La tunique bleue [PV Aelys & Hector]

13 Mars 1166

La journée était pluvieuse et triste. Hector n'aimait pas ça. En plus, l'affaire qu'il avait conclu au début de l'après-midi ne lui semblait, à présent, plus aussi favorable qu'il l'avait estimé sur le coup. Déçu, il retournait à son auberge sans même passer par l'Effeuill'Age comme il l'avait prévu précédemment. Son chemin, par hasard, le mena devant la boutique de son amie et confidente, Aelys de Beauval. Le baron la croyait à Traquemont comme elle le lui avait écrit dans sa dernière lettre alors il ne jeta qu'un regard rapide dans la boutique de l'ex-couturière... mais ! Surprise ! Il crut discerner une silhouette svelte et élancée et une chevelure dorée...

Aelys !?

Le baron s'arrêta et s'approcha plus près de la jolie vitrine. La silhouette avait disparue et la boutique était vide. Le baron resta un instant là, sous la pluie battante... puis se décida à entrer. Ses sens l'avaient-ils trompé ? Était-ce un mirage dû à sa pensée, à son espoir de voir sa bonne amie ? Ou bien y avait-il une autre jolie blonde dans la boutique d'Aelys ? C'était une enquête mineure, bien sûr, mais l'inspecteur Sombrebois avait à cœur de la résoudre !

Il frappa légèrement à la porte et entra, faisant tinter la cloche de la proprette boutique.

- Bien le bonjour, séant ! Fit-il avec enthousiasme.

Il attendit que quelqu'un vienne l'accueillir en regardant autour les vêtements disponibles. A dire vrai, et même si ce jour le faisait mentir, il pensait qu'une tunique légère pourrait lui être utile. L'été ne tarderait pas à venir et pourquoi ne pas renouveler un peu sa garde-robe. Après tout, la mode n'était pas qu'une question féminine. D'ailleurs, le baron était célibataire et savait bien que sa noblesse ne suffisait pas toujours à faire frémir les demoiselles. Un bel habit n'était pas un atout négligeable en matière de séduction alors, oui, il cherchait. Et il en trouva une, une belle tunique d'un bleu ciel au col en V. V comme victoire, cela lui plaisait, surtout à l'approche des festivités à venir... Il prit la tunique et la porta contre son buste...

Et merde !

Son poitrail ne rentrerait jamais dans une si petite étoffe !

La journée était à l'image du deuil qui habitait encore le cœur de la Couturière, pour autant celle-ci était moins affligée depuis plusieurs jours grâce à l'arrivée de sa nouvelle et toute première apprentie. Adelaide était certes un peu âgée pour commencer sa formation, mais à l'époque qui était la leur cela pouvait aisément se comprendre et Aelys ne redoutait pas l'échec, songeant que ce qui importait était de transmettre son savoir. En outre, la fille Grisregard était attentive et pleine de bonne volonté, deux qualités essentielles qui promettaient le succès si la persévérance les rejoignaient. Aujourd'hui la blonde était cependant seule à la boutique, le temps n'invitait guère les promeneurs à s'arrêter contempler l'endroit à travers les carreaux et la lumière était si basse qu'elle l'obligeait à aller coudre dans l'atelier à l'arrière au lieu de demeurer près de son comptoir. C'est ainsi, alors même qu'elle travaillait sur une petite pièce de tissu, que la clochette de la porte la tira de sa concentration et, à peine avait-elle posé son ouvrage qu'elle reconnue immédiatement la voix qui annonçait plus qu'un client, un ami de longue date désormais.

- Cher Baron, quel plaisir de vous voir.

Dans l'encadrement de la porte de son atelier, Aelys avait petite mine malgré le sourire sincère qu'elle adressait au Noble. En lieu et place d'une de ses robes colorées, elle arborait une robe simple sans fioritures et d'un noir profond, un ruban de la même teinte accroché à son poignet délicat. Ses joues n'étaient-elles pas un peu plus creuses ? Ses traits un peu trop tirés ? Et que dire des cernes sous ses yeux et son regard manquant de cet entrain si frais qu'on lui connaissait d'ordinaire ? Pour autant elle s'avança vers Hector d'un pas léger, tendant la main pour qu'il la salue comme il aimait toujours à le faire, lui adressant toujours un sourire sincère.

- Vous êtes trempé, attendez ici, je vais vous donner un linge pour vous sécher un peu.

Elle rebroussa chemin vers son atelier et revint quelques secondes après avec une serviette propre d'une douceur certaine, la lui tendant avec bienveillance avant de lui désigner un siège où il pourrait s'asseoir, elle-même prenant place sur celui derrière son comptoir.

- Il y avait longtemps que je ne vous avais vu, comment vous portez-vous ?

En voyant sa chère Aelys, le baron ne put s’empêcher de marquer un temps d'arrêt. Elle était là, devant lui, il la reconnaissait bien et était heureux de la voir mais elle avait changé. Elle semblait légèrement amoindrie, fatiguée - étaient-ce des cernes sous ses yeux ? Ses yeux, justement, semblaient légèrement voilés... moins clairs, moins brillants que par le passé. Son teint, même, semblait plus pâle qu'avant... ou était-ce le deuil qu'elle portait qui, pas contraste, clarifiait sa peau ? Elle avait toujours ce charme sage, cette sagesse que le baron avait tenté de pervertir - un tout petit peu, allons ! - mais aujourd'hui, sa sagesse semblait celle d'une femme d'expérience. Quant à son charme, il était intact. Son sourire, ses traits harmonieux... et cette finesse d'esprit qui traversait ses iris si clairs.

- En effet, quel plaisir ma chère Aelys, depuis tout ce temps !

Il posa la tunique sur un présentoir et fit un pas vers Aelys pour la prendre dans ses bras, mais se rendit compte qu'il gouttait comme une fontaine ! Aussi ne prit-il - du bout des doigts - que la main de son amie pour la baiser bien noblement.

Lorsqu'elle partit lui chercher un linge pour se sécher, le baron la remercia par avance et attendit sagement à sa place, la regardant filer dans un froufrou de tissus... et revenir quelques instants plus tard avec une serviette aussi douce que son caractère. Le baron s'en essuya le visage et les vêtements (là où ils étaient le plus mouillés seulement) avant de remercier à nouveau la maîtresse de maison et de s'asseoir sur le siège qu'elle lui désignait.

- Il y avait longtemps que je ne vous avais vu, comment vous portez-vous ?
- Très bien, Aelys, très bien... Je ne sais plus où j'en étais resté de mon récit épistolaire de la vie à Sombrebois mais sachez que notre nombre va croissant. Nous sommes actuellement... Il réfléchit un instant en comptant sur ses doigts... six adultes et trois enfants ! Et j'ai noué une alliance avec le conte de Rougelac pour construire un mur d'enceinte autour du bourg. Ainsi, le village en lui même pourra être reconstruit et nous pourrons alors recueillir bien plus d'habitants que ceux que peut accueillir actuellement le château.

Il marqua une petite pause et un air plus grave s'afficha sur son visage précédemment bonhomme.

- Mais, je parle trop de moi. Laissez-moi vous retourner la question : comment allez-vous, ma chère ? Je devine qu'un triste évènement a endeuillé votre vie...

Il n'osa dire un mot de plus, pinçant ses lèvres dans une moue compatissante. Il ne savait pour l'heure comment aider son amie sinon en étant à ses côtés et en lui laissant exprimer, si l'envie lui en prenait, son chagrin.

Revoir un visage ami après tout ce temps, après les épreuves endurées, ne manquait pas d'apporter un peu de bonheur chez Aelys qui souriait sincèrement au Baron, accueillant son baiser mouillé avec un sourire un peu plus amusé, un peu moins pâle. Fidèle à lui-même, aurait-on pu dire. La serviette douce qu'elle lui ramena fut usée sans attendre et chacun prit place sur un siège pour leurs retrouvailles, la Couturière prenant tout naturellement des nouvelles de Sombrebois et de son ami, lequel semblait prospérer malgré la Fange et la menace des Bannis. Elle écouta avec une vive attention l'évolution des évènements, acquiesçant avec un doux sourire.

- Je suis heureuse de l'entendre, votre lutte sera salutaire pour bien des gens ainsi que pour le duché, j'en suis sûre.

Et c'était là tout ce qu'elle souhaitait, du plus profond de son cœur, voir la Fange reculer, l'ennemi battre en retraite et laisser la place aux vivants qui ne demandaient qu'à retrouver une vie normale. L'air plus grave du Noble ne manqua pas cependant de faire deviner à Aelys quelle serait la suite de leur échange et ce fut avec un sourire triste qu'elle acquiesça à sa supposition, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille avant de croiser sagement ses mains sur ses genoux, ses doigts effleurant le ruban noir à son poignet.

- Hélas, la Fange et les Bannis n'épargnent personne mon cher ami. Traquemont est tombé une fois de trop et mon fiancé n'a pas pu...

Sa détermination à répondre avec dignité s'effondra sur les derniers mots et elle marqua quelques secondes d'arrêt, prenant une profonde inspiration avant de redresser le menton, offrant un sourire teinté de chagrin et de résignation à Hector.

- Il n'est jamais revenu, et les témoignages de ses hommes rentrés à Marbrume s'accordent à dire qu'il était aux prises à de trop nombreux ennemis la dernière fois qu'il a été aperçu.

La fierté perçait dans sa voix qui s'étrangla pourtant de nouveau alors que le regard de la jeune femme s'embua promptement malgré ses efforts.

- Je suis sûre qu'il en a emporté le plus grand nombre possible avant de tomber. Il était ainsi, si fier, si fort et...

Un sanglot lui échappa, comme un éclat incontrôlable et Aelys porta la main à sa bouche pour le contenir, les larmes roulant sur ses joues alors qu'elle se levait pour se détourner, retenant son chagrin qui perçait en sourdine malgré ses efforts.

- Pardonnez-moi mon ami, je ne pensais pas que... je me pensais plus forte que cela. C'était il y a des semaines mais... c'est comme si hier encore il me souriait et maintenant... il n'est plus là.

Elle s'essuya le visage à plusieurs reprises, chassant les larmes qui revenaient à la charge, traîtresses, avant de reprendre plusieurs inspirations, se redressant de nouveau avant de faire face au Noble, lui offrant un sourire forcé.

- Ah, quelle amie je fais ! Je devrais plutôt vous féliciter encore pour votre travail acharné, vous êtes tout aussi courageux et fort que l'était mon Eadwin. Promettez-moi seulement de ne pas demeurer à Sombrebois si jamais la Fange vous submergeait, mieux vaut rentrer à Marbrume que de se battre pour des pierres.

Sans doute était-ce là un peu de rancœur, une envie de reprocher à son Chevalier d'être resté au lieu de fuir avec elle et les autres survivants, mais il avait eu à cœur de protéger la forteresse jusqu'à la fin, refusant de la voir tomber une seconde fois... et tombant finalement avec elle.

- Je manque à tous mes devoirs, cher Baron, puis-je vous offrir quelque boisson chaude ? Vous devez avoir froid avec toute cette pluie.

L'esprit de Aelys passait d'une pensée à une autre en un bond de puce tel qu'on pouvait désormais avoir un peu de mal à la suivre, mais toute occupation était bonne à prendre pourvu qu'elle ne songe pas au chagrin et que le temps fasse son office. La présence de Hector et les bonnes nouvelles qu'il apportait étaient un soulagement, tous ne mourraient pas face à la Fange et c'était une excellente chose, un espoir dans les ténèbres de ce monde.

Les nouvelles de Traquemont étaient trèèès mauvaise. Selon les dires d'Aelys, la cité d'Yseult était tombée ! Hector accueillit l'information avec un étonnement et une tristesse non feinte.

- Par Serus, quelle horreur...

Et l'atmosphère s’alourdit encore quand les sanglots d'Aelys firent leur apparition. Le baron se leva et prit la main d'Aelys.

- Chère Aelys... Je suis sûr que votre Eadwin est à présent aux cotés des Trois. Son courage lui fait honneur et je ne doute pas que la justice divine lui a accordé la place qu'il mérite...

Et lorsque la jeune veuve lui demanda de ne pas rester au combat s'il venait à être submergé par la fange, le baron se voulut rassurant.

- Même les grands guerriers doivent parfois battre en retraite... Comme disait mon père "les meilleurs soldats sont les soldats vivants"... en tout cas, oui, si Sombrebois devait tomber à nouveau, je ferais tout mon possible pour que les miens et moi-même en réchappions.

Il fit alors un pas en arrière vers son siège mais resta debout quand Aelys lui proposa une boisson chaude.

- Ne vous en faîtes pas, je ne suis pas en déshydratation, Aelys, mais si vous avez de quoi faire une petite infusion, je l'accepte volontiers !

Hector n'avait pas grand chose de plus à offrir en pareille circonstance que sa présence et sa bonne humeur... aussi tentait-il d'en faire preuve !

- Puis-je vous aider à cela ? Je peux faire chauffer l'eau, chercher les plantes, récurer une casserole ou des tasses... J'ai... j'ai vu une tunique en bas qui me plairait beaucoup mais j'ai assez peu d'or dans ma bourse aussi... je me dis que... vous aider pour le service serait une équitable contrepartie pour une petite ristourne sur la jolie tunique bleu ciel - un peu trop étroite seulement - qui trône sur l'un de vos présentoirs. Qu'en dîtes-vous ?

Hector sourit. C'était un petit prétexte amusant pour s'occuper et occuper un peu l'esprit d'Aelys. Elle devait avoir envie de se changer les idées, et quant à lui, il n'était pas contre quelques menus travaux manuels. Il n'aimait guère rester assis... surtout si son hôtesse devait s'activer !

A peine s'était-elle détournée pour éviter d'imposer son chagrin que déjà Hector se levait à sa suite pour venir lui prendre la main, lui offrant de bienveillantes paroles réconfortantes qui furent reçues avec un sourire au milieu des larmes et de forts hochements de tête. Aelys était certaine que les Trois avaient accueillis Eadwin comme il le méritait, égoïstement c'était pour elle que cela était le plus difficile, elle en avait conscience, mais au moins n'était-elle pas seule dans cette épreuve. Reprenant contenance tout en essuyant ses larmes, elle fit promettre au Baron de protéger sa vie si par malheur Sombrebois devait menacer de tomber également, et la bonne volonté du Noble la rassura grandement, achevant de chasser les derniers sanglots de sa gorge encore un peu nouée. La proposition d'une boisson chaude trouva écho chez son vis-à-vis qui se proposa immédiatement de l'aider à préparer l'infusion, parlant avec cette aisance qui lui était propre et avec cette façon presque attendrissante qui fit renaître un léger sourire chez la blonde. La jeune femme vint poser sa main sur celle d'Hector et elle la tapota très doucement, visiblement émue.

- Quelle chance j'ai de vous avoir pour ami, mon cher Baron. Vous savez chasser les tourments de l'âme et je vous en remercie.

