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 Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)

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NathandallMilicien
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MessageSujet: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyDim 10 Mar 2019 - 1:24
Le plafond de ma chambre, je le connaissais par cœur maintenant. Dans un soupir je me passais une grosse main sur les yeux pour les frictionner un peu.
J'étais étendu sur le dos, toujours sur la même paillasse mise à ma disposition par les soigneurs.
Cela faisait une semaine qu'avec Theodren, on travaillait à me faire marcher, évoluer sur une patte.
Le coup de main n'avait pas été facile à prendre, mais au moins, il redevenait possible d'évoluer à peu près en autonomie.
Mais tant que je le pouvais, j'évitais de bouger. Souffrir au quotidien était déjà éprouvant. Éveiller des douleurs devenues douces, en bougeant ne faisait qu'augmenter la peine, pour un résultat plutôt déprimant. Il n'y avait pas si longtemps, je pouvais marcher, je courais après Lyanna la voleuse, je patrouillait... Maintenant, je claudiquais, au mieux, grimaçant sous l'effort. Ça irait mieux qu'il disaient... Ça irait mieux...

Aujourd'hui était un jour différent. Aujourd'hui, je devais quitter la chambre, rentrer chez moi. On me l'avait annoncé hier au soir. Au fond, c'était normal, je ne resterais pas ici jusqu'à la fin de mes jours. C'était même sans doute mieux comme cela. Chez moi, entouré de mon quotidien, sans doute que le moral reviendrait.

Le plafond était toujours le même, mais il y avait une différence. Une heure au moins devais avoir passée. Je n'avais pas réussi à me rendormir.

Je me frottais les yeux quand la porte s'ouvrit doucement. Je fermais les yeux et prit une pose de dormeur, une mains sous la nuque, l'autre sous la couverture, la tête un peu inclinée sur le côté.

La milicienne entra.
Je savais que c'était Serena parce qu'elle ne m'avait presque pas quittée depuis qu'on m'avait... séparé de ma partie malade...

Je l'entendais avancer prudemment, réduisant ses pas pour ne pas me déranger, me croyant endormi.

Elle s'approcha et s'assit sur le tabouret qui maintenant devait avoir prit la forme de son derrière, tant elle avait passé de temps assise dessus. Les yeux clos, je la sentis s'appuyer légèrement sur la paillasse.
Alors que je l'imaginais, m'observant, j'ouvris les yeux et eu un mouvement un peu brusque vers l'avant, la main sous le drap le soulevant pour me le poser sur la tête alors que je m'exclamais.

-"Bouuuh Je suis le fangeux!"

Elle réagit à la vitesse de l'éclair la main téléportée sur la poignée de son arme. Elle me dévisagea avec une expression mi fatiguée, mi surprise, mi amusée. Toutes ces expressions emmêlées m'arrachèrent un sourire.

-"Désolé. Je n'ai pas pus résister. C'était trop tentant. Tu as trouvé ce que tu cherchais?"

J'essayais régulièrement de détendre un peu tout ça, de nous faire sourire. L'humour, les facéties étaient devenus un refuge pour égayer un peu la pièce.

Serena avait pioncé ici-même, si on pouvait appeler cela dormir. Parfois, alors qu'elle croyait que je dormais, je la regardais entre mes paupières mi closes. Son visage exprimait toujours beaucoup de choses: la fatigue, la compassion, le remord. Nous étions tous deux accablés par des maux différents, qui nous empêchaient de trouver le sommeil réparateur dont nous avions besoin.
Oui je la regardais, volant des images de ses yeux clairs, de sa bouche bien dessinée, admirant la ligne de ses cheveux.
Mon père était venu me voir durant ma convalescence, mais toujours brièvement. Le travail. Ces derniers temps, il y avait beaucoup à faire. Et je crois qu'il n'aimait pas ce qu'il voyait.
Ainsi, sans réel soutien familial, il ne me restait qu'elle. Et elle était resté. Si je 'étais imaginé en voyant son manoir qu'elle était noble, qu'elle avait des obligations, un rythme de vie arrogant des gens de la haute, j'eus la grande surprise et l'honneur de l'avoir à mon chevet jusqu'ici.
Cette proximité, sa sensibilité avaient provoqués chez moi une attirance indécise, mais à laquelle je croyais de plus en plus chaque jour passant...


Dernière édition par Nathandall le Lun 19 Aoû 2019 - 20:27, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyJeu 14 Mar 2019 - 10:08
L’endroit, elle le connaissait presque par cœur désormais. Depuis une semaine, elle s’y rendait chaque jour et presque toutes les nuits afin de prendre des nouvelles d’un patient bien particulier. Nathandall était un camarade frappé par le malheur lors d’une nuit catastrophique. Rongée par la culpabilité qui allait bien au-delà du raisonnable, Serena n’avait pu réellement quitter son chevet et en avait fait sa responsabilité. Nul doute que sous ses airs blagueurs, l’ancien milicien avait besoin de soutien dans son épreuve et elle comptait bien l’être jusqu’au bout.

De retour dans la chambre médicale du temple, la jeune femme se rapprocha discrètement de l’endormi pour mieux reprendre place sur le tabouret. En le regardant ainsi, elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer leur rencontre. Comment aurait-elle pu imaginer qu’elle devienne si proche et pourtant si étrangère à ce pauvre gaillard trop fier pour admettre ses peurs. Durant un instant son regard sur posa également sur cette effroyable cicatrice. Elle n’avait jamais osé lui demander comment cela était arrivé et pourtant, plus les jours passaient, plus elle se le demandait. Mais là encore, ce n’était pas le moment de raviver de mauvais souvenir, pas maintenant.

Perdue dans ses pensées, elle ne s’attendait absolument pas à l’attaque-surprise de ce dernier. Presque prise par une crise cardiaque, la milicienne sursauta avant d’instinctivement placer sa main à son arme dans une position défensive. Le cœur battant, les yeux interloqués, elle détailla un moment son agresseur avant de comprendre et d’être partagée par l’envie de rire ou de le frapper. Finalement, elle fit les deux.

« Con, va ! »

Lança-t-elle en lui donnant un coup sans force derrière la tête, non sans esquisser un fin sourire amusé. Poussant un soupire, elle se détendit à nouveau, relâchant son arme pour mieux reprendre place à son chevet. De là, elle l’observa un instant avant de sortir une simple pomme de sa sacoche et commencer à la couper.

«Comment te sens-tu ? Prêt à retrouver ta maison ? »

Inquiète, évidemment qu’elle l’était. Ce n’était pas une simple étape, oh non. Petit à petit, ce dernier allait devoir retrouver sa vie. Mais qu’allait-il réellement retrouver ? Personne ne le savait vraiment. Un petit sourire au coin, Serena releva ses yeux sur lui tout en lui tendant un morceau de fruit.

« J’ai hâte de voir quand quel genre de palace tu vis, princesse. »

Petite taquinerie soufflée pour mieux continuer le petit jeu que ce dernier avait installé entre eux deux. Il faut dire que tout comme lui, Serena préférait aussi se réfugier dans l’humour lorsqu’elle était avec lui.
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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyVen 15 Mar 2019 - 15:57
Je reçu une petite chiquenaude derrière le crâne pour toute réponse à ma farce. Je souriais néanmoins alors qu’elle jurait gentiment.
Oui, j’étais peut-être un peu con ! Mais parfois, c’était bien bon.

Elle s’installa ensuite à côté et chercha noise à une pomme récalcitrante tout en s’enquérant de mes états de santé.

Je me poussais vers l’arrière avec les coudes et usais des abdominaux pour me redresser, le dos contre le dossier du lit. J’en avais marre d’être allongé.

-« Ça ira. Je crois. J’ai encore mal à la patte folle, mais avec les infusions, je peux dormir. Si j’en ai tout un stock à la maison, je pourrais me débrouiller comme un chef ! »

J’omettais quelque peu de ce qu’il en serait de ma reprise de service. Je ne voulais pas y songer pour le moment. Et puis il faudrait directement en référer à mes supérieurs. C’était eux qui seraient bien placés pour me guider. Me faire du mouron pour ça maintenant n’avait aucun sens.

« J’ai hâte de voir quand quel genre de palace tu vis, princesse. »

Je ramenais les mains jointes contre mon torse, me tournais légèrement de côté, par rapport à Serena et tournais la tête vers elle, battant des cils avec exagération, telle une femme énamourée.
Je prenais une voix aiguë minaudante.

Hé, je vous trouve bien cavalier, tout cela est si soudain... euh... diantre!»

Puis je me rappelais que j’étais un homme ici !

Je mis fin à cette caricature de femme face à son jules et je me passais une paluche dans les cheveux pour rejeter en arrière mes longues mèches fines.

-« Houlà, je ne sais pas à quoi tu t’attends copain, mais ce n’est certainement pas un manoir comme le tiens ! Je vis pas loin de la caserne. Une petite baraque cosi. Quoi, heu… Tu vas jusqu’à là-bas ? »

J’avais beau être ordonné chez moi, avoir des tics de propreté, la dernière fois que j’étais sorti, en pleine nuit, je ne m’étais ni attendu à rentrer une semaine plus tard… Ni à recevoir de la visite !

Et les réserves de bouffes qui étaient presque vides…

Cata ! Cata ! Cata ! Cata !

-« Faudra faire un crochet par le marché alors… C’est que j’ai p’us grand-chose à se mettre sous la dent, moi. »

On était passé me remettre une bourse avec solde. Même en déduisant les frais de soins, j’avais une somme intéressante d’argent. Ce n’était pas la richesse, certes non, mais rester alité avait considérablement réduit mes dépenses, ces derniers temps.
Déjà que je n’étais pas un grand dépensier au départ…
Ma maison était celle que mon père tenait lui-même de son père. A la mort de ma mère, il avait choisi de se reconstruire une autre maison, loin des souvenirs qu’il avait avec ma mère, chez nous.
Par ailleurs, je savais que Serena travaillait à l’origine pour la milice extérieure. Plus tard, il faudrait que je lui demande le service de passer la maison de ma mère, hors des remparts.

Je n’avais jamais conservé que son écharpe, n’osant jamais sortir. Mais quelque part, dehors, sa maison avait peut-être résisté. Elle était à heure de marche des faubourgs. Je me revoyais très bien faire le chemin pour aller la saluer, l’aider, manger avec elle. Je revoyais sa maison, en fermant les yeux, je pouvais même en sentir l’odeur.

Serena devait bien passer par ce genre de coin avant d’aller Serus ne sait où, quelque part en mission. Je lui demanderais.

Je jetais un œil curieux à la pomme malmené. Je la montrais du menton.

-« Petit déjeuné sur le pouce ? C’est vrai qu’il se fait faim, on ne devrait pas tarder. »

A force de rester sans bouger, j’allais m’empâter. Et l’odeur sucrée qu’elle tirait du fruit me donnait faim. Il ne faudrait pas tarder à partir. Rentrer chez moi et faire la popote me ferait du bien, il se faisait faim…

Serena n’avait pas trop le profil d’une cuisinière. Mais c’était une femme, elle devait savoir, non ? Je ne savais faire des plats que de paysans, et je me rendis soudain compte que cuisiner pour elle risquait un grand choc culturel, elle qui devait s’envoyer des fruits confits, et du gibier faisandé dans son manoir !

Il faudrait que je fasse la meilleure tambouille paysanne possible ! Grands Dieux !
Je laisserais mon imagination vagabonder le long des étals du marché.

Je la laisserais taper son fruit, puis je me lèverais, et ce sera le grand retour à la maison !
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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyMar 2 Avr 2019 - 16:49
Nathandall avait ce don que trop peu de personnes possédaient. Celui de faire rire même dans les moments les plus difficiles, mettre de côté sa douleur pour alléger l’atmosphère. Et il fallait bien l’admettre, cela ne laissait pas la milicienne tout à fait indifférente. Non, elle appréciait réellement ce trait de sa personnalité et ne retenait aucunement son sourire amusé et presque touché lorsque celui-ci continua sa petite comédie.

Au fond, elle le remerciait vraiment pour cela. Qu’il se montre aussi fort face à elle la rassurait énormément. Évidemment, elle avait bien conscience que cette humeur n’était qu’une façade devant elle, mais cela l’aidait également à avancer et à ne pas sombrer.

« Tant mieux, j'aime être surprise. »

Fit-elle dans un petit clin d’œil. Peut-être ne l’avait-il pas encore remarqué, mais elle n’était pas réellement noble coquette. Non seulement elle n’appréciait pas plus que cela de vivre dans un manoir, mais en plus elle avait vu des choses bien pire depuis.

Un sourcil arqué, elle jeta un œil à sa pomme avant de simplement lui couper un morceau. Partageant sans hésitation son repas, elle lui sourit avant de finalement gentiment se préparer aux départs. Oh ce n’était pas à elle de donner le rythme, non, elle comptait bien laisser son ami prendre le temps de quitter cette chambre et de redécouvrir l’extérieur avec son nouveau handicap.

Évidemment bien présente à ses côtés et peut-être un peu trop protectrice, elle se mit à veiller sur lui et à chacun de ses gestes, prête à réagir pour le soutenir ou le rattraper en cas de besoin. C’est que s’il ne se montrait pas du tout inquiet, elle le montrait beaucoup plus.

« Attention… » « ça va ? » « Tu me dis si tu veux faire une pause ? » « On y va doucement, ok ? »

Des paroles qui ne cessèrent de trahir son état. Et même si elle avait bien consciente qu’elle devait se retenir un peu, elle n’y parvenait décidément pas.

« Tu es sûr que tu veux aller au marché d’abord ? Je peux… »

Que cela soit la parole ou l’attitude de son camarade, Serena ne put réellement finir sa phrase. Embarrassée, elle se frotta nerveusement la tête avant de soupirer et d’essayer, essayer, de lui donner un peu d’espace, si cela était vraiment possible ?


« Tu… me dis s’il y a quoi que ce soit. »



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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyMar 9 Avr 2019 - 18:36

Serena était vraiment inquiète pour moi. C'était touchant et mignon, et ça lui donnait du charme.
Toutes ses petites attentions la faisait retrouver une féminité cachée par ses atours, sa lame, ses combats, son air décidé de guerrière chevronnée.

Toute apparence de femme de guerre s'était estompée pour me présenter une autre Serena au fil des jours. Cette Serena là était à mille lieues de la milicienne intense que j'avais connu il y a pourtant si peu de temps.

A bien y réfléchir, Lyanna m'avait évoqué une femme sulfureuse, un quotidien de délices charnels, et de passion fougueuse. Serena, elle était emprunte d'un calme mêlé d'angoisse. Une force tranquille masquant une fragilité inhérente à sa condition de femme. Une personne pleine de sensibilité qui avait dû cacher ça pour s'adapter à un monde en perdition.

C'était attirant.

J'avalais avece gratitude la part de pomme qu'elle m'avait proposée. L'acidité du fruit masquait le sucre, mais cela faisait belle lurette que je n'en avait pas mangé. C'était bon !
En fait, après l'opération, j'avais quelque peu l'impression de redécouvrir maintes choses qui jusqu'alors me paraissaient banales, quotidiennes, inintéressantes.

-"Mph! Miam, c'est bon ça ! Par les Trois, je ne me rappelais pas que ça avait ce goût là."

Après avoir gobé mon petit déjeuné, après m'être léché les doigts, je tendis ma grosse paluche vers la chemise de lin que je portais au quotidien. Déplaçant le drap sur mes jambes, je demandais simplement à Serena de me donner le bol d'eau laissé sur la table.
Ayant plutôt chaud, je plongeais les mains dans l'eau avant de les passer sur mon corps. Comme pour laver de la transpiration.
Theodren m'avait lavé de la sorte régulièrement, et je comptais bien garder cette habitude. En effet, je ne me grattais plus après avoir transpiré, si je me mouillais le corps à l'eau.
Et puis c'était une bonne manière de se rafraichir.

Une fois satisfait, je passais ma chemise et m'appuyais sur mes main pour déplacer mon corps de sorte à être assit sur le côté de la paillasse. Ma chemise descendant bas cachait mon intimité alors que je pouvais ensuite passer à mes pantalons. Passer une jambe fut simple, l'autre m'emplis d'une sentiment étrange. Passer une jambe vide dans une pantalon...
Puis, je remettais mes bracelets de cuir aux avants bras. J'étais fin prêt. Serena me proposa toute l'aide du monde et jusqu'ici, j'avais refusé.

Je ne faisais pas attention aux douleurs dans le bas de mon corps. Les muscles de mes jambes, que je ne bougeais plus depuis une semaine, n'étaient pas très heureux d'avoir à nouveau à travailler.

Puis je contemplais ma pair de botte.
Je passais le premier pied sans problème aucun puis saisissait machinalement la deuxième botte.

...

J'éclatais de rire.
Bon, ce sera une très bonne pièce de rechange, quand l'autre sera usée, alors.

Je tentais de me lever une première fois, mais je ne me portais pas sur ma jambe.
Serena me rattrapa avant que je ne retourne m'affaler dans la paillasse.

Je fis un ou deux petits sauts sur un pieds dans la pièce avant de constater que c'était bien trop fatiguant. Que ça brûlait mon énergie trop vite, et que je me déplaçais avec la grâce d'une grenouille malade!

-"Non mais r'garde moi s'foutu idiot qui sautille comme un crénom d'bougre d'âne ! Dis, je en me fendis d'un sourire. Va falloir que tu m'aides copain. Jusqu'à ce qu'on trouve un bâton solide pour me porter à ta place."

M'appuyant, mais pas trop (honneur de mâle), sur ses épaules, je fis mine de sortir de la pièce. Le temps de sortir du Temple, nous fîmes quelques ajustements dans le rythme. Il n'était pas si évident d'avancer de concert à deux de la sorte. Un petit saut trop brusque de ma part alors qu'elle avançait le mauvais pied et je pouvais lui fiche mon épaule dans le nez!

Déjà, arriver jusqu'aux marches de l'esplanade du Temple fut une épreuve. Mais l'idée de retrouver mon chez moi, et la compagnie de Serena me donnaient la force.

Il y avait du monde dans les rues. Un soleil timide dardait ses rayons sur une Marbrume en pleine effervescence. Après toute cette semaine dans un lourd bâtiment de pierre épaisse, privé des sons de la rue, privé des odeurs d'épices, des odeurs maritimes, du fer chaud, ou des tanneries de cuir, je me sentais revivre au contact de la civilisation.

Je m'émerveillais de la vision de la ville. J'embrassais Marbrume du regard, cherchant le chemin jusqu'au marché.
Et j'embrassais aussi le front de Serena, heureux de revenir un peu aux activités des vivants.

Par Anür ! Qu'est-ce que je venais de faire là ! Oh !

Cramoisi, je me tournais dans une autre direction.

-"Faudrait voir à prendre le chemin le plus court pour rejoindre la place du marché... Ça fait une trotte ensuite d'y aller puis de revenir par chez moi."

Belle contenance ! Tope là mon gars ! Tu t'en sors bien !
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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyLun 13 Mai 2019 - 12:27
Décidément, il ne cessait de l’étonner et de l’épater. Parfois, c’était à se demander qui avait perdu sa jambe dans l’histoire tant que l’homme se montrer incroyablement fort en sa présence. Nathandall ne se rendait sans doute pas compte, mais la milicienne était réellement admirative devant son autodérision et le voir ainsi la soulageait au plus haut point. Sans doute que son humour faisait partie intégrante de son charme, elle n’aurait néanmoins jamais cru qu’il parviendrait à garder ce trait après un tel incident.

« Au moins, tu es plutôt facile à trouver. »

Ajouta-t-elle sur un ton un peu plaisantin puis se cala sous son bras afin de l’aider à se déplacer. La tâche s’avérait plus compliquée encore qu’imaginer. Non seulement les deux miliciens devaient s’accorder, mais en plus Serena était bien forcé de constater que ce dernier avait bel et bien la carrure d’un homme et le poids qui allait donc avec. Grimaçant un peu sous l’effort, elle était toutefois bien décidée à le soutenir et se concentra rapidement sur le chemin à prendre.


Sortir du temple avait déjà demandé beaucoup d’énergie, mais la récompense en valait bien la peine. Ses yeux de jade posés sur lui, elle observa discrètement ce dernier admirer enfin les ruelles et le soleil éclairé de la cité dans un sentiment de renouveau. La culpabilité et l’angoisse qui l’habitaient disparurent quelques instants le voyant ainsi s’émerveiller. Mais ce qui coupa définitivement toutes ses pensées fut le geste de ce dernier.


Déjà assez proche par leur position, elle eut à peine le temps de comprendre ce qu’il faisait qu’elle sentit une chaleur familière sur son front. Ses yeux écarquillés, Serena resta un moment figée par la surprise, mais aussi le doute. Avait-il ? Où était-ce… Finalement ce fut les joues cramoisies de son comparse qui la firent réaliser son geste. L’embrassement étant rapidement contagieux, elle-même sentit ses joues s’enflammer avant qu’elle ne détourne son regard sans un mot.

Elle tenta bien de prendre la parole et ses lèvres s’entrouvrirent, mais aucun son s’y échappa. Que dire ? Visiblement déstabilisée, Serena ne savait absolument pas comment interpréter ce baiser, ni même comment réagir. Était-ce sa façon de la remercier ? Mh..

« Tout d’abord, il faut te trouver une canne, un bâton, n’importe quoi qui t’aidera à te déplacer le temps qu’un artisan puisse de constituer une jambe de bois. »

Et évidemment, elle comptait bien embaucher elle-même le meilleur dans le domaine. Changeant ainsi de sujet, la milicienne l’incita à reprendre la route la plus directe vers la place du marché ignorant alors les regards curieux en leur direction. Une fois arrivé, non sans effort, à la place du marché, elle aida l’homme à s’asseoir sur un banc en son centre pour se reposer, se laissant également allé à ses côtés dans un long soupire.

« ça va ? Tu n’as pas mal ? »

Oui, l’inquiétude reprenait assez rapidement le dessus et le dévisagea un long moment avant de lui sourire.


« Sans pression, Nath’. Ça deviendra plus facile avec l’habitude et une jambe de bois. »


Oui, au fond, avec sa force, elle était persuadée que l’homme parviendrait à surmonter cette épreuve. Même si peut-être ces mots étaient autant prononcés pour elle que pour lui. Enfin, son regard se perdit sur les différents commerçants autour d’eux. La priorité pour elle, était de trouver de quoi le soulager, lui. Elle avait d’ailleurs déjà repéré un artisan de bois qu’il allait bien pouvoir leur faire soutien sur-mesure dans le cas où ce dernier ne trouverait pas son bonheur ailleurs.

« Mh… peut-être quelque chose qui te soutient à partir des épaules serait plus judicieux… »


Murmura-t-elle à voix haute, complètement prise par ses pensées alors qu’elle restait appuyée contre lui sans même s’en rendre compte. Prise par ses réflexions, elle amena instinctivement sa main à ses lèvres avant de se tourner légèrement vers lui et lui proposer.

« Le mieux c’est que tu essaies… Prêt à te relever ? »






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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyMer 22 Mai 2019 - 19:47
Alors là, oui, j'étais bien embarrassé. Sensation parfaitement nouvelle que je ne connaissais que bien peu, ne m'étant presque jamais permis d'approcher la gente féminine. Ce mouvement osé de ma part me fit imaginer mille conséquences en un battement de cœur !

Cela pouvait la choquer ! L'offusquer ! L'embarasser ! La gêner ! L'énerver ! L'insulter ! La...

« Tout d’abord, il faut te trouver une canne, un bâton, n’importe quoi qui t’aidera à te déplacer le temps qu’un artisan puisse de constituer une jambe de bois. »


Ouf ! Voilà qui mettait fin à un moment bien compliqué ! Je lui en était tout à fait reconnaissant. C'était bien esquivé, et...

Quoi donc?
Une... Une canne? Pour me rosser? Ah non! Pour me déplacer... Quoi? Une jambe de bois?!

...

Allons bon!
J'étais perplexe. Je me passais une pogne sur le menton.
Si c'était sûr que j'allais avoir besoin de quoi me mouvoir en toute autonomie, je n'imaginais pas du tout une fausse jambe !
Déjà parce que c'était onéreux ! Bon, dans les faits, je ne savais pas du tout combien cela pouvait bien coûter... En fait je ne savais même pas que cela pouvait exister ! Et puis rien qu'à imaginer, je voyais d'ici le tableau : un truc moche, et lamentable pour un mec moche et lamentable...
Je fronçais les sourcils. Allez ! Tu avais dis que tu devais être positif ! Reprends toi.

J'étais un peu perdu dans mes pensées tandis que nous progressions dans les rues de la ville. Heureusement, je manquais des regards compatissants, ou des regards curieux. Je ne voulais pas que l'on me plaigne. Et je ne voulais pas non plus qu'on me voit comme un animal de foire !
Et puis c'était en fait assez éprouvant de se balader là où j'évoluais avant... mais sur mes deux jambes.
Jamais je n'avais été aussi conscient que maintenant à quel point ma vie avait été... chanceuse quelque part. Ce n'est que quand on vous retire quelque chose que vous réaliser à quel point c'était important pour vous.

J'avais toujours tenu comme acquit le fait de me mouvoir librement... Et maintenant je comprenais que je me trompais. Même quelque chose d'aussi élémentaire pouvait m'être retiré.
À tout moment.

« Ça va ? Tu n’as pas mal ? Sans pression, Nath’. Ça deviendra plus facile avec l’habitude et une jambe de bois. »

J'avais dû me montrer distrait trop longtemps. Et voilà qu'elle se faisait à nouveau du soucis.
C'était en fait assez particulier de se balader sur une seule jambe... mais avec Serena à mes côté.

J'avais mal. C'était certain. C'était criant. Mal de douleur. Mais aussi mal d'un profond malêtre qui ne s'effacerait jamais pleinement. Mais qui s'apaiserait un peu avec le temps.

Mes traits tirés se déridèrent un peu. Mes yeux sautaient de gauche à droite rapidement.

-"Attend, attend, attend, attend... Euh... Une jambe de ... De bois?! Ça existe ça? Une canne c'est très bien ça. Une perche, 'fin, une béquille quoi ! Ça va chercher dans les combien, même une jambe en bois? Je ne crois pas du tout que ma solde va suffire, hé! Ça sent le sapin, à mon avis..."

Encore un jeu de mot dis donc. Habituellement ils ne sortent pas autant. Elle me rendait plus guilleret? Ou j'étais vraiment effondré? Un peu des deux sans doute...

-"Essayer... Quoi la jambe ou des béquilles? Ben des béquilles. Je pense que c'est mieux. Et puis, comment ça marche, ça une jambe de..."

...

Comment ça marche. Une jambe...
Une étincelle revint dans mon regard. je portais les mains à mon ventre alors que je partais d'un grand rire tonitruant. C'était con comme phrase ! Mais ça allait tellement avec la situation !
C'était absolument incontrôlable. Je riais, je riais, je riais, m'accrochais aux épaules de la solide milicienne pour ne pas tomber.
Après encore un petit moment ponctué de soubresauts hilares, je m'essuyais les yeux humides d'humour, mais aussi de tristesse, d'effondrement.

Puis je me détachais d'elle pour me tourner vers le marché.
...

-"Vient copain. Vient, je sais... snirf... ce que je vais faire à manger. Une tourte aux champignons, des œufs, de la salade d'hiver et une jolie compote de pomme pour finir. Le tout arrosé de cidre vieux. Ça me parait bien. Ouaip. Ça te...hum... botte? hé hé."
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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptySam 25 Mai 2019 - 13:42
Plutôt mitigée, Serena ne savait plus comment réagir avec lui. Elle le voyait là, devant lui, rire presque à en pleurer et s’étouffer à cause d’un mauvais jeu de mots. Tantôt exaspérée, tantôt soulagée, tantôt inquiète, la blonde l’observa faire en silence. Si elle appréciait ce trait chez lui, elle avait tout de même peur que derrière ces rires se cache le désarroi et il devenait difficile d’avoir une conversation sérieuse dans cet état.

Aussi, lorsque ce dernier crut bon de se détacher pour mieux changer complètement de sujet, Serena ne se gêna pas point pour s’agripper à lui et le retenir. Connue pour être têtue, elle ne comptait absolument pas le laisser s’échapper et lui jeta alors un regard plutôt mécontent.

« Tu oublies ta béquille, idiot. Et, je n'en suis pas une.»

Elle ronchonne un peu, partagée entre l’envie de lui tirer les oreilles ou le prendre dans ses bras pour le rassurer que tout aille bien. Difficile de savoir sur quel pied danser avec lui.... enfin… Et voilà, les conneries de ce dernier commençaient déjà à la contaminée et Serena soupira longuement en secouant la tête pour les chasser.

« Tu n’as pas à t’en faire pour l’argent, Nath’. »

Son visage relevé sur lui, elle se doutait bien qu’il n’allait pas apprécier la suite, mais elle ne comptait pas lui laisser véritablement le choix.

« Je m’en occupe. L’important est que tu puisses te sentir aussi bien que possible. »

Et pour cela son autonomie était importante. Évidemment, la première étape était de lui trouver des béquilles. Mais elle espérait sincèrement pouvoir lui fournir une jambe de bois. Oh, évidemment, elle n’imaginait pas une réelle jambe articulée, mais bien un simple support rigide qui malgré tout lui permettrait de se déplacer ou rester plus facilement en équilibre. Sourcils froncés, Serena ne lui permit aucunement de protester en venant plaquer son indexe sur ses lèvres. Non, il n’avait pas le choix. Aussi, assez naturellement, elle tira presque de force jusqu’à la boutique où se trouvaient quelques béquilles. Avec le nombre de blessés, ce n’était plus une chose si rare à trouver.

« Il te faut au moins cela pour pouvoir me cuisiner un dîner aux chandelles. »

Fit-elle finalement sur le ton de la plaisanterie, le sourire fier. Elle l’observa, le laissant essayer ce nouveau support avant d’enfin accepter de le suivre à travers le marché, l’aidant à porter ses achats jusqu’à chez lui.


« Tout d’abord, il faut te trouver une canne, un bâton, n’importe quoi qui t’aidera à te déplacer le temps qu’un artisan puisse de constituer une jambe de bois. »

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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptySam 1 Juin 2019 - 13:04
Comment ça elle allait prendre en charge le coût de... ?!!
AH NON ALORS !!! Je déteste devoir des trucs aux gens moi ! Alors là, je vais lui chauffer les oreilles, moi. Elle va m'entendre ! Je vais lui dire ma façon de penser, moi à cette gonzesse !

-"..."

Elle ne sut jamais ma façon de penser car son doigt jailli de nul part allant finir sa course sur mes lèvres, derrière mon écharpe. J'ouvris de grands yeux surpris. Personne, je dis bien personne ne m'avait jamais dit de la fermer sans se prendre un pain !
Sauf que là, à en voir l'expression de la jeune femme, il était inutile de discuter. Pire ! Elle ferait de moi de la chair à fangeux si je l'ouvrais un peu trop !
Je rentrais la tête sous mon écharpe, seul mes deux yeux en dépassaient. Un gros gamin qui se fait réprimander par sa mère.

Je marmonnais néanmoins un remerciement timide en regardant ailleurs. Voilà qui donnerait le change, et me permettrait d'avoir tout de même le dernier mot ! J'étais un homme ! C'était moi qui imposait mon jugement ! Et c'est d'ailleurs pour cette raison que je la suivis sans broncher à la quincaillerie non loin du marché. Elle était tenu par un ancien ébéniste, et l'endroit proposait pêle-mêle des cannes, béquilles, tables, pieds de tables, boucliers de bois, manches d'arbalètes, et autres objets utilitaires en bois.

Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurai pris la première canne venue... Et la moins chère, mais Serena ne vit pas les choses du même œil. Elle insista pour que j'essaie toutes les cannes et béquilles disponibles !
A la fin, mon choix se porta sur une béquille avec un support pour l'aisselle emmailloté de vert.
Le bois de frêne était résistant, et j'aimais bien les motifs du bois protégé par de la laque.

« Il te faut au moins cela pour pouvoir me cuisiner un dîner aux chandelles. »

Je fronçais les sourcils lorsque Serena paya pour moi, ce fut avec un ton plus ferme et décidé que je prenais la suite des évènements en main.

-"Bien. Maintenant que ceci est réglé, JE prendrais en charge les courses. Dîner aux chandelles? M'enfin... Je... Non, c'est un dîner quoi. Bon, allons y."

Je rajustais machinalement mon écharpe sur mon nez. Puis je fis quelques pas, appuyé sur ma béquille. Coordonner ma jambe et ma béquille fut l'affaire de quelques instants. Je pris assez vite le coup de main. Par contre, ça ne me laissait qu'une main de libre.

-"Hé, mates moi ça ! J'me débrouille comme un chef. Est-ce que je peux même accélérer?"

Je tentais un sprint subit et parcourais la rue à une vitesse élevée. Je stoppais mes manœuvres audacieuses alors que je manquais de peu reverser une petite vieille. En effet, les rues étaient maintenant plus animées alors qu'on se rapprochait des rues commerçantes.

Bonjour ! Oui bonjours m'dame Ribaud. Ça faisait longtemps, en effet. Et comment va m'sieur Jules? Oui... Oui il fait beau aujourd'hui ! Oui... Oui, j'ai perdu une jambe, oui... Je voudrais ces belles pommes là. Merci au revoir. Tient donc, M'sieur Guignard. Oui, je viens pour vos champignons là. Ils me paraissent bien beau. Oui, cette dame est avec moi. 'Fin, elle m'aide pour les courses, c'est tout. Ah, et je pourrais avoir cette belle laitue là? Non, celle là ! Oui voilà.

Le marché se fit assez vite. Ma béquille me permettait d'aller bien plus vite, mais l'exercice fatiguait. Mais je ne m'en faisais pas, je prendrais vite la main.

-"Bien, on a tout, l'es temps de retrouver la baraque. C'est à côté d'la caserne."

Et nous fîmes routes vers la maison. J'avais un sac de patate dans ma main libre. Et la milicienne avait insisté pour prendre le reste. Au détour des rues, nous arrivâmes enfin devant chez mon père, maintenant chez moi.

Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) 05

Je cherchais à ma ceinture la lourde clé de la serrure. Elle actionna les mécanismes et la porte s'ouvrit sans peine. L'odeur des fleurs séchées m’accueillit. Depuis la mort de mère, je regarnissais régulièrement un vase de fleurs, mais récemment, je n'avais eu le loisir de les changer.

La porte s'ouvrit sur la seule et unique pièce du rez de chaussé : une salle de vie qui se couplait à une cuisine. Au centre, entre plusieurs grosses poutres taillées de chênes, se dressais une lourde table entourée de quatre chaises simples. La cuisine présentait une table de travail en pierre, un four en pierre, et une cheminée. Mon père, sur des présentoirs avait taillé des soldats anonymes dans la pierre. Il avait aussi sculpté chacun des Trois. Pour ma part, j'avais gravé directement dans les poutres de bois les visage de la famille. Père, mère, Henir, Vakar, et Justine mes deux frères et ma sœur. Leurs traits figés dans le bois veillaient sur la maisonnée.

A gauche de la porte, appuyé contre le mur, mon lourd plastron de plate fourni par la milice patientait. A droite, un escalier menait au premier étage, garni de deux chambres. L'ancienne chambre des parents, maintenant mienne, et celle que j'occupais enfant, avec mes frères et ma soeur. Rien avait bougé ou presque depuis qu'ils étaient morts. Les poupées de chiffon, les jouets de bois, les bâtons en forme d'épée et les deux petites paillasses. Tout trainait dans la poussière. Au troisième et dernier étage, c'était l'ancien bureau de père. Je n'y allait plus depuis que j'étais entré dans la milice.

Tout était pareil, mais tout était différent. Parce que c'était moi qui était différent.
J'allais directement poser mon sac de patates sur la table de travail, puis allait m'assoir à la table de bois, posant ma béquille près du plastron vide.

J'observais d'un œil mauvais la gamelle de bois presque vide sur la table. J'étais parti précipitamment la nuit dernière pour aller traquer les fuyards des geôles. J'écartais l'objet et me relevais pour aller le poser proche de la cheminée, puis je revenais avec deux assiettes de bois, une grande cuillère en bois, deux petites et un couteau à viande.

-"Bien, il faut éplucher les pommes et les couper en petits cubes. Ah et faire partir un feu dans le four pour la tourte. Moi, je vais m'occuper des champignons, et de la salade ! Tu peux faire un tour de la maison, m'aider ou fuir le temps que je me débatte avec tout ça. Tu es ici comme chez toi copain. Ou presque, hein?"

Et je commençais à émincer les petits champignons ronds.



Dernière édition par Nathandall le Mar 25 Juin 2019 - 19:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyMer 19 Juin 2019 - 13:16
Difficile pour la milicienne de retenir son rire et cela malgré son sang-froid habituel. Le côté maladroit et pourtant attachant et surtout optimiste de son coéquipier ne pouvait guère la laisser indifférente. Il était comme ça. Elle regrettait seulement de ne pas avoir eu la chance de le rencontrer dans d’autres circonstances. Tantôt enjoué, tantôt déchiré, son cœur ne savait guère comment se comporter avec lui. Rire lui faisait du bien, mais la vue de sa jambe lui rappelait ô combien elle était responsable. Les faits étaient sans nul doute encore trop récents pour qu’elle puisse trouver la tranquillité.

Ainsi, alors que l’homme tentait de lui montrer sa nouvelle indépendance retrouvée grâce à une simple béquille, son sourire était partagé entre le soulagement, la joie, la tristesse et la douleur. Décidément, elle ne parvenait pas à être aussi rigolarde que lui. Et cela la pesait d’autant plus, car elle ne voulait certainement pas affecter davantage ce dernier. Essayant tout de même de maintenir les apparences autant que possible, elle commença à le suivre à travers les marchés, l’aidant à porter les achats pour le dîner avant de se laisser conduire jusqu’à son foyer.

La bâtisse était légèrement malheureuse et petite, mais rien qui ne surprenant. Elle avait vu pire, bien pire et parfois, s’était surprise à envier ce genre de foyer. Bref, la noble milicienne ne se laissa pas intimider par l’endroit et suivit simplement son propriétaire à l’intérieur. Ce qu’elle y retrouva la rappela exactement pourquoi elle avait autant envié ces foyers par le passé. Il n’y avait aucune richesse et franchement la propreté ainsi que le confort laissait à désirer, néanmoins, on y retrouvait cette chaleur humaine, ces traces d’un passé familiales loin des complots politiques.

« C’est une belle maison. »

Sarcastique ? La tendresse qu’émanait alors de son regard et de son sourire prouvait bien le contraire. Elle ne parlait pas du décor, mais de quelque chose de bien plus important : l’âme de la maison.

« Tu sembles avoir eu une grande famille. »

Sont-ils encore en vie ? Elle n’osa pas poser la question directement, jetant un simple regard curieux en sa direction afin d’analyser ses réactions. Enfin, elle s’approcha, respectueusement, jusqu’à la cuisine où elle déposa ses achats. Voilà d’ailleurs bien un domaine méconnu : la cuisine. Était-ce étrange de dire qu’elle était plus à l’aise dehors ou dans les ruelles sombres des bas quartiers qu’aux Fournaux ? Oh, elle savait plus ou moins se débrouiller pour survivre en extérieur, mais réaliser un repas, un vrai… Disons que cela ne faisait pas partie de ses talents. Aussi, une goutte de sueur perla sur son front lorsque son ami crut bon de lui proposer de l’aider si elle le souhaitait.

« Mauvaise idée. Je ne voudrais pas gâcher tes dépenses. »

Ceci étant, elle ne se sentait pas encore assez à l’aise pour simplement visiter une maison qui n’était pas sienne. Postée à ses côtés, elle préféra l’observer faire, attentive à ses besoins et surtout à sa santé.



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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyMar 2 Juil 2019 - 4:10
J'étais attablé, soulagé de sentir les muscles de ma patte manquante se détendre. Mine de rien, tout la marche m'avait éreinté.
Quoi que. Quelque chose tirait. Quelque part. Sous le genou. Sous le genou que je n'avais plus !

Je le sentais pourtant ce pincement ! Là où il n'y avait plus rien. C'était gênant. Entêtant.
Nathan', mon vieux, occupe toi d'abord de ces champignons.

Je coupais sur une planche en bois les champignons, avec ce geste sûr acquit avec l’expérience. Puis je poussais le tout sur le côté à l'aide de la lame de couteau. Hop, ça, c'est fait.

-"Mh? Belle maison? Oui, tu trouves? C'est mon père qui a lancé le chantier ! Tout est fait selon ses plans! Il en est fier, ça oui ! Au moins, il y a de la place. Hep, à côté de la porte il y a deux tonneaux d'eau douce. Tu pourrais aller y remplir le sceau qui est là-bas s'il te plait? "

Je tendis le bras et pris dans ma pogne quelques pommes. J'allais te me les éplucher vite fait, moi !

Sgrat sgrat sgrat.

On retire la peau ! Il ne fallait pas trop retirer de la chair du fruit dans le processus. Pour ce qu'elles m'avaient coûter ! Au moins, elles avaient un bon arôme. Je fis signe à Serena de poser le sceau sur la table à côté de moi.

-"Il faut bien retirer la terre des champis. Et de la salade. C'est surtout pour ça l'eau. Euh... Pour le feu dans le four, il y a une réserve de bois sec sous la table de travail. Par contre, je ne sais plus trop où en sont mes stocks, tient. Tu me diras s'il faut que j'en rachète aussi. Hein? Quoi? Ah, oui, on étaient pas mal, oui. 'Fin, comme toute famille je pense. A un moment on étaient six ici ! Maintenant mon père vit ailleurs et je suis ici tout seul."

Je me tournais vers les piliers de bois gravés. Je les désignais tour à tour au fur et à mesure des noms égrainés.

-" Voici père, et là mère. Puis là-bas, c'est moi. Te moque pas hein? Je nous ai tous taillé quand je sortais de l'enfance. Depuis, mon style à fortement évolué. (Je rentrais la tête dans mon écharpe. Mes frères et ma soeur me manquaient toujours.) Et là viennent Henir, ici Vakar, et Justine. Anür les a rappelé auprès d'elle avant qu'ils ne passent adulte."

Je haussais les épaules, et retournais à mes pommes. J'en étais à deux sur quatre. L'été n'était pas encore installé, elles n'étaient pas encore gorgées de sucre. Mais ça serait fameux quand même ! Manger là avec Serena était le sucre qui rendait n'importe quelle saveur exquise !

Une fois les pommes épluchées, le les coupais rapidement en dés, la pointe du couteau contre la planche de bois, remontant et descendant la lame vivement avec le poignet, poussant dessous avec l'autre main les quartiers à couper.

Tac tac tac tac tac tac tac !

Alors comme ça elle ne cuisinait pas? Bah, c'était une femme pourtant ! Techniquement, elle avait ça dans le sang. Peut-être qu'elle l'ignorait, voilà tout. Sans doute que chez eux des serviteurs faisaient les repas. Ça devait expliquer pourquoi elle ne pensait pas pouvoir aider...

Et puis hé, sans être une femme, je trouvais ça parfois marrant de faire de la cuisine. Tenter des choses. Essayer des saveurs étonnantes. Trouver du plaisir dans cet acte du quotidien, que de ce sustenter.
Bon parfois ça ruinait vraiment le repas... Mais c'est parce que j'étais un homme quoi ! Je ne pouvais pas deviner toujours correctement les bonnes combinaisons !

-"T'es sûr que tu ne veux pas t'y essayer? Moi je pense que t'y arriveras à merveille ! Comment tu fais toi qui est de l'extérieur? Juste de la viande séchée salée? Tes repas doivent pas êtres gais là dehors. J'parirais qu't'es une Serena de CuisineFière qui s'ignore !"

Je la taquinais gentiment pour provoquer et la pousser à la faute. Celle d'essayer pour me prouver que ça n'allait pas du tout. Il me suffirait alors de lui montrer. D'ailleurs, pour cela, je ne devais pas en finir avec les pommes. Donc je plantais la pointe de la lame dans la planche en bois, et poussais de côté les carrés de fruit. Il restait une pomme à faire, et j'entendais bien la voir se démener avec. Et puis manier le couteau, ça ne devait pas trop être sa faiblesse. Au vu de ce que j'avais vu, elle devait être à l'aise avec ce genre d'outil.

Pour ma part, je me mis simplement à séparer les feuilles de salade et les nettoyer une par une dans le sceau d'eau. Se faisant, je gardais les yeux sur la milicienne, la défiant du regard avec une pointe d'amusement. Une fois que j'avais accroché ses yeux, je poussais les miens vers la planche avec la pomme restante et le couteau. Comme pour l'intimer silencieusement : 'allez, vas-y! Elle n'attend plus que toi.'

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Ah, il fallait aussi préparer la pâte pour la tourte et badigeonner. Je le ferais après la salade.
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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyMar 9 Juil 2019 - 13:03
Ses doigts effleurèrent lentement le bois, suivant ses veines jusqu’à culbuter sur les gravures que son hôte lui désigna. Les sillons étaient maladroits, mais cela les rendait d’autant plus touchants et chargés d’histoire et de tendresse. Oui, Serena n’avait aucun mal à imaginer toute une flopée d’enfants rire et courir à travers ces murs, se chamailler sous le regard de leurs fiers parents. C’était le genre d’atmosphère qu’elle avait toujours enviée au sein des familles modestes. Ils avaient peu, mais tant à la fois. Évidemment, elle n’avait pas à se plaindre, sa famille était aimante, mes ses responsabilités trop nombreuses à son goût.

Le son de la lame martelant le plan de travail la fit rapidement revenir aux temps présents. Rien de tout cela n’était désagréable, au contraire, elle appréciait discrètement de le voir ainsi, chez lui à faire à manger comme si rien ne s’était produit. Le sourire aux lèvres, elle le regarda faire tout en essayant de fuir ses responsabilités. Mais visiblement, Nathandall avait d’autres idées en tête et insista davantage. Le regard posé dans le sien, la milicienne ne resta pas de marbre face à son odieuse provocation. Retenant un rire à son piètre jeu de mots, elle accepta néanmoins à s’exécuter, prenant ainsi une pomme dans sa main et la lame dans l’autre.

Droite et figée devant cette planche de bois, elle détailla longuement le fruit avant d’observer ceux déjà travaillés. Si couper en morceau lui paraissait encore réalisable, l’éplucher… Bien loin de sa zone de confort et un peu intimidée par le regard curieux, amusé et insistant de son camarade, Serena tenta bien maladroitement de s’appliquer.

« Toutes les femmes ne sont pas faites pour cuisiner. Et dehors, il ne s’agit pas de cuisine, mais de survie. »

Maigre tentative pour expliquer son réconfort à ce propos. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’elle s’exécuter à pareille tâche, au contraire. Mais elle peut-être qu’elle se mettait un peu trop la pression sous le regard du milicien ? Dans tous les cas, c’était avec une extrême lenteur que la blonde retira la peau de son fruit avant de la couper de façon un peu aléatoire.

« Satisfait ? »

Fit-elle d’un air presque désolé avant de se redresser avec fierté devant ce qu’elle avait réussi à accomplir. Évidemment, c’était totalement ridicule, mais c’était lui qui avait insisté. Et vu comme ils étaient partis, Serena accepta de continuer sur cette lancée, l’aidant ainsi à terminer son plat non sans le bousculer très doucement par moment en réponse à ses remarques moqueuses. L’ambiance était joviale, en toute complicité et Serena se surprenait à garder aussi facilement le sourire en sa compagnie. Son cœur s’était allégé et elle comprenait bien que c’était grâce à lui.

« Alors cuisinier, comptez-vous enfin me présenter notre repas ? Ou comptez-vous encore m’exploiter longtemps ? »

Le ton était aussi plaisantin et lumineux que le regard qu’elle posa alors sur lui. Mains posées sur la table et légèrement appuyée et donc penchée à l’avant, elle le détailla avec ce petit air joueur qui lui était propre.

« Ha, mais laissez-moi vous avertir mon cher, que mes prestations en tant que femme de ménage sont aussi médiocre et dangereuse qu’un barbare dans un magasin de porcelaine. Je ne compterai donc pas trop dessus, si j’étais vous. Mais pour le reste, je suis à votre disposition. »

Elle riait, mais évidemment, elle était réellement prête à lui donner encore un petit coup de main si cela était nécessaire.



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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyJeu 11 Juil 2019 - 20:44
Aha ! J'avais gagné. Comme prévu, elle s'y était appliquée !

J'avais observé son manège avec la pomme. Cette seconde d'immobilité. Le doute correspondant à cette fameuse question, familière de tout un chacun :

Qu'est-ce que tu veux que j'en fiche de ton truc?


Il n'empêche qu'elle s'en était plutôt bien tirée. Sous mon regard passant de sa main à ses yeux, elle eu bientôt raison du fruit. Non pas avec la délicatesse et la science du détail comme il sied à une femme, mais avec cette efficacité brute qu'on enseigne aux miliciens.
Je m'y attendais quelque peu, il fallait bien l'avouer, cependant.

« Toutes les femmes ne sont pas faites pour cuisiner. Et dehors, il ne s’agit pas de cuisine, mais de survie. Satisfait? »

-"Cela me semble pas mal. Je suis sûr qu'on peut retravailler ça. Mais pour un début, c'est pas mal."

J'étirais un sourire. Elle avait le sourire communicatif en fait, Serena. Puis je redevins un peu plus sérieux en lui tendant à bout de bras la planche avec tous les dés de pomme.

-"La plaque de pierre sur le four doit-être bien chaude maintenant. Tu as allumé le feu, n'est-ce pas ? Il ne suffit plus que de poser le grand bol en fer là-bas, dessus. Avec de l'eau, tu sais où la trouver maintenant. Une fois que l'eau boue, ta mission sera de balancer la pomme au bain. Simple, nan?"

Les feuilles de laitue étaient propre, nettoyées de toute trace de terre qui croque sous la dent désagréablement.
Je me levais ensuite pour aller au vaisselier en bois. Par Serus, j'avais oublié le saladier ! Je récupérais d'un geste ma béquille et progressais dans le salon en m'appuyant lourdement sur celle-ci pour avancer.

Une fois parvenu là où je le voulais, j'ouvris la petite porte et sortais l'objet de ma venue avant de m'arrêter, indécis. Là où l'on rangeait l'huile d'olive était de l'autre côté, près du four.

...

La distance me paraissait grande vu la fatigue que j'avais accumulé sur ma seule jambe valide. J'eus alors cette pensée qui me traversa l'esprit ; J'allais devoir réagencer tout le salon. En fait, tous mes objets du quotidien.
Sans doute tout revoir, tout réfléchir sur la place que je leur attribuerais. Car je ne pourrais plus dorénavant faire des allées et venues aussi sereinement qu’auparavant.
Je restais indécis quelques instants.

-"Dis voir, dans le panier d'osier, à ta gauche il y a un pichet de vinaigre et d'huile. Ah, et encore un peu plus loin il y a des échalotes et de l'ail. Il me faudrait ça aussi. Tu aimes ça, non?"

Puis je retournais à la table, m'affalant sur ma chaise. Je flanquais les feuilles de salade dans le saladier puis arrosait d'une pointe d'huile et de quelques cuillères de vinaigre. Je n'eus qu'à rajouter quelques fins morceaux d’échalotes et j’estimais que la salade fut prête.

« Alors cuisinier, comptez-vous enfin me présenter notre repas ? Ou comptez-vous encore m’exploiter longtemps ? »

Je me passais une main sur le menton, pensif. Combien de temps faudrait-il encore? Oh, encore un peu. La pâte de la tourte devait cuir, hein? La compote reposer un peu.

-"Quelle impatience ! Oh oui, il reste fort à faire, c'est ça la cuisine. Mais ensuite on apprécie un plat comme jamais. Tu verras, le goût de la satisfaction est incomparable."

J'étais libre de m'atteler maintenant à la tourte. J'avais déjà les champignons, mais n'hésita pas un instant à faire courir la jeune milicienne endurcie dans tout le salon pour vérifier la compote, m'apporter tous les composants de la tourte en préparation, ou juste pour la faire marcher.

Tiens, il n'y aurait pas une scie dans tel placard? Non? Ah tient, oui c'est vrai... je n'ai pas de scie... M'enfin. Qu'est-ce que je peux être distrais parfois...

« Ha, mais laissez-moi vous avertir mon cher, que mes prestations en tant que femme de ménage sont aussi médiocre et dangereuse qu’un barbare dans un magasin de porcelaine. Je ne compterai donc pas trop dessus, si j’étais vous. Mais pour le reste, je suis à votre disposition. »

Mon esprit s'emballa soudain de choses... incongrues. Qui n'avaient aucun rapport avec le contexte actuel. La pose qu'elle avait adopté, les mots 'être à disposition'...

L'espace d'un instant cela me joua un tour. Sans doute Rikni qui se riait de moi, ou Anür. J'eus un peu chaud l'espace d'un instant. Puis je revins à moi. Les Trois avaient repris mes frères et ma sœur parce que je n'avais pas été assez attentif, assez droit dans ma morale. Et ça n'était pas le moment de la condamner elle aussi en me rapprochant plus que de nécessaire.

-"Un barbare dans un magasin de porcelaine? J'aurais plutôt dis un frison galopant dans un couloir tapissé d’œufs de poule. Je pense qu'avec la compote à surveiller, tu as déjà assez à faire. Par contre, hé, vient voir, on ne coupe pas une pomme comme ça, hein? Apporte moi une patate que je te montre. Viens, à côté. Toi tu utilises l'outil comme d'une arme. Regarde, le fruit, le légume, qu'importe, tu ne veux pas le pourfendre comme un bandit, non? Tu veux le manger. Et des comme lui, il y en a un régiment qui traine derrière. Donc tu veux aller plus vite. Regarde comme je fais. Pointe du couteau sur la planche, voila, puis tu lèves et descend juste l'arrière de la lame en poussant ta patate. Attention à ne pas te couper. Tient regarde..."

J'eus un mouvement pour passer mon bras autour de ses épaules. Je voulais sympathiquement poser ma main sur la sienne pour lui montrer le geste exact. Une main qui poussait le légume à découper, l'autre main qui hachait.

Encore faillait-il qu'elle me laisse le faire. Je n'avais encore fais que lui entourer les épaules.

-"Tu me fais confiance? Je vais te montrer..."
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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptyVen 12 Juil 2019 - 10:50
Le sourire ne quittait plus ses lèvres et la milicienne se surprenait même à rire bien plus qu’à son habitude. Sans doute que l’optimise et les blagues idiotes de son acolyte avaient finalement eu raison d’elle. En tout cas, c’était le cœur bien plus léger qu’elle partageait ce moment de complicité avec lui. Impossible pour elle de se remémorer quand était la dernière fois qu’elle avait profité d’une de ces moments simples de la vie. Entre le chaos et la désolation qui faisaient désormais partie de son quotidien, la milicienne s’était concentrée exclusivement sur ses tâches, oubliant ainsi d’obtenir quelques moments de repos. C’était stupide, sans intérêt pour certains, mais tellement important pour elle. Oui, c’était comme une escapade où enfin, elle se retrouver libérer de ses doutes et de ses devoirs. Rien ne durerait éternellement, elle le savait bien. Mais pour une fois, elle profitait réellement du moment présent, le savourant à sa juste valeur.

Ce fut donc avec un engouement non dissimulé que Serena s’appliqua à ces petites corvées ménagères dont elle était si peu habituée. Faire des allers-retours dans la maison de Nathandall ne la dérangeait pas et ses petites provocations l’amusaient bien plus que ne la dérangeaient. Non, vraiment, elle se sentait étrangement bien avec lui.

« Hahaha ! Je prendrais la comparaison comme un compliment, très cher ! »

Eh oui, il était bien plus flatteur d’être comparé à une de ces majestueuses bêtes noires qu’à un rustre barbare sans loi ni foi. Mais passons, son regard se reposa curieusement sur son compagnon du jour qui visiblement n’était pas décidé de la laisser faire de nouveaux massacres en cuisine. Amusée, elle accepta bien vite de le rejoindre à la table pour se positionner à ses côtés tout en rétorquant toujours avec le même entrain.

« Qui te dit que je ne réserve pas le même sort aux bandits qui croisent mon chemin ? »

Bon d’accord, peut-être n’était-ce pas la meilleure idée de faire ce type d’humour noir juste avant manger, mais bon. Plus sérieux, ses yeux se placèrent sur les mains bourrues de son collègue qui décidément avait bien plus d’aisance qu’elle en la matière. À l’aise avec lui, elle ne s’était néanmoins pas du tout attendue à un tel rapprochement de sa part. Surprise, elle écarquilla d’abord légèrement les yeux avant de frémir légèrement à sa proximité. Clairement, elle n’était pas habituée à de tels gestes envers elle. Un peu crispée, car mal à l’aise, elle le devint bien plus lorsque son esprit décida de se remémorer le baiser à son front. Joue rosie malgré elle, elle tenta néanmoins de garder contenance en hochant simplement la tête pour le laisser rapidement lui démontrer les gestes à appliquer.

Nerveuse par cette situation qu’elle ne maîtrisait pas, elle essaya vainement de se concentrer uniquement sur la lame qu’elle tenait entre ses mains. Mais c’était sans compter le contact de sa main sur la sienne. Pour la première fois, Serena réalisa à quel point ses mains étaient grandes, suffisamment pour envelopper aisément les siennes. À bien y regarder aussi, ses bras étaient plus imposants et son odeur bien différente que celle qui pouvait émaner d’elle-même ou encore ses frères. Oui, Nathandall était différent et….

« Que comptes-tu faire ? »

La phrase était sortie d’elle-même afin de définitivement la coupée de toutes ses pensées. Reprenant son calme, du moins en apparence parce que son cœur continuait à battre bien trop irrégulièrement à son goût, elle tenta de se reprendre dans un simple sourire.

« Je veux dire… après la milice… as-tu réfléchi à ce que tu allais faire ? »

Le réflexe voulut pour elle de tournée légèrement sa tête en sa direction afin de pouvoir l’apercevoir. Mauvaise idée évidemment, car elle ne s’était pas rendu compte à quel point son visage pouvait être proche du sien. Dirigeant à nouveau ses yeux face à elle, elle commença à marmonner presque avec timidité.

« Tu pourrais travailler en cuisine, tu en as le talent… »


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NathandallMilicien
Nathandall



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MessageSujet: Re: Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini)   Repartir Du Bon Pied (PV Serena de Rivefière)(Fini) EmptySam 13 Juil 2019 - 18:45
J'avais pu me rapprocher de la jeune noble, poser mes mains sur les siennes et lui montrer comment faire avec le couteau avec plus de douceur qu'on pouvait attendre de ma part.
J'étais content de partager cet instant, et en même temps, je me sentais chamboulé. Confus.

Une douce ivresse, mais aussi une plaisir simple. Celui de partager quelque chose d'utile, d'agréable, avec quelqu'un. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'y avait plus eu personne à la maison.
Moi qui pensais que ça m'allait tout à fait, je m'étais sans doute bien fourvoyé. Peut-être que cela me pesait bien plus que je n'avais pu l'imaginer. Et maintenant que j'avais Serena de Rivefière à la maison, cela me paraissait tout à fait clair.

Et puis, il s'agissait d'elle. Celle avec qui je venais sans doute de passer le moment le plus important de ma vie. Certes dans le malheur, mais dans tout ce désespoir, je mesurais à quel point, j'avais aussi gagné une grande amie. Sans aucun doute que maintenant nos destins étaient liés.

C'est en montrant comment user du couteau pour cuisiner, et non pour tuer que je compris tout cela.
C'est en passant un moment si simple, mais si cher à mon cœur, que je vis à quel point elle paraissait importante, maintenant.

Si elle n'était pas resté? Si j'avais affronté mon amputation seul, serais_je ici, confiant presque, avec un moral solide? Non.

« Que comptes-tu faire ? Je veux dire… après la milice… as-tu réfléchi à ce que tu allais faire ? Tu pourrais travailler en cuisine, tu en as le talent…»

Ma main gauche lâcha celle de la milicienne et retomba contre la table. Mon regard s'assombrit. Sans trop m'en rendre compte, je baissais un peu la tête, comme un garçon honteux qu'on dispute.

Voilà que j'étais subitement ramené à une considération totalement terre à terre de mon avenir.
La milice n'avait que faire d'un unijambiste ! Ma vie avait radicalement changé, il fallait prendre tant de nouvelles mesures... Mais elle dépendraient toutes d'un fait réel : Comment allais-je gagner ma croûte maintenant?

Oui je m'étais déjà posé la question. Je m'étais interrogé si longtemps, muettement dans la fièvre du lit du Temple. Avant le sommeil, quand la souffrance m'amenait, ruisselant de sueur à me laisser abattre par ma situation.

Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant? Oh, Rikni pourquoi m'imposes tu ça? Marbrume n'a que faire des handicapés, la survie de l'espèce était en jeu. Les misérables étaient abandonnés à leur sort ! Et maintenant j'étais un misérable aussi...

Pourquoi? Pourquoi moi? J'avais tout fait ! Les prières, la vie éloignée des femmes, l'abandon total aux lois et au dépassement de soi. Le fait que j'ai laissé courir Lyanna quand je l'avais attrapé à voler était-il la cause de ce qui m'arrivait? J'avais fait ce qui me paraissait juste, alors.
M'étais-je trompé? Et cela avait-il eu raison de ma jambe? De ma vie, de mon avenir?

Un poids que j'avais oublié retomba sur ma poitrine. Je relevais les yeux vers Serena. Mon humour et ma malice avaient, pour l'heure, disparues.

-"Je... Je ne sais pas encore..."

Lâchais-je finalement d'une voix grave. Je tapotais trois fois d'un geste agacé du bout des ongles le bois de la table. Mes yeux ne regardaient plus tant la milicienne désolée de m'avoir ramené à une humeur noire, que le vide. Perdu dans le vague, mon cerveau ne fonctionnait pas. Aucune pensée constructive n'émergeait.

J'eus un soupir lasse après un temps. Je posais mon front contre son épaule. La tête lourde, j'avais besoin d'un moment pour opérer la transition. Revenir à cette maudite jambe en moins. A cette horreur du moment qui ne me garantissait rien sinon que plus rien n'était garanti.

Le front contre son épaule, les yeux perdus, je répétais encore, d'une voix un peu plus abattu.


-"Je... Je ne sais pas..."

Toutes mes défenses s'effondraient. Parce que j'étais chez moi? Parce que je n'arrivais plus à faire semblant? Parce que elle était la dernière personne avec laquelle j'avais envie d'en parler? Je ne savais pas. Il fallait dire que jusqu'à présent, mise à part le saut pour acheter une béquille, nous n'avions pas évoqués ce point. Je pouvais encore vivre en passant outre. Comme si, si personne ne me parlait ou remarquait l'absence d'une jambe, alors elle pouvait encore être là.

Elle était inquiète maintenant. Je ne voulais pas... Je... Désarçonné et faisant face à ma déprime, je me reculais quelque peu.

-"Désolé..."

Ah... La tourte... Elle serait bientôt prête. La compote... Aussi.
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