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 [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]

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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptySam 16 Fév 2019 - 18:56


-- 16 février fin d'après midi, début de soirée --

[Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] Sydoou10

Sydonnie avait quitté la caserne dans cet état lamentable, attirant les regards, constatant les regards horrifiés et écœurés des membres du peuple qu’elle croisait. La noiraude ne semblait guère s’en offusquer, elle n’était plus qu’une âme en peine, douloureusement égarée. La sensation de vide fut si importante, qu’elle se perdit dans la ville, ses pas la ramenant devant cette bâtisse où le drame avait eu lieu, là où des membres de la milice l’éloignèrent en lui ordonnant d’aller se reposer, là où les miliciens l’empêchèrent d’entrer, de s’approcher. Sans ça, aucun doute qu’elle y serait restée, allongée dans le sang de son amie, de son sergent, de Raoul. Le liquide pourpre avait fini par sécher, tirant davantage ses traits, entrelaçant sa longue chevelure ébène qu’elle avait détachée. On l’insiste à partir, on la raccompagna à l’entrée du quartier, avant de l’abandonner une nouvelle seule, avec ce vague à l’âme, cette sensation de culpabilité, d’échec, ce goût de la responsabilité encerclant, enserrant sa gorge avec violence. Immobile, celle qui avait reçu enfin un titre qu’elle avait tant attendit cru s’effondrer au milieu de la rue, elle entendit son propre cri de désespoir, sans que le moindre mouvement ne soit effectué, sans que ses lèvres ne s’entrouvrent jamais.

Les phrases des sergents se répercutaient dans son esprit « qui pouvaient-ils prévenir ? » personne, absolument personne. Ne pouvait-elle pas mettre Serena dans l’embarras en la faisant mander, ne pouvait-elle pas se montrer ainsi devant le dernier membre de sa famille, ne pouvait-elle pas rentrer chez elle, prend un bain et faire comme si rien ne c’était passé. L’idée d’aller à la chope sucrée lui avait traversé l’esprit, peut-être plus que ça, mais Estelle avait refusé de la servir, la suppliant d’aller voir quelqu’un, n’importe qui, ou lui proposer simplement une chambre pour lui offrir un peu de repos. Davantage déconfite, d’Algrange avait quitté les lieux pour monter la ruelle menant à l’esplanade, sans trop savoir pourquoi ni comment, elle avait l’espoir d’y retrouver son amie, sa précieuse amie.

Les gardes avaient hésité, ne sachant pas si dans son état elle pouvait risquer d’effrayer les nobles, pour autant, le comportement de celle qui était néanmoins connue pour avoir un tempérament plutôt flamboyant interpella finalement les deux hommes qui contre toute attente s’écartèrent pour déposer une main sur son épaule. Après tout la nouvelle s’était rapidement répondue, était-elle devenue sergent, avait-elle montré une sensibilité que nulle ne lui connaissait. Aucun doute que son hurlement de la caserne hanterait encore les esprits. À l’intérieur de l’esplanade, la noiraude avait laissé ses pas la guider presque machinalement, sans réfléchir, elle avait déjà dû raccompagner Serena quelques fois, ou simplement en ronde avait-elle dû passer devant la demeure pour la reconnaître.

Sa silhouette n’était que l’ombre d’une vivante, sa tenue bien qu’un brin plus provocante qu’à son habitude était entièrement couverte de sang, ouverte encore le long de ces côtés-là ou une multitude de fils, laissaient entrevoir qu’on venait de la recoudre. Le sang séché était partout, de sa chevelure, à son visage, sur ses vêtements et même sur ses bottes, jusqu’à la naissance de sa poitrine qu’elle avait laissé entrapercevoir via sa tenue. La lame à sa ceinture était dans un état tout aussi horrifique et ce regard qui abordait généralement une froideur exemplaire, n’était que le reflet d’un vide profond. Les traces de ses nombreuses larmes avaient dû créer des sillons sur ses joues, creusant davantage ses cernes. Ses lèvres étaient craquelées, son front légèrement ouvert sur une petite entaille et l’arrière de son crane lui faisait encore mal, à moins que ce ne soit simplement la sensation d’être responsable de la mort de son sergent qui provoquait ses nausées.

Elle frappa une fois, puis une seconde fois, sans réellement savoir quoi dire, sans avoir l’habitude et la prise de conscience qu’ici ce n’était pas les habitants qui ouvraient directement la porte, mais des domestiques. Ainsi d’Algrange eut un léger mouvement de recul alors que se dévoilait devant elle une silhouette féminine dont la surprise et la crainte venaient d’éclairer son regard. Ce fut d’abord le silence qui s’imprégna, la femme d’armes ne trouvant pas le courant de s’exprimer et la petite main de la demeure ne trouvant pas celui de refermer la porte. Elle n’était pas sans savoir des derniers projets de la famille, peut-être l’avait-elle entendu en laissant ses oreilles traînées, peut-être lui avait-on formulé oralement ? Toujours est-il qu’elle fit une première supposition juste :


- « Mademoiselle D’Algrange ? »

Elle dut percevoir une étincelle de vie dans la non-vie de son interlocutrice, plus que ses agissements évoluèrent, bien que ne sachant guère si elle avait l’autorisé de la faire entrer ou non, elle hésita encore quelques minutes dans un silence qui commençait à la mettre doucement mal à l’aise. Cela devait être étrange, de détailler, de voir les deux prunelles bleutées se déplacer sur sa silhouette, tout ayant la sensation de ne pas être regarder, de juste être traverser, cela devait être étrange de voir cette femme complètement vide de toutes émotions, de toutes sensations, de découvrir toujours davantage de sang sur sa tenue, sa peau, son visage, ou sur cette plaie ouverte au niveau des côtes qui avaient fini par se rouvrir sans que la moindre réaction ne viennent animer les traits du visage de la blessée. Ce fut finalement une main angoissée qui attrapa l’avant-bras de la noiraude, l’entraînant à l’intérieur, comme une petite et sage petite marionnette, elle se retrouva dans une salle qu’elle ne regarda à peine, alors que la petite domestique revenait déjà les bras avec une serviette. Lui laissant sur le coin d’un meuble avant de marmonner qu’elle allait chercher quelqu’un, vite, vite.

Inconsciemment Sydonnie avait hésité à repartir, inconsciemment elle avait espéré que Serena arrive, la prenne dans ses bras, l’emmène loin de tout ça, de ses pensées, de ses peurs, du goût et de la sensation du sang dans sa bouche, sur sa peau. Ce fut les quelques bruits de pas qui la fit détacher son regard du morceau de tissu qu’elle n’avait toujours pas touché, ce fut peut-être avec davantage de tristesses et de déception qui durent imbiber ses traits quand son regard se déposa sur la carrure imposante et masculine de Roland. Elle était là, sans mouvement, la respiration saccadée, irrégulièrement, immobile, un peu voûtée, l’avisant le détaillant avec cette envie de repartir sans être capable. Incapable de voir autre chose sur son visage –à tort ou à raison- le dégoût qu’elle devait lui inspirer, la rancœur certainement aussi. Silencieuse pour ne pas dire muette, ses lèvres avaient fini par légèrement s’entrouvrir, tout en étant dans l’incapacité de laisser échapper le moindre son, avait-elle dû chanceler légèrement puisque la petite domestique avait fait un pas en avant.

Pour la première fois, Sydonnie abandonna toute forme de réflexion, n’en était-elle de toute façon plus capable, s’avança jusqu’à Roland jusqu’à se glisser dans ses bras sans pour autant l’étreindre, sans pour autant chercher un contact autre, avait-elle simplement de se sentir rassurée, de sentir une présente, de sentir autre chose que ce vide atroce la rongeant entièrement, profondément, éperdument. La tête enfouie dans son torse, le hoquet de la tristesse avait fini par se réinstaller, alors qu’elle s’était mise à trembler de tout son être, de tout son corps, un murmure presque inaudible avait fini par se faire entendre « il est mort, c’est de ma faute », puis ce fut les premières larmes, encore, et ce couinement pitoyable qui n’avait plus l’air de grand-chose, faute à cette voix qu’elle avait tant malmenée au fil de la journée.

Aucun doute qu’elle ne chercherait pas à lutter, à résister, qu’il décide de la repousser, de la mettre dehors ou de l’emmener ailleurs, aucun doute qu’elle resterait dans ce silence un petit temps. Elle était faible, terriblement faible et même la trinité devait se demander comment il était possible qu’elle tienne encore debout dans son état ? Et maintenant ? Allait-elle devoir trouver un autre refuge ou allait-il parvenir à gérer celle qui était persuadée d’être responsable de la pire des atrocités.




Dernière édition par Sydonnie d'Algrange le Jeu 14 Mar 2019 - 18:05, édité 1 fois
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptySam 16 Fév 2019 - 22:20
La journée n’avait pas été de tout repos pour le noble héritier. Il s’était levé de très bonne heure, il devait se rendre au Temple. Il ne le faisait pas par contrainte, bien au contraire, c’était un réel plaisir d’aider les membres du clergé, d’êtres au plus proche des Dieux, d’offrir un peu de son temps et de partager ses connaissances. Très tôt, il avait rendez-vous avec l’écriture. Être copiste demandant de l’efficacité et de la rapidité. Il ne fallait pas se tromper, être méticuleux et soigneux. Ces qualificatifs décrivaient assez bien le blond aux yeux clairs. Il était de nature assez patiente, la plu part du temps. Même si ces derniers temps, sa patience avait été mise de nombreuses fois à rude épreuve. Il n’était plus aussi patient, plus aussi doux. Mais pour noircir des parchemins, il n’y aurait pas de problèmes, il serait seul face aux pages, imperturbable.

Il se leva donc de très bonne heure, afin d’avoir l’esprit vif et totalement éveillé avant d’accomplir ses travaux d’écriture. Il se lava, se parfuma légèrement, puis s’habilla simplement. Une chemise blanche épaisse, mais assez cintrée, portée sur un pantalon sombre, le tout recouvert d’un long manteau, sombre lui aussi, d’hiver. L’hiver était encore rigoureux à cette période, le soleil n’avait pas encore fait son apparition lorsqu’il sortit du manoir. La matinée passa très vite, il avait copié bon nombre de mots, de phrases, de récit. Il sortit acheter un tout petit quelque chose à grignoter pour le déjeuner, il n’avait pas très faim ces derniers temps. Le Comte avait un peu maigrit. Il n’était pas malade, simplement contrarié. Certains diraient qu’il était même sujet aux sauts d’humeur, distrait, même taciturne. Il n’était plus vraiment lui-même, d’ailleurs il ne le serait certainement jamais plus. Une part de lui était restée sur ce chemin le menant vers Marbrume…

Roland ne perdit pas de temps à déjeuner, il se posa un instant, cherchant désespéramment un abri à l’écart de la foule. Le monde le dérangeait, les bruits le troublaient. Il ne voulait pas parler, pas ressentir, juste qu’on le laisse en paix. Il partit donc rejoindre à la hâte le temple, où il continuerait de travailler l’après-midi. Il tiendrait le rôle de précepteur, pour quelques jeunes prêtres ce jour. L’art des mathématiques, enfin simplement les bases. Ce n’était pas son fort, il n’excellait pas dans le domaine. Mais il en connaissait suffisamment pour faire étude à quelques jeunes apprentis. Il allait se montrer patient, il n’aurait pas de mal en ce lieu. L’après-midi fut un peu plus difficile, elle se ponctua cependant par quelques progrès. Le Comte ne put qu’encourager ses élèves, remercier le prêtre et s’en alla prier quelques instants avant de quitter les lieux.

Il était donc temps de rejoindre le manoir de Rivefière. Il salua rapidement les membres de sa famille qu’il croisa, évitant le contact, il se forçait simplement à se montrer le plus courtois possible lorsqu’il déclina l’invitation à dîner en compagnie de ses chers parents. Pas de paroles, pas de questionnements, qu’on le laisse tranquille, seul. Roland n’avait pourtant jamais été quelqu’un de solitaire. Il était au contraire, proche d’autrui, généreux, chaleureux. Mais oui, définitivement, le masque était tombé. Terminé les simagrées.

Le blond aux yeux clairs rejoignit sa chambre, il se débarbouilla le visage, après avoir ôter son long manteau. Resté seul, allongé sur son lit, peut être lire un livre, se changer un peu les idées. Mais ce n’était pas chose aisée en ce moment, seul le travail, enfin son aide au temple l’aidait à avoir un peu le moral. Pour le reste, le cœur n’y était plus. Quelques temps passa, il n’entendait plus de bruit, il s’assoupit. Il fut tiré de son sommeil par des coups frappés sur la porte de sa chambre. Il se releva donc brusquement, passa la main sur son visage, de manière à se réveiller un peu, avala une gorgée d’eau.

- « Je ne souhaite pas être dérangé. »

« Monsieur le Comte, pardonnez-moi. Il s’agit de Mademoiselle d’Algrange. »

Il s’agissait de Margareth, sa domestique. Une petite femme, d’une quarantaine d’années, les yeux bleus, petits eux aussi. Des cheveux blonds cendrés, rehaussés dans un chignon, laissant simplement retomber quelques mèches de cheveux bouclés. C’était une bien gentille femme, elle les servait admirablement bien, lui et toute la famille Rivefière. Cependant, Roland ne voulait pas être dérangé, et encore moins par Sydonnie. Il pensait qu’elle avait tout de même du culot de venir ici, chez lui, après ce qui c’était passé entre eux. Il ne l’avait pas digéré, toujours pas. Et c’était elle après tout qui lui avait demandé de ne plus jamais l’approcher. Et elle venait là, chez lui, l’air de rien. Sans doute venait-elle voir sa sœur, vu qu’elles semblaient être très proches, ce maudit pacte de sang et tout ce que cela impliquait. Il répondit donc à la domestique, sans bouger du lit, sur un ton plus autoritaire qu’il ne le l’avait souhaité, se montrant à l’accoutumée toujours très respectueux de son personnel.

- « Et bien dites-lui que Serena n’est pas là, qu’elle peut repartir d’où elle vient. »

Il n’entendit pas les pas de la domestique qui annonçaient son départ. Elle semblait hésitante.

- « C’est que… voyez-vous messire… Vous devriez venir, mademoiselle d’Algrange est vraiment mal-en-point... »

Il connaissait le tempérament inquiet de Margareth, elle s’en faisait pour leur santé, sur le fait qu’ils mangeaient pas assez ou trop, elle était un peu la deuxième mère de la famille, pour tous les enfants de Rivefière. Elle-même n’avait guère eu d’enfants, elle reportait donc certainement son amour sur eux.
Néanmoins, cette révélation eu le mérite de faire se lever le Comte. Il était bien curieux de savoir ce que Sydonnie avait et ce qu’elle faisait là. Il ouvrit la porte, aperçut véritablement l’inquiétude, voire l’affolement dans le regard de la domestique. Il descendit donc les escaliers assez rapidement, se demandant bien ce qu’il se passait.

- « Sydonnie, qu’est-ce que tu… »

Il ne put terminer sa phrase, tellement la vision qu’il avait devant les yeux le troubla. C’était une Sydonnie méconnaissable qui se tenait là dans l’entrée, debout, chancelante. Elle était couverte de sang, des pieds à la tête, semblait au bout du rouleau, dans un état lamentable. Mais dans quelle galère était-elle tombée, qu’est ce qui lui était arrivée. Malgré leur différend, il était peiné de voir la milicienne dans cet état. Il ne lui souhaitait pas cela, pas le moins du monde. Elle ne méritait pas un tel traitement. Il s’approcha donc doucement d’elle, décontenancé. Elle restait muette, Roland aussi. Il ne savait pas quoi dire, quoi faire. La situation le dérangeait profondément. Mais il n’était certainement pas celui qu’elle était venue voir. Cependant, lorsqu’elle vacilla, il voulut l’aider, Margareth aussi avait fait un pas vers elle. Mais ce fut Sydonnie qui bougea malgré tout en sa direction, elle tomba dans les bras de l’aîné des Rivefière. Il la retint, perdu et pas du tout maître de la situation. Cependant, il fallait agir, ne pas la laisser comme cela. Il perçut sa seule parole faiblement, quelqu’un était mort et c’était de sa faute, il ne comprenait pas. Mais trouvant son état plus grave et plus alarmant encore que ses paroles, il la souleva complètement, emportant la serviette également sur son épaule, puis s’adressa à Margareth :

- « Je vais m’en occuper, merci Margareth. N’en parlez à personne sans mon autorisation. »

Après ses recommandations, il monta donc les grands escaliers, avec Sydonnie dans les bras. Il se rappelait un instant avoir fait la même chose avec Serena, peu de temps avant cela. La situation était cependant beaucoup moins dramatique. Il marcha jusqu’à sa chambre, installa Sydonnie sur le lit.

- « Reste tranquille, je vais aller humidifier la serviette. »

Ce qu’il fit donc sur le champ, il mouilla la serviette, revint vers le lit. Avec une légère once d’hésitation, il avança la serviette vers elle, cherchant à rafraîchir son visage, à nettoyer le sang collé, doucement. Il aperçut ensuite la blessure recousue sur les côtes de la brune. Cela saignait un peu, Roland positionna donc la serviette dessus, donnant une légère pression dessus avec sa main. Il regardait à présent Sydonnie, inquiet à son tour.

- « Qu’est ce qui t’es arrivé Sydonnie d’Algrange ? Qui est mort ? »

Tant de questions à lui poser, tant d’interrogations. Il lui servit un verre d’eau, ne sachant pas véritablement quoi faire au vu de la situation. Si elle voulait manger ou boire, parler, ou tout simplement dormir, il serait là.

- « Prends ton temps si tu ne veux pas parler. Tu es en sécurité ici, tu peux te reposer, je veillerai sur toi. »

Elle semblait tellement faible. Il contemplait ses vêtements, tachés de sang, ses blessures. Il s’était produit quelque chose de grave, et cela ne devait pas être très beau à voir…
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptySam 16 Fév 2019 - 23:15


Sydonnie était juste là, sans trop savoir pourquoi ni comment elle en était arrivée à venir ici, à se retrouver dans les bras de Roland de Rivefière. Cependant, comme une poupée de chiffon qu’on transporte, elle s’était laissé attraper, portée. La douleur n’était pas présente sur les traits de son visage, ne ressentait elle-même absolument rien, ni le tiraillement de sa tête ni la chaleur se diffusant le long de ses côtes. La même mélodie se répétait en boucle dans son esprit, le même murmure susurrant à son oreille qu’elle était responsable de la mort de Raoul, qu’elle était responsable de la mort d’un très bon sergent de la milice. Fermant les yeux, la noiraude ne semblait même plus envie de lutter, ne semblait même plus ressentir la moindre étincelle de vie, son regard était aussi vide que la souffrance de son cœur, aussi vide qu’une âme sans la moindre parcelle d’existence. Il était difficile de dire si la jeune femme percevait encore l’enchaînement de la situation, puisqu’elle ne sembla réagir à aucune parole, ni même au déplacement et au changement de pièce, ou encore à l’escalade des marches. Dans ses bras, elle s’autorisa à déposer sa tête contre son épaule, fermant les yeux un instant, sans pouvoir retenir la vague de souvenir qui l’envahissait déjà. Sa main avait dû venir s’agripper à celle de Roland, serrant avec cette force qui n’était dû qu’à son profond désespoir.

Une porte fut ouverte, la sensation de chaleur provenant de l’héritier de la famille l’a quitta alors qu’elle se retrouvait sur un lit trop grand pour elle, dans cette passivité qui ne lui ressemblait pas. Ses yeux se gorgèrent de cette humidité salée, alors que sa mâchoire se contractée pour venir s’acharner sur l’intérieur de sa joue. Son état ne la préoccupait ni même la manière dont il devait le percevoir, au fond, plus rien ne semblait connaître une grande importance pour celle qui n’avait guère plus envie de lutter pour le moindre combat, celui de la vie compris. Néanmoins, lorsque Roland lui adressa la parole, son regard aussi pâle que le bleu du ciel ou de la mer se déposa sur la silhouette masculine. Ses deux perles étaient remontées lentement jusqu’à son visage, laissant les billes azur le détailler avec cette absence presque déstabilisante. Seul éclat coloré dans ce visage plus rougeâtre ou particulièrement pâle, seul éclat persistant d’un restant d’humanité derrière celle qui avait l’habitude de se parer dans une protection invisible et parfaitement résistante.


- « Ne me laisse pas… »

Sa voix s’était fait entendre dans un murmure brisé, étouffée par cette voix qui commençait à perdre en intensité. Sa main c’était tendu vers lui alors qu’il s’était éloigné, craignait-elle de se retrouver seule, rien qu’une minute, rien qu’une seconde, craignait-elle d’entendre une nouvelle fois son hurlement résonner dans son esprit. Roland avait fini par revenir, rapidement et sans davantage d’échange, la noiraude l’avait laissé s’approcher de son visage, laissé la serviette essuyer les différents restants du liquide pourpre. La femme d’armes semblait confuse, absente et présente à la fois, apeurée et tellement résignée. Des émotions contraires, des envies tout aussi contraires, avec cette envie fixe qui revenait sans cesse, comme un coup de poignard, comme une idée fixe et cruellement réaliste. Allongée sur le lit, elle avait fini par descendre doucement ses doigts sur la main du comte, cherchant à écarter la pression qu’il faisait sur sa plaie, cherchant à faufiler ses doigts jusqu’à la plaie pour analyser son état. Il avait fini par la questionner, stoppant ainsi le moindre mouvement de d’Algrange, dont le regard c’était mis presque immédiatement à vibrer. Pourrait-il comprendre ? Entrevoir ? Avait-elle réellement envie de l’inquiéter davantage ? Était-ce finalement possible de faire pire comme situation.

- « Mon sergent » souffla-t-elle avec l’impression que des doigts s’enroulaient autour de sa gorge.

La noiraude avait fini par se redresser, en position demi-assise, consciente soudainement des différentes sensations qui commençaient à revenir. Elle avait froid, terriblement froid. Et c’est dans un simple regard qu’elle demanda une autorisation, avisant alternativement Roland, puis le lit vide juste à côté d’elle. Comme une invitation silencieuse, comme pour notifier ce besoin de contact qui allait parfaitement à l’opposé de sa sensation de solitude profonde. Elle savait qu’elle lui devait des explications, laissant ses doigts parcourir une poche, elle retira la lettre froissée qu’elle n’avait pas eu le courage d’ouvrir. Celle que Raoul lui avait adressée et certainement rédigée avant de partir dans cette mission suicide. Incapable de laisser ses yeux parcourir une écriture qu’elle ne connaissait que trop bien, elle tendit l’ensemble encore parfaitement scellé par la marque de la famille du sergent à Roland.

- « Tu veux bien… lire ? » fit-elle lentement en relâchant sa prise sur le document. « S’il te plaît. »

Sa main c’était fait tremblante, hésitante, alors que son envie disparaître commençait à se faire omniprésente. Prenant une grande inspiration qui fut plus que douloureuse pour ses côtes, Sydonnie sembla soudainement hésiter, c’était de la peur, la peur de savoir, de comprendre pourquoi. La crainte d’avoir agis trop violemment à l’égard de celui qui lui avait demandé de faire confiance et avant qu’il n’ose prendre la parole, avant que Roland n’attaque sa lecture s’il l’acceptait, elle s’autorisa une légère explication.

- « Il m’a demandé de l’accompagner dans une enquête dans les bas quartiers…. Une histoire de trafic de femmes et d’enfants… Il m’a vendu Roland » sa voix c’était faite tremblante, signe du profond malaise qui l’animait « Quand je me suis réveillée, j’étais attachée, face à un noble de l’esplanade qui… » non, c’était impossible de formuler, d’expliquer, c’était trop dur. « Lis… s’il te plaît. »

Parce qu’elle avait besoin de savoir, de comprendre, parce qu’elle espérait que les réponses à des questions qu’elle n’osait pas poser se trouveraient dans ce document. Attendant sagement, elle se serait glissée dans ses bras s’il était venu s’installer à côté d’elle ou serait restée particulièrement immobile s’il était resté sur cette chaise qui lui faisait face. Inconsciente, incertaine, la milicienne restait convaincue qu’elle devait écouter les prochaines paroles, tout en ayant la conviction profonde que la missive pouvait contenir bien des indélicatesses.

- « Roland, avant… Je… Je suis désolée pour la dernière fois… J’avais passé une mauvaise journée… Je n’aurais pas dû t’agresser… » elle prit une grande inspiration « Ne te sens pas obligé… Je peux rentrer. Je peux. Tu ne me dois rien, ne te sent pas obligé de jouer le bon garçon avec moi, je ne suis pas certaine de le mériter. »

Lettre de Raoul:
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptyDim 17 Fév 2019 - 19:38
Ne pas la laisser seule, elle lui avait imploré cela. Elle qui l’avait menacé de mort si jamais il l’approchait une nouvelle fois, c’était maintenant elle qui lui demandait de ne plus la laisser. C’était déconcertant. Certes, la situation était très délicate, mais tout de même. Il s’était mis à presque la haïr et voilà que maintenant il faisait tout son possible pour la soigner, l’aider, rester à son chevet. Mais Roland de Rivefière était ainsi, il avait un grand cœur, il était bon. Et Sydonnie, malgré son allure forte était visiblement aussi une femme sensible, avec des sentiments, un cœur. Lorsque cette dernière évoqua la mort de son sergent, le noble comprit tout de suite. Ils avaient du être amenés dans une terrible affaire pour la milice ensemble et le sergent y laissa la vie. De ce fait, n’ayant pas pu éviter sa mort, elle se sentait coupable. Roland ne pouvait que compatir, ayant été et était encore d’ailleurs dans le même état suite aux décès de sa femme et de sa plus jeune sœur durant leur fuite vers Marbrume. La culpabilité après la mort d’un proche était un sentiment horrible, il était si difficile de s’en défaire. Il fallait essayer de faire son deuil, lâcher prise, accepter. Ce n’était pas une mince affaire. Roland y parvenait un peu plus maintenant, le temple et les prières l’aidant beaucoup. Mais les remords étaient encore là, ancrés dans son être, peut être à tout jamais.

Il ne répondit pas pour l’instant, restant à l’écoute des demandes silencieuses de la milicienne. Elle lui demandait à l’aide de regards équivoques, de la rejoindre sur le lit, auprès d’elle. Il hésita un instant, n’étant pas très à l’aise de cette situation. Mais il le fit pourtant, elle avait besoin de soutien, de réconfort. Il n’allait pas la rejeter. Il glissa donc vers le lit, s’installant en position demi assise, tout près de la jeune femme. Celle-ci lui glissa une lettre, lui demandant de la lire. Il allait débuter la lecture lorsque Sydonnie le stoppa. Elle lui expliqua les raisons de cette mission quasi suicide. Il ne comprenait pas tout, mais l’affaire semblait très grave.

- « Un noble de l’esplanade trempé dans une affaire de trafics ignobles ? Par les trois, c’est impensable. Tu as reconnu l’homme en question ? »

Il lut ensuite la lettre donc en totalité. Parce qu’elle le lui avait demandé et aussi parce qu’il avait envie d’en apprendre davantage sur cette terrible histoire. Il n’oublia aucun mot de manière volontaire, c’était à elle que la missive était adressée, il la lut donc dans son intégralité. Elle la découvrait donc en même temps que lui. Le Comte en apprenait beaucoup, grâce au contenu de cette lettre, elle était donc devenue sergente. Il ne jugea pas le moment opportun pour la féliciter maintenant, il le ferait plus tard, lorsque la douleur provoquée par la perte de son sergent serait moins vive. Là, ce n’était pas le moment, elle n’accepterait peut être pas elle-même encore le grade.

Tout en continuant sa lecture, il sentit le corps de la brune se rapprocher de lui. Il était de moins en moins à l’aise, mais continuait tout de même la lecture. La lettre lui apprit encore beaucoup de choses, notamment les conseils très avisés de son ancien sergent. Apparemment, mademoiselle d’Algrange n’était pas une tête brûlée qu’avec lui, elle se montrait comme cela avec tout le monde.

- « Je suis sincèrement navré pour ton sergent. Visiblement, c’était un homme bien, qui prenait son devoir très à cœur. Il était condamné, donc sa mort était certainement proche et toi ni personne ne pouvait rien y faire. Il est mort dignement, c’est cela qu’il faut retenir. Et j’ai bien l’impression qu’il croyait très fort en toi, te nomment ainsi sergente. Il savait tout de ce qui allait se passer, il l’avait quasiment prévu. Ressaisis toi Sydonnie, fais le pour lui. Ainsi, il ne sera pas mort en vain. »

Il ne savait pas si ses mots l’apaisaient, mais il était sincère. La mort d’un proche est un épisode douloureux. Mais malheureusement dans le monde dans lequel ils vivaient, ils côtoyaient la mort trop souvent. Il fallait s’en remettre, avancer. Ou périr aussi, seul. Comme l’avait écrit son sergent dans cette lettre, nul ne pouvait survivre seul en ce bas monde. Il parla aussi de carapace. Roland pouvait comprendre cela. Sydonnie cachait sa sensibilité et sa fragilité sous une rude carapace. Et Roland cachait ses imperfections et ses émotions sous un masque. Finalement peut être n’étaient-ils pas si différents que cela.
Sydonnie reprit la parole. Elle s’excusa, tenta de se justifier pour leur dernière soirée. Roland, en ces circonstances, n’en attendait pas tant. Il était donc positivement surpris. Elle n’était pas obligée de s’excuser, comme lui n’était pas obligé de l’aider. Mais c’était ainsi. Il positionna alors son index sur les lèvres de la brune, pour la faire taire.

- « Nous reparlerons de tout cela, mais pas ce soir, pas maintenant. »

Il lui adressa un fin sourire, signe qu’il comprenait et que d’un côté, une partie de lui l’excusait. Bien sûr, cette histoire n’allait pas s’arrêter là, mais pour ce soir, tout était différent, l’urgence était ailleurs. Il se releva ensuite, voulant examiner sa blessure aux côtes de plus près. Il s’approcha donc.

- « Me permets-tu ? »

Il n’attendit cependant pas l’affirmation, elle était entre ses mains, trop faible pour quoique ce soit. Donc il allait l’examiner et la soigner, que cela lui plaise ou non. Ce n’était pas très joli à voir, la blessure s’était un peu rouverte, elle était assez impressionnante. Il fallait recoudre, nettoyer, il n’avait pas de temps à perdre. Il n’allait pas laisser se vider de son sang sur son lit.

- « Bon, je vais m’occuper de cela. Reste sagement allongée, s’il te plaît Sydonnie. Je reviens très vite. »

Il espérait tout de même qu’elle ne tentait pas de se lever ou de faire n’importe quoi durant son absence. Il quitta donc la pièce, non sans un dernier regard averti envers la milicienne, désormais sergente. Il se dépêcha de rassembler tout le matériel et revint sans trop tarder dans sa chambre. Sydonnie était toujours là sur le lit, bien. Il avait prit tout le matériel pour pouvoir la recoudre. Il ne pouvait pas la laisser ainsi. Il ne l’avait jamais encore fait, mais avait déjà observé. Il ne restait qu’une infime partie de la blessure à refermer, cela devrait aller. Il se lava les mains avant de procéder à la petite chirurgie et alla se mettre au travail. Il servit un verre de fort alcool à Sydonnie et lui tendit, elle qui avait naturellement comprit ce qui allait se passer, il chercha cette fois l’affirmation dans son regard, signe qu’il pouvait s’y mettre. La tâche accomplie, il écarta tout le matériel, soulagé, rassuré et revint se positionner tout près de la sergente.

- « Comment te sens-tu à présent ? Je te conseillerai d’essayer de dormir un peu, cela t’aidera à récupérer. »
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Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptyDim 17 Fév 2019 - 22:04


Un instant, les yeux de la jeune femme s’arrêtèrent sur la silhouette de Roland, sans pour autant formuler la moindre parole. Était-elle surprise qu’il demande « qui » plutôt que « qu’est-ce qu’il t’a fait ? » pas vraiment, après tout, cela n’avait aucune importance, certainement. Néanmoins, ses lèvres c’était pincée, une fois, puis une deuxième alors, qu’elle n’avait pas trouvé le courage de lui dire que cela n’avait plus d’importance, que l’homme était mort. C’était peut-être un peu de son sang qui se trouvait là sur elle, à moins que ce ne soit encore celui de Raoul ou des autres, tellement d’autres. Ses deux prunelles claires s’étaient perdues sur le lointain, l’observant sans l’observer, sans réellement savoir quoi dire, quoi faire. Peut-être prenait-elle doucement conscience de sa situation, de la présence de Roland juste là, non loin d’elle, peut-être prenait-elle conscience de l’incohérence de son comportement vis-à-vis de ses agissements auprès de lui ? Ou bien peut-être était-elle beaucoup trop faible pour penser à quoi que ce soit.

Néanmoins d’Algrange n’eut pas réellement le temps de se concentrer sur autre chose que sur la voix de l’héritier, il avait ouvert la lettre, simplement, lisant sans s’arrêter, convenablement, correctement sans même prendre conscience à quel point elle pouvait être douloureuse pour la jeune femme. Presque naturellement, elle était venue se glisser contre, sans laisser entrevoir une quelconque proposition ou indécence. Sa tête était venue se loger contre son torse, sentant sa respiration, son cœur, deux éléments sur lesquels la femme d’armes semblait se concentrer pour ne pas craquer. À cet instant, elle ne savait plus réellement ce que son corps essayait de lui murmurer, douleur, tristesse, larme, colère, révolte, déception, trahison, incompréhension sans doute aussi puis gêne, beaucoup. Elle avait l’impression que Raoul avait étalé une partie de sa vie sur la table, qu’il avait même des informations qu’elle ignorait qu’il avait et finalement fort heureusement pour elle, Roland semblait avoir la décence de ne rien évoquer, de ne rien relever.


- « Un homme bien ne trahit pas son Duc » pesta-t-elle presque immédiatement. « On ne doit absolument rien à un traître qu’il pourrisse au milieu de la fange, rejeté par les trois. »

L’erreur était humaine, pour autant Sydonnie avait de très grandes difficultés à l’accepter, à la tolérer, avait-elle laissé filer Chris par loyauté, avait-elle de ce fait énormément de mal à comprendre et tolérer la trahison de Raoul, vis-à-vis du peuple, vis-à-vis du Duc, vis-à-vis d’elle, au fond, peut-être surtout d’elle. Les yeux fermés, immobiles contre le torse du noble, ses sourcils se froncèrent avec force, alors qu’elle tentait de retenir les larmes, le tremblement de ses lèvres, cette douleur qui se réveillait dans le bas de son ventre. Elle était dure, terriblement dure vis-à-vis de son ancien sergent, aussi exigeante qu’elle l’était avec elle, aussi intransigeante qu’elle pouvait l’être avec elle-même aussi. Il était un traître, un lâche, un homme qui avait choisi la facilité plutôt que la difficulté. Si même lui avait fini par succomber à la tentation, alors que lui restait-il à elle ? À quoi pouvait-elle s’accrocher ? Comment pouvait-elle donner une confiance qui se trouvait rapidement bafouée. Balayant ses pensées d’un geste invisible, elle avait fini par trouver le courage de s’excuser de son comportement. Même dans cet état il était impensable pour elle de tout révéler, de parler d’Aaron, de Serena, d’évoquer quoi que ce soit qui ne la concernait pas uniquement.

Il avait fini par glisser un doigt sur ses lèvres et le regard un peu trouble de la désormais sergente avait fini par se rouvrir. Le geste l’avait quelque peu déstabilisé, oui, sans que pour autant elle rétorque ou ne dise quoi que ce soit, elle avait fait ce qui lui semblait juste, toujours. Oui même pour se protéger elle-même ou pour éloigner les autres. Elle se redressa légèrement, opinant avant de s’allonger sur le dos quand il lui demande la permission de détailler sa blessure. Elle n’avait pas souvenir d’une quelconque connaissance dans le soin de Roland, la noiraude n’en dit cependant absolument rien. Après un moment de silence, où ses doigts avaient effleuré la peau rougeâtre, déchirée, découpée, percée et ruisselante de ce liquide pourpre, faisant frissonner la responsable sans qu’elle n’identifie clairement pourquoi. La douleur, très certainement, la douleur oui, qui commençait lentement à se réveiller au fur à mesure que son esprit sortait de son état de choc.


- « Je ne bouge pas » murmura-t-elle simplement en fermant les yeux « Merci… Je ferais changer tes draps…. »

Parce qu’elle était persuadée que c’était ça, simplement ça, un problème de comportement, son état. Au fond, Sydonnie n’avait même pas conscience de la gravité de son état, de son trouble, ou de l’image qu’elle pouvait renvoyer. Elle n’allait pas rester ici, pas rester dans sa chambre, non, dès qu’elle se sentirait un peu moins fatiguée, un peu moins faible elle retournerait dans sa demeure, oui, elle y resterait sagement pendant plusieurs jours, pour faire croire que tout va bien, qu’elle prend ses repos. C’était la solution parfaite. Ouvrant les yeux pour réellement se redresser, elle avisa Roland, revenir armée de fil d’aiguille et de quoi la recoudre, certainement un peu d’eau salée aussi, ne put-elle s’empêcher de ronchonner.

- « Par la Sainte Trinité Roland, tu ne veux pas simplement chauffer la lame et brûler la peau ? Cela irait tellement plus vite… »

Tellement plus vite oui et tellement plus pratique, beaucoup plus résistant que le fil et l’aiguille qui l’obligerait à faire attention en permanence pendant au moins plusieurs jours. Pour autant, la noiraude l’avait laissé faire, sans bouger, sans gémir, sans grimacer, elle était ailleurs de nouveau, loin de se préoccuper de ce qu’il faisait sur sa peau. Avait-elle vécu pire, tellement pire. Séance de torture, coup de fouet, blessures diverses et variées, agressions. Ce n’était pas concrètement des gestes un peu maladroits d’un héritier qui allait avoir raison d’elle. L’instant ne lui sembla pas durer une éternité, bien au contraire, s’était-elle remémorée pourquoi elle était rentrée dans la milice et la multitude de pertes qu’elle avait vécues depuis. Il lui évoquait la possibilité de rester dormir et elle c’était renfrogné, cela faisait si longtemps que ses nuits n’étaient plus très réparatrices, elle doutait fortement que celle-ci connaisse la moindre exception.

- « Je vais rentrer surtout, c’était idiot de venir te déranger toi, Serena ou ta famille » souffla-t-elle en se redressant avec quelques difficultés « Excuse-moi Roland, pour mon état et la peur que j’ai dû faire à votre petite domestique. »

Debout, elle sembla chanceler une nouvelle fois, il fallait bien avouer que sa vision ne lui laissait pas le moindre répit, à peine c’était-elle retrouvé sur ses deux pieds que tout son environnement lui avait semblé tourner, que la totalité des éléments s’était floutés légèrement, si bien qu’elle c’était rattrapé au premier meuble qui se trouvait proche d’elle, levant une main vers Roland pour lui indiquer de ne pas s’approcher, pour lui insuffler la merveilleuse idée qu’elle allait bien, parce qu’elle allait bien n’est-ce pas ? Parfaitement bien.

- « Ça va… Ça va… » fit-elle simplement, elle était hésitante, plus qu’elle n’aurait dû l’être sans doute « Tu sais Roland, Raoul à raison, je sais très bien que je finirais par mourir seule, mais je ne suis pas certaine que ce soit une si mauvaise chose… J’ai perdu beaucoup depuis que je suis sous la milice, j’ai vu beaucoup de choses, mais j’ai la sensation de protéger ceux qui doivent être protégés et c’est tout ce qu’il me reste, cette sensation. J’ignore ta véritable position vis-à-vis de tout ça, j’ignore ton ressenti et ce qui se cache derrière ton masque, mais ne fais pas la même erreur que moi Roland… N’attends pas de ne plus pouvoir revenir en arrière pour regretter, pour t’assumer, pour être toi-même et non ce que les autres veulent que tu sois. On n’est pas fort tous les jours, on ne peut pas tout supporter. »

Elle aurait pu se reporter ses propres paroles, elle aurait pu appliquer son propre conseil, sans véritablement en avoir conscience, sans réellement savoir pourquoi elle lui disait ça maintenant. Peut-être lui ouvrait-elle une porte finalement, peut-être qu’elle aurait apprécié se retrouver dans bras, sentir ses bras la serrer si fort qui lui aurait donné la sensation d’étouffer, peut-être qu’elle aurait pu lui avouer sa crainte de l’obscurité, sa crainte de s’endormir pour ressentir encore l’odeur du sang, peut-être oui, mais rien de tout ça n’était sorti, ne restait que cette femme qui refusait de quémander de l’aide, qui refusait de se laisser juste une fois diriger et protéger. Pour autant, à ce moment précis, elle avait compris qu’elle ne ferait plus un pas en avant sans s’effondrer et c’est pourquoi elle restait immobile, c’est pourquoi elle n’osait pas bouger, elle aurait pu essayer de lui faire peur, de le repousser, mais même ça, elle n’en avait plus le courage et ce fut finalement une voix faiblarde et murmurée si doucement qui se fit entendre.

- « Je ne peux plus bouger, si je fais un pas je vais tomber… Tu peux… » m’aider, oui, mais non, ça n’avait pas voulu s’extirper de sa gorge.

Elle avait tendu la main vers lui, il était libre de la prendre ou non libre d’accepter ou de la voir se ridiculiser en insistant devant son refus pour partir et s’effondrer quelques pas plus loin. Dans le fond, il était libre aussi de la malmener un peu, cependant s’il acceptait, elle avait cet autre demande un peu particulière.

- « Ne me laisse pas dormir toute seule… Reste avec moi… Parle-moi de toi, parle sans t’arrêter… laisse une bougie allumer…. »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptyLun 18 Fév 2019 - 23:30
Sydonnie n’avait pas répondu à sa question concernant l’identité du noble. Peut être avait-elle jugé indélicat de lui demander cela. Et sa réponse en revanche quant à son sergent, le perdit davantage. Elle disait que c’était de sa faute s’il était mort, elle semblait s’en vouloir et être très peinée de la situation. Néanmoins, elle le maudissait à présent. Sans doute était-elle folle, comme il l’avait fortement pensé récemment, ou bien essayait-elle encore une fois de masquer sa sensibilité sous une épaisse carapace. Elle était si difficile à cerner. Pour le moment, il avait complètement rayé de son esprit l’idée de l’épouser un jour, suite à ses agissements. C’était tellement délicat, incongrue comme situation. L’héritier n’appréciait pas cela, du tout. Lui qui contrôlait toujours les situations. Là, avec mademoiselle d’Algrange, tout était toujours embrouillé, confus. Il nageait dans un océan d’incertitudes avec elle, il ne savait pas réellement où mettre les pieds, comment se positionner face à tout cela. Peut être que l’expression de l’aîné de Rivefière le trahissait un peu. Mais au vu de la situation, pour une fois il s’en fichait bien de ne pas paraître impassible. Il comprenait pas tout à cette histoire, ne savait même pas réellement s’il avait envie de comprendre. Il était loin des affaires de la milice. Entre sa sœur et maintenant Sydonnie, tout prenait une telle ampleur, chaque jour même un peu plus. C’était déconcertant, déroutant.

Roland avait donc examiné sa blessure et prit la décision de la recoudre. Ce n’était certes pas dans ses habitudes. Mais il ferait le nécessaire. Au point où elle en était, cela n’allait certainement pas changer grand-chose. Simplement, elle arrêterait de se vider de son sang. Elle s’inquiétait à présent pour les draps. Ce n’était vraiment pas nécessaire, on s’en fichait des draps. Ils seraient changés bien assez tôt.

- « Ne t’inquiète pas pour les draps. »

Avait-il simplement dit avant de repartir. Lorsque la blessure fut soignée, il l’examina une nouvelle fois. Certes, ce n’était pas plus joli, ce n’était pas du travail de professionnel, mais cela semblait suffisamment tenir, si tant est qu’elle ne fasse rien de stupide.

- « Il faudra quand même que tu essaies de te tenir tranquille, au moins quelque jours. »


Qu’elle essaie oui, parce que commençait à connaître l’animal, cela ne serait sûrement pas chose aisée. Voilà que les actes de la brune vinrent déjà la trahir, vu que cette dernière était déjà en train de se redresser. Elle n’écoutait définitivement rien à rien, c’était usant. Elle se leva donc, affirma qu’elle allait rentrer et s’excusa pour Margareth.

- « Margareth s’en remettra, elle en a vu d’autres et en verra encore, rassure-toi. »

Puis en signe qu’il ne la retenait pas, qu’elle était tout à fait libre de partir si cela lui chantait, même s’il doutait fortement de son état. Elle faisait bien ce qu’elle voulait. Cependant, elle ne semblait plus très sûre d’elle même, elle vacillait déjà. Elle manque de tomber alors Roland s’approcha, de manière à l’aider. Mais Sydonnie d’Algrange, toujours fière et incapable d’accepter de recevoir de l’aide, elle le stoppa de la main. Il s’arrêta donc net, s’adossant quant à lui contre un des murs de la pièce. La chambre était relativement grande et disposait d’un confort tout à fait acceptable. Il y avait des petits meubles et de grandes armoires, contenant toutes les affaires de Roland, vêtements, ainsi que du nécessaire de toilettes. Il l’observait donc, sans bouger à présent.

- « Tu fais partie de ceux qui pensent que nous n’avons rien à perdre, si nous n’avons aucune attache ? Tu préfères être seule, mourir seule. Intéressant comme théorie, sauf que je n’y crois pas une seule seconde. Il y a des gens à qui tu tiens. Déjà Serena, sinon vous n’auriez pas fait ce pacte. S’il t’arrive quelque chose, tu lui feras du mal aussi, tu en es consciente ? »

Il soupira un coup, marque une pause, puis reprit, s’efforçant de se montrer plus courtois, plus compréhensif. Elle n’était pas en état. Il fallait relativiser.

- « Enfin, tu as raison sur ces derniers points. On est pas forts tous les jours et on ne peut pas tout supporter. C’est pour cela que j’aimerai bien que tu écoutes tes précieux conseils et que tu ailles reposer tes fesses sur ce fichu lit, avant de t’écrouler par terre lamentablement. »

Ses mots semblaient sortir d’une autre bouche. Ce n’était pas le Roland de Rivefière que tout le monde connaissait. Lui toujours infiniment poli, courtois. Quelque chose l’avait changé, plusieurs choses en fait. C’était une toute autre personne, on pourrait s’y perdre.
C’est alors que Sydonnie sembla reprendre conscience. Elle lui demandait de l’aide, bon, le mot n’était pas tout à fait sorti, mais il comprenait parfaitement que c’était le cas. Il hésita un instant, il avait envie de la voir galérer un peu, parce qu’après tout, elle s’était jouée de lui, affirmant qu’elle n’avait pas besoin de son aide, qu’elle pouvait se débrouiller toute seule etc etc. Et bien non mademoiselle d’Algrange, même vous, vous avez besoin de quelqu’un. Vous avez besoin de lui.

Il se décolla néanmoins du mur et alla la rattraper, avant qu’elle ne s’écroule. Il avait un cœur, cela ne l’aurait même pas fait sourire au fond, de la voir s’étaler là dans sa chambre, ou même un peu plus loin. Il l’aida à se réinstaller sur le lit.

- « Bon, je pense que maintenant nous sommes d’accord sur ce point, tu vas te reposer. »

Elle lui fit une demande particulière, qui le toucha, il fallait bien l’admettre. La voir parler ainsi, cela la rendait plus fragile, plus proche, plus femme. Il la voyait un petit peu plus différemment à présent. Le Comte vint s’allonger près d’elle, la rassurant.

- « Si tel est ton désir, Sydonnie. »

Roland laissa une bougie allumée, comme la brune aux yeux clairs l’avait demandé. Elle lui avait demandé de parler, de lui, de tout, sans s’arrêter. Mais l’aîné Rivefière n’était pas un grand bavard, il essaya pourtant de faire de son mieux. Il parla de son enfance, même oserons-nous dire de leur enfance, vu qu’ils s’étaient connus par le passé. De sa famille, des choses de la vie, de la Fange, de la mort. Il osa même reparler de ce mariage, mais un bref instant, il parla du soleil, de la neige, des saisons, du temps qui passe, de la liberté. Cela coulait littéralement, il ne se rendait même plus compte précisément du temps qui avait passé, ni de ce qu’il se passait réellement. Enfin, il se retourna vers Sydonnie, cette dernière semblait s’être endormie. Elle paraissait paisible, ainsi allongée, plus vulnérable. Encore une fois, il la trouvait plus femme. Finalement, ce fut une belle révélation que cette nuit là. Il se permit de lui dégager une mèche de son visage.

- « Qu’est ce que tu me fais Sydonnie... »

Dit-il dans un murmure. Puis il s’endormit à son tour.

Le réveil fut difficile, la sergente était toujours là, elle se réveilla à son tour -ou l’était déjà-.

- « Comment te sens-tu à présent ? Si tu veux, je peux aller te chercher des vêtements appartenant à Serena, je suis certain qu’elle ne nous en tiendra pas rigueur. J’ai bien peur que tu fasses peur aux nobles en sortant ainsi. Certains pourrait même te prendre pour un Fangeux. »

Il se leva, lui prépara une serviette propre. Il y avait tout le nécessaire pour faire une toilette. Il alla chercher les vêtements, elle en ferait ce qu’elle veut. Serena n’était de toute façon pas au manoir. IL revint avec les affaires, les posa aux côtés de la serviette puis lui adressa un dernier mot, avant de quitter la pièce.

- « Je te laisse donc, je reviendrai dans quelques minutes avec quelque chose à boire et à manger. Je ne te laisse pas repartir le ventre vide. »

Il quitta donc sa chambre, dans le but de rejoindre les cuisines. Il ne savait pas si Margareth était levée, dans le pire des cas, il s’en chargerait, ce n’était pas grand-chose.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptyMar 19 Fév 2019 - 20:07


Roland était venu la récupérer, attrapant sa main pour l’amener jusqu’à lui, pour éviter à la sergente de faire la connaissance du sol. Lentement, il l’avait aidé à se réinstaller dans son lit, et presque naturellement la noiraude c’était appliquée à retirer ses bottes avant de s’allonger, elle aurait pu enlever son pantalon et sa chemise sans ressentir la moindre gêne, la pudeur n’était plus pour elle depuis longtemps, depuis son entrée dans la milice. Allongée ainsi, elle avait fini par se détendre, laissant ses doigts effleurer ses côtes pour venir à la rencontre des fils, de la plaie, sans rien défaire, simplement pour chercher à avoir pleinement conscience de son état. Difficile pour la noiraude d’être raisonnable, difficile pour elle d’accepter également de se livrer aussi fragile, sensible. La jeune femme avait fini par sous-entendre sa crainte de l’obscurité complète, d’autant que sans journée était aussi lourde, aussi complexe.

- « Merci » avait-elle fini par dire avant de le questionner sur le fait de dormir en sa compagnie

Roland était venu la rejoindre, sans poser de question, soufflant que si c’était son désir il le ferait. Mais le sien ? N’avait-il pas l’habitude de s’écouter ? Peu de temps avant, la noiraude avait cru entrevoir une autre facette du noble, celle un peu plus directe, un peu moins douce, un peu moins tendre et il fallait bien admettre que cela ne lui avait pas déplu. Elle lui avait demandé de parler, il avait parlé, évoquant des souvenirs de jeunesse, d’enfance, tous les sujets avaient fini par y passer, y compris le fameux mariage qui ne lui avait offert aucune relation particulière. Pas ce soir, pas maintenant, non pas maintenant. S’installant confortablement contre lui, ignorant les règles de bonnes conduites, ignorant finalement tout le reste. Ses yeux avaient fini par se fermer lentement pour la faire tomber dans un sommeil profond agité simplement par quelques mauvais rêves, par quelques mauvais souvenirs et chaque petit couinement fut étouffé contre la silhouette masculine.

La femme d’armes avait fini par émerger sur le petit matin, certainement à cause des mouvements de celui qui était resté avec elle. À peine avait-il ouvert les yeux, que déjà il parlait, cela fit froncer les sourcils à la responsable de désormais plusieurs groupes armés. Elle avait glissé lentement un doigt jusqu’à ses lèvres, esquissant un petit sourire encore endormi. Le réveil c’était sacré, moment de calme, de silence et tant que d’Algrange n’avait pas avalé la moindre infusion il était complexe de lui tirer autre chose qu’un grognement. Passant une main dans sa chevelure de jais, qui contenait les restants du sang séchés, elle s’était ensuite frotté doucement les yeux.


- « Cela pourrait être drôle, mais bon, je ne voudrais pas faire peur à tes parents… Je ne suis pas certaine d’avoir déjà grande valeur à leurs yeux. » souffla-t-elle « Merci pour les vêtements de Serena, je lui rendrais… Tu sais, tu as raison, ta sœur à une très grande importance dans ma vie, mais soit certain que je ferais tout pour la protéger, toujours. Ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose, non ? Deux paires d’yeux valent mieux qu’une, non ? »

La noiraude l’avait regardé se lever, sans chercher à la retenir, sans avoir de gestes tendres ou moins tendres, la nuit n’avait pas été particulièrement réparatrice, elle aurait apprécié dormir davantage, peut-être même passer toute une matinée lâchement dans ce lit qui ne lui appartenait pas. Le temps d’une soirée, la hache de guerre avait été enterrée et elle ignorait s’il allait en être de même maintenant. Seule dans la chambre, son regard était fixé un moment sur la porte, avant de détailler Roland qui venait de refaire son apparition avec le pantalon et la chemise, elle le remercia dans un sourire, avant d’opiner à son absence, du moins la raison de sa disparition. Sydonnie n’allait pas refuser une infusion, encore moins un petit je ne sais quoi à manger.

Difficilement, elle avait fini par se redresser, retirant ses vêtements pour s’octroyer une toilette minutieuse autour du récipient d’eau, sa peau marquée par les coups, par les sanctions, par les blessures avaient fini par se retrouver aussi pâle qu’habituellement, sa chevelure fut humidifiée, brossée, puis légèrement remontée en laissant volontairement une multitude de mèches rebelles et un peu ondulées. Enfilant le pantalon, elle s’autorisa néanmoins un autre choix plutôt singulier, s’autorisant à ouvrir l’armoire de Roland pour extirper une chemise afin de l’enfiler, refermant ensuite chaque bouton un à un. Passant ses bottes, elle avait fini par ouvrir la porte, écoutant si l’héritier s’en sortait, elle avait fini par descendre petit à petit les marches jusqu’à le rejoindre dans ‘la cuisine’. La demeure semblait encore endormie, ce qui n’était pas pour déplaire à la noiraude. Passant son visage dans l’ouverture de la porte, elle le détailla un long moment s’appliquer à réaliser un petit encas rapide.


- « Tu t’en sors ? » elle l’avait rejoint en quelque pas « Qu’est-ce que tu nous a préparé de bon ? » questionna-t-elle avant de s’appuyer contre un meuble « Roland ? Je voudrais… Qu’on discute toi et moi si tu veux bien ? »

Sydonnie était un peu hésitante, un peu perdue, son cœur c’était pincé, elle avait l’impression d’avoir réellement mal agi avec lui, d’autant plus maintenant qu’il lui était venu en aide, qu’il ne l’avait pas rejeté. Et maintenant ? Croisant les bras sous sa poitrine, elle cherchait à trouver un peu de courage.

- « Écoute, je voudrais que tu me laisses une seconde chance, je voudrais faire comme tu l’avais proposé initialement, faire connaissance… Et si nous ne nous correspondons définitivement pas, alors, chacun retrouvera ses habitudes et si cela t’arrange je prendrais la responsabilité de cet échec. » elle se pinça les lèvres, jouant cartes sur table « Je ne suis pas une femme noble irréprochable, je suis milicienne, j’ai un caractère… Enfin, tu as pu avoir un exemple… Mais, je ne suis pas un monstre Roland… Je suis loyale et fidèle à notre duc, je n’ai qu’une parole… Je suis honnête, peut-être plus avec les autres qu’avec moi-même. »

Un silence, léger furtif, avant qu’elle ne reprenne :

- « Je ne te demande pas une réponse immédiatement… Prends le temps d’y réfléchir. Je voudrais néanmoins encore abuser un peu de ta gentillesse. » elle sembla hésitante, avant de rajouter « Raoul avait une fille, il l’élevait seul jusqu’à présent, certainement issue d’une de ses multiples conquêtes… Enfin, je voudrais lui rendre visite. » elle se pinça les lèvres encore « Tu peux refuser tu sais, je suis convaincu que ton titre d’octroie bon nombre de responsabilité, si tu ne peux pas, je partirais simplement après notre petit encas du matin… »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptyMer 20 Fév 2019 - 18:13
Lorsque Sydonnie se réveilla, Roland avait déjà commencé à dire quelques mots. La brune lui avait collé un doigt sur les lèvres, comme lui l’avait aussi quelques temps avant. Elle était donc un peu grognon le matin au réveil, il trouvait cela totalement charmant. Il l’observa passer la main dans ses cheveux, se frotter les yeux. Et il ne put s’empêcher de la trouver jolie, finalement. Même si elle avait du sang séché sur les cheveux et sur les vêtements. Elle dégageait un charme naturel, une aura puissante, c’était indéniable. Mais ce caractère, ce fichu caractère. Mais elle parlait enfin, lui promettant de toujours veiller sur Serena. Sa sœur, elle qui était comme la prunelle de ses yeux, il lui sourit en retour, signe qu’il lui faisait confiance sur ce point. Même si la nouvelle de leur pacte de sang avait été si difficile à digérer, après les explications de l’une et de l’autre. Il comprenait, pas tout à fait, mais il essayait.

- « Je comprends que tes intentions envers Serena sont louables. Votre amitié spéciale, je ne la remettrai dorénavant plus en doute. Je ne veux plus qu’elle souffre, je veux la protéger. Et je pense que sur ce point, nous nous rejoignons en effet. »

L’héritier avait déposé les vêtements à Sydonnie. Il quittait à présent la pièce pour rejoindre les cuisines. Elle avait grand besoin de boire et de manger quelque chose de sain. Ses derniers évènements semblaient avoir été plus qu’éprouvant. Un peu de sommeil lui avait sûrement fait du bien, même si ce la n’était pas assez. Elle avait souffert, mais si la milicienne en avait certainement vu d’autres et en verrait peut être encore. Jamais Roland n’avait vu une femme de son entourage dans un si piteux état. Bien qu’elle l’ait incroyablement vexé, énervé, déçu. Il s’était occupé d’elle la soirée dernière et la nuit, et encore ce matin. C’était plus fort que lui. Au fond, il ne voulait pas de mal aux gens, même ceux qui le décevaient. Elle avait peut être ces raisons ce soir-là, comme elle l’avait expliqué. Elle s’était excusée, s’était justifiée. Il n’était pas si rancunier, il pourrait lui pardonner. Cette nuit avait peut être tout changer, seul l’avenir le dira.

Le noble, ne souhaitant réveiller personne et désireux de garder secret, si cela était possible, le fait que Sydonnie ait dormi avec lui cette nuit, s’en alla préparer un petit en-cas pour la brune. Il avait mis de l’eau à chauffer, avait préparé du pain et quelques fruits. Elle choisirait bien ce qu’elle veut. Il y avait des coings, des pommes, des prunes. L’eau était presque chaude, il s’apprêtait à y ajouter des baies de sureau et du tilleul. Il espérait que cela soit à son goût. Ce fut alors que son attention fut troublé par le bruit de la porte. La sergent fit son apparition dans entrebâillement, elle était propre, vêtue du pantalon de Serena, mais pas de sa chemise. Elle s’était permise d’en prendre une appartenant au Comte, dans une de ses armoires. Ce fait lui plut, même s’il ne le montra pas tout de suite. Il était assez surpris, mais agréablement. Il disposa la nourriture et l’infusion sur la table, l’invita à prendre une chaise pour se sustenter. Il se tourna face à elle.

- « Jolie chemise. »

Il lui adresse un sourire franc et sincère cette fois.

- « Prends ce que tu veux en fruits, il y a du pain. L’infusion est à base de baies de sureau et de tilleul, tu me diras si cela te convient. »

Lui, croqua simplement dans une pomme. Il n’avait pas pour habitude de prendre de petit déjeuner.
Mademoiselle d’Algrange voulait discuter, le blond lui fit signe de poursuivre, se demandant bien ce qu’elle allait lui dire de bon matin. Ce qu’elle lui dit le surpris une nouvelle fois, elle se remettait finalement en question, était désireuse de faire connaissance et même de peut être aller plus loin.

- « Tu n’auras pas à prendre toute la responsabilité sur ton dos en cas d’échec. Même si j’avoue bien le cacher, je suis loin d’être parfait aussi. »

Il la taquina une nouvelle fois. C’était bon d’entendre les paroles de la milicienne. L’ambiance était meilleure soudainement, plus détendue. Au moins, ils jouaient cartes sur table, misant sur l’honnêteté, la sincérité. Celui lui plaisait.

- « Je veux bien prendre un peu le temps de la réflexion. Au moins, à présent je sais à quoi m’attendre, en retenant que le positif de notre précédente situation. »

Il prit sa main un instant, comme pour la rassurer. Lui faire comprendre qu’il n’avait pas encore bien digéré leur altercation, mais que la porte n’était pas fermée pour autant. Tous deux semblaient à présent plus ouverts, aptes finalement à accepter leurs fiançailles forcées. Enfin, rien n’était joué.

- « Je ne doute pas de tes qualités, j’apprendrai à les connaître, une à une, avec le temps. Ne nous pressons pas, laissons le temps accomplir son œuvre et voyons si le destin décide de nous rapprocher, chère Sydonnie. »

Elle avait une autre demande à lui faire, suite à ces belles paroles. Elle lui apprenait l’existence d’une fille, celle de son sergent décédé. Elle voulait lui rendre visite. Peut être n’était elle pas encore au courant et que Sydonnie va devoir lui apprendre la nouvelle. Il imagine la peur et la tristesse de cet enfant, apprenant qu’elle était seule à présent, sans plus aucune famille. Si la sergente lui faisait la demande, il ne pouvait la refuser. Elle avait besoin de lui, après les douces paroles qu’elle avait eu à son égard, il ne pouvait qu’accepter, l’accompagner dans cette épreuve.

- « Bien entendu Sydonnie, tu peux compter sur moi, je t’accompagnerai. »

Il la laissa terminer de manger et enchaîna avec quelques questions quant à cette visite.

- « Quel âge a-t-elle ? Elle vit à Marbrume ? »

Si la réponse était l’extérieur, cela ne le dérangerait pas pour autant. Il était sorti il y a peu, il pourrait recommencer. D’ailleurs, il préférait être à ses côtés si tel était le cas, vu son état encore faible.

- « Je vais me changer aussi, si cela ne te dérange pas. Puis nous partirons. »

Sydonnie était libre de l’attendre ici, d’aller vers le hall d’entrée, dans les jardins, où bon elle voulait. Roland se dépêcha de retourner dans sa chambre, afin de faire un petit brin de toilette rapide, enfiler de nouveaux vêtements, quelque chose de plus chaud pour sortir. Fin prêt, il rejoignit sa promise.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptyJeu 21 Fév 2019 - 18:17

Installée dans l’ouverture de la porte, la milicienne détaillait sagement l’héritier, sans réellement savoir quoi dire, ou quoi faire. La noiraude avait besoin de parler, de s’exprimer, oui, elle ressentait cette culpabilité vis-à-vis de son comportement passé, néanmoins celle-ci était mélangée à sa culpabilité liée à la perte de son sergent. Elle était responsable, sa rancœur lui avait été fatale, mais lui aussi était coupable, lui qui l’avait trahi, lui qui avait trahi le Duc. Ses deux prunelles bleutées observaient sagement la silhouette masculine, détaillant Roland se concentrer dans sa préparation, des fruits, de l’eau chaude, rien d’exceptionnel, mais néanmoins l’intention la touchait. D’un geste de la main, après avoir tout déposé sur la table, il l’avait invité à venir s’installer, D’Algrange n’avait pas beaucoup hésité avant de venir déposer ses fesses sur une chaise. Récupérer une tasse d’eau chaude, non pas sans un certain plaisir bien visible. Les infusions étaient quelques choses qu’elle appréciait réellement, sans se forcer, une petite chose simple de la vie, mais parfaitement convenable. À sa remarque au sujet de la chemise, elle étira de manière plus large ses lèvres, dévoilant un semblant de dentition visiblement en bon état.

- « Je suis contente qu’elle te plaise, je ne sais pas à qui elle appartient, mais hormis la taille, je me trouve qu’elle me va parfaitement bien, certainement mieux qu’à son propriétaire initial. » Humant la vapeur qui se dégageait de la tasse, elle avait ajouté simplement « JL’infusion, c’est parfait, cela me suffit largement, je ne mange jamais beaucoup le matin. »

Pour autant, sa main droite était venue récupérer une pomme, simplement pour jouer avec du bout de doigt, pour distraire sa pensée, ou pour clarifier son ordre de paroles. Honnête, mais un brin maladroit, le regard peut-être pas forcément intense, Sydonnie avait fini par admettre avoir besoin de parler, de communiquer. En temps normal, elle n’use pas de ce type de phrase qu’elle n’appréciait pas, néanmoins à ce moment précis elle était incapable de ne pas la formuler. Exposant les faits, avec cette voix habituelle, d’Algrange n’était pas certaine elle-même de ce qu’elle voulait, faire connaissance ? Discuter, se revoir ? Elle n’en savait rien, c’était une façon pour elle de se faire pardonner certainement, parce qu’elle ne se sentait pas capable d’aimer une nouvelle fois, de faire confiance, d’être déçu encore ou simplement lâchement abandonnée.

- « JAinsi l’héritier Rivefière n’est pas parfait ? En voilà une drôle de surprise. » taquina-t-elle gentiment en approchant la pomme de ses lèvres pour croquer dedans.

Silencieuse, elle fut surprise de sentir sa main contre la sienne, surprise de l’entendre dire qu’il allait prendre le temps d’y réfléchir. Roland n’avait pas l’air rancunier, pour autant, la situation restait complexe, même encore maintenant et la désormais sergente ne se voyait pas avoir le courage de poursuivre dans cette direction vis-à-vis de la conversation. Se pinçant les lèvres, elle avait fini par retirer sa main après plusieurs longues secondes, prétextant le besoin d’évaluer une gorgée de l’infusion encore chaude.

- « JLaissons faire le temps oui, puisse la Trinité nous guider dans notre… questionnement. »

C’est tout ce qui lui avait semblé juste de répondre, alors que ses yeux observaient pacifiquement celui avec qui elle discutait. La femme d’armes devait néanmoins se faire violence pour être aussi conciliante, aussi agréable, pour accepter l’idée que oui, il avait accepté sans réfléchir ce mariage, que oui, il ne la connaissait pas et qu’il serait sans aucun doute toujours contre son travail. Pour autant, le comportement qu’il avait eu avec elle la nuit dernière ne pouvait pas être ignoré, était-il plus important que tout le reste dans le fond. Les dialogues avaient fini par s’enchaîner et l’évocation de la fille de Raoul avait fini par arriver sur le tapis, Sydonnie avait besoin d’aller la voir, sans vraiment savoir pourquoi ou même quoi dire. Elle était responsable de la mort de son père, que pouvait-elle lui dire de plus ou d’autre ? Le fait qu’il accepte l’a toucha plus qu’elle ne le démontra. Ses lèvres trempèrent une nouvelle fois dans le liquide chaud, alors que la pomme finissait dans son estomac.

- « JElle doit avoir dix-sept ans maintenant, honnêtement je ne sais pas, Raoul n’en parlait pas beaucoup. » elle se pinça les lèvres « JRaoul vivait dans le quartier de la hanse, je suppose que sa maison n’a pas dû s’envoler dans la nuit. » elle opina simplement avant de se lever «J Je vais ranger un peu, et je te retrouve dehors. »

D’Algrange, l’avait laissé s’éloigner sans chercher à le retenir ou à prolonger la conversation. C’était étrange après tout, cette situation. L’un comme l’autre faisait comme-ci ils ne venaient pas de passer la nuit ensemble, comme si elle n’avait pas débarqué hier soir recouverte de sang, comme si il y a quelques semaines en arrière elle ne l’avait pas menacé avec cette rage immense au fond du cœur. Récupérant la vaisselle, elle avait rempli une bassine d’eau pour la faire, ranger les fruits, chercher les endroits ou ranger le tout avant de passer un petit coup sur la table. La femme d’armes appréciait le rangement, autant qu’elle aimait contrôler les événements, sa vie. Ceci fait, la noiraude avait pris la direction de l’extérieur, le devant de la bâtisse ou se trouvait certainement quelques plantations, elle était hésitante, n’était plus vraiment convaincue que le fait que Roland l’accompagne soit une merveilleuse idée. Après un petit temps à faire les cent pas, il avait fini par la rejoindre, sa tenue semblait un peu plus chaude et ce n’est qu’à ce constat le froid de l’extérieur sembla venir mordre sa peau. La sergente ne sembla guère s’en soucier, lui indiquant simplement d’un petit signe de tête le chemin à emprunter.

- « JJe t’accompagnerai au temple si tu veux, je crois me souvenir que tu t’occupes pas mal là bas en ce moment… » elle eut ce semblant de pose, d’hésitation, alors qu’Aaron et son comportement lui revenait à l’esprit «J Est-ce que tu y vas pour aider, ou simplement pour prier ? Même si je suis certaine que cela va te surprendre, j’ai un profond attachement envers la Trinité. »

C’était sincère, Sydonnie n’avait jamais cessé de prier, ou de faire des dons, elle avait toujours été présente, avant, pendant et après sa relation avec Aaron. Avait-elle-même toujours cette rancune contre sa propre personne vis-à-vis de son comportement stupide et cette relation improbable. Pour autant, le prêtre était resté dans ses contacts régulier, il était un homme intéressant, pouvait-il devenir un ami tout à fait respectable. Quittant l’esplanade, le duo tout aussi improbable avait fini par arriver dans des quartiers un peu moins fréquentés et fréquentables, avec l’augmentation de la population, même certaines ruelles de la hanse ne respiraient plus la sécurité ou encore un confort particulièrement prononcé. Passant une main discrètement jusqu’à sa blessure, la femme d’armes sembla grimacer, ou être traversée par une douleur légère. Son corps semblant réagir avec un léger retard vis-à-vis de tous les chocs qu’il avait enduré les jours d’avant.

- « JC’est là. »

Ses pas s’étaient stoppés devant une ancienne maison, la façade n’était pas particulièrement agréable à l’œil, la porte pas particulièrement entretenue, les volets étaient déjà ouverts, pourtant il n’était pas très tard dans la matinée.

- « JBon, allons-y » murmura-t-elle, avant de s’approcher jusqu’à la porte pour frapper.

Le temps d’attente fut plutôt long, peut-être un peu trop et quand enfin elle avait fini par s’ouvrir, c’était pour dévoiler une jeune femme autour des 17 ans, les yeux fatigués et certainement déformés par la rougeur et les cernes, une longue chevelure brune en cascade, des vêtements en mauvais état. La jeune fille détailla un long moment d’Algrange, avant de venir se jeter dans ses bras, la serrant avec force au niveau des côtes sans que la femme d’armes ne démontre aucune douleur.

- « Il est mort… »
- « JJe sais. »
- « Qu’est-ce que je vais devenir ? Je vais devoir aller au temple… Je.. La maison ? Il faut payer le loyer… et… Il est mort… Je vais.. Je vais faire quoi ? »
- « JTu vas venir à la maison. »

La prise de décision venait de se faire, jusqu’à maintenant d’Algrange ne savait pas pourquoi elle avait eu ce besoin de venir, maintenant elle savait.

- « JJe vais assumer tes dépenses, tu vas reprendre l’entreprise de ma famille, je te formerai. Rassemble tes affaires, je repasse te chercher ce soir après ma journée, c’est d’accord ? »

La gamine resta un long moment sans réponse, se retirant des bras de la milicienne, pour venir s’engouffrer dans ceux de Roland, elle était larmoyante, le visage humide des perles salées. Elle ignorait qui il était, elle ne l’avait sans doute jamais vu, mais la jeune fille en avait déduit qu’il devait être un proche de la milicienne peut-être son mari ou son compagnon et elle se sentait de le remercier lui.

- « Merci, monsieur, merci madame d’Algrange. Je vous promets d’être discrète, je, je sais faire des choses… J’apprendrais, je ne vais pas vous poser de problème. »

Glissant une main discrètement sous sa chemise, Sydonnie semblait vérifier l’état de sa plaie. L’enlacement avait semblé créer quelques petites ouvertures à la blessure, sans gravité cependant. Après plusieurs minutes, elle avait fini par se dégager des bras de Roland, Sydonnie n’avait pas réellement fait attention s’il y avait eu un échange ou non entre les deux, s’était-elle enfermée dans ses pensées et dans les conséquences de cette proposition faite sans réfléchir. La gamine avait fini par s’excuser à de multiples reprises, avant de disparaître pour certainement préparer ses affaires. Sydonnie resta un long moment sans bouger, détaillant la porte qui venait de se fermer, avant d’observer Roland. Elle se passa une main sur une tempe massant doucement.

- « JJe n’étais pas venue pour ça à la base… Je voulais juste voir comment elle allait… » souffla-t-elle en descendant les marches « Jje ne suis pas certaine de savoir gérer une adolescente en deuil » conclut-elle incertaine «J Tu as des conseils peut-être, parce que je pense que je vais en avoir besoin ? Je peux t’accompagner au temple si tu veux, je vais en profiter pour prier un peu… »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptyVen 22 Fév 2019 - 21:45
- « Je suis tout à fait d’accord, elle te va à ravir cette chemise, bien plus qu’à son propriétaire, c’est évident. »

Roland appréciait ce genre de discours léger, cela changeait. C’était rafraîchissant. Et signe que leur entente était bel et bien redevenue cordiale. Puis, si elle avait envie de prendre un vêtement lui appartenant, c’était peut être un signe également, qu’elle n’était plus si fermée à l’idée de partager du temps avec l’aîné Rivefière, et peut être se rapprocher.
L’infusion semblait lui plaire, c’était parfait. Elle prit aussi un fruit, une pomme. Roland observait ses doigts jouer avec le fruit, tandis qu’elle le taquina une nouvelle fois. Il lui répondit dans un sourire complice, c’était délicieux d’apprendre à connaître une personne. Ils se cherchaient, se taquinaient, n’étant en réalité forcés à rien, laissant les choses se faire. C’était plaisant. Roland savourait l’instant, il ne durerait peut être pas, il ne savait pas où cette histoire qui n’en était qu’à ses balbutiements, allaient l’emporter. Mais il voulait bien l’accueillir les bras ouverts, faisant confiance aux Dieux et à leurs desseins.

Lorsque le noble avait répondu à la demande de Sydonnie, il avait attrapé sa main, pour la rassurer, lui faire comprendre que malgré ce qui c’était passé, il ne s’était pas complètement refermé à elle. Il fallait du temps, c’était certain. La brune sembla se trouver mal à l’aise avec ce geste, elle retira sa main et insista sur la question du temps. Roland n’avait pas voulu être déplacé, ce n’était pas son genre. Mais il comprenait la méfiance de la milicienne. Elle n’avait certainement pas eu que de bonnes relations avec les hommes. De par son métier, la vie en général, toutes ces épreuves, comme celle du jour précédent. C’était une femme difficile à apprivoiser, à déchiffrer. Il fallait réellement que l’héritier se montre patient, compréhensif. Il n’était pas toujours très patient, encore moins maintenant. Il s’emportait plus facilement, avait du mal à tolérer certaines choses. Mais il allait s’y forcer avec la jolie brune. Elle semblait apte elle aussi à faire des efforts. Simplement, ne pas brusquer les choses, rester présent, mais sans trop en faire. Et attendre, voir comment les choses évolueront. Mais il ne pourrait pas l’attendre indéfiniment. Si la désormais sergente lui faisait comprendre directement ou indirectement que ses efforts semblaient vains, il n’insisterait pas.

Leur histoire et les explications sur celle-ci furent mise de côté ensuite. Sydonnie lui apporta quelques précisions sur la fille de son ancien sergent. Elle était vraisemblablement âgée de dix-sept ans et elle vit dans le quartier de la Hanse. Ils y seraient donc vite rendus. Roland ne savait pas vraiment à quoi s’en tenir en allant là bas, il verrait bien. Il avait accepté de l’accompagner, alors il la suivrait dans cette petite aventure.
Il avisa donc la dame d’Algrange de son désir d’aller se changer avant leur départ. Ayant porté et soigné la milicienne, il avait lui aussi ses vêtements tâchés par le sang. Ce n’était rien, mais pour l’extérieur il était plus sage qu’une personne de son rang se montre présentable. Surtout qu’ils allaient rendre visite à une jeune fille, dont le père était décédé très récemment, autant ne pas l’effrayer davantage.
Il fit donc une rapide toilette, enfila des vêtements un brin plus élégants, tout en gardant une certaine sobriété, puis rejoignit Sydonnie. Cette dernière avait dit qu’elle allait ranger la cuisine avant de sortir. Il avait envie de lui dire que cela n’était pas nécessaire, que la petite dame qu’elle avait effrayée la veille était payée pour le faire. Mais il jugea bon de s’en abstenir. Il ne voulait pas qu’elle interprète ses propos de manière prétentieuse.
Quoiqu’il en soit, le nouveau duo s’apprêtait à se mettre en marche en direction de la maison du défunt Raoul. Roland avait emporté une petite cape noire, qu’il posa sur les épaules de la jeune femme. Il faisait bien frais ce jour, vu qu’ils allaient être en extérieur, il s’autorisa ce geste envers elle. Libre à elle de l’enlever si elle n’appréciait pas.

Elle lui indiqua ensuite la direction puis lui proposa d’aller ensuite, ensemble au temple. L’idée était intéressante. Roland était très croyant et pratiquant. Se rendre au temple, prier et aider les fidèles, prêtres, apporter son aide, son savoir, son temps. C’était très important pour le noble. Il répondit donc à ses demandes, tout naturellement.

- « Nous pourrons nous rendre ensemble au temple oui, avec joie. J’y suis presque tous les jours, du moins lorsque je n’ai pas d’autres obligations. Je prie quotidiennement. Et depuis peu j’apporte mon aide aux prêtres oui.
J’ai rencontré la père Aaron Clay récemment, je ne sais pas si tu le connais. Il m’a proposé des travaux de copiste et de précepteur. J’apprécie ces activités, j’apporte ce que je peux à ceux qui en ont besoin et j’en ressors grandis à chaque fois. Ils m’apportent autant que ce que je peux leur apporter. »


Elle lui confia aussi sa fidélité profonde envers les Trois, Roland n’en fut que ravi de l’apprendre. Il était important et primordial de croire en la Trinité, mais une dévotion sincère et loyale pouvaient être rare chez les personnes de leur rang.

- « Cela nous fait une chose en commun alors, sans ma foi, je ne saurais peut être pas l’homme que je suis, la Trinité fait partie inhérente de moi. Tu as toujours été si ancrée dans la religion, ou tu t’en es rapprochée depuis le fléau ? »

Bon nombre de personnes, croyant mais sans plus d’attachement que cela, s’étaient rapprochés du temple en ces temps troubles. D’autres, en revanche, se détournaient un peu, pensant que les Dieux se liguaient contre l’humanité, leur envoyant ces bêtes immondes ravager leur être et leur âme. La foi de Roland en était que plus forte. Aucun sombre tableau n’avait réussi encore à éteindre cette lumière qui continuait de le guider. Bien que, malgré tout, il n’était qu’un homme. Il péchait et se morfondait, comme un homme.

Le sang-bleu vit ensuite celle qu’il accompagnait grimacer, elle avait passé sa main en dessous ses vêtements, peut être pour toucher et sentir sa blessure. Celle-ci devait être douloureuse, forcément. Se rappelant dans le triste état qu’arborait la milicienne lorsqu’il la retrouva, hier, dans le hall d’entrée de sa demeure, il voulut lui demander si elle allait bien, si elle souhaitait continuer. Mais Sydonnie annonça qu’ils étaient déjà arrivés à destination. Il allait la surveiller, elle n’était pas en état de trop forcer, avec les dures épreuves qu’elle semblait avoir vécues, il fallait qu’elle se ménage, vraiment.
Ils s’approchèrent de la porte d’entrée, la sergente frappa. Ils n’eurent pas de réponse immédiate, Roland la scruta, passa sa main brièvement dans son dos pour lui redonner du courage. Dans ces moments, où le doute cohabite avec la crainte, il n’y avait pas grand-chose à faire, attendre. Attendre que cette porte s’ouvre, rassurant les protagonistes de la présence en chair et en os de la jeune fille. Celle-ci se présenta enfin. Elle se rua sur Sydonnie, la serrant dans ses bras. Roland la salua poliment et lui présenta ses condoléances, restant en retrait durant leur échange. Il entendit que la brune aux yeux clairs lui proposait d’habiter avec elle, de quitter la maison. Les mots le surprirent, mais au fond il trouvait cela louable. Son sergent devait vraiment compter à ses yeux et elle se sentait peut être redevable envers lui. Au point prendre sa fille sous son aile, de l’aider, de la loger, de lui donner un emploi.
La jeune vint ensuite se jeter dans ses bras à lui, il fut un instant déconcerté, mais l’enlaça un instant en retour. Elle semblait perdue, désorientée. Il lui adressa quelques mots réconfortants. Lorsqu’elle disparut, allant rassembler ses affaires, se préparant pour le départ chez Sydonnie, Roland reporta alors son attention sur la sergente.

- « Je te rassure, je suis l’aîné de ma famille, je ne détiens cependant pas les secrets non plus pour gérer des adolescents, encore moins en deuil… C’est tellement délicat. Mais je pourrais t’aider à traverser cela, l’aider elle aussi. Ma propre expérience pourra peut être vous être utile. Tu n’as pas à gérer cela toute seule. Je serais là. »

Il lui lançait un regard sincère. Aider autrui a toujours été son credo, cela ne changerait pas. Sydonnie ne pouvait pas tout assumer seule, elle avait besoin d’aide.

- « C’est tout à ton honneur de lui offrir un toit et un emploi. D’ailleurs, qui gère ton entreprise en ce moment ? Ta famille était dans la dentelle, si je ne m’abuse ? »

Il n’était plus tout à fait certain que ce soit le cas, mais il était intéressé par le sujet. Roland ne connaissait pas l’état de son affaire familiale, par qui elle était gérée, si Sydonnie était impliquée de près ou de loin.
Le noble acquiesça à sa dernière demande, ils partirent donc tous deux en direction du temple. Après tous ces évènements, ces chocs émotionnels, cela ne pouvait que leur faire le plus grand bien. Prier, se ressourcer, revenir sur des bases saines. C’était tout à fait ce qui leur fallait.

Le temple n’était pas si loin de l’ancienne demeure de Raoul, ils y entrèrent rapidement. Il entreprit de se diriger vers les immenses statues, majestueuses et resplendissantes représentations des Trois. Il salua prêtres et fidèles qu’il croisa. A destination, devant la Trinité, il s’agenouilla humblement, commençant à prier. Il resta silencieux un moment, son cœur et son âme avaient besoin de ce silence, de faire le vide pour ne se consacrer qu’aux divinités.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland]   [Terminé] Un Rivefière peut en cacher un autre [Roland] EmptySam 23 Fév 2019 - 16:07


- « Le muet ? » rétorqua presque instinctivement la noiraude

Il ne pouvait pas avoir énormément de prêtres Aaron Clay, mais dans le doute, il était plus prudent de vérifier. Sydonnie aurait pu s’étouffer ou partir dans un fou rire nerveux, mais il n’en fut rien. La jeune femme était restée neutre, réajustant la longue cape sur ses épaules. L’attention lui avait tiré un sourire, d’Algrange n’était guère habitué à ce genre de petite attention. Mentir n’était pas une chose qu’elle appréciait réellement, aussi préférait-elle passer sous silence certaine information, sans pour autant inventer des éléments.

- « Je le connais, oui, c’était un proche il y a peu encore, c’est lui qui a réalisé notre pacte avec Serena. » Souffla-t-elle alors que le premier souvenir qui lui revenait à l’esprit était cette fameuse proposition « Lors de notre dernière rencontre toi et moi et de ma colère soudaine, tu as dû payer certaine de ses maladresses, je suppose » confirma-t-elle « Nous en parlerons une autre fois, si tu veux bien ? »

La sergente n’avait guère envie de parler d’Aaron, ni même de cacher des informations à Roland. L’honnêteté est une chose très importante à ses yeux, si elle souhaitait réellement essayer de lui donner sa confiance, de s’entendre avec lui, si elle faisait le choix de lui offrir une chance, alors elle se devait de ne pas lui mentir. Pour autant ne s’imaginait-elle pas au bout d’un jour lui annoncer le plus simplement du monde ‘oui, je suis sortie pendant une année avec un banni, il m’a quitté, je n’arrivais pas à m’en remettre alors j’ai eu des relations intimes avec un prêtre pour oublier qui m’a proposé d’avoir une relation à trois avec ta sœur’. Ça faisait un peu beaucoup, un peu trop certainement, même pour le grand et parfait Roland de Rivefière. La conversation avait finalement repris autour du temple, sans pour autant que le prêtre ne s’extirpe des pensées de la milicienne, le noble la questionnait autour de sa croyance, si elle avait été toujours très présente dans sa vie ou plutôt récente.

- « Un peu des deux, je pense… Tu dois t’en souvenir, mais mère et père n’arrivaient pas à avoir d’enfant et puis je suis finalement arrivée après de nombreuses années de prières. Mère a toujours été très excessive avec la Trinité, elle m’en a éloigné sans même s’en apercevoir… » elle était jeune certainement aussi « Comme j’ai toujours aimé provoquer mère, j’allais à contre sens de sa volonté… Ce n’est qu’une fois jeune femme que j’ai trouvé le réconfort dans notre culte. Je ne suis cependant pas la plus parfaite des fidèles, je suis une femme d’armes déjà. » elle s’était mise à rire doucement « J’ai 28 ans, je n’ai pas d’enfant ni de mari » un juste état de fait « Je crois que tu es le premier… » prétendant officiel qu’elle accepte ? elle n’ose pas le formuler, « Peu importe. Je vais néanmoins au temple chaque jour, j’offre des dons et j’essaie d’apporter mes quelques maigres connaissances sur la fange aux différents chercheurs. »

Les pas avaient fini par amené à destination et après avoir franchi les quelques marches, après avoir tambouriné à la porte, d’Algrange avait ressenti cette tension l’animer, cette angoisse la malmener. La jeune femme avait senti la main de Roland dans son dos et un léger petit soupir d’aise avait fui ses lèvres. Ce n’était pas si désagréable finalement d’avoir quelqu’un juste là, pour la supporter. La porte avait fini par s’ouvrir la gamine par venir se blottir dans les bras de l’un, puis de l’autre, avant de redisparaître, laissant les deux jeunes gens sur les marches de la demeure. Sydonnie était redescendue, lâchant un bref soupir, son idée lui semblait aussi surréaliste que d’admettre que Raoul était mort, véritablement mort et que jamais il ne reviendrait. Sa démarche lui semblait improbable, complètement, elle avec une enfant devenant femme à sa charge, une gamine qui venait de perdre son unique famille et dont d’Algrange était sans aucun doute la responsable de cette perte. Détaillant Roland, elle admettait à demi-mot que ce n’était pas une bonne idée, qu’elle ne savait guère y faire avec les enfants. Se massant l’arrière de la nuque, elle lui avait néanmoins offert un large sourire alors qu’il lui proposait d’être présent.

- « Ne te sens pas obligé… C’est ma responsabilité. Mais, si tu te sens de m’aider à apprivoiser une gamine… je… enfin, ça sera avec plaisir, mais fais-le que si tu as envie et non à cause d’une obligation quelconque. »

Offrant un sourire à ce regard compatissant et visiblement sincère, elle avait repris sa marche, empruntant la petite ruelle menant au temple. Le lieu de culte était le centre de la ville et même sans le vouloir, il y avait toujours de fortes chances de retomber sur son imposante bâtisse. Il lui parlait de son affaire familiale, de la gestion et la désormais gradé ne savait guère quoi lui répondre. N’avait-il pas conscience qu’elle était seule ? Toutes les tâches lui incombaient de ce fait.

- « C’est moi » souffla-t-elle « Je cherche une personne à former pour s’occuper du commerce, mais j’en reste la propriétaire. Pour le reste, je gère tout ce qui concerne ma famille et ses ressources, de loin ou de près. » elle roula les épaules « Ulysse est un brave homme, tu sais. J’ai de la chance qu’il me laisse entièrement autonome, un autre homme aurait pu en profiter pour prendre possession de ce que nous possédions. De toute façon, depuis la fange et l’entassement de Marbrume, chacun a déjà beaucoup à faire pour survivre. »

Elle fit un petit silence, ne sachant pas si sa propre réflexion serait bien perçue par le noble, néanmoins elle s’autorisa à ajouter.

- « Je pense que la noblesse va disparaître de toute façon et qu’il est très important de se trouver une utilité ou une source de revenues indépendante » petite pause « Regarde notre ville, le peuple, beaucoup survivent grâce à la clémence du Duc et le prêt de la demeure, parfois de quelques serviteurs… Mais la gentillesse du Duc va rencontrer des limites et tous ceux qui ne lui seront pas utiles finiront en dehors de l’esplanade, peut-être même de la ville. » elle se pinça les lèvres « On suspecte des mouvements de trahissons, une suspecte tellement de choses…Je pense que notre Duc fait ce qu’il peut, avec ce qu’il a…Marbrume à de la chance d’être encore debout, tellement d’autres sont tombés si vites. »

Même si jusqu’à présent, la jeune femme avait démontré un profond désintérêt pour la noblesse, cela ne l’empêchait pas de réfléchir à l’avenir, à l’évolution, à se protéger et faire en sorte de parfaitement bien s’en sortir. Contrairement à beaucoup, elle était noble, mais elle était surtout originaire de la ville, avait-elle encore pas mal de rentes, son commerce, des locations. Oui, elle était certes discrète, mais elle était pleine de ressources et d’influence possible, seuls son caractère de cochons, son agressivité, son choix de métier et cette invisibilité lui permettaient d’éviter toutes pressions vis-à-vis du mariage.

- « Tu me parleras un jour de vos problématiques Roland. Quand tu seras prêt, ma famille a toujours été proche de la vôtre, cela ne changera pas, mariage ou pas. Ne dit pas non tout de suite, prend juste le temps d’y réfléchir, un peu. »

Elle avait profité de la proximité du temple pour faire silence, mais aussi pour l’obliger à ne pas l’envoyer immédiatement sur les roses. Rentrant dans la grande bâtisse, elle avait tourné sur la gauche pour rejoindre la salle contenant les imposantes représentations des trois pour prier. À genoux devant Rikni, Sydonnie laissa ses pensées formuler ses secrets, ses demandes, mais aussi ses multitudes de promesses et de prière, elle n’était pas femme à réclamer quoi que ce soit, survivre lui semblait être un suffisamment grand présent pour le savourer pleinement. Ce fut ensuite au tour d’Anür, puis de Serus, certainement celui en qui elle se retrouvait le moins pour l’heure. La fatigue devait être lisible sur les traits de son visage, cette fragilité nouvelle qu’elle avait du mal à tolérer également. Comment allait-elle parvenir à s’en sortir avec une jeune fille à charge ? Comment allait-elle devoir se comporter avec Roland ? Un mariage était-il réellement dans ses projets, dans ses envies ? Ne lui parlait-il que d’arrangement ou de voir si le temps permettrait aux sentiments de s’amorcer ? Dans le fond, la noiraude était inquiète, mais aussi particulièrement perturbée par les derniers événements. Plus qu’elle ne le laissait voir, plus qu’elle l’imaginait elle-même.

Après un long moment de prière, de questionnement intérieur, elle avait fini par se redresser légèrement, dépoussiérant par réflexe les quelques poussières de son pantalon. Par réflexe, elle avait enfoui légèrement son nez dans le col de sa chemise, humant ainsi un peu cette odeur qu’elle ne connaissait pas vraiment. Silencieuse, elle avait fini par faire quelques pas vers la salle principale, laissant le noble terminer sans le déranger. A ce moment-là, elle aurait pu faire le choix de s’en aller, de le remercier et de ne plus jamais chercher à le revoir. Pourtant un murmure lui insufflait tout le contraire, était-ce certainement qu’égoïstement, la solitude de l’instant lui faisait peur. Pour autant, comme souvent, la noiraude n’avait rien laissé paraître, attendant que le noble revienne jusqu’à elle, pour reprendre la parole de sa voix presque calme, presque douce.

- « Je ne vais pas prendre davantage de ton temps, tu dois avoir beaucoup à faire. Merci pour ton aide Roland, je te suis réellement reconnaissante. Peut-être que tu pourras me montrer un jour à quoi ressemble ton quotidien, ce que tu fais ? Peut-être même pourrions-nous, nous entraîner ensemble une fois ? »

Elle avait semblé avoir encore des choses à dire, sans poursuivre, essayait-elle de lui proposer des nouvelles rencontres ou de faire durer un peu ce moment ? Peut-être. Il était néanmoins complexe d’affirmer qu’après tout ça, la relation entre eux serait plus agréable, plus douce. Roland avait pu voir de multiples facettes de la personnalité de d’Algrange, mais l’inverse n’était pas toujours juste. Le noble semblait être dans cette perpétuelle maîtrise de lui-même et il était difficile à la noiraude de visualisait ce qu’il aimait ou non, ce qu’il voulait ou ne voulait pas.

- « Je n’ai pas le droit de reprendre le travail tout de suite…. » finit-elle par admettre « Il paraît que je dois me reposer quelques jours avant de prendre mon nouveau grade… » cela ne semblait pas particulièrement lui plaire « Vais-je peut-être en profiter pour me rendre aux thermes, me détendre un peu…. Si jamais tu te sens un peu seul, je ne devrais pas trop bouger de chez moi…. Enfin, bon courage alors, pour….ta journée ? »

Puis ce fut cette hésitation, celle qu’on retrouve quand on ne sait pas réellement dans quel type de relation elle était ? Devait-elle lui serrer la main, s’amuser dans une révérence ? L’enlacer ? Devait-elle lui proposer de partager encore un peu de temps ensemble ou simplement se taire et tourner les talons ? La noiraude n’avait pas réellement bougé, détaillant de ses grands yeux bleus la silhouette qui se trouvait devant elle, cherchant à trouver des réponses, mais aussi des solutions. Et maintenant ?


[Je laisse pas mal d'ouverture, fin ou non du rp je te laisse le choix :) je repars à mon week end en amoureux ! Si besoin, tu me fais signes o/ si jamais tu décides de cloturer là, merci pour le rp ♥️]
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