Un sourire un peu plus prononcé et la Couturière lâcha la main du Baron, se dirigeant vers la porte qu'elle verrouilla d'un tour de clef, apposant un petit panneau annonçant la fermeture avant de tirer le rideau, faisant volte-face vers le Noble.

- Soit, je crois qu'une petite journée de repos ne sera pas de trop. Je ferme boutique pour aujourd'hui !

Elle sourit un peu plus, légèrement amusé et ragaillardie, se dirigeant vers le comptoir pour y prendre une clef en faisant signe à Hector de la suivre.

- Puisqu'il y a longtemps que je ne vous ai vu, je vous invite dans mon modeste logis pour cette infusion que vous souhaitez. Vous m'aiderez à la préparer et en échange je vous ajusterais cette tunique qui vous a frappé en plein cœur.

Hector lui avait déjà fait de nombreuses commandes par le passé, d'autant plus qu'il n'avait jamais été avare en terme de paiement, allant même parfois jusqu'à donner beaucoup plus pour le travail accompli. Aelys avait toujours trouvé cette générosité à son honneur, mais l'heure était venue de lui rendre la pareille. Elle se dirigea non pas vers la porte menant à son atelier à l'arrière, mais vers un lourd rideau de velours pourpre qu'elle tira avec force, dévoilant une porte donnant sur un escalier qui menait à l'étage.

- Une fois que mon commerce est devenu florissant, j'ai rapidement réalisé qu'il m'était plus aisé de vivre au-dessus de ma boutique que de demeurer chez mes parents, quand bien même cela n'a pas manqué de faire jaser.

Relevant juste comme il convenait ses jupons, Aelys gravit les marches avec la force de l'habitude, parvenant sur un pallier où elle déverrouilla une autre porte donnant sur une pièce de vie aussi lumineuse que son atelier au rez-de-chaussée. Se décalant sur le côté, elle étendit théâtralement le bras avec un sourire.

- Soyez le bienvenu, mon ami.

Spoiler:

Hector était content de voir le joli sourire d'Aelys éclairer son doux minois. Il tenta une petite blague lorsqu'elle lui dit qu'il était plus facile de vivre ici que chez ses parents.

- Pourtant madame votre mère, en mon souvenir tout du moins, est un modèle de modernité et de libéralisme, n'est-ce pas ?

Il suivit ensuite Aelys vers son "modeste logis" en ce demandant ce qu'aurait bien pu penser la mère-poule en voyant sa fille le mener dans ses appartements ! Le baron rit intérieurement, ne reprenant la parole que pour dire à la blonde en noir ce qu'il pensait du premier étage :
- C'est charmant ! Petit mais chaleureux, je vois ici le parfait reflet de votre personnalité !

Il investit alors la pièce de toute son énergie, visitant, cherchant, farfouillant même dans les tiroirs pour trouver tout ce dont le noble serviteur qu'il était avait besoin pour préparer une délicieuse tisane.
- Permettez, il faut que je trouve une casserole... les feuilles de verveine... Lançait-il joyeusement.

Trop investi dans sa tâche, il ne manquait pas de se cogner à une table, de se prendre les pieds dans le tapis où de lâcher des petites phrases du style "Mais où ai-je laissé le miel ?" bref, il tourbillonna dans le petit espace jusqu'à ce qu'enfin, le breuvage fût terminé. Là, d'une voix légèrement ironique il déclara :
- Madame est servie !

Il s'assit alors face à Aelys, but une gorgée de tisane et inspira profondément. Le temps était il aux confidences ? peut-être...mais pas pour tout de suite !
- Mmmh, ça fait du bien ! Avec ce froid et ce temps de chien, un peu de chaleur et de tisane, ça fait vraiment du bien !

Il sourit et continua :
- Oui, cette tunique bleu ciel... elle m'a... elle m'a fait comme un éclair dans l’œil, voyez-vous ? Vous savez ce que c'est l'austérité de la vie et bien là, pour contrer tout ça, je crois que j'ai envie d'un peu de couleur, de clarté... et vraiment, je me suis dit qu'il me la fallait ! Imaginez ma déception en voyant qu'elle irait à peine à mon fils adoptif ! Je ne vous demande pas de me faire l'ajustement gratis. Je voudrais juste, si ce n'est point trop vous demander, l'avoir rapidement ! Je dois bientôt repartir pour Sombrebois et j'aimerais pouvoir faire quelques essayages pour trouver les hauts-de-chausses - parmi ceux que je possède - les mieux assortis... sans doute des noirs ou les marrons, mais il faut voir, n'est-ce pas ?

Le baron fit un grand sourire, puis rit franchement de bon cœur. Ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait parler mode avec ses compagnons de Sombrebois. Non vraiment, c'était très rare ! Croyez le bien ! Aelys se doutait-elle que c'était cela qui faisait rire son ami ? Le baron resta silencieux sur la cause de son hilarité, laissant la belle couturière l'imaginer ou la lui demander.

