Marbrume


Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

Partagez

 

 [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyLun 25 Fév 2019 - 19:20
Lundi 18 Mars 1166

Ce soir là voyait baguenauder un Bérard particulièrement enjoué. L'homme, fort de ses récents succès chez ces messieurs de l’Esplanade et d'ailleurs, jouissait de cet état de grâce qu'éprouvent ceux récemment payés et qu'on appelle plus communément la richesse. Elle ne serait, par nature, que transitoire et, comme d'habitude, trop courte. C'était néanmoins suffisant au bâtard pour que sa compagnie redevienne enviée - à vrai dire, tant qu'il paierait des tournées. Il faisait du reste fort adroitement cela depuis quelques heures désormais. Par particulièrement enjoué, on entend donc que ce soir là, Bérard était particulièrement saoul.

Lui et ses compères, les trois hommes d'armes ayant survécu avec sa ganache abâtardie au voyage de Vauremas jusqu'au Labret, puis encore, au séjour là-bas et au trajet vers Marbrume, buvaient donc copieusement. N'était-il pas de rigueur que tous trinquassent grâce au succès d'un seul, puisque compagnons d'infortunes, ils avaient tout partagé ? Jouissant désormais de bien, c'eût été vilénie que Bérard joue les pingres ; adonc, il arrosait ses potes. Tant qu'il aurait de l'argent, ses amis en aurait aussi - la pareille étant naturellement attendue, cela va de soi.

Le quatuor avait donc d'ors et déjà descendu quelques bouteilles, battu et rebattu cent fois les cartes, au bon plaisir du taulier de l'Ours blanc, où l'on faisait bombance ce soir là, quand parurent céans trois nouveaux venus. Dès l'entrée en scène des trois hommes, que leurs frimousses semblables désignait aisément comme une fratrie, des bruits fusèrent aussitôt. Voila qu'Aymon l'archer sifflait d'une manière perdue à mi chemin entre aguicheuse et méfiante. Quant aux deux frères Tallhardt, ils se mirent à frapper la table du poing en rythmant leurs coups de houhou, singeant le pas lourd de soudards. Bérard, quant à lui, se trouvait occupé à remplir péniblement les gobelets de chacun.

« Hé, là, hé! Noie donc au lieu de barre! Narre donc au lieu de boire! Hein! Narre, Bérard, comment tu l'as eu, le drôle!
- Tu sauras, l'arc-l'archer, tu sauras, mortecouille! répondit le chevalier d'une voix avinée, oui, donc, que d'une passe triple je lui mis une tripotée. Trois fois, héhé hé. Comme. Ça. Tchack! » Il mima un estoc d'une main, et leva son verre de l'autre. « Tchack! » Et à nouveau. « Tchack! » Rebelote. « Maintenant mes tout-beaux, après la passe triple, place à la pisse triple »

Se décollant péniblement à la table sous les rires de ses compaings, voila que Bérard titubait direction la porte de sortie avec la ferme intention de se vider dans la mer. C'était toutefois sans compter sur un des trois nouveaux venus qu'il percuta, sans le vouloir, mais non sans se courroucer alors. « Vois tu pas que je m'en vas faire offrande à Anür! » brailla l'ivrogne.


Dernière édition par Bérard d'Ergueil le Dim 21 Avr 2019 - 16:41, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyLun 4 Mar 2019 - 18:04
Rien ne distinguait cette soirée-là d'une autre. Si jadis, l'Ours blanc devait probablement accueillir nombres de voyageurs plus ou moins égaré, l'auberge n'abritait plus aujourd'hui que quelques habitués lui donnant ainsi des allures de taverne. Je notais ainsi la présence des habituels joueurs de dés, assis à une table ronde située dans un coin. Celle de quelques miliciens à la mine déconfite, si bien que je me demandais s'ils avaient terminé leur service ou s'ils se trouvaient là dans le but de tromper leur sergent pour ne pas avoir à faire leur ronde. Avec la disparition de l'armée, les vrais combattants se faisaient de plus en plus rares, si bien que la milice devait se contenter de recruter parmi les survivants affamés, capables de tout en échange d'un morceau de pain… Même de lambiner dans une auberge. Les temps étaient durs, pour tout le monde, Geneviève, elle-même, ne savait plus où donner de la tête avec cette nouvelle clientèle. Avant les marchands, les saltimbanques, aujourd'hui les soûlards et les pleutres.

Aussi, l'aubergiste se trouvait bien heureuse lorsque je restais pour lui prêter main forte. J'officiais ici en tant que serveuse, bien évidemment. Le genre direct et sans sourire, cela va de soi… Ce qui collait bien plus avec mon titre plus officieux de “nettoyeuse”. J'intervenais toutefois rarement, mais lorsqu'une situation débordait, je m'en allais aérer l'esprit de ces messieurs à l'esprit embrumé par l'essence des spiritueux… Surtout ceux qui se mettaient à confondre l'auberge avec un bordel. Personnellement, je n'avais guère de problème avec les hommes, mon regard suffisait généralement à tenir à l'écart les plus téméraires… Ma lame me préserverait des autres, s'ils venaient à être pris de courage.

Ainsi, je déambulais de table en table, prenant la commande des uns, servant les autres. Il m’arrivait également de remarquer quelques tricheries parmi les joueurs enivrés, mais j'aimais mieux faire comme si de rien n'était, juste histoire de préserver les lieux d'une quelconque bagarre et surtout de la casse qui venait avec. Geneviève n'avait certainement pas besoin de cela. Mais ce soir-là, tout se déroulait au mieux. Il y avait bien un groupe un peu plus bruyant que les autres, mais ne faisant de mal à personne, je les laissais faire… Jusqu'à ce que mes frères fassent leur entrée.

