était déroulé, sombrant peu à peu dans le coma du sommeil. Celle à la chevelure de feu pouvait toujours le réveiller... Si tel était le cas, il rechignerait, c'était une évidence.

Par ailleurs, sans alcool, il était évident que la nuit n'allait pas être de tout repos... Le passé risquait très probablement de venir l'assaillir au travers des cauchemars. Mais pour le moment, il ne pouvait rien y faire.
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]   [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick] - Page 2 EmptyMer 27 Fév 2019 - 20:44


Froideur, fut le mot qui correspondait parfaitement à l’échange qui se jouait entre le milicien et la tenancière. L’incompréhension régnant en maître dans cette relation naissante qui avait tout de l’incertitude et de la maladresse des débuts. Dans son bon droit, Merrick Lorren avait fini par s’imposer, par rétorquer aux multiples provocations de la rousse qui n’en restait pas moins incrédule et davantage blessé par les paroles qu’il utilisait, par cette colère qu’elle semblait percevoir et qui se voulait de plus en plus présente. Il reprenait ses phrases, sorti de son contexte, pour manipuler l’ensemble contre elle, sans que la rouquine ne trouve rien à redire. Pourtant ses lèvres se pinçaient, son regard devait se faire plus sombre, plus difficile, sa mâchoire se contractait, ses dents grinçaient presque sous la pression qu’elle exerçait. L’intérieur de sa joue avait fini par saigner tant elle la rongeait avec nervosité, alors que ses doigts devaient se faire plus violents contre l’intérieur de ses avant-bras, sans pour autant rompre la proximité du milicien.

Rancœur, c’est ce qui finissait par rester, ce mélange d’amertume, d’incompréhension, ce soupçon qu’elle ne parvenait à définir qui venait lui pincer le cœur, qui lui donnait envie de hurler alors que la logique de l’homme d’armes n’était pas pour autant mauvaise. Lui en voulait-elle de ne pas avoir réussi à prendre le dessus physiquement ? Aucunement. Lui en voulait-elle de la faire passer pour la deuxième fois pour une femme de petite vertu, très certainement. Comprenait-elle le pourquoi du comment ? Pas sûr. Là était bien toute la problématique. Les mots se répétaient inlassablement dans son esprit, idiot, salopard, stupide, naïf, monstre, catin de bas étage, justice, duc, preux chevalier et bien d’autres qui n’avaient plus aucun sens à ses yeux.

La gorge nouée de cette douleur intérieure qui ne faisait qu’augmenter, encore et encore, certainement lasse déjà, de cette dispute qui la malmenait avec autant de force qu’elle avait envie de l’abandonner là sur place, de le secouer, de le repousser de hurler tout ce ressentiment qu’elle conservait au fond d’elle, à lui, qui n’était même pas responsable du tiers. Avait-elle fini comme ultime provocation par lui proposer d’écarte les cuisses ici et maintenant dans cette ruelle peu peuplée donc l’éclairement n’était dû qu’à la présence de cet astre obscur haut dans le ciel et des multitudes d’étoiles qui dansaient autour. Avait-elle eu l’espoir de pouvoir se raccrocher à un brin d’humour, à un Merrick plus doux, plus joueur, mais il n’en fut rien. L’homme avait pris au premier degré la proposition, la vexant peut-être davantage, l’obligeant à se fermer davantage, alors qu’il finissait par admettre que l’envie pouvait être encore là. Vraiment ? Après tout ça ?

Cette fois-ci, la rousse n’était plus que l’ombre d’elle-même, plus de sourire, plus de tendresse, comme un coquillage parfaitement fermé, elle ne semblait plus avoir envie de communiquer, s’était fait violence pour ne pas abandonner, pour ne pas complètement fermer la porte. Comment pouvait-elle exiger une compréhension, alors qu’elle ne lui offrait absolument aucune chance de la comprendre, d’obtenir les tenants et aboutissements de sa manière de penser. Le choix était simple, poursuivre et terminer cette soirée pourtant délicieuse dans un conflit, ou mettre l’ensemble sous le tapis pour en reparler plus tard, beaucoup plus tard quand les esprits seraient certainement plus doux, plus serein. Estelle avait donc évoqué sa pensée, calmement, lentement, avec une diplomatie et une sincérité plus que présente. Les yeux dans les yeux le temps de cet échange, Merrick avait fini par s’excuser, ce fut un premier silence, alors qu’elle tentait d’intégrer l’information.

Comment la conversation pouvait passer d’un extrême à l’autre aussi rapidement, sans intermédiaire, sans passage de passerelle ? Son cœur tambourinait encore dans sa poitrine, sa respiration était un peu plus rapide, son souffle plus irrégulier et pourtant, pourtant elle avait envie de croire que l’un et l’autre étaient en faute, que l’un et l’autre étaient sincèrement désolés de la possible blessure qu’ils s’étaient faite mutuellement offert. Merrick semblait amère vis-à-vis de sa défaite, était-ce la source de tout ça ? Un problème d’ego ? Silencieuse, la noiraude n’avait pas réellement repris la parole, avait-elle dit l’ensemble de ce qu’elle avait à dire, avait elle-même fait des propositions, le choix était de son côté désormais. Le milicien avait finalement attrapé la perche qu’elle lui avait tendue, replongeant le duo dans une note d’humour maladroite avant de finalement répondre un peu plus sérieusement à sa proposition.


- « Brigitte n’est pas vraiment discrète et transportable partout, vous m’imaginez venir à notre rendez-vous avec la poêle derrière le dos ? Je crains que ma féminité n’en prenne un sacré coup… » souffla-t-elle en battement excessivement des cils « Renseignez-vous donc, oui, peut-être parviendrez-vous à me séduire rien qu’un peu dans le contexte de précepteur ? » tenta-t-elle de plaisanter avec un sourire malicieux sur les lèvres.

Sa main avait fini par venir effleurer la peau de son visage, sa joue, avant de se perdre quelque peu dans sa barbe, une douceur certaine, une petite pause furtive après les derniers événements moins agréables. Elle avait évoqué les événements à venir, il avait intercepté ses doigts pour embrasser l’ensemble, provoquant cette ligne de frissons le long de sa colonne vertébrale. L’interlude terminée, le duo avait fini par reprendre sa marche dans un rythme plutôt lent pour atteindre la petite porte secrète de l’établissement, de quoi se retrouver juste en bas des marches menant à l’étage. Petit signe de tête vers son frère, progression vers l’étage, puis chambre et ce fut un petit instant d’hésitation de silence, alors qu’elle le laissait découvrir le lieu qui était très loin d’être aussi ordonné que le reste de l’établissement.

L’homme ne put s’empêcher de toucher un petit mot sur l’état de la chambre, alors que la rousse tentait déjà tant bien que mal de récupérer ses affaires qui traînaient un peu partout, faisant une pile plutôt impressionnante au premier coup d’œil qu’elle abandonna dans un coin de sa chambre pour revenir vers Merrick qui venait de retirer sa chemise en expliquant que cela ne saignait plus. Immobile, la rouquine sembla déstabiliser par l’action et son regard qui survolait déjà le torse de celui pour qui elle ne pouvait nier avoir un soupçon d’attirance.

- « Même en pleine possession de tes moyens cela n’aurait pas changé grand-chose » souffla-t-elle en tentant de se reprendre « Je vais voir ce que je trouve pour ta chemise… »

Estelle était nerveuse, pas à cause du rapprochement, mais surtout de l’état de l’homme d’armes, elle n’envisageait aucun rapprochement physique, était-elle trop ancrée dans les anciennes traditions pour juste entendre un peut-être à ce niveau. Les coups lui avaient semblé importants et Merrick n’était pas aussi farfelue qu’à son habitude, signe qu’il n’était pas complètement en état, complètement dans de bonnes conditions physiques. Sa main avait fini par effleurer celle de la tenancière, qui le détailla un long moment immobile, elle était un peu confuse, un peu perdue devant les éléments de cette soirée et cette manière dont elle se terminait finalement. La rouquine restait inquiète, malgré les paroles rassurantes du milicien. Certainement pour fuir, elle avait rompu le contact pour aller récupérer une chemise dans une autre pièce, la salle d’eau où se trouvait une armoire imposante, l’ouvrant, elle resta un long moment devant celle-ci. La rousse observait les vêtements de feu son mari, sans être convaincue que ce soit une très bonne idée de voir une de ses chemises sur un autre, pourtant, devait-elle bien finir par faire ce deuil, de passer cette étape.

Le tissu d’une couleur plutôt sombre, proche du pourpre s’était retrouvé entre ses doigts, la tenancière avait fini par redescendre les marches pour aller questionner son frère sur le déroulement de la soirée. Celui qui partageait son sang, lui avait donné une bouteille, l’interrogeant presque aussitôt sur les blessures du milicien. Estelle secoua une de ses mains, avant de remonter sagement, elle en parlerait plus tard, plus tard oui, sa soirée n’était pas finie, elle était encore en ‘repos’. Poussant la porte de sa chambre pour la refermer, elle avisa celui qui venait de s’allonger dans son propre lit. Il avait pris la place de son mari, elle allait lui remettre une de ses chemises… C’était déroutant, presque culpabilisant pour celle dont le regard avait dû s’assombrir quelque peu.


- « Commence déjà par enfiler ça… » fit-elle en lui lançant la chemise sur la tête « Tu peux la garder si tu veux…. » elle resta à cette distance, hésitante « Non… Ce n’est pas mon côté, ça va… » souffla-t-elle sans réellement savoir quoi faire de son propre corps. «[color=#ff99ff] Je peux encore récupérer Brigitte attention…[/colo] » tenta-t-elle un brin d’humour pour se détendre

S’appuyant contre sa coiffeuse, la rouquine ne savait plus vraiment comment se positionner, ni même quoi faire, pour autant elle l’écoutait et elle avait fini par laisser échapper un petit rire.

- « Je crois que les coups sur la tête étaient un peu trop forts… » souffla-t-elle en secouant doucement sa tête « Tu sais, je pense que je vais te surveiller un peu cette nuit, je suis inquiète quand même, c’était un sacré coup… Je serais rassurée que tu consul- Merrick ? Merrick tu m’écoutes ? »

Estelle l’avisa un long moment, alors qu’il avait semblé s’endormir, lâchant un petit soupir, elle s’était approchée pour glisser les draps sur lui, pour l’installer plus confortablement avec une douceur importante. Passant ses doigts sur son front, puis sur sa chevelure, elle était venue retirer les dernières petites taches de sang. Déposant ses lèvres sur son front, elle vérifia inconsciemment sa température, avant de souffler sur une bougie qui se trouvait non loin. La dame de Chantauvent, n’avait pas rejoint sa couche immédiatement, pour prendre un bain, pour se glisser ensuite dans sa tenue de nuit, elle avait attendu ensuite dans sa chambre, assise sur la chaise détaillant encore et encore Merrick qui dormait là. Il ne semblait pas particulièrement paisible, peut-être même un peu agité et ce ne fut qu’une fois son frère parti que la rousse avait fini par redescendre. Imbibant un tissu dans un mélange d’eau bouillant et de plante qui se voulait apaisante, elle avait fini par remonter pour déposer le tissu humide et odorant autour du visage de Merrick. L’objectif était de le détendre un peu, avait-elle rapproché sa chaise de lui, pour lui tenir la main. La rousse n’avait quasiment pas dormi de la nuit, elle l’avait veillé toute la nuit, le rassurant, murmurant sans chercher jamais à le réveiller, oui Estelle n’avait eu de cesse d’être particulièrement présente, essayant de lui offrir un sommeil plus réparateur.

Au petit matin, très tôt, la rousse avait abandonné la chambre, le regard fatigué, les yeux cernés, elle était venue remettre des bûches dans le feu de la cheminée de la pièce principale. Pied nu, sa tenue de nuit blanche pour seul vêtement. La tenancière avait fini par remettre une marmite d’eau chaude sur le feu, pour réaliser des infusions, avant de remonter pour déposer un pantalon et une chemise propre sur le bout du lit. Encore en bas, elle s’était installée sur une chaise proche du feu, elle allait devoir le réveiller, elle ignorait à quelle heure il devait commencer son service… Servant deux infusions, la rousse avait fini par remonter, déposant l’ensemble sur un plateau, avant deux morceaux de pain et tartiné de confitures, elle remonta rapidement marche par marche, pour frapper lentement à la porte avant d’entrer.


- « Merrick ? » souffla-t-elle très doucement « Il est l’heure… » murmura-t-elle encore

Elle avait déposé le plateau sur la chaise à sa droite, mais à la gauche de Merrick, se penchant pour laisser ses doigts venir effleurer doucement son visage.

- « Je te laisse te réveiller, tu as de quoi t’habiller et manger… Tu peux prendre un bain si tu veux, tout est prêt… » elle déposa ses lèvres sur son front « Prend ton temps, il est tôt encore… Je ne savais juste pas à quelle heure tu devais commencer… »

Peu de temps après, Estelle était sortie, fuyant très certainement cette complicité du matin, fuyant peut-être aussi cette habitude qu’elle avait avec son mari. Préférant préparer le bain, avant de redescendre pour s’installer proche du feu, un peu fatigué, sa tasse entre les mains, visiblement pensive. Elle n’avait pas très envie de s’habiller, pas encore, pas tout de suite.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]   [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick] - Page 2 EmptyJeu 28 Fév 2019 - 6:10
La tentative bien vaine d'Estelle de Chantauvent d'essayer de ranger sa chambre, de tenter de soustraire à la vision du milicien l'étendu du chaos qui régnait sur cet endroit, qui ressemblait plus à un champ de bataille qu'à un lieu de repos, eut le mérite de fortement amuser Merrick Lorren. La regardant agir et soulever ses affaires pour les positionner dans un coin de la pièce, le milicien n'eut pas le courage de lui mentionner que cette façon de procéder ne faisait que renforcer l'image du capharnaüm qui c'était abattu sur les lieux. À dire vrai, il était maintenant difficile de détacher son regard de la pile de vêtements et d'affaires qui était devenue une véritable montagne. Or, par chance pour sa tenancière, le milicien avait un sujet d'observation beaucoup plus intéressant et hautement plus attrayant à porter de regard. Bien évidemment, il parlait de la rouquine en elle-même, mais surtout des émotions qui allaient peut-être se peindre sur son visage, sur ce faciès qu'il aimait voir tourmenter et déchiré par le désir et la tentation. Et ce, encore plus lorsque cela était par sa faute.

Ainsi, Lorren se dévêtit sans la moindre gêne. L'action s'articulait autour d'une certaine logique, alors que le sang avait inondé sa chemise qui était précédemment immaculée. S'offrant au regard d'Estelle, le sourire en coin trônant à sa place habituelle, il ne perdit aucunement la chance d'observer cette gêne, ce déséquilibre qui fit vaciller cette dernière. C'était bien peu, et il ne poussa aucunement sa chance, ou l'outrecuidance, en cherchant à aller plus loin. Après tout, même lui savait où se situait la limite de la dame de Chantauvent. Limite qu'il tentait certes de dépasser, mais qu'il n'essayait en aucun cas de forcer, de briser contre son gré.

-''Je sais, je sais...''Dit-il en poussant un soupir excessivement exagéré lorsqu'elle lui mentionna que même en pleine possession de ses moyens, cela n'aurait rien changé. Se passant une main dans la chevelure, l'homme d'armes ne put s'empêcher de concevoir que cela était possiblement atrocement vrai. ''Merci.'' Dit-il lorsqu'elle s'éclipsa, après avoir laissé sa main capturer celle de sa partenaire pendant un instant.

Sur ce départ, Merrick Lorren s'installa confortablement dans le lit, attendant sagement le retour de celle qui l'hébergeait. Découvrant de ses doigts les blessures qui l'enlaidissaient, le milicien ne put que trouver le temps long avant le retour de la jeune femme à la chevelure de feu. Que faisait-elle ? S'il avait été plus vaillant et solide sur ses jambes, il serait probablement parti à sa recherche, la traquant sur l'étage pour fondre sur elle comme un prédateur. L'image l'amusa beaucoup, alors qu'elle prenait consistance dans son esprit. Du moins, avant qu'il n'imagine la splendide guerrière munie de sa plus fidèle arme; Brigitte... Dès lors, la chasse victorieuse se transforma dans ses pensées, alors que le chasseur devenait le chassé, tandis que le prédateur se mutait en proie. Son sourire vacilla durant quelques instants. Il ferait mieux d'attendre, en effet.

-''Je commençais à m'inquiéter !'' Ne put-il retenir comme exclamation lorsqu'elle revint. Tout de suite, il vit l'assombrissement qui transforma le visage de la dame de Chantauvent. Était-ce parce qu'il commençait à la connaître, à la comprendre ? Ou bien, peut-être qu'il pouvait voir cela, alors qu'il l'observait plus que toute chose, s'abreuvant et se perdant dans le moindre de ses gestes, en tentant d'y discerner un signe qui signifiait sa possible victoire, son potentiel triomphe ? Bref, toujours est-il que bien qu'il ne pouvait être complètement sûr de la cause de cet émoi, il le vit, et put se laisser aller à deviner. Ainsi, le nuage qui s'arrimait aux traits d'Estelle devait être à cause de son défunt époux. Après tout, depuis qu'il la connaissait, c'était toujours ce sujet qui minait la joie de vivre et l'allant de la jeune femme.

-''Tu ne me préfères pas comme ça ?'' Dit-il alors qu'elle lui jetait la chemise pourpre au visage. Merrick ne connaissait que l'humour et le bagout de la discussion pour repousser les démons du passé et des souvenirs. Peut-être n'était-ce pas suffisant. Probablement que non. Or, qu'aurait-il pu faire, lui, celui qui n'arrivait même pas à imaginer l'idée de s'ouvrir ? L'effort avait au moins le mérite d'être là... '' Encore et toujours des menaces ! Je préférerais nos conversations de peu de mots, mais de beaucoup plus, alors que nous étions sur la muraille...'' Termina-t-il, jouant entre l'amusement et la fausse pensée chargés de mélancolie.

Toujours est-il que bien que Merrick Lorren jouait et déclamait ses dires aussi rapidement que d'habitude, la violence physique subit avait eu le mérite de saper son énergie. Ainsi, ne pouvant s'empêcher de sombrer dans le coma, il disparut pour de bon de la réalité, tombant dans les bras de Morphée tandis qu'il visait plutôt l'étreinte de la belle de Chantauvent. Pour autant, ne put-il lutter à l'appel du sommeil, alors que tout son corps et son esprit criaient leur besoin de repos.

Or, avant de sombrer pour de bon, il le savait; qu'importe qu'il aille besoin de repos et d'un sommeil réparateur. Les cauchemars allaient venir oblitérer tout cela, le vriller de douleur et de réminiscence difficile. Qu'importe qu'il soit l'heure de se reposer, tandis que le milicien partait régler ses comptes avec son passé, souffrir pour la couardise et la terreur de son échec.


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Lendemain matin


C'est en sueur, sursautant avec force à cause de la prise de parole d'Estelle de Chantauvent qu'il reprit pied dans la réalité. Les yeux agrandis par les derniers mauvais souvenirs de la nuit, le milicien jeta un regard à droite puis à gauche, cherchant à comprendre où il se trouvait, ce qu'il faisait là. Pour ne pas l'aider, son mal de tête était toujours bien présent. Au bout de quelques longues secondes, Lorren se rappela où il était. La main de la jeune femme vint trouver son visage, suivit de ses lèvres sur son front. À la différence de sa peau moite de sueur, la main de la tenancière était fraîche et froide sur sa peau brûlante. Savourant le doux contact qui s'opéra, le milicien ferma les yeux, bien naturellement.

Sans qu'il n'aille eut la chance de répondre, la rouquine était à nouveau disparue. Regardant l'assiette qui trônait non loin, sans qu'il n'aille le moindre appétit, le milicien s'apprêtait tout simplement à se lever lorsqu'il remarqua quelques détails et signes bien révélateurs...

Premièrement, le lit était sens dessus dessous. Évidemment, c'était à cause des mouvements qu'il savait avoir lorsqu'il était aux prises avec le sommeil. Pour autant, à côté de lui, les couvertures n'avaient presque pas bougé. Signe que la jeune femme n'avait pas dormi là. Le milicien aurait pu imaginer que la dame de Chantauvent aille décider de passer la nuit dans une autre pièce de son édifice. Après tout, il serait logique de croire qu'elle se tienne loin de lui dans ses affres nocturnes. Mais, la chaise qui se trouvait à côté de lui démontrait plus tôt que celle-ci avait joué à la garde malade, restant éveillée pour surveiller celui qui avait le sommeil difficile. En plus de cela, le tissu qu'il avait eu sur le visage ne pouvait mentir; Estelle de Chantauvent l'avait veillé toute la nuit.