Nul doute que la mère de Aelys aurait voulu être présente durant toute la visite du Baron dans le logis de sa fille, fort heureusement elle n'était pas là et c'était bien ainsi, la concernée n'ayant guère envie de voir ses parents ces derniers temps, les voir ensemble lui rappelant douloureusement sa perte et le bonheur qui avait failli lui échoir. Au lieu de cela elle laissa Hector pénétrer dans la pièce, le suivant du regard avec d'abord de la curiosité, puis rapidement un certain amusement teinté d'une bonne humeur qui revenait au pas de charge. A aucun moment elle ne l'assista, se contentant de lui désigner de temps à autre de l'index l'endroit où il avait laissé telle ou telle chose, retenant un petit rire presque pouffé. Un noble dans une cuisine, il fallait reconnaître que c'était quelque chose, pourtant l'homme en question s'en sortit étonnamment bien et ce fut avec un certain ravissement que la jeune femme prit place sur l'une des chaises en bois, face à une tasse fumante dont l'odeur des plus douces ne manqua pas de lui arracher un soupir de contentement. Elle souffla doucement sur le breuvage et en prit une gorgée prudente qui s'avéra brûlante, reposant la tasse en souriant légèrement malgré tout.

- C'est tout à fait vrai et vous êtes plein de surprises cher Hector, c'est délicieux.

Elle n'irait pas jusqu'à lui faire l'affront de répéter ce que sa mère disait des hommes dans une cuisine car elle savait d'expérience par son père qu'ils pouvaient être tout aussi capables que les femmes dans ce domaine. Nombreuses furent les fois où son père lui conta comment, faute de trouver une auberge sur la route de ses voyages commerciaux, il avait dû préparer un souper à la belle étoile à l'abri du vent derrière les roulottes de leur caravane. Des histoires d'aventure où il ne se passait jamais rien de trop grave, encore qu'une fois ou deux il y eut des bandits, mais cela finissait toujours bien et on lui épargnait à l'époque les détails les plus terribles ou sanglants. Aelys reprit pied cependant avec l'instant présent et écouta avec attention son ami évoquer la fameuse tunique bleu ciel, sentant son sourire s'installer définitivement sur ses traits, avec cette douceur qui la caractérisait à l'ordinaire.

- C'est en effet de saison et je suis sûre qu'elle vous ira à ravir une fois que nous l'aurons ajusté à votre carrure.

Car il n'était point ici question de poids, mais bien de taille, l'ensemble ayant été faite sur un modèle plus jeune et plus étroit d'épaules, ce qui nécessiterait quelques rajouts discrets de tissus avec un bon travail de couture des plus minutieux pour que cela semble d'origine. Buvant prudemment une gorgée du breuvage, la blonde soupira doucement de nouveau, sentant la chaleur passer dans son dos et la réconforter pour de bon, en plus de la présence bienvenue de son ami.

- Je puis vous arranger cela rapidement si vous êtes pressé par le temps, et je vous recommande le noir plutôt que le marron.

Un sourire entendu à ce propos, légèrement amusé face au rire du Baron qui était un son agréable à l'oreille, puis Aelys reprit une gorgée, portant son regard sur la pièce confortable, songeuse durant quelques secondes avant de reporter son attention sur Hector.

- La vie à Sombrebois semble vous réussir mon ami, j'en suis heureuse. Il est plaisant de voir que nous reprenons nos territoires à la Fange.

L'ouragan Hector finit par se calmer. Assis face à sa douce amie, il se laissait apaiser par son calme et sa voix posée. Lui aussi but évidemment de la tisane, appréciant sans s'en vanter le chaud breuvage qu'il avait préparé.

- La vie à Sombrebois semble vous réussir mon ami, j'en suis heureuse. Il est plaisant de voir que nous reprenons nos territoires à la Fange.

Hector sourit. Il était heureux d'être avec Aelys. Leur amitié était quelque chose de précieux à ses yeux. Et même si la beauté discrète de la jeune femme caressait encore ses pupilles et, par moment, son cœur, le baron était juste fier de compter un tel joyau parmi ses amis.

- La vie à Sombrebois n'est pas toujours de tout repos... et elle m'éloigne malheureusement de la réalité de Marbrume et de mes proches.

Il laissa sa phrase flotter un instant dans l'air. Mais il allait continuer. Le temps de la confidence était venu.

- Je ne crois pas vous avoir déjà parlé de Kira... Kira de Haldonorès... Elle... Enfin nous étions amants. Elle habitait Marbrume et je crois que l'éloignement qui était le notre a été une des causes de sa disparition. Elle était venue pour diriger les premiers travaux de rénovation du fort de Sombrebois et... bon, elle également œuvré pour la rénovation de mon cœur, vous voyez...

Une gorgée de tisane.

- Et puis, une fois les travaux terminés, elle partit. Je ne sais pas si elle crut que TOUT était terminé à ce moment là... Mais ce n'était pas le cas pour moi. Malheureusement, la distance, les innombrables occupation de Sombrebois firent que je ne pu rester dans son esprit autant qu'il l'eut fallu. Et lorsqu'à l'occasion des grandes fêtes estivales de Marbrume, je la revis et, malgré la passion qui nous animait encore, je compris que quelque chose avait changé. Elle était désormais mariée...

Une autre gorgée de tisane.

- Malgré cette triste nouvelle, nous fûmes bien obligé d'admettre que l'amour qui nous unissait était plus fort que le frêle lien de son mariage. Aussi nous continuâmes à nous voir et je l'invitai pour le bal de Sombrebois - vous souvenez-vous ? - Et bien malheureusement, elle dut venir avec son mari et ce dernier comprit à cette occasion qui nous étions l'un pour l'autre et une dispute éclata entre eux...


Une troisième gorgée de tisane.


- Le mari partit dans la nuit et je cru que nous ne le reverrions plus jamais... mais ce bougre de Terresang survécut ! Je fis mon possible pour garder Kira auprès de moi, à Somrebois, mais elle avait des affaires à régler à Marbrume... et le pire arriva lorsqu'elle y retourna. Ce vil Terresang la répudia et l'envoya en exil dans une ferme du côté de Lods... Mais elle n'y parvint jamais...

Une quatrième gorgée de tisane et un triste sourire. De l'eau avait passé sous les ponts et même si la disparition de son aimée l'avait terriblement affecté, aujourd'hui, c'était le souvenir des jours heureux qui restait dans l'esprit d'Hector... et la haine de Terresang. Mais ce dernier sentiment n'avait pas lieu d'être ce soir, avec Aelys. Le baron soupira un instant. C'était comme un rêve dont il se serait réveillé. Il allait chérir ces souvenirs sans bien sûr pouvoir les revivre.

Et sa tasse était vide.

Hector avait toujours été expansif dans sa façon d'être et de se comporter, mais autant était-il prompt à défendre son amie au moindre danger, fut-il négligeable parfois, autant il n'avait jamais évoqué jusqu'à présent ses relations passées et ses déboires amoureux. Ce fut ainsi qu'avec une tasse de tisane chaude pour chacun d'entre eux, le Baron confia à la Couturière comment il avait perdu ce qui avait tout l'air d'avoir été un grand amour, par la faute de son devoir et très certainement de bien d'autres facteurs entrant en ligne de compte. La jeune femme l'écouta sans l'interrompre une seule fois, l'air grave et sincère, imaginant sans mal les difficultés rencontrées, l'épreuve que cela avait dû être et, de surcroît, l'humiliation teintée de colère qu'éprouvait visiblement son noble ami. La fin tragique de la dame Kira de Haldonorès imprima sur le visage de Aelys une expression choquée et peinée tout à la fois, cette histoire la renvoyant à son propre deuil encore trop frais et douloureux pour ne pas faire s'humidifier ses yeux verts.

- Oh mon ami... je suis si désolée pour vous.

La blonde se pencha pour venir poser sa main par-dessus celle d'Hector, lui adressant un triste sourire chargé de compassion. Il n'était point étonnant qu'il compris son chagrin puisqu'il avait lui-même enduré la perte d'un être cher, cruelle Fange qui leur enlevait tout sans aucune pitié.

- Puisse les Trois veiller sur elle désormais, et puissent-ils veiller sur vous également.

Elle se leva et vint déposer un chaste baiser sur son front avant de se saisir doucement de sa tasse, allant le resservir en soupirant fortement, le cœur lourd et serré après une histoire aussi dramatique.

- Voilà bien une des raisons qui font que je me tiens éloigné des Nobles hors du cadre de mon travail, mon cher Hector. Il y a tant de manigances, tant d'incertitudes et de complots. Le monde sombre dans les ténèbres et les Hommes trouvent encore le moyen de s'entredéchirer.

Aelys déposa la tasse fumante devant son invité et se resservit à son tour, revenant prendre place en face de lui avec un sourire manquant d'entrain, mais pas de bonne volonté.

- Je gage cependant que vous tiendrez parole et reviendrez sain et sauf si jamais malheur arrivait à Sombrebois. Je prierais les Trois pour que ce jour n'arrive jamais et que vous puissiez lutter et repousser la Fange à jamais.

Elle leva sa tasse comme pour trinquer à sa santé, puis bu prudemment une gorgée brûlante avant de soupirer un peu.

- Et dire que ces jours sombres sont pour nous.

En voyant les yeux d'Aelys briller et sa main se poser la sienne, le baron fut heureux de voir que son amie était sensible à son histoire. Les preuves de l'amitié sont toujours plus vrai que leurs déclarations...
Il s'en voulut un peu d'avoir, pour le coup, assombrit la soirée mais c'était ainsi. Il avait parlé de son histoire avec Kira presque par nécessité. Il l'avait tant aimé...

Aelys se leva et embrassa le front du baron. Hector laissa sa main se poser un instant sur le bras de la jeune femme. Sentir l'autre vivant, proche, chaud était si réconfortant... Les humains sont ainsi fait, dotés de mains pleines de terminaisons nerveuses, si sensibles, prêtes à recevoir des millions d'informations sous formes de signaux électriques, transformées instantanément, via le réseau neuronal - souvenirs et réflexions - en sensations et sentiments.

- Merci, répondit-il simplement lorsqu'elle l'eut re-servi.

Il but une bonne gorgée de la chaude boisson.

-c'est notre temps, oui, et les générations à venir conteront nos exploits avec tant d'admiration, tant de reconnaissance, que nous devons, par avance, nous en féliciter. Nous sommes ceux là, ceux qui auront vaincu le plus grand péril de notre ère... Soyons fort, battons nous vaillamment !

Les mots du baron étaient sans doute emprunts de trop d'optimisme et lui même n'y croyait qu'à moitié. Mais il avait souvent réfléchi à la question et, pour lui, c'était la seule posture que l'on pouvait adopter face au cataclysme présent. Son cœur, évidemment, s'était mis à battre avec plus vitesse, accélérant à mesure que ses mots s'égrenaient. Il se leva pour faire descendre sa tension nerveuse et fit quelques pas dans la petite pièce emplie de douceur et de chaleur. Il y trouva, sur un élément du spartiate mobilier de la couturière, un petit objet qui l'intrigua.

- Qu'est-ce donc que cela ? Demanda-t-il en le tournant vers la maîtresse de maison.

Rien ne valait mieux qu'une boisson chaude et la présence d'un ami pour éprouver un peu de réconfort. Le monde pouvait bien aller mal, le passé plus ou moins sombre hanter parfois les souvenirs douloureux, l'on pouvait se permettre d'espérer un avenir plus clément pourvu qu'on soit suffisamment bien entouré. La présence d'Hector était réconfortante et Aelys reprit une gorgée brûlante de son breuvage en souriant au Noble assit en face d'elle, écoutant ses paroles pleine de sentiments positifs et inspirant un certain courage à la jeune femme. Il avait raison, c'était en continuant de se battre, en refusant d'abandonner le combat, qu'ils finiraient par gagner et permettre ainsi aux générations futures de conter des histoires enjolivées sur comment les Hommes de leur temps vainquirent la Fange avec bravoure sans jamais faillir. Le temps et les récits éroderont les stigmates, le malheur, les épreuves de la faim, de la maladie, des privations et des deuils, pour ne laisser qu'un sentiment de fierté et de victoire. Les décennies s'écouleraient et cela ne serait plus qu'un lointain souvenir, qui sait même si dans plusieurs siècles tout ceci ne sera pas assimilé à des contes fantaisistes inventés de toutes pièces et n'ayant jamais existé ? Après tout, les Trois seuls savaient de quoi l'avenir serait fait. La Couturière observa tranquillement son ami qui se levait pour faire quelques pas, buvant une autre gorgée de tisane de son côté avant de cligner légèrement des paupières en voyant ce dont le Baron venait de s'emparer avec précaution et cela fort heureusement vu ce qu'il tenait entre ses doigts.

- Ceci mon ami est un présent que Père me ramena d'un de ses plus longs voyages. Un marchand de ses amis en avait lui-même rapporté d'un voyage plus long encore dans d'étranges contrées lointaines. Cela a la douceur d'un coquillage, c'est d'ailleurs fort fragile et cassera si on le fait tomber, mais cet objet-ci permettrait de servir la tisane lui a-t-on dit, cependant je ne m'en sert guère tant il m'est précieux.

Ce que Hector avait entre les mains et qui n'était guère encore bien connu à cette époque, était une verseuse en porcelaine venue d'Orient d'un blanc laiteux légèrement bleuté, dont la qualité n'avait d'égale que la douceur au toucher. Visiblement on avait prit grand soin de l'objet et celui-ci devait valoir son pesant de pistoles, voir même d'écus.

- Vous reste-t-il encore quelque objet précieux ayant survécu à la Fange ? J'ai souvenir de l'attachement que vous aviez pour votre hache, mais qu'en est-il du reste ?

Après tout il y avait eu tant de changements dans leurs vies à tous qu'il n'était pas toujours bien évident de conserver certaines choses, le manque de ressources, de nourriture pouvant pousser à se séparer contrecœur de bien des objets que l'on aurait souhaité conserver en d'autres circonstances. Aelys elle-même ne saurait pas ce qu'elle aurait fait si elle n'avait pas pu ouvrir sa boutique à force d'économies et de privations. Désormais il s'agissait là de toute sa vie et elle ne saurait vivre sans.

Hector comprit la valeur de l'objet qu'il avait entre ses mains. Elle était tout aussi grande financièrement que sentimentalement. Aussi, en y prenant grand soin, il reposa la verseuse sur le meuble où il l'avait trouvé.

- Magnifique... Il ne doit pas y en avoir deux comme ça dans tout le Morguestanc !

Dans sa tête, le baron se demandait si la contrée d'où elle venait pouvait encore être préservé du fléau qui s'était abattu sur le royaume. Les rumeurs les plus folles circulaient sur l'extension du mal... Le monde était sans doute vaste, immense... alors peut-être des hommes, ailleurs dans le monde, vivaient en paix... et, qui sait, viendrait les aider ! Bizarrement, le baron ne parla pas de cet espoir à son amie.

- A Sombrebois, nous avons conservé une grande bibliothèque avec de nombreux ouvrages - pas tous d'une grande valeur intrinsèque... mais rien que leur existence leur donne, selon moi, une importance particulière ! J'ai également dans ma cave quelques bon vins, grands crus et eaux de vie plus ou moins précieuses. Rien qui ne puisse être servi par votre trésor quoi qu'il en soit !

Le baron finit sa tasse et la reposa sur la table centrale. Il sentait la fatigue pointer doucement. Depuis combien de temps discutait-il avec son amie ? Il n'en avait aucune idée. La fenêtre de la pièce à vivre lui indiquait néanmoins que la nuit était tombée...

- Vous savez quoi, chère Aelys ? Je suis impatient de pouvoir porter la tunique bleue et je crains que si nous passion trop de temps à converser ici ensemble - chose que j'aime tout à fait, ne vous méprenez pas ! - nous n'ayons pas le temps de prendre mes mesures avant d'avoir à nous séparer. J'espère ne point vous presser... mais sachez que nous aurons d'autres occasions de prendre une tisane ensemble. Je viens souvent à Marbrume.

Il sourit à la couturière, restant debout, attendant qu'elle le mène là où elle avait l'intention de prendre ses mesures.

Aelys n'avait pas manqué de sourire en entendant Hector affirmer qu'il ne devait pas y avoir deux objets tels que celui qu'il tenait dans tout le Morguestanc, hochant la tête avec une certaine approbation. Si un tel objet existait hors de cette demeure, soit il était précieusement conservé, soit il avait été perdu avec la Fange à n'en point douter. La jeune femme pour sa part ne songeait guère à comment le monde s'en sortait, pour elle il s'agissait là d'espoirs douloureux qu'il valait mieux laisser de côté pour mieux se concentrer sur ces terres où ils survivaient tous. Ce fut avec plaisir qu'elle écouta le Baron lui lister ce qui restait à Sombrebois de précieux, ne manquant pas de sourire avec une certaine bonne humeur à l'idée de tous ces livres, bien plus intéressants à ses yeux que les grands crus évoqués dans la foulée. Elle termina sa tisane sur ces bonnes paroles en même temps que le Noble, se levant en l'entendant rappeler l'heure qui passait avec une certaine justesse. Travailler trop tard n'était pas toujours une bonne chose.

- Oui nous aurons d'autres occasions mon ami, en attendant il vaut mieux nous hâter.

La Couturière indiqua la porte menant à l'escalier pour redescendre à la boutique, laissant le soin à son invité de passer en premier pour mieux refermer la porte derrière eux. Une fois en bas elle alla quérir son ruban de tissu à mesurer, guidant Hector au centre de la pièce où elle lui demanda de ne pas bouger. Avec un sourire, elle reprit ses mesures comme autrefois, avec cette application et ce sérieux qui la caractérisait dans le cadre de son travail, tout du moins jusqu'à-ce qu'elle ne sourit légèrement.

- Et bien cher Hector, vous pouvez être fier. Bien que je vous vois plein d'énergie, vous avez cependant minci. Est-ce la lutte contre la Fange ou bien espérez-vous séduire une nouvelle dame de la Noblesse ?

Une petite taquinerie entre amis n'était jamais un mal, cependant Aelys préférait songer qu'il s'agissait là uniquement de gain de muscle et non un manque de nourriture qui était cause de cet amincissement, celui-ci était suffisamment convenable pour ne pas l'inquiéter outre mesure.

- Sombrebois doit vous donner de quoi vous dépenser utilement, pensez à bien vous reposer mon ami, c'est important.

Le ton était presque maternel tant il était protecteur et bienveillant, mais la jeune femme avait déjà perdu beaucoup, quand bien même beaucoup moins que d'autres, et elle ne désirait pas apprendre d'autres mauvaises nouvelles, jamais, fut-ce utopique. Elle acheva ses mesures et alla noter le tout dans son petit carnet, portant sur le Baron un regard chaleureux.

- Dans combien de temps souhaitez-vous obtenir cet habit ? Je puis vous le préparer pour dans trois semaines, le temps de finir une autre commande très importante. Quant au prix ne vous inquiétez point, ce sera uniquement le prix des matières, je vous offre la main-d’œuvre en récompense de votre tisane.

Elle lui sourit avec un certain amusement, quoiqu'elle ai trouvé appréciable d'avoir de la compagnie en cette fin de journée grisâtre. Son humeur s'en trouvait grandement améliorée, ce qui n'était pas rien lorsque l'on était en deuil et elle venait ainsi de gagner un peu plus d'énergie pour achever ce dernier et se lancer prochainement dans la vie, à nouveau. Ils prirent congés l'un de l'autre et Aelys ferma après le départ d'Hector, non sans lui promettre de prier les Trois pour lui et Sombrebois. Un tel ami méritait d'être protégé.


[C'est tout pour moi :-D j'espère que ce RP t'a plu, sens-toi libre de répondre une dernière fois si tu le souhaites pour clôturer de ton côté si nécessaire. :-D En tout cas j'ai adoré et je te remercie pour ce RP, c'était génial. ]