Sur le fil des ailes

Sujet: Sur le fil des ailes Dim 10 Mar 2019 - 21:35

Sur le fil des ailes

feat Adelaide Grisregard

« Croa ! » « Croa ! »

Huggin était d'humeur à croasser sur son perchoir voyant son maître plongé dans ses pensés. Celui-ci, bien enfoncé au fond de son fauteuil demeurait parfaitement immobile depuis voilà bien une bonne demie heure. Le bras droit posé sur l'accoudoir de son fauteuil et quelques doigts sur ses lèvres. Voilà qui était sa posture de prédilection pour faire vaquer son esprit dans les méandres de ses réflexions théologiques où en l’occurrence sur sa haine.
Sa haine à l'égard des scélérats qui peuplent en surnombre cette ville gangrené de vices. Ces gens qui se détournent des voix Divine et des Trois pour se complaire dans une vision étroite et sommaire de la vie. Ils se faisaient discret, mais ils voyaient bien dans le regard de gens que la piété quittait leurs yeux et leurs cœurs.

Il se mit à trembler...

Cette absence de foi le mettait en rage. Pis que cela, elle devenait difficile à contenir. Les Hauts-Prêtres se devaient de durcir les lois divines à l'égard de ces sales rats. Les Ordalies devaient être plus fréquentes. Il se prenait des fois à rêver d'un vague projet. Des Ordalies beaucoup plus violente et dur pour éprouver le cœur des justes, s'ils étaient encore de ce monde. Avec son regard inquisiteur, Rohélias se chargera sous la tutelle du Clergé, de chasser les infidèles au sein même de Marbrume. Voilà qui équilibrerait la foi en ces murs qui rappelons le, tremble déjà de la justice divine à l'extérieur en écho de la déchéance de l'intérieur. Un rééquilibrage. Cela sonnait bien. Une rafle simple et efficace afin de filtrer les âmes pur des âmes impies. Cela serait parfait...

Parfait.

Il rouvrit les yeux et vit sa magnifique veste qui était froissé de sa position assise. Une autre vague de colère s'agita en plus de l'océan déjà bien agité. Il déploya d'immense effort pour se contrôler et pas succomber à une crise de rage. Il se revoyait petit, faible à la merci de la cupidité de ses parents et de sa mère en particulier qui l'humilié à longueur de journée.

Il passa une main crochu sur ses yeux fatigués dan un léger tremblement de colère avant de plaquer celle-ci contre son bureau d'un geste sec.

« Croa ! » « Croa ! »

Il prit un moment pour souffler et se calmer. C'était un exercice éreintant et qui hélas, devenait de moins en moins efficace.

« Tu as raison, Huggin. Inutile de s'énerver. Allons s'enquérir d'une nouvelle veste pour pallier à mon humeur. »

Il prit soin de quitter sa veste froissée, de la posé sur un cintre dans le dortoir des prêtres juste à côté et d'en prendre une autre. Exactement la même, très cintrés qui se fond parfaitement sur sa silhouette filiforme avec des boutons dorés aux manches et le col relevé. Soigner son apparence à toujours été sur lui des valeurs thérapeutiques. Une balafre du passé qui cesse de s'endolorir lorsqu'il est d'une présentation impeccable.

Il prit sa bourse bien repli pour subvenir au prix de sa nouvelle veste qu'il accrocha à sa ceinture. Il traversa l'immense battisse religieux qu'était le temple de la Trinité et se remémora l'endroit où il se rendait avant son emprisonnement pour ses vêtements. Il se souvint que c'était dans La Hanse. Une couturières très qualifié dans ses souvenirs, soucieuse du détail et impeccable sur elle et dans ses gestes. Tout indiqué pour attirer la clientèle Rohélias et le fidéliser.

Après s'être accoutumé à la foule, Rohélias déambula dans la Hanse à la recherche de ladite boutique. Il se tenait à bonne distance de chaque individu. Déjà parce que la plupart étaient vraiment négligés sur eux, ce qui agacé derechef Rohélias et deuxièmement, les vols et menus larcins avaient libre court ici.

Après plusieurs minutes à vagabonder dans la Hanse, il tomba finalement sur le lieu tant convoité.
Il dégaina son chiffon rouge et s'en servit pour ouvrir la porte, évitant de ce fait la sueur des gens retenu sur la poignet. Il referma la porte derrière lui, se tint le plus droit possible sur le pallier et replia avec rigueur son chiffon rougeoyant. Il le rangea dans le revers de sa veste avant de balaya de ses yeux sombres la boutique.

Il fut surpris de ne plus se rappeler de cet endroit. Peut être depuis son enfermement avait-il changé ?

Quoi qu'il en soit, il espérait trouver la même couturière de jadis. Les gens généralement, Rohélias ne les oublient pas si facilement. Où du moins, un artisan tout aussi professionnelle et méticuleux.

Sujet: Re: Sur le fil des ailes Jeu 14 Mar 2019 - 14:22

Adélaide avait mal dormi ce jour là. Sa mère avait crié de douleur pendant la nuit, ce qui avait réveillé toute la famille. Bien qu'Ascelin avait pris le relais pour calmer son épouse, Adélaide était aller voir si tout allait bien. Son père l'a renvoya bien vite pour qu'elle retourne se coucher, la rassurant que ce n'était rien et qu'il avait le contrôle de la situation. La jeune fille s’exécuta sans rien dire. Mais lorsqu'elle revint à sa chambre, ses pensées fusèrent tellement, qu'elle ne réussi pas à se rendormir avant le lever du jour. Or ce jour là, sa patrole, madame de Beauval, avait des obligations et ne pourrait pas, une fois de plus, se trouver à la boutique. Adélaide devrait donc assurer le service auprès de la clientèle en totale autonomie. Bien évidemment la jeune femme ne disait pas non. Elle aimait avoir cette liberté. La rencontre avec Bertrand de Montbard avait été en plus l'occasion de vendre une de ses créations... Mais devoir assurer, demandait beaucoup d'énergie à la jeune fille. Car même si elle ne voulait pas se l'avouer, elle manquait tout de même de confiance en elle et stressait beaucoup. Elle adorait la couture, adorait pouvoir apprendre avec Aelys, aussi, elle avait toujours la peur de la décevoir quand elle se retrouvait seule....

De plus, ces jours ci, la jeune femme était affaibli. La famine n'était plus là, mais elle avait toujours du mal à manger parfois. Le manque de sommeil n'arrangeait vraiment rien. C'est pourquoi, quand elle se leva, après avoir dormi à peine deux heure, sa tête lui faisait mal. Elle pris donc soin de se préparer un léger petit déjeuner afin de prendre un peu de force. Il fallait qu'elle soit en forme pour tenir la boutique... Après une bonne demi heure, la jeune femme se rafraîchit et mis l'une de ses tenues favorites. La première robe qu'elle s'était faite. Elle était loin d'être parfaite, mais Adélaide en était fière. Une fois prête, elle se rendit à la Hanse dans le Bourg Levant. Ce matin là, elle ne flanna pas dans les rues et marcha vite sans accorder un seul regards aux autres passants. Adélaide n'était pas d'humeur pour une fois. Elle n'avait pu réussir à dormir et la fatigue lui pesait déjà alors qu'il était à peine neuf heure du matin.

Une fois arrivée, elle rangea ses affaires dans l'arrière boutique et décida de passer le balai. La jeune femme avait pris cette habitude, tous les matins, faire un peu de ménage. Elle n'était pas maniaque pour autant.Simplement, avec la maladie qu'elle avait attrapé et celle de sa mère, Adélaide avait appris à prendre des précaution. A peine eu telle fini et rangé son outil de travail dans le placard, qu'elle entendit la cloche significative d'un nouvel arrivant. Elle relava la tête par curiosité et vit entrer un étrange personnage. Tout d'abord, il tenait la poignée de porte avec un chiffon de couleur rouge. Cet étranger avait il peur d'attraper la peste?C'était bien la première fois qu'elle voyait une chose pareille. L'homme qui pénétra dans la boutique avait un certain âge. D'une pâleur extrême, il avait l'air d'un cadavre sur pattes. Adélaide eut un frisson. Elle sentit soudain un malaise. L'inconnu dégageait un aura assez fort. Quoi qu'il occupait comme poste dans la hiérarchie sociale, cet individu avait l'air d'avoir un fort caractère. La jeune femme su, rien qu'en le regardant, qu'il serait un client pointilleux et exigeant. Adélaide devait donc choisir une bonne approche pour ne pas se griller dès le départ....

-Bonjour Messire, puis je vous aider ? Demanda t'elle d'un air timide.

Puis avant même qu'il ne réponde, elle reprit la parole, avec une voix légèrement fébrile :

- Veuillez m'excuser, j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Adélaide Grisregard.

La jeune couturière s'inclina légèrement en se présentant. A dire vrai, elle ne savait pas trop quelle posture elle devait adoptée. Aussi, elle espérait au fond d'elle même que le client n'allait pas s'offusquer.

Sujet: Re: Sur le fil des ailes Sam 16 Mar 2019 - 13:28

Sur le fil des ailes

feat Adelaide Grisregard

Le lieu lui inspirait la rigueur et cela Rohélias en prenait bonne note. Le sol était parfaitement propre et cela allait influencer dans le bon sens sur le moral du Corbeau. C'est une petite femme qui vint à sa rencontre. Pas du tout celle de ses souvenirs, mais qu'importe. Elle devait être tout autant qualifier. Une fille du peuple à première vue. A observer ses vêtements fait sur mesure, certainement de ses mains, et sa légère constitution. Tans mieux. Il n'a jamais pu supporter la noblesse et ses intrigues de cours de bas étages, bien loin des considérations divine de la Trinité. Maudit hérétiques !

Bonjour Messire, puis je vous aider ?

Il fut surpris de la voir l'appeler « Messire » car cela n'en était pas un et même s'il se présentait de façon impeccable en public, il n'en demeurait pas moins qu'un prêtre, et non un noble. Cela l'amusa plus qu'autre chose, puisqu'elle avait dit cela d'un ton pas très rassuré. Oui, il faisait cet effet là à beaucoup de monde.
Puis, elle reprit de sa voix fébrile :

Veuillez m'excuser, j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Adélaide Grisregard.

Puis, comme l'exige ces codes ronflants sur la noblesse, elle s'inclina devant Rohélias d'une manière un peu maladroite. Chose très rare chez Rohélias, un léger sourire se dessina sur un coin de ses lèvres, visiblement très amusé par le numéro de la jeune Adélaide. Toujours ses mains habituellement dans son dos, il répondit de sa voix froide et sèche, enfin :

« Et bien merci pour cette accueil, ma chère enfant, voilà bien longtemps que l'on m'avait servit du Messire. Je crois que cela remonte à avant ma vocation de prêtre. Je suis le prêtre Rohélias Markonnen. Un mon père suffira amplement, mon enfant. »

Il reconsidéra cet état de fait. Sa naïveté était très touchante à dire vrai. Il en jugea que c'était d'une certaine manière la preuve d'une âme légère et pure, bien loin des vanités et fausses modestie de la cours des nobles. Il est vrai que depuis sa vocation de prêtre de la Trinité, il en avait abandonné ses titres dans la petite bourgeoisie de son horrible famille.

« Il me faudrait une veste pour compléter ma maigre garde robe. La toge nous incombent à nos heures de bonne parole, mais je tiens à me vêtir autrement en dehors de mes cérémonies. Une veste cintrés, prêt du corps avec un col comme celle-ci. » dit-il en montrant sa propre veste qu'il portait aujourd'hui.

Rohélias prit un moment pour spéculer sur le compte de la très jeune femme. Si effectivement, sa naïveté laissé penser à une âme pure, cela n'était pas suffisant à son sens. L'ignorance n'excuse rien. Ce qui détermine l'intégrité d'une âme sur la balance devant la Trinité, c'est évidemment si cette dernière prit régulièrement avec ferveur. C'est le cœur du sujet. Le reste ne sont que des à côtés appuyant les prières.
Était-elle pieuse ? Rohélias comptait bien se servir de cette simple commande pour s'en assurer. Il ne tolérait pas les athées, les hérétiques où même les sceptiques. C'est à cause d'eux que le courroux divin s'est abattu sur ce monde et sur Marbrume. Il se devait déjà de les recenser.

Sujet: Re: Sur le fil des ailes Dim 17 Mar 2019 - 16:20

Adélaide ne savait pas comment interpréter les signaux provenant de ce nouveau client. En effet, quand elle l'appela « Messire », et s'inclina en une petite révérence. Il sourit et paru amusé par le comportement de la demoiselle. La jeune couturière avait elle fait une erreur ? A dire vrai, elle ne connaissait rien aux règles de bienséances de la noblesse. Même si son père lui avait déjà décrit certaines situations quand elle était petite, tout cela remontait à loin malheureusement. Puis, d'une voix froide et sèche qui allait bien avec l'allure du personnage, l'inconnu la remercia pour son attention mais lui fit comprendre que cela n'était pas nécessaire. Ainsi donc elle avait affaire à un prête du temple. Il se présenta sous le patronyme de Rhoélias Markonnen. L'homme précisa également qu'elle pouvait l'appeler « Mon père ». Cela faisait longtemps que la jeune femme n'avait pas été confrontée au clergé. Ainsi, même si elle était issue d'une famille croyante, elle n'avait eu que rarement l'occasion de pratiquer sa foi envers la Trinité. Même si son père Ascelin pensait que les prêtes étaient là pour les aider et la Trinité était bénéfique dans leur combat face aux fangeux. En grandissant la jeune femme ne s'était pas encore faite une idée précise de ce que représentait pour elle la religion. Toutefois, elle était respectueuse envers les membres du culte. Adélaide avait d'autant plus conscience du pouvoir que les prêtres pouvaient avoir au sein de la cité de Marbrume. C'est pourquoi, elle se releva de sa révérence et d'une voix un peu timide, elle reprit la parole :

-Enchantée mon père. Veuillez excuser mon erreur. Je n'ai pas l'habitude de recevoir quelqu'un de votre rang dans la boutique de Madame de Beauval.

Le prête sembla se radoucir. Avait il pitié de la jeune fille ou était il tout simplement compréhensif ? Sa condition d'appartenance au bas peuple n'avait pas du passer inaperçue. Toujours était il que Rhoélias lui expliqua ce qu'il recherchait précisément comme vêtement. Il souhaitait une veste pour les moments de détentes. Ainsi donc les prêtes n'étaient pas obligés de toujours porter leur toge ? Décidément Adélaide avait beaucoup à apprendre. La couturière prit donc d'obervr l'homme ainsi ue la veste qu'il portait. Si elle souhaitait avoir toutes les informations pour réaliser le patron, elle devait avoir quelques précisions.

-Très bien mon père. C'est tout à fait faisable, je vous rassure. Toutefois, je vais avoir besoin de précision. Souhaitez vous une matière particulière. En matière de prix, avez vous une limite ?

Elle sortit son carnet de note et sa mine afin de noter tous les détails du besoin du client. Puis après quelques instants d'hésitation, avant même qu'il lui ait répondu, elle reprit doucement :

-Par contre mon père, je vais devoir prendre quelques mesures. J'espère que cela ne vous pose pas de problèmes. Dit elle calmement.

Adélaide était légèrement impressionnée, toutefois elle ne voulait pas paraître non professionnelle et risquer de perdre la commande. Le prête avait beau être un religieux, c'était avant tout un client. La jeune femme se concentra donc sur ce fait pour ne pas perdre ses moyens et paraître aux yeux de Monsieur Markonnen une vulgaire apprentie pas douée....

Sujet: Re: Sur le fil des ailes Lun 18 Mar 2019 - 18:37

Sur le fil des ailes

feat Adelaide Grisregard

« Du drap de laine fera parfaitement l'affaire. Du moment que la matière ne soit pas un ramasse poussière. » dit il.

Le drap de laine était la matière la plus en vogue dans ses souvenirs. Du coup, la moins chères à sa connaissance. Ses comptes lui permettraient difficilement des écarts trop important ces derniers temps.

Il cogita cependant sur les propos précédant de la fillette. Elle n'avait pas pour habitude de fréquenter quelqu'un de son rang ? C'est à dire ? Elle n'avait jamais fréquenté de prêtre de sa vie ? Cela crispa quelque peu les phalanges postés derrière son dos. Il y a un monde entre la naïveté et l'ignorance. Cette dernière semblait plutôt se placer du mauvais côté de la balance...
Rohélias affina sa réflexion et s'interrogea sur l’intégrité spirituelle de cette Adélaïde. Bien trop de scélérats peuplent ces rues dans l'ignorance voir le déni le plus total à l'égard des dieux. C'est à cause de ces gens là que la Fange sévis sur la ville et l'humanité. En tans que prêtre, il ne pouvait tolérer ce manque consternant de foi. Il fallait de la pratique, un vrai dévouement envers les Dieux et prier pour nos vies et la grandeur de ces derniers.

Elle l'interrompit dans sa réflexion en lui demandant si cela posé problème qu'elle prennent ses mensuration.

« Faite, mon enfant. » répondit il, absolument neutre.

Tandis qu'il laissa la jeune femme s'affairer à s'équiper en outil nécessaire pour les mesures de Rohélias, ce sac d'os, ce dernier jeta un regard au sol, cherchant ses mots avant de lancer :

« Vous savez que je n'oublie jamais un visage. » dit il fièrement.

Et c'était la vérité. Les gens avaient le don de le marquer. Il prenait vraiment un temps pour observer les gens et les étudier de son regard perçant. Il laissa volontairement planer un temps de latence avec la suite de sa phrase comme pour inviter la couturière à se demander pourquoi une telle affirmation à ce moment là. Il reprit de plus belle :

« Je n'ai pas le souvenir de vous avoir vu au Temple de la Trinité. Peut être que je me trompe, mon enfant ? »

Son ton était toujours glacial comme la nuit. Son regard, enfoncé dans leurs orbite et cerné de gris, donnait l'impression de ténèbres autour de ses yeux. Une énergie noire se mit en mouvement au fond de lui. Celle qu'était capable d'animer le manque de piété des hérétiques. Il se fit insistant. C'était son devoir de s'assurer du respect des rites au sein de ses gens. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas organisé d'Ordalie, depuis son emprisonnement d'ailleurs. De mettre à l'épreuve la ferveur des gens devant les Dieux.
Soit, cette enfant était athée, ce qui au vu des Dieux et des Hommes, est très mal vu et punissable. Soit, peut être que Rohélias tirait de conclusion trop hâtive. Cela lui arrivait aussi. Il voyait les choses en noirs généralement. Cela évite bien des surprises. Peut être est elle vraiment maladroite dans son rapport avec les gens ?

Sujet: Re: Sur le fil des ailes Dim 24 Mar 2019 - 11:52

Lorsque la jeune femme demanda au prête ce qu'il voulait comme matière, il lui répondit un drap de laine. Ainsi, c'était une matière en vogue ces derniers temps, et qui coûtait peu de frais. Mais lorsqu'il répondit à Adélaide, Rhoélias précisa qu'il ne voulait pas de « ramasse poussière ». La jeune fille rit jaune au fond d'elle même. Elle n'était pas assez idiote ni impétueuse pour choisir une telle étoffe. Après tout, elle adorait son poste à la boutique de Dame Aelys. Elle souhaitait donc le conserver. Par ailleurs, le Père Markonnen était fort impressionnant. La demoiselle n'osait donc pas imaginer comment il pourrait réagir s'il était en colère. Elle lui répondit donc doucement avec un sourire :

-Très bon choix Mon Père. Je vous rassure, je ne suis pas une adepte de la poussière. Il serait donc malvenu de ma part de mal vous conseiller.

Puis s'ensuivit un long moment de silence. Adélaide prit ce temps de latence pour se concentrer sur son travail. Elle prit donc les mesures de ecclésiastique avec soin. Minutieuse, la jeune femme prenait le soin d'être douce dans ses gestes. La jeune couturière tremblait légèrement. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de se trouver en présence du clergé. La jeune fille croyait en la Trinité, mais ces derniers temps elle n'avait que peu de temps pour aller au Temple pour prier. A vrai dire, son père l'avait initié très jeune, mais avec tous les malheurs qui avaient touchés la famille Grisregard, Ascelin n'avait pu emmener ses enfants régulièrement à la messe. De ce fait, la fratrie n'avait pu développer un culte important pour la Trinité. Cependant, la jeune fille n'était pas prête à avouer une telle chose à son interlocuteur. En effet, de nos jours, être athéiste ou peu pratiquant était mal vu, d'autant plus par un membre de l’Église. Et s'il y avait bien une entité que la demoiselle ne voulait pas contrarier, c'était bien cette dernière.

Puis, surprenant la jeune femme, l'homme reprit la parole pour lui signaler qu'il n'oubliait jamais un visage. Adélaide fut soudain mal à l'aise. Qu'entendait donc l'individu en disant cela ? Invoquait il le fait qu'il ne l'avait jamais vu dans la boutique ? Auquel cas, la jeune femme pourrait aisément le justifier. Ou le prête insinuait il qu'il ne la connaissait pas pour ne pas l'avoir vu au Temple régulièrement ? Décidément, Adélaide se mettait beaucoup de pression pour rien. Afin de n'éveiller aucun soupçons et surtout de ne pas énerver son client, elle répondit aussi calmement qu'elle le pu :

-Eh bien moi non plus mon Père. Je pense qu'effectivement c'est la première fois que nous nous croisons ici. Je travaille à la boutique depuis quelques semaines seulement.

Mais après il clarifia sa pensée. Ainsi donc il rétorqua qu'il ne l'avait pas vu au Temple ces derniers temps. Toutefois il fut assez intelligent pour évoquer la possibilité d'une erreur de sa part. Adélaide sentit son cœur s'accélérer. Ainsi donc c'était bien la deuxième option. Ce n'était pas grave. Si la jeune femme ne voulait pas d'ennuis, elle devrait détourner la vérité. La sincérité et la franchise étaient deux de ses qualités. Toutefois, là elle était en présence d'un cas de force majeur. Aussi elle répondit par une demi vérité.

- Certes mon père. Ma mère étant gravement malade, j'assiste mon père Ascilin Grisregard dans sa tâche pour la soigner. Je dois prendre également soins de mes petits frères et sœurs. Cela me prend malheureusement beaucoup de temps. Toutefois je prends le temps de prier la sainte Trinité dès que je le peux.

La jeune femme pensait souvent à la Trinité et à la fange dans ses rares moments de solitude. Bien évidemment, comme beaucoup de monde, elle aurait aimé que cet événement n'ai jamais eu lieu. Toutefois, elle n'avait pas le pouvoir de remonter le temps. Parfois, elle se posait et espérait croire à un meilleur avenir pour elle et sa famille. La Trinité était elle le moyen d'arriver à atteindre son but ? Peut être, elle n'en était pas certaine.... Cependant, elle gardait pour elle ses réflexions. Ainsi, elle attendit la réaction du Père face à sa parole. Elle voulait changer de sujet, mais cela aurait éveillé encore plus de soupçons...

HRP : désolée pour le retard. J'espère que cela te plaira.

Sujet: Re: Sur le fil des ailes Sam 30 Mar 2019 - 15:32

Sur le fil des ailes

feat Adelaide Grisregard

« Comme c'est attendrissant... » pensa t'il maussade.

Au moins la franchise faisait partie de ces vertus qui adoucissaient un peu les mœurs ô combien délicates de Rohélias. Elle ne priez pas autant qu'elle le voudrait, mais cela demeurait une faute aux yeux des Dieux et des siens. Une carence de foi donc, en toute état de cause, qui peut être soigné. Si celle-ci y met du sien. Il poussait la réflexion plus loin. Elle était mise à l'épreuve par Rikni. C'est dans ces moments là qu'il ne faut pas flancher. Rester droit, et persévérant dans sa dévotion envers la Haute Trinité. Absolument rien ne doit nous en écarter.
Il avait apprécié également sa façon de faire sur sa prise de mesure. Des geste méticuleux et réfléchit. Cela l'avait détendu et rassuré.

« Et bien, chère enfant, sachez que dans la trinité, le hasard n’existe pas. Si une épreuve vous incombe, c'est sans aucun doute Rikni qui vous met à l'épreuve. Notre dévotion doit rester aussi immaculé qu'un ciel bleu sans nuage : infini et unis. »

Cela le chiffonna quand même d'avoir affaire à cette jeune femme qui n'éprouvait pas assez sa foi, sa fidélité envers la Trinité. Il prit une profonde respiration tandis qu'il repris une certaine distance entre sa maigre corpulence et la jeune Adelaide.

« Savez-vous ce qui nous vaut cette Fange ? Pourquoi nos morts ne méritent aucun salut et deviennent l'une de ces créatures à l'âme égarée? C'est parce que nos vies s'éloignent du chemin de la Trinité. Si nous nous égarons sur le sentier de la foi, nous finirons sur celui des châtiés. Aucune chance d'échapper à cette raison. Notre sort à tous est entre leurs mains. Je ne serais que trop vous recommander de sauver votre âme ainsi que celle de votre famille, si vous ne voulez pas revenir d'entre les morts pour les dévorer... »

Il s'était raidit davantage sur ses derniers mots. L’athée était à brûler sur un bûcher sans sommation pour lui. L'agnostique à fouetter jusqu'au sang pour lui faire admettre la seule vérité dans ce monde. Sa patience était mis bien trop à l'épreuve en entendant des propos pareil. Il était allé un peu loin dans ses paroles pour les oreilles de la jeune fille certainement, mais l'heure n'était plus à la sensiblerie. Il fallait inverser la tendance de cette ville et propager dévotion et droiture dans l'esprit et le cœur des gens.

« Non, l’ignorance n'excuse rien. »pensa t'il.

« Hum, dites moi, quand ma veste sera prête ? J'ai à faire cette après-midi. J'espère que nos routes se recroiseront très bientôt à la paroisse où ici, bien entendu. »