Soupirant et s'en voulant particulièrement, Merrick Lorren se leva. Après tout, s’il y avait bien une chose que la rouquine manquait, c'était bien de repos et d'un sommeil réparateur. Or, c'est ce que venait de lui prendre le jeune homme en la forçant à s'inquiéter pour lui.

N'ayant aucunement faim, l'homme d'armes se dirigea tranquillement vers le bout du lit en s'appuyant sur ce dernier. Récupérant les habits qu'Estelle avait laissés à son attention, le milicien les enfila. S'arrêtant devant la coiffeuse, il se permit de passer une main dans sa tignasse avant de se diriger vers l'escalier et l'étage inférieur. Qu'importe le bain, celui attendrait. Il avait mieux à faire. En descendant, Merrick n'oublia point d'apporter le plateau de nourriture qu'avait préparé sa tenancière.

Juché sur la dernière marche de l'escalier, il prit le temps de s'arrêter et de juger de l'état de sa partenaire du regard. Celle qui manquait d'un sommeil évident ne l'avait pas encore vu. Habillé de sa tenu de nuit blanche, le milicien la détailla de pied en cape. Bien que malmené par le manque de sommeil, les cheveux en bataille et en pagaille, ainsi qu'une tenue bien... incongrue, mais ô combien intéressante, Merrick ne put s'empêcher de la trouver belle. Peut-être pas comme une grande dame à la tenue resplendissante et au port altier, mais c'était tout aussi bien, sinon mieux. C'était quelque chose de plus terre à terre, de plus humain. Et cela lui allait parfaitement. Fronçant des sourcils devant ses propres pensées, le milicien secoua négligemment de la tête de gauche à droite. Son esprit semblait encore vagabonder et avoir de la difficulté à s'arrimer convenablement à la réalité.

-'' Si je sais bien compter, nous sommes deux. De plus, il y avait deux pains et deux tasses sur ce plateau à ton arrivée en haut, si je ne m'abuse.'' Dit-il en crevant le silence d'une voie qui se voulait enjoué. Avançant tranquillement vers Estelle, il continua. '' Alors, il manquait une personne pour que ce déjeuner soit parfait et partagé.'' Déposant le plateau sur la table la plus proche, Merrick répondit au baiser qu'il avait reçu sur le front en se permettant le même geste, mais sur le haut du crâne de la Chantauvent, au milieu de sa crinière rousse. C'était un peu étrange de jouer ce jeu là de si bon matin, comme s'ils étaient réellement un couple alors que tous deux savaient qu'il n'en était aucunement le cas, mais ce n'était pas forcément désagréable. '' Et puis, il me semblait que tu n'aimais guère manger seul...''

Puis, offrant un sourire qui se voulait rassurant quant à son état, mais aussi hautement charmeur bien évidemment, le milicien termina sa tirade. ''Bon matin, Estelle de Chantauvent.''

D'un geste de la main, Merrick Lorren avait invité la jeune femme à venir s'attabler à la table la plus proche. Si elle avait refusé, ou préféré jouer à lui répondre plutôt qu'à se mouvoir, le milicien avait fait glisser la chaise, et sa propriétaire juchées dessus, jusqu'au support de bois où trônait le déjeuner. Prenant un morceau de pain pour donner l'exemple, il prit une bien maigre bouchée pour faire preuve d'une envie qui ne le tiraillait aucunement. Souriant à celle siégeant devant lui, il continua à parler. ''Je suis de garde de soirée et de nuit, cette fois-ci.'' Dit-il en grimaçant à cette idée. Bien que calme, ce genre d'affectation avec le mérite de le peiner alors qu'il pouvait s'imaginer attablé dans une auberge plutôt qu'à se promener dans la froideur nocturne pour surveiller les ruelles et venelles s'étirant autour de sa zone de surveillance. Au moins, il n'était pas réellement pressé de partir. L'heure où il devrait s'éclipser arriverait bien vite, c'était une évidence, mais aucune précipitation n'était de mise.

Abandonnant le pain qu'il n'arrivait de toute façon pas à avaler, il récupéra l'infusion à deux mains, se réchauffant les doigts et prenant enfin la première gorgée du breuvage. ''Merci pour hier soir, pour m'avoir surveillé dans la nuit...'' Dit-il en évitant le regard de la rouquine, gêné que quelqu'un aille put voir son sommeil agité et faible. Déposant la tasse, il se passa une main dans les cheveux, avant de se reprendre et de changer de ton pour sermonner sa vis-à-vis. ''Merci, mais ce n'était guère raisonnable.'' Ses yeux étaient revenus au contact de la tenancière de la Chope Sucrée. ''Comment comptes-tu tenir toute la journée si tu ne dors pas convenablement ? Et puis, comment penses-tu pouvoir résister à mes charmes, alors que la moitié de ton esprit va crier son besoin de sommeil ? Serais-tu en train de me sous-estimer ?''

Laissant de côté les propos semi-sérieux et amusé, Merrick continua sans ambages. ''Tu vas aller te coucher, et me laisser gérer la Chope pour la matinée. Après tout, je devrais être capable de garder l'établissement à flot le temps que tu dormes un peu.'' Levant une main pour couper toute tentative de refus, il continua sur le même ton, ne souffrant aucunement l'idée d'un refus. '' S'il le faut, je t'attache et je te traîne en haut. N'avise donc pas de refuser.'' En disant cela, il ne put s'empêcher d'offrir un sourire espiègle et taquin à Estelle. Elle l'avait menacé de la sorte lorsqu'elle avait voulu qu'il dorme à l'auberge lors de leur première rencontre. Il avait bien tenté d'être attaché au sommier en plaisant, mais cela n'avait guère été fructueux... '' Je ne te demande que quelques heures seulement de sommeil, ne t'inquiète pas. Je viendrais te réveiller lorsqu'il sera l'heure, promis.'' Prenant une autre rasade de l'infusion qui lui plaisait certes moins qu'une bière, mais qui était tout de même plus convenable en cette heure matinale, Merrick laissa le temps à la rouquine de répondre avant d'enchaîner.

- ''Fais juste me dire ce que je dois faire et je me mettrais à l'œuvre ! ''

Est-ce qu'Estelle de Chantauvent accepterait ''l'ordre'' que Merrick Lorren venait de souffler ? N'avait-elle pas vraiment le choix, au final. Enfin, si elle se risquait réellement à refuser, le milicien n'irait pas jusqu'à la traîner réellement à bras le corps dans son lit, ne voulant la brusquer physiquement. Pour autant, la menace planait tout de même sur elle. Or, le milicien savait bien l'effort qu'elle consentait à simplement imaginer le fait de lui laisser le contrôle de ce qui représentait le rêve d'elle et de son défunt mari. En cet endroit, Merrick faisait un peu tache lorsqu'il prenait ses aises, il s'en rendait compte. Dans l'ensemble de ses gestes, la jeune femme devait revoir son époux. Comme hier dans le lit, comme aujourd'hui de si bons matins. Il ne cherchait pas réellement à lutter contre cela, après tout, qu'aurait-il pu faire pour conjurer cette vision ?

-''Alors, vous avouez-vous vaincue, Princesse ?'' Attendant la réponse positive ou négative, l'ivrogne resta silencieux un moment, le regard véritablement soucieux pour celle qui n'avait pu se reposer à cause de lui. Expression faciale qui détonnait et qui devait étonner par son côté incongru pour le beau salopard qu'était Merrick Lorren.
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]   [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick] - Page 2 EmptySam 2 Mar 2019 - 22:33


- « Mieux vaut conserver une part de mystère, imagine que la vue soit entièrement décevante ? » souffla avec malice la tenancière en guise d’unique réponse.

Si l’objectif avait été de la détourner de ses souvenirs douloureux qui attaquaient son esprit, la stratégie fut efficace. Néanmoins, la dure réalité n’avait pas tardé à se rappeler à la rouquine. Offrant à la rousse la souffrance de l’absence comme unique sentiment au fond du cœur. Estelle était inquiète, impossible de le nier, de le camoufler, non pas à cause de son défunt mari, mais bien vis-à-vis de la blessure du milicien. Ses doigts s’étaient entrelacés, jouant nerveuse du bout des ongles sur sa peau encore fragilisée. La gérante avait néanmoins fini par reprendre la parole, alors qu’il évoquait avoir une préférence pour des échanges bien silencieux.

- « Toute récompense se mérite, monsieur Lorren, même si vous étiez mourant, cela n’est pas près de se reproduire. » Piqua-t-elle gentiment, laissant percevoir ce défi dont elle se savait déjà perdante d’avance.

Et puis elle s’était mise à parler, à expliquer, à espérer qu’il accepte voir quelqu’un de plus doué en soin que sa petite personne, mais l’homme d’armes avait fini par s’endormir, succombant dans un sommeil bien mérité. La nuit fut agitée, particulièrement, et la dame de Chantauvent n’avait pas pu s’empêcher de le surveiller, sans jamais fermer l’œil. Les heures s’étaient écoulées lentement, particulièrement, sans que la rousse ne s’en offusque. Avait-elle passé la nuit juste là, à descendre pour humidifier les tissus, puis remonter afin de le rafraîchir, pour essayer de le soulager, de réduire les troubles qui semblaient animer son sommeil. Estelle n’avait pas réussi à dormir ou à cesser de s’en faire pour celui qui était dans cet état –le pensait-elle- à cause de sa petite personne et de son envie d’aller dans les jardins ducaux. L’avait-elle en plus sermonné, lui en voulait-elle peut-être même encore un peu.

Au petit matin, la tenancière avait fini par s’éclipser, alors que la fatigue devait imprégner les traits de son visage, descendant pour remettre du bois dans la cheminée, puis pour chauffer un peu d’eau. Presque naturellement dans un réflexe ancien, elle avait préparé plusieurs tartines de confitures, remontant infusions et petite gourmandise sur un plateau. Après avoir réveillé le milicien, elle était rapidement redescendue, s’installant sur une chaise non loin du feu. Son épuisement semblait prendre petit à petit le dessus, alors qu’un soupir s’échappait de ses lèvres. Le crépitement du feu avait néanmoins quelques choses de réconfortants, d’agréables, de reposant. Silencieuse, elle profitait pleinement du calme de la pièce, qui d’ici quelques heures serait gorgée de monde. Son regard se releva presque immédiatement vers la silhouette masculine qui venait son apparition plateau en main. Ses lèvres s’étaient étirées dans un sourire plutôt sincère, se faisant violence pour éviter de le questionner vis-à-vis de son état de santé. Elle se contenta d’hausser doucement les épaules, lorsqu’il évoqua qu’il y avait suffisamment pour deux, avant de fermer les yeux quand elle sentit sa bouche sur le haut de son crâne. Une immense vague de frissons avait pris possession de la totalité de son être, alors que sa main était venue agripper son bras pour l’empêcher de s’éloigner.

Surprise par son propre geste, elle le relâcha presque immédiatement, alors qu’il lui offrait un sourire pour lui souhaiter un bon matin. Immobiles, seules ses deux prunelles vertes se déplaçaient sur la silhouette masculine.


- « Merci, toi aussi… Bon matin Merrick Lorren, c’est gentil, mais je n’ai pas très. »

N’eut-elle pas le temps de terminer que le milicien avait empoigné la chaise pour la faire glisser jusqu’à la table, dans un rire réellement surprise et amusée de la rouquine. Il avait attrapé un morceau de pain, croquant dedans à petite bouchée, avant d’admettre qu’il ne reprenait le travail que pour la soirée. Presque immédiatement, une nouvelle vague de culpabilité imprégna les traits du visage d’Estelle.

- « Je ne savais pas » souffla-t-elle « Sinon, je ne serais pas venue te réveiller… Excuse-moi.»

La rouquine était sincère, si elle en avait eu conscience, jamais elle n’aurait rompu son sommeil qui semblait déjà mouvementé. Se mordillant la lèvre inférieure, Estelle semblait un peu hésitante, avant de finalement attraper son infusion pour en avaler une gorgée. L’eau était encore chaude, plutôt agréable pour celle qui ne savait plus réellement comment se positionner vis-à-vis de Merrick. Son esprit embrumé, elle avait des images bien peu acceptables en tête, des idées bien irraisonnables aussi alors qu’absolument rien ne s’y prêtait. Se voyait-elle se lever, laisser glisser sur sa peau sa tenue de nuit blanche le long de ses courbes, se voyait-elle s’abandonner dans les bras de l’homme d’armes. Inconsciemment ses yeux s’étaient fermés et ce fût la voix de Merrick qui l’a ramena à la réalité dans un petit sursaut qui avait dû révéler son égarement.

Difficile de comprendre la multitude de paroles qui s’échappaient des lèvres de l’homme d’armes, alors qu’elle revenait d’un moment d’inconscience que son esprit lui avait octroyé. Mal à l’aise, la rouquine se dandinait sur sa chaise, cherchant à trouver une posture qui l’a détendrait davantage. Lui évoquait son état de fatigue, que ce n’était pas raisonnable, qu’elle le sous estimait, qu’elle n’allait pas réussir à lui résister et encore une fois la Chantauvant restait silencieuse. Mieux valait ne rien dire, que de dire des bêtises. C’est ce dont elle essayait de se convaincre avec une certaine force.


- « Peut-être que ça me plairait, ce n’est pas vraiment des menaces ça. » souffla-t-elle spontanément sans savoir si ce n’était qu’un souvenir d’une réponse déjà formulé par lui, ou une réaction de ses pensées précédentes. « Je ne suis pas certaine que tu parviennes à maintenir à flot la chope pendant une matinée entière… »

Pour autant, elle n’avait pas dit non, elle ne l’avait pas envoyé balader et un petit sourire malicieux avait refait son apparition sur ses lèvres. La tenancière était convaincue qu’accepter était ridicule, qu’il ne pourrait jamais parvenir à faire les quelques courses, à cuisiner, à préparer les infusions, le tout sans boire lui-même la totalité des bouteilles de l’établissement. C’était délicat pour elle, parce que jusque-là c’était le rôle de son mari, mari qui n’était plus, son frère avait pris un peu de relais sans y parvenir entièrement et maintenant il y avait cet homme dans les vêtements de son époux, qui avait passé la nuit à sa place dans le lit qui exigeait qu’elle accepte sa présence. La tasse avait retrouvé le bois de la table, alors qu’elle se relevait pour l’abandonner à sa table, lui tournant le dos pour aviser le crépitement du feu.

Là, elle dut rester un long moment silencieuse, alors qu’il la questionnait vis-à-vis de sa décision. Que pouvait-elle répondre, accepter ne pas accepter ? La rousse ne savait pas vraiment, elle était indécise, particulièrement.


- « Première règle, interdiction de boire les bouteilles, ou d’en emporter n’est-ce pas » fit-elle d’une voix un peu fatiguée « Tu dois aller au marché, le long du port, récupérer la commande pour la préparation du repas, c’est en fonction des livraisons, je ne sais jamais à l’avance ce que je vais avoir. Quand tu reviens, tu fais chauffer de l’eau, tu ouvres la chope et tu réponds aux différentes demandes ou commandes des clients. Fin, milieu de matinée tu dois avoir préparé le repas pour le midi, si jamais il y a trop, ce n’est pas grave, j’irais déposer le tout dans les bas quartiers le soir… »

Elle fit une nouvelle pause, observant une nouvelle fois le crépitement du feu, des braises et le mouvement des quelques flammes. Un soupir avait fini par fuir ses lèvres, alors qu’elle ne semblait pas convaincue par la chose.

- « Ne te force pas à manger si tu n’as pas faim » fit-elle toujours en lui tournant le dos, signe qu’elle avait bien remarqué sa non envie « Je ne vais pas m’en offusquer, je ne connais pas tes habitudes, j’ai fait au mieux. » fit-elle avec ce petit regret dans la voix. « Merci… » souffla-t-elle pour conclure.

Presque machinalement, encore perturbée par ses incohérences propres, ses désirs, ses craintes, elle avait récupéré sa tasse pour en avaler une gorgée, avant de s’approcher de Merrick pour déposer sa main libre sur son épaule en émettant une légère pression.

- « Tu sais, je ne vais pas aborder le sujet que tu ne veux pas évoquer, mais il y a une femme, dans les faubourgs, qui vit non loin d’un arbre mort avec un banc… Elle peut résoudre beaucoup de problèmes, elle est très douée. J’ai entendu un groupe en parler la dernière fois… »

La dame de Chantauvent c’était penchée en avant, le temps de déposer ses lèvres sur la joue de Merrick, le temps de laisser son souffler caresser sa peau, à sa main de se perdre dans sa chevelure avec une certaine douceur. En se relevant, pivotant pour remonter à l’étage et très certainement se glisser dans son lit, elle ajouta :

- « Peut-être pourrais-je réfléchir à t’offrir une nouvelle récompense, mais pour ça faudrait-il encore que tu survives à ce service seul ET à ton travail de ce soir…. »

Elle lui offrit un clin d’œil avant de s’éloigner et de monter les marches. Merrick n’aurait aucune information supplémentaire, c’était un bon test finalement, à lui d’évoluer seul dans la chope sucrée. Estelle cherchait sans doute à le fuir également, à éviter qu’il ne comprenne son trouble, ou la rougeur de ses joues ou qu’elle ne formule une pensée qu’elle n’aurait pas dû juste à cause de son état de faiblesse.

A l’étage, la rouquine avait abandonné sa tenue de nuit sur le sol de la chambre, avant de se glisser dans les draps, s’installant là où se trouvait l’homme peu de temps avant. Le lit n’était pas encore complètement froid, c’était étrange, mais terriblement agréable aussi. Depuis combien de temps n’avait-elle pas eu la satisfaction de se glisser dans un lit déjà occupé ? Bien trop longtemps certainement. Tout avait encore son odeur, elle n’avait aucun mal pour la reconnaître alors que ses yeux se fermaient lentement et que son cœur se serrait. S’enroulant entièrement dans les draps, glissant sa tête sous le tout pour réduire la luminosité environnante, sombrant très rapidement dans un sommeil profond.




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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]   [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick] - Page 2 EmptyDim 3 Mar 2019 - 20:07
La chose était ainsi faite; Merrick Lorren fut capturé, non pas de façon perfide et avec de viles idées en tête, mais plutôt avec une douceur qui avait lieu de surprendre, d'étonner. Tandis que le milicien venait de faire son apparition inopinée au premier étage de la Chope Sucrée, la tenancière de Chantauvent était perdue dans ses songes et réflexions, le regard égaré dans la flambée qui dansait devant ses yeux. Ainsi, fomentant une attaque-surprise sur l'adversaire et partenaire que la jeune femme symbolisait pour l'homme d'armes, il était allé déposer ses lèvres sur le haut du crâne d'Estelle, au milieu de cette crinière de la couleur du feu.

Croyant s'échapper tel un conquérant victorieux après sa prise d'initiative, Lorren fut surpris de se sentir emprisonner par la poigne de celle ayant subi le geste commis. Bien que cette prison le retienne, les barreaux qu'étaient les doigts de la jeune femme sur son bras n'étaient guère solides, aucunement à même de le retenir par la force s'il voulait s'échapper. Pour autant, Merrick ne le voulait pas. Pour autant, Lorren ne le pouvait pas, alors que son cœur manqua un battement devant ce bien simple mouvement qui ne signifiait, après tout, sûrement pas grand-chose. Or, aussi vite que cette réponse physique avait vu le jour, sa liberté revint aussi rapidement, tandis que la prise de la tenancière abandonnait l'emprise qu'elle avait sur son corps, et en partie sur son cœur. Naturellement, une main vint se perdre dans sa chevelure, histoire de replacer ce qui n'en avait nul besoin. Du moins, pour ce qui était de remettre en ordre un désordre qui n'avait rien de perceptible, qui ne prenait pas son essence dans sa tignasse.

Puis, le mécréant qu'il était décida qu'Estelle de Chantauvent était trop lente pour rejoindre et répondre à l'invitation qu'il venait de faire. Insatisfait au plus haut point, entendant le début d'une élocution qui ne lui plaisait guère, lui qui n'était en aucun cas près à souffrir une quelconque contestation de la part de rouquine ce matin, Merrick attrapa l'assise de celle qui l'avait veillé toute la nuit pour la positionner devant la table, et ce, potentiellement contre son gré. Le rire qu'elle lui offrit fut tout de même un doux son à ses oreilles, une preuve qu'il n'avait peut-être pas mal fait.


-''Ne t'excuse pas. Je n'aurais guère tardé à me réveiller par moi-même, après tout.''
Dit-il en haussant les épaules, conscient que son sommeil prenait bien souvent fin abruptement et de bon matin. '' Et puis, cela me permet de passer un peu plus de temps avec toi, alors pourquoi je me plaindrais ? Je suis l'homme le plus heureux du monde ! '' Enchaîna-t-il un peu plus joueur, adjoignant ses dires à la prise d'une gorgée de son breuvage.

Enfin, ce fut l'heure du déclenchement de l'opération ''sommeil pour la Chantauvent''. C'était pour cette mission, à cause que celle-ci n'avait pas dormi de la nuit que Merrick Lorren ne souffrait d'aucune contestation à l'encontre des plans qu'il avait fomentés. Bien évidemment, le jeune homme agissait, car il se sentait gêné et mal à l'aise de lui avoir volé la chose la plus précieuse pour celle qui dormait probablement aussi mal que lui; le repos. Cependant, il était aussi question d'inquiétude, d'une réelle prise en considération pour la rouquine. Attention bien bénigne et simple en soi, il est vrai. Mais pour un être aussi narcissique et individuel que le quidam qu'il était cela signifiait gros.

Ainsi, il déclama ses dires, arrimant les paroles les unes aux autres, récitant un récital qu'il croyait parfait et à même de faire pencher la balance. Un monologue irréprochable qui se terminerait dans l'acceptation de son idée de repos pour la tenancière. Cela était une évidence même, tandis qu'il parlait à ses yeux avec une logique et une exactitude à toute épreuve. Or, Merrick Lorren avait oublié a qui il s'adressait. Ainsi, comme à son habitude, Estelle de Chantauvent le surprit et l'étonna, le livrant à l'indécision et à un silence de quelques instants. ''...Que ?... Plairaît ?!''

Son élan avait été coupé net. Pire que le silence, son babillage intempestif et effréné s'était fait hésitant et haché. Venait-elle réellement de dire ce qu'elle avait dit ? Estelle de Chantauvent venait-elle vraiment de sous-entendre que tomber sous son charme n'était peut-être pas quelque chose de néfaste, quelque chose qu'elle refuserait ? La surprise était de taille, l'interrogation et l'analyse des mots battaient son plein dans l'esprit de l'homme d'armes. D'ailleurs, ce devait être la première fois - et il espérait la dernière- que son discours perdait en clarté. Oui, Estelle l'avait déjà poussé au plus profond mutisme. Mais ''ça'', c'était nouveau.

Se passant par deux fois la main dans sa chevelure, terminant son action en aplanissant sa barbe, le milicien écouta la suite des mots de la Chantauvent. ''Laisse-moi tenter le défi, nous verrons.'' Dit-il bien crânement, croyant n'avoir qu'à verser une ou deux chopes de bière ici et là. Merrick ne chercha pas à en dire plus ni moins, comprenant le tiraillement que pouvait avoir la rouquine à accepter ou refuser. Lorsqu'elle se retourna, il n'en prit pas ombrage, attendant bien patiemment la suite des choses, ne la brusquant point par des mots ou bien par un rapprochement physique. Ce qui se jouait dans l'esprit de sa tenancière était quelque chose qu'elle devait démêler elle-même, qu'elle devait choisir pour elle et par elle. Le temps fila, les secondes s'égrenèrent jusqu'à devenir des minutes. Patient et attentif, cet interlude permit à Lorren de retrouver contenance. Enfin, la réponse fusa.

-''J'en suis capable et je vais le faire !'' Dit-il peut-être un peu trop rapidement trop fier de pouvoir agir pour celle qui accaparait de plus en plus ses pensées et son temps. Évidemment, il aurait eu à redire sur la première règle. Évidemment, il aurait pu lui dire qu'il devait être le pire cuisinier de Marbrume. Mais, Lorren ne le fit aucunement. Après tout, il n'était pas stupide. S'il dressait ne serait-ce qu'un relent d'hésitation, ou bien s'il froissait la confiance qu'Estelle venait de mettre sur ses épaules, il se doutait qu'elle n'accepterait jamais, qu'elle n'irait jamais se coucher. Le soupir qui vint ponctuer la tirade de la jeune femme était une belle et bonne preuve de tout cela...

-''Je n'ai pas beaucoup d'appétit le matin, il est vrai.'' Dit celui qui croyait avoir si bien caché la chose. '' Je sais que tu as fait au mieux Estelle, et c'est réellement tout ce qui m'importe. Ça et ton repos. '' Puis lorsqu'elle le remercia, il refusa cette marque de politesse de la main. Toujours de dos, elle ne dut pas le voir. ''Non. Merci à toi de m'avoir veillé. Merci aussi de me faire confiance... j'imagine que ce n'est pas facile à accepter.''

Revenue auprès de lui, déposant une main sur son épaule, Merrick leva ses yeux pour croiser ceux d'Estelle qui était debout à ses côtés. Elle mentionna la possible et potentielle aide que pouvait apporter une femme dans les faubourgs. Bien que son sourire ne vacilla aucunement, l'ensemble de son corps se crispa. Après tout, elle avait vu son sommeil, ses peurs qui l'étreignaient la nuit, les cauchemars qu'il affrontait comme un enfant... Cette idée lui était insupportable. Avoir l'air faible l'horripilait, encore plus auprès de la dame de Chantauvent. Ainsi, resta-t-il cloîtré dans le silence lorsqu'elle lui fit mention de cette aide qu'il pourrait trouver.

Fermant les yeux au contact des lèvres de la Chantauvent, il sourit à l'énonciation d'une possible récompense. '' Il n'y aura aucun ''peut-être'' d'accepté ! Je viendrais chercher moi-même le ''salaire'' à mon travail si nécessaire.'' Dit-il le plus honnêtement du monde, un sourire fier et malin en coin. La regardant se mouvoir jusqu'à ce qu'elle disparaisse, l'amusement bien fixé sur son faciès, il attendit que la réelle propriétaire de la Choppe disparaisse pour de bon de son champ de vision. Allant jusqu'à écouter son cheminement à l'étage, Merrick sut qu'il était enfin seul lorsqu'il entendit la porte de la chambre se refermer.

Seul, son sourire disparut. Isolé de toute présence, Merrick Lorren laissa son regard balayer la pièce principale. En ce jour, celle-ci semblait excessivement grande. Trop grande pour l'homme d'armes qu'il était. Soupirant, il se leva, ne pouvant s'empêcher de murmurer pour lui-même. ''Par la Trinité Lorren, dans quoi tu t'es fourré...?''


---

Vaillamment, l'ivrogne était rapidement parti de la Chope Sucrée pour se diriger vers le marché. Au fur et à mesure que ses pas le guidaient vers le lieu où il trouverait la commande à même de sustenter les clients de l'établissement, une seule et unique phrase continuait à tourner en boucle dans l'esprit du milicien; ''pas du poisson, pas du poisson.'' Lorren avait eu la chance de goûter à l'exquise soupe d'Estelle. Par ailleurs, aucunement apte à cuisiner convenablement, Merrick savait qu'apprêter le poisson était bien au-dessus de ses capacités. Ainsi, il ne pourrait jamais au grand jamais cuisiner un plat digne dudit endroit avec ce genre d'ingrédient. Mais bon, il aurait fallu être complètement malchanceux pour tomber sur ces aliments dans la livraison, non ? Bien que Merrick avait l'habitude d'attirer la malchance, cette fois-ci, la Trinité devait être de son côté. Il faisait une bonne action, après tout. Le contraire était donc impensable !

[...]

Revenant du marché en tenant le butin d'aliment qui allait devoir devenir un repas sous peu, à savoir une belle livraison de poisson, a milicien ne se répétait qu'une seule et unique pensée en boucle dans sa tête; ''pourquoi du poisson, pourquoi du poisson ?''. Déjà, il avait envie d'outrepasser la première règle et de prendre un petit remontant à même de le ragaillardir. Or, l'appât d'une potentielle récompense était beaucoup plus alléchant que le petit verre qu'il pourrait prendre. De nouveau devant la Chope, il hocha la tête et fronça les sourcils pour lui-même. Il réussirait ! Pour autant, en rentrant, il ne put s'empêcher de se questionner une toute dernière fois; ''Par la Trinité, pourquoi du poisson ?''

[...]

Déposant les victuailles sur un comptoir, interdit devant ce qu'il devait faire avec, Merrick se retroussa les manches. Au moins, il était capable de faire chauffer de l'eau ! Remplissant un chaudron à partir du puits à l'extérieur, puis le suspendant au-dessus de la flambée qu'il venait de partir, il fut on ne peut plus satisfait de la ''réussite'' de cette première mission. Déposant fièrement ses mains sur ses hanches, le milicien devenu tenancier hocha de la tête, dressant un sourire de circonstance à l'eau qui était en voie d'ébullition. Évidemment, son faciès perdit de sa superbe lorsqu'il déposa le regard sur les fruits de la pêche qu'il avait ramené. À la recherche d'une solution, tournant la tête dans tous les sens, il vit qu'un restant d'hier soir était encore à l'intérieur d'un chaudron. Adrien devait l'avoir préparé, ou bien Estelle avant leur rendez-vous.

Se dirigeant vers ce dernier, Lorren remarqua que c'était un bouillon. Il pourrait le remettre sur le feu et ajouter de l'eau, non ? Satisfait à l'idée d'abandonner le poisson et de ne pas avoir réellement à cuisiner, le milicien se mit à l'œuvre. Il pourrait servir du pain avec cela, sachant qu'il en avait déjeuné, il devait bien en avoir par ici !

[...]

La Chope était ouverte. Lissandre était passé et avait été interdit de voir le beau salopard qu'était le milicien derrière le comptoir. Un grand sourire ''amical'' dressé, Merrick avait expliqué qu'Estelle se reposait et qu'il était en charge pour la matinée. Faisant excessivement attention à ce qu'il disait, pour ne pas reproduire la mésaventure de la dernière fois, le regard de Lissandre s'assombrit tout de même. Après tout, il avait bien vu que la rousse n'avait pas été responsable de l'établissement hier soir. Et là, il retrouvait encore le milicien qu'il appréciait de moins en moins. Déjà qu'entre les deux ce n'était guère facile, Lissandre ce disait probablement que le jeune homme était beaucoup trop proche de ''sa'' tenancière... toujours est-il que le quidam en question avait commandé son infusion matinale habituelle. Satisfait d'être capable de le servir, Merrick était retourné en cuisine pour remplir une tasse. En se faisant, tellement pressé de bien faire, le stupide se brûla la main sur le chaudron qui contenait de l'eau chaude. Maugréant, il se reprit en faisant un peu plus attention. Bien que la brûlure soit très légère, elle le tiraillait quelque peu.

Empochant prestement et avec satisfaction le premier gain de la journée, Merrick du faire preuve d'un peu moins de tact, tandis que Lissandre sous-entendit qu'il désirait monter au second pour s'assurer qu'Estelle allait bien. Après tout, elle devait malade pour disparaître hier soir et n'être point là ce matin. Et puis, il était un habitué ''lui'', et la connaissait si bien... Comprenant l'attaque voilée, Lorren ne fit que sourire et rétorquer que même s'il était tenancier d'un jour, il restait milicien. Dès lors, si le lascar ce risquait à l'étage, ce serait une violation de propriété. Bon moyen de se faire arrêter et séquestrer sur-le-champ... Lissandre partit peu de temps après, ne finissant pas son infusion et en lançant des regards noirs et chargés de menace au jeune homme. Décidément, la hache de guerre était déterrée entre les deux...

[...]

Quasiment affalé sur le comptoir, Merrick soufflait. Un grand nombre de clients était arrivé au même moment. Si la majorité se contentait d'une infusion matinale, ou parfois d'une bière bien incongrue dans ce début de journée, quelques-uns avaient été tentés par un petit repas. Chaque fois, Lorren avait été tenté de guider les affamés vers une simple assiette de pain, mais tout de même, quelques clients avaient formulé leur envie d'un repas chaud. Ainsi, Merrick avait servi sa reprise du repas d'hier qui fut très modérément apprécié. Un client refusa même de payer et de finir sa pitance. Comprenant, et ne sachant comment agir, le milicien s'excusa de mauvaises fois, mais accepta la chose. Toujours est-il que le pire semblait être passé. Il pourrait bien réveiller Estelle de Chantauvent...

-'' Où est ma sœur ?''
-''Ah, Adrien de Miratour... Bien le bonjour.'' Le frère venait de faire son entrée dans la Chope Sucrée. Au vu de son air, il semblait apprécier bien modérément la vision d'un Lorren derrière le comptoir.

-''Vous ne me donnez plus du Chantauvent ? Vous venez de comprendre votre erreur?'' Effectivement, Merrick avait appelé le nouvel arrivant avec le nom du défunt époux d'Estelle hier soir. ''Où est ma sœur ?''

-''Vous n'aviez rien fait pour m'éclairer, Adrien...'' Merrick n'en dit plus, ne voulant pas perdre la chance d'avoir une relation cordiale avec le frère de sa tenancière. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer que le frère avait apprécié le fait qu'il ne soit pas au courant de cette histoire de nom familial et qu'il soit dans l'erreur. ''Elle dort en haut, elle n'a pas eu une nuit bien reposante à me veiller.'' Poursuivit-il en pointant son visage marqué des stigmates de ''l'affrontement'', et ce, pour enlever tout potentiel de quiproquo quand à la raison de la nuit mouvementée de la jeune femme.

Adrien s'appuya à son tour à la surface de bois qu'était le comptoir. Vrillant ses yeux dans ceux du milicien. ''Écoutez-moi bien, Merrick. Je ne vous aime pas beaucoup. Voyez-vous, ma sœur a tendance à apprécier les gens de... de votre genre.'' En l'occurrence, les salopards. '' Chose, que je ne comprends guère et que je ne permettrais pas une seconde fois.'' Faisait-il probablement référence à son ancien époux. Au moins, ce dernier avait la chance d'être issu d'une famille du même standard qu'eux. ''Vous devriez vous concentrer sur votre devoir, Merrick Lorren. Vos supérieurs n'ont pas que des bons mots à votre égard. Paresseux et laxiste, selon certains...''

Le sourire du jeune homme ne vacilla aucunement. Ainsi, Adrien de Miratour était parti à la pêche aux informations le concernant. Ainsi, il avait des connexions dans la milice... ''Aviez-vous un message pour votre sœur, Adrien ?'' Il ne rentrerait pas dans son jeu, ne se liguerait pas contre le frère d'Estelle. Se répéta-t-il, se faisant violence pour retenir les réparties acerbes qui s'épanouissaient dans son esprit. L'ivrogne n'était pas habitué à autant de retenue...

-''Je venais simplement voir comment c'était passer votre escapade, hier. Mais je vois qu'elle ne fut pas de tout repos...'' Dit-il en pointant le visage du milicien. ''Je repasserais lui parler ce soir. Bonne journée, Merrick.''

-''Bonne journée, Adrien. Au plaisir de se revoir. Chose qui risque d'arriver incessamment sous peu. Après tout, je me plais énormément ici. Et je crois qu'on me le rend bien, alors... '' Termina Lorren en haussant les épaules, n'ayant pu résister à placer une petite répartie.

N'eut-il droit qu'à un regard indéchiffrable et d'un bref arrêt sur image de la part de l'homme de Miratour avant qu'il ne disparaisse.


---


Ouvrant la porte de la chambre d'Estelle de Chantauvent, Merrick remarqua tout de suite la tenue de nuit qui se trouvait sur le sol. La bouche entrouverte, ses yeux allèrent rapidement se perdre sur celle qui se trouvait complètement cachée sous ses draps et couvertures. Le milicien ne put s'empêcher d'imaginer les courbes de la jeune femme, alors qu'il savait qu'elle ne portait probablement pas grand-chose en dessous de ces bien minces couvertures. Ce physique était si proche, mais si inaccessible à la fois...

S'asseyant sur le bord du lit, à côté de la masse difforme qu'était celle à la chevelure de feu sous les draps, il déposa une main sur ce qu'il pensait être son épaule. ''Il est l'heure, Princesse.'' Dit-il en se penchant. Prenant la couverture entre ses doigts, il tira un peu sur ces dernières pour dévoiler le visage de la dame de Chantauvent. Une petite parcelle de son esprit lui souffla de tirer complètement sur les draps pour dévoiler Estelle dans son intégralité. Évidemment, il se retint bien de le faire. Même sans Brigitte à proximité, cela restait et risquait d'être hautement dangereux.

Déposant un baiser chaste sur le front de sa tenancière, il lui sourit. ''Bien dormi ?'' Commença-t-il en attendant par la suite, histoire qu'elle sorte de sa torpeur et qu'elle puisse l'écouter. ''Il est l'heure de me remplacer, je vais devoir y aller. La Chope Sucrée est toujours en un seul morceau ! J'ai laissé les revenus de la journée en cuisine. Ton frère est passé pour te parler, mais voyant que tu n'étais pas là, il ma simplement jeté un regard noir en me mentionnant qu'il repasserait ce soir pour te voir.''

Bien qu'il aille mentionné que l'établissement était toujours debout, il fallait tout de même se faire une évidence. La cuisine était sens dessus dessous et le repas n'était guère convenable. L'état du milicien pouvait être un indice parfait de tout cela, alors que la chemise était tachée ici et là. Si jamais elle regardait sa main droite, elle verrait peut-être la brûlure sur sa main, ainsi qu'une fine estafilade qu'il s'était faite en coupant trop rapidement du pain.

-''Je vais maintenant tenter de survivre à ma soirée de garde. Mais après ce que je viens de vivre, cela sera une vraie partie de plaisir ! Ce n'est pas facile d'occuper les souliers d'Estelle de Chantauvent...'' Dit-il en la complimentant sur sa qualité de tenancière de façon voilée. Se relevant, il continua à parler. ''J'ai refait chauffer de l'eau, si jamais tu veux te faire une autre infusion.'' C'était bien la seule chose qu'il était capable de bien faire en cuisine. ''Bonne soirée...''

Il aurait été tenté de faire plus. Merrick Lorren aurait voulu se pencher et lui voler un baiser. Or, le discours de son frère flottait encore dans son esprit. Et puis, il se faisait peur à lui-même, n'arrivant pas réellement à effacer de son esprit le fait que la tenue de la jeune femme se trouvait encore sur le sol. Son regard y revenait d'ailleurs sans cesse... Préférant ne pas se risquer aux flammes de la tentation et du désir, sachant pertinemment que si tel était le cas il risquait très fortement de faire un impair, il prit la direction de la sortie en lui offrant un dernier sourire et un dernier clin d'œil. Son rythme de départ était lent, alors qu'il rechignait à partir pour de bon. Mais il n'avait guère le choix. S'arrêtant sur le pas de la porte, laissant son regard se perdre une dernière fois dans celui de la dame de Chantauvent, il termina l'échange sur une prise de parole bien simple, mais pouvant signifier beaucoup.

-''À très bientôt, Estelle de Chantauvent.''
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]   [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick] - Page 2 EmptyLun 4 Mar 2019 - 0:14


Allongée, parfaitement recouverte du drap, Estelle n’avait pas tardé à sombrer dans le sommeil. Le repos de la rouquine n’était que très rarement réparateur, ses moments d’absences n’étaient pas aussi animés que ceux de Merrick Lorren, mais ses rêves n’étaient que rarement agréables, rarement doux, et son sommeil que très peu réparateur tant elle avait le don de se réveiller souvent. Néanmoins, la fatigue avait eu raison de la rouquine, sombrant immédiatement dans un endormissement profond. Pas de Merrick, de mari, de frère, nul songe n’alimenta son esprit, absolument aucun, hormis cette voix familière qui avait fini par la faire se réveiller un peu trop rapidement pour elle. Ronchonnant et lâchant un petit « mhhhhhhh » qui voulait bien tout signifier, elle s’était retournée pour se glisser sur le ventre, s’enroulant davantage dans le drap qui la recouvrait. Au bout de ses pieds sentait-elle la présente de ce corps, de la silhouette de l’homme d’armes, pour autant ne parvenait-elle pas à accepter d’émerger complètement. Merrick avait tiré légèrement sur le drap, dévoilant la crinière rousse de la tenancière. Cela lui tira inévitablement un nouveau grognement de contestation.

- « Pas tout de suite, juste encore un peu » rouspéta-t-elle de cette voix encore endormie. « Mhhh, juste un instant, une petit instant »

Tirant de nouveau le drap sur sa tête, elle resta un long moment ainsi, avant de se résoudre à se rouler sur le dos, descendant le tissu jusqu’à son nez, dévoilant ses yeux et le son front. Semi-éveillée, elle fronça les sourcils alors qu’il se penchait pour embrasser son front et ce ne fut qu’après ce contact qu’elle sembla glisser vers la conscience du moment présent. Difficile d’affirmer que la suite fut entièrement comprise par la tenancière. Les mots s’étaient bousculés dans son esprit : frère, message, l’heure de le remplacer, tout lui semblait être encore un peu trop brumeux à son goût. Passant une main sur ses yeux, frottants doucement, elle relâcha un nouveau petit grognement bougon avant de tenter de se concentrer sur l’homme, qui, contrairement à elle était parfaitement éveillé. Légèrement redressé sur ses coudes, le drap camouflant toujours la moindre parcelle de sa peau, elle fronça une première fois les sourcils, détaillant celui son milicien avec un regard beaucoup plus tendre qu’elle n’aurait voulu.

- « Attends… » chuchota-t-elle « Tu peux recommencer, avec mon frère, le morceau de la chope et le noir, je crois que je n’ai pas tout compris. » elle plissa son nez dans cette manière un peu enfantine, se frottant encore l’œil droit « Tu parles trop vite pour moi au réveil Merrick… Et qu’est-ce que tu as fait à ta main ? »

Au même moment ses doigts avaient attrapé celle qui était recouverte d’une brûlure légère, pour avoir connu l’ensemble à ses débuts. Effleurant la peau brûlée avec une certaine douceur, elle avait aussitôt retrouvé une consciente un peu plus présente. Relâchant sa main, ses prunelles étaient venues se perdre dans les siennes, alors qu’il poursuivait ses explications, offrant la sensation à Estelle qu’il était sur le point de prendre la fuite. Et puis tout sembla se terminer ainsi, sur un « bonne soirée » et puis un « A très bientôt ». L’esprit plus clair, la rouquine ne pouvait se résoudre à le laisser partir ainsi, s’enroulant rapidement dans le drap, elle s’était précipitée jusqu’à la porte de sa chambre.

- « Merrick attend ! »

Pied nu sur le plancher, le drap blanc autour d’elle, laissant percevoir quelques petites ouvertures sur le côté. Sa chevelure flamboyante partait en tout sens, les poches sous ses yeux indiquaient encore son réveil récent, mais elle s’en moquait, dans le couloir de l’étage, elle lui avait attrapé le bras pour le retenir l’empêchant ainsi de descendre les marches. Une fois face à lui, ce fut un premier silence, alors qu’elle prenait pleinement conscience de ses agissements, de sa tenue aussi. Son regard se perdit dans le regard de son milicien, alors que ses doigts exerçaient encore la légère pression dû à son geste particulièrement spontané.

- « Tu… » elle lâcha un soupir, bref.

Sans réfléchir davantage, préférant ne pas réfléchir davantage elle était venue se blottir dans ses bras, se hissant sur la pointe des pieds pour l’embrasser avec une tendresse non négligeable. Elle n’aurait pas supporté, non, de le voir disparaître ainsi, de le voir fuir, la fuir sans savoir pourquoi, sans comprendre, sans au moins échanger un petit instant de proximité alors qu’il lui avait permis de se reposer. Peu importe le résultat, la réalité était bien là, durant une matinée et un peu plus, Merrick Lorren c’était occupé pleinement de la chope sucrée –sans mettre le feu, sans provoquer l’hystérie des clients ni de bagarre- juste pour la préserver. Se hissant sur la pointe des pieds ses lèvres étaient donc venues retrouver les siennes, afin de l’embrasser avec une certaine once de tendresse, mordillant d’abord sa lèvre inférieure, puis collant sa bouche contre la sienne, alors que ses yeux encore ouverts cherchaient l’approbation du séducteur. Lentement, ses lèvres s’étaient entrouvertes pour permettre à sa langue de venir rencontrer celle de Merrick, ses prunelles avaient fini par se fermer sans demander le moindre reste, et le moindre mouvement se faisait particulièrement lent.

Sa main droite avait glissé jusqu’à son torse, émettant cette légère pression, pour l’obliger à se caler contre le mur, Estelle cherchait la stabilité, sans risquer la moindre chute dans les escaliers. N’imaginait-elle pas aller plus loin, du moins n’en avait-elle pas conscience, répondait-elle simplement à une envie, un besoin qui avait su dépasser les frontières de sa raison. Laissant sa main gauche glisser derrière la nuque de Merrick, avant de remonter dans sa chevelure brune qu’elle agrippait sans pour autant tirer dessus. Après un long moment d’échange, quand le souffle était venu à manquer, quand la fièvre avait fini par pointer le bout de son nez, elle s’était éloignée d’un pas. Doucement, elle avait laissé ses poumons se gorger d’air, doucement, elle avait laissé ses joues se teindre de rose.


- « Bon courage Merrick Lorren, à très bientôt. » ... « Je suis désolée pour le comportement de mon frère. »

Elle lui offrit un sourire, simple et efficace, sans rien promettre avant de lui tourner le dos, laissant traîner son drap autour d’elle, tout en le maintenant fermement pour éviter de se retrouver nu comme un vers au milieu du couloir, puis dans sa chambre. Elle avait si Merrick ne l’en avait pas empêché, fermer la porte derrière elle, prenant le temps de se remettre de ses émotions et se maudissant pour son acte, avant de s’habiller pour retrouver les habitudes de son établissement.

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]   [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick] - Page 2 EmptyLun 4 Mar 2019 - 8:08
Merrick Lorren l'apprit à ses dépens; Estelle de Chantauvent était une femme difficile à tirer de son sommeil, alors qu'elle s'accrochait telle une naufragée au dernier morceau épars de sa somnolence et de son assoupissement. Or, l'homme d'armes était un adversaire trop puissant, trop vil ou bien trop perfide. Ainsi, ne souffrant d'aucune faiblesse, bien qu'il fut attendri devant ce ronchonnement contestataire, le jeune homme fit tout pour faire émerger du sommeil celle qui s'était immergée sous les draps. Il réussit à faire sortir son visage des couvertures, sans pour autant parvenir à la tirer complètement du repos dans lequel elle s'était enfermée. La dame de Chantauvent était une adversaire coriace, tandis qu'elle était retranchée derrière des fortifications bien inexpugnables.

-''C'est d'accord... mais pas longtemps.'' Dit-il doucement, laissant sa main déposer là où il l'avait mise.

Oui, le déloyal et le rusé Merrick venaient d'être vaincus bien simplement par la rouquine. Estelle n'avait eu qu'à lui demander de cette façon qui était à la fois douce, bougonne et joueuse, pour le faire chavirer vers la défaite. Qu'aurait-il pu tenter contre celle qui s'était à nouveau retranchée en dessous des draps ? Or, il ne fut pas l'unique perdant de l'échange, alors que cette soustraction à la clarté de la part de sa tenancière lui fit manquer le regard alanguit et attendrit de son milicien.

Enfin, Estelle refit surface. Du mois en partie, tandis que seuls son regard et le haut de son visage étaient perceptibles. En profitant, Lorren alla déposer ses lèvres sur son front, ponctuant enfin le semi-réveil de la Chantauvent d'une façon quelque peu plaisante. Lorsqu'elle se frotta les yeux, en y ajoutant bien évidemment un petit grognement bougon, de mise pour celle au caractère aussi flamboyant que sa chevelure, le cœur du milicien se fit torturer et souffrir d'un énième élan de tendresse. Ce fut à ce moment que son esprit se positionna enfin sur ce sentiment qui le vrillait; Merrick Lorren faiblissait. Lui le coureur de jupons était en train de... de potentiellement... de tomber amoureux ?!

Il avait été sur le point de réfuter les dires qui prenaient racine dans son esprit, mais le regard attendri que lui envoya la rouquine balaya tout vent de contestation. Par la Trinité, il était en train de faiblir... par chance Estelle prit la parole, le forçant à se concentrer sur ses mots plutôt que sur les tourments qu'elle lui infligeait et l'affligeait.

-''Je disais que j'ai réussi à maintenir la Chope Sucrée à flot, que ton frère ne semble guère m'apprécier et que je te trouve belle à m'en damner.'' Répéta-t-il, se permettant une petite incartade, un simple et modéré ajout... Souriant, il tenta de déplacer sa main pour la placer dans son dos lorsqu'elle regarda les ''blessures de guerres'' qu'il s'était fait. ''Je parle peut-être trop vite, mais tu es toujours autant observatrice malgré ta torpeur.'' Il ne chercha pas en dire plus. La brûlure n'était pas importante. Pas plus que la coupure.

Endormie, mais vaillante, Estelle avait réussi à capturer sa main de ses doigts. La douce caresse de la jeune femme vint le soulager non pas de la douleur lancinante qui n'était en aucun cas partie, mais plutôt d'un poids sur l'âme qui le pesait depuis que son frère Adrien s'était adressé à lui. Le jeune homme n'était pas du genre à être impacté par les préjugés d'autrui ou bien leur vision de certaines choses. Pour autant, cette fois-ci, cela l'avait mordu quelque peu. Or, tout cela était bien loin pour l'heure...

Mais toute bonne chose avait une fin. Le devoir l'appelait, alors qu'il était tenté de rester là. Or, cette tentation l'effrayait aussi, le vouant en quelque sorte à ce désir impérieux de fuir, mais aussi de ne point bouger. Déchiré entre les deux extrêmes, le milicien finit par se convaincre à quitter les lieux. C'est ainsi que sur un au revoir, il crut enfin que tout était terminé.

Quittant la chambre, s'enfuyant du désir de son cœur et de la tentation de son corps, Merrick Lorren ne se fit pour autant aucunement prié pour se retourner lorsqu'Estelle de Chantauvent l'appela en lui demandant d'attendre. Se tournant rapidement, il l'a vit approcher, apercevant par intermittence le physique de la rouquine s'échapper de sa robe de couverture dans laquelle elle c'était drapé. Se rendait-elle compte de ce à quoi elle le vouait ? Se rendait-elle compte qu'il était sur le bord de la rupture ?

-« Tu… »
- ''Je...''


Rien n'aurait pu être ajouté, alors qu'elle était venue s'enfermer dans ses bras de son plein gré, tandis que ses lèvres étaient venues s'accaparer les siennes. Le baiser fut ponctué par un élan de tendresse et d'affection qui n'avait encore jamais été atteint par les deux. La douce caresse commença par un mordillement joueur qui lui promettait autant qu'il le torturait. Enfin, l'exquise torture prit fin au profit d'une récompense toute aussi délicieuse, alors que leur bouche se rencontrait pour de bon. Les yeux ouverts, perdus dans le bleu regard de celle qui était plus que sa tenancière en cette heure, Merrick Lorren ne savait en aucun cas ce qu'il laissait percevoir. Se rendait-elle compte qu'il chavirait peu à peu ? Peut-être que non, mais l'approbation dans son regard n'avait guère besoin d'être cherchée bien loin...Enfin, ce fut au tour de leur langue de venir à la rencontre l'une de l'autre. Lorsque cet échange commença, le milicien ferma les yeux, se perdant et s'épanchant dans cette embrassade. Ponctuant le baiser avec autant de lenteur et de tendresse que ce par quoi il avait été instigué, Lorren se cloisonna a apprécier l'instant de béatitude en lui-même, plutôt qu'à chercher et vouloir plus. Cependant, il était difficile d'oublier la tenue d'Estelle, d'effacer l'idée de ce qu'elle portait -ou non- en dessous de la couverture...

La main de la rouquine était venue se perdre sur son torse pour le pousser contre le mur, pour l'obliger à offrir un support décent à celle qui se hissait sur la pointe des pieds pour atteindre son visage. Goûtant entièrement à son geste, Merrick ne se fit pas prier pour se faire repousser, ni pour se pencher, histoire qu'elle n'abandonne pas le doux contact à cause de sa taille. La main gauche qui s'aventura sur sa nuque lui arracha une pluie de frisson qui courut le long de son échine qui du se ressentir alors qu'il se cambrait légèrement vers l'avant. Lorsque celle-ci remonta jusqu'à sa chevelure, le jeune homme goûta au contact aussi sûrement qu'à celui de ses lèvres contre les siennes.

Ses mains à lui n'étaient pas restées en reste. Pour autant, celles-ci n'avaient guère été aussi inspirées que celles d'Estelle, alors que les deux étaient simplement venus enserrer la taille de la rouquine pour la rapprocher au plus prêt de son corps, de son cœur et de sa bouche. Cet agissement n'était pas impacté simplement et seulement par une volonté de ne point ou de ne guère bouger. Or, Merrick Lorren avait beaucoup trop la perception de ce simple drap qui les séparait. À trop bouger, il risquait de le faire tomber. À le faire chuter, il risquait de la faire fuir. Et pour l'heure, bien que la vision de sa tenancière dans son plus simple appareil l'intéressait au plus haut point, rien ne pouvait supplanter et surpasser l'idée et l'idéal idyllique qu'était le baiser qui les liait.

Finalement, malheureusement, le manque d'air vint mettre fin à cet échange... Du moins chez la femme à la chevelure de feu, alors que Merrick en avait encore un peu, tandis qu'il était encore prêt à ''subir'' tout cela. Or, peut-être que cet arrêt s'inscrivait aussi dans un besoin d'éviter ce qui pourrait arriver après si tout cela continuait...? Estelle avait eu le temps de retrouver son souffle, de laisser son visage se teinter de rouge, alors que le milicien était quant à lui perdu entre le désir et la tendresse.

-''Oh, non...'' Répondit-il à son énonciation de bonne journée et d'excuses.

Laissant ses mains remonter jusqu'aux épaules de la dame de Chantauvent, Merrick se permit de la retourner et de l'installer à son tour contre le mur. L'avant-bras gauche appuyé contre le support qu'était la façade, sa main droite alla soulever le menton de la rouquine pour qu'il puisse vriller son regard dans ses yeux bleus, lui laissant le devoir et le besoin de soutenir la couverture qui la voilait à son regard. S'approchant à quelques millimètres de ses lèvres, aucunement prêt à laisser tout cela se terminer, Merrick laissa quelques secondes douloureuses s'égrener avant d'embrasser la jeune femme. Un seul et unique baiser, aussi lent et doucereux qu'au possible. L'échange fut ponctué de tendresse autant dans sa gestuelle d'approche que d'éloignement. Quittant le contact à une vitesse alourdit par l'alanguissement et l'abandon procuré par l'acte, Merrick Lorren n'alla pour autant pas jusqu'à mettre fin à cette promiscuité physique. Rouvrant les yeux, alors qu'il n'aurait pu chercher à capturer plus sans risquer d'enlever les couvertures qui les séparaient, il prit sur lui-même de s'arrêter là.

Ouvrant le chemin aux replis de la Chantauvent jusque dans sa tanière en s'effaçant sur la droite, le milicien la regardant se mouvoir sans rien proférer, alors que les adieux avaient été consommés de la plus belle manière possible. Qu'aurait-il pu dire de mieux que tout cela ? Rien. Alors, même lui, le quidam qui palabrait toujours resta silencieux, savourant jusqu'à la fin la vision de la rouquine jusqu'à sa disparition.

Avait-elle conscience que le jeu avait changé ? Avait-elle conscience que Lorren était dès lors vrillé autant par le désir charnel d'hier, que par la tentation de la tendresse d'aujourd'hui ? Concevait-elle que le beau salopard s'était effacé le temps d'une mâtinée au profit du preux chevalier ? Récidive possible pour la crapule qu'il était, ou bien simples circonstance et fait inusités ? Lui ne le savait guère, lui ne pouvait répondre.

En effet, jouer était un jeu dangereux... Pour autant, aucun des deux n'avait encore gagné. Qu'en serait-il de la troisième manche ? Pour l'heure, nul ne le sait...
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick]   [Terminé] Donne moi la main que je ne la prenne pas [Merrick] - Page 2 EmptyMer 6 Mar 2019 - 0:01


- ''Oh, non...''

Oh non ? Ses yeux c’étaient légèrement écarquillés alors qu’elle avait compris presque immédiatement où il voulait en venir. Ses mains c’étaient déposés sur ses épaules pour la faire pivoter, face à lui, les joues rouges, Estelle l’avait avisé longuement, avant de se retrouver dos au mur. Contre lui, maintenant de justesse le drap qui abritait encore son corps qui devait déjà trahir le désir qu’elle ressentait à ce moment précis. Les doigts de Merrick étaient venus soulever son menton, vrillant son regard dans le sien, laissant les secondes s’écouler alors qu’Estelle avait déjà rapproché ses lèvres de celle du milicien, pour autant les bouches avaient mis du temps à se retrouver et l’échange n’en avait été que plus intense, aussi lent soit-il. Estelle maintenait difficilement le drap contre elle, n’ayant que cette envie de laisser ses doigts vadrouiller sur ce corps qui l’attirait de cette manière incompréhensible. Elle aurait voulu lui dire de ne pas arrêter, oui, elle aurait voulu, elle aurait pu céder à cette tentation, l’embrasser encore et encore. Ce fut un bruit en bas qui eut le don de lui rappelait que la chope était ouverte, la faisant prendre conscience de l’enchaînement des événements et des papillons que Merrick avait fini par provoquer chez elle. Le perdant était celui qui allait tomber sous le charme de l’autre ? N’était-ce pas elle qui l’avait dit ? Avait-elle perdu ?

Fuite stratégique, c’est ce qu’elle s’était répété mentalement alors que Merrick lui avait offert une ouverture. N’allez pas croire que ce fut simple, bien au contraire, elle dû lutter contre elle-même, réajuster le drap, non pas sans venir déposer un bisou très chaste sur ses lèvres avant de disparaître, souhaitant un bon courage à Merrick Lorren. Reviendrait-il vite ? Elle l’espérait à défaut d’en être convaincue. Fermant la porte de sa chambre, elle était restée un long moment contre celle-ci, immobile, savourant le rythme de son cœur battant la chamade, savourant le goût de ses lèvres, son odeur sur sa peau, sur le drap, sur son visage. Portant ses doigts à ses lèvres, la rouquine attendit un long moment pour être certaine de ne plus le trouver derrière la porte, sans quoi, elle n’était définitivement pas certaine de parvenir à éviter ce qu’elle jugeait être ‘le pire’.

Après un long moment, elle avait fini par se préparer, poursuivant sa journée presque normalement, l’homme d’armes hantant plus que de raison ses pensées. Après de multiples boulettes –renversement de tasse, oublie de relever le bras alors que la chope était plus que remplie…-, Estelle avait fini par s’installer derrière son comptoir, heureuse de voir une petite diminution d’occupation. Détaillant les clients, elle avait fini par espérer que la journée se termine vite, se répétant qu’elle n’avait aucun sens, Merrick devait absolument sortir de ses pensées.


- « Mais voilà ma merveilleuse sœur » souffla un Adrien en entrant dans l’établissement bras ouvert
- « Mon frère, j’ai ouï dire que tu me cherchais ce matin ? Je ne me sentais pas très bien… La nuit fut longue. »
- « J’ai cru comprendre, ne devrais-tu pas te concentrer sur ton établissement, plutôt que sur ce type de relation ? »
- « C’est toi qui dis ça ? »
- « Tu sais, j’ai fait traîner mes oreilles. »
- « Adrien, je ne veux rien savoir. » le stoppa-t-elle presque immédiatement.
- « Pourtant, ses supérieurs n’ont de cesse de me dire qu’il change de concubine aussi vite que de chemises. Il prend et puis il jette dois-je t'illustrer le sous entendu ? »

Estella laissa échapper un petit soupir, prenant le temps de réfléchir un instant. N’était-elle pas conscience des choses ? Après tout, il ne lui avait pas réellement caché ? Alors pourquoi sentait-elle un petit pincement dans le fond de sa poitrine.

- « Peut-être conserve-t-il la même chemise de longue semaine ? Manquer d'hygiène n'est pas condamnable. »
- « Estelle, je ne vais pas te ramasser cette fois. »
- « Je n’ai pas l’intention de tomber. D’ailleurs, pourrais-tu rendre un service à ta sœur ? »
- « Dis-moi, tu sais très bien que je serais toujours là. Peu importe tes choix. »
- « Merci » fit-elle naïvement, touchée par la capacité de son frère à tolérer ses choix « Tu pourrais dire au responsable de Merrick que je suis responsable ? Oh Adrien j’ai fait un caprice… je voulais aller sur les remparts… »
- « Tu as… » il lâcha un bref soupir « Je m’en occupe, mais c’est la dernière fois Estelle. »

Il avait fini par repartir, conscient que la situation était déjà complexe, convaincu qu’il allait falloir absolument éloigner de Merrick de sa sœur. Estelle avait l’espoir que son frère allait comprendre et n’interviendrait pas dans ses choix comme il le lui avait promis, toujours était-il que Merrick Lorren semblait être dans tous les esprits.

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