Autant dire qu’avec leur carrure imposante, les frangins ne passaient guère inaperçu, en particulier Ivaad et ses longs cheveux. Si les deux autres arboraient des visages sommes toutes assez commun, notre cadet semblait être au goût des demoiselles présente, ce qui l'amusait généralement. Néanmoins, puisqu’il venait de se faire bousculer par l'un des bruyant personnages décrit plus tôt, ce n'était pas un sourire qui barrait ses lèvres, mais bien une expression clairement provocatrice. Sans le savoir, le blond enviné venait de lui offrir une raison de chercher querelle, ce que je ne pouvais évidemment pas laisser faire.

-À Anür, dis-tu, railla le coq en lui offrant son regard le plus inquiétant.Dans ce cas, tu ne verras pas d'inconvénient à ce que j'offre tes dents à Rikni, n'est-ce pas ?

-Ivaad, prend sur toi, tu ne vois pas que ce bougre est totalement saoul ? Il ne doit même plus savoir comment pisser avec la couche qu'il se traîne.

-Kaël à raison, renchérit le benjamin du groupe. C'est aussi le bon moyen de t'attirer les foudres de Ryn… Alors souffle un bon coup, et paye nous une bière.

-Ce n'est pas une raison pour oublier les bonnes manières, à ce que je sache. Je vais lui faire cracher ses excuses à ce minable... affirma-t-il en faisant un pas en avant vers l'ivrogne comme s’il cherchait à l'écraser de son poids.

J'arrivais juste à ce moment-là, la main armée d'un plateau de bois. Ni une, ni deux, j'assenais un bon coup directement sur le haut de crâne de mon frère dans le but de détourner son attention sans pour autant lui faire mal.

-Pas de ça ici, tu le sais, grognais-je en le poussant légèrement pour me placer pile au milieu des deux. Vous êtes venus chercher un contrat, c'est bien ça ? La compagnie ne suffit donc pas à vous fournir de quoi vous mettre sous la dent ?

-Je t'avais prévenu,plaisanta l'archer en plaçant ses deux bras à l'arrière de son crâne.Bien vu p'tite sœur, y'a du boulot ?

-Peut-être bien, oui. Allez donc vous installer au comptoir, je vais tout vous expliquer, déclarais-je sobrement avant de me tourner vers le soûlard. Toi, vas donc faire ce que tu as à faire. Mais sache que je ne tolère pas le grabuge… La prochaine fois, je ne serais pas aussi conciliante, j'espère avoir été claire.

Peu encline à laisser une possibilité à la situation de dégénérer une fois encore, je poussais mes frères en direction du comptoir sans pour autant détourner mes yeux furibonds du blond sans manières…
Revenir en haut Aller en bas
Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyLun 4 Mar 2019 - 23:37
Son écart de parcours ne resta pas sans incidence puisque bientôt Bérard se trouvait entouré par trois reîtres aux allures peu commodes. En moins de temps qu'il n'en fallait pour dire ouf, voila que le grand blond se faisait apostropher par le plus hargneux des trois, celui-là même qu'il venait de percuter auparavant. L'homme avait la rancune tenace, puisqu'à l'inadvertance du chevalier il proposait d'ors et déjà des remontrances vertement admonestées ; c'était toutefois sans compter sur les deux autres ladres de l'improbable trio qui tâchèrent de tempérer ses ardeurs.

Finalement, ce ne fut ni le plus vieux ni le plus jeune de la bande qui calma leur troisième compère, mais bien la serveuse du troquet elle même au moyen d'un taquet sévèrement asséné. Décidément, le personnel semblait à l'image de la clientèle, à l'Ours blanc, se figura le bâtard d'Ergueil tandis que la fille, pas moins vindicative que les autres, lui rebattait les oreilles de mises en garde, à lui que le hasard seul avait fait bousculer un inconnu. Tu parles d'un crime! Haussant les épaules, Bérard s'écarta en ricanant du groupe pour gagner les quais.

L'air frais lui fouetta les sang et le dégrisa quelque peu, suffisamment pour se repasser en tête les évènements qui venaient de se dérouler, mais pas assez pour qu'il ne dessoule complètement. « Anür! gueula-t-il en sortant son sexe. J’honore ta demeure! » Un long filet vint s'épancher dans la mer en écho à cette singulière dédicace, arrachant aux flots force glouglous.

Plus tard, c'est dessein en tête que Bérard regagnait l'Ours polaire, où faisant la sourde oreille aux appels de ses amis il regagna derechef le comptoir. Sans trop s'approcher du trio qui lui avait tantôt cherché des noises, il héla alors la femme dont il se méfiait désormais des coups de planchette. « Hé, toi, la furie! lança-t-il haut et fort. Qu'est-ce que c'est donc que cette besogne dont tu jactais ? »
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyJeu 7 Mar 2019 - 20:01
Arrivée au comptoir, j'abandonnais mes frères côté clientèle pour prendre place derrière celui-ci. Inutile de prendre leur commande, aucun d'eux n'aimait changer leurs habitudes et demandaient toujours la même chose. De l'hydromel pour Kaël qui voulait toujours garder les idées claires. Une coupe d'hypocras pour Elwin affectionnant la touche légèrement sucrée et épicée du breuvage, tandis qu'Ivaad préférait l'amertume de la bière. Tout en les servant, je ne pus m'empêcher de penser que toutes ces boissons leur ressemblait de manière étonnante, comme si toutes ses saveurs correspondaient aux traits de leur personnalité. Mon père aussi aimait la bière, la choisissant foncée, trouble, épaisse et particulièrement forte en goût et en caractère… À son image, en somme.

Je ne prêtais aucune attention à la conversation de mes frères, sachant très bien de quoi ils parlaient… La rancune d'Ivaad était bien trop tenace pour être aussi facilement oubliée, aussi, continuait-il à pester entre ses dents tandis que les deux autres essayaient tant bien que mal de le calmer. Pour ma part, je me contentais de remplir chopes et coupe avant de les poser devant eux et de changer de conversation.

-Êtes-vous sûr que le Capitaine ne vous arrachera pas les yeux si vous prenez un contrat en dehors de la compagnie? leur demandais-je en prenant appuie sur mes coudes.

-On prête nos armes aux lames, mais je ne vois pas pourquoi on devrait rester sans rien faire lorsqu'il n'y a pas de boulot.

-Si on explique au vieux que le chien fou est intenable, je ne pense pas qu'il y verra un inconvénient, déclara le plus jeune avant de boire une gorgée de sa boisson.

-Allez p'tite soeur, dis nous ce que tu as.

-Pas grand-chose, c'est plutôt calme ici, rien à voir avec ce à quoi nous étions habitués. Pas d'armée à renforcer, pas d'escorte vers le Labret, juste...

“La furie”... Décidément, cet homme faisait tout pour m'être antipathique. Le voilà à peine revenu que déjà le soûlard décida de nous rejoindre au comptoir pour...Pourquoi au juste ? Par curiosité ? Par frustration de ne pas avoir réussi à envenimer assez la chose pour avoir le privilège de ramasser ses dents sur le plancher de l'auberge ? Si Ivaad se leva en l'entendant m’apostropher de la sorte, me coupant dans ma phrase, moi, je me contentais de le dévisager en lui offrant un regard dur.

-C'est à croire que cet homme est sourd ou inconscient ! gronda le cadet en serrant les dents.

-Il suffit, Ivaad, siffla l'aîné en le poussant à reprendre place sur sa chaise.Laisse-là faire, ce n'est plus une enfant et tu n'es pas concerné.

-Je parie qu'on va rire...

Soucieuse de voir la situation dégénérer une fois encore, je pris place face au blond. Sortant la dague planquée dans ma botte, je le défiais du regard avant de la planter dans le bois du comptoir.

-En quoi ça t'intéresse blondinet ?grognais-je.Apparemment, tu sembles avoir des soucis avec les manières et la politesse, je te laisse donc une chance de mieux faire.

Je n'étais pas aveugle, loin de là. Sa carrure laissait à penser que l'homme savait se battre. Même saoul, l'on ne pouvait que constater sa posture commune à tous les combattants entraînés durant des années. Sans parler des balafres qu’arborait son visage aux traits plutôt grossier. Je les voyais bien à présent, à cette bien faible distance. Cet homme-là n'avait donc rien à voir avec les guerriers arrivistes qu'il m’arrivait de croiser, comme ces pleutres de miliciens installés à la table du fond et qui n'avaient toujours pas bougé d'un pouce.

Néanmoins, malgré toutes ces constatations, je me fichais éperdument que sa carrure soit bien plus impressionnante que la mienne. Je détestais sa manière de me parler ou même de me regarder, quand bien même tout cela soit probablement dû à l'alcool. En étant femme, je devais faire avec les attitudes grossières de ces messieurs, bien que ce ne soit pas une chose que je supporte tout particulièrement… Sur mon territoire plus encore qu’ailleurs.

-Commence donc par te présenter, l'invitais-je en récupérant ma dague avant de la faire tournoyer dans ma main.
Revenir en haut Aller en bas
Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyVen 8 Mar 2019 - 11:21
Son intervention, quoiqu'il eût fait attention de la destiner qu'à la serveuse et non aux trois nouveaux venus, eut l'effet de tourner de nouveaux ceux-ci vers Bérard. Comme tout à l'heure, ce fut le plus grande gueule des trois qui se manifesta, se dressant de toute sa hauteur avant d'être tempéré par ses compères. Le grand blond surveillait ce drôle d'un œil torve, certain qu'un jour ou l'autre il aurait maille à partir avec ce grand dépendeur d'andouilles. Cependant tous se tranquillisèrent pour céder le pas à la fille derrière le comptoir.

À n'en pas douter, ces quatre là étaient acoquinés ensemble. Cela faisait plusieurs heures que Bérard et les siens trinquaient céans et avaient copieusement fait les affaires du taulier, pourtant v'la-t'y pas que ces trois croquant déboulent, pour que leur drôle de complice fraye avec eux et menace celui qui s'était jusque là montré le client du mois. Voila maintenant que la drôlesse dégainait son coutelas en réponse à une simple question, sans manquer de lui faire une leçon de politesse. C'était pas la contradiction qui l'étouffait, cette truffe.

« La voila, ma politesse. » Lâcha un Bérard rendu mauvais par le service exécrable. Il trifouilla dans son aumônière pour en sortir quelques piécettes de bronze. Peu lui importaient désormais la besogne dont la drôlesse avait fait allusion ; avec cette entêtement né de l'ivresse, le grand blond venait de se mettre dans l'idée de faire payer au centuple son arrogance à la serveuse, puis s'il le fallait aussi à ses truands d'amis. « Portes nous donc à boire, lança-t-il en même temps que quatre sous, pis tu laveras bien les verres, les autres goûtaient le savon. J'aime bien la mousse, mais quand même... »

Faisant volte face, le grand blond regagna ses compaings, dont il n'avisa que maintenant les regards tendus. Hésitant s'ils devaient intervenir ou non, Aymon et les frères Tallhardt s'étaient tenus aux aguets depuis leur table, la main au côté, n'attendant qu'un prétexte pour bondir aider leur quatrième compère.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyDim 10 Mar 2019 - 12:27
Père disait toujours que pour cerner les gens, mieux valait se montrer intraitable et surtout, ne jamais montrer ne serait-ce qu'une once de faiblesse. Et même si je savais que les conseils de Rodrick n'étaient pas toujours des plus sages, j'avais été façonnée ainsi… Dans le bois et dans l'acier. Aussi, agir autrement m'était totalement impossible, on ne chasse pas aussi facilement les vieilles habitudes… Même si en prenant cette place derrière le comptoir, j'aurai dû me montrer plus joviale et souriante, à l'image des autres serveuses que comptait l'auberge. Je faisais bien évidemment l'effort, avec les autres, mais face à cet homme-là, c'était bien trop me demander...

Je me trouvais donc face à un ivrogne arrogant et méprisant au possible. Sa réaction, en réponse à la mienne, n’avait strictement rien d'étonnant, j'étais même habituée à ce genre de comportement. Les hommes n'aimaient guère voir les femmes leur tenir tête, il en allait de leur fierté de mâle. Bien stupide fierté, purement déplacée, qui avait le don de me faire enrager. Néanmoins, ce n'était toujours pas, ni le lieu, ni le moment de réagir peut-être un peu trop brutalement. Au lieu de quoi, je me contentais d'observer les misérables piécettes rouler sur le comptoir avant de relever les yeux vers le soûlard bien trop condescendant à mon goût. Point de mots pour ma part, un simple rictus étira mes lèvres tandis que je haussais un sourcil chargé de mépris.

Pas de mousse donc ? Point de problème… Je connaissais d’ailleurs un très bon moyen de remédier à ce petit souci. J'attrapais donc une chope, parfaitement propre pour l'observer avec attention avec la ferme intention de cracher allègrement à l’intérieur. De quoi éliminer toute apparition de mousse, évidemment, mais surtout se trouvait là un bon moyen d'apaiser ma colère toujours plus grandissante. Du moins, c'est ce que je croyais...

-Eryn... m'interpela une voix tandis qu'une main fanée vint se poser sur la mienne. Laisse-moi m'occuper d'eux. Je comprends ta réaction, mais c’est un client...

Geneviève, la bonne vieille tenancière de l’auberge, me dévisageait l'air visiblement inquiet. Je ne tenais pas à voir la situation dégénérer, certes, mais je ne pouvais tolérer un tel comportement à mon égard. J’en faisais bien suffisamment les frais chaque jour, et ce, depuis ma naissance, chose que je supportais de moins en moins… Et puis… Si je ne réagissais pas, ce serait laisser toute possibilité à Ivaad de répliquer à ma place. Pour preuve, le mercenaire ne lâchait pas des yeux l’arrogant blondinet, fulminant dans sa barbe comme s’il était l'insulté de l'histoire.

-C'est pourtant bien lui qui a exigé une boisson sans mousse. Je ne fais que veiller à satisfaire ton client Geneviève, lui répondis-je en lui offrant un sourire purement sardonique.

L’expérience gagnée, au fil des années, avait offert à la vieille aubergiste une qualité que je ne possédais pas, ou peu : la patience. Aussi me débarrassa-t-elle de la corvée en s'emparant du verre que je tenais en main avant de le placer dans une bassine mousseuse pour en prendre des propres. À l'évidence, pour elle, mieux valait me tenir à distance de l'effronté, preuve d'une sagesse dont j'étais totalement dépourvue. Je la laissais donc faire, décidant alors de ne plus me préoccuper du malotru… Du moins, jusqu'à ce que la voix forte et grave de mon frère n'atteigne mes oreilles pour mieux me ramener sur terre.

-J'aurai dû lui faire bouffer ses chicots lorsque l'occasion s'est présentée... grogna le cadet tout en observant le blondinet.

À son côté, Kaël soupirait de lassitude face au comportement pourtant habituel d'Ivaad. Et si Elwin veillait généralement à réfréner le tempérament volcanique de notre frère, cette fois, il se contentait de ricaner dans sa coupe… Je n'avais donc guère de choix.


-Pas ici, je te l'ai déjà dit, lui lançais-je en me postant devant lui.
-Il faudra bien qu'il sorte petite sœur, rétorqua-t-il, souriant à pleines dents tout en levant sa chope dans ma direction. Nul besoin de lieu spécifique pour donner une bonne leçon à un rustre.
-Kaël, soupirais-je en passant une main lasse sur mon front. Dis quelque chose, s'il te plaît.
-Je suis plus ou moins d’accord avec lui, Ryn. Cet homme a besoin d'une leçon… Mais ce n'est pas à Ivaad de la lui donner...
-Les temps changent, p’tite sœur, renchérit le benjamin.Il serait quand même temps que tu te réveilles, tu ne penses pas?
-Que je me réveille ? l'interrogeais-je, perplexe.
- Tu es la fille unique de Rodrick le géant… Et même si tu tiens à rendre service à cette bonne femme, tu n'es pas une vulgaire serveuse… J'espère au moins que tu t'en souviens.
-Ce n'est pas le QG de la compagnie, ici, Finn n'est pas là, le Capitaine non plus, personne ne te ramènera à l'ordre… Et pourtant, toi, tu te ramollis...
-Comment ça, je me ramollis ? m'offusquais-je et donnant un grand coup sur le comptoir.Je peux encore te faire avaler tes bottes, ta ceinture et ton carquois frangin.
-Oh, oh… J'aimerai bien voir ça, frangine, me provoqua volontairement Elwin en se relevant pour mieux me dominer de toute sa taille.
-Vous êtes bien mignons, tous les deux, mais Ryn… Tu ne vises pas la bonne cible.
-Te fatigue pas, p'tite sœur, je peux m'occuper de ce gars-là pour toi, affirma le coq tandis qu'un sourire carnassier étira ses lèvres.

Un nouveau soupire franchit alors la barrière de mes lèvres… Bon sang qu’ils me fatiguaient ces trois-là… Je ne savais même plus comment les choses en étaient venues là, mais je me sentais agacée… vraiment très, très agacée… Alors, quand Geneviève passa devant moi, le plateau chargé des boissons commandées par le blond, je m'empressais de le lui prendre des mains sans me préoccuper de son regard étonné et toujours plus inquiet. Il ne me fallut guère plus de quelques enjambées pour rejoindre la tablée bruyante, où je me plaçais volontairement dans le dos du responsable de tout ceci.

-Votre commande, messieurs, déclarais-je calmement tout en renversant le contenu d'une coupe sur la tête du blondinet. Oups… excusez ma maladresse, ajoutais-je en vidant la deuxième.Oh, bah décidément… Quelle maladroite, je fais… J'espère au moins que ce n'étais pas trop mousseux, messire...

Mon sourire s'élargit en voyant le visage trempé du bonhomme. Oh, non, je n'étais pas fière de moi, pas du tout, mais il fallait pourtant bien lui rendre la monnaie de ses pièces...
Revenir en haut Aller en bas
Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyLun 11 Mar 2019 - 12:49
C'est en se rasseyant au côté de ses compères que Bérard se rendit compte d'avoir presque entièrement dessaoulé. C'était du moins ce qu'il croyait ; s'il est vrai que l'air frais, puis la tension au retour de son expédition pipi, venaient de lui faire perdre cet engouement guilleret qu'ont les fêtards avinés, le grand blond n'en était pour autant pas près d'être sobre. Sa biture heureuse disparaissait seulement, remplacée seulement par le désir d'écraser son poing dans quelque face. Cela, Aymon et les frères Tallart le virent bien vite, puisque du reste ils devaient partager cette aspiration, mais tentèrent néanmoins de raisonner leur compère.

Voila cependant que la même gourgandine qui s'était si mal acquittée de son rôle de serveuse reparut. On ne s'était guère soucié des manigances ayant pris place tantôt entre elle, ses compaings et la vieille taulière, si bien qu'aux yeux du groupe, nulle tromperie n'était à suspecter. Alors qu'il entendit les pas de la serveuse approchant dans son dos, Bérad, quelque peu tranquillisé, se tourna lentement pour recevoir sa commande.

Il récupéra celle-ci à la volée, diront nous, puisqu'à sa surprise, voila que la donzelle lui versait une première chope dans la tronche, puis, le temps qu'il se reprenne, une deuxième. Cette garce ne manquait pas d'air : on buvait céans depuis des heures et voila qu'après avoir provoqué et menacé ses clients, elle l'insultait en public ? Passant sa main sur son visage pour se débarbouiller et y voir un peu plus clair, Bérard découvrit la gueule triomphale de cette petite conne et se plongea dans une intense réflexion visant à savoir comment faire lui faire payer son affront.

Cette puissance méditation contemplative dura quelque chose comme un quart de seconde, puisqu'aussitôt le chevalier bondit sur ses jambes et souffleta vertement la serveuse du revers de sa main.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyVen 5 Avr 2019 - 9:45
Force était d'avouer que je l'avais peut-être bien cherché, celle-là. Mettez donc cela sur le compte de l'ennui, de la fierté bafouée et de l'envie d'humilier ce sombre crétin. Sa réaction avait été des plus prévisibles, tous les hommes agissaient de la sorte face à une femme un peu trop téméraire, les plus lâches en particulier. Mais il m'en fallait bien plus pour plier face à un adversaire, une vulgaire soufflante ne suffirait certainement pas. J'en avais connu d'autres et de bien pires, vous pouvez me croire. Mon père frappait fort, mes frères aussi, tout comme le nombre de crétins que j’ai pu croiser ces dernières années. Ainsi, une fois le coup encaissé, je me retournais vers l'émetteur, lui offrant ainsi un sourire dédaigneux et un regard chargé de défis galvanisé par le sang qui bouillonnait à présent dans mes veines.

Je le voyais déjà mort à mes pieds, ce fichu blondinet. Je n'étais pourtant pas en colère, loin de là, mais mon corps et mon âme encaissaient ce genre de coups depuis bien longtemps, si bien, qu'à force, ils y répondaient pratiquement seuls. Rien ne me serait plus simple que de le mettre à genoux. La bière sur le sol, assurait le côté glissant, il me suffirait en somme de lui faire légèrement perdre l'équilibre pour l'amener à se vautrer sur le revêtement terreux. Avec une carrure comme la mienne, on apprenait bien vite à se servir de l'environnement pour neutraliser un adversaire et, au fond de cette auberge, les éléments ne manquaient certainement pas.

Mais voilà, j'étais toujours à l'Ours blanc. Geneviève sr tenait derrière le comptoir, observant probablement la scène en se rongeant sangs et ongles. J'étais bien celle qui avait choisi d'envenimer les choses au lieu de calmer le jeu… Et là, l'ensemble de la clientèle nous dévisageait, attendant que tout ne dégénère sous leurs yeux, chose que je ne pouvais évidemment permettre. Tout cela était déjà allé trop loin… Je me saisis donc de la même main qui venait de rencontrer ma joue pour entraîner son propriétaire à l'extérieur. Je n'oubliais évidemment pas de faire signe à mes frères de rester à leur place, ils n'avaient pas à s’en mêler.

Je guidais le blondinet jusqu'à l'arrière du bâtiment. La ruelle était sombre et empestait l'urine, mais nous étions suffisamment à l'abri des regards indiscrets à présent.


-Tu as un de ces culots lâchais-je au blond en même temps que je le libérais de l'entrave de ma main. Je me demande pour qui tu peux bien te prendre pour oser manquer de respect aux gens avant de violemment répondre à leur propre réponse pourtant justifiée ?

Je croisais les bras tout en le dévisageant. Qui avait commencé à provoquer la clientèle ? Lui. Qui m’avait traité comme une vulgaire domestique en osant me donner des ordres tout en se mêlant d'une conversation privée sans même prendre la peine de se présenter ? Encore lui. Qui avait poursuivi l'humiliation jusqu’à jeter ces foutues pièces sur le comptoir comme s'il cherchait à me remettre à une place qui n'était en rien la mienne ? Toujours lui. Qu'avait-elle d’étonnante ma réaction ? Rien… Du moins en partie puisque sans le respecter que je vouais à la propriétaire des lieux, ce crétin en serait déjà à bouffer de la terre par les naseaux.

- Ou peut-être es-tu l'un de ces lâches qui se sentent supérieurs une fois le groin aviné.

Mon regard se fit naturellement plus dur et plus froid. Je détestais cet homme pour bien des raisons, il ne m'en fallait pourtant pas tant d'habitude. Je sentais ma lame brûler dans ma botte, elle appelait le sang que je lui refusait depuis bien trop longtemps et que je lui refuserai encore un moment. Je méprisais ces hommes trop fiers, trop sur d'eux et qui n'hésitaient pas à cogner sur femmes et enfants pour asseoir leur fichue position. Lâches… Juste des lâches…

-Puisque tu aimes jouer des poings, voyons de quoi tu es capable face à une femme seule, le défiais-je encore un peu avant d'abattre mon propre poing sur son nez rougi par l'alcool qu'il avait ingurgité.

Ma force laissait peut-être à désirer, mais suffisait amplement pour briser un groin cartilagineux. Ce n'était pas mon intention pour autant, je ne cherchais pas non plus à le blesser lorsque mon genou rencontra son estomac, ni quand mon front cogne sur le sien. Je voulais juste lui donner une leçon toute simple : les femmes, aussi, méritent le respect.

Mes coups étaient tous portés avec maîtrise et contrôle, je savais parfaitement ce que je faisais et ne visais que certaines zones particulières afin de le déséquilibrer. Un coup suffisamment bien placé pouvait faire chuter une montagne… Je m'entraînais à cela depuis bien longtemps…

Rapidement, je me laissais glisser au sol tout en pivotant pour venir frapper sur le genou droit du blondinet. Sans surprise, l'articulation plia suffisamment pour que l'homme se retrouve à ma hauteur.

- J'ai connu bien pire que toi, lui dis-je en le saisissant par le col pour venir le plaquer contre le mur. Tu n'es pas le premier à agir en crétin sous prétexte que les Trois t'ont octroyé le privilège de pouvoir pisser debout avec les babioles pendant misérablement… Ironiquement, ces babioles ridicules sont pourtant extrêmement fragiles…

Oh oui… Très fragiles… Une simple pression suffit généralement à neutraliser un géant, mais là encore, je ne cherchais pas à lui faire mal. Un combattant aguerri et surtout observateur, saurait que chacun de mes coups avait été soigneusement mesuré.

-Nous sommes quittes déclarai-je en le relâchant avant de m'éloigner au cas où l'importun ne décide de m'attaquer.

Enfin, quittes… Pas vraiment, j'étais celle qui restait couverte par l'humiliation qu'il m'avait offerte. Je ne lui pardonnerai certainement pas, mes frères non plus… Ceux-ci, devaient certainement attendre au coin de la ruelle, attendant de pouvoir intervenir, ce que je ne souhaitais évidemment pas. Le sang ne devait jamais couler inutilement, pensée qui n'était malheureusement pas partagée avec l'un de mes aînés affectionnant les meurtres vicieux.

- Vas-tu daigner te présenter à présent ? Ou resteras-tu l'ivrogne blond, lâche et violent ?
Revenir en haut Aller en bas
Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptySam 20 Avr 2019 - 23:23
C'est sous les houhous goguenards de ses comparses que Bérard daigna suivre la serveuse qu'il venait de rosser justement. La situation aurait prêté à rire ; pris isolément, la scène laissait à penser que l'arrière court de l'Ours blanc serait bientôt témoin d'une partie de bête à deux dos. C'était néanmoins sans compter l'antagonisme qui avait lié les deux partenaires. Bérard eût-il été un peu plus alerte ce soir là qu'il n'eût pas jugé bien malin de suivre la donzelle. Néanmoins, tout ce foin avait convaincu le reître que par égard pour la paix civile, il serait mis dehors sans trop de heurts si tant est qu'il n'en cause pas plus lui-même. Or l'algarade l'avait irrité et Bérard ne souhaitait guère plus bénir ce troquet de malappris avec ses piécettes. Il s'en irait donc, un peu irrité pensait-il, mais sans trouble.

Il se trompait.

Comme un herpes dont on ne se débarrasse jamais vraiment, voila que la serveuse, non contente de l'avoir houspillé et arrosé plus tôt, se payait le luxe de lui faire désormais la morale. C'était pas la contradiction qui l'étouffait, cette garde, pensa un Bérard à moitié attentif aux récriminations de la grognasse. Il se foutait éperdument de son avis quant à sa personne et s’apprêtait, à juste titre, à prendre congé cette furie, si au moment où il s'en détournait, la femme ne l'avait pas alors gratifié d'un horion.

La suite fut quelque peu confuse. Un brin sonné, le grand bond sentit brièvement l'hémoglobine fuser de son tarin, du moins jusqu'à ce que son assaillante ne profite du heurt pour frapper à nouveau. Voila que celle qui professait juste avant le respect et fustigeait la lâcheté accablait désormais le chevalier de coups. Ne lui laissant guère le temps de se reprendre, la garce sût jouir de l'avantage que lui avaient octroyé sa rouerie et sa hardiesse. Voila qu'après une lutte hélas bien inégale, Bérard se retrouvait cul par terre, le visage tuméfié et perclus de douleurs. Le sang lui ruisselait jusqu'au menton et l'homme tâchait tant bien que mal de reprendre ses esprits.

Là encore, il n'écouta guère pérorer son agresseur, tâtant plutôt de sa main son propre nez, qui quoiqu'endoloris ne lui semblait heureusement pas cassé. Ç'aurait fait la quatrième fois, alors non merci! Seuls les derniers mots de l'autre grognasse tirèrent vaguement Bérard de son hébétude, lui arrachant par là même un ricanement mauvais. « Lâche et violent, hein ? », croassa-t-il avant de cracher un glaviot ensanglanté aux pieds de la donzelle. Bérard étendit les bras comme pour inciter à ce qu'elle constate d'elle même la scène : ne venait-elle pas de l'attirer non sans fourbe dans une ruelle sombre avant de l'attaquer en douce ? L'ironie était de mise.
Revenir en haut Aller en bas
Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyDim 21 Avr 2019 - 8:15
Non mais quel crétin, songeais-je en observant le misérable face à moi. De tout cela, l'homme n'avait visiblement retenu que ce qui l'arrangeait dans l'histoire. Ses mots, directement tirés de mes propres paroles, ainsi que sa manière de cracher son sang méprisant directement à mes pieds en attestestaient simplement. Oh, je voyais clairement sa haine et son dégoût dans son regard, même l'obscurité ne pouvait les dissimuler.

D'ordinaire, je me serais contentée de lui tourner le dos, je n'ai jamais aimé perdre mon temps face à ce genre d'individus aveugle et borné. Allez donc savoir pourquoi, contre toute attente de ma part, je me permis de lui dire :

-Tu es du genre têtu toi hein… L’un de ceux qui n'accepte que la réalité qui les arrange, n'est-ce pas. Mais regardons la réalité en face, veux-tu. Qui de nous deux a répondu à une simple réprimande, qui aurait pu s'arrêter là par une insulte aussi méprisante que silencieuse ? Toi. Qui a répondu par une gifle à l'humiliation quand il y avait un verre encore plein derrière toi ? Encore toi… Crois-tu peut-être encore que ma propre réaction est injustifiée ? Mais dit moi, comment aurait réagit un homme à ma place ? Je me le demande…

Je n'avais pas vraiment à me justifier. Vraiment pas. Je fréquentais assez de salauds de première comme cela pour me tracasser avec celui-ci. Nul besoin que l'on me dise ce qu'il pouvait bien penser de mon discours ou encore de moi, je savais qu'il se fichait de l'un et méprisait l'autre, mais tant pis. Je ne voulais pas que tout ceci se soit déroulé sans aucun but. Ce serait du gâchis. Autant essayer de l'aider à ouvrir les yeux, sans quoi je ne pouvais que prédire sa mort prochaine, directement apportée par la main d'une femme qu'il semble toute dédaigner, sa réaction première le prouvait.

-Et encore, soit heureux que je t'aie entraîné à l'écart, car ton humiliation aurait été bien plus cuisante que la mienne… Sans parler de ton état, car il m'aurait été difficile d'empêcher mes frères d'intervenir, l'un d'eux ne rêve que de planter sa lame dans tes entrailles… C'est salissant...

J'ai toujours été fière, mais j'estimais pourtant que cette fierté n'était pas aussi déplacée que la sienne. Je concevais et acceptais mes défauts, même s'ils se trouvaient en nombre bien supérieur à ceux évoquant mes quelques qualités. Je savais reconnaître mes torts, me remettre en question lorsqu'il m'arrivait de merder… Je n'étais pas certaine que cet homme-là en était capable, pourtant je poursuivis:

- J'ai connu d'autres hommes dans ton genre. Des idiots qui ne savent pas penser ou réfléchir, leur seule manière d'agir est la violence et rien de plus simple face à une femme n'est-ce pas ? Nous sommes tellement bêtes, tellement fragiles à vos yeux. Vous nous considérez que comme de vulgaire outils pour vous satisfaire ou vous servir… Mais là, entre nous, qui de nous deux se sent le plus stupide ? Celle qui se tient debout ou l'ivrogne couvert de bière et de sang… Probablement bientôt de pisse, vu la quantité de liquide que tu as ingurgité ce soir.

Combien de fois avais-je vu de pauvres femmes sans défense se faire battre par leurs époux pour quelques raisons stupides et honteuses ? Un morceau de pain un peu trop dur pour monsieur ? Pas assez de vin pour satisfaire ses ivrognes d'invités ? Combien d'entre elles ont été traînées dans la boue ? Combien ont été violées ? Le simple fait de penser à tout cela me donnait la nausée.

Je ne connaissais pas cet homme-là. Il pouvait très bien être différent de ceux-là, bien que j'en doutais fortement. Mais après tout, je n’étais pas non plus toute blanche dans cette histoire, même que mes réactions me paraissaient amplement justifiées.

- Ne crois pas que je suis naïve ou aveugle. Je ne te mets pas l’entière faute sur le dos, j'ai mon caractère et je sais que j'ai mes torts dans l'histoire. L'ennui, c'est que j'ai beaucoup de mal à supporter celles et ceux qui pavanent et ordonnent aux autres comme s'ils étaient directement sortis de la cuisse de Serus. Ça m'agace, profondément…


Me justifier ? Non, ce n'est pas le cas. Finalement je me rendis compte que j'étais tout bonnement en train de lui faire la morale… Étrange… Mais tant pis. Allez savoir pourquoi j'espérais me tromper sur le compte d'un inconnu dont je me fichais totalement… Quelle perte de temps.

- Que cela te serve de leçon, comme on dit. Rentre chez toi, décuve, prends un bain aussi… Ensuite à toi de voir si tu souhaites revenir demain pour enfin pouvoir discuter entre être humains civilisés, soit tu ne remets plus jamais les pieds ici.

Inutile d'ajouter quoique ce soit. J'en avais déjà bien trop dit et quelque chose me disait que cela ne servirait à rien. Je tournais donc les talons, abandonnant l'idiot dans la ruelle pour m'en retourner à l'auberge où du travail m’attendait.
Revenir en haut Aller en bas
Bérard d'ErgueilChevalier
Bérard d'Ergueil



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyDim 21 Avr 2019 - 16:37
D'aucuns aiment poser une botte triomphale sur le crâne de leurs ennemis vaincus en guise de célébration - la serveuse, elle, semblait s'éprendre des monologues pompeux et lénifiants pour marquer sa victoire, obtenue s'il en est de haute lutte. La voila donc qui se lança dans une écrasante logorrhée, assénant de mots celui qu'elle avait asséné de coups auparavant. Tout y passa : la morale envers l'homme qu'elle avait passé à tabac, les louanges pour sa discrétion, une auto-problamation d'humilité et finalement quelques conseils, comme si lui péter la tronche avait fait de la jeune fille l'ange gardien de Bérard. D'ordinaire, il aurait vomi cette hypocrisie, bruyamment s'il le faut ; néanmoins ce soir le bâtard d'Ergueil se contenta d'offrir son mépris silencieux à la donzelle, peu désireux de se prendre une nouvelle torgnole.

Du reste, il n'entendait guère s'immerger dans une joute oratoire avec cette grognasse dont le verbe assurait au premier quidam doué d'un peu de jugeote que tout ne tournait pas rond dans sa caboche. La drôlesse érigeait les élans avinés de Bérard, chose somme toute des plus commune dans une taverne, comme casus belli suprême, s'assortissant au passage de considérations les plus fumeuses sur le chevalier et les femmes. En voila une qui visiblement n'était pas tronchée assez souvent, pensa le grand blond un rictus au lèvre. Sa condition de femelle affligeait assurément la serveuse, mais hé, c'était là son affaire! Qu'y pouvait-il bien, si les dieux avaient décidé de ne pas lui mettre une bite entre les jambes. *Si c'est ça que tu désires tant, je peux y pallier*, pensa Bérard en étouffant un ricanement.

La réprimande devait cependant toucher à sa fin, quand la jeune fille regagna la taverne, laissant le chevalier là, esseulé. Ce dernier cependant se gaussait intérieurement, ravalant de temps à autre un rire mauvais. C'est que l'affaire, contrairement à ce que semblait en penser la donzelle, était loin d'être terminée. C'est un Bérard presque hilare, quoiqu'ensanglanté, que trouvèrent donc ses compères après qu'ils aient vu reparaître à l'Ours blanc la serveuse, seule.

À leçon, leçon et demi, pensa le spadassin, se jurant de rappeler à cette garce qu'il ne fallait guère blesser ce qu'on ne pouvait tuer. Deux jours plus tard, lui et ses compères reparurent à l'Ours blanc pour y assouvir quelque vengeance. Hélas, les dieux avaient décidé de leur en soustraire l'objet : de la serveuse ou de ses comparses, nulle trace. Seule trainait là la vieille - on était en journée - à astiquer ses verres. Elle était restée étrangère à toute l'affaire et assurément ne pouvait être tenue responsable des agissements de son souillon d'employée.

On la rossa quand même, avant de saccager l'endroit. Histoire de faire passer le message, comprenez.

HRP:
Revenir en haut Aller en bas
CatatonieMaître du jeu
Catatonie



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart EmptyDim 21 Avr 2019 - 20:32
Bonjour à tous et toutes,

Comme chaque PNj à une influence et que un PJ à dégradé volontairement un établissement. Nous venons lancer un dé afin de savoir si la responsable porte plainte ou non. Si c'est le cas, Bérard pourra être interpellé lors d'un RP pour fournir des explications, ou tout du moins se faire un peu plus surveiller par la milice.

Entre 1 et 10 : La dame ne porte pas plainte.
Entre 11 et 20 : La dame porte plainte.

Catatonie a effectué 1 lancé(s) d'un [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart IfDH7cb (D20.) :
9
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
MessageSujet: Re: [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart   [terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
[terminé] De l'usage de l'épée et du braquemart
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Bourg-Levant :: La Hanse-
Sauter